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Full text of "Bulletins de l'Academie royale des sciences, des lettres et des beaux?arts de Belgique."

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L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, 


DES 


LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


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DES 
SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS 
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QUARANTE BT UNIÈME ANNÉE. — 2we SÉR., T. XXXII. 
A 
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Mo. Bot. Garden, 
1895. 


BRUXELLES, 
F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADEMIE ROYALE DE BELGIQUE. 


| | 1872 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 


DES 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


1872. — Ne 1. 


ee 


CLASSE DES SCIENCES. 


rene 


Séance du 6 janvier 1872. 


M. J.-B. p'Omauius D'HazLoy, vice-directeur, occupe le 
fauteuil. 
M. Ap. QuereLer, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, 
Edm. de Selys Longchamps, le vicomte B. Du Bus, 
H. Nyst, Glnge, Melsens, J. Liagre, F. Duprez, G. De- 
walque, E. Quetelet, M. Gloesener, A. Spring, E. Candèze, 
Ch. Montigny, Steichen, Brialmont, E. Dupont, Éd. Morren, 
membres; Th. Schwaun, E. Catalan, Ph. Gilbert, A. Bel- 
Iynek, associés; C. Malaise, Éd. Mailly, Al. Briart, J. De 
Tilly, F. Plateau, correspondants. 

gme SÉRIE, TOME XXXII. 4 


(2) 


CORRESPONDANCE. 


Sa Majesté , par arrêté royal du 2 janvier, a approuvé 
l'élection de M. Éd. Morren en qualité de membre titulaire 
de la classe. 


— MM. Éd. Morren, F. Plateau et en remer- 
eient pour leur élection. 


— M. le Ministre de l'intérieur transmet une expédi- 


tion de l'arrêté royal nommant les membres chargés de 
juger la cinquième période du concours quinquennal des 
sciences naturelles. 


— Diverses sociétés savantes remercient pour le der- : 


nier envoi de publications académiques. 


— La classe reçoit communication des observations des 
phénomènes périodiques faites à Bruxelles, par M. Ad. 
Quetelet, en 1871; des observations météorologiques 


faites à Ostende, en 1871, par M. Cavalier; à Liége, par 


MM. D. Leclercq et Pérard ; à Chimay, par M. Christ; des 
observations zoologiques faites à Melle, en 1871, par 
M. Bernardin ; et du résumé météorologique pour Ostende, 
en décembre dernier, par M. Cavalier. 


— Des remerciments sont votés à M. Spring pour lhom- 
mage d'un exemplaire du 2 fascicule du, tome II de sa 
Symptomatologie, et à M. L. Henry pour un exemplaire 


1 e 

du 4% volume de la 2° édition de ses Leçons de chimie, 
et sa notice intitulée : Ueber die Isomerie der Glycerin- 
derivate. 


— M. Ad. Quetelet présente l'Annuaire de l'Académie 
pour 1872, dont l'impression vient d'être terminée. Ce 
recueil renferme, en .ce qui concerne la classe des sciences, 
les notices sur MM. Eug. Coemans, Th. Lacordaire et 
J.-F.-W.-Herschel. 

Il offre ensuite un exemplaire de l Annuaire de l’Obser- 
vatoire pour la même année. — Remerciments. 


— Une note de MM. L.-L. de Koninck et Paul Mar- 
quart, intitulée : De l’action du perchlorure de phosphore 
sur la nitronaphtaline, est renvoyée à examen de MM. 
Melsens et Donny. 


ÉLECTION. 


La classe a procédé à l'élection de son directeur pour 
1875. Les suffrages ont appelé M. Gluge à remplir ces 
fonctions. 

M. d’Omalius a saisi cette occasion pour exprimer à 
M. Stas, retenu loin du pays par son état de santé, les 
remerciments de la classe comme directeur sortant; il a 
prié ensuite M. Gluge de venir prendre place au bureau. 

M. Gluge, à son tour, a remercié ses confrères de la 
marque destime et de sympathie dont il venait d'être 
objet. 


(4) 


_ RAPPORTS. 


Recherches sur quelques produits indéfinis, par M. Catalan. 


Rapport de M. Liagre. 


« Le mémoire de M. Catalan a pour objet l'étude de cer- 
tains produits indéfinis, déjà considérés par Euler, Jacobi, 
Legendre, etc., et désignés par quelques auteurs sous le 
nom de produites continues. En combinant de diverses 
manières, soit ces produits, soit leurs développements en 
série, notre confrère arrive à un grand nombre de théo- 
rèmes très-intéressants, relatifs à la théorie des nombres 
ou à leur partition. Quelques-uns de ces théorèmes, outre 
l'intérêt de curiosité qu’ils présentent par eux-mêmes, me 
paraissent susceptibles de conséquences théoriques assez 
importantes. 

Un chapitre du mémoire est consacré à la sommation, 
au moyen d'intégrales définies, d'un certain nombre de 
séries à termes fractionnaires, qui ont pour type la série 
de Lambert, et qui se rencontrent fréquemment dans la 


théorie des fonctions elliptiques. Quelques-unes des som-. 


mations obtenues par l’auteur établissent des relations 
simples et nouvelles entre les intégrales elliptiques et d'au- 
tres intégrales définies. 

Le travail de M. Catalan se distingue à la fois par la 
finesse de l'analyse et par la clarté de l'exposition. L'auteur 
a fait un choix judicieux de questions dans un fonds iné- 
puisable; on voit qu'il se trouve sur uu terrain qu'il a 
exploré depuis longtemps dans tous ses détails, et qui lui 


N hae 


(5) 
est devenu familier. Je n'hésite pas à proposer à la classe 
d'adresser des remerciments à l'auteur, et d'insérer son 
mémoire dans notre recueil in-4. Les longues et nom- 
breuses formules qu'il renferme me paraissent rendre ce 
format indispensable. » 


Conformément à ces conclusions, auxquelles a souscrit 
M. Gilbert, second commissaire, la classe a voté l'impres- 
sion du travail de M. Catalan ss le recueil in-4° des mé- 
moires. 


Rectification à la notice sur la Bryonicine, par MM. Lucien- 
L. de Koninck et Paul Marquart. 


Rapporti de M, Melsens. 


La classe m'avait chargé, conjointement avec M. Donny, 
d’examiner le travail de MM. Lucien de Koninck et Paul 
Marquart, intitulé : Rectification à la notice sur la Bryo- 
nicine. 

J'ai l'honneur de déposer sur le bureau une série de 
documents concernant cette rectification et qui en font 
_ l'historique d’une manière complète. 

Comme ces pièces ne me paraissent pas de nature 
à être publiées, je me bornerai à signaler à la classe que 
les Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft zu 
Berlin, IV™ année, n° 17,11 novembre 1871, ont fait pa- 
raître la rectification de MM. de Koninck et P. Marquart, 
dont l’Académie a été saisie; la Société chimique de Paris 
compte l’imprimer aussi. Eu égard à ces publications, je 


5 


(6) 
crois done inutile de demander linsertion de la note 
dans le Bulletin de la séance. 

Je dois cependant faire remarquer ontinesstulend à PAca- 
démie que la bonne foi des auteurs ne peut être mise 
en doute, car ils reconnaissent que le principe qu’ils ont 
étudié n’existe pas dans la bryone. Le produit sur lequel 
ils ont opéré n’a pas été préparé par eux, mais obtenu en 
fabrique dans le traitement de la bryone et introduit, par 
erreur sans doute, dans l'extrait de cette plante. 

Mais je dois cependant constater que l'identité de la 
bryonicine et de la nitronaphtaline a été reconnue d’abord 
par. un anonyme malveillant ou malintentionné. » 


+ apport de M, Donny. 
« Je partage complétement la manière de voir de 
M. Melsens au sujet de la rectification présentée par 
MM. L.-L. de Koninck et Paul Marquart. » 


La classe adopte les conclusions des rapports précédents. 


Notice sur la position stratigraphique des lits coquilliers 
` dans le terrain pags du Hainaut, par MM. Briart 
et Cornet. 

Rapport de M, ©., Dewalque. 


« La notice de MM. Briart et Cornet a pour but d'étu- 
dier, dans le bassin houiller de Mons, la question qui a 
fait l’objet de la notice de M. Malherbe, insérée dans le 
Bulletin de la dernière séance, pour le bassin de Liége. 


(7) 
Les auteurs ont compris dans leurs recherches tous les fos- 
siles animaux connus dans le système houiller de cette 
partie du pays. 

Après une introduction intéressante, consacrée à la des- 
cription stratigraphique des couches dont il s’agit, les 
auteurs y font connaître l'existence de sept niveaux fossi- - 
lifères; ils indiquent pour chacun les diverses espèces, 
peu nombreuses d’ailleurs, qu’ils y ont rencontrées, et un 
très-petit nombre d’autres qui ont été indiquées par les 
auteurs. Ils font connaître en même temps l'épaisseur des 
couches comprises entre ces différents rans 

Par une singulière coïncid „le nombre de ces niveaux 
est justement celui des lits analogues signalés par M. Mal- 
herbe dans le bassin de Liége. On peut espérer que des 
recherches ultérieures établiront l'identité de quelques-uns 
d’entre eux. La paléontologie aura alors fait faire un pro- 
grès marqué à nos connaissances sur le parallélisme des 
couches de houille de nos deux grands bassins houillers, 
point sur lequel nous sommes encore dans une ignorance 
complète. 


Je possède un certain nombre de fossiles du bassin 
houiller de Mons. Presque tous proviennent de la collec- 
tion d'A. Toilliez, et les auteurs ont bien voulu m'indiquer 
leur niveau. Je puis donc ajouter quelques renseignements 
à ceux qu’ils nous font connaître. 

ge niveau. — Orthis (Streptorhynchus) crenistria, 
Phill. sp., de Blaton, du bois d'Hasnon et d'Harmignies. 
Posidonomya vetusta: 2 Sow., du bois d’Hasnon. 

Je signalerai aussi des Goniatites, Pecten et Terebratula 
de la montagne Sainte-Barbe , près Namur : je erois pas 

voir ee rapporter au même horizon. 


(8) 

5° niveau. — Gros bivalves de la couche Gargai du 
puits Sainte-Barbe, à la Louvière. 

6° niveau. — Cardinia colliculus, de Ryck., C. unci- 
nata, de Ryck., et Avicula sp., de la couche Sélizée (voi- 
sine de Sorcière) du puits Saint-Félix du charbonnage de 
la Boule, aujourd’hui réuni à celui de Rieu-du-Cœur, sous 
Quaregnon. 

Enfin, je trouve dans la collection de Dumont, déposée 
à l’université de Liége, Orthis Michelini, et divers autres 
fossiles, peu susceptibles de détermination, dans un cal- 
caire impur du bois de Mons, du bois de Boussu et d’un 
point situé entre Gembloux et Soye. 

J'ai donc l'honneur de proposer à la classe d'adresser des 
remerciments aux auteurs et d'insérer leur communication 
dans le Bulletin des séances. » npor Sikes 


M. J. d'Omalius, second commissaire, ayant adopté les 
conclusions du rapport de M. Dewalque, la classe a voté 
impression du travail de MM. Briart et Cornet dans les 
Bulletins. 


Note sur les dérivés par addition de l'acide ilaconique et 
de ses isomères, par M. Th. Swarts. 


Rapport de M. de Koninck. 


« De l'aveu même de l'auteur, ce travail est encore in- 
complet. Il ne le communique à l’Académie qu’afin de ne 
pas se laisser devancer par d’autres chimistes qui ont le 

„projet d'entreprendre des recherches. analogues à celles 
dont il a déjà, à plusieurs reprises, entretenu notre Com- 
pagnie. | 


(9) 

La note de M. Swarts est relative : 

1° à Faction du chlore sur l'acide citraconique; 

2° à celle de ce même élément sur l'acide itaconique ; 

5° à celle de la chaleur sur l'acide itapyrotartrique 
bibromé. 

On pouvait prévoir que cette première action serait ana- 
logue à celle du brome sur l'acide citraconique, si bien 
étudiée par M. Kekulé. 

M. Swarts ne s’est fait aucune illusion à cet éd 
mais s'il s’est livré à ces recherches, c'est dans l'espoir 
d'arriver à connaître la structure des acides pyrocitriques. 
De même que M. Kekulé a obtenu de l'acide monobromo- 
crotonique à l'aide de l’acide citrapyrotartrique bibromé, 
de même aussi M. Swarts a pu se procurer de l'acide mo- 
nochlorocrotonique à l’aide du composé bichloré. H restait - 
à savoir si l'acide butyrique, préparé par M. Kekulé en 
traitant l'acide bromocrotonique, obtenu par l'acide citra- 
conique, au moyen de l'amalgame du sodium, était l'acide 
normal ou l'acide isobutyrique. Par les earactères du sel 
de caleium, l’auteur conclut en faveur du dernier acide et 
arrive logiquement à admettre que les acides dérivés de 
l'acide citraconique sont des acides isoerotoniques bromés 
et chlorés. 

Par l’action du chlore sur acide itaconique, l'auteur a 
obtenu de l'acide itamalique monochloré en superbes cris- 
taux d'un éclat adamantin et ayant la forme de Faugite. Il 
n'est pas parvenu à préparer Facide bichloré. 

La troisième partie de la notice de M. Swarts est la plus 
importante. L'auteur fait observer d'abord que l'acide ita- 
pyrotartrique bibromé se dédouble sous l'influence de la 
chaleur en acide a er et en un mélange d’acide 

jue m d'acide aconique, et non pas oe 


(10) 
isomère de celui-ci, comme il l'avait avancé d’abord. Il dé- 
crit ensuite une méthode par laquelle on obtient bien plus 
facilement l'acide aconique que par celle qui a été suivie 
par M. Kekulé et qui consiste simplement à faire bouillir 
de l'acide itaconique monobromé dans de lea u, en présence 


de oxyde de plomb, en ayant soin de n’employer de cet _— 


oxyde que la quantité nécessaire à la saturation de l’acide 
bromhydrique produit. On élimine ensuite le plomb par 
l'acide sulfhydrique et on évapore jusqu’à cristallisation. 

Tous les résultats indiqués par M. Swarts sont appuyés 


d’analyses dont les chiffres trouvés sont généralement très- _ 


rapprochés de ceux que fournit le caleul, et qui paraissent 
avoir été faites avec beaucoup de soin. 


M. Swarts termine son travail par l'exposé de quelques 


faits difficiles à analyser et dont il ressort qu'il considère 


certains acides comme étant véritablement les éthers d'eux- _— 


mêmes. 

C'est parmi ces acides qu'il range l'acide aconique. 
Selon lui, cet acide est à un acide malique dérivé de l'acide 
itaconique, c’est-à-dire à double soudure, mais non encore 
connu, comme l'acide paraconique est à l’aeide itamalique, 
ce qu'il exprime p les formules suivantes : 


CO’H ; $ 
z COH 
C3H4 C*H5—OH CH5— 0 - 
NCOH \ 
CO°H GOH 
Acide itaconique. ~- Acide inconnu. Acide aconique. 


Cette idée de M. Swarts est très-ingénieuse; il est à 
désirer qu’il continue ses recherches dans le sens indiqué 
dans son travail et qui lui a déjà fourni un premier résultat 
satisfaisant. 


. Je demande que l’Académie aceueille favorablement la 1 | 


idini 


en 


\ 


(11) 
note dont je viens de faire l’analyse et qu’elle en ordonne 
l'impression dans le Bulletin de ses séances. » 


Rapport de WW. Donny. 


« Le travail de M. Swarts est la suite de recherches que 
_ l’auteur a déjà publiées sur les acides pyrocitriques et sur 
lesquelles notre savant confrère Kekulé a présenté à la 
classe plusieurs rapports élogieux. 

Dans l’idée de l’auteur, le but de ces recherches n’est 
pas d'amener de nouvelles preuves à l'appui des phéno- 
mènes d'addition directe, mais bien d’arriver, par des faits 
de plus en plus nombreux, à établir la constitution encore 
peu connue de ces acides. Il résulte des travaux consignés 
dans la note soumise à la classe : 

4° Que le chlore se comporte avec se med citraconique 
exactement comme le brome. 

2 Que l'acide butyrique obtenu par M. Kekulé à Paide 
des acides ainsi préparés , est de l’acide isobutyrique et 
que, par conséquent, l’acide bromocrotonique doit être 
envisagé comme un acide isoerotonique bromé. 

3° Que l’action du chlore sur l'acide itaconique diffère 
de celle du brome sur le même acide : elle fournit un 
terme qui manquait dans la série, et qu’on avait observé 
dans la série correspondante de l'acide bibromosuccinique : 
je veux dire acide itamalique monochloré, analogue à 
l'acide malique bromé de M. Kekulé. On sait en effet par 
les recherches antérieures de M. Swarts, que l'acide ita- 
malique doit être considéré comme le véritable homo- 
logue de l'acide malique. 


(12) 


4 Que Faction de la chaleur sur l'acide itapyrotar- | 


trique bibromé fournit le terme dérivé de celui-ci, et cor- « 


respondant à l'acide monobromo malique, à savoir l'acide _ 
itaconique monobromé. M. Kekulé avait déjà signalé cette : 


lacune, qu’il n’avait pas réussi à combler, 
5° Que l’acide aconique est désormais une substance de 
préparation facile et dont l'étude paraît devoir être fruc- 


tueuse. M. Swarts démontre que cet acide n’est pas, comme « 


le pensait M. Kekulé, et comme semble l'indiquer sa for- 


mule, un acide à quatre lacunes, mais qu'il rentre dans la _ 


catégorie des corps dont l'acide paraconique de l’auteur est 
le premier représentant. 
Tels sont les traits fondamentaux de la note deM. Swarts. 
Je n’entrerai pas dans l’examen des nombreuses sub- 
stances qu’il décrit à cette occasion et dont il rapporte les 
analyses. 


Je me bornerai à dire que l'ensemble offre les carac- 


tères d’un travail sérieux et qui mérite l'attention de la - 


classe. Je signalerai toutefois un appareil très-ingénieux 
pour la préparation de grandes quantités de chlore que 


l’auteur a- employé dans ses recherches. J'ai vu fonc- 


tionner cet appareil, et je puis affirmer que dans les labo- - 


ratoires il est appelé à rendre de grands services. 


En résumé, je me rallie aux conclusions de M. de Koninck 


et je demande que l’Académie veuille bien ordonner l'im- 
pression du travail de M. Swarts dans le Bulletin de la 
séance. » 


hikken : Lou senti GE bé SRE 
. 


ho" h Se dus R hin ain hes Geri en =d 


(45) 
; Rapport de M. Melsens. 


« Les rapports de mes savants confrères me paraissent 
rendre inutile toute considération nouvelle sur la note 
intéressante de M. Swarts. 

Je me rallie à leurs conclusions et j'engage vivement 
l’auteur à poursuivre ses recherches; elles sont conçues 
dans un esprit qui mérite toute Fattention des chimistes 
el toute la haute bienveillance de l’Académie, ainsi que 
son approbation complète. » 


Conformément aux conclusions favorables du rapport 
de M. de Koninck , ainsi qu'aux rapports de MM. Donny 
et Melsens, la classe décide l'impression du travail de 
M. Swarts dans les Bulletins. 


e 
Å 


PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1875. 


_ Les questions suivantes ont été adoptées pour former 
le programme de cette année : 
PREMIÈRE QUESTION. 
Résumer et simplifier la théorie de l'intégration des équa= 
tions aux dérivées partielles des deux premiers ordres. 
DEUXIÈME QUESTION. 


Examiner et discuter, en s'appuyant sur de nouvelles 
expériences, les causes perturbatrices qui influent sur la 
détermination de la force électro-motrice et de la résistance 


+ 


+ 


(14) 


intérieure d’un élément de pile électrique; faire connaître 


en nombre ces deux quantités pour quelques-unes det piles * 


principales. 
voorste QUESTION. 


On demande un exposé des « connaissances acquises sur 
les relations de la chaleur avec le développement des végé- 
taux phanérogames , particulièrement au point de vue des 
Phénomènes périodiques de la végétation et, à ce propos, 
discuter la valeur de l'influence dynamique de la chaleur — 
solaire sur l’évolution des plantes. 


QUATRIÈME QUESTION. 
Exposer le mode de reproduction des anguilles. 
CINQUIÈME QUESTION. 


On demande de nouvelles recherches pour établir ld 
composition et les rapports mutuels des substances albu- 
minoïdes. ; ‘ 

SIXIÈME QUESTION. 


On demande la description du système houiller du bassin 
de Liége. 


-La valeur de la médaille d'or attribuée comme prix sera 
de mille francs pour la 4"°, la 5° et la 6° question; elle: 
restera de six cents francs pour les 2, 3° et 4° questions. 

Les auteurs des mémoires insérés dans les recueils de 
l’Académie ont droit à cent exemplaires de leur travail. 
ils ont, en outre, la faculté d'en faire tirer un plus grand 
nombre, en payant à l'imprimeur une indemnité de te 
centimes par feuille. 


k 


(ADE) 

Les manuscrits devront être écrits lisiblement, rédigés 
en latin, en français ou en flamand, et adressés, francs 
de port, à M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel, avant 
le 4% juin 1875. 

L'Académie exige la plus grande exactitude dans les 
citations ; les auteurs auront soin, par conséquent, d'indi- 
quer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n ’ad- 
mettra que des planches manuscrites. 

Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage, 
mais seulement une devise, qu'ils répéteront dans un 
billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Les 
mémoires remis après le terme prescrit, ou ceux dont les 
auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce 
soit, seront exclus du concours. 

L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, 
dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils 
sont déposés dans ses archives comme étant devenus sa 
propriété. Toutefois les auteurs peuvent en faire prendre 
des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au 
secrétaire perpétuel. 


— La classe accepte, dès à présent, pour le concours 
de 1874, la question suivante : 


On demande de nouvelles expériences sur l'acide urique 
et ses dérivés, principalement au point'de vue de leur 
. structure chimique et de leur synthèse. 


(46). 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Sur l'existence du Gypaëte dans nos contrées, d'après des 


ossements découverts par Schmerling dans les cavernes 


_ des environs de Liége; note de M. P.-J. Van Beneden, 


membre de l’Académie. 


La faune terrestre des mammifères a subi de notables _ 
changements depuis l'apparition du mammouth; le cha- | 
mois nous a quittés, mais vit encore au sud, comme le. 


renne et l'élan qui se maintiennent au nord; quelques es- 


pèces même, mais en petit nombre, ont disparu. En est-il _ 


-de même des oiseaux? 


Y a-t-il des espèces de cette seconde classe d'animaux, | 
à température constante, qui ont abandonné notre sol et se 


sont conservées au nord et au sud, et d’autres qui ont 


complétement disparu ? 
Nous en connaissons qui se sont conservées au nord 


comme l’Auerhan (Tetrao urogallus) et une autre espèce — 
moins grande du même genre (Tetrao lagopus). M. A. Milne — 


Edwards a signalé en France le Harfang (Strix nyctea), 


qui n’habite plus que les régions polaires, se montrant _ 


tout au plus pendant les hivers très-rigoureux sur les 
bords de la Baltique, et une Grue de grande taille (1). 


Nous ne connaissons aucun oiseau de cette époque qui # 


ait disparu complétement, mais nous venons d'en recon- 


(1) M. AI. Milne Edwards a même signalé récemment la présence d'un à 


Pelican dans les tourbières en Angleterre. 


> 


E à 


(er , 
naître un qui vit encore dans les Alpes et dans les Pyré- 
nées et qui peut compter aussi bien parmi les oiseaux 
africains que parmi les espèces européennes : c'est le 
_Gypaëte. Ce n’est done pas l'élévation de température qui 
a chassé celui-ci, mais plutôt la proie qui a diminué par 
la présence de l'homme. 

Schmerling a figuré pl. XXXVI, fig. 10 de ses Recher- 
ches, à côté de divers débris d'oiseaux, une phalange 
onguéale, qu'il rapporte, avec raison, à un oiseau rapace 
de la grandeur d’un aigle. I en avait recueilli trois, deux 
de Chokier et une de Goffontaine. 

Depuis que notre illustre paléontologiste a écrit ses 
Recherches, les objets figurés sur cette planche XXXViEne 
semblent guère avoir attiré l'attention ni des paléontolo- 
gistes ni des ornithologistes; elle est cependant fort inté- 
ressante, et chaque figure montre que Schmerling a dû 
mettre une grande précipitation dans l'explication de cette 
planche. Nous ne parlerons que de l’humérus figuré sous le 
n° 54. C'est un humérus d'oiseau, dit Schmerling (p. 172), 
qui, pour la forme comme pour la grandeur, est analogue 
à celui de Foie ordinaire. C’est évidemment l'effet d’une 
distraction de la part de l’auteur, et l'on comprend à 
peine comment il a pu songer à une oie. Cet humérus 
a le double de la longueur de l'humérus de la plus forte 
oie connue et ne présente aucun des caractères d'un 
oiseau palmipède. 

À propos de nos recherches sur les oiseaux du rupe- 
lien et du crag d'Anvers, nous avons voulu savoir de quel 
oiseau ce grand os pouvait provenir. Nous sommes heu- 
reusementen possession à Louvain des élé 
pour cette étude. Il ne nousa pas été difficile de reconnaî- 
tre en cet os un humérus d'un oiseau de proie. Mais quel 

gme SÉRIE, TOME XXXII. 2: 


Lu 


Pad 


(18 ) 
oiseau de proie ? Nous n'avons aujourd’hui dans notre pays, 
en fait de grands Rapaces, que l'aigle pêcheur, le py- 


gargue, qui abandonne quelquefois les côtes, le grand- 4 


duc, le faucon pèlerin, ou Pautour. Cet humérus n’est 
évidemment d'aucun de ces oiseaux; il ne provient ni 


d’un Falconidé ni d’un Stricidé! C’est done d’un Vultu- . 
ridé. Un seul oiseau de cette famille habite l’Europe, c’est : 
le Gypaëte ou le Lemmer-Geyer des Allemands. Les vau- — 
tours ne s’observent qu’accidentellement même dans le — 


midi de l’Europe (1). 


Nous avons soigneusement comparé l'humérus de Gy- 


paête et de vautour à l'humérus en question, et comme 
Fos figuré par Schmerling est presque droit et non courbé 


comme celui des vautours, que la grosseur et les surfaces — 
articulaires correspondent aussi bien que l’on peut en juger | 
par un dessin grossièrement fait avec le grand Rapace — 
des Alpes, il ne nous reste pas de doute qne cet os ne Ed 


soit d'un vrai Gypaëte. 


La seule différence que nous trouvions, c’est que cet 


humérus est un peu plus long que celui du Gypaëte que 


nous avons sous les yeux, ce qui peut dépendre du sexe + 
et peut-être du dessinateur. Il est aussi de quelques mil- d 


limètres plus long que l’humérus du vautour fauve (2). 


Quand nous avons eu déterminé lhumérus, nous avons — 
voulu savoir. si la phalange figurée par Schmerling ne se | 


(1) Schlegel fait remarquer avec raison qu'il n’y a pas lieu d'inscrire 


le vautour fauve parmi les oiseaux de la Néerlande, quoique Se 


ré- | 
‘un exemplaire a été pris dans la bruyère à Amersfort. Sepp dit __ 


tende 
lui-même ailleurs que le vautour ne ‘se trouve pas en Néerlande. 

(2) Nous avons du reste remarquê déjà chez plusieurs oiseaux des 
différences de longueur assez notables dans l’humérus d’une seule et 
mème espèce. 


TR 


si 


RTE ENEAN 


: 
1 
3 
Ë 


(19) 
rapportait pas au même oiseau, et nous n'avons pas tardé 
à nous convaincre, après une minutieuse comparaison , 
qu’en effet la phalange est également de Gypaëte. 

L'humérus figuré par Schmerling est perdu , mais deux 
des trois phalanges sont heureusement conservées au 
musée de l’Université de Liége, et, grâce à l’obligeance 
de notre savant confrère M. Dewalque, nous avons pu 
les comparer aux os de même nom provenant de l'Aigle, 
du Pygargue, du Gypaëte et du Vautour. Un de ces os 
porte pour étiquette, écrite, je suppose, de la main de 
Schmerling : phalange onguéale d’un oiseau de proie. 

Il résulte de la comparaison de la phalange figurée par 
Schmerling, avec celles provenant de ces quatre oiseaux 
dont elle se rapproche le plus par les dimensions comme 
par la forme, que la phalange de l'Aigle est plus grande 
et son talon comparativement plus fort, en même temps 
que sa surface articulaire est plus large ; que la phalange 
du Pygargue est plus forte à la base, mais avec un talon 
moins volumineux; que la phalange du Vautour est plus 
courte, moins courbée et le talon beaucoup moins déve- 
loppé. Enfin, que la phalange de Gypaëte seule ne pré- 
sente pas de différence : la courbure est la même, ainsi 
que l'épaisseur de l'os, la longueur du talon et la largeur 
de la surface articulaire. 

Nous avons done à inscrire le Gypaëte parmi les oiseaux 
quaternaires de Belgique, à côté de l’Auerhan, du Lago- 
pède, de lours des cavernes et du renne. 

Le Gypaëte barbu est le vautour d'Europe (Gypaetus 
barbatus, Cuv.), le Lemmer-Geyer des Allemands qui passe 
à tort pour enlever des agneaux et même des enfants. Au 
lieu de vivre en troupe comme les vautours et de débar- 
rasser le sol des cadavres, il vit isolément par paire, et se 
nourrit plutôt de proie vivante que de charogne. 


( 20 ) 

Cette détermination nous a rappelé une communication 
de M. Spring. Il y a quelques années, notre savant con- 
frère fit part à l’Académie (1) de la présence de divers 
ossements dans des crevasses de montagnes près de Na- 
mur, et il ne trouvait d'autre explication de cette pré- 
sence d'ossements dans ces conditions, qu'en supposant, 
avec le docteur Ronvaux, que des oiseaux de proie 
comme des vautours, avaient enlevé des cadavres des val- 
lées pour les porter sur ces hauteurs. Je fis observer à 
M. Spring que nous n'avions pas de vautours ici, que tous 
nos oiseaux de proie vivent de chair fraiche et que nos 
faucons et encore moins nos hibous ou chouettes ne pou- 
vaient rapporter ces quartiers de cadavres dans ces régions. 
Aujourd'hui on pourrait mettre la présence de ces os sur 
le compte des Gypaëtes sans perdre de vue cependant que 
ces oiseaux se rapprochent, par le régime, plutôt des 
aigles que des vautours. 


Il est assez curieux de faire remarquer que le Gypaëte 


s’est conservé au sud dans les Pyrénées et dans les Alpes, 
à côté du chamois, ou, comme. on l'appelle dans les Pyré- 
nées, l’Isard, comme l'Élan s’est conservé au nord avec 
le Glouton. 

Le Gypaëte s'étend aujourd'hui à l'est des montagnes 
du Tyrol jusqu'en Hongrie et au sud jusqu’en Afrique. 
Temminck le dit commun en Égypte. 


à 


» 


(1) Bull. de l Acad. roy. de Belgique, 1865 , 2° sér., t. XX, p. 417. 


NA QE 


CA) 


Notice sur la position stratigraphique des lits coquilliers 
dans le terrain houiller du Hainaut, par MM. Briart, 
correspondant de l’Académie, et Cornet, ingénieur à 
Cuesmes. 


Relativement à son énorme puissance, qui est de plus 
de 2,000 mètres, le terrain houiller du Hainaut est très- 
pauvre en coquilles fossiles. Quinze années de recherches 
ne nous ont fait découvrir dans cet important dépôt, que 
quelques «niveaux fossilifères séparés par des épaisseurs 
considérables de strates dans lesquelles nous n’avons ren- 
contré aucune coquille. 

Avant d'indiquer la position de ces lits coquilliers, nous *. 
croyons devoir dire quelques mots relatifs à l'allure géné- 
rale du terrain houiller dans la province de Hainaut. 

On sait que les dépôts houillers de Belgique appartien- 
nent à cette bande carbonifère immense qui s'étend, avec 
peu ou point d’interruptions importantes, de la Westphalie 
au Pas-de-Calais, et dont le bassin du Somersethire, dans 
le sud-ouest de Ta Grande-Bretagne, n’est peut-être que le 
prolongement. Sur toute la longueur explorée de cette 
bande, les strates houillères remplissent une vallée formée 
par une dépression des terrains primaires sous-jacents, 
vallée dont les profondeurs absolue et relative à la surface 
semblent varier beaucoup. 

Si l'on ne considère que ce qui existe entre Namur et la 
frontière française, les exploitations ont démontré que 
l'épaisseur du terrain houiller s’accroît de l'est à l'ouest. 
En effet, la partie de la formation située vers la limite des 
provinces de Namur et de Hainaut ne renferme que les _ 


(22) 

couches inférieures fournissant la qualité de charbon dite 
maigre à courte flamme. Des couches plus grasses se 
montrent aux environs de Charleroi, et l’on ne rencontre 
_ que près de Mons la houille à longue flamme, connue sous 
le nom de Charbon Flénu,et qui occupe la partie supé- 
rieure du terrain houiller. En s’enfonçant dans la formation 
en dessous du groupe du Flénu, on traverse une succession 
de couches analogues à celles que l'on rencontre en mar- 
chant de Mons vers Namur. 

Tandis que l'épaisseur du terrain houiller s’accroit 
de lest à l'ouest, sa partie supérieure s'incline dans le 
même sens. Si nous ne considérons que la surface du sol 
au-dessus de la ligne médiane de la vallée, nous trouvons 
une différence de niveau d'environ 170.00 entre les envi- 
rons de Namur ( + 200 mètres) et Boussu (+ 30",00 ). 
Mais entre Namur et le méridien de Fontaine- Évêque, le 
terrain houiller affleure partout ou n’est recouvert que 
par des couches peu épaisses, quaternaires ou modernes, 
tandis qu’à l'ouest de ce méridien, il se trauve presque 
toujours enseveli sous des dépôts tertiaires et crétacés, 
dont les épaisseurs, croissant du levant au couchant, 
atteignent 300 à 400 mètres entre la ville de Mons et la 
frontière française. . 

I doit résulter évidemment de rot générale 
vers louest de la partie supérieure du terrain houiller et 
du fond de Ja vallée qu’il remplit dans le Hainaut, que ce 
fond doit s’enfoncer de plus en plus au-dessous du niveau 
de la mer, à mesure qu’on s'avance de Namur vers la fron- 


tière, du moins jusqu’à Boussu (1), où l’on estime à 


(1) On ne possède que peu de renseignements sur le terrain houiller 
entre Boussu et la frontière de France. 


( 25 ) 

2,400 mètres la profondeur à laquelle on rencontrerait 
par un puits vertical les assises inférieures du terrain 
houiller. L’altitude de la localité étant de + 30 mètres, le 
fond de la vallée houillère se trouve donc en ce point à 
2,570 mètres au-dessous du niveau de la mer. Sous la ville 
de Mons, la profondeur absolue de la vallée est d'environ 
2,270 mètres, dont 300 mètres au moins de terrains cré- 
tacés el tertiaires. 

Une coupe transversale du bassin houiller du Hainaut 
ne peut donc présenter la série complète des éouches que 
si elle est prise à l’ouest de Mons. Cette coupe montre que 
dans cette localité le bassin présente deux versants : l’un, 
dit le Comble du Nord, comprend la partie du terrain 
houiller incliné vers le sud, entre l’afileurement septentrio- 
nal et la ligne à laquelle les mineurs ont donné le nom de - 
Naye. Au sud de cette ligne, les couches s’inclinent au nord 
et constituent le Comble du Midi qui, à une distance va- 
riable de la Naye, se retire brusquement pour former une 
succession de plateures et de dressants enchevêtrés de 
telle manière que toutes les couches viennent présenter 
leurs tranches à la base des morts-terrains, ou à la surface _ 
du sol si le terrain houiller affleure , ce qui est le cas en 
quelques points. 

Le Comble du Nord n’est exploité, à l'ouest de Mons, 
que par les puits de la Société de Blaton à Bernissart. 
Des tentatives d'exploitation , aujourd’hui abandonnées, 
ont eu lieu à Wiers, Sirault, Baudour, Ghlin, Masnuy, ete., 
mais plus à l'est de vastes travaux y sont pratiqués par 
les charbonnages qui s'étendent de Bracquegnies à Cour- 
celles et au delà. Quant au Comble du Midi, son explo- 
ration et son exploitation ont donné lieu, dans le Bori- 
nage, à l'exécution de travaux si nombreux que l'on peut 


(24) 

dire aujourd’hui qu'il wy a probablement plus une seule 
couche de houille complétement vierge, ni un seul massif 
de roche encaissante qui mait été traversé par des puits 
ou des galeries. A cause de la disposition enchevêtrée du 
gisement dans la partie méridionale du bassin, on est 
parvenu à explorer une épaisseur de strates d'environ 
2,000 mètres, quoique peu de puits aient atteint la profon- 
deur de 600 mètres. 

Les circonstances sont dan des plus favorables, aux 
environs de Mons, pour la découverte de niveaux fossili- 
fères dans le-terrain houiller. Cependant nous ne sommes 
parvenus à découvrir que sept de ces niveaux, en compre- 
nant dans ce nombre certains banes de schistes avec 
coquilles qui existent à la partie supérieure de l'assise à 
phtanites qui fait le passage du Calcaire carbonifère au 
terrain houiller proprement dit, assise qui a été rapportée 
par Dumont à son système houiller sans houille. 


Les calcaires gris de la Saisiune, au nord de Casteau- 
Thieusies, dans lesquels on trouve assez abondamment le 

Chonetes papillonacea et plus rarement le Productus cora, 
sont recouverts par des bancs de calcaire noir, renfermant 
quelquefois des lits continus ou interrompus de phtanite, 
et que l’on peut observer à Péruwelz, Blaton, Basècles, 
Casteau-Thieusies, Viesville, etc. Plus haut les lits de 
pbtanite deviennent de plus en plus nombreux et épais et 


ils finissent par constituer une assise sans bancs de cal- 


caire, comme on le voit près de Viesville et dans la tran- 

chée du chemin de fer de Mons à Bruxelles, au sud d'Er- 

bisœul. : 

A ce niveau la roche qui constitue les bancs de phianile, 
| dont l'épaisseur varie de 0",02 à 0",20, est noire, à cas- 


(25 ) 
sure conchoïde et ressemble parfois beaucoup au silex 
noir de la craie. Quelques lits ont une tendance remar- 
quable à se diviser en prismes droits à bases rhomboïdales. 

Les bancs de phtanites passent, vers le haut, à des 

schistes noirs, très-siliceux, se délitant facilement en 
feuillets très-minces et prenant un aspect gris. quand ils 
sont exposés quelque temps à l'air. Ces schistes affleurent. 
au nord de Baudour, au sud d'Erbisceul, au nord-est de 
Maisières, dans le ruisseau du-camp de Casteau, entre 
Casteau-Thieusies et Saint-Denis, à Gottignies, etc. Ils 
forment le substratum du terrain houiller proprement dit 
et ils ont, avec les bancs de phtanite, une puissance qui a 
été trouvée de 68 mètres, au puits creusé de Bellecourt par. 
la Compagnie houillère de Manage. 

Premier niveau fossilifère. — C'est dans ces schistes, 

qui forment le passage des bancs de phtanite au terrain 
houiller proprement dit et à 20 mètres environ de la base 
de celui-ci, que l'on trouve notre premier nivean. fossili- 
fère, qui ne nous a fourni que deux espèces : un Productus 
probablement inédit, dont nous n'avons rencontré qu'un 
spécimen, et des empreintes très-nombreuses d'une co- 
quille que nous croyons être un Posidonomya. C'est prin- 
cipalement dans le lit-du ruisseau du camp de Casteau 
que Fon rencontre ce dernier fossile, mais nous en avons 
aussi constaté la présence au nord de Baudour el à Got- 
tignies. 

Second niveau fossilifère. — Au-dessus des schistes dont 
nous venons de parler, on trouve le terrain houiller pro- 
prement dit, dont les premiers bancs , formés de schistes et 
de psammites, intercalent de minces couches de houille. Des 
exploitations, aujourd’hui abandonnées, ont été faites dans 
ces couches par les charbonnages de Wiers, Sirault, ete.. 


* 


kamas 


(26) i 
Dans cette dernière localité on a rencontré à 50 mètres 
environ au-dessus de l’assise des phtanites, un banc de 
schiste gris pétri de fossiles parmi lesquels abonde prin- _— 
cipalement le Productus carbonarius , de Koninck. Avec — 
cette espèce nous avons recueilli le Chonetes Laguessiana, — 
de Kon., un Cardinia, un Avicula, des articulations de 
crinoïdes et des spécimens d’une grande coquille apparte- | | 
nant au genre Leptena ou Chonetes (1). Dans les banes 
voisins on a trouvé quelques minces lits non continus d’ un 
grès calcareux pétri de crinoïdes. 

Troisième niveau fossilifère. — Les couches exploitées 
par les charbonnages dits du Centre forment, avec les 
roches intercalées, un faisceau de strates dont la base se _ 
trouve à 200 mètres environ au-dessus de l'assise des — 
phtanites et la partie supérieure à 520 mètres du même … 
horizon (2). 

A 80 mètres de hauteur dans ce faisceau, c'est-à-dire à | 
280 mètres au-dessus de l'assise des phtanites, une couche — 
de houille exploitée sous les noms de veine Sehu, à Sars- _ 
Longchamps, Petite veine à la Louvière, Escaillère à Bois- 
du-Luc et Joligai à Bracquegnies, a ordinairement sous 


en 


(1) Nous avons rencontré la même benden avec le Chonetes Lagues- 
siana et d'autres fossiles au puits ne 1 de la Société du Levant de Mons, | 
à RSR CNE Ge puits ve placé sur le prolongement du Comble 
du Midi, mais la p 
sur les couches shpér ieure 

Le toit de la couche RATE. exploitée à la houillère Hansa, près de 
Dortmund (Westphalie), renferme aussi le grand Chonetes ou Leptena de 
Sirault, qui y est associé à de nombreux spécimens de Goniatites. La 

Catharina se trouve aux deux tiers de la ne du bassin _ 
houiller de la Rhür, que l’on évalue à environ 2,100 mèt Á 

(2) Toutes les épaisseurs sont mesurées dean + la stratit- | bd 

cation, 


NN ce RE I NU EE a a id ded hd ke rn en ad ni ed TT 


HA At 1 ET > TE ABE el pee 


(27) 

toit un banc de schist i compacte, onctueux, renfermant 
en certains points une grande abondance de coquilles gé- 
néralement assez bien conservées. Elles sont le plus sou- 
vent isolées dans la roche, mais quelquefois elles occupent 
le centre de rognons de fer carbonaté. La même substance 
en remplit ordinairement l’intérieur, mais nous possédons 
des spécimens qui montrent, sous un toit de carbonate de 
fer, un remplissage de calcaire déposé en zones concen- 
triques. 

Nous nous sommes procuré, dans le toit de la couche 
Sehu, huit à dix espèces du genre Cardinia, parmi les-. 
quelles nous croyons reconnaître les C. tellinaria, Goldf. 
sp. et C. robusta, Sow. sp. Avec ces fossiles nous possé- 
dons des Mytilus (?), des empreintes de Posidonomya (?) 
et d'autres coquilles de genres qui nous sont inconnus. 

Contrairement à ce que l’on voit ordinairement pour 
le toit des couches, le banc coquillier dont nous parlons 
est très-pauvre en empreintes végétales. Nous n'y avons 
rencontré que de loin en loin un Calamites ou un Lepido- 
dendron. 

Quatrième niveau fossilifère. — Il se trouve à 440 mè- 
tres environ au-dessus de l’assise des phtanites dans un 
schiste noir, charbonneux, susceptible de prendre un beau 
poli et formant en certains points le toit d'une couche ex- 
ploitée sous les noms de Huit paumes, dans les charbon- 
nages de l’ouest du Centre et de Grande veine du parc, 
dans les charbonnages de l’est. 

Nous n'avons rencontré à ce niveau qu’une seule espèce 
de Cardinia, des empreintes de Posidonomya et de nom- 
breux petits fossiles que nous croyons être des ento- 
mostracés. Les empreintes végétales sont très-rares, 


excepté à l’est, aux charbonnages de Mariemont et de 


a 


( 28 ) 

Bascoup, où elles sont, au contraire, très-nombreuses el 
bien conservées. | 
C’est probablement de ce niveau que proviennent deux 
écailles de poissons que nous avons recueillies dans ui 
dépôt de schistes du charbonnage de Baseoup. L'une de ces _ 
écailles appartient au Ptychodus lancifer et l'autre à une | 
espèce probablement nouvelle.  - 
Dans le toit de la couche Pré, qui se trouve à rt | 
mètres au-dessus de la veine Huit paumes, aux charbon- 
nages de Sars-Longchamps, nous avons rencontré, fixées 
aux folioles d’un Sphenopteris, les coquilles de Palæorbis 
dont la découverte a motivé une communication faite à là 
classe des sciences par MM. P.-J. Van Beneden et feu 
E. Coemans (1). C'est du toit de la même couche que p 
vient l'aile d’un insecte auquel ces savants ont donné les 
nom d'Omalia macroptera. 
Cinquième niveau fossilifère. — n se trouve à enviro 
530 mètres au-dessus de l'assise des phtanites, dans 
schiste friable, noir, très-bituminifère, de puissance irré- 
gulière variant de 0™,45 à 0™,43 et recouvrant la couchè 
connue sous le nom de Veine d'argent, à Mariemont et à 


4 


plus résistant, compacte, noir et onctueux, dans le 
nous avons aussi rencontré quelques coquilles. 

Ge niveau fossilifère offre done cette particularité r 
marquable de contenir les- fossiles dans une couc 
schisteuse d'une tout autre nature que celle des autr 
niveaux. Quant aux empreintes ra elles ys sont ex 
conpinement rares. 


(1) Bulletinsde l Académie royale de Belgique, 2 série, t. XXIII, p. 384. 


\ 
F 


(29 ) 

Le cinquième niveau nous a fourni de nombreux rd 
mens de deux espèces de Cardinia. 

Sixième niveau fossilifère. — I] à été din par les 
travaux du puits Sainte-Julie du charbonnage du Rieu-du- 
Cœur, à Quaregnon, dans un schiste noir, compacte, onc- 
tueux, sans empreintes végétales, qui forme le toit d'une 
couche de houille dont nous ne connaissons pas exacte- 
ment la position stratigraphique. Nous savons seulement 
qu'elle est voisine de la veine Sorcière qui gil à une 
hauteur d'environ 1,150 mètres au-dessus de ła base du 
terrain houiller. 

Les schistes fossilifères du puits nine nous ont 
fourni les espèces suivantes : 


Cardinia phaseola, Sow. sp. 

Toillieziana, de Ryckholdt. 

— colliculus, == 

— uncinata , — 
Nylies Wesmaelianus, — 
proepes , z 
; ‘Posidonomya. 

Septième niveau férilifiss — La couche Jouguelleresse 
exploitée par les charbonnages du Levant du Flénu, à 
Cuesmes, est recouverte par un bane de schiste noir, onc- 
tueux, renfermant des empreintes assez nombreuses de 
Posidonomya et des coquilles très-petites que nous rap- 
portons à des entomostracés. On ne rencontre dans le 
même banc que très-peu d'empreintes végétales autres 
que celles que feu E. Caan aad devoir: tred 
d'algues. 

Au-dessus de ce niveau, qui se trouvé à 1,700 mates 
environ de l’assise des phtanites, nous n’avons, jusqu’à ce 
jour, rencontré aucune coquille dans le terrain houiller. 


( 30 ) 


Sept niveaux fossilifères sont donc connus dans le ter- 
rain houiller du Hainaut. Ils sont situés relativement entre. 


eux et à l’assise des phtanites : 


7me niveau. — À 1,700® au-dessus des phtanites. 


Séparés par 550 mèt, _ 
ow — — 4,150m ee ; 
| | — 60 — 
Bme a ee 550m us 
| el Da 
qme — — 440m — 4 
— 10-24 
gme —  — 280 — ; a 
| — 130 — 
me ne 50m a 
| — 70 — 
dre — — 20% dans l'assise des annie | 


On voit combien sont considérables les épaisseurs de _ 
terrain houiller dans lesquelles on n'a pas, jusqu'à ce jour, ” 
rencontré de coquilles fossiles. On ne peut cependant en | 
conclure que les eaux qui ont déposé les bancs de schistes, 
de psammites et de grès qui séparent deux de nos niveaux _ 
fossilifères ne nourrissaient pas de mollusques testacés. 


Nous pensons que l'absence de coquilles dans la plupart 


des houillères doit. être attribuée à des circonstances défa- — 
‚la présence í 
d'acides végétaux qui devaient exister à cette époque, | 
comme ils- existent actuellement dans les dépôts où des _ 


bles à! ‚comme, l 


malières organiques végétales sont en décomposition. 


Nous n’avons jamais rencontré, en dehors de l'exception _ | 


que nous avons signalée pour le cinquième niveau, de 
coquilles que dans des banes de schiste noir, compacte, 


nie * 
Ne à WE sn ti EA: 


(51) 
onctueux , formés de sédiments d’une extrême ténuité qui 
semblent s'être déposés dans des eaux très-tranquilles : 
Or, ces bancs de schiste noir sont très-rares dans le terrain 
houiller, et nous pouvons dire que nous n’en avons pas 
encore rencontré d’autres que ceux qui renferment nos 
lits fossilifères. 


Note sur les dérivés par addition de l'acide itaconique et de 
ses isomèéres; par M. Th. Swarts, professeur à l'Univer- 
sité de Gand. : 


Le numéro du 25 octobre des Berichten der deutschen 
- chemischen Gesellschaft (1) nous apprend que M. Lieber- 
mann a annoncé au congrès des naturalistes allemands, 
réuni à Rostock, son intention de soumettre l'acide aco- 
nique de M. Kekulé à une étude approfondie, et qu’il est 
parvenu à préparer cet acide à l’état de béaux cristaux 
parfaitement définis. D'un autre côté, le numéro Qoc- : 
tobre des Annales de Liebig (2) nous apporte un mé- 
moire de M. Gottlieb sur la formation et les propriétés de 
l'acide citramalique monochloré. Ces deux travaux se rat- 
tachent étroitement aux recherches que j'ai entreprises 
depuis longtemps sur les produits d’addition dérivés des 
acides pyrocitriques, et dont j'ai déjà publié plusieurs ré- 
sultats (3). Je suis loin d’avoir abandonné cet intéressant 


(1) Berichte, 1871, 805. 

(2) Ann. Chem. Pharm. cux, 101. 

(5) j o POR F TS dn 1 A 3 . y r 
LAXE m G; L SISIN, n° 7: 


de Belgique, 2me série, t. XII, n° 11; 


= 


(32) 


sujet : et si depuis quelque temps je n'ai plus soumis à 


l’Académie les résultats de mes investigations, c’est que 
souvent des travaux d’un autre ordre, et notamment des 


recherches toxicologiques, ont absorbé mes loisirs. D'autre — 


part, j'avais l'intention de ne livrer mes études à la 
publicité que lorsqu'elles seraient convenablement arron- 
dies et complétées. Mais le fait que d’autres chimistes 
s'occupent de travaux se rattachant au même sujet me 
force de rompre mon trop long silence, et de soumettre 
à Fappréciation de l'Académie le travail encore incom- 


plet que j'ai l'honneur de lui présenter. Selon les usages — 
reçus dans le mondé savant pour le cas où deux chirnistes ` 


arrivent simultanément aux mêmes résultats, j'aurais dû, 
immédiatement après la réception des journaux, faire con- 
naitre le fruit de mes recherches; mais une violente atta- 
que de fièvre intermittente, qui m'a alité pendant quinze 


jours, m'a empêché d'envoyer mon mémoire à la séance — 


du mois, de novembre dernier. 
Aetion du chlore sur l'acide citraconique. 


_ L'action directe du chlore sùr l'acide citraconique est 
en tous points comparable à celle du brome sur le même 


acide (1); mais elle en diffère considérablement par la len- 


teur avec laquelle se fait la réaction, ce qui tient à la nature 
gazeuse du chlore. L'opération se fait avantageusement 
dans une série de tubes de Liebig, ce que M. Gottlieb a 
également indiqué, ou bien dans de petits flacons de 


- Woulf, où le chlore pénètre par des tubes effilés. La réac- 


* 


(1) Kekulé, Ann. Chem. Pharm. Suppl. u, 94. 


mn. 


X "w 


(35 ) 
tion est lente; une grande quantité de chlore passe inab- 


.sorbée : on facilite considérablement la préparation en 


opérant par un jour d'été, et en plein soleil. Dans mes ex- 
périences, j'opérais sur de l'acide citraconique dissous dans 
son poids d'eau; l'absorption du gaz se fait avec un léger 
dégagement de chaleur, et on reconnait que l'opération est 
terminée quand la solution a pris la couleur du chlore, ou 
bien lorsque l'agitation ne détermine plus la formation 
d'un vide ‘dans l'appareil, quand on le tient fermé aux 
deux bouts. En pesant Je tube à boules avant et après 
l'opération, on constate une augmentation en poids cor- 


respondant à la fixation d'une moléeule de chlore sur une 


molécule d'acide citraconique. 

La liqueur contient alors un acide, qui est l'analogue de 
l'acide citrabibromopyrotartrique de M. Kekulé, mais que 
je ne sûis pas parvenu à isoler. Toutefois l’ensemble des 
réactions produites par cette solution est tellement en rap- 
port avec les résultats correspondants obtenus. par mon 
illustre maître à l’aide de son acide bromé, qu’il est im- 
possible, à moins de nier toutes les analogies, de contester 


l'existence, dans cette liqueur, d’un acide citrapyrotar- 


trique bichloré. Je ne puis done admettre, avec M. Gott- 
lieb, que l'acide citramalique monochloré, obtenu par ce 
chimiste, soit le produit immédiat de Faction du chlore : 
il est éminemment probable, au contraire, que ce dernier 
acide ne résulte que d’une substitution secondaire de l'hy- 
droxyle au chlore dans lacide bichloré primitivement 
formé, et analogue à celle que j'ai fait connaître pour 
l'acide itapyrotartrique monochloré. Et en effet, cet acide 
ne se forme que pour autant que de chauffe ee savon 


primitive. J'ai obtenu l'acide ci é avec 


Ime SÉRIE, TOME XXXIII. 3 


# 


(54) 

toutes les propriétés décrites par M. Gottlieb : je puis donc 
pleinement confirmer les indications de ce chimiste en ce 
qui concerne cette substance, et son sel de baryum avec 
quatre molécules d’eau. Je n’ai pas examiné d’autres sels. 

Quand on soumet à la distillation la solution d'acide 
citraconique traitée par le chlore, il se dégage d'abord de 
Peau : en même temps le thermomètre s'élève rapide- 
ment, des torrents d’acide chlorhydrique se dégagent, et 
il passe des gouttelettes huileuses qui ne tardent pas à se 
figer en une masse cristalline et à obstruer le tube réfri- 


gérant qu’il faut s’empresser d'enlever. Cette substance, _— 


que M. Gottlieb a entrevue, et qu'il considère comme 
l'acide citraconique monochloré, n’est pas cet acide, mais 
bien l’anhydride citraconique monochloré. On remarquera 
encore ici l'analogie entre l’acide bichloré que j'ai men- 
tionné plus haut et l’acide bibromé obtenu par M. Kekulé, 
et qui se décompose également avec la plus grande facilité 


en eau, anhydride citraconique vang et acide brom- 


hydrique. 
L'anhydride citraconique monochloré ressemble, sous 
tous les rapports, à son analogue bromé. Comme lui, il con- 


stitue des paillettes cristallines, grasses au toucher, d'une _ 
odeur à la fois vineuse et butyreuse. Il est peu soluble 
dans l’eau : sa solution, évaporée au bain-marie, et conte- 
nant Vacide correspondant, se décompose en eau et en + 


anhydride qui se sépare sous forme huileuse, et se con- 
crète par le refroidissement. Il fond à 98° et bout sans 


altération vers 212. Il est très-soluble dans le sulfure de | 
carbone et le chloroforme, et s’en dépose par le refroi- 
dissement, à l'état de belles paillettes d’un éclat gras et + 


PR ee 


(38) 


Voici les résultats fournis à l'analyse : 


0,5255 gr. de substance donnèrent 0,5180 gr. Ag Cl. 


0,5559 gr. donnèrent 0,7899 gr. GO, et 0,1033 gr. H, 0 


CALCULE. TROUVÉ. 
C; 60 40,9 >o 40,4 
H; S 2,0 — 22 
Gl 55,46 24,2 24,1 
0. 48 292 ns ee 


Bien que je ne sois pas parvenu à préparer l'acide citra- 
conique chloré lui-même, j'ai cependant essayé de faire 
quelques sels de cet acide, qui est représenté par la solu- 
tion aqueuse de son anhydride. Le sel de calcium s'obtient 
en saturant celte solution d'abord par la craie, puis par 
l'eau de chaux. On l'obtient plus facilement en saturant la 
solution par Pammoniaque concentrée de l'acide, et en 
ajoutant ensuite du chlorure de calcium. Si les liqueurs 
sont concentrées, le sel se dépose rapidement par le re- 
froidissement à l'état d'une poudre cristalline formée de 
petits mamelons microscopiques, qu'on n’a qu'à laver à 
l'alcool pour les avoir purs. Si les liqueurs sont étendues, 
ou les précipite par l'alcool. On obtient ainsi un précipité 
très-volumineux , formé de très-petits cristaux microsco- 
piques, et qu'on ne dessèche que fort difficilement. 


0,5875 gr. de substance, desséchée à 100, donnèrent 0,3985 Ca SO,. 
CALCULÉ. | TROUVÉ. 
E Tr a 19,7. 


Le sel d'argent s'obtient: très-facilement en précipitant 


REE der 


(56) 
la solution du sel d’ammoniaque ou de calcium par le ni- 
trate d'argent. Il se dépose à l’état d’un précipité caséeux, 
qui se transforme rapidement en petites aiguilles micros- 
copiques. Il est soluble dans l’eau bouillante, et s'en dé- 
pose par le refroidissement. 


0,4205 gr. de substance donnèrent 0,5255 gr. Ag CL. 
CALCULÉ. TROUVÉ. 


Ag MNT 57,9. 


Comme on le voit, ces deux sels sont tout à fait ne 
gues à ceux de l’acide bromé. 

J'ai essayé de préparer anhydride citraconique mono- 
chloré par l’action directe du chlore sur [anhydride citra- 
conique. La réaction est très-lente et fort incomplète. Le 
brome ne se combine à l’anhydride citraconique que sous 
pression et à une haute température : addition du chlore 
se fait tout aussi difficilement. Quand on fait passer pen- 
dant longtemps un courant de chlore dans la substance 
tenue en ébullition dans un appareil à reflux, et qu’on con- 
tinue l'opération jusqu’à ce qu’elle ait pris une. teinte 
brun-foncé, on voit, pendant toute la durée de l'expé- 


Re 


rience , se dégager lentement de l'acide chlorhydrique. Si 
Pon soubet ensuite la liqueur à la distillation, il passe 


beaucoup d’anhydride citraconique inaltéré, il se condense 4 
quelques cristaux d'anhydride monochloré, et il se produit 


également un peu de chlorure de citraconyle, à en juger 
du moins par l’odeur caractéristique de ce dernier. Il reste 
dans la cornue un résidu poisseux assez abondant. 

Quand on abandonne à elle-même pendant quelques se- 
maines une solution très-concéntrée d'acide citrapyrotar- 


+ 


(37) 

trique bichloré, il s’y forme un dépôt d’aiguilles enche- 
vêtrées, dures, peu solubles dans l’eau froide. Cette 
substance contient une quantité de chlore qui varie de 
{à 2 °/, et qui constitue probablement une impureté 
amenée par. le milieu où elle s’est formée. Je ne suis pas 
parvenu jusqu'ici à des résultats analytiques concordants. 
Ce corps fond à 198°, en se sublimant en partie. Je me 
propose d'en reprendre l’examen par la suite. 


Je n'ai pas entrepris cette étude de l’action du chlore 
sur Vacide citraconique, pour me donner la tâche facile 
d'arriver à des résultats que l’on pouvait aisément prévoir, 
et qui devaient être analogues, comme l'expérience l'a 
démontré, à ceux que M. Kekulé a obtenus dans l’étude 
des dérivés bromés. Une autre idée m'a guidé dans ce tra- 
vail. On sait que par l'action des bases et sous l'influence 
de la chaleur, l'acide citrapyrotartrique bibromé se dé- 
double en C02, H Br et acide crotonique monobromé. 
Or, l'acide crotonique a été, dans ces dernières années, 
l’objet de travaux fort remarquables. On est parvenu éga- 
lement à préparer des produits de substitution chlorés de 
ce même acide; et il est permis d’espérer que, connais- 
sant la structure de lacide crotonique, nous pourrons 
arriver à connaître celle des acides pyrocitriques, aux- 
quels il se rattache directement. Il n’était pas sans in- 
térêt de savoir si l'acide crotonique monochloré, que l’on 
pouvait s'attendre à obtenir au moyen de l'acide citrabi- 
chloropyrotartrique, était identique ou différent de l'acide 
obtenu par d’autres moyens et dont la structure est à peu 
près connue. 

J'ai donc préparé une solution d'acide citrapyrotartrique 


a 


( 58 ) 
bichloré; je l'ai saturée par le carbonate de sodium, et 
porté la liqueur à Pébullition. Il s’est dégagé de l’anhydride 
carbonique en abondance; la liqueur est redevenue acide; 
en un mot, j'ai observé tous les phénomènes que M. Kekulé 


a décrits pour la décomposition de l'acide bibromé corres- , 


pondant. En opérant de la même manière, je suis parvenu 
à isoler un acide huileux, qui s’est concrété par le refroi- 
dissement en cristaux semblables à ceux de lacide ben- 
zoïque, fusibles sous l’eau chaude, et répandant une odeur 
désagréable rappelant celle de l'acide butyrique. La for- 
mation de cet acide et ses propriétés en font l’analogue de 


l'acide monobromocrotonique obtenu par M. Kekulé. Un 


dosage de chlore a donné 29. 2 °/, de chlore; la formule 
Ca Hs el. O2 en exige 29. 4. Je mai pas encore terminé 
l'étude de cette substance, mais je crois pouvoir annoncer 
dès à présent qu'elle est différente des acides obtenus par 
M. Geuther. 


La synthèse de l'acide crotonique au moyen de l’aldé- 


hyde nous force à lui assigner la formule CH;-CH = 
CH-CO,H. La formation au moyen du eyanure d’allyle 
conduit à la formule CH,-CH-CH,-CO,H. Quelle que 
soit la manière de voir adoptée, il est clair que l'une et 
l'autre expliquent aisément la transformation de l'acide 
erotonique en acide butyrique normal, par l'hydrogène 
naissant. Il n’était pas sans intérêt de rechercher si l'acide 
butyrique, obtenu par M. Kekulé en traitant l'acide bro- 
mocrotonique, dérivé de l'acide citraconique, au moyen 


de l’'amalgame de sodium était l'acide normal ou l'acide 


isobutyrique. L'expérience faite, j'ai transformé l'acide ob- 
tenu en sel de calcium, qui s'est déposé à l’état de petites 
aiguilles eristallines, plus solubles à chaud qu’à froid, sef- 


“ailes 


- 


( 59 ) 
fleurissant à lair sec, et possédant en un mot tous les 
caractères de l’isobutyrate décrit par M. Morkownikoff. Le 
même résultat a été fourni par l’acide chloré. 


0,7802 gr. zi substance neen à l’aide de l'acide 


bromé perdiren . 0.2540 gr. H,0. 
0,540 gr. de Bl GHparte à l'aide de l'acide 
chloré perdirent... . . ai 6906 HO. 
CALCULÉ. TROUVÉ. 
BHO — 29,6 29,9 29,8 


Les acides dérivés de l'acide citraconique sont donc les“ 
acides isocrotoniques chloré et bromé. Ce fait est d'autant 
plus curieux, que M. Körner a obtenu ce même acide 
bromé par l’action du brome sur l'acide erotonique dérivé 
du cyanure d’allyle. 


Action du chlore sur l'acide itaconique. 


Quand on fait passer du chlore jusqu’à refus dans une 
solution saturée et froide d'acide itaconique, et qu’on fa- 
cilite la réaction, qui est extrêmement lente, par l’action 
du soleil, la température s'élève légèrement, et l'on ob- 
serve une augmentation en poids correspondant à la fixa- 
tion d’une molécule de chlore sur une molécule d'acide 
itaconique. En évaporant ensuite sur l'acide sulfurique et 
la chaux, j'ai obtenu une fois des cristaux très-bien dé- 
finis d’un acide dont la teneur en chlore correspondait à 
celle de l'acide pyrotartrique bichloré. Mais je ne suis plus 
jamais parvenu à reproduire cette substance : dans toutes 
mes autres expériences, la liqueur a laissé dégager « 

l'acide chlorhydrique, et il s'est déposé de superbes cris- 


p 


(40) 


taux, d'un éclat adamantin et ayant la forme de l'augite. 


Cette substance est l'acide itamalique monochloré. J'en ai 


fait plusieurs analyses, toujours dans l'espoir d'y retrou- 
ver l'acide bichloré mentionné plus haut. 

0,9245 gr. de substance donnèrent 0,7278 gr. Ag Cl. 

0,2790 id id.  0,2195 


7 js C2 


0,4798 id. id, 0,5683. 
0,2500 id. id, 0,1985. 
0,5895 id. „id. 0,4665 GO, et 0,1475 H,0. 
0,4485 id. id, 0,5299 CO, et 0,1585 H,0. 
CALCULÉ, TROUVÉ. 
d TE rm ~ 
C 69 32,8 — Te T — 32,6 320 
H, 7 3,8 — =: — + 42 5,9 
Cl 55,46 19,4 49,4 195 15,0 19,6 = — 
0 80 f — — -— — ou 


Il fond à 150°, et se volatilise déjà à 100. Il est très- 
soluble dans l’eau. 


Les acides que je viens de décrire exigent pour leur pré- 


paration de grandes quantités de chlore, ear une bonne 
partie de ce gaz passe inabsorbée. Il ne sera pas sans in- 
térêt de décrire ici l'appareil dont je me sers pour pro- 
duire le chlore : il se recommande à tous les laboratoires 
où il est impossible d'établir un appareil en grès comme 
ceux dont se sert l’industrie. 

` L'appareil se compose d’une grande bouteille de si 
ayant 25 centimètres de diamètre et 50 de haut. Elle 
contient un double fond percé, sur lequel on dépose le 
manganèse. Au-dessous de ce double fond débouche un 


tube vertical à entonnoir et servant de tube de sûreté. 
Le col de cette bouteille a 15 centimètres de haut : il est _ 


he 
ps 


CE) 

formé par deux cylindres concentriques, espacés d'en- 
viron 15 millimètres. Dans la gouttière ainsi formée, 
on verse de l'acide sulfurique, et on place ensuite un 
cylindre de plomb portant le tube à dégagement. De 
cette manière l'appareil présente une fermeture hydrauli- 
que pouvant faire équilibre à une pression 
équivalente à environ 15 centimètres d’a- 
eide sulfurique. La figure ci-contre rend 
parfaitement compréhensible la disposi- 
tion de cet appareil, qui fonctionne de- 
puis deux ans dans mon laboratoire de la 
manière la plus parfaite. Toutes les sou- 
dures doivent être autogènes. L’acide 
chlorhydrique se verse par le tube latéral, 
qu'on recourbe pour vider l'appareil. Enfin le chauffage se 
fait au bain-marie, constitué ici par une grande marmite 
de fonte. On peut introduire à la fois plusieurs kilogrammes 
de bioxyde de manganèse, cassé en morceaux de la gros- 
seur d'une noix. L'acide chlorhydrique se verse au fur et à 
mesure des besoins, et par quantités qui n’excèdent pas 
un litre à la fois, pour éviter un nn re de gaz trop 
tumultueux. 


Action de la chaleur sur l'acide itapyrotartrique 
ibromé. 
J'ai annoncé dans la Zeitschrift fur Chemie (1), à la 
suite de la traduction allemande d’un de mes travaux pu- 
blié par l'Académie (2), que l'acide itabibromopyrotartri- 


(1) Zeitschrift, 1867, 
à Bulletins de ue de Belgique, 2° série, t. FAN p: 25. 


. 


un peu mieux lorsqu'on opère dans une atmosphère 


ments, j'ai trouvé que la seule manière pratique est d'opé- 


(42) 


` que, soumis à l’action de la chaleur, se dédouble en. HBr i 


eten un mélange d'acide itaconique monobromé et d'un « 


acide bibasique isomère de l'acide aconique. Ce dernier fait — 


n'est pas rigoureusement exact : des recherches ultérieu- | 
res m'ont appris que la substance en question n'est pas — 
l'isomère de l'acide aconique, mais lui est absolument 
identique. 3 1 | 
Il me sera donc permis de publier ici les résultats de ` 
travaux commencés depuis longtemps sur ces substances, — 
bien que M. Liebermann ait manifesté l'intention de tra- — 
vailler sur l’acide aconique. 
Quand on soumet l'acide itapyrotartrique bibromé à 
l'action de la chaleur en le chauffant au bain d'huile dans — 
une petite cornue, on remarque, quand la température à 
s'élève vers 160°, qu'il distille de l'eau, en même temps « 
qu'il se dégage de l'acide bromhydrique. A 190° Ja sub- 
slance est en décomposition complète; elle noircit ; 
mousse abondamment, et l’on voit se condenser dans le À 
col des croûtes cristallines. Il se dégage en même temps 
des substances possédant l’odeur des composés allyliques, 
et irritant vivement les veux. L'opération est fort difficile 
à conduire, à cause du boursouflement de la masse : 
à chaque instant on est obligé de modérer le feu, et 
Fon ne recueille que peu de produit. L'expérience marche 


d'hydrogène : on peut chauffer alors jusqu’à 210°, et le 
rendement est plus considérable. Après divers tâtonne- 


rer dans le vide, ce qui est très-facile actuellement, quand 
on possède un aspirateur de Bunsen. En opérant à une pres- 
sion de — 60 centimètres de mercure, P opération marche 
didaten on obtient un rendement Ro nne 


(45 ) 
la masse ne mousse plus, et il ne reste dans la cornue 
qu’un léger résidu goudronneux. I est à remarquer toute- 
fois que la substance cristalline qui distille est très-peu 
volatile, et se condense facilement sur le dôme et les pa- 
rois de la cornue. Pour éviter eet inconvénient, je chauffe 


celle-ci dans un bain d'air formé de deux capsules en tôle: 
superposées. La capsule supérieure porte une échancrure ` 


latérale pour le passage du col, et deux trous dans lesquels 
on fixe les thermomètres. Le fond de la cornue repose sur 
un triangle ou une toile métallique placée dans la capsule 
inférieure. Au moyen de ce bain d'air, d’une construction 


très-simple, on distille aisément les substances peu vola- 


tiles. 

Acide itaconique monobromé. — La substance dn je 
viens d'indiquer la préparation, et qui se trouve dissoute 
en grande partie dans l'eau condensée dans le récipient, 
est incolore quand on a opéré dans le vide et de la manière 
que je viens de décrire, et souillée seulement d’un peu 
d'acide bromhydrique et de traces de matières étran- 
gères irritant les yeux. Il suffit de la reprendre par leau 
chaude pour obtenir, par le refroidissement, d’abondants 
mamelons cristallins d'un aspect terne, et semblables, à 
première vue, à l'acide itapyrotartrique monochloré. Quand 
on opère sur de grandes masses, et que la cristallisation 


s'effectue lentement, on obtient parfois des cristaux sem- 


blables à ceux de l'acide itaconique, au brillant près, et 
clivables comme ceux dans le plan des petites diagonales. 


Il faut, dans ces cristallisations , éviter de chauffer long- 


temps la solution et sartout de la faire bouillir, car la sub- 
stance se décompose alors avec la plus grande facilité en 
acide bromhydrique et aconique. FL i 


(4) 


Voici les résultats analytiques, qui établissent la come. 1 


position de ce corps. 
0:5435 gr. donnèrent 0,3098 Ag B i 
0,2850 id. 0,2943 CO, € et 0 ‚0675 H,0. | 
0,4220 id. 0,4425 CO, et 0,1122 H,0. 
CALCULÉ. TROUVÉ. 
RS a 
re at + . 284: 265 
RER 23 — : À 1188 
Br 60 382 FIRE zi 
0, 64 308 dik a Ee 
20,9 100,0 | 
L’acide itaconique monobromé est très-peu soluble dans _ 


l’eau froide, ce qui me l’avait fait considérer d'abord 
comme un dérivé de l'acide mésaconique. L'eau bouillante 
le décompose en acide aconique et bromhydrique. Voici 
une analyse de l’acide ainsi obtenu : 


0,4547 gr. de substance donnèrent 0,7755 gr. CO, et 0,1550 gr. H,0. 


CALCULÉ. TROUVÉ. 
à 60 46,8 46,5 
H; 4 3,1 5,1 
0, 64 50,1 LE 


Chauffé avec les bases carbonatées, il subit une décom- 
position du même genre. L'ayant saturé par le carbonate 
de sodium à chaud, j'ai obtenu par le refroidissement de 
petits rhombes en tout vi à l’aconate de sodium 
de M. Kekulé. 


0,8520 gr. de substance perdirent à 110° 0,2270 gr. H,0. 


Ce qui correspond à 27,7 d'eau de cristallisation. La 
formule C; H; Na O, +5 H,0 en exige 26,4. 


hed 


B ien 


he naan ide à id ee rn ER LEIE mene |, die 


( 45 ) 

Comme ce résultat n’est pas très-rigoureux, ce qui tient 
à la difficulté de dessécher ce sel sans l’effleurir, jai fait 
encore un dosage de sodium. 


0,4200 gr. de substance, séchée à 110°, donnèrent 0,2001 Na, SO, 


Ce qui correspond à 15, 4 p. %/) Na. La formule C; Hs 
NaO, exige 15,5. 

L'acide itaconique monobromé fond à 164° en se dé- 
composant. On voit en effet des bulles de gaz se dégager 
de la masse fondue; et quand on opère sur quelques 
grammes de matière, on observe un dégagement d'acide 
bromhydrique, et la production d’une substance irritant 
fortement les yeux. Il est à remarquer que le point de 
fusion de l'acide aconique est également situé à 164°; il 
est donc probable que l'acide fond en se décomposant. 
Une partie toutefois est volatile dans l’atmosphère d’acide 
bromhydrique, et se sublime quand on élève davantage la 
température. Il est probable que, dans ces conditions, 
l'acide itaconique monobromé se décompose en eau et en 
son anhydride; j'ai toujours observé, en effet, dans la 
préparation, qu'il se condensait dans le récipient un 
corps huileux, insoluble dans l’eau , et se concrétant à la 
longue au contact de celle-ci; mais il m'a été impossible 
de l’isoler. 

-Quant à la décomposition que cet acide subit sous l'in- 
fluence de la chaleur , il est fort difficile de T'établir d'une 
manière absolue. J'ai bien obtenu de l'acide aconique de 
cette manière ; mais comme l’eau produit déjà cette trans- 
formation , il est impossible d'établir si c'est ce liquide, 
ou l'influence de la chaleur qui a IE complétement 
l’acide bromhydrique. 

L'acide itaconique monobromé, soumis à l’action simul- 


(46 ) ] 
tanée de l’eau et du zine ou de l’étain, subit la substitu- * 
tion inverse. La liqueur filtrée, agitée avec l'éther, après — 
addition d'acide sulfurique, abandonna à ce dissolvant un 1 
acide qui se déposa par l’évaporation à l'état de croûtes — 
cristallines. Celles-ci, recristallisées de l'eau, déposèrent — 
des cristaux de la forme caractéristique de l'acide itaco- = 
nique, clivables dans le plan des petites diagonales de à 
l’octaèdre et fusibles à 162°. En voici pa se : i 


bios 


0,122) gr. de substance donnèrent 0,2065 gr. 60, et 0,0515 gr. H,0. 


CALCULÉ. TROUVÉ. ni 


' 


46,2 ; 46,1 
4,6: 4,1 


Je mentionnerai ici que l'acide itamalique monobromé 
se forme également en chauffant l'acide aconique avee 
l'acide bromhydrique dissout. 


9, Sosi gr. de substance ainsi préparée zere 6,5617 gr. Ag Br. 


CALCULÉ. TROUVÉ. 


Br. 58.2 - 38,4. 


Acide itaconique monochloré. — Cet acide s'obtient par | 

une réaction en tout semblable à celle qui vient d'être 
__déerite. On chauffe l'acide aconique avec de l'acide chlorhy- 
drique concentré, dans un tube scellé, au bain-marie. LE 
se dépose par le refroidissement de la liqueur en eroûtes 
cristallines , co mamelonnées semblables à celles de 


á 


CF) 
l'acide bromé. Il importe dans cette expérience, comme 
dans la précédente, de ne pas chauffer trop longtemps ou 
trop fort, car l'acide chlorhydrique ou bromhydrique con- 
centré charbonne assez facilement l'acide aconique. 
Je me suis contenté, pour établir la nature de ce corps, 
d’un dosage de chlore. | 


0,4500 gr. de substance donnèrent 0,5769 Ag Ci. 


Ce qui correspond à 21 6 Ci. La formule C; H; CIO, 
exige 21, 5 0/0. 

Il est peu soluble dans l'eau froide. L'eau bouillante le 
retransforme en acide aconique. 

Acide aconique. — Cet acide, qui a été découvert par 
M. Kekulé, ne s'obtient que fort difficilement en partant 
du sel de sodium. Ce sel, en effet, est d’une préparation 
délicate : sa formation est accompagnée de production de 
plusieurs substances étrangères, d'odeur allylique et irri- 
tant vivement les yeux; et bien souvent les produits secon- 
daires engloutissent la substance principale, et laconate 
ne cristallise pas. De plus, comme l'acide aconique n’est 
pas très-soluble dans l’éther, il est difficile de l’extraire, 
par ce moyen, de son sel de sodium additionné d'un 
acide. 

On obtient ce corps bien plus facilement par la ses 
position de l’acide itaconique monobromé au sein de lea 
bouillante. Il se dégage de l'acide bromhydrique , et a 
liqueur dépose par refroidissement, et, au besoin, par 
évaporation, de splendides cristaux , doués de P éclat ada- 
mantin, et paraissant appartenir au système rhomboé- 
drique. J'ai rapporté plus haut l’analyse d’un acide ainsi 
préparé. Voici l'analyse d'un sel de sodium, qui en établit 
l'identité. Ce sel ressemblait d’ailleurs entièrement, par 


(48 ) 


ses propriétés physiques, au sel préparé par M. Kekülé: ! 


0,8750 gr. perdirent à 110. . . . . 0,2505 H,0. 4 


0,5555 gr. de substance sèche donnèrent 0,2700 Na SO,. 


Ce qui correspond respectivement à 26,0 H20 et à 16,2 . 
Na. Le calcul exige 26,4 et 15,5. : 

On peut facilement obtenir l'acide aconique d'après 
le principe appliqué par M. Kekulé, mais en modifiant la’ 
méthode. Il suffit pour cela de remplacer le carbonate de 
sodium par oxyde de plomb. Il se forme dans ce cas de . 
l’aconate de plomb soluble, et du bromure de plomb qui | 
se précipite par le refroidissement. On élimine ensuite le . 
plomb par l'hydrogène sulfuré, et l’on évapore jusqu’à cris- M 
tallisation. L'expérience m'a démontré qu’il est avantageux | 
de n'employer que la quantité d’oxyde de plomb néces- « 
saire pour saturer l'acide bromhydrique de l'acide itapyro- _ 
tartrique bibromé ; car l'acide aconique s'altère assez 
facilement , et il est aisé de reconnaître toujours dans sa _ 
préparation l'odeur des composés allyliques, et même de 
l'acide crotonique. On emploie avantageusement parties 
égales d'acide bibromé et d'oxyde de plomb porphyrisé. 

Voici les résultats obtenus à l analyse d'un aeide préparé 
de cette manière : 


0,4503 gr. donnèrent 0,7699 gr. CO, et 0,1360 gr. H,0. + 


CALCULÉ. TROUVÉ, 
G 46,8 46,6 ; 
H 71 3,3. 


Pa 


L’acide aconique west pas très-soluble dans l'eau : à 15° 
une partie se dissout dans 5,61 parties d’eau. 


11,2860 gr. de solution saturée, abandonnèrent 0,5910 gr. de 


j 
; 
: 
3 
A 
4 
F 
Í 


(49 ) 

Il fond à 164° et bout vers 225 en se détruisant presque 
complétement. 

Je ne m'arrêterai pas ici à décrire quelques expériences 
que j'ai faites sur cet acide. Puisque M. Liebermann s’en 
est réservé l'étude, je l'abandonne volontiers à cet habile 
chimiste. Mais je crois pouvoir signaler ici un fait extré- 
mement intéressant, qui m'appartient en entier, et dont 
je veux m'assurer la priorité. Quand j'ai annoncé autrefois 
que l'acide obtenu par moi dans la décomposition de l'acide 
pyrotartrique bibromé était bibasique et simplement iso- 
mère de l'acide aconique, je n'étais pas sous le coup d'une 
erreur d'analyse. Je venais de découvrir un acide de la 


. formule C; H; O,, dont j'avais établi la composition. Je 


savais que M. Kekulé avait eu beaucoup de peine à obtenir 
des rudiments de cristaux d'acide aconique et je me trou- 
vais en présence d'un corps aisément cristallisable, L'idée 
d'une isomérie se présentait naturellement à mon esprit. 
Je fus confirmé dans cette manière de voir par le fait sui- 
vant. Ayant saturé mon nouvel acide par l'eau de baryte, 
j'obtenais un magma caséeux, insoluble dans l’eau, et 
donnant à l'analyse 50 %/o de baryum. Or, M. Kekulé décrit 
l’aconate de baryum comme un sel très-soluble et déli- 
quescent, contenant 55 %/, Ba. La formule C; H; Ba''O; 
exige 47 Po de baryum; la formule C; Ha BaO, 55 Vo. 
J'étais donc en droit de considérer mon acide comme 
bibasique. Plus tard, ayant saturé mon acide par le 
carbonate de sodium, j'ai obtenu, à ma grande surprise, 
l'aconate de sodium de M. Kekulé. J'ai eu, depuis, la 
clef de ces résultats en apparence contradictoires. L'acide 
aconique est monobasique, quoique sa formule doive 
le faire considérer comme bibasique. Il appartient au 
groupe de ces acides sur lesquels j'ai attiré l'attention 
9me SÉRIE, TOME XXXIII. 4 


Mo. Bot. Garden, 
1896. | 


€ 


(50) 


des chimistes à l’occasion de mes travaux sur l’acide para- 

conique. Ces acides sont véritablement les. éthers d’eux- : 
mêmes. L’acide paraconique, par exemple, se rattache — 
étroitement, comme je lai démontré, à l'acide itamalique. i 


Le côté alcoolique de ce dernier s'est éthérifié avec lun 


des carboxyles, avec élimination d'eau, et l'acide est de- 


venu monobasique. C’est ce que montrent les formules 
suivantes : 


—C0,H — C0 
—C0,H 
CH, z CHE 0H Gis LL 0! 
—C0,H 
| „H 00, 
Acide pyrotartrique. Acide Balian. Acide paraconique. 


# 
Ce qui démontre qu’il en est bien ainsi, c’est que sous 


l'influence des bases, ou même de l’eau chaude, l'acide | 
paraconique se saponifie, c'est-à-dire, redevient acide 
itamalique. Il en est de même de l'acide aconique. Cet 
acide est à un acide malique dérivé de l'acide itaconique, 


c’est-à-dire, à double soudure, comme l'acide paraconique 
est à l’acide De Aussi les formules sont-elles com- 
parables. 


—C0, H —C0 
—C0, H | a | 
C‚ H, | = C0 H CGH, < OR CH, — 0 
z — CO, H —C 2 H 
Acide ilaconique. Acide inconnu. Acide aconique. i 


On comprend ainsi pourquoi l'acide aconique est mono- 


basique et pourquoi, saturé par les bases caustiques, il 


engendre des sels qui dérivent d'un acide bibasique. 


Jai fait un grand nombre d'expériences dans cette 
direction : toutes donnent des résultats identiques. J'ai 
même trouvé que, quand on décompose l'acide itapyrotar- 


trique bibromé, non is le carbonate. de mise comme 


Ra 
bd 


(51) 

Pa fait M. Kekulé, mais par la baryte caustique, on ob- 
Gent dès la première affsion de base, le précipité caséeux 
dont je viens de parler. Il se redissout tant que la liqueur 
est acide; mais il se dépose abondamment quand on ap- 
proche de la neutralisation. Une solution d’aconate de 
baryam ou de sodium produit les mêmes phénomènes 
avec l'eau de baryte. Les nombreuses analyses que j'ai 
faites de ce sel se rapprochent toutes plus ou moins de la 
formule C; H, BaO; ; mais jusqu’ici je n’en ai pas obtenu 
de véritablement satisfaisante; ce qui tient à la difficulté 
qu’il y a de purifier ce précipité volumineux et peu cohé- 
rent, des substances au sein desquelles il s'est formé. 

Je me réserve la continuation de mes recherches dans 
le sens indiqué dans le présent travail. 


(32) 


CLASSE DES LETTRES. 


Séance du 8 janvier 1871. 4 


M: J.-J. Haus, directeur. | 
M. An. Querecer, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Steur, J. Grandgagnage, J. Roulez, 
Gachard, Ad. Borgnet, P. De Decker, F.-A. Snellaert, 
M.-N.-J. Leclereq, M.-L. Polain, le baron Kervyn de Let- 
tenhove, R. Chalon, J.-J. Thonissen, Th. Juste, G. Guil- 
laume, Félix Nève, Alph. Wanters, H. Conscience, 
‚NJ. Laforet, membres ; J. Nolet de Brauwere van Stee- — 
_ land, Aug. Scheler, associés ; E. de Borchgrave, correspon- 
dant. | 

M. Ch. Montigny, membre de la classe des sciences, 
assiste à la séance. 


CORRESPONDANCE. 


r 


La classe apprend officiellement la mort de l'un de ses 
membres titulaires, M, Eugène Defacqz, décédé à Bruxelles 
le 51 décembre dernier. 

Conformément aux dernières volontés du défunt, com- 


( 55.) 

muniquées à l’Académie par son exécuteur testamentaire, 
la classe s'est abstenue de faire prononcer, aux funérailles, 
le discours d'adieu. Mais les membres, afin de témoigner 
les sentiments d’estime et de regrets de la Compagnie, ont 
pris individuellement part à la cérémonie funèbre. 

M. le secrétaire perpétuel a exprimé à la famille de 
M. Defacqz les condoléances de l’Académie et les profonds 
regrets causés par la perte, d’un homme aussi éminent. 


— M. le Ministre de l’intérieur adresse à l’Académie 
uu exemplaire de l'Inventaire des chartes du chapitre de 
Saint-Martin de Liége (1 vol. in-4°) et un exemplaire du 
9° Rapport triennal sur la situation de l'instruction pri- 
maire en Belgique (1 vol. in-folio). — Remerciments. 


— M. Ch. Faider envoie, à titre d’hommage, un exem- 
plaire de ses deux notices intitulées : 4° La Constitu- 
tion belge et. la magistrature; X l'Égalité devant la loi. 
— In-8. . 

M. le baron Kervyn de Lettenhove présente ensuite 
un exemplaire du tome III des Poésies de Froissart, édi- 
tées par M. Aug. Scheler, et un exemplaire du tome XIV 
des Chroniques du même auteur, publiées, dans la collec- 
tion académique des œuvres des grands écrivains du pays. 


Il est fait également hommage de l'Annuaire de luni- 


versité de Louvain pour 1872, présenté par Mgr Laforet, 
ainsi que du tome I°” des Lettres assyriologiques sur l'his- 
toire et les antiquités de l'Asie hp par M. Fr. Lenor- 
mant, associé. 


Des remerciments ont été votés aux auteurs de ces dif- 


férents dons. 


In 


(54) 


— M. le chanoine De Smet communique un travail sur 


Jean de Hainaut, sire de Beaumont. — MM. le baron Ker- 
vyn de Lettenhove, Chalon et Wauters sont désignés pour 
en faire l'examen. 

M. Fr. Lenormant soumet à la classe un premier mémoire 
de mythologie comparée portant pour titre : La légende 
de Sémiramis. — Ce travail est renvoyé à l'examen de 
MM. Roulez, Thonissen et Félix Nève. 


— Le ministère de la guerre et la direction du Journal 
des Savants, à Paris, la Société archéologique de Berlin, 
PUniversité de Halle, la Bibliothèque royale de Dresde 
et la Bibliothèque oeriake de Vienne remercient pour le 
dernier envoi de publications académiques. 


CONCOURS DE 1871. 


La classe prend acte de la réception d’un mémoire en 


langue flamande, sans titre et sans devise, mais avec bil- 


let cacheté, parvenu le 29 décembre dernier. Ce travail a 
pour objet de répondre à la quatrième question du con- 
cours de cette année, concernant la théorie économique des 
rapports du capital et du travail. Les commissaires chargés 
de faire l'examen de ce manuscrit seront nommés dès 


l'expiration du terme fatal du concours, lixé au 4°" février ; 


prochain. 


( 55 ) 


ÉLECTION. 


La classe a procédé ensuite à l'élection du directeur pour 
1875 : les suffrages ont désigné M. Thonissen pour rem- 
plir ce mandat. . 

M. Haus, directeur sortant, a remercié ses confrères du 
concours sympathique et bienveillant qui lui a été donné 
pendant l'exercice de ses fonctions et a installé M. De 
Decker, directeur pour l’année courante. 

M. De Decker a remercié ses confrères de la marque 
d'estime qu’ils lui avaient témoignée en l'appelant à diriger 
les travaux de la classe et il a proposé des remerciments à 
M. Haus. — Applaudissements. 

M. Thonissen, à son tour, en venant prendre place au 
bureau, a remercié la classe. 


s 


(56) 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Jeanne la Folle et Charles-Quint, par M. Gachard, 
membre de l’Académie. 


DEUXIËME PARTIE (1). 
V. 


Charles, ayant pris congé de sa mère et de sa sœur, 
quitta Tordesillas le 12 novembre. L'Espagne et lui ve- 
naient de faire une perte immense : le cardinal Ximenes 
n’était plus. Souffrant déjà de la fièvre, lillustre prélat 
s'était, au mois d'août, transporté de Madrid à Aranda de 
Duero, afin de se rapprocher du lieu où le roi devait 
descendre à terre. Il avait séjourné quelque temps au 
monastère de la Aguilera. Son état ne s'étant point amé- 
lioré, les médecins lui avaient donné le conseil de passer 
au bourg de Roa, situé sur une éminence et réputé Pun 
des lieux de la Castille où lair était le plus salubre. Ce 
fut là que, le 8 novembre, dans la quatre-vingt-unième 
année de son âge, il trouva la fin de sa glorieuse car- 


rière (2). 


(1) Voir, pour ki première partie, le t. XXIX des Bulletins, p 710. 
(2) FLécmier, Histoire du cardinal Ximenes, t. I, p. 755. 
Dans la Historia de Carlos V, de SANDOVAL, t. I, p. 84, la mort. de 
Ximenes est indiquée au 8 décembre ; mais c'est là vraisemblablement une 
faute d'impression. Cette erreur a été reproduite par Argensola, p. 455 


ee 


lie à de dti tas run | ns ini ad dn an, 


( 57 ) 

De Tordesillas Charles se dirigea vers Mojados, où l'in- 
fant Ferdinand l'attendait. 

Nous avons dit l'affection qu’en Espagne on portait à ce _ 
jeune prince. Ceux qui étaient autour de sa personne, et 
particulièrement don Pedro Nuñez de Guzman , grand com- 
mandeur de Calatrava, son gouverneur, fray Alvaro Osorio 
de Moscoso, évêque d'Astorga, son maître, et Goncalo de 
Guzman, son chambellan , S'appliquaient, avec plus de zèle 
que de prudence, à faire naîtré , à entretenir en lui le désir 
de profiter de ce sentiment dela nation; ils avaient même, 
sous main, excité des grands et des villes de Castille à le 
proclamer gouverneur du royaume, au nom de la reine 
Jeanne. Charles le sut; il fut informé aussi que, dans la 
maison de l'infant, on tenait des propos peu respectueux 
pour lui et pour son autorité. Le jour où il montait sur le 
navire qui allait amener en Espagne, il expédia un cour- 
rier aucardinal Ximenes, avec l’ordre d'enjoindre sur-le- 
champ à don-Pedro Nuñez de Guzman de se retirer dans 
sa commanderie, à l'évêque d’Astorga d'aller résider dans 
son diocèse, et à Gonçalo de Guzman de sortir de la 


` cour (1). 


Ximenes exécuta cet ordre avec ponctualité. L'infant 
en ressentit une grande peine, quoique Charles lui eùt 
écrit pour le pénétrer de la nécessité impérieuse où il était 
de séparer de lui des personnes qui cherchaient à l'en- 
traîner dans de fausses démarches (2), et quoique le car- 
dinal eût, dans l’accomplissement des volontés du roi, 
observé tous les ménagements, tous les égards dus au 


(1) ages sé du cardinal de Granvelle, L 1, p. 89. 
(2) Ibid. 


( 58) 


frère de son souverain. Mais Ferdinand comprit sa position, 


ses devoirs envers le roi; il se résigna. 


Lorsque Charles approchait de Mojados, il vit venir au- | 
devant de lui infant, qu'accompagnaient des personnages — 


considérables du clergé et de la noblesse. Ferdinand mit 


pied à terre, pour faire la révérence au roi, puis il alla 


saluer et baiser madame Eléonore. A Mojados les deux 
frères logèrent dans la même maison et soupèrent en- 


semble; Charles plaça l'infant à sa droite. Ferdinand, de « 


son côté, se montra plein de déférence pour le chef de sa 
maison : « Quand on donnait à laver au roy, dit Laurent 


» Vital, toujours estoit à teste descouverte, tenant la ser- | 


» viette pour luy baillier à essuyer. » 


Charles alla passer quelques jours au monastère royal 4 
de l’Abrojo, près de Valladolid, pendant qu’on s'occupait — 


des préparatifs de sa réception en cette ville. Ce fut là qu’il 
revêtit son frère des insignes de la Toison d’or, qui avait 


été conférée à Ferdinand par le chapitre de l’ordre assemblé â | 


à Bruxelles l'année précédente (1). 

Son entrée à Valladolid eut lieu le 18 novembre, au 
milieu d’un immense concours de noblesse et de peuple. 
Le cortége royal était magnifique. Cinq cents hommes de 
pied et un escadron de cavalerie ouvraient la marche. 


Après eux venaient les écuyers, les pages et tous les offi- 


ciers de la maison du roi, les chevaliers de la Toison d’or, 
les grands, entre lesquels on remarquait le connétable de 
Castille, les ducs d’Albe, g’ Arcos, de Segorbe, le marquis 
de Villena, le comte de Benavente (2). L'infant Ferdinand 


(1) De REIFFENBERG, Histoire de la Toison zegene 
(2) SanvovaL, t. I, p. 84 


er 


( 59 ) 

paraissait ensuite (1); à sa droite étaient l’évêque de Tor- 
tosa, Adrien d'Utrecht, que Léon X venait d'élever au car- 
dinalat, et à sa gauche l’archevèque de Saragosse et de 
Valence, don Alonso d'Aragon. Les hérauts Castille et 
Brabant, les sergents d'armes, les massiers, les huissiers 
précédaient le roi, qui marchait sous un dais de drap d’or, 

ayant devant lui le comte d’Oropesa, l'épée nue à: la 
main, à sa droite un peu en arrière ambassadeur du pape, 

à sa gauche les ambassadeurs de l'empereur et du roi 
d'Angleterre, et ses hallebardiers allemands et espagnols 
rangés autour de lui. La princesse Éléonore suivait avec 
M. de Chièvres et les dames et demoiselles de sa cour; 

puis venaient le grand chancelier le Sauvage et le conseil. 

La marche était fermée par la compagnie des archers de 
corps. Toute la population fut enchantée de la bonne mine 
de son jeune souverain. Charles portait, par-dessus une 
armure légère en acier, un sayon de drap d’or et d'argent 
doublé de satin cramoisi et tout étincelant de pierreries; 

il était coiffé d’un bonnet de velours noir garni d’une 

plume blanche d'autruche et d'un gros rubis balais, au 

bout duquel pendait une perle orientale d’une valeur ines- 
timable. Il montait un cheval fringant qu'il conduisait 
avec une merveilleuse adresse. Avant de descendre au 

logis qui lui était destiné, il alla à la cathédrale, où il fit 
ses dévotions et baisa les Évangiles (2). 

Dans les jours qui suivirent son entrée à Valladolid, 
l’'amirante, les ducs de Bejar et de Nájera, les marquis 
d’Astorga et d’Aguilar et d'autres grands seigneurs de Cas- 


(1) Sandoval le fait venir à la suite du roi, mais Laurent Vital dit posi- 
tivement le contraire, et il doit être cru, puisqu'il était présent, 
(2) Relation de Laurent Vital. : 


a 


( 60 ) 
tille y vinrent pour lui présenter leurs hommages (1). H y 
vint aussi des ambassadeurs de plusieurs princes, chargés 
par leurs maîtres de féliciter le nouveau souverain sur 
son arrivée dans ses royaumes d'Espagne (2). 


Le 26 novembre se fit, en l’église de San Pablo, avec | 


beaucoup de solennité, la remise du chapeau au cardinal 


de Tortosa; Charles voulut honorer cette cérémonie de sa 


présence, en témoignage de son estime pour son ancien 
précepteur (3). Le lendemain il se porta, avec son frère et 
les principaux personnages de sa cour, au-devant de la 
reine Germaine de Foix, qu’il conduisit jusqu’au logis qu'on 
avait préparé pour elle et qui était en face de son palais : 
afin qu'ils pussent communiquer entre eux plus facilement, 
on construisit un pont de bois qui allait d’un côté de la rue 
à l'autre (4). Charles, dans ces premiers temps, marquait 


un grand respect à Germaine de Foix, se souvenant qu ‘elle: 


avait été la femme du roi son aïeul et qu’il la lui avait re- 
commandée à son lit de mort; il Fhonorait comme si elle 
eùt été sa mère et lui en donnait le nom; lorsqu'elle en- 
trait où il était assis, il se levait de son siége et se décou- 


. vrait; il mettait le genou en terre en lui parlant. Tant de 


déférence , de courtoisie, n’eut pas une longue durée; peu 


à peu les relations se refroidirent entre le roi régnant et _ ; 


lex-reine. La conduite de Germaine de Foix en fut en 
partie cause : la veuve de Ferdinand le Catholique aimait 


(1) Relation de Laurent Vital. 
(2) Sanpovac, t, I, p. 
(5) Ibid. — ns de anas Vital. 


(4) Relation de Lanrent Vital. — « Ce pont - es - dit notre narrateur — _ 


» estoit faict à manière d'une galerie bien faicte, pendant 
» en Pair, sans qu'il y eult nuls qe dessonbs : et plus 3 y avoit charge et 
» faix dessus, et plus estoit-on à 


is RÉ 


RE 


En 


(61) 

les plaisirs, les fêtes, les festins, et bien que sa chasteté 
fût à Fabri de tout soupçon, elle oubliait quelquefois la di- 
gnité que lui commandaient son nom et son rang (1). 

L'affluence de princes, de grands seigneurs, de diplo- 
mates, de courtisans, de gens de tous états, qu'il y avait 
en ce moment à Valladolid, et la difficulté de loger tant de 
monde, donnèrent lieu à des incidents qui nous paraissent 
mériter d’être rapportés. L'officier de la maison du roi 
chargé de faire le logement des seigneurs et des person- 
nages officiels, visita les maisons de la ville : les meilleures 
étaient occupées par des gens d'église ; il pria ceux-ci, pour 
l'amour de leur souverain, de recevoir chez eux des hôtes, 
tels qu'ils voudraient, espagnols ou belges , ecclésiastiques 
ou séculiers. Quelques-uns condescendirent à sa demande; 
mais la plupart s’y refusèrent absolument, alléguant leurs 
priviléges et menaçant d'excommunication ceux qui ose- 
raient y porter atteinte. Le- maréchal des logis, à qui ces 
maisons étaient indispensables, les fit ouvrir de force par 
l’alcade et les alguazils qu'on Jui avait donnés pour l'as- 
sister. Les prêtres, furieux, réalisèrent leurs menaces, et 
Pexcommunication fut fulminée contre lui. Ils ne se con- 
tentèrent pas de cela, mais ils voulurent faire ressentir à 
tous ceux de sa nation les effets de leur colère : quand des 
Belges entraient dans des églises, on y cessait à l'instant le 
service divin; on affichait aux portes des temples des écrits 
où ils étaient vilipendés; s'ils allaient entendre la messe 


(1) « …. No duré esta cortesía mucho, porque el rey luego cobró au- 
thoridad, y ella miró poco por la suya , gustando mas de sus plazeres, co- | 
midas, huertas y otras cosas agenas de quien era (aunque no en lo que - 
toca à la mea de su persona), rs de mirar por el respêlo que sus 
tocas pedian…. » (SaxpovaL, t.I, p. 95. 


(62) 1 
dans quelque endroit secret converti en chapelle et qu’on 
les y découvrit, on les obligeait d'en sortir. L'interdit fut - 
même jeté, à plusieurs reprises, sur toutes les églises et _— 
les monastères de la ville. Des Belges s'étant plaints de 
` ces procédés à des personnes du pays, ils eurent, pour 

toute réponse, qu'il était dangereux en Castille d’exciter 

le courroux des prêtres, car leurs priviléges étaient 
grands (1). Ce n’était pas que l'autorité civile n’eût pu 
réprimer labus qu’ils en faisaient: mais Charles ne voulut — 
point inaugurer son règne par des actes de rigueur, si légi- 
times qu’ils fussent (2). 4 

Quelques jours après son entrée à Valladolid, ce prince 
s'était transporté à la chancellerie : là, ayant à ses côtés | 
l'infant Ferdinand, madame Éléonore, monsieur de Chiè- . 
vres, le grand chancelier le Sauvage, il avait présidé à une 
audience de cette cour souveraine. Le 12 décembre il con- 
voqua les cortès (3). 


de 


S 


VL 


La présence à la cour de la fleur de la noblesse des Pays- 
Bas et d’Espagne ne pouvait manquer d’être l’occasion de | 
plaisirs, de divertissements, mais surtout de faits d’armes 3 
et de chevalerie. Aux fêtes de Noël, quatre gentilshommes - 
sie le comte de Porcéan, les seigneurs de Beaurain, de 8 


(1) Relation de Laurent Vital. 
(2) « …. Là cognus-je mieulx que jamais la bonté et TE du roy, . 
el aaide leur malice : car là où il avoit matière de soy mescontenter de — 
ce nonobstant, à sa joyeuse venue,.ne volloit nulluy ss et prin- 
valent gens d'église, desquels mé voeult légièrement prendre ven- 
ien qu'il avoit bien matière de le faire et de leur faire perdre 
leur temporel... » (LAURENT VITAL.) 
(5) Sanpovar, t. L, pp. 84 et 85. 


R 


( 65 ) 
Fiennes et de Senzeille , après en avoir obtenu l'agrément 
du roi, firent publier un tournoi qui eut lieu sur la grande 
place de Valladolid avec un éclat, un succès dont retentit 
toute la Péninsule. Chacun des quatre entrepreneurs y 
commandait une compagnie de quatorze hommes d'armes, 
tous gentilshommes comme lui, et pour la plupart des 
Pays-Bas et du comté de Bourgogne (1) : ce qui faisait le 
nombre de soixante combattants. Ces hommes d'armes 
étaient habillés richement à l'instar de leurs chefs, et de 
couleurs différentes selon la compagnie à laquelle ils ap- 
partenaient : les mêmes couleurs se faisaient remarquer 
sur les harnais de leurs chevaux. Le tournoi commença 
par une course de lances à fer émoulu, de trois contre 
trois, suivie d'un combat à l'épée : dans cette première 
lutte, deux hommes d'armes furent renversés par terre 
avec leurs chevaux. Lorsque les soixante gentilshommes 
y eurent pris part, les compagnies du comte de Porcéan 
et du seigneur de Senzeille se mirent en bataille, la lance 
en arrêt, à l’un des bouts de la lice, et au bout opposé 
celles des seigneurs de Fiennes et de Beaurain. Au signal 
donné elles s’élancèrent bride abattue l’une contre l’autre 
avec impétuosité. Le choc fut terrible : les lances volaient 
en éclats; cinq chevaux furent tués sur le coup; plusieurs | 
autres furent blessés mortellement. « La chose fut aussi 
» rudement démenée » — dit Laurent Vital — « comme 
» si ce fust esté une bataille mortelle, où n’y avoit autre 
» différence, que les coraiges des combattans n’estoient _ 
» point délibérez d’ochir Pung l’autre. » Le tournoi ne finit 
pourtant point là; mais, après qu’on eut relevé les cava- 


(1) Laurent Vital donne les noms de tous ces gentilshommes. 


(64) | 
liers jetés par terre et remplacé les chevaux morts ou 
blessés, le combat reprit à l'épée et avec une nouvelle ar- 


deur : il fallut même que, le programme accompli, on em- « 


ployàt la force pour séparer les combattants, qui ne vou- 


laient pas faire retraite. Charles, Ferdinand, madame _ 


Éléonore, tous les seigneurs qui se trouvaient à Valla- 
dolid et toute la cour assistaient à cette fête, qui, au rap- 


port de Vital, n'avait pas attiré moins de quatre-vingt mille 


spectateurs. 


Cependant le jour -approchait où les cortès devaient se a 
réunir. Les grands qui ne se trouvaient pas encore à Val- 


ladolid , les seigneurs, les procuradores des villes, y arri- 
vaient de tous les points du royaume. Deux questions oc- 
cupaient les esprits avant que la représentation nationale 
fût appelée à les discuter : on se demandait si, la reine 


doña Juana étant en vie, les cortès pouvaient reconnaître 


Charles pour roi de Castille, et, au cas qu’elles le recon- 
nussent, si elles lui prêteraient serment avant qu'il eût 


lui-même juré d'observer ce que Ferdinand le Catholique A 


avait promis à l'assemblée de Burgos en 1511 (1). 

Le 12 janvier 1518, une réunion préparatoire des procu- 
radores eut lieu au monastère de San Pablo pour la véri- 
fication des pouvoirs. Le chancelier le Sauvage, auquel 
Charles avait conféré la charge de grand chancelier de Cas- 
tille, devenue vacante par la mort de Ximenes, s'y présenta 
pour présider au nom da roi, assisté d'un’autre ministre 
belge dont les historiens ne font pas connaître le nom , de 
don Garcia de Padilla et de don Pedro Ruiz de la Mota, 

-évêque de Badajoz. La surprise et le mécontentement des 


EK 


(1) SanpovaL, LE, p. 85. — Larvexrte, Historia general de España, 
Ip 82 s 


bist nde D A 


; 
Ì 


( 65 ) 
proeuradores en voyant des étrangers intervenir aux cortès 
furent extrêmes. Le docteur Juan Zumel, l’un des deux 
députés de Burgos, homme plein de patriotisme et d'éner- 
gie, s'en plaignit en leur nom à don Garcia et à l'évêque. 
N'ayant pas obtenu d'eux la satisfaction qu'il prétendait, il 
protesta solennellement, au nom de tous ses collègues, 
dans la séance suivante, et demanda au secrétaire des 
cortès acte de sa protestation (1). 

La conduite du docteur Zumel indigna fort la cour; lir- 
ration contre lui s’accrut quand on sut qu'il excitait ses 
collègues à ne pas prêter serment au roi avant que Charles 
eùt juré de garder les libertés, priviléges, lois et coutumes 


_de la Castille, et spécialement les pragmatiques, faites aux 


cortès de 1511, qui interdisaient de donner à des étran- 
gers des dignités, charges, bénéfices, ou des lettres de 
naturalisation pour «qu’ils pussent les impétrer. Mandé 
devant le chancelier et les deux ministres espagnols, il se 
vit menacé par eux d'être privé de sa liberté et traduit 
devant les tribunaux comme ennemi du prince : il leur 
répondit, sans se troubler, qu’il ne craignait rien: si l'on 
procédait envers lui selon les règles de la justice; il ajouta 
qu’ils pouvaient tenir pour certain que les cortès ne prê- 
teraient serment au roi qu'après que lui-même il le leur 
aurait prêté dans les termes énoncés plus haut, leur disant 
encore que le royaume n'était pas disposé à souffrir que 
M. de Chièvres emportât l'argent du pays. Les autres procu- 
radores, lorsqu'ils eurent eu connaissance de ce qui venait 
de se passer, prirent fait et cause pour leur collègue; il y 
eut à ce sujet beaucoup de débats entre eux et les minis- 
tres. Ils voulurent présenter au roi une requête où ils 


(1) SanpovaL, l. c. : , 
me SÉRIE, TOME XXXHI. 5 


( 66 ) d 
exposaient leurs doléances et leurs demandes; le Sauvage, — 
Padilla et Mota, qui s'étaient concertés avec M. de Chièvres, — 
leur firent observer que de semblables pétitions, alors que 
le souverain n’avait pas encore adressé la parole aux 
‚cortès, étaient contraires aux convenances autant qu’à 
usage, mais qu’ils rendraient compte au roi de l’objet de 
leurs remontrances. Zumel répliqua qu'il était préférable, 
pour prévenir des discussions fâcheuses, que le roi connût 
d'avance les sentiments de la nation. Les conférences des 
ministres avec les procuradores continuèrent pendant plu- 
sieurs jours. il y en eut un où, le grand chancelier ayant 
mandé Zumel seul, on crut que c'était pour le faire arrê- 
ter ; les députés de Cordoue et de Grenade voulurent s’en 
assurer; ils allèrent à la demeure du chancelier et atten- 
dirent à la porte jusqu’à ce que. Zumel en sortit. Tout 
s'était réduit, entre le représentant de Burgos et le pre- 
mier ministre de Charles, à un dialogué animé où celui-ci 
avait usé de paroles rudes et menacantes, et Zumel avait 
répondu avec une fermeté inébranlable (1). _ 

Au milieu de ces discussions, Charles ne négligeait pas 
ses devoirs envers sa mère. Le 16 janvier il partit pour 
Tordesillas; il pan Miti jours avec la.: reine (2). Laurent . 
Vital ne ppret larité de ce voyage (5). 


E 


= 


ee 


(1) SanpovaL, p. 86. — LAFUENTE, t. XI, 

(2) Compte 12e de Pierre Boisot du ter juillet 1517 au 50 juin 1518. 

(5) « …. Dieu scèt comment il fast bien venu et voluntiers veu à Toro- 
decillas. Des devises d’entre la mère et le filz ne vous scauroye racompter, 
sinon ainsi que l’on poeult conjecturer qu'il y peult avoir entre la mère et _— 
l'enfant. … » i 

C’est là tout ce que Vital dit de ce voyage. Il se trompe d’ailleurs (si 
toutefois ce n’est pas une faute de copiste), en indiquant au 16 février; 
Je compte de Bofsot est précis à cet égard. 


ee NEE DD a aan 


(67 ) 

Enfin, le 5 février, eut lieu l'ouverture des cortès. 
Charles y assista, ayant à sa droite l’infant Ferdinand, le 
connétable de Castille, l'archevêque de Grenade, don An- 
tonio de Rojas, président du éonseil royal, et d'autres 
personnes de distinction; à sa gauche le grand chancelier, 
Pamirante de Castille, le comte de Benavente, le marquis 
d’Aguilar, les ducs d’Arcos, d'Albuquerque, de Nájera , le 
comte d'Ureña, etc. M. de Chièvres était assis derrière lui. 
L'évêque de Badajoz prononça un long-discours où il re- 
traca tout ce que le roi avait fait depuis son émancipation, 
et qu'il termina en requérant les procuradores de prêter 
serment à leur souverain. Organe de l'assemblée, comme 
député de Burgos, le docteur Zumel, après avoir remercié 
le roi de sa venue en Castille et des communications faites 
en son nom aux cortès, dit qu'elles étaient prêtes à lui 
prêter serment, à condition qu’il jurât d'observer leurs lois 
et priviléges. La plupart des procuradores s'approchèrent 
alors du trône et firent le serment dusage. Charles, à son 
tour, jura de garder les priviléges et bonnes coutumes des 
villes ainsi que les lois du royaume. Comme il ne spécifiait 
pas celle qui excluait les étrangers des charges et bénéfices, 
Zumel insista pour qu’il la rappelât en termes explicites : 
à quoi il répondit en espagnol : « Cela je le jure (1). » 
Phrase qui parut ambiguë à plus d’une des personnes pré- 
sentes, en ce qu'elle mien vern se rapporter à ce qu’il venait 
de jurer (2). 

La prestation solennelle de foi et hommage des is 
de l'État fut fixée au dimanche 7 février. Charles se rendit, 

à cheval, de son palais à l’église de San Pablo, où elle 


(1) « Esto juro. » 
(2) SANDOVAL , l. c. — LAFDENTE, l. c. 


(68) | 
devait avoir lieu; il était accompagné du nonce, des am- 
. bassadeurs de l'empereur, des rois de France, d'Angleterre, — 


} 


rent marcher à pied, et la tête découverte, à ses côtés, | Li 
quoiqu'il neigeât et que les rues fussent pleines de boue(f). | 
Le prince Ferdinand et madame Éléonore l'avaient précédé . 
à San Pablo. Après que la messe eut été célébrée par le | 
cardinal de Tortosa, Charles s’assit dans un fauteuil placé 
devant le grand autel, ayant derrière lui le cardinal, qui M 
tenait le livre des Évangiles ouvert et la croix. Don Garcia — 
de Padilla donna lecture d’un écrit par lequel l'infant 
l’Infante, les prélats, les grands, la noblesse et les procu- 
radores des villes des royaumes de Castille, de Léon et de 
Grenade recevaient Charles pour leur vrai roi, légitime 
successeur et seigneur naturel et propriétaire de ces. 
royaumes, conjointement avec la reine, sa mère, et s'en- 
gageaient, sous la foi du serment, à lui être bons et or ‘ 
sujets. 


Ro re 
PAT 


(1) « … Autour du roy estoient tous les grands maistres, tous à pied 
et à teste découverte : les ungs tenant son cheval par la bride, les aultres 
par le poictrail ou par l’estrivière et par où ilz pouvoient advenir, 
au bout de sa robbe. Et combien que le roy leur priast que ilz ERE 
à cheval, et que il se contentoit bien d’eulx et de leur bon vouloir 
nonobstant le a compaignèrent en Pestatsque dessus jusques à su ki 

` Saint-Pol..... Et nonobstant que il plouvoit, naigeoit et faisoit fort laid, car 
le T estoit fangeulx et plain de bedaire (7), par-dessus la chaucie, 
de une palme de hault, si ne laissèrent ces princes d'aller à pied, là où 
leurs pantoufles et chausses d’escarlatte furent gastées par ladicte fange; 
et ne contregardoient leurs riches habits de ladicte pluye non plus que se 
ilz fussent été de canevache (canevas) : en allant par lequel chemin, sou- 
vent entroient en la fange jusques aux chevilles du pied... » (LAURENT 
VITAL.) . 


‘hi 


(69) 

Padilla ayant fini, Ferdinand monta les degrés de 
l'autel, s'avança vers le cardinal Adrien et, touchant le 
livre des Évangiles, dit : Je le jure; il se mit ensuite à 
genoux devant le roi, pour baiser sa main que Charles 
retira. Madame Eléonore, conduite par l'infant, remplit la 
même formalité; elle voulut aussi baiser la main du roi, 
mais il ne le souffrit point, et il baisa sa sœur à la joue. 
A leur tour, et successivement, l'infant de Grenade, les . 
archevêques, les évêques, le connétable , l’amirante, les 
seigneurs titrés, les procuradores, firent le serment; chacun 
d’eux, après avoir juré, fut admis à "honneur du baisemain. 

Il existait en Espagne une autre forme de serment : 
c'était celui, connu sous le nom de pleito homenaje, 
que le vassal faisait à son suzerain et qu’il ne pouvait en- 
freindre sans commettre le crime de trahison. Don Garcia 
de Padilla invita l'infant et les membres des trois-ordres 
du royaume à le prêter, pour donner plus de force encore 
à ce qu'ils venaient de promettre. Ferdinand, répondant 
à cet appel, se présenta tête nue devant M. de Chièvres, 
lequel était debout auprès du fauteuil du roi, et, les genoux 
fléchis, plaça ses deux mains jointes entre les siennes : ce 
qui était la solennité propre au pleito homenaje. Puis M. de 
Chièvres se retira, et ce fut l'infant qui reçut les serments 
des prélats, des ducs, des marquis, des comtes, des cheva- 
liers et des procuradores des villes. Cela fait, Charles se 
leva; mettant la main sur les Évangiles, il renouvela ce 
qu’il avait promis et juré aux cortès deux j Fe auparavant. 
Un Te Deum termina la cérémonie (4). 


(1) LAURENT VITAL. = SANDOVAL, t. I, pp. 88, 
Après avoir rapporté le serment du roi, mi ajoute: « Et l’on 
» mit que, si dans quelque temps Dieu donnait la santé à la reine P 


é 


(70) 


Charles s'empressa d'annoncer au roi de France lévé- 


nement qui venait de s'accomplir : « Monseigneur, — écri- 


» Vit-il à François 1° — pour continuation de la fervente 
» amour que je vous porte, vous ay bien voulu, comme — 


» bon fils à bon père, advertir de la prospéreuse succes- 
» sion de mes affaires de par deçà; et sont telz que, en 
» rendant grâces à nostre Créateur, qui le tout dirige, le 


» jour d'hyer, au temple de nostredict Créateur, après la _ 


» messe solennellement célébrée, notablement accompa- 
» gnié de plusieurs ambassadeurs, et mesmes du vostre, 
», magnifiquement et solennellement suis esté receu et juré 
» pour roy et seigneur en ces mes royaumes de Castille, 
» Léon, Grenade et leurs deppendences, par les prélatz, 
» grands et nobles et les gens représentans les estatz desdis 
» royaumes, unanimement, avec une si très-grande révé- 
» rence, bonne veulle et allégresse, et davantage tous si 
» bien disposez et incline; à me faire service, que mieulx 
» west possible... (1). » 


» Juana, dame propriétaire de ces royaumes, il cesserait de les gouverner 
» etle gouvernement en serait exercé par la reine sa mère; qu'en toutes 
» les lettres et dépêches royales qui s ’expédieraient du vivant de la reine, 


» le nom de Ía reine figurerait avant le sien, et qu'on ne l'appellerait plus à 


» que prince d'Espagne. » Quelle que soit l'autorité de cet historien, ce 


qu'il avance ici nous paraît hors de toute vraisemblance : le serment que — 


Charles avait à prêter le 7 février ne pouvait être autre que celui qu'il 

avait prêté le 5.11 y a d’ailleurs, dans la phrase de Sandoval que nous 

venons de citer, une confusion qui saute aux yeux : le membre, qu'on ne 

genen plus que prince d Espagne, s ’appliquait en dans 
de l’auteur, au cas où la reine aurait recouvré 


a Vital se borne à dire que ek fit le serment dn vas rois ses 


prédécesseurs avaient aëcoutumé de 


(1) Lettre originale, à la etek nationale, à Paris: MS. franc. 
2960. 


ENE 


EA et Re se 


(7 ) 

Le lecteur a pu voir qu'il n’y avait pas eu, au sein A 
cortès, cette unanimité dont Charles se félicitait dans sa 
lettre au roi de France, et un fait autorise à croire que 
l'allégresse n’était pas générale dans le-publie : on trouva, 
attachés aux portes des églises de Valladolid, des placards 
où des reproches sanglants étaient adressés à la Castille 
sur ce qu'elle souffrait que des étrangers qui ne l'aimaient 
point la gouvernassent, et qu’ils songeassent à éloigner 
du royaume le prince Ferdinand, qui non-seulement y 
avait reçu le jour, mais y avait été nourri et élevé. Les 
auteurs de ces écrits séditieux ne craignaient pas d’y ex- 
primer l'espoir que les Aragonais vengeraient les i injures 
faites aux Castillans (1). 

Des joutes eurent lieu pour fêter les derniers jours du 
carnaval. Charles entra lui-même dans la lice (2), et com- 
battit contre le seigneur de Senzeille, son grand écuyer ; 
il courut quatre fois et rompit trois lances, aux applaudis- 
sements de la foule qui encombrait la Grand'Place. Le soir 
il y eut bal au palais : les dames s'étant réunies aux juges 
pour décider à qui serait donné le prix de la joute, la ma- 
jorité se prononça pour le roi. Le prix lui fut présenté par 
madame Éléonore (3). 

La session des cortès fut close au commencement de 
mars. Cette, assemblée accorda à Charles un subside de 
deux cents cuentos de maravédis (4), payable en trois an- 
nées : c'était le plus considérable qu'aucun souverain de la 


(1) LAURENT VITAL. 

(2) Le 16 février, qui était le mardi gras. 

(5) LAURENT VITAL. 

(4) Un cuento correspondait à un million, et le maravédis à un cen- 
time et demi environ de notre monnaie. 


e AE 


(72) 
Castille eût obtenu jusqu'alors (1). Avant de se séparer, 
elle présenta au roi un cahier contenant quatre-vingt-huit 
pétitions, Elle demandait, dans la première, que la: reine 
doña Juana eût une maison et une résidence telles qu’elles 
étaient dues à la reine dame des royaumes de Castille (2). 
Parmi les suivantes, les plus notables étaient que le roi se 
mariàt aussitôt que possible, et que jusque-là Finfant Fer- 
dinand ne quittàt point l'Espagne; qu’il confirmât les lois, 


pragmatiques, libertés et franchises des cités et des villes; 


que des étrangers ne fussent pourvus d'offices, de béné- 
fices, de dignités ni de gouvernements; qu’il ne leur fût 
pas non plus accordé de lettres de naturalisation, et que 
celles qu’ils auraient pu recevoir fussent révoquées; que 
les ambassades et les charges de la maison royale ne fus- 
sent données qu'à des Espagnols; que le roi voulût bien 
s'habituer à parler castillan , parce qu’ainsi il saurait plus 
tôt la langue et pourrait mieux comprendre ses vassaux et 
se faire comprendre d’eux; qu’il ne permit pas l'extraction 
du royaume de l'or et de Fargent; qu’il prit des mesures 
pour que, en Voffice de l’inquisition, il se fit justice en gar- 
dant les sacrés canons et le droit commun; que ses sujets 
fussent admis à son audience au moins deux jours par 
semaine; que des biens immeubles ne pussent être donnés 
à aucune église, monastère, hôpital ou confrérie; qu'il 
maintint la couronne de Castille en la possession du 
royaume de Navarre, etc. 

Charles mit pour apostille à la première pétition qu'il 


(4) Larverte, t. XI, p. 86. 
(2)-« Que la reina aoda Juana, madre del rey, estuviesse con la. casa 
y assiento que à Su Real Magestad se devia, como à reyna seùora destos 


‘ 


8 _reynos. » 


a 


Fr Te 


OO UOTE PPT OS LOUE G E N 


(75 ) 

en remerciait les procuradores; qu'il n’y avait rien qui fût 
pour lui l’objet de plus de sollicitude que la satisfaction de 
la reine sa mère, comme ils auraient lieu de s’en con- 
vaincre (1); et il le prouva en effet en nommant gouver- 
neur de la maison de la reine don Bernardo de Sandoval y 
Rojas, marquis de Denia, l’un des seigneurs les plus consi- 
dérables de Castille : personnage qui devait être d'autant 
plus agréable à dona Juana qu'il avait servi, durant de lon-- 
gues années, le roi catholique, dont il avait eu toute la 
confiance (2). Sur les autres pétitions Charles répondit en 
termes gracieux et qui salisfirent généralement l'opinion 
publique : en ce qui concernait l'usage de la langue espa- 
gnole, il dit qu'il s'efforcerait de complaire aux cortès, rap- 
pelant, à ce propos, que déjà il avait commencé de la 
parler avec des membres de leur assemblée et d'antres 
personnes (5). 


i VIL 


A la veille de s'éloigner de Valladolid, Charles voulut 
exécuter un dessein qui le préoccupait depuis sa première 
visite au palais de Tordesillas. Il avait été vivement 
affecté de la situation de l’infante dona Catalina. La jeune 
princesse, dans ses entretiens avec lui et avec madame 
Éléonore, ne leur avait pas caché le peu de satisfaction 
qu’elle avait de l'existence qui lui était faite et son désir 
d'être ede et traitée ainsi que létaient ses sœurs; 


(1) « A lo qual respondió el rey que se lo agradecia, y que no tenia otro 
cuydado per ni mas principal que de lo que tocava á esto, como verian 
por obra 

(2) ab: LI, p.94. 

(5) Ibid., t. 1, pp. à et suiv. — LaFvENTE, t. XI, pp.86 et suiv. 


(74) 9 
Charles lui avait promis de réaliser un vœu qui s’accor- » 
dait avec ses propres sentiments. 

Mais comment la tirer de Tordesillas ? La reine n’aurait 
certainement pas consenti à se séparer de sa fille. Em- 

mener l’infante sans qu'elle s'en apercût était difficile, 
car elle ne la perdait pas de vue, et la princesse, pour 
sortir du palais, devait passer par son appartement. Si 
Fon y parvenait même, n’était-il pas à craindre qu’elle ne 
s'en courroucàt et n’en éprouvàt un chagrin mortel? A la 
vérité, le roi catholique, à son retour en Castille dans 
l'année 1507, avait pris à sa cour l'infant Ferdinand qu’elle 
prétendait retenir auprès d'elle, et, au bout de quelques 
jours, elle n’y avait plus pensé; mais le cas était bien diffé- 
rent: infant avait été élevé loin de la reine; doña Cata- 

Jina ne l'avait pas quittée depuis sa naissance. ' i 

Chärles résolut toutefois de tenter l’entreprise. 

Parmi les serviteurs de la reine , il y en avait un auquel 
elle se fiait entièrement, qui allait et venait dans son ap- 
partement et celui de l’infante quand il le trouvait bon et 
sans que, pour ainsi dire, on prit garde à lui : il s'appelait 
Bertrand Plomont et était de Wavre-Sainte- Marie dans 
le Brabant wallon. Charles lui fit demander g'il voulait 
seconder ses intentions et s'il croyait pouvoir les réaliser 
à l'insu de la reine; Plomont répondit qu'il était prêt à 
faire tout ce qui lui serait ordonné; il dit comment il s'y 
prendrait. Son plan fut approuvé par le roi. 

La chambre où dormait doña Catalina était contiguë à 
l'extrémité d’une galerie dont elle n’était séparée que par 
un mur ou une cloison en terre. Une tapisserie régnait le 
long du mur à l’intérieur ; du côté de la galerie il était 
étoupé pour amortir le bruit qu’auraient fait les pages ou 
d’autres personnes en la traversant. Le soir, à "heure où 


jé maa 


(75) | 
l'on ne passait plus en cet endroit, Plomont s'occupa à 
pratiquer, dans le mur de la chambre de la princesse, une 
ouverture par laquelle il y pût pénétrer; il accomplit cet 
ouvrage avec tant de précaution et d'adresse qu'aucune des 
femmes de l’infante n’en eut le moindre soupçon. 

Quand ses préparatifs furent achevés, il le fit savoir au 
roi, qui fixa, pour l’enlèvement de doña Catalina, la nuit 
du 12 au 15 mars. Le seigneur de Trazegnies, chevalier 
d'honneur de madame Éléonore, eut ordre de se rendre à 
Tordesillas avec plusieurs des dames de la princesse et une 
escorte de deux cents gentilshommes à cheval. II était une 
heure du matin quand il y arriva. D’après les instructions 
qui lui avaient été données, il ne devait pas entrer dans la 
ville ni s'approcher du palais, mais attendre, au pont du 
. Duero, que l’infante lui fût amenée. Averti de son arrivée, 
Plomont s'introduisit sans bruit dans la chambre de doña 
Catalina, prit la lumière qui y brûlait toutes les nuits, et 
alla doucement éveiller celle des femmes de l’infante qui 
était plus particulièrement commise à la garde de sa per- 
sonne. Cette femme, voyant un homme en un tel lieu et à 
une telle heure, fut d’abord fort troublée; mais elle se 
rassura en reconnaissant Plomont, qu’elle savait être des 
plus anciens et des plus familiers serviteurs de la reine- 
Celui-ci, lui ayant déclaré la commission qu'il avait du 

, invita à éveiller l’infante. Lorsqu'elle l'eut fait, il se 
présenta devant la princesse et lui dit que le roi, voulant, 
comme il le lui avait promis, la délivrer de la captivité où 
elle était tenue, l'envoyait chercher par le seigneur de 
Trazegnies, lequel était à l'entrée du pont avec beaucoup 
de dames, de demoiselles et de gentilshommes pant: lui 
servir de compagnie. 

Doña Catalina n'était pas douée seulement d'un excel- 


(76) 


lent naturel; elle avait encore un bon sens au-dessus de 


son âge; elle répondit à Plomont : « Bertrand, je vous ai _ 


» bien entendu. Mais que dira la reine ma mère quand 
» elle saura que je ne suis plus ici? Certes je suis prête à 
» faire ce que le roi me mande par vous : il me semble 
» toutefois qu'il vaudrait mieux que, pendant trois ou 
» quatre jours, je restasse secrètement à Tordesillas en 
» quelque maison de la ville, afin de voir comment la reine 
» prendrait la chose. Si elle s’en accommodait, j'irais 
» trouver mon frère; si elle était trop mécontente, on lui 
» donnerait à entendre qu'ayant été indisposée, les méde- 
» cins avaient prescrit que je changeasse d’air, et l'on 
» viendrait me chercher pour retourner auprès d’elle. » 
Plomont lui représenta que les ordres du roi étaient précis. 


Alors elle permit qu’on lhabillât, mais non sans verser : 


des pleurs, car l'idée de ne pouvoir prendre congé de sa 
mère la chagrinait. Plomont la fit passer , avec les femmes 
qui étaient dans sa chambre, par l'ouverture qu'il avait 
faite à la muraille, et alla la remettre entre les mains du 
seigneur de Trazegnies; elle monta en une litière amenée 
pour elle et où elle trouva les dames et les demoiselles 
de madame Éléonore. Trazegnies reprit incontinent le 
chemin de Valladolid; il y arriva le 45 de bonne heure. 
Dona Catalina fut conduite au palais de sa sceur, qui était 
situé près de celui du roi. 
Quand on connut à la cour la présence de la jeune prin- 
cesse, la satisfaction y fut générale : empressement pour 
' la voir était extrême; c'était à qui la fêterait, à qui lui 
‘donnerait des marques de respect et de sympathie. Sur 
l’ordre de madame Éléonore, on avait remplacé par une 
mise conforme à son rang les vêtements mesquins qu’elle 
_ portait à Tordesillas; ses nouveaux atours faisaient res- 


CHE) 

sortir sa beauté et sa grâce naturelles : « Je la veis — écrit 
» Laurent Vital — entrer et aller en la chambre de ma- 
» dame sa seur par une galerie, et la tenoit par la main le 
» seigneur de Traseignies et madame de Chièvres par 
» l’autre main, et luy portoit la queue de sa robe la sei- 
» gnore donne Anne de Beaumont (1)... Elle avoit lors 
» vestue une robbe de satin brochet d'or, de couleur violet, 
» et par la teste estoit coyffée à la mode du pays de Cas- 
» tille, qui moult bien luy séoit…. » 

Le lendemain de son arrivée, des joutes qui devaient _ 
durer plusieurs jours eurent lieu devant le palais du roi ; 
elle y prenait grand plaisir. Après les joutes venaient les 
danses et d’autres divertissements. La cour entière ne res- 
pirait que la joie. Cette joie fut de courte durée. 

La reine Jeanne, le 15, avait fait appeler sa fille par 
une de ses femmes de chambre. Celle-ci, ne trouvant ni 
l'infante ni aucune des femmes attachées à son service, en 
fut si stupéfiée qu’elle mosa pas revenir auprès de la reine. 
Jeanne, impatiente, alla elle-même dans l'appartement de 
la princesse, et son inquiétude égala sa surprise, quand 
elle se fut assurée que doña Catalina n’y était pas. Elle se 
mit à visiter tous les coins et recoins de la chambre ; ayant 
soulevé la tapisserie qui cachait le mur contigu à la ga- 
lerie, elle découvrit l'ouverture par laquelle était sortie 
Pinfante; alors elle poussa des cris et des gémissements 
lamentables, déclarant qu’elle était résolue à ne boire ni 
manger ni dormir tant que sa fille ne lui serait pas rendue. 
La pauvre reine ne soupconnait pas la vérité; elle s’ima- 
ginait que l'infante avait été ravie par des malfaiteurs. 


(4) Doùa Ana de Beamonte. 


(78) 

Bertrand Plomont observait tous ses mouvements. Quand 
il vit qu’elle prenait la chose si vivement à cœur, il chercha 
à la calmer : il lui dit que la princesse ne pouvait pas être 
perdue, qu’elle en aurait bientôt de bonnes nouvelles; qu'il 
irait rendre compte au roi de ce qui s'était passé, et que 
des recherches seraient faites de tous côtés dont le résultat 
. ne pouvait être douteux; qu'il la suppliait done de se tran- 
‘quilliser et de manger et boire comme d'habitude. Mais 
Jeanne fut peu touchée de ces raisons : « Ne me parlez 
» pas, Bertrand, lui répondit-elle, de boire et de manger; 
» je ne saurois le faire jusqu'à ce que jaye recouvré ma 
» fille. » 4 

Deux jours s'étaient passés ainsi, et la détermination 
de la reine paraissait inébranlable. Plomont, qui n'avait 
pas d’abord averti le roi, jugea qu’il ne pouvait, plus dif- 
férer de le faire sans manquer à ses devoirs; il courut à 
Valladolid. Charles fut affligé en apprenant le désespoir de 
sa mère : il lui en coûtait beaucoup de renoncer aux pro- 
jets qu'il avait formés pour l'éducation de sa jeune sœur; 
il n’hésita pas néanmoins, et ayant fait appeler doña Cata- 
lina, il lui annonça qu'il lui fallait retourner auprès de la 
reine. L'aimable enfant, quoique la vie nouvelle qu’elle 
menait la rendit bien heureuse, répondit au roi, sans 
pleurer ni montrer de l’hümeur , qu’elle était prête à faire 
ce qu’il lui commanderait. 

Charles reconduisit lui-même doña Catalina à Torde- 
sillas. Il avoua à sa mère que c'était par ses ordres que 
Pinfante avait été amenée à Valladolid. Il lui dit qu'il 
n'avait pu se dispenser d’avoir égard aux remontrances 


des grands du royaume, mécontents de ce que la princesse 


était confinée dans sa chambre, ne voyait personne et 
n'avait aucune espèce de récréation. Il ajouta qu’afin de 


(79) 

leur ôter tout sujet de murmurer, il avait résolu, si la 
reine le trouvait bon, d'organiser sa maison de manière 
que de jeunes filles de condition et de jeunes gentilshom- 
mes en fissent partie, lesquels tiendraient compagnie à 
Pinfante et joueraient avec elle. Il lui demanda enfin de 
permettre désormais que sa sœur pût sortir du palais et 
respirer lair des champs, quand le temps serait favorable. 

Jeanne , consolée par le retour de sa fille, donna volon- 
tiers son assentiment à ce que le roi se proposait de faire , 
et lui promit de laisser dorénavant plus de liberté à l'in- 
fante. Doùa Catalina se vit ainsi réduite à passer toute sa 
jeunesse dans le triste palais de Tordesillas; elle n’en sortit 
qu’en 1524, pour épouser le roi de Portugal Jean II (1). 


(1) C'est la relation de Laurent Vital qui nous a fourni cet intéressant 
épisode. Voici tout ce qu'en dit Sandoval (p. 95): « El rey embió por la 
» infanta dona Catalina su hermana, y quizo que viniesse sin que la reyna 
» dona Juana su madre lo entendiesse. Y como la reyra la echó menos, 
» sintió tanto su ausencia que estuvo tres dias sin comer bocado. Y avi- - 
» sando al rey, mandó luego bolver la hermana , y fué tras ella à se dis- 
» culpar y visitar à la reyna. » 


( 80) 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Séance du 4 janvier 1872. 


M. L. GaLLair, directeur de la classe, président de 
l'Académie. | 
M. Ap. QUETELET, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. L. Alvin, N. De Keyser, G. Geefs, 
Madou, A. Van Hasselt, H. Vieuxtemps, J. Geefs, C.-A. 
Fraikin, Ed. Fétis, Edm. De Busscher, J. Portaels, Alph. 
Balat, Aug. Payen, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, 
G. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, E. Slingeneyer, 
Robert , membres; Ed. De Biefve, correspondant. 


CORRESPONDANCE. 


M. le secrétaire perpétuel présente l'Annuaire de l’ Aca- 
démie pour 1872, dont l'impression vient d’être terminée. 
Ce travail renferme, en ce qui concerne la classe, les 
notices sur Leys, par M. Éd. Fétis, sur Ch.-L. Hanssens, 
par M. le chevalier de Burbure, sur Étienne Soubre, par 
M. H. Vieuxtemps, et sur Bock, par M. de Reumont. 

Il offre ensuite l'Annuaire de l'Observatoire pour la 
même année, — Remerciments. 


RME EEE Neenee te Saunas Sue à ien T 


(41 ) 
. — Le Département de l’intérieur transmet , de la part 
de l’Académie des beaux-arts de Saint-Férdigand : à Ma- 
drid, le 2 cahier du recueil intitulé : Cuadros selectos , 
in-folio: avec planches gravées. 

Il est également fait hommage, de la part de M. le ba- 
ron B. de Koehne, associé de l'Académie, des 1° et 
5° volumes de son Catalogue de la galerie des tableaux de 
l'Ermitage impérial, à Saint-Pétersbourg (2° édition). — 
Remercîments. 


— La Société des arts et des antiquités à Ulm remercie 
pour l'envoi des derniers travaux académiques. 


— M. Gallait annonce qu'il s’est fait l'organe et l'inter- 
prète des trois classes, en sa qualité de président de 
l’Académie, pour offrir à la Famille royale les compli- 
ments du jour de Van. I a saisi cette occasion pour inviter 
le Roi au prochain jubilé. 

Sa Majesté a répondu qu'elle assisterait à cette solen- 
nité et a fait espérer que la fête serait également honorée 
de la présence de la Reine, si la santé de Sa Majesté le 
permettait. 

Le Roi a témoigné le vif intérêt qu’il porte aux tra- 
vaux de l'Académie. Ces pacifiques travaux des sciences, 
des lettres et des beaux-arts sont pour le pays une fórce 
défensive, ce qui n'empêche pas, a ajouté Sa Majesté, 
qu’on ne doive s'appuyer en même temps sur une autre 
force. 

Le Roi a bien voulu féliciter la classe des beaux-arts au ` 
sujet des études auxquelles elle s’est livrée pour élaborer le 
plan d'un local destiné aux expositions triennales, et dis- 
posé de manière que les Er Dr 

me SÉRIE, TOME XXXII. 6 


(82) 
sous le meilleur aspect. C’est un projet dont la réalisation 
mérite d'être favorisée, a dit Sa Majesté, aussi bien que 
celui qui tend à établir, dans un autre emplacement, de 


vastes locaux pour des expositions générales et pour des 


musées qui manquent à la capitale, notamment pour un 
musée de modèles semblable à celui de South-Kensington, 
si précieux pour le progrès des industries qui relèvent des 
beaux-arts. Il faut que la foule, lorsqu’elle cherche au 
dehors des distractions , puisse se diriger vers de tels éta- 
blissements, où elle trouve à la fois le plaisir et l'instruc- 
tion. 

Sa Majesté a terminé en assurant de nouveau l'Académie 
de l'intérêt qu’elle porte à ses travaux, dans le triple 
domaine des sciences, des lettres et des beaux-arts. 


ÉLECTIONS. 


La classe avait à procéder à l'élection de trois membres 
titulaires dans la section de musique, en remplacement 
de MM. F.-J. Fétis, Ch.-L. Hanssens et Ét. Soubre, ainsi 

- qu'à l'élection de deux associés, également dans la section 
précitée, pour remplacer MM. Daniel Auber et Saverio 
Mercadante. 

Pour les trois places de membre titulaire, les suffrages 
ont désigné MM. Aueusre Gevaert, maître de chapelle de 
S. M. le Roi des Belges et directeur du Conservatoire royal 

- de Bruxelles; Cnarres BosseLer, déjà correspondant de la 
classe; et le baron ARMAND-Marie LIMNANDER, compositeur. 

Ces élections seront soumises à l'approbation de Sa 


is 5 


(85) 
Majesté, conformément à l’article 7 des Statuts organiques 
de l’Académie. à 

Les suffrages se sont portés, pour les deux places 
d'associé, sur MM. Cuarres Gounor, compositeur à Paris, 
et Basevi, compositeur à Florence. 

— La classe avait aussi à élire son directeur pour 1873. 
Les suffrages ont désigné M. Louis Alvin. 

M. Gallait, directeur sortant, a remercié la classe du sym- 
pathique concours qui lui avait été donné pendant la durée 
de son mandat et a assuré ses confrères de ses plus affec- 
tueux sentiments. Il a installé M. Ed. Fétis, directeur pour 
l’année actuelle, lequel a proposé de voter des remerci- 
ments à son honorable prédécesseur pour la marche si 
active qu'il avait imprimée aux travaux de la classe et aussi 
pour la manière pleine de tact et de discernement avec 
laquelle il s’est acquitté de ses délicates fonctions. — De 
vifs applaudissements ont accueilli ces paroles. 

M. Alvin a ensuite pris place au bureau, en remerciant 
ses confrères pour le sympathique témoignage d'estime 
dont ils venaient de l’honorer. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


M. Éd. Fétis a donné lecture de l4 première partie de 
son rapport sur les travaux de la classe depuis sa création, 
- en 1845, rapport destiné au Livre séculaire qui sera pu- 
blié lors du jubilé. — Cette lecture sera continuée. 


| 


(84) 


CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES. 


M. Alvin annonce, en sa qualité de trésorier de la caisse, 
qu'il vient de recevoir, pour cette institution, par linter- 
médiaire de M. De Busscher, une somme de mille francs 
prélevée sur le prix de vente des œuvres d'art de la der- 
nière exposition artistique qui a eu lieu à Gand. — Des 
remerciments sont votés à la commission gantoise. 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


Commission royale d'histoire à Bruxelles.— Compte rendu 
des séances, 5° série, tome XIII, 1 Bulletin. Bruxelles, 
1871; in-8°. 


Commission académique de publication yaa Gnuf des 


grands écrivains du pays. 
publiées par M. le baron Kervyn de Lettenhove. Tome XIV: 
— Poésies, publiées par M. Aug. Scheler. Tome III. Bruxelles, 
1872; 2 vol. in-8°. 


Commission académique de publication des anciens monu- — 


ments de la littérature flamande. — Ouddietsche fragmenten 
van den Parthonopeus van Bloys, door J.-H. Bormans. 
Bruxelles, 1871; in-8° 
. Quetelet (A). — Annuaire de l'Observatoire royal de Bru- 
xelles pour Pannée 1872. Bruxelles: in-12. 

Faider (Ch.). — La Constitution belge et la magistrature. 
Bruxelles, 1871 ; in-8°. 


LEE Le a ri ndr cn Ent pr 


( 85 ) 
raider (Ch.). — L'égalité devant la loi. Bruxelles, 1871; in-8°. 

Spring (A.). — Symptomatologie ou traité des accidents 
morbides, 2"° fascicule du tome HI. Liége, 1871; in-8°. 

Juste (Théodore). — Notes historiques et biographiques 
d’après des documents inédits. Bruxelles, 1871 ; in-8° 

Henry (Louis). — Précis de chimie générale élémentaire, 
gme édition, tome I. Louvain, 4872; in-8°. 

Henry (Louis). — Vermischte Notizen : Ueber die Isomerie 
der Glycerinderivate. Berlin ; in-8°. : 

Willems-Fonds te Gent. sara voor 4872. Gand; in-12. 

Pinchart (Alexandre). — Recherches sur les cartes à jouer 
et leur fabrication en Belgique, depuis l'année 1579 jusqu'à 
la fin du XVII: siècle. Bruxelles, 1871; in-8°. 

Schoonbroodt (J.-G.). — Inventaire analytique et chrono- 
logique des chartes du chapitre de Saint-Martin, à Liége. 
Liége, 1871; in-4°. 

De Borre (A.).— Monographie du genre Glaphyrus Latreille, 
par le baron E. Van Harold, de Munich (traduction). Bruxelles, 
1871 ; in-12. 

De Borre (A.). — Catalogue synonymique et descriptif 
d’une petite collection de fourreaux de larves de phryganides 
de Bavière. Bruxelles, 4871 ; in-8°. 

Lelièvre ( X.). — justitations namuroises. Droit de chasse 
au comté de Namur. In-8°. 

Chalon (Jean). — Le chêne de Cortessem. Bruxelles. 1871; 
in-8°. 

Inghels. — Artillerie. Confiance qu’on peut avoir dans les 
épreuves des canons en fonte. Anvers, 1871; in-8°. 

Musée de l’industrie de Belgique. — Bulletin, tome 60, 
n° 6. Bruxelles, 1871 ; in-8°. 

Académie d'archéologie de Belgique. — Annales, gme série, 
tome VII, 2®° livraison. Anvers, 1871; in-8°. 

Revue de Belgique, 5°° année , 10% à à 42% livraisons. Bru- 
xelles „1871 ; 5 cahiers in-8°. Et 


(86 ) 

Société royale de numismatique, à Bruxelles. — Revue de 
la numismatique belge, Bee série, tome IV, 1" livraison. 
Bruxelles, 1872; in-8°. i j 

Annales des travaux publics de Belgique, 5"° cahier, tome 
XXIX. Bruxelles, 1871 ; in-8°. 

Revue de L'inatmaioiion publique, XIX"° année, 5™° livraison. 
Gand, 1872; in-8°. 

Institut archéologique liégeois. — Rapport sur les travaux 
de la société pendant l’année 1871. Liége; in-8° 

Cercle archéologique du pays de Waes, à St-Nicolas. — An- 
nales , tome IV, 3° livraison. S'-Nicolas, 1871; gr. in-8°. 

La Belgique horticole, décembre 1871. Liége; in-8°. 

Annales d’oculistique, 54% année, Bee et 6° livraisons. 
Bruxelles; in-8°. 

Société médico-chirurgicale de Liége. — Annales, X™ 
année, 12% livraison. Liége, 1871 ; in-8°. 

Vreede (G.W.). — Sententiën en stukken in de zaak van 
J.-B.-G. Wallez, drukker en uitgever. In-8°. 

Garcin de Tassy. — La langue et la littérature hindousta- 
nies en 1871. Paris, 1872; in-8°. 

Lenormant ( Francois). — Lettres assyriologiques sur lhis- 
toire et les antiquités de l’Asie Mineure. Tome I. Paris, 1871; 
in-4°, autographié. 

Daly (César). — Funérailles de Félix Duban, architecte du 
Gouvernement: Paris, 1871 ; in-8°. 

Bulletin scientifique du département du Nord, à Lille. — 
gme année, n°* 44 et42. Lille, 1871 ; 2 cahiers in-8°. 

Comité flamand de France, à Lille. — Bulletin, tome V, 
n° 40. Lille, 1871 ; in-8°. 

Société d'agriculture de Valenciennes. — Revue agricole, 
octobre et novembre 1871. Valenciennes ; in-8°. 

Naturforschende Gesellschaft in Bern. — Mittheilungen , 
aus dem Jahre 1870, N° 711-744. Berne, 1871, in-8°. 

Naturforschende Gesellschaft in Zürich. — Vierteljahr- 


| (87) 
schrift, XVeer Jahrg., 1.-#. Hefte. Zurich, 1870; 4 cah. in-8°. 

Plantamour (E.). — Résumé météorologique des années 
1869 et 1870 pour Genève et le grand Saint-Bernard. Genève; 
2 cah. in-8°. 

Société des sciences naturelles à Neuchâtel. — Bulletin, 
tome IX, 1° cahier. Neuchâtel, 1871 ; in-8°. 

Société helvétique des sciences naturelles à Zurich. — Nou- 
veaux mémoires, Bd. XXIV. Zurich, 1871 ; in-4°. 

© Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte, 
IV Jahrg., n° 18. Berlin, 1872; in-8°. 

Schlesische Gesellschaft für vaterlandische Cultur zu 
Breslau. — Achtundvierzigster Jahres-Bericht, Jahre 1870. 
Breslau ; in-8°. 

Naturfurschende Gesellschaft zu Freiburg ijB. — Festschrift 
herausgegeben zür Feier des 50% Jahrigen Jubilaüms. Fri- 
bourg, 1871 ; in-8°.. 

Justus Perthes’ Geographische Anstalt zu Gotha. — Mit- 
theilungen , 17. Band, XII, 1871. Gotha; cah. in-4°. 
nert (J.-A.). — Archiv der Mathematik und Physik, 
LII Theil; 4. Heft. Greifswald, 1871; in-8°. . 

Heidelberger Jahrbucher der Literatur , 4874,9. Heft. 
Heidelberg, 1871; in-8°. 

Universität zu Kiel. — Schriften, aus dem Jahre 4870. 
Band XVII. Kiel, 4874; in-4°. 

K. b. Akademie der Wissenschaften zu München. — Math 
phys. Classe, Sitzungsbetichte, 1871, Heft Il; — Philos.- 
philol. Classe, - Sitzungsberichte, 1871, Heft IV. Munich; 
2 cah. in-8°. 

Catalogus codicum latinorum bibliothecae regiae Mona- 
censis. Tome I, partie H. Munich, 4874; in-8°. 

Verein für vaterländische Naturkunde in Württemberg, 
- zu Stuttgart. — Jahreshefte, XXVII" Jahrg., 1-5. Hefte. 
Stuttgart, 1871 ; 2 cah. in-8°. 


De Koehne (le b” B.). — Ermitage impérial. Catalogue de 


(88 ) 
la galerie des tableaux. Deuxième édition. 1° et 5° volumes. 
Saint-Pétersbourg, 1869-1871 ; 2 vol. in-8°. 

Ercolani (G.-B.). — Sul?’ Ermafroditismo perfetto del an- 
guille. Bologne, 1871 ; in-8°. 

R. comitato geologico d’Italia nel Firenze. — Bollettino , 
1871 ,n.11 e 12. Florence; in-8°. 

Societá italiana di scienze naturali di Milano. — Memorie, 
tomo III’, n° 5; tomo IV°, n° 5. — Atti, vol. XIII, fasce. I-H; 
vol. XIV, fase. 4 e 2. Milan, 1874; 2 cah. in-4° et 5 cah. 
in-8°. ; 

Real Academia de las tres nobles artes de San Fernando 
à Madrid. — Cuadros selectos. Cuaderno 2°. Madrid; in-folio. 

Royal Society of London. — Philosophical Transactions, 
vol. 160, part. IL; vol. 464, part. 4. Londres, 2 cah. in-4°; — 


Proceedings, vol. XIX, n°° 124-129. Londres; 6 cah. in-12; — 


Catalogue of scientific papers, vol. V. Londres, 4871; in-4°. 
> Royal astronomical Society of London. — Memoirs, 
vol. XXXIX, part. 4. Londres, 1871 ; in-4°; — Observations 
of comets, from B. c. 641 to a. p. 1640, extracted from the 
chinese Annals; by John Williams. Londres, 1874; in-4°; — 
Tables of Iris, by Francis Brünnow. Dublin, 1869; in-4°; — 
A general index to the first thirty-eight volumes of the me- 
moirs. Londres, 4871 ; in-8°; — Monthly notices, vol. XXXI. 
Londres, 1871; in-8°. 

Geological Society of London. — The quarterly Journal, 


vol. XXVII, part. 4. — List, november 1*, 1871. Londres; 


2 cah. in-8°. 
Royal asiatic Society of London. — Journal, new series, 
vol. V. Londres, 1870; in-8°. 
Chemical Society of London. — Journal, serie 2, vol. IX 
(n° 94, 95, 96). Londres, 1871; 5 cah. in-8°. 


s 


BULLETIN 


DE 


L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, 


DES a 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


1872. — Ne 2. 


mee 


CLASSE DES SCIENCES. 


ee 


Séance du 3 février 1872. 


M. J.-B. »'Omauius D'HALLOY, directeur, président de 
l’Académie. 
M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel. 


Sont presents : MM. L. de Koninck, P.-J. Van Beneden , 
Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Melsens , 
J. Liagre, F. Duprez, G. Dewalque, Ernest Quetelet, 
H. Maus, M. Gloesener , E. Candèze , F. Donny, Ch. Mon- 
tigny, Steichen, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Morren, 
membres; Th. Schwann, E. Catalan, Ph. Gilbert, A. Bel- - 
lynck, associés; Alph. Briart, Éd. Mailly, J. De Tilly, 
_F. Plateau, correspondants. 

me SÉRIE, TOME XXXII. To 


(90) 


CORRESPONDANCE. 


La classe prend officiellement connaissance, avec les 
plus profonds sentiments d'afflietion, de la perte irrépa- 
rable qu’elle a faite en la personne de M. Antoine-Joseph 
Spring, membre titulaire de la section des sciences natu- 
relles, décédé à Liége, le 17 janvier dernier, à l’âge de 57 
ans, après une Courte maladie. 

Afin de témoigner les regrets de l'Académie aux funé- 
railles d’un savant aussi estimable et aussi distingué, M. le 
président, de concert avec M. le secrétaire perpétuel, a 
prié M. Dewalque de vouloir bien être, en cette doulou- 
reuse circonstance, l'organe et l'interprète des sentiments 
de condoléance de tous les membres de la classe, et de. 
rappeler en même temps les éminents services rendus par 
M. Spring tant à la science qu’à l’Académie. 

M. le secrétaire perpétuel s'était empressé de témoigner 
à la famille du défunt l'expression des regrets que soule- 
vait cette perte si prématurée. 

_M. Dewalque a donné lecture des paroles qu'il a pro- 
noncées devant le corps du défunt, et par lesquelles il a 
cherché à payer le juste tribut d'estime que la Compagnie 
devait à un de ses membres aussi distingué; il a rappelé 


combien M. Spring méritait, tant par ses travaux que par 


son assiduité aux séances, d’appartenir au premier corps 
. savant du pays. 

_M. de Selys Longchamps a cru devoir lire ensuite la 
dernière communication que M. Spring lui avait adressée, 


(91) 
au moment où les premiers symptômes de la terrible ma- 
ladie qui l’a enlevé s'étaient déjà déclarés. Ces lignes prou- 
vent, une fois de plus, l'élévation des pensées de celui qui 
n’est plus, ainsi que sa constante sollicitude pour les in- 
térêts de la science. 

M. le secrétaire perpétuel a ajouté que, l’avant-veille du 
jour où il a appris la maladie de son regretté confrère, il 
venait de recevoir le texte d’une question de botanique, 
que M. Spring proposait pour un prochain concours. - 

La classe décide que le discours de M. Dewalque ainsi 
que la communication de M. de Selys Longchamps pren- 
dront place au Bulletin, comme un témoignage des senti- 
ments qu’elle professait pour le regretté défunt. 

Elle a décidé également que la question qu'il avait 
communiquée figurera au programme de 1874. L'énoncé 
de cette question sera inséré plus loin, dans la partie de la 
séance consacrée au concours. 


— Il est donné lecture des dépêches ministérielles sui- 
vantes : 7 

1° Transmettant une expédition d'un arrêté royal du 
2 janvier dernier, nommant M. d'Omalius président de 
l’Académie pour 1872; cette communication a été accueil- 
_ Jie par les applaudissements de la classe; 

2 Adressant une expédition d’un arrêté royal en date 
du 2 du même mois, approuvant l'élection de M. Édouard 
Morren en qualité de membre titulaire de la classe; 

3° Informant que la liquidation d’un subside de 3,000 
francs, destiné à majorer les prix de concours de 1871, 
aura lieu prochainement; 

Et enfin 4° annonçant que M. Putzeys a été nommé, 
par arrêté ministériel, membre du jury du concours quin- 


Ms 


(227 
quennal des sciences naturelles en remplacement de 
M. Spring. 


— M. Élias Fries, d'Upsal, élu associé de la da 
remercie , par écrit, pour la distinction dont il a été l'objet. 


— La Société hollandaise des sciences à Harlem, la 
Société des arts et des sciences à Utrecht, la Société d’his- 
toire naturelle à Colmar, la Société silésienne à Breslau, 
l'institut égyptien d'Alexandrie et l'institut des sciences 
de Venise remercient pour le dernier envoi de publications 
académiques. 

Plusieurs de ces sociétés adressent, en même temps, 
leurs récents travaux. 


— M. Éd. Morren fait hommage d’un exemplaire du 
recueil intitulé : La Belgique horticole. Année 1871. — 
M. Melsens offre une note imprimée concernant la conser- 
vation du vaccin. — Remerciments. 


— Une 3° note manuscrite de MM. Lucien de Koninck 
et Paul Davreux, Sur les minéraux belges, est renvoyée 
à examen de MM. Melsens et Donny, qui ont examiné les 

deux premières. 


— Une note préliminaire présentée par M. G. Van der 
Mensbrugge, Sur un fait remarquable qu’on observe au 
contact de certains liquides de tensions superficielles très- 
différentes, est soumise à l'examen de MM. Joseph Plateau 
et Duprez. 


— M. Catalan dépose, au nom de l'auteur, M. L. Saltel, 


(95) | 
une nouvelle rédaction des Études sur certains systèmes 
de courbes géométriques , qui ont déjà fait l’objet d’un rap- 
port de MM. Gilbert et Catalan (1). Ce mémoire sera ren- 
voyé aux mêmes commissaires, afin qu’ils examinent si 
l'auteur a satisfait aux observations critiques auxquelles la 
première rédaction de ce travail avait donné lieu. 


M. Dewalque donne lecture du discours suivant qu'il a, 
prononcé, au nom de l’Académie, lors des funérailles de 
M. Spring. 


Messieurs, 


Il appartenait à une voix plus autorisée que la mienne 
de parler, dans cette douloureuse solennité, au nom de 
l’Académie royale de Belgique, et de rendre un dernier 
hommage au confrère éminent dont nous pleurons la perte 
prématurée. Retenu loin de nous, notre vénérable prési- 
dent, M. d'Omalius d’Halloy, m'a chargé de ce soin pieux. 
Je réclame votre indulgence; car, bien que prévenu tardi- 
vement, le temps ma manqué moins que la force. Quand 
mon esprit s'attache à analyser des travaux qui ont illustré _ 
une carrière si bien remplie, ma mémoire me rappelle 
opiniâtrément la figure aimée de ce maître dévoué, que 
j'ai eu le bonheur de rencontrer au seuil de ma carrière 
et dont l'affection précieuse m’a constamment suivi depuis. 
Dans ce deuil public, ma mission peut sé borner à vous 
exposer rapidement la vie académique de notre confrère, 


(1) Voir Bulletins de l'Académie’ 2e série, tome XXXII, page 555. 


(94) 
el les titres qu'il a acquis parmi nous à la reconnaissance 
de notre Compagnie et du monde savant. 

Nommé professeur ordinaire à l’université de Liége en 
1859, A. Spring, âgé seulement de vingt-cinq ans, arrivait 
dans ce pays, dont il devait faire sa patrie d'adoption, avec 
une réputation scientifique établie. Aussi vit-il bientôt s'ou- 
vrir pour lui les portes de l’Académie, dans laquelle il entra 
deux ans plus tard en qualité d’associé étranger. La loi qui 
lui conféra la grande naturalisation ayant fait disparaître 
Pobstacle qui l’'empêchait d’être membre titulaire de ce 
corps savant, l’Académie s'empressa de lui conférer cette 
qualité en 1864; deux ans plus tard, il était nommé direc- : 
teur de la classe des sciences pour 1868. 

Durant trente ans, Spring s’est distingué par son assiduité 
aux séances et ses nombreuses contributions à nos recueils. 
Ardent au travail, avare de son temps, il a su trouver, 
malgré les devoirs de l'enseignement, et, plus tard, les exi- 
gences de la pratique médicale, le moyen de suivre les 
progrès de sciences variées, comme d’y concourir par des 
recherches originales. A l’Académie, il s'occupa non- 
seulement de biologie et de botanique, mais encore de 
paléontologie et de géologie. De nombreux rapports at- 
testent à la fois son amour de la science, ses vastes con- 
naissances et sa grande bienveillance pour les travaux 
d'autrui. En les lisant, on ne sait ce qu’on doit admirer le 
plus, la lucidité d'une exposition méthodique, la richesse 
d’une érudition variée, la sagacité du jugement ou la hau- 
teur des vues. 

L'étude des plantes, qui l'avait passionné dans sa jeu- 
nesse, resta toujours pour Spring un sujet de prédilection. 
De 1835 à 1837, il avait été attaché, en qualité d’aide- 
naturaliste, au musée et au jardin botanique de Munich, 


(95) 

sous la direction d'un savant illustre, M. de Martius, que 
nous avons compté parmi nos associés et dont il nous a 
retracé la brillante carrière dans une notice savante, élé- 
gante et émue, insérée dans l'Annuaire de l’Académie 
pour 4871. Il y commença l'étude des lycopodiacées que 
son chef avait rapportées de ses longs voyages dans PAmé- 
rique méridionale. Les recherches qu'il entreprit à cette 
occasion lui permirent de donner en 1858 un exposé de 
vues générales sur cette famille de plantes, aussi intéres- 
sante par la beauté de ses formes que par les particula- 
rités de son organisation; il y établit le genre Selaginella, 
type bien caractérisé par ses oophoridies, et que l'on tend 
aujourd’hui à ériger en famille. Deux ans plus tard, il don- 
nait la description détaillée des genres et des espèces amé- 
ricaines dans le premier volume de Flora brasiliensis, 
publié par Endlicher et de Martius. 

Arrivé chez nous, il entreprit la révision complète des 
genres et des espèces de cette famille. La haute estime 
que ses travaux antérieurs lui avaient acquise dans le 
monde savant, lui valut la libre disposition des matériaux 
les plus complets. Un travail étendu, inséré dans les tomes 
XV et XXIV des Mémoires de l’Académie, fit connaître au 
publie la monographie des lycopodiacées, œuvre magis- 


`_ trale, dans en la err h synonymie, la 


da ras 


morphologie et la distrib de ces plantes 
sont traitées avec une sagacité et une précision ‘admirables. 

Quelques années plus tard, examinant des œufs qui 
avaient été soumis à l'imeubation artificielle pour la dé- 
monstration du développement du poulet à son cours de 
physiologie, il en rencontra nn qui renfermait des moi- 
sissures et dont le développement avait été promptement _ 5 
enrayé. Or, on sait een attribue le belen. de 


( 96 ) 

certaines maladies à l'infection déterminée par des orga- 
nismes inférieurs parasitaires. La science possédait de nom- 
breuses observations de végétaux développés sur l'homme 
ou les animaux vivants; Spring lui-même en avait décrit 
un cas observé dans un pluvier. Mais on se demandait si 
le végétal parasite est la cause ou l’effet de la maladie; si 
le germe peut se développer sur l'organisme animal en 
_santé et le rendre malade, ou s’il ne se développe que sur 
des tissus déjà altérés par la maladie. Spring apercut du 
premier coup d’œil le parti à tirer du fait accidentel qu'il 
venait d'observer, et entreprit une série d'expériences, à 
la suite desquelles il constata que ces petits champignons 
pouvaient être inoculés à l'œuf fécondé, vivant, dont ils 
arrêtent le développement. 

Ces essais d’inoculation l’'amenèrent à constater d’autres 
faits relatifs à l'histoire naturelle des champignons, et 
dont la nouveauté comme l'importance méritent une men- 
- tion toute spéciale. 

Cette classe de végétaux renferme, comme on sait, de 
nombreux organismes assez variés , depuis les gros cham- 
pignons que chacun a vus dans nos bois, jusqu’à d'im- 
perceptibles moisissures. Les botanistes y avaient donc 
constaté un nombre considérable de formes ou espèces, 
qu'ils répartissaient en genres, réunis eux-mêmes en quatre 
familles ou vrdres. Chacune de ces espèces était considérée 
comme un type distinct, n’ayant pas plus de rapport de 
filiation avec un autre qu’un ail avec un poireau, un lys 
ou un narcisse. Aujourd'hui, toute cette doctrine semble 
_ devoir être abandonnée pour une autre, suivant laquelle 
un même type peut se développer sous des formes très- 
diverses, suivant les circonstances où il est placé. 

Avec la réserve qui west imposée dans une question 


| 


nie 


SARA Ne Rae 
RES enden D PAT SRE ET 


(97) 
étrangère à mes études habituelles, je crois pouvoir reven- 
diquer pour mon maître l'honneur d’avoir ouvert la voie 
que d’autres ont ensuite parcourue avec un succès que nul 
n’était mieux à même d'obtenir, si la direction de ses tra- 
vaux ne l'avait empêché de se livrer aux longues recherches 
que ce sujet nécessite. En effet, ses observations lont 
amené à conclure que la mutabilité de ces formes est telle 
qu’elles peuvent varier, non-seulement dans les limites du 
genre, mais encore dans celles de la famille el même de 
l’ordre. 

En 1860, il nous présenta son Mémoire sur les mou- 
vements du cœur, spécialement sur le mécanisme des val- 
vules auriculo-ventriculaires. Malgré son importance pour 
l'étude des maladies du cœur, ce sujet reste ençore obscur 
sur bien des points : Spring s'efforça de l’éclairer par de 
nouvelles expériences et par une discussion où brille son 
érudition. Il insiste sur une dilatation active des ventri- 
cules, présystole, accompagnée de la contraction des oreil- 
lettes, d’un retrait rapide de la pointe du cœur, et d’un ton 
présystolique, qui, se continuant dans le ton systolique, 
qu’accompagnent la contraction des ventricules et le choc 
de la pointe du cœur, constitue ce qu'on appelle le pre- 
mier bruit. 

En 1838, Spring avait publié une dissertation remar- 
quable sur la signification à attacher aux mols genre, 
espèce et variété et sur la cause qui produit les variétés. 
Appelé en 1868 à présider la classe des sciences de l'Aca- 
démie, il choisit, pour sujet du discours que F usage impose 
au directeur lors de la séance publique, l'étude de la 
périodicité physiologique. Les variations périodiques qui 
s'observent dans l'activité des diverses fonctions de lor- 
ganisme, se prêtent naturellement à une exposition dé- 


(98) 

taillée et intéressante; mais ne croyez pas que Spring 
envisage ce sujet comme une froide statistique du mouve- 
ment organique : quand il touche à une question, c’est 
toujours de haut qu’il l'envisage. Si, dès les premiers mots, 
il nous montre le champ de la science tellement agrandi 
que la spécialité nous est imposée comme condition du 
progrès , c'est pour faire ressortir aussitôt la merveilleuse 
unité de la science et l'utilité des corps savants, foyers où 
toutes les spécialités se réunissent, se contrôlent et se 
fortifient, signalent les analogies et établissent les iden- 
tités. L'exposition de son sujet ne se bornera done point 
à nous offrir le tableau animé des variations de l’activité 
du sang, des nerfs, ou de nos autres tissus : elle doit ser- 
vir à nous faire monter plus haut. 

Les forces physico-chimiques qui régissent le monde 


inanimé suffisent-elles à l'explication des phénomènes de 


la vie? L'ancienne science avait répondu négativement. 
Les progrès immenses que la physique et la chimie ont 
faits dans ce siècle, ont permis d’asseoir la physiologie 
sur la base solide de l’expérience et de lobservation, et 
aujourd’hui la science moderne est généralement entraînée 
à résoudre autrement la question que je viens de poser. 
Un savant éminent, le président actuel de l'Académie, a 
suscité naguère , au sein de cette compagnie, une discus- 
sion sur ce sujet, discussion à laquelle les journaux scien- 
tifiques ont donné un grand retentissement. Spring s’est 
abstenu d’intervenir dans le débat, jugeant peut-être qu'il 
ne pouvait aboutir; mais on connaîtra facilement son opi- 
nion en consultant le discours où il nous montre l’indé- 
pendance et la spontanéité des fonctions, caractérisées 


surtout par une périodicité spéciale qui échappe à toute. 


explication PR Pour Spring, l'espèce orga- 


(99) 
nique est une idée réalisée dans l’espace et dans le temps; 
en physiologie, elle est caractérisée par la forme et le 
“rhythme, comme en pathologie elle se manifeste par la 
force médicatrice de l'organisme. 

Je passe à regret sur diverses notices biologiques bien 
dignes d'attention, pour arriver à un autre ordre de 
aits. 

Parmi les questions que leur importance place en ce 
moment au premier rang dans les préoccupations du monde 
savant, il faut citer particulièrement celle de l’ancienneté 
de l’homme. L'Académie et l’Université s’honorent d’avoir 
compté dans leur sein un savant dont les recherches sont 
aujourd’hui justement appréciées ; néanmoins la méfiance, 
pour ne pas dire plus, qui avait accueilli les idées de 
Schmerling, n’avait fait que croître après sa mort, et cette 
question était bien discréditée lorsque Spring, qui avait 
su apprécier l’importance du problème et la valeur des 
travaux de ses devanciers, commença ses recherches sur 
la caverne de Chauvaux , entre Namur et Dinant. Lorsqu'il 
se décida, en 1855, à la suite de nouvelles explorations, 
à publier sa note sur les ossements humains qu'il avait 
trouvés dans cette caverne, Boucher de Perthes essayait 
en vain de rappeler sur ce sujet attention du monde sa- 
vant. La note sur Chauvaux eut plus de succès; mais aussi 
elle présente une importance toute particulière, car elle 
s'occupe, pour la première fois, de l’homme, non antédilu- 
vien, mais anté-historique, et elle accorde à l’action de 
l bitami une large part dans l'accumulation des ossements 
qu’on rencontre dans ces souterrains, et dont la présence 
n’avait encore été attribuée qu’à des animaux carnassiers 
ou à l’action des eaux diluviennes. Cette exploration a 
été le précurseur de découvertes analogues sur différents 


$: 


(100 ) 


points de l’Europe, et l'autorité qu’elle en a reçue assigne 


à son auteur une place distinguée parmi les savants qui se 
sont occupés de cette question. 

Onze ans plus tard, dans son discours sur les hommes 
d'Engis et les hommes de Chauvaux, il apporte de nou- 
velles preuves à l'appui de son opinion; il discute, avec 
une sagacité remarquable et une érudition consommée, 
les caractères de ces races anciennes, et leurs rapports 
avec les races actuelles; puis il cherche à établir une chro- 
nologie dans ce qu’on a appelé l'âge de la pierre. La pre- 
mière période, pré-glaciaire, se rapporterait à à l'homme 
tertiaire, qui aurait été réellement le contemporain de l Ele- 


phas meridionalis; la 2, post-glaciaire, comprend, entre 


autres, l’homme d'Engis, contemporain du mammouth; 
la 5°, diluviale, de l'homme de Chauvaux , possède surtout 
le renne et quelques espèces en voie de se retirer vers le 
Nord ou dans les hautes montagnes; enfin la 4°, mixte ou 
celto-germanique, nous offre les armes et les ustensiles de 
pierre mêlés à des armes et à des ustensiles de bronze et 
de fer. 


J'ai tâché d’esquisser rapidement la tendance scienti- 


fique et de vous signaler la haute valeur des principaux 
travaux dont notre éminent confrère a enrichi les recueils 
de l’Académie; mais là ne se borne pas le mérite de 
Pacadémicten. J'aurais maintenant à vous montrer cette 
puissante intelligence intervenant dans nos débats scienti- 
fiques ou s'occupant de notre organisation; à rappeler cette 
modération constante, ce tact exquis, cette prudence con- 


sommée, celte bienveillance pour tous, surtout pour les _ 


jeunes gens, cette affabilité et eette loyauté qui l'ont dis- 
tingué à un si haut degré. Messieurs, appliquez à l’acadé- 
micien l'éloge que vous venez d'entendre des qualités, de 


> 


x CRT 
l'esprit et du cœur du professeur (4) ; laissez-moi seulement 
ajouter que l’Académie lui a marqué sa haute estime en le 
nommant de toutes ses commissions spéciales, et en le 
proposant chaque fois parmi les premiers candidats qu’elle 
présente au Gouvernement, pour la formation du jury 
chargé de décerner le prix quinquennal des sciences natu- 
relles. Quinze jours à peine nous séparent de la séance où 
il prenait une part si active aux travaux de la commission 
chargée de préparer notre centième anniversaire. 

Pourquoi done cette forte organisation a-t-elle été 
brisée ayant l'heure? Spring avait consacré sa vie à la 
recherche du vrai, à la pratique du bien. Adorons sans 
murmure les impénétrables décrets de la Providence, et 
espérons qu’elle ne l’a repris de ce monde que pour lui 
donner dans l’autre la récompense qu'il a si bien méritée 
ici-bas par tout le bien qu'il a fait, en nous pit r exem- . 
ple de ses vertus. 

Adieu, Spring ! adieu au nom de tous tes confères! Mon 
cher maître, au revoir ! 


Je demande la permission, a ajouté M. de Selys Long- 
champs , après la lecture de ces paroles , de mentionner ici 
des circonstances qui constatent jusqu’à quel point notre 
regretté confrère , le docteur Spring, n’a cessé, jusqu’au 
dernier moment, de porter le plus vif intérêt aux diverses 
branches de la science; car la diversité de ses connais- 
sances était un des traits distinctifs de son intelligence. 

Le 9 janvier au soir, comptant se rendre le lendemain . 


(1) Ce discours suivait celui de M. le recteur de l'Université de Liége. Be 


( 402 ) 
mercredi à Bruxelles, pour la première séance du comité 
d'organisation du Conn d'archéologie préhistorique, il 
m'écrivait : 

« Le D" Spring, dans la séance du comité d’archéolo- 
» gie, tâchera de suivre les indications reçues. Comme 
» son très-honoré confrère, il pense que l'honneur du 
» pays est engagé dans le succès du Congrès. » 

Le lendemain matin, je recevais une seconde lettre que 
je transcris entièrement ici, parce que c’est peut-être la 
dernière qu’il ait écrite. Il était déjà atteint par la maladie 
qui nous l’enleva huit jours après, le mercredi 17; et 
comme on le voit, sa dernière préoccupation scientifique 


était encore pour le congrès préhistorique; 


sn « Liége, le 10 janvier 1872. 
D CHER BARON DE SELYS, 


» Je croyais sûrement me rendre aujourd’hui à Bruxelles; 
» mais j'ai passé la nuit dans la fièvre , et ce matin, en me 
» levant, j'étais sur le point de m'affaisser. Il y a donc 
» force majeure. 

» J'ai télégraphié à M. Dupont. 

» J'espère que mon absence maura rien compromis. 
» Demain ou après-demain , si Dieu le veut, je reprendrai 
» mes occupations. 

» Agréez, très-cher confrère, une nouvelle assurance 
» de ma haute considération. 


» D" SPRING. » 


| 
? 


( 405 ) 


QUESTION POUR LE PROGRAMME DE CONCOURS DE 1874. 


— 


Afin de donner un témoignage d’estime à la mémoire 
de l’un des membres les plus regrettés que la classe vient 
de perdre, la question suivante formera l’un des sujets 
du contours de 1874 : 


« Le polymorphisme des champignons attire de plus en 
plus l'attention des botanistes et des physiologistes. H- . 
semble même devoir fournir des éléments nouveaux à la 
solution du problème de la vie en général. 

. On demande : 1° Un résumé critique succinct des obser- 
vations connues relativement au polymorphisme des mu- 
cédinées ; 

X La détermination exacte — ne s’appliquerait-elle 
qu’à une seule espèce — de la part qui revient, d’abord, 
à la propre nature du végétal (à son énergie spécifique), 
ensuite aux conditions extérieures de son développement; 

3° La preuve positive, ou la négation suffisante, du 
fait que des champignons de ferment (micrococcus, zoo- 

_ glϾa, palmella, leptothrix, arthrococeus, mycoderma, etc.), 
dans des circonstances quelconques, peuvent se nr 
en hangars supérieurs. » 


(404) 


RAPPORTS. 


- M. Donny, appelé avec MM. de Koninck et Melsens à 


faire un rapport sur une notice de M. Tommasi concernant 


l'action de l’iodure plombique sur quelques acétates métal- 
liques, annonce que ce travail vient de paraître dans une 
Revue scientifique. 


Conformément aux dispositions réglementaires, prescri- 
vant qu’il ne peut être fait de rapport sur les travaux déjà 
livrés à la publicité, la classe a décidé le dépôt aux archives 
de la notice de M. Tommasi, ainsi que des prea qui ia 
concernent. 


De l’action du perchlorure de phosphore sur la nitronaph- 
taline, par L.-L. de Koninck et P. Marquart. 


Rapport de M. Melsens. 


« La note renferme le résultat de l'action du perchlo- 
rure de phosphore sur la nitronaphtaline; elle fait partie 
du travail que les auteurs ont entrepris sur cè corps. 

Les faits qui s’y trouvent consignés et les analyses à 
l’appui me paraissent mériter d’être publiés dans le Bul- 
letin de la séance. » 


Conformément à ces conclusions, auxquelles s’est rallié 
M. Donny, cette notice figurera au Bulletin. 


PE; See AAE NA Fee 


rs i 
Re R E EE, A 


a a me oo ee 


(405 ) 


1 


Sur les équations différentielles réciproques; par M. Orloff, 
professeur à l’École polytechnique de Moseou. 


Rapport de m. Gilbert. 


« Une équation différentielle du premier ordre 


dy 
Re nie rav) 
représente une courbe plane : celle-ci peut être envisagée 
comme l’enveloppe de ses tangentes. L’équation d'une 
droite mobile renfermant deux paramètres variables p et w, 
il est clair que si l’on connaissait la relation qui doit exister 
entre ces paramètres pour que la droite enveloppe la 
courbe qui est le lieu de l'équation (1), la méthode or- 
dinaire des enveloppes conduirait à l'équation de cette 
courbe , et par suite à l’intégrale de l'équation (1). 
M. Orloff montre comment l’équation (1) se transforme 
en une équation du premier ordre 


do 
OR mea)? 


entre les paramètres de la droite, en sorte que Sue 
de l'équation (1) se ramène à celle de l'équation (2); | 
équations (1) et (2) sont dites réciproques. 

De même, si l'on considère une équation aux dérivées 
partielles du premier ordre 


, f(x, y, z, p.q) =0 


2me SÉRIE, TOME XXXIII. 


( 106 ) 
. comme étant celle d’une surface, on substituera à cette 
équation une équation aux dérivées partielles du premier 
ordre entre les trois paramètres d’un plan mobile envelop- 
pant la surface; et si l’on sait intégrer cette nouvelle 
équation, on aura, par la méthode des surfaces enveloppes, 
l'intégrale de l'équation aux dérivées partielles proposée. 
M. Orloff montre que sa méthode des équations récipro- 
ques s'étend aux équations différentielles ou aux dérivées 
partielles d'ordres supérieurs au premier, mais il ne paraît 
point que cette extension puisse conduire à des résultats 
bien avantageux. On sent que, par son principe même, 
cette méthode de transformation est surtout applicable aux 
équations du premier ordre. 


L'auteur a fait l'application de sa méthode à diverses 


classes d'équations. Bien que les résultats qu'il a ainsi 
obtenus n'offrent rien d’essentiellement nouveau, nous 
pensons cependant que son petit mémoire renferme des 
idées ingénieuses, et qu’il intéressera les géomètres. Nous 
proposons en conséquence à la classe de remercier M. Or- 
loff de sa communication , et de donner une place à celle-ci 
dans nos Bulletins. » 


Conformément aux conclusions de ce rapport, approu- 
vées par M. Catalan, la classe a décidé l'impression de la 
notice de M. Orloff dus les Bulletins. 


st Gekend 


( 407 ) 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Théorème de géométrie; par M. E. Catalan, associé 
de l’Académie. 


« Soient ab, a'b’, a”b”, … les sections faites, dans une sur- 
face S, par des plans P, P', P”,.. ayant une enveloppe E. 
Soient AB, A'B', A”B”,... ce que deviennent ces lignes 
lorsque les plans mobiles, ayant roulé sur E, viennent se 
confondre avec un même plan 1, tangent à E. Soient en- 
fin CD, C'D’, C”D”, … les trajectoires orthogonales de AB, 
AB, AR.. Si le Plan n s’enroule autour de E, de ma- 
nière à prendre les positions P, P', P”,.:., les SURFACES 
D'ENROULEMENT >, =, 2”, …, engendrées par CD, CD’, 
CD", coupent S suivant des lignes cd, c'd’, €”d”…, tra- 
fetes orthogonales de ab, à'b', a’ Ee 


> Ce théorème général, presque bdd: n’avait cepen- 
dant peut-être pas été remarqué. Il a de nombreuses con- 
séquences , sur lesquelles j'espère pouvoir revenir. 
J'en ai indiqué quelques-unes dans le billet cacheté que 
je dépose aujourd'hui. ` 


( 108 ) 


a Sur l’emploi des imaginaires dans la recherche des diffé- 
rentielles d'ordre quelconque; par M. Ph. Gilbert, associé 
de l’Académie. 


i 
| 
oe 
Í 

| 

» | 
E 

H 

| 


1. Parmi les procédés qui conduisent à expression de 
la différentielle totale d'ordre n d’une fonction de deux 
variables, le suivant, qui nous paraît très-commode, n’a 
guère été mis en usage. Si l’on possède l'expression géné- | 
rale de la dérivée n°** d’une fonction simple de x, et si 
cetle expression subsiste lorsqu’à la variable x on sub- 
stitue une variable imaginaire z = x + y V — 1, il suffira 
de décomposer l'équation imaginaire à laquelle on parvient 
de cette manière, en deux équations réelles, pour obtenir, 
sous une forme parfois assêz remarquable, la différentielle  ? 
totale de l’ordre n de deux fonctions réelles de x et dy. … 

Quelque simple que soit le principe de cette méthode, 
la facilité avec laquelle elle conduit à divers résultats cu- 
rieux, nous engage à en présenter ici quelques applica- ` 
tions. Soit, par exemple, la formule bien connue | 


an à i.: 2. 5. el Sd 
i “ii 
dz” — 


dans laquelle /. désigne le logarithme népérien. Cette for- 
mule subsistant, comme on le voit sans peine,lorsquez p 
. est imaginaire, nous aurons 


i. 2..(n —1 or 
=) (dx + dyV A) al 


K del. erk An it Gs =; 


i 

+ (4 

| -~ Ona d’ailleurs ` ' 5 
L (æ + yV—1) VEE Vel (areig” + dk), 

d'où | 

d'1. (x +y V Z1) =d LV P+ V/— 1 d” are tg L. 

| Posons, en outre, | 

| D à Pin dx — p eos », dy = p sin ẹ; 


il viendra 


| Late | sé (Een o [eos n (9 —u) + V/—1 sin » Fee 
teur e 


L’équation (1) se décomposera done dans les deux sui- 
vantes : 3 


Í del. PA ee 4) (E) coon). 
ie 
| 


d. arc tg à Yee po 1 aen) sin (p — u): o 


Remplaçant ọ etr par leurs valeurs, et observant que 


À + wetge ae Ee 


tg (p —u)= 


sous la forme 


lt 


| 
| : on aura définiti t les différentielles totales de l'ordre n +. 
| 


(ea. Fajac e (Et se 


(9 
| 7 3 er BE 
e 


ab. Ge ooo eol 


( 410 

On peut, dans ces braila remplacer Pune des va- 
riables par une constante et sa différentielle par zéro : on 
retrouve ainsi immédiatement certaines relations connues. J 

2. Les différentielles n°” de 1. Vx? + y? et de arctig”: ` 
peuvent être mises sous la forme ordinaire d’un polynôme 
ordonné suivant les puissances de dx et de dy. Reprenons 
l'équation (1), et écrivons-la comme il suit : 


: 4.2.. (n—1 Ce: à 
d'l. (x + yV —1)—(— pt?) ys Gray A $ 
pr 
ou, en développant le dernier facteur, 


se cad cin 

dl ay) Hype ser ET ye” B 
5 1 z,- ra 
: aus a ep of RES dy"e * a ea 


galant séparément les parties ERTES et les coefficients 
de V — 1 dans les deux membres de l’ équation, puis rem- 
plaçant r par sa valeur, nous trouverons 


Pr no 4.2. (n1 | 
z j (x° + y} 2 ; 


5 en $ nr Za 
F = ! ré (nu 5) dæ” dy Fent oefe) | 8 | 


E. 


VE 


1.9.(n —A) 
(a+ y 


ne z au Tjd "dy? +. ets) el 


- d'arc ge j” | sin nuda” + nsin (ou — z] dx" "dy 


CMS 
Hest bien entendu quejdx et dy sont supposés constants, 
et que u désigne toujours arc tg - En comparant ces for- 
mules avec l'expression générale de la différentielle n°" 
d’une fonction de deux variables, on obtient quelques ré- 
sultats remarquables par leur simplicité. Ainsi, l'on a 


’ 


f 


A CE RE 12: iia z 
=} Va + =A (p+q—1) cos | (p+-g)aretg yo PL 
derd! ae] + 14 
OP : a {+97 | 2 
NO Se 1.2..(p+q—1) . y A 
| derd’ meege 1 ; ene -Sin [mrpr L15) 


Ces diverses expressions se prêtent au développement 
en série par la formule de Taylor, mais les résultats aux- 
quels on parviendrait ai si seraient, évidemment, compris 
dans ceux que l’on déduit du développement de la fonction 
imaginaire primitive. | 

3. Il n’y aurait aucun intérêt à multiplier ces exemples. 
Considérons encore, cependant, le suivant, qui donne lieu 
à des conséquences assez curieuses. Si dans la formule 
connue 


dn (a + 2)" 


de 


= mi(m—1)...(m—n+1)(0+ aen, 
on remplace a par a+ Ê Vas par x + VEL, on - 
trouve En 
d" [le + x) + V—1(6+ |" — m (mm — 1). (m —n +1) 
x [Ce + x) + (6 + VIT (dx + dy enr 
On es j | 


x + x—rtosu, B+y—=rsinu, 


T 412 ) 
et l’on trouvera, en procédant comme dans | cas traité 
ci-dessus, 


A 


n, [e + x) + (B+ pT cos m sm (are ug É tg en in 
m(in—1À). omel) 


[e+ aay] 


: dis Frs) 
[a+ x} + (B + y) PARU 


y 


= (d 


(dx =+ dy) en, 


& 


m(m—1). re 


[(a+x)+(8+ DE 


dy 


/ A2 


Si, dans ces ER on pose comme cas particulier 
a=0, 6—0, x > yr, 
on aura dx = 0, ee = dt, et sl viendra 
| 


d”. (1 + er cos (m arc tg x) 
d. 


a kaden je | (n—n) arctg z+ 5} 
nm 5 5 


(6) | (1 + 2° 
d”. (1 + x°)? sin (m arctg x) 
dx” 
m (m— 1). {a — n+ 1) 
(1 + PE 


sin [a n)arctg x + =] 


Si, dans ces mêmes formules (5), on fait es 


Y = — x, el m= n, on tombe sur ces résultats curieux 
par la simplicité : 


d” , 1— x nr 
ES 1 + x°} cos t e) .2..n cos —. 
à ( be : arc 8: E 22 e 


d" ed 4 — œ\ nr 
Fo (I+ a in n (are ett. sin es 
pra $i E n sin : 


+ | 1 
ee os nas , 


—(dx +-dy sin] (m— n)arc ig ZI nare sl 
dee dx 


(443) | 
Enfin, posons dans les formules (5), m—n; a—f5=—1, 
y = — x, et observons que l'on a 


t i — x T a T 8 t t A 
arc = — — arc ig r, — — 4 arc == are ; 
ir 4 5 4 ee 5 7. 


nous trouverons, réductions faites, 


d” 1 een n 
Tola) cosn (arctg z ) — In(2n—1)..(n+1)({+x) cosn (are tg x), 
` X „ 5 


d” i 1 
js (1+x°)” sin n (are tg 


—r? K 
` = ——In(2n—1)..(n+1)(1+3x°) sin n(arctgx). 
te, ne + 


4. Il n’y aurait aucune difficulté à mettre les différen- 
tielles totales, dont les équations (5) donnent l'expression, 
sous la forme ordinaire, ft à en déduire, pour les dérivées 
partielles des fonctions 

7 Ees à 
y)? ne sa 5 
| (x to + (6 + y} | cos m (overs On 


x 


Le + x} + (B + yf} sin m (ares fs), 


des expressions analogues à celles que nous avons données 
dans les formules (4). 


Sur les équations différentielles réciproques ; par M. Orloff, 
professeur à PÉcole polytechnique de Moscou. 


Il y a une classe considérable d'équations différentielles 

1 qu’on peut intégrer par la méthode suivante, fondée sur la 
théorie des enveloppes. 

L'intégrale de havana différentielle 


, d 
f (zi, =) =0. 


( 114 3 


représente, en général, une courbe plane qui peut être 


considérée comme l'enveloppe d’une droite. L'équation de 
cette droite 

Y = pr — 0. ETE MNT (2) 
contient deux paramètres variables, dont Pun œ est une 
fonction de lautre, p, fonction qu’il s’agit de déterminer 
d’après l'équation donnée (1). Pour cela, nous remarquons- 


que la droite reste constamment tangente à la courbe, par : 


conséquent 
gr dre ME a mr ee (5) 


da < 
Pre B da 
et enfin ; 
= 6) 
| En = Poe dp we PEN | . > : . -~ t 
Substituant ces valeurs de x, y et à dans l’équation (1), 
on trouve j 
f p da ) 0 (6) 
Tee Po ús =U, ë “its . 
p y 


équation qui détermine la fonction cherchée w. 

Les équations (4) et (6) sont réciproques, c’est-à-dire 
que l'une d'elles, au moyen des transformations (4), (5) et 
(5), se réduit à antre; leurs intégrales sont liées par 

équation (2) de telle manière que, si on connaît l'intégrale 
` de l'une des équations différentielles, on a en même ep 
= l'intégrale de l’autre. 
Sn En effet, supposant œ déterminé en fonction de p, Fin- 
~ tégrale de l'équation donnée, ou l'équation de Ja courbe 


(485 ) 
enveloppe, sera le résultat de l'élimination du paramètre 
variable p entre l'équation (2) et sa dérivée par rapport 
à p (4). On obtient évidemment le même résultat, si on 
élimine p immédiatement à l’aide de l'équation donnée : 
z f(x, y, p) = 0. 


Prenons pour exemple Féquation différentielle : 


d dr 
y= z (©) e retia den dh) 


Son équation réciproque est e 
„3 do ; 
pe ele) 


équation différentielle linéaire, dont l'intégrale est, comme 
on sait, 


oef cons fe Ee at 


D — p (p 


par conséquent l'intégrale de léquation proposée sera 
représentée, d'après (2), par . 


di 
Jo = pa — e f7 const + fe. Sep sip) LP 


p=) 


pourvu qu’on élimine p à l’aide de Féquation donnée : ee. 


y= te lp) + o(p) 


L'équation différentielle homogène 


Hot he moe 


( 116 ) 
peut être ramenée à la forme des équations (A); en effet, 
il suffit de supposer l'équation résolue par rapport à À: 


3); 
oo (2 $ 


alors on a pour l'intégrale, comme précédemment, 
A 
y = px — cera 


En substituant la valeur de ge Fe), on aura, pour l'in- 
tégrale de l'équation homogène, quelle que soit la fonction : 


f: UE) 
4 =xf (2) -él 0-0. 
X 
Quand on a wo (9) — a l'équation (A) prend la forme 
=le) 


dx dx 
L'équation réciproque : 
edt en TRE (p); 

détermine immédiatement- la fonction cherchée w, donc 
d’après (2) 
j ype + ep); 
mais comme cette équation est identique avec l'équation 
donnée, la valeur p reste indéterminée, et l’on a pour 
intégrale 

y = Cr TS (C), 
C étant une constante arbitraire. L’élimination de p, au 
moyen de la dérivée relative à D; conduit en ce cas aux 
solutions singulières. 


(A7) 


Enfin, si l'équation était 


rije 


la valeur p serait constante et @ une constante arbitraire; 
par conséquent - 


ou, en éliminant p, 


Ces exemples suffisent pour montrer l'application de la 
méthode aux équations différentielles du premier ordre ; 
nous allons indiquer comment elle peut être étendue aux 
équations d’un ordre supérieur. 

Il faut exprimer pour cela les dérivées $ dr ae ete, 
en fonction des nouvelles variables p et w; mais si l'on 
différentie l'expression 


dw 
LET à 
dp f 
en considérant p comme fonction de x, on a 
w 
| de — dp * dp. 
d'où l'on tire 
a ee 
EE Eene 


De même, 


dy do (55): 3 
ds dy \dp* 


et ainsi de suite. De cette manière l'équation différentielle 
d’un ordre quelconque 


dy dy 
jera a )=e, 


(418) 


peut être transformée en 


rl de de ) à 
P:®, dp’ dp "| = U. 


Ces deux équations étant réciproques, si ľintégrale de l’une 
elles est connue, l'intégrale de l'autre le sera également. 
Passons aux équations différentielles partielles. 
L'intégrale de l'équation différentielle partielle à auy 
variables indépendantes 


{ dz dz 
£ zt). a ... (I 
f (> ds dx 5 P (9 


‘représente, en général, une surface, qu’on peut regarder 
comme l'enveloppe d'un plan qui se meut dans l'espace, 
d’après une loi déterminée. L’équation de ce plan 


Zele on LH) 


contient trois paramètres variables, dont Pun œ est une 
fonction des autres, pet q. Pour déterminer cette fonction, 
on observe que le plan reste constamment tangent à la 
surface, donnée par l'équation (Í); done 


pr eg CR (un 


puis, en Hiiireptiang l'équation (HI) par rapport à p et à q, 
on à 
do do `- IV) 
B ef en 

dp Y dq a 
de do + 
z=p Ae dus a (N) 
Pdp Tag 


La substitution des valeurs de x, y, z, de q dans l'équa- 


a 


PR llen ri ERP € EN en de 


(119) 


tion (1), donne 


. [do do do do . 
i ot p ta —,p.4) 0: VI 
Les équations (i) et (VI) sont réciproques, et leurs inté- 
grales sont liées par l’équation (H) de telle manière que, 
si l’on connait l'intégrale de l’une, on a aussi l'intégrale de 
l’autre. Supposons en effet que w soit déterminée, en fonc- 
tion de p et q, par l'équation réciproque; alors l'intégrale 
de l'équation donnée sera le résultat de l'élimination des 
paramètres p, q, entre l'équation (Il) et ses dérivées par- 
tielles par rapport à ces paramètres (IV). Cette élimination 


* peut s’opérer aussi au moyen de l’une des dérivées et de 


l’équation donnée : 
f (a, Y,Z, p, q) =0. 


Par cette bald l'intégration de l'équation différen- 
tielle partielle 


en =) < a ` 
z= t || + y | —: — 
; + x dy AT dy 


se réduit à l'intégration de l’équation linéaire : 


(= dz 


2 T) (A) 


lo do 
[p — s{p, ol, [g — alg =v + x(p,4) 


Par pir l'équation 
dz dz 
“dx dy 


ze 


a pour réciproque 


de de +0 
> + 0 — = w ; š 


( 420 ) 


dont l'intégrale , comme on le trouve facilement , est 
` [P 
w = apq + qe (E). 
q 


où 0 représente une fonction arbitraire; par conséquent 
l'intégrale de l'équation proposée sera, d'après (II), 


hm nt R à Et (£). 


pourvu qu'on élimine p et q entre l’une des dérivées par- 
tielles de cette équation par rapport à p et q : 


x— ap — 6° (E) =. 
g 


y — aq a (2) = 5 
: , ai 
et l'équation donnée : 
zZ = apq. 
` Dans un cas particulier, si équation (A) prend la forme 


7% dz (5 dz S) 
Ez 
Ve. liy dd 
son équation réciproque 
EE (p ’ q) 
détermine immédiatement la fonction œ : nous avons, 
d’après (II), 
PE + q} + x(p,q) 
Cette équation étant identique avec l'équation donnée, les 
valeurs de p et de q restent indéterminées, par conséquent 
l'intégrale est 
z = Cx + Cy + y (C, C’). 
L'éibinitioe de p et q à l’aide de dérivées partielles con- 
duirait, dans ce cas, aux solutions singulières. 


(124 ) 


Enfin, si équation était 


dz dz\ 
ftes + D, 
dx dy 
la fonction œ serait indéterminée ; par conséquent 
z = px + qy + 0 (p, q) 
On peut éliminer l’une des quantités p, q, au moyen de 
l'équation donnée et nde l’autre comme une constante 
arbitraire. 
Ajoutons que la méthode précédente peut être étendue 
aux équations différentielles partielles d’un ordre supérieur. 
Pour cela, différentions les expressions 


en considérant p et q comme fonctions de x et y; nous 
‘aurons 


- de do dc do 
kat da ed 
in dp? r dpdq RUE a dpdq E dg d 
d'où def 
d ms d’z ie dpà dpdq 
de FT dady 17 Bo do Fa) 
üp dg- \dpdg 
d?o do 
€ —— di 
d dz d dz d dp? Ad _dpda 
1 dedy Sag Ee Li 
dp: dj \dpdg 


En égalant les coefficients de dx et dy, on trouve 
dz d'a dz Ai 
dax? Tale dxdy m 

à 
2% SÉRIE, TOME XXXII. 


(122) 


A= 


Po de pe dc | 
dp? df dpdq 


Nous retrouvons ainsi les transformations par lesquelles 
Legendre a ramené l'équation du second ordre : 


De el dz 2 dz dz i (5) dz 0. 
dx} |dy “dx dy dxdy PrE dy d 


à sa forme réciproque : 


+) HE ai TEE + 0. 
dy? a dq? 

La méthode exposée s'applique, sans aucune difficulté, 
aux équations différentielles partielles à un nombre quel- 
conque de variables, quoique, dans cette application, elle 
perde naturellement sa signification géométrique. L'ana- 
logie des procédés est si évidente , que nous croyons inutile 
d'entrer dans de nouveaux développements. 


De l'action du perchlorure de phosphore sur la nitronaph- 
taline, par MM. L.-L. de Koninck et Paul Marquart, 
docteurs en sciences. 


En 1869, M. A. Oppenheim a communiqué à la Société 
chimique de Berlin une note sur quelques essais faits en 
vue d'étudier Faction des chlorures et de l’oxychlorure 
de phosphore sur les dérivés nitrés en général (1). Ses 
essais ont porté, d’une part, sur la nitrobenzine et le per- 


(1) Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, t. IT, p. 54. 


( 1425 ) 
chlorure de phosphore, d'autre part, sur la binitrobenzine, 
la nitronaphtaline et la binitronaphtaline mélangées à du 
trichlorure et à de l'oxychlorure de phosphore. Dans aucun 
cas, les composés mis en présence n’eurent d'action l’un 
sur l’autre, même à la température de 180 degrés. 

Nous avons constaté que, par une exception assez remar, 
quable, le perchlorure de phosphore agit d’une manière 
très-nette et avec facilité sur la nitronaphtaline : on obtient 
de la chloronaphtaline et de’ l'oxychlorure de phosphore, 
sans doute suivant l’équation : 


GHO HTNO? + PCI = Ct? H? CI + PO CE + NO CI; 


on constate en effet la présence de l’oxychlorure dans le 
produit de la réaction et la formation d’un gaz qui, mélangé 
à Pair, donne lieu à la production de vapeurs rutilantes. 

La réaction entre la nitronaphtaline et le perchlorure 
de phosphore ne se manifeste qu'à une température supé- 
rieure à 100 degrés, mais, dès qu’elle se produit, elle 
devient assez vive, et si l’on opère sur de fortes quantités 
à la fois, ou si l’on n’a pas soin de chauffer lentement, 
une forte proportion de perchlorure distille avant davon 
eu le temps d'agir. En opérant avec précaution et en em- 
ployant un faible excès du réactif,on obtient un rendement | 
très-satisfaisant. 

Les détails de l'opération sont ienie: on introduit 
dans un appareil distillatoire des quantités de nitronaph- 
taline et de perchlorure de phosphore proportionnelles 
aux poids moléculaires de ces composés et on élève pro- 
gressivement la température. Lorsque les premières parties 
de liquide passent à la distillation, le thermomètre marque _ 
environ 100°; il monte peu à peu dude edad (ou 150° a 
si le borchahie est en excès) in arrêt. 


JTE 


Le produit liquide, fortement coloré, wi reste si 


( 124 ) 

ballon, est de la chloronaphtaline impure; on la purifie 
par une distillation suivie de lavages à l’eau légèrement 
alcaline , destinés à enlever les dernières traces de chlorure 
de phosphore, d’une dessiccation par le chlorure de cal- 
cium et d’une rectification. 

La chloronaphtaline obtenue de cette manière est légère- 
ment colorée en jaune par une trace de nitronaphtaline, 
que nous ne sommes pas parvenus à lui enlever, même 
par rectification sur du chlorure de phosphore; à cela près, 
elle offre tous les caractères indiqués pour la monochloro- 
naphtaline par MM. Faust et Saame (1) dans leur travail sur 
les dérivés chlorés de la naphtaline publié récemment ; elle 
bout à 251° — 253° C. (2) (250° — 25% C., F. et S.) et 
_ possède une odeur de naphtaline très-prononcée : l'analyse 
nous a fourni les résultats suivants : 


I. 0,2558 de substance ont donné 0,6343 d’anhy- 
dride carbonique et 0:,0904 d'eau. 


H. 07,2785 » ont donné 0:",2490 de chlo- 
rure d'argent et 0,0045 d'argent. 
MI. 0°,3104 > ont donné 05",2755 de chlo- 
rure d'argent. 
CALCULÉ. . TROUVÉ. 
ms I u. 1. 
Cte 120 75.84 1838 — — 
H 7 451 a o e o 
Ci 35.3 21.85 — 2204 21.96 
1625 _ 100.00 


La densité de la chloronaphtaline à 15° C., rapportée à 


(1) Annalen der Chem. und Pharm., t. CLX, p. 68. 
(3 Le thermomètre employé a été contrôlé dans la vapeur de naphta- 
line (212 C). 


# 


t 


( 125 ) 
l'eau à la même température comme unité, a été trouvée 
égale à 1,2095. 

Le perchlorure de phosphore est sans action sur la dini- 
tronaphtaline, du moins sur la variété qui cristallise en 
lames et rhombes (1), et la nitrobenzine mélangée au per- 
chlorure et soumise pendant une heure à l’ébullition dans 
un appareil à reflux n’a pas fourni de chlorobenzine. 

Cette différence dans la manière de se comporter de la 
nitrobenzine et de la nitronaphtaline avec le perchlorure 
de phosphore se retrouve dans l’action d’autres réactifs 
sur ces composés; ainsi, avec l’acide bromhydrique, la- 
première se réduit en donnant lieu à la formation d’anilines 
bromées (2) ; la seconde échange son radical azoté contre 
du brome (3) ; chauffée avec du pentasulfure de phosphore, 
la nitronaphtaline donne lieu à une réaction violente; la 
nitrobenzine, au contraire, peut être portée à l’ébullition 
en présence de ce réactif sans subir d’altération apparente. 

Pendant l’exécution de ce travail, nous avons eu occa- 
sion de constater que la nitronaphtaline, soumise à l’action 
de la chaleur, distille à la température de 304° C. Ce degré 
est compris dans les limites de température indiquées par 
M. Dusart pour le point d’ébullition du nitrophtalène (4), 


dont l'existence a déjà été mise en doute (5) et qui parait 


n'être que de la nitronaphtaline impure. 


(1) Wichelhaüs, Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, t. 1, 
p. 274. 


(2) Baumhauer, Ibid., t. H, p. 122. 
se Baumhauer, Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, t. IV, 
p.9 


es Aida nales de Chimie et de Physique, 5™° série, t. XLV, p. 555. 
à Alexejeff, Zeitschrift für en, 1870, p. 644. 


mn RE 


: de — La séance a été terminée par Texamen de diverses — 
_ questions concernant la classe, et relatives à Ja célébra- — 
tion du jubilé centenaire. 


(127) 


CLASSE DES LETTRES. 


Séance du à février 1872. 


M. P. De Decker, directeur. - 
M. Ap. QuereLer, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Ch. Steur, Grandgagnage, J. Roulez, 
Gachard, Ad. Borgnet, F.-A. Snellaert, J.-J. Haus, M.-N.-J. 
Leclercq, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, 
Th. Jaste, Félix Nève, Alph. Wauters, H. Conscience, 
membres; J. Nolet de Brauwere Van Steeland, Aug. Scheler, 
associés ; Alph. Le Roy, Ém. de Borchgrave, A. Wagener, 
J. Heremans, correspondants. 

M. L. Alvin, membre de la classe des beaux-arts , 
M. Ch. Montigny, membre de la classe des sciences, el 
M. Éd. Mailly, correspondant de la même classe, assistent 
à la séance. 


EI 
= 


CORRESPONDANCE. 


La classe apprend avec un douloureux sentiment de 
regret la perte cruelle qu’elle vient de faire en la personne 
de Pun de ses membres titulaires, M‘ Nicolas-Joseph 
Laforet, né à Graide le 25 février 1825, décédé à Louvain — 


le 26 janvier dernier. a — 


( 128 ) 

M. J.-J. Thonissen a bien voulu se charger de la pénible 
mission de prononcer, lors des [a TAES le discours 
académique. 

M. le secrétaire perpétuel s'est empressé, dès l'annonce 
officielle de cette triste nouvelle, d'exprimer à madame 
Laforet, mère du défunt, l'expression des sentiments de 
condoléance de l’Académie. 


— M. le Ministre de l’intérieur transmet une expédition 
de l’arrêté royal du 2 janvier dernier nommant M. d'Oma- 
lius, directeur de la classe des sciences, président de l'Aca- 
démie pour l’année actuelle. 


— M. le secrétaire perpétuel informe que M. le statuaire 
Van Eename a fait parvenir, conformément à une décision 
ministérielle, le buste en marbre de feu le baron Jules de 
Saint-Genois, commandé pour le grand vestibule des Aca- 
démies , au Musée. 


— La Société de littérature néerlandaise à Leyde, 
Bibliothèque royale de Munich et l’Université de Saint- 
Louis (États-Unis) remercient pour le dernier envoi de 
publications académiques. 


— M. Gachard transmet, au nom de la Commission 
royale d’histoire, une série d'ouvrages imprimés qui ont 
été offerts en don à cette Commission. Ces ouvrages seront 
placés dans la bibliothèque de la Compagnie après avoir 
été inscrits parmi les Ouvrages présentés. 


— M. Alph. Wauters fait hommage d’un exemplaire du 
tome HHI de la Table des chartes et diplômes imprimés 
relatifs à Fhistoire de. Belgique, publiée dans la coilection 
~ des travaux in-4 de la Commission royale d'histoire. — 
~ Remerciments. 


( 429 ) 

— Une notice de M. E. Varenbergh, intitulée : Épisodes 
des relations extérieures de la Flandre au mo yen åge, est 
renvoyée à l'examen de MM. De Smet, le baron Kervyn 
de Lettenhove et de Borchgrave. 


CONCOURS DE 1872. 


La classe prend connaissance des résultats suivants du 
concours pour l’année actuelle. 

Cinq questions avaient été inscrites au programme. 

Pour la première question, demandant un Essai sur la 
vie et le règne de Septime Sevère, il a été reçu quatre 
mémoires en français, portant pour devises : le premier, 
Leptis-Eboracum; le deuxième, Laboremus; le troisième 
« Íl. avait de grandes qualilés, mais la douceur, cette 
Première vertu des princes, lui manquait » (MONTESQUIEU) ; 
el le quatrième, « Peu d'empereurs ont montré une indi- 
vidualité plus forte et laissé dans l’histoire de Rome une 
trace plus profonde. » (Amédée THIERRY, Tableau de PEm- 
pire-romain.) 

MM. Roulez, ‚ Wagener et Félix Nève examineront ces 
travaux. 

Pour la troisième question, demandant d’apprécier le 
règne de Marie-Thérèse aux Pays-Bas, il a été reçu deux 
mémoires. Le premier, écrit en français, porte pour devise : 
«S'il m'était permis d'exprimer un vœu, je demanderais 
` Qu'un concours fút ouvert pour la composition d’un tableau 
historique des progrès qui, sous le règne de Marie-Thérèse, — 
se réalisèrent au sein de notre patrie aussi bien dans lor- 


* 


( 150 ) 
dre matériel que dans l’ordre moral » (Gacuarp, séance 
publique de l’Académie, 11 mai 1864); le second , écrit 


en flamand, porte pour devise: « Maria Theresia gehört 
zu jenem Personlikheiten, welche bei einen eindringenden ` 


studentium nur gewinnen» (Beer, Auf Reign. über Maria 
Theresia, IT). | 

Les commissaires nommés pour l'examen de ces manus- 
crits sont : MM. le baron Kervyn de Lettenhove, De Smet 
et Wauters. 


Pour la quatrième question, demandant d'Exposer la 


théorie économique des rapports du capital et du travail, 
il a été reçu quatre mémoires en français et deux en fla- 
mand. Ils portent pour devises : le premier, « Honneur au 
travail, respect au capital; » le deuxième, « Faites la 
lumière dans votre esprit et vous connaîtrez mieux vos 
intérêts véritables; » le troisième, « Je n'impose rien, je 
ne propose même rien, j'expose » (Cn. Dunoyer, De la 
liberté du travail, Introduction); le quatrième, « In neces- 
sariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus carilas; » 
le cinquième , « De Akademie vraagt dat het werk eenvou- 
dig geschreven zy, int bereik van al de klassen der maal- 
schappij. » Le sixième mémoire n’a pas de devise. 

MM. Ch. Faider, Thonissen et de Laveleye ont été nom- 
més commissaires. 


ÉLECTIONS. 


La classe a procédé à l'élection du comité de trois mem- 
bres qui, de concert avec les trois membres du bureau, est 
chargé du choix des candidatures aux places vacantes. — 
La liste de ces candidatures devra être arrêtée lors de la 
prochaine séance. 


Í 
Í 
; 
af 


(451 ) 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


M. Ad. Quetelet a fait une communication verbale au 
sujet de l'aurore boréale qui s’est manifestée dans la soirée 
de dimanche 4 février. Il annonce que ce phénomène fera 
l’objet d’une note spéciale pour les Bulletins, note qui sera 
déposée en séance de la classe des sciences du mois de mars 


Voyage de Paul I" en Belgique en 1782; notice par 
M. Gachard, membre de l’Académie. 


Trois souverains du puissant empire de Russie ont visité 
la Belgique : Pierre le Grand en 1717; Paul I", alors qu'il 
n'était encore que grand - duc, en 1782; Alexandre I‘ en 
1815. Je me propose, lorsque j'aurai plus de loisirs, de 
raconter en détail le voyage de Pierre le Grand; j'ai ras- 
semblé dans ce dessein de nombreux matériaux. Si je fais 
aujourd’hui précéder cette relation de celle du voyage de 
Paul I, c’est qu'à ce dernier se rattache un événement 
qui marque dans les fastes de l'Académie, et qu'il m'a 
paru opportun de le rappeler au moment où nous nous 
préparons à célébrer le centième anniversaire de la fonda- 
tion de la Compagnie. 

Le 50 septembre 1781, le grand-duc czarowitz, fils 
unique de Pierre HE et de Catherine IE, et la grande- 
duchesse son cpou, reke en née Line de — 
Wurtemberg, q ial | 


Sco- 


( 132 ) 

Zelo pour entreprendre de visiter incognito, et sous le 
nom de comte ét comtesse du Nord, une partie de l'Eu- 
rope. Ils se rendirent d’abord à Vienne , où ils firent un 
assez long séjour (1). Le 4 janvier 1782 ils partirent de 
cette capitale, se dirigeant vers l'Italie. Ils séjournèrent 
successivement à Venise, à Naples, à Rome, à Florence, 
à Milan, à Turin. Le 18 mai ils arrivèrent à Paris; ils y 
passèrent un mois. Le grand-duc désirait connaître Brest, 
le principal arsenal maritime de la France : lorsqu'il l'eut 
visité, il prit le chemin des Pays-Bas. 

Dans tous les pays où ils s'étaient arrêtés, le comte et 
la comtesse du Nord avaient recueilli des hommages ren- 
dus non-seulement à leur rang élevé, mais encore aux 
qualités qui étaient réunies en leurs personnes. Paul avait, 
avec beaucoup d’esprit, le talent de saisir juste les idées 
et les choses, et d’en envisager avec promptitude toutes 
les faces et les circonstances (2). La princesse était jolie; 
elle possédait des connaissances variées ; elle cultivait avec 
succès la peinture et la musique : à Vienne, dans une 
visite à la manufacture impériale de porcelaine, elle avait 
dessiné sur une tasse, y appliquant ensuite les couleurs, 
de manière à exciter admiration de toutes les personnes 
qui étaient présentes (5). A ces talents divers Marie 


(1) Entre les particularités de ce séjour, il en est une que, pour sa sin- 
gularité, nous croyons sh a ici. Le conseiller de Kempelen, 
hongrois de nation n automate qui jouait aux échecs; le 7 
décembre, la grañde-duchesse Sn jouer une partie avec cet automate. 

n ne dit pas si elle la gagna. (L'Esprit des Gazettes, t. IV, p. 205.) 

(2) Ge sont les propres termes dont se sert, en parlant de lui, le grand- 
duc Léopold, dans une lettre du 5 juin 1782 écrite à son frère Joseph H. 
(Joseph II und Leopold von Toscana: ihr en von 1781 bis 
1790, par M. le chevalier d'Arneth, Vienne, 1872, t. I, p. 1 

(3) Esprit des Gazettes, t. IV, P- 191. 


rarr ee 


(133 ) 
Fedorowna joignait un caractère aimable et une douceur 
pleine de charme ; mais ce qui lui attirait surtout le res- 
pect et la sympathie générale, c'était l'attachement qu’elle 
témoignait à son époux (1). Tous deux avaient une grande 
volonté de voir, de s'instruire, et en même temps de 
réussir et de plaire (2). 

« Le voyage du grand-duc et de la grande-duchesse — 
écrivait Joseph II à son frère Léopold — est une époque 
certainement très-intéressante , el il n’est aucunement in- 
différent au bien-être de l'État et à quiconque pense en 
citoyen pour la patrie, à qui il doit son bien-être, que 

L. AA. IL. soient satisfaites de toutes les démonstrations 
d'amitié qu’elles éprouveront dans les différents endroits 
où la famille se trouve établie et où il y a des rejetons de 
la maison d'Autriche, afin que l'union commune de toute 
la famille relativement aux principes et à la façon de pen- 
ser à leur égard et à celui de toute la Russie ne leur laisse 
aucun doute sur la solidité et constance pour le présent 
et pour l'avenir de nos sentiments (3) ». 

En conformité de cette manière de voir, Joseph, pen- 
dant le séjour à Vienne du comte et de la comtesse du 
Nord, n’avait rien négligé pour leur être agréable. A 
exemple de l’empereur, la reine Caroline à Naples, le 
grand-duc Léopold à Florence, l'archiduc Ferdinand à 
Milan, Marie-Antoinette à Versailles, s'étaient efforcés de 


(1) Dans sa lettre ci-dessus citée, Léopold rend hommage aux belles 
qualités de la princesse. Le duc Albert de Saxe-Teschen, après l'avoir vue 
à Bruxelles, ne la jugeait pas moins favorablement. (Marie Christine, 
Erzhersogin von Oesterreich, par Adam Wolf, t. 

(2) Mémoire de Joseph H envoyé au grand-duc Léopold le 12 janvier 
#782. (Joseph II und Leopold, etc, t. 1, p. 555.) 

(3) Joseph II und Leopold von Toscana, etc., t. 1, k 352. 


x 


(434 ) 
leur complaire. Les illustres voyageurs devaient s'attendre 
à être l’objet des mêmes attentions, des mêmes préve- 
nances dans les Pays-Bas, que gouvernait l’archiduchesse 
Marie-Christine, sœur des reines de France et de Naples, 
conjointement avec le duc Albert de Saxe-Teschen, son 
époux. 

C'était par Dunkerque et Furnes que le comte et la 
comtesse du Nord devaient arriver dans ces provinces. 
Dès que l’archiduchesse et le duc Albert furent informés 
qu’ils approchaient de la frontière, ils se transportèrent 


: à Ostende avec le prince de Starhemberg, ministre pléni- 


potenliaire de l’empereur, pour les recevoir. Ostende, 
quoiqu’elle eût beaucoup gagné par la guerre d'Amérique, 
était bien loin d'offrir les ressources qu’elle présente 
aujourd’hui; il n’y avait guère que deux hôtelleries passa- 
bles, la Conciergerie de la maison de ville et la Cour 
impériale; l'une et l’autre furent retenues pour les princes 
russes et leur suite; les gouverneurs généraux se logèrent 
chez le commandant de la place, le comte de Rindsmaul. 
La ville manquait d’eau potable; on en fit apporter de 
Winnendale. Déjà des mesures avaient été prises afin que 
le voyage des grands-dues ne souffrit point de difficulté 
ni de retard : comme les relais de poste, depuis Furnes 


jusqu’à Bruxelles, n’étaient pas pourvus d’un nombre de - 


chevaux suffisant (1), les administrations de la châtellenie 
de Furnes, du Franc de Bruges, des châtellenies du Vieux- 
Bourg de Gand et des deux villes et pays d’Alost avaient 
été chargées de fournir ceux qui y manqueraient. Le 


MEN EU UA 


(1) Hen fallait cent cinq pour les grands-dues et leur train. — Le jour 
je leur ivée à Pari ‚le 18 mai 1 j le Ì t it été suspendu 


pour tous les autres voyageurs. 


Bi 


Rite p s a Fe SRE 
ARENO OT RES E. AA 


TE 


( 435 ) 
collége de la châtellenie de Furnes avait fait réparer les 
Chemins par lesquels devait passer le train impérial dans 
l'étendue de sa juridiction (1). 

Le 8 juillet 1782 le comte et la comtesse du Nord fran- 
chirent la frontière des Pays-Bas; ils trouvèrent à Furnes 
le prince de Starhemberg , qui les complimenta au nom 
des gouverneurs généraux. Ils arrivèrent le soir à Ostende, 
où ils descendirent à l'hôtel de la Conciergerie de la ville. 
__Dès qu’ils furent entrés dans leurs appartements, Parchi- 

duchesse Marie-Christine et le duc Albert vinrent leur 
rendre visite. : 

La suite de ces princes se composait d’une soixantaine 
de personnes, parmi lesquelles on distinguait le prince 
Kourakin, neveu du comte Panin, qui les accompagnait 
par attachement personnel et jouissait de toute leur con- 
fiance ; le général de Soltikoff, adjudant général de limpé- 
ratrice ; le prince Joussoupoff, grand amateur d’antiquités, 
d'arts et de tableaux , et le colonel de Benkendorff. 

Le 9 le comte et la comtesse du Nord rendirent à l'ar- 
chiduchesse et au duc Albert la visite qu’ils en avaient 
reçue. Ils allèrent ensemble voir la plate-forme d'où l'on 
découvrait la pleine mer; le port, le fanal et les ouvrages 
en cours d'exécution pour l'agrandissement du bassin. Ils 

>am bh $ t RR À J 1 : i 


Lalnnmnoc ani 


aux écluses de Slyckens. Là étaient préparées des barques 
pour les transporter à Gand. A leur arrivée dans la capitale 
de la Flandre, ils se rendirent au théâtre. Le jour suivant 
ils visitèrent la cathédrale et les bâtiments de la maison 
de correction. 
Après avoir diné, ils partirent pour Bruxelles. Des 
RE Re ee ed rene 


(4) Archives du royaume. 


( 156 ) 

appartements leur avaient été destinés à la cour; mais 
ils n’acceptaient de logement d'aucun des princes dont ils 
traversaient les États, et ce fut à l'hôtel de Belle-Vue 
qu’ils descendirent. Aussitôt après qu’ils y furent instaliés, 
les gouverneurs généraux, qui étaient retournés de Gand 
en même temps qu'eux, vinrent les prendre pour les 
mener au théâtre (1) : le bruit, répandu dans le public, 
qu’ils honoreraient le spectacle de leur présence, y avait _ 
attiré une affluence considérable ; elle les accueillit, à leur 
entrée dans la loge royale, par des acclamations réitérées. 

Le 44 Marie-Christine et le duc Albert, accompagnés 
du prince de Starhemberg, conduisirent les grands-ducs 
à Sainte-Gudule, au Béguinage et dans une des principales 
fabriques de dentelles; à Sainte-Gudule ils trouvèrent le 
cardinal de Franckenberg, archevêque de Malines, qui 
les recut à la tête du chapitre. Le même jour ils allèrent 
voir l'hôtel de la Monnaie. Lorsque, après s'être fait 
expliquer les différentes opérations du monnayage et avoir 
vu frapper plusieurs pièces d'or et d'argent, ils furent 
parvenus au balancier des médailles, le graveur général 
Théodore Van Berckel frappa devant eux et leur présenta 
une médaille qu’il avait gravée en leur honneur (2). Au 


(1) Dans le mémoire que nous avons cité déjà, Joseph H disait à son 
frère : « Le grand-duc ne danse point ; Mme la grande-duchesse danse sans 
» s'en soucier; des bals par conséquent ne sont bons pour eux qu'en au- 
» tant qu’ils rassemblent toute la noblesse... De la bonne musique paraît 
» faire plaisir à LL. AA. II., et un bon spectacle, surtout s’il n’est pas 
» trop long ni trop tard 

® Voici la dien de rs médaille : 

ers: Bustes, conjugés à droite ‚du prince et de la princesse. Légende : 
PL PETROW. K MAR. rate ee MAGNI RUTHEN. DUCES. — 
Sous les bustes : T. V. B. (Théodore Van Berckel). 
Revers : Instruments des sciences et des arts; attributs du commerce, 


(187) 

sortir de la Monnaie, les grands-ducs et les gouverneurs 
généraux se rendirent au cours : c'était alors l’Allée-Verte, 
Si délaissée aujourd'hui, qui était la promenade favorite 
des Bruxellois. Ce jour-là elle offrait un brillant coup d'œil 
par le grand nombre et la richesse des équipages qu’on y 
voyait réunis. Le soir il y eut appartement, bal et souper au 
palais. 

La connaissance des hommes distingués par leur savoir 
dans les différents pays qu’ils parcouraient faisait l'objet 
principal de la curiosité du comte et de la comtesse du 
Nord (1); ils témoignèrent le désir d’assister à une séance 
de l’Académie impériale et royale des sciences et des belles- 
lettres qui, créée depuis dix années à peine, s'était acquis 
déjà par ses travaux l'estime de l’Europe savante. L'Aca- 
démie était en vacances; elle fut convoquée extraordinai- 
rement. Nos devanciers siégeaient, à cette époque, dans un 
bâtiment situé rue d’Isabelle qui a été démoli au-commen- 
cement de ce siècle, pour faire place à l'escalier condui- 
Sant au passage où se voit la statue du général Belliard : 
là avait été installée la Bibliothèque royale rendue publique 
par Marie-Thérèse dans le même temps qu’elle fondait 
Académie; la salle qui renfermait les livres était celle qui 
servait aux séances des académiciens. Le 12 juillet l'archi- 
duchesse Marie-Christine et le duc Albert y conduisirent 
le comte et la comtesse du Nord que reçurent, à leur des- 
cente de voiture, le prince de Starhemberg, protecteur de 


de l'art mir d'abondance, etc. Exergue : BRUXELLIS. MENSE 
en - NDCCLXXXIT (en kiayi naso 


diamàt 


pe Ménéire cité de Joseph H. du Il and Lsogolt von denderen A 
ul, p. 555.) j 
2™° SÉRIE, TOME XXXII. 10 


( 138 ) 
l’Académie, et son président, M. de Crumpipen , chancelier 
de Brabant, à la tête de toute la Compagnie. Lorsque les 
grands-ducs eurent pris place dans la salle des délibéra- 
tions, le secrétaire perpétuel (1) leur adressa la parole dans 
les termes suivants : 

« Quand les plus fameuses contrées de l’Europe témoi- 
guoient la joie extrême que leur donnoit la présence de 
deux voyageurs qui cachoient, sous un nom modeste, un 
nom auguste et, sous un dehors simple, des qualités admi- 
rables, les Pays-Bas sentoient un vif désir de partager la 
satisfaction générale. Enfin tous les vœux sont remplis, 
et Bruxelles peut joindre ses acclamations à celles de 
Vienne, de Rome et de Paris. 

» Pour nous, qui travaillons, sous la protection d’un 
souverain éclairé et sous les ordres de ses gouverneurs, à 
propager les lettres et les sciences, lorsque nous vimes, 
Ô princes chéris, que vous les honoriez de vos regards, 
que vous y consacriez les moments de votre précieux loisir, 
que vous formiez dans vos palais ces nombreuses biblio- 
thèques, ces riches collections où la nature et les arts éta- 
lent leurs merveilles, nos cœurs se sont ouverts à la joie, 
et nous avons félicité le siècle où nous vivons : aujourd’hui 
que nous vous voyons déposer l’éclat qui environne vos 
têtes augustes, pour vous rendre à nos assemblées, il n’est 
pas un de nous qui ne sente exciter, par votre présence, 
ce courage et cette ardeur que vous seuls savez inspirer. 

» Un puissant monarque et, qui plus est, un grand 
homme, dont la renommée vivra dans les plaines belgi- 
ques aussi longtemps que dans l’enceinte de son vaste em- 


(1) Jean Des Roches, qui avait été appelé à ces fonctions en 1776, en 
re érard. i 


( 139 ) 
pire, créa le premier un genre d’émulation que les souve- 
rains n’avoient pas connu. Il vint s'asseoir avec les gens de 
lettres, s’instruisit avec eux, partagea leurs travaux, et les 
instruisit à son tour : une célèbre académie conserve les 
productions de son génie. La nôtre n'existoit pas ; mais en 
voyant assis en ce lieu ces illustres amis des sciences, ces 
personnages si grands, si chers à tant de nations, elle n’a 
rien à regretter. Elle sent tout le prix d’une pareille visite, 
et pénétrée d'admiration et de reconnaissance, elle consi- 
gnera dans ses fastes l'honneur qu'elle reçoit en ce jour. » 

Le président fit hommage aux illustres voyageurs des 
trois volumes de Mémoires que l’Académie avait publiés 
jusque-là. Le trésorier leur présenta le jeton ordinaire de 
présence qui se distribuait aux académiciens; ils l’accep- 
tèrent gracieusement, ainsi que les gouverneurs généraux, 
auxquels il fut également offert. 

Trois nouveaux mémoires étaient déposés sur le bureau: 
le premier, de Des Roches, intitulé : Dissertation sur létat 
militaire dans les Pays-Bas sous le gouvernement des ducs 
et des comtes , depuis l’année 1100 jusqu’au règne de la 
maison d'Autriche, vers la fin du quinzième siècle; le 
deuxième, de l'abbé Mann, portant pour titre : Vue géné- 
rale des derniers progrès des sciences académiques et de ce 
qui reste à faire pour les amener de plus en plus vers leur 
perfection; le troisième, du marquis du Chasteler, conte- 
nant des Réflexions sur les troubles des Pays-Bas sous le 
gouvernement de Marguerite de Parme. Sur la désignation 
de la comtesse du Nord (1), M. de Crumpipen donna lec- 


(9) Fes ce que dit JR Ge en Faye Ras eg te janin Sa Dpt 
le 


D 
PA LS MP ME ait AtA ot + 


ture du mémoi p ur 


à 


(440) 

ture du second. La séance ayant été levée ensuite, le grand- 
duc et la grande-duchesse examinèrent les manuscrits les 
_ plus précieux de la Bibliothèque (1). Le reste de la journée 
fut employé à visiter les ateliers du fameux fabricant de 
voitures Simons. Il y eut, comme la veille, grand diner au 
palais, à la suite duquel les gouverneurs généraux condui- 
sirent leurs hôtes au théâtre. La soirée se termina par une 
promenade au Wauxhall dont les massifs avaient été illu- 
minés. 

Le comte et la comtesse du Nord quittèrent Bruxelles le 
43 juillet. L’archiduchesse et le duc son époux les accom- 
pagnèrent à Anvers, où ils leur firent voir les principales 
églises, l'académie de peinture, les cabinets de plusieurs 
particuliers, le port et les édifices les plus remarquables. 
Le 14 Marie-Christine et Albert firent leurs adieux aux 
grands-dues, qui partaient pour la Hollande. A propos du 
séjour de Paul 4°" à Bruxelles, l'historien de Marie-Chris- 
tine, M. Adam Wolf, nous révèle une particularité singu- 
` lière; il cite une lettre du prince Albért où Pon lit que le 
grand-duc était obsédé de l’idée qu’on l’empoisonnerait un 
jour ( 

En Hollande le comte et la comtesse du Nord ne man- 
quèrent pas de visiter Saardam. où Pierre le Grand, en 
1697, était venu apprendre la construction des vaisseaux. 
Ils voulurent voir les deux chantiers où avait travaillé, 


> Royales, » c'est-à-dire par les gouverneurs généraux. Ces deux versions 
ne sont pas aussi discordantes qu’elles le paraissent au premier abord : 
convenances n'exigeaient-elles pas que les gouverneurs généraux consul- 
tassent le désir de leurs illustres hôtes ? 

(1) Mémoires de l'Académie, t. IV, Journal des séances, p. xti. 

(2 hat immer die Jdee, dass er einmal vergiftet wird.. 
(Marie Christin, Re von ARUDA tip 200. ) 


(AM ) 

vêtu en simple ouvrier, le fondateur de la puissance de la 
Rüssie, et la maison qu’il avait habitée : cette maison était 
occupée par le petit-fils de celui qui l'avait louée au czar; 
ils l’examinèrent en détail, et ne la quittèrent pas sans faire 
ressentir au modeste villageois qui la tenait en héritage 
de ses pères les effets de leur munificence. Au moment où 
ils y entraient, le docteur Lefébure, d'Amsterdam , leur 
présenta l’Éloge historique de Pierre le Grand, qu'il venait 
de composer, et dont ils acceptèrent la dédicace. 

Des Provinces-Unies les grands-ducs se rendirent, par 
Maestricht, à Spa, où l'archiduchesse Marie-Christine et le 
duc Albert les rejoignirent. Là aussi on conservait des sou- 
venirs de Pierre 1° : en 1717, ce monarque avait pris les 
eaux de la Géronstère, qui lui avaient fait le plus grand 
bien; une inscription avec les armes du czar rappelait cet 
événement; les grands-dues la considérèrent avec un vif 
intérêt. Une foule de princes, de princesses, de hauts per- 
sonnages se trouvaient en ce moment réunis à Spa ; aussi 
les fêtes qui y furent données en l'honneur des princes 
russes eurent-elles beaucoup d'éclat. 

Après deux jours passés dans cette charmante ville de 
bains (1), le comte et la comtesse du Nord prirent la route 
de l'Allemagne. De Francfort ils se dirigèrent, par Stras- 
bourg, vers Montbéliard, où les attendait la famille ducale 
de Wurtemberg, qu'ils retrouvèrent à Stuttgart au mois de 
septembre. Ils s'arrêtèrent encore quelque temps dans la 
capitale de l'Autriche. Le 4° décembre ils étaient de retour 
à Saint-Pétersbourg ; leur voyage avait duré quatorze mois. 


(1) Le 22 et le 25 juillet. 


(14) 


Une lettre de Simyer au duc d'Anjou, par M. le baron 
Kervyn de Lettenhove, membre de l'Académie. 


Dès 1571, le duc d'Anjou recherchait la main de la 
reine d'Angleterre. Mal vu des catholiques (1), dont quel- 
ques-uns à peine attendaient de lui la délivrance de Marie 
Stuart, il n’inspirait pas plus de confiance aux protes- 
tants. Élisabeth elle-même hésitait, rompant ou reprenant 
les négociations selon les besoins de sa politique, quand 
tout à coup, au mois d'août 1572, la Saint-Barthélemy 
vint élever contre toute alliance entre les maisons royales 
de France et d'Angleterre un obstacle qui semblait insur- 
montable (2). 

Cependant le due d'Anjou ne se découragea point. Il 
affecta de déclarer que, loin d’avoir pris la moindre part à 
ce qui venait de se passer (5), il en plaignait les victimes; 
et un mois à peine s'était écoulé depuis l'extermination des 
protestants réunis à Paris, lorsqu'il écrivait à la reine 
d'Angleterre pour lui recommander un gentilhomme hu- 


(1) Au mois d'avril 1571, Charles IX s'opposait aux projets que son 
frère avait formés en Ang er 

(2) Lord Burleigh écrivait de sa main sur une relation de la Saiat-Bar- 
thélemy : What perill may come to Engela > 

(5) Dans une lettre datée de Paris, 20 mai, sans indication d'année, le 


duc d'Anjou réclamait l'appui de Ia reine d’Angleterre « pour le tirer des . 


» mains de ceux qui ne cherchent qu'à lui faire perdre la vie ou le rendre 
» à la merci de ses ennemis par une captivité perpétuelle. » 


| 
| 


| 
| 
| 


( 145 ) 
guenot de sa chambre « contraint à demeurer par delà à 
» cause de sa religion (1). » 

Quel était ce gentilhomme , agent secret du duc d'Anjou, 
aussi habile que dévoué, aussi insinuant qu’éloquent ? Il 
s'appelait Simyer, et il trouvait dans ee nom qui rappelait 
un mot latin, matière à de bizarres rapprochements et à 
d'étranges plaisanteries. 

« Vostre Majesté, disait Simyer dans une lettre adressée 
» à Elisabeth, pourra entandre lindisposition de vostre 
» singe. Je prandré l'ardyesse de baisser l'ombre de vos 
» piés. A jamais vostre singe très-fidelle. » 

Le duc d'Anjou ne le désignait pas autrement. Il écri- 
vait de Douvres à la reine d'Angleterre : « Madame, je 
» vous envoyré vostre singe tout ausi tost que je seré en 
» barqué, » et il ajoutait, quelques instants après, en 
mettant le pied sur son navire : « Je vous renvoie vostre 
» singe, car aussi bien ne pourroit-il me faire rire. Je suis 
» trop triste, voyant que leure s'approche que je vais 
» m'éloigner de vous. » Il disait dans une autre lettre : 
« Desjà vous avés peu entendre de nostre singe mon de- 
» partement de la cour. » Il écrivait à Symier lui-même : 
« Singe, je ay entendu se qui vous et aryvé. » 

C’est ce titre que Simyer s’attribue dans toutes ses lettres 
à Élisabeth, etil lui assurait un accès assez facile près d'elle, 
puisque, dans un billet au due d'Alençon, il se vante de 


(1) Lettre du duc d'Anjou, du 28 septembre 1572. Cette lettre n'est 
pas éerite par lui, et il se borne à la terminer par ces lignes : Madame, je 
vous supli m'excuser si sete letre n'est toute escripte de ma min, et croiés 
que n’ay peu faire autrement. Vostre humble et plus afectionné à vous 
faire servise, 

FRANCOYS. 


(14 ) 
s'être emparé, dans sa chambre, de sa coiffe de nuit (4). 

Il fant néanmoins le reconnaître, ce frivole et humble 
courtisan était capable des plus vastes desseins, et en 
voyant le duc d’Anjou suspect à sa mère et à son frère, 
rejeté par la reine d’Angleterre, méprisé et abandonné de 
tous, il concut le projet d'en faire le chef de la ligue pro- 
testante en Europe. Si, comptant pour lieutenants Henri 
de Navarre et le prince de Condé, il ralliait sous ses dra- 
peaux les huguenots de la France, de l'Allemagne, des 
Pays-Bas et de la Suisse; si, ayant sous ses ordres des 
rois et des princes, il se proclamait leur empereur, com- 
ment Élisabeth pourrait-elle lui refuser sa main? La puis- 
sance du duc d'Anjou ne deviendrait-elle pas formidable, 
et l’Angleterre ne se verrait-elle pas réduite à solliciter 
son concours et son appui ? : 

Il faut citer, sans en omettre une ligne, la lettre que 
Simyer écrivait au duc d'Anjou le 5 décembre 1572. 

Il est aisé de rétablir les noms simulés qui s’y rencon- 
trent. Lucidor est le duc d'Anjou; Madame de l'Ile, Élisa- 
beth; Mademoiselle de la Serpente, Marie Stuart. Ce qui 
ajoute à l'importance de ce document, c’est que la dernière 
partie semble avoir été écrite de concert avec l’un des mi- 
nistres de la reine d'Angleterre, lord Burleigh. 


. Seigneur Lucidor, voicy la dernière de toutes mes lettres, par 
laquelle vous serez adverty qu’après avoir sogneusement exa- 


miné toutes choses avecq le discours de la raison et rapporté 


(1) Lesieur de Simyé me fait entand sa bonne fortune l'a conduict 
à se trouver un min. en vostre hae à où à il vous a desrobé une coyfe 
de nuict qu'il m’a envoyé, laquele je garderé sognieusement avec le mo- 
choer. (Lettre du duc d'Anjou, du 17 mai 1580. 


PEARES N A EN ME a 


| 
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| 
| 


( 145 ) 

ce qui s’est passé à mon arrivée, à ce que j'ay peu voir et ap- 
prendre depuis, je treuve que le mieux que vous puissiez faire, 
sera de suivre vostre première résolution et vous en venir 
par deçà, m’ozant quasy faire fort que, vous y estant, les choses 
prendront telle yssue que vous la sçauriez désirer. Car il faut 
en premier lieu que vous scachiez qu le reffus que madame 
de Lisle me feit du point principal, n’estoit fondé que sur la dé- 
fiance qu’on luy avoit imprymée de moy, laquelle luy estoit 
augmentée de jour à aultre, en sorte qu'elle n’eust pas esté 
bien conseillée de prometre si légèrement une chose de tel 
poids sur la simple créance d’une lettre signée de vostre main; 
pour l’autre, selon ce que je puis discourir, la maison de leurs 
voisins nouvellement bruslée les doit tenir suspendus en quel- 
que appréhension, d’autant qu'il semble que ce massacre der- 
nier menace l’Europe d’un remuement universel, qui ne peut 
arriver sans qu'il eslève une infinité de séditions au dedans de 
chasque royaulme et ung monde de guerres ouvertes au de- 
hors, au moyen de quoy ceulx-cy qui sont de la mesme livrée 
que les offensés, faits plus saiges par l’exemple et dommage 
d’aultrui, désirent d’aultant plus aussy se fortifier par tous 
moyens-que pourront pour se garder de tomber en pareil in- 
convénient et courre mesme fortune qu’eulx. Et comme ils ne 
sont pas sy maladvisés qu'ils ne congnoissent bien que ce leur 
sera tousjours ung fort beau et fort seur moyen de pourvoir à 
leurs affères et de se conserver, que celuy quy leur est pré- 
senté de vostre part, attendu que, soubs l'ombre de vostre re- 
traite par decà, ils se pourront dire avoir ung chef de tel lieu, 
que le reste de ceulx qui ont envie de remuer ménage et se 
deffendre contre les efforts des ennemis de l'Évangile par rai- 
son, seront contraints de se venir retirer près de luy et mar- 
cher sous son auctorité, je vous laisse à considérer s'ils ont 
occasion de souhaitter le seigneur Lucidor per deçà; je croy, 
quand à moy, qu'ils le vouldroient désjà tenir à tous leurs pé 
rils et fortunes. 


( 146 ) 

Oultre et pardessus tout cela, je vous puis assurer (quy est 
Pour revenir à mon premier point) que tant de ce que j’ay pu 
congnoistre par le langaige que madame de l'Isle ma tenu, que 

de ce que j’ay appris depuis quelque temps, il n’y a prince au 
monde qu’elle désire tant que vous au cas qu’elle se vueille 
maryer, comme je scay que c'est sa délibération, suyvant ce 
que je vous ay escrit par mes précédentes lettres; car, lorsque 
elle parloit à moy de vous secourir, c’estoit avec une véhé- 
mence et affection si grande, qu’elle me dist jusques là qu’elle 
n'y épargneroit rien de ce quy estoit en sa puissance , comme 
si par ce propos, elle eust voulu faire entendre qu’elle estoit 
disposée de tenter plustost toute fortune que de permettre ou 
endurer que l’on entreprist de faire tort à la personne de ce 
monde qui luy doibt ung jour appartenir de plus près. Elle 
ne me voulut pas trancher la parolle que vous désirez, mais il 
me sembla que son cœur me disoit par ses yeux : « Dites-luy 
» qu'il vienne et qu’il ne désespère de rien. S'il y a prince au 
> monde que jespouse, ce sera celuy-là. » Et de faict, suivant 
ce propos, elle escrivit incontinent après à monsieur de Che- 
vrian à ce que vous assurast de la part d’elle que vous ne man- 
queriez jamais de tout le secours qu’elle vous pourroit donner, 
comme je croy qu'il n’aura pas failly à vous le dire. 

Ainsy doneques mes prémises lettres (car j’estois encor nou- 
veau venus en ce temps-là et ne pouvois voir sy clair comme 
je fais de présent aux affaires de decà) ne vous doibvent point 

. oster, ny tant soit peu reffroidir l’envye de suivre vostre réso- 
lution première ; car indubitablement les choses que j'apprens 
“tous les jours, me font juger que madame de l'Isle ne se feust 
pas conduite en habile femme, si pour lors elle m’eust faict 
aultre response que celle que je vous ay escript qu’elle m’avoit 
faict. Cela vous soit doncques comme pour ung point raclé que, 
sy elle veult et désire un mary, comme je sçay qu’elle en a 
grand désir, ce ne peult estre que le seigneur Lucidor, et pour 
ung aultre article résolu qu’elle ne traitera jamais rien tou- 


(A47 ) 

chant ce faict par le moyen d’une entreveue d'elle et de Mad°"° 
de la Serpente, car c'est chose qu’elle ma bien fort asseuré 
pour des raisons que vous-mesmes vous pouvez bien ymaginer. 
De penser aussy pratiquer cest affère par les moyens ordi- 
naires, c'est abus. Croyez que je n’y vois point d'ordre, car tout 
ee qui vient du eosté de delà, s’est tellement rendu suspect à 
celuy de decà par le massacre dernyer que combien qu’en ce 
faict-iey les nostres eussent par aventure quelque bonne in- 
tention (ce quy est malaisé à croire), ceulx-ey ne la pourront 
jamais interpréter que tout au contraire, et penseront tous- 
jours qu’une telle négociation ne tende qu’à leur dresser ung 
las pour les prendre au piége et les faire assoir quand et les 
morts à la table du festin qui fust faict à Paris le xx1v* jour 
d'aoust. 

Ainsy donques il ne vous reste moyen aucun pour vous 
tyrer d’entre ceulx qui ne vous aiment guère, et venir prendre 
possession du bien qui vous est quasi comme asseuré par decà, 
si ce n’est celui de vostre première résolution. Mais, pour ne 
vous mentir point et vous parler librement comme j'y suis 
tenu, puisqu'il vous a pleu vous reposer sur moy de tout ce 
faict, ay bien oppinion que d’autant que cecy ne se traictera 
plus avec l'autorité de vostre frère aisné, madame de Flsle 
désireroit, avant que passer plus outre, quand ce ne seroit que 
pour satisfaire à la pluspart du monde qui ne se paist que de 
l'apparence et ne juge pas plus avant que ce qu’il voit, qu'eus- 
siez acquis quelque aultre grade que celuy qu’avez apporté du 
ventre de la mère, lequel, n’estant plus soustenu de l'aucto- 
rité de vos plus proches (car ceey ne se peust faire, si vous ne 
vous séparez d'avecq eulx), viendra comme à déchoir et ne 
sera pas estimé d’abbordée comme si vous estiez tousjours 
auprès d'eulx et comme si ce faict continuoit à se manier par 
leurs mains. Ainsi donques elle vouldroit, à mon advis, et dé- 
sirerois + sur és ca quetant pae la raison prier us 


in OS + tpo 


pour D uu quelque ber : : 


( 148 ) 
fidélité, l’on vous eust esleu pour chef en quelque armée, ce 
que je croy qu’elle-meismes vous moyennera, affin qu’un jour 
aussy on ne luy pust remettre devant les yeux qu’elle vous 
eust épousé comme fugitif et sans-estre honoré d’aucun titre 
que de votre naturel. 

Or est-il bien certain que telle chose ne pourra jamais estre 
jusques à ce que l’on vous voie séparé de la compagnie et du 
conseil de vos supérieurs; car, pendant que l'on vous verra 
comme joint avecq eulx, il ne faut pas faire estat que homme 
vivant soit sy hardi de vous faire ces ouvertures. Et aura-t’on 
tousjours oppinion, quelque payne que vous mettiez de faire 
le contraire, que vous et eulx ne soyez qu’un , et par ainsy, 
quand bien on auroit la plus grande envie du monde de se 
communiquer à vous par choses semblables, la crainte d'estre 
descouvert la fera perdre. Mais quand l’on verra que vous 
aurez pris le frein aux dents et que vous vous serez sequestré 
de la trouppe et conversation des tyrans (c’est le nom qu’on 
leur donne parmi les estrangers), qu’il y aura moyen de se 
servir de la proudhomie du courage que Dieu a mis en vous 
et de la grandeur dans laquelle il vous a fait naistre, ce sera 
lors que l’on commencera à prendre assurance de vous, ce 
sera lors que l’on vous envoyra de toutes pars ambassadeurs 
exprès pour vous prier d’estre chef de la cause de l'Evangile , 
lors que l’Angleterre sera bien ayse de vous secourir et ayder 
de toute sa puissance , et que tant de braves cavaliers françois 
malcontens, qui ont esté oultragés en la mort de leurs frères, 
parents et amis et injustement dépossédés de leurs maisons, 
se viendront rendre à vos piés pour y hasarder leurs biens et 
leur vie. 

Or ne pouvez-vous, comme je vous ay dit, donner commen- 
cement, ny fin à ces choses, que premièrement vous ne vous 
soyez résolu de quitter la compagnie de vos plus proches; cela 
faict, de ne pridie. tre nee Fe celuy de depa, oultre 

1 


Ur e que Ee ar ynn F g 


era Ze 


(149 ) 

Cecy vous y doit induire et convier d’advantage que les Alle- 
mans pour chose seure se liguent avecq ceste nation. Par 
ainsy vous frapperez deux coups d’une seule pierre, authori- 
sant vostre arryvée de l’espérance d'une charge si grande et 
magnifique et donnant par cest acte plus de moyen à madame 
de l'Isle et à vous de traiter, suivant le désir qu’elle en a , les 
choses commencées avecq les solennités requises à la charge 
de l'ung et de Paultre. Et me semble qu'en parlant à elle jay 
si avant penétré dans ses discours qu'il m'a esté aysé de 
congnoistre que la fin et but de son intention estoit celle-là. 

ar, posez le cas que la bonne volonté qu’elle a manifestement 
faict paroistre en vostre endroict josques au jour du massacre, 
voire celle de ses plus fidelles amys, eust été altérée et bien 
fort refroidie par ung acte si desloyal, et que pour ceste occa- 
sion pas ung de son conseil ne fust d'advis qu’elle ne pensast 
plus à vous. 

Cependant si l’on vient à congnoistre (suivant l’asseurance 
que je leur ai donnée de votre innocence en tout ce qui s'est 
passé et du danger que vous-mesme y avez couru et courez 
tous les jours) que vous soyez sur le point d’estre recherché 
de tous costés pour vous rendre et vous constituer chef, et, 
par manière de dire, empereur commandant à tant de grands 
princes et seigneurs , à vostre advis , sy alors elle n'aura pas 
forte occasion de remettre enfin les premiers propos de ce 
mariage et faire une ample déclaration de l’honneste affection 
et voulonté qu'elle vous a tousjours portée jusques à présent, 
et si par conséquent les amis dont elle fait le plus d'estat, ne 
se tiendront pas très-heureux de vous avoir pour seigneur, et, 
au lieu que par le passé il a peu estre que les eussiez recher- 
chés et priés, ne seront pas eux-mesmes contraints à l'advenir 
de vous rechercher et prier? 

Ne faites point de doute, mon maistre, que ce que madame 
de l'Isle vous a envoyé offrir tout secours avecq une prompti- 


tude et affection si grande, go esté en intention de vous 


( 150 ) 

attirer en ses quartiers le plus tost que faire se pourroit, 
s’asseurant bien qu'incontinent après vostre arrivée l'on com- 
mencera à jetter les fondemens d’une brave et gaillarde réso- 
lution, par s'opposer aux efforts et tyrannie des infracteurs 
de paix et perturbateurs du repos publieq, qui vouldroient à 
Padvenir entreprendre de se bander contre ceulx qui font 
profession de l'Evangile, et qu'avant que de rien faire ou en- 
treprendre pour le fait de la guerre, vous voyant ici tout 
porté sy à propos, on s’essayera (aflin de rendre les choses 
plus asseurées de tout point) de faire sortir effect à ce mariage, 
comme si par l'union et accord indissoluble de l'ung, on voul- 
loit establir une perpetuelle allyance et confédération de 
Paultre. Sans faulte, c’est la seule raison qui la mut de m'offrir 
‘si voulontiers le secours et de ne m’accorder si librement le 
point principal; et tant plus je me suis mys à la ruminer, el 
plus je lai trouvée véritable, car si elle n’avoit point envye de 
vous espouser, il n’y auroit point d'apparence, estant les choses 
disposées comme elles sont, de vous offrir si libéralement le 
reste, veu la conséquence qu'il emporte l'offre si ouverte du 
premier argue au consentement segret du dernier, lequel elle 
fait fort sagement de taire jusques à ce qu’elle-mesmes vous le 
puisse dyre de bouche. Ils est done très-nécessaire, pour 
donner une fin aux choses commencées, que vous venez, et 
n’est pas nécessaire que vous demeuriez plus là. Car, quant à 
moy vous en parler de tel serviteur que je vous suis, je tiens 
les choses quasi comme si elles estoient faictes , d'aultant qu'il 
fault tousjours revenir à ceste maxime que manet de FIsle 
vous veut et vous doibt vouloir. 

Venez seulement : mettez vostre personne en sûreté, el 
laissez faire à Dieu du reste. H ne fault point laisser refroidir 
eeste entreprise, car elle a besoing d’estre chauldement exé- 
eutée. Si vos conseils sont longs et vos effects sont lents, re- 
gardez quelle en sera la fin. J'aprens tous les jours que l'Ale- 
:maigne s'arme , et scay qui se meinent de grandes et merveil- 


( 451 ) 

leuses pratiques pour ce faict. J'ay aussy esté adverti qu’il n'y 
a pas encore huict jours que quelques-ungs des principaux 
de decà ont demandé congé à madame de l'Isle pour en faire 
de mesme et lever les armes, monstrans en toutes leurs actions 
et propos une très-ardente envie de combattre et s'opposer 
aux pernicieux desseins de ceulx qui en leurs conceptions 
démesurées se promettent que les mers et les montaignes ne 
leur pourront résister après le beau coup d’essay qu’ils ont 
fait. 

Or je n'ignore point aussy que, si vous estiez hors de là et 
en lieu où l’on pust parler à vous librement et vous remonstrer 
que le Dieu vivant vous appelle à chose si haute et glorieuse , 
vous vous layrriez aisément persuader à la raison et n'esti- 
meriez rien tant que l’occasion qui vous est offerte de vous 
faire avecq une juste querelle en main le plus grand et le plus - 
redoubté prince de la chrestienté. Considérez, je vous prie, 
qu’une infinité de seigneurs et galants hommes qui vous sont 
esclaves dans le cœur, pour savoir que n’avez point assisté à 
ce massacre, aussy pour l'assurance qu'ils ont de vostre valeur 
et intégrité, ont la veue dressée sur vous. Mettez-vous devant 
les yeux qu’ung monde de pauvres âmes aflligées souspirent 
et gémissent après vous. 

D'ailleurs, loccasion qui ne se présente jamais deux fois, 
vous convie avec les yeux rians et vous semond à vous haster, 
et y a danger que si vous négligez les ouvertures qu'elle vous 
faict, et qu’à ceste semonce vous ne vous esvertuez et mettiez 
peine de voler de vos aisles jusques iey pour venir prendre 
possession de la faveur que vostre présence y pourra acquérir 
plus que ne pourront tous les ambassades que vous y pour 
envoyer, elle ne la résigne entre les mains d'ung aultre qu'elle 
mesme présentera de sa main, à quoy puis après vous aurez 
occasion d’avoir regret toute vostre vie. C'est moy vostre ser- 
viteur qui parle à vous mon maistre et qui vous dis pour 
conclusion que pendant que l’on vous verra enveloppé aux — 


(152) 

délices de la court sous laisse et authorité de eeulx qui ont si 
injustement répandu le sang de tant de gens de bien, il ne 
faut pas que vous faciez estat que l’on se veuille jamais fyer 
en vous de chose d'importance, quelque assurance que l'on 
puisse donner, voire quelques protestations que l’on puisse 
faire de vostre part, car encore que l’on vous tienne pour 
prince droit et conscientieux, l’on a tousjours oppinion que 
l'ombre des mauvais est contagieuse. 


Or je sçay bien que, s’il y a raison qui vous puisse divertir 


de. venir, ce sera pour la crainte que vous aurez de demeurer 
entre deux selles le cul à terre, s’il advenoit que madame de 
l'Isle ne voulust point vous espouser, quand vous serez par 
deçà, comme il vous semble qu’il y ait apparence puisqu'elle 
a'a pas voullu donner sa parole; mais souvenez-vous , seigneur 
Lucidor, que vous estes d’une maison de laquelle sont yssus 
tant d'empereurs, de princes et de roys, qu’il n’y a pays, 
contrée ou coin en tout lunivers là où vous ne soyez tousjours 
le très-bien venu, estant ce que vous estes, et là où vous ne 
trouviez tousjours ung roy, ung prince ou ung grand seigneur 
qui ayt cest honneur de vous appartenir et qui par conséquent 
ne se mette en debvoir de vous secourir d'une partie de sa 
puissance, quand bien l’Angleterre vous vouldroit abandonner 
de tout point après vostre arrivée, ce que je m'assure qu'elle 
ne fera pas, car vous avez affaire à une trop brave et trop 
généreuse princesse. Et comme je lui ai respondu sur ma teste 
de vous, je vous responds d'elle sur ma teste aussy; car, 
encore qu’elle ne vous espousast point, sy debvez vous estre 
asseuré qu’elle a le cœur assis en si bon lieu qu’elle ne per- 
mettroit jamais qu'eussiez faulte de chose qui feust en sa puis- 
sance. Mais quand ainsy seroit, dites-moy, je vous, pry, si 
vous penseriez pour cela demeurer sans moyen ? Si ung petit 
prince d’Aurange, un comte Ludovieq, privés de la grasce de 
leur maitre pour une bonne cause, ont bien eu le pouvoir de 
mettre tant de mille hommes ensemble et bien arrester sur 


( 153 ) 

cul les plus grosses armées et donner. assez que penser aux 
plus braves cappitaines de l’Europe, à vostre advis que fera 
ung fils et frère de roy, un duc d’Alançon forusci de son pays 
pour n’avoir voulu assister au plus desloyal massacre, à Pacte 
le plus indigne, à la plus infâme tyrannie et la plus brutale et 
monstrueuse inhumanité qui ayt esté cominise despuis la eréa- 
tion du monde? Certes, il ne fault point faire de doubte, sei- 
gneur Lucidor , qu'en vue d’une telle occasion vous ne tirissiez 
après vous toute l'Alemaigne, tous les Suisses et la meilleure 
et la plus seyne part de toute la France. Somme il ne seroit 
pas fils de bonne mère, qui ne vous ayderoit, secourust et 
servist de tout son pouvoir. Ne craignez donques point , sei- 
gneur Lucidor, que terre vous manque ou que moyen vous 
défaille, je dis quand mesmes il adviendroit que l'Angleterre 
vous faillist; car Dieu, qui est père des justes et protecteur 
des innocens, ne vous abbandonnera jamais. 

Or si vostre résolution est de venir, comme je m'assure 
qu’elle sera après avoir veu ceste lettre, je vous prye vous 
Souvenyr, quand vous approcherez du jour de vostre parte- 
ment, de monstrer en toutes vos actions et propos, soit en pu- 
blieq, soit retyré, ung extresme désir de vous donner du bon 
temps par delà tout cest hyver, soit à la chasse, à la paulme, 
parmy les dames, et mesmes faire des parties et commander 
diverses sortes d’acoustremens pour aller en masque, comme 
Sy vous vouliez fayre congnoistre à tout le monde que vos pen- 
semens ne montent point plus haut que cela, mais qu’au con- 
traire vous avés délibéré d'ensepvelir en toutes sortes de passe- 
temps toutes les occasions qu’on a cues de se fâcher depuis 
trois mois. Surtout commencez dès maintenant, si desjà ne 
l'avez fait, à rechercher la royne vostre mère et monsieur 
vostre frère plus que de coustume et avecq ung visaige plus 
ouvert en sorte qu'on y puisse lire que vous avez toutes les 
envies du monde de rentrer en leurs bonnes grâces plus avant 
que jamais et d'approuver d'iey là avant tout ce qu’ils trouve — 

27° SÉRIE, TOME XXXHI. 


(154) 

ront bon, jusques à vous despouiller de vos propres voulontés 
pour suivre et vous accommoder entièrement au leur, et de 
cela en faire par occasion, comme en passant, ung petit dis- 
cours à part,à ceulx que vous penserez ne le debvoir céler à la 
royne vostre mère. Les beaux samblants et longues dissimula- 
tions dont ils ont uzé en vostre endroict pour l'exécution d’une 
sy malheureuse entreprise, nous seront une bonne escole pour 
les apprendre d’iceulx affin de nous en servyr en choses meil- 
leures. 

(1) Or n'est-ce pas tout ce que j'ai à vous dire; car, si pour faire 
ung traict d’extrémement galant homme et duquel il seroit à 
jamais parlé, vous pouviez amener quant et vous vostre beau- 
frère et son cousin germain, il ne fust jamais telles nopces. À 
. quoi je ne voy moyen plus propre qu’une entreprise de masque 
arrestée de longue main, quy seroit de monter en coche ung 

beau soir et faisant semblant d'aller roder par la ville, comme 
Fon a accoustumé tous les hyvers jusques à trois et quaitre 
heures après minuit, et, et dès l'heure que vous seriez hors des 
portes du chasteau vous en aller chasquung avecq vos servi- 
teurs plus fidelles en ung logys destiné, monter à cheval des- 
guisés et avecq bons guides une gee toute a nuict, qui 
deçà, qui delà, par divers chemins l vien 
droient tous rendre à ung certain rendez- vous le plus près 
de la mer que l’on pourroit, où vous auriez donné ordre pour 
chevaux de relais, en sorte qu'avant que l’on pust avoir cer- 
taines nouvelles de vous, vous seriez desjà à la rade, où nous 
vous attendrions. La chose me semble d’aultant plus aysée à 
conduire de ceste facon que l’on a coustume de tenir une en- 
treprise de masque segrète jusques à l’heure mesmes qu'elle 
se doibt exécuter , et que par ce moyen l’on ne donne pas le 


(1) Note d'une autre écriture en marge : J'ay monstré au mylord Burley 
ce qui s'ensuyt dès le tems mesme que ceste lettre fut despeschée à Lu- 
eidor. 


( 155 ) 

loysir de penser que sous une entreprise de masquarade il y 
en ait une aultre cachée. Vous pourrez adjouster à ceste inven- 
tion ce qui vous semblera plus à propos sur les lieux selon 
qu'on faict la guerre à l'œil. Surtout il faudroit bien estre as- 
suré de la fidélité de ceulx que chasquung prendra quant et 
soy, car vous sçavez de quoy il y va. Voilà mon petit advys; 
mais, quoy qu'il en soit, sy vous congnoissiez qu'il ne se fust 
pas bon descouvryr à eulx, je vous supply très-humblement 
vous tenyr à vostre première résolution et ne laisser pour cela 
de venir accompagné seulement de six ou sept bons hommes 
de vostre trouppe, desquels vous vous teniez assuré, comme de 
la Molle et de moy. Surtout donnez-vous garde de vous des- 
couvrir à ceulx qui ont beaucoup à perdre pour le: amener 
de vostre trouppe, si de fortune ce n'estoit à monsieur de Mon- 
morancy ou quelqu’ung de ses frères. Car, quand aux aultres , 
tenez pour chose assurée, ou que pour ne vouloir tant espérer 
de leur fortune avecq vous, comme ils en ont desjà d'acquis par 
delà, ou pour se maintenir et conserver sous prétexte de faire 
des bons valets, ils seront gens pour vous trahir par moyens 
si subtils qu’il ne semblera pas advis qu'il y aient touché, et 
cependant ce sera à vous à courir. 

Ung aultre point que devez avoir recommandé, c'est de ne 
dire à créature vivante le chemin qu'avez l’envye de tenir, hors 
mis à la guide, Encore faut-il que ce soit au partir de chaque 
logis seulement, comme sy vous-mesmes estiez encores incer- 
tain du lieu où vous debvez tyrer. 

Je scay, seigneur Lucidor, qu'il y aura plus de difficulté pour 
vous à l'exécution de cecy, qu'il n’y a de peine pour moy à le 
vous escrire, mais nen; -vous que les grandes choses ne se 
peuvent acquérir t Souvenez-vous que moy-mesmes 
vous ay tracé le chemin le rer et suis eschappé des mains 
de mes ennemys quasi de ceste façon, seulement pour faire 
service à vous qui estes mon maistre et garder une conscience 
impollue à mon Dieu. Vous qui debvez rechercher toutes les 


(156 ) 
occasions de faire service à la plus accomplie maistresse quy se 
puisse voyr eten vous séparant des tyrans garder que vostre 
réputation ne se tache si vous conversez dadvantage avecq 
eulx, pourrez-vous rien trouver en ce fait, quy vous doibve 
sembler trop difficile ? Venez donc, je vous supply, sans plus tar- 
der avecq asseurance que ne feustes jamais mieux venu en lieu 
où vous ayez esté. Je supply le Créateur de toute mon âme, 
seigneur Lucidor, qu’il vous en fasse la grâce et me continue 
en la vostre. 
Ce 5° décembre 1572. 


Au dos : Double d’une lettre escrite à dom Lucidor du m”* dé- 
cembre 1572. 


Le duc d'Anjou ne répondit point à cet appel : il lui 
en coûtait trop de sortir du cercle étroit de ténébreuses et 
honteuses intrigues. 

En analysant, dans une autre notice, la correspondance 
du duc d’Anjou avec Élisabeth, nous retrouverons bien des 
traces de l'intervention active et persévérante de Simyer. 
Cependant il y eut un moment où une lettre arrivée des 
Pays-Bas compromit toute l'influence acquise par ses ser- 
vices. 

Le 12 septembre 1580, Thomas Cotton mandait d’An- 
vers à lord Burleigh : 

« Nous avons, par lettres interceptées, descouvert tous 
» les noms et surnoms des pensionnaires du roy d’Es- 
» paigne en France et l'augmentation des pensions pour 
» empescher que le roy ne se joigne au duc d'Anjou, son 
» frère, pour nous. Entre autres pensionnaires il s’y est 
» trouvé des principaux le sieur de Cymier qui estoit 
» ambassadeur en vostre pays d'Angleterre pour le dit 


(457). 
» duc. Je vous laisse penser quel bon succès son maistre 
» en devoit espérer, ni la royne mesme. » 

Élisabeth écrivit aussitôt à ce sujêt au duc d'Anjou qui 
reçut sa lettre à Bourgueil le 29 septembre. Simyer ré- 
digea un mémoire pour se justifier. Il exposait qu'il avait 
toujours montré beaucoup de zèle vis-à-vis de son maître 
« pour subvenir à ses affaires qui se traitent avec les 
» Flamans. » Il ajoutait que, bien qu’il n'eût pas été in- 
demnisé des frais de ses voyages en Angleterre, il avait, 
douze jours avant sa disgrâce , prêté quatre-vingt-dix mille 
écus au duc d'Anjou « sans en prendre autre recognois- 
» sance que sa parolle. » 

On voit, par une autre lettre de Simyer du 18 octobre, 
qu'il n’avait pas tardé à recevoir de la reine d'Angleterre 
le témoignage d’un souvenir plus bienveillant. Qui sait s’il 
n'avait point donné la preuve (elle n’était pas indigne de 
son habileté) que s’il acceptait l'argent du roi d'Espagne, 
c'était pour l'employer à le combattre? Nous ignorons 
néanmoins s’il continua à rester à la fois le pensionnaire 
de Philippe II, le conseiller du duc d'Anjou et le singe 
d’Élisabeth. 


C158 ) 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Séance du 1° février 1872. 


M. Ép. Fétis, directeur. 
M. Ap. QUETELET , secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. L. Alvin, N. De Keyser, G. Geefs, 
A. Van Hasselt, H. Vieuxtemps, Jos. Geefs, Ferdinand 
De Braekeleer, C.-A. Fraikin, Edm. De Busscher, Alph. 
Balat, Aug. Payen, le chev. L. de Burbure, J. Franck, 
Gust. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq , Ernest Slingeneyer, 
A. Robert, A. Gevaert, Ch. Bosselet, membres. 

M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, 
assiste à la séance. 


ne 


CORRESPONDANCE. 


M. le Ministre de l’intérieur transmet une expédition de 
l'arrêté royal du 2 janvier dernier nommant M. d’Omalius, 
directeur de la classe des sciences, président de l'Aca- 
démie pour 1872. 


— Le même haut fonctionnaire adresse une expédition 
de l'arrêté royal du 18 du même mois approuvant l'élection 
de MM. Gevaert, Bosselet et Limnander en qualité de 
membres titulaires de la section de musique de la classe. 

Ml est donné lecture, à ce sujet, des lettres de remer- 

D 


(159 ) 
ciments de MM. Gevaert et Bosselet, ainsi que dé celles 
de MM. Ch. Gounod et A. Basevi , élus associés. 

La lettre de M. Basevi accompagnait les ouvrages sui- 
vants, dont l’auteur fait hommage à la classe : 

1° Studj sull armonia, in-8°; 

2 Introduction à un nouveau système d'harmonie, 
in-8° ; 

5° Studio sulle opere di Giuseppe Verdi, in-8°; 

4 Sul principio universale della divinazione, saggio 
filosofico , in-8°. 

Des remerciments ont été votés à M. Basevi. 


— M. le Ministre de l'intérieur adresse , pour la biblio- 
thèque de la Compagnie, un exemplaire de l’opuseule 
de M. A. Pinchart Concernant les Cartes à jouer et leur 
fabrication en Belgique. — Remerciments. . 


— Le même haut fonctionnaire demande, par écrit, à la 
classe de faire connaître les raisons motivées qui, eroit-il, 
ont mis obstacle jusqu'à présent à l’approbation , par les 
Commissaires de l’Académie, du modèle du buste de feu 
M. le commandeur de Nieuport. 


— La classe reçoit communication de la circulaire du 
collége échevinal de la ville de Dinant, annonçant le projet 
d'élever un monument dans cette ville à la mémoire du 
peintre Wiertz. 


— Le Cercle artistique des expositions rhénanes donne 
Connaissance, par circulaire, de ses expositions mensuelles 
pour l’année courante. Ces expositions auront lieu succes- 
sivement , à partir du 1° avril, dans les villes suivantes: 
Mayence, Mannheim, Darmstadt, Heidelberg, Bade, Fri- 
bourg et Carlsruhe. 


: ( 160 ) 

— Des remerciments sont votés à M. Ad. Siret pour 
l'hommage d'un exemplaire de l’Album du Journal des 
Beaux-Arts pour 1871, renfermant dix eaux-fortes iné- 
dites, in-folio. . 

est donné connaissance , à cette occasion , que M. Siret 
a fait don, à la caisse centrale des artistes, patronnée par 
la classe, d’une somme de 100 francs, prélevée sur le prix 
de vente de cet album. M. le directeur exprime à M. Siret 
la gratitude de la classe pour ce généreux don. 


CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES. 


M. le directeur de la elasse annonce que le comité-direc- 
teur de la caisse a été appelé, dans sa‘réunion tenue avant 
celle de la classe, à prendre connaissance de l’état général 
suivant des dépenses et des recettes de la caisse pour 1871, 
dressé pr M. Alvin, trésorier. 


État général des recettes et des dépenses de l’année 1871. 


J. — RECETTES. 

1. Encaisse au 51 décembre. 1870 a 527 40 

2. Cotisations des associés (1). 1,757 >» 

Expositions des beaux-arts (2) 1,642 » 

ns des particuliers (5) 5 50 » 

5. Intérêts des fonds placés + 2,112 50 
11,048 90 
1) Dans ce chiffre est compri de 264 francs provenant de 

_ l'arriéré. 


(2) L'exposition des beaux-arts d'Anvers (1870) a produit 642 francs, 
versés en 1871; l'exposition de Gand CEI a produit 1,000 francs. 

(5) La Société des Aquarellistes a fait don d'une somme de 59 francs. 
M. Ad. Siret, au nom du Journal des Beaux-Arts, a donné 400 francs. 


` 


s 


(161 ) : 


H. — DÉPENSES. 

1. Frais d'administration . . . . . .fr. 334 » 

2. Pensions annuelles. o © . .:, . 41,330 » 

3. Secours vanden eee een 500 » 

4. Achat de rente be ge HSE 32 

5. Encaisse au aj Monte 1871 a). 120458 

be VEN 11,048 90 

JII. — RÉSUMÉ. 


Avoir, y compris l’encaisse, au 31 décembre 1871, fr. 165,954 58 


LS = 
. . 


Fonds placés, à la même date. RS S sic 104,700 s 
5. Intérêts des fonds placés cen 7,411 50 
4. Progression en principal sur l'année ihotia S 8,527 18 
5. BE ee ie 342 » 


Diverses mesures prises par le comité directeur ont 
ensuite été approuvées par la classe. 

- M. L. Gallait a été élu membre du ET directeur. 

La classe a été appelée à se prononcer sur une proposi- 
tion émanant de M. Gallait et patronnée par le comité de la 
caisse, tendante à faire, au profit de celle-ci, une exposition 
d'œuvres d'artistes de la classe, lors du jubilé centenaire 
de l'Académie, 

La classe a accueilli avec ji l'annonce de cette 
exposition, dont les frais incomberont au comité directeur. 
Celui-ci, après une discussion sur lés divers points à exa- 
miner pour arriver à la réalisation de cette idée, a été au- 
lorisé à s’en occuper au plus tôt. 


(1) La recette afférente à l'année 1871, défalcation faite.des recouvre- 
ments arriérés et de Fencaisse a au 51 décembre 1870, s'élève seulement 
à 9,815 fr: 50 c. ; 


( 162 ) 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


La séance a été terminée par la continuation de la lecture 
du rapport de M. Ed. Fétis sur les travaux de la classe 
depuis la création de celle-ci, en 1845, rapport destiné au 
livre commémoratif du prochain jubilé. 


ie 


OUVRAGES PRESENTES. 


me | 


Melsens. — Sur la conservation du vaccin. Bruxelles, 1872; 
in-8°. 

Université de Liége. — Discours prononcé le 20 janvier 
1872 par les autorités académiques aux funérailles de M. J.-A. 
Spring. Liége, 1872; in-8°. 

Morren (Édouard). — La Belgique horticole, année 1871. 
Liége; in-8°. 

_ Loomans (Ch.). — De la liberté humaine considérée dans la 
vie intellectuelle et dans ses rapports avec le matérialisme. 
Liége, 1871 ; in-8°. 

De Potter (Erans). — Hoe en waar overleed Philip van Ar- 
tevelde ? Bruxelles, 1872 ; in-8°. 

De Potter (Frans). — Geslachtboom der Artevelden van de 
XIV eeuw. Bruxelles, 1872; in-8°. 

L' Abeille, revue pédagogique, publiée par Th. Braun, 
17° année, 10° à 12° livr. Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8”. 

Loise (Ferdinand). — De l'étude comparative des langues 

et des littératures modernes. Gand, 1871 ; in-8°. 
-Perceval le Gallois ou le comte du Graal, publié par Ch. Pot- 
vin, V° volume. Mons, 1870; in-8°. 


! 
| 


nr sde daniel 


( 163 ) 
D'Otreppe de Bouvette (Alb). — Causeries d’un octogé- 
naire, 4° livr., 1872. Liége; in-12. 
Commissions royales d'art et d'archéologie. — Bulletin, 
X° année, n°° 9 et 10. Bruxelles, 1871; in-8°. 
Recueil consulaire, tome XVII, 1871. Bruxelles; in-8°. 
Recueil des rapports des secrétäires de légation de Belgique, 
tome Ier, 8° livr. Bruxelles, 1872; in-8° 
Messager des sciences historiques, 1871, 4° liv. Gand; 
in-8° 
Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin, 
1871,5° série, tome V, n°’ 9 à 11. Bruxelles , 1871 ; 5 cah. in-8°. 
Société malacologique de Belgique. — ns tome VII, 
1872, n° 1. Bruxelles, in-8°, 
than du Journal des Beaux-Arts , année 1871, 10 eaux- 
fortes; 1 cah. in-fol. 
L'Écho vétérinaire, 4"° année, n° 11 et 12. Liége, 1872; 
in-8°, 
Société hollandaise des sciences, à Harlem. — Archives, 
tome VI, 4° et 5° livr. La Haye, 1871 ; 2 cah. in-8°. 
Nederlandsche entomologische vereeniging °S Gravenhage. 
— Tijdschrift, 2% serie, VI?! deel, 2-6 aflev. La Haye, 1871; 
5 cah. in-8°. z 
Maatschappij der Nederlandsche letterkunde, te Leiden. — 
Handelingen over het jaar 1871; — Levensberichten, 1871; 
— Lijst der leden. Leyde; 5 cah. in-8°. 
Annales academici, 1866-1867. Leyde, 1871 ; in-4°. 
Provinciaal Utrechtsch genootschap van kunsten en weten- 
schappen. — Sectieverslag, 1870; — Jaarverslag, 1871; — 
Bergman (J.-Th.), Memoria Ludovici Caspari Valckenarii; — 
Baudet (P.-H.-J.), Leven en werken van Willem Jansz. Blaeu. 
Utrecht; 4 eah. in-8°. 
Annuaire de Paris, 1“ année, 1872. Paris; in-8°. 
Société philotechnique de Paris. — Annuaire, années 1870- 
1871, tome 52°. Paris; in-8°. 
Société météorologique de France. — Annuaire, tome XVII", 


( 164 ) 
1869, Bulletin des séances, feuilles 8-12. Paris, 1871; gr. 
in-8°, 

Société d’anthropologie de Paris. — Bulletins; Ie série, 
tome V. Paris, 1870; 5 cah. in-8°. 

Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de 
l’homme, 8° année, 2: série, tome 3, janv. 1872. Tou- 
louse; in-8°. 

Société géologique de France , à Paris. — Bulletin, EN série, 
t. XXVIII, n° 5. Paris; in-8. 


Revue et magasin de zoologie, par MFE. Guérin-Mene- ` 


ville, 1870, n° 10 à 12. Paris; 5 cah. in-8°. 
Société. de géographie de Paris. — Bulletin, décembre 1871. 
Paris; in-8°. 


Société d'agriculture, m de D Douai. — Mémoires, 2° série, 


tome X, 1867-1869; — Bulletin agricole, 1866-1869, 1870- 
1871, n° 1. Douai; 5 vol. in-8°. 


Société d'histoire naturelle de Colmar. — Bulletin, 11° an- ; 


née, 4870. Colmar, 1870; in-8°. 

Société francaise d'archéologie pour la conservation des 
monuments. — Congrès archéologique de France, XXXVII 
session. Caen, 1871 ; in-8°. 

Société d’études diverses au Havre. — Recueil des publica- 
tions, 36° année , 1869 ; in-8°; — Procès-verbaux, séance du 
25 février, 41 et 25 mars 1870; in-8°. 

Société littéraire, nr à et artistique d’Apt. — Statuts 
et règlement. Apt, 1871; 


Bulletin scientifique Ji: diporiduicak du Nord, à Lille, 


4° année, n° 1 et 2. Lille, 1872; 2 cah. in-8°. 

Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux. — 
Mémoires, tome VIII, 2° cahier. Paris , 1872; in-S°. 

De Vries (M.) en Verwijs (E.). — Woordenboek der Neder- 
landsche taal, 2 reeks, 4 aflev. ( Omschitteren - Omtrek). 
La Haye, 1871; in-4°. 

Geologische Commission der Schweiz. naturforsch. Gesell- 
schaft zu Bern. — Beiträge zur geologischen Karte der 


g 


( 165 ) 
Schweiz : neunte Lieferung : Das on estliche rs von 
H. Gerlach. Berne, 1872; in-4°. 

Studer (B.). — otre der Petrographie und Stratigraphie 
der Schweiz und ihrer Umgebungen. Bern, 1872; in-8°. 

K. preuss. Akadémie der Wissenschaften zu Berlin. — Mo- 
natsbericht, september -october und november 1871. Berlin; 
2 cah. in-8°. 

_ Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften, neue 
Folge, 48714 , Band IHI. Berlin; in-8°. 

Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte; 
V. Jahrg., n° 1. Berlin, 1872; 1 cah. in-8°. 

Deutsche geologische Gesellschaft zu Berlin. — Zeitschrift, 
XXII. Band, 5. Heft. Berlin, 1871 ; in-8°. 

Physicalisch-medicinische Societät zu Erlangen. — Sit- 
zungsberichte, 5 Heft. Erlangen, 1871 ; in-8°. 

Oberlausitzische Gesellschaft der Wissenschaften zu Gör- 
litz. — Neues Lausitzisches Magazin, XLVII“ Bd., 2° Heft. 
Görlitz, 1871 ; in-8°. 

. _ Heidelberger Jahrbücher der Literatur, XLIV. Jahrg., 10. 
Heft. Heidelberg, 1871 ; in-8°. 

Becker (Fr.). — Impfen oder Nichtimpfen! beitrag zur Lö- 
sung der grossen Re über dem Impfzwang. Berlin, 
1872; in-8°. 

datie Perthes’ geographische Anstalt zu Gotha. — Mit- 
_ theilungen, 18. Band, 1872, I und H. Gotha; 2 cah. in-4°. 

Lipschitz (R.). — Untersuchung eines Problems der Varia- 
tionsrechnung, in welchen das Problems der Mechanik enthal- 
ten ist. Berlin, 1872; in-4°. 

Grunert (J.-A.). — Archiv der Mathematik und Physik, 
LiVe. Theil, 4. Heft. Greifswald, 1872; in-8°. 

Astronomische Gesellschaft zu Leipzig. — Vierteljahrs- 
schrift, VI. Jahrgang, 4. Heft. Leipzig, 1871 ; in-8°. 

K. phys.-okonom. Gesellschaft zu Königsberg. — Schriften, 
XI Jahrg., 1870, 1-2. Abth. Konigsberg, 1870; 2 cah. in-4°. 
Institut national d'Ossolinski, à Leopol ns — Bible 


( 166 ) 
de la reine Sophie, 4871 ; in-4°. — Codex Tinecensis, 1871; 
in-4°; — Catalogue des publications de la Société; in-8° (en 
polonais). 

Universität zu Marburg. — Schriften, Ann. acad. 1870- 
1871. Marbourg; 26 broch. in-4° et in-8°. 

Entomologischer Verein zu Stettin. — Zeitung, 52. Jahrg., 
n° 10-19, 53: Jahrg , n° 1-5. Stettin, 1871-1872; 2 cah. 
in-8°. `; 

Anthropologische Gesellschaft zu Wien. — Mittheilungen, 
IL Bd, n° 1. Vienne, 4872; in-8°. 

K. K. geologische Reichsanstalt zu Wien. — Jahrbuch, 
XXI. Bd, n° 4; — Verhandlungen, 1874, n° 14-16 mit Register. 
Vienne, 1871 ; 2 cah. gr. in-8°. 

Société impériale des naturalistes, à Moscou. — Bulletin, 
1871, n° 4 et 2. Moscou; in-8°. 

Société impériale d'agriculture, à Moscou. — Journal, 1871,- 
n° 4 et 5. Moscou; 2 cah. in-8° (en russe). 

Academie impériale des sciences à Saint-Pétersbourg. — 
Mémoires, VII série, tome XVI, n° 9 à 14 (dernier), tome 
XVII, n° 4 à 10. Saint-Pétersbourg, 1871; 46 cah. in-4°; — 
Bulletin, tome XVI, n° 2 à 6 (dernier). Saint-Pétersbourg, 
1874 ; 5 cah. in-4°. 

Carrara (F.). — Programme del corso di diritto criminale, 
parte speciale, vol. VII, seconda edizione. Lueques, 1871; 
in-8°. 

__Basevi (Abramo). — Sul principio universale della divina- 
zione. Florence, 1871 ; 1 vol. in-8°. 

Basevi (Abramo). — Studio sulle opere di Giuseppe Verdi. 
Florence, 1859; 4 vol. in-8°; — Studj sull’ armonia. Florence, 
1865; in-8°; — Introduction à un nouveau système d'harmo- 
nie. Florence, 1865; in-8°. * 

Ragona (Domenico). — Sul principali fenomeni delle varia- 
zioni diurne del calore atmosferico. Modène, 1871 ; in-8°. 

R. Istituto veneto di scienze , lettere ed arti. — Memorie; 
vol. XIV, par. 3, vol. XV, par. 4, 2. Venise, 1870-1871; 5 cah- 


( 167 ) 

gr. in-4°; — Atti, serie 5°, tomi XV, XVI, serie 4°. tomo t, 
disp? 1°, Venise, 1870-1871 ; 21 cah. in-8°. 

Academia real das sciencias de Lisboa. — Jornal de sciencias 
mathematicas, num. XII, 4874. Lisbonne, in-8°. 

Statistical Society of London. — Journal, september and 
december 1871. Londres; 2 cah. in-8°. 

Bashforth (F.). — Chronograph. Londres, 1871; in-8°. 

Numismatic Society of London. — Chronicle, 1871, part IH, 
Londres; in-8°. 

Entomological Society of London. — Transactions for 1870 , 
part. 1-5. Londres, 1871 ; in-8°. 

Observatory of Trinity College, Dublin. — Astronomical 
observations, 1 part. Dublin, 1870; in-4°. 

Asiatic Society of Bengal at Calcutta. — Procacdings. 
n° VIII, august, 1871. Calcutta; in-8°. 

Agassiz (Louis). — A letter eoncerning Decp-Sea Dredgings. 
Cambridge (M**), 1871 ; in-8°. 

The american Journal of se and Art, third series, 
vol. II, n° 44. New-Haven, 1871; in-8 

Wast Department, Surgeon Ha s Office, Washington. 
— Circular n° 5. Report of surgical cases in the army. Was- 
hington , 1871 ; in-8°. 

Museo publico de Buenos Aires. — Anales, Entrega 9", 
3° del tomo 2%. Buenos-Ayres, 1871; in-4°. 


Liste d'ouvrages offerts en don à la COMMISSION ROYALE D'HISTOIRE ef 
déposés dans la Bibliothèque de L'ACADÉMIE. 


Ministère de l’intérieur. — Statistique de la Belgique. — 
Agriculture. — Recensement général (51 décembre 1866). 
Bruxelles, 1871 ; in-folio. — Annuaire statistique de la Bel- 
gique, deuxième année, 1871. Bruxelles , 1871 ; in-8°. 

Société des sciences, arts et lettres du Hainaut, à Mons 
Mémoires et publications, année 1870-1871. Mons, 1871; ; 
in-8°, 


COR 

Cercle archéologique de Mons. — Annales, t. X. Mons, 1871; 
in-8°. 

Devillers (L.). — Documents sur les conquêtes de don Juan 
et sur ses partisans dans le Hainaut en 1578. (Extrait des 
Annales du cercle archéologique de Mons, t. X, 1871). In-&. 

Société paléontologique et archéologique de l’arrondisse- 
ment judiciaire de Charleroi, à Charleroi. — Documents et 
rapports, tome IV. Mons, 1871 ; in-8°. 

Societé scientifique et littéraire du Limbourg, à Tongres. — 
Bulletin, t. XI. Tongres, 1870 ; in-8°. 

Cercle archéologique du pays de Waes, à Saint-Nicolas. — 
Buitengewone, n° 8. — Inhulding van het standbeeld van 
Geeraard Mercator, 14 mey 1871. Sint-Nicolaas, 4871; in-8°. 


Rey (G.). — Étude sur les monuments de l'architecture 


militaire des croisés en Syrie et dans Pile de Chypre ( Collec- 
tion de documents inédits sur l’histoire de France). Paris, 
4871; in-4°. 

Recueil des monuments inédits de l’histoire du tiers état. — 
Région du Nord, tome V (même collection que le ddie 
Paris, 1870; in-4°. 

Lavoisier. — OEuvres, tome IV. Paris, 1868 ; in-4°. 


Fresnel (Aug.). — OEuvres complètes, tome HI. Paris, 
1870; in-4°. 
Comité flamand de France, à Lille. — Bulletin , tome V, 


n° 8et9. Lille, 1870; 2 cah. in-8°. 


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BULLETIN 
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L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


1872. — Ne 5 


CLASSE DES SCIENCES. 


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Séance du 2 mars 1872. 


M. J.-B. p'Omarius D'Hazoy, directeur, président de 
l’Académie. 
M. Ap. QuereLer, secrétaire perpétuel. 


Sont présents: MM. L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, 
Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Melsens, 
J. Liagre, F. Duprez, G. Dewalque, E. Quetelet, H. Maus, 
M. Gloesener , F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, É. Du-- 
pont, Éd. Morren, membres; Th. Schwann, E. Catalan, 


Ph. Gilbert, associés; Éd. Mailly, Alph. Briart, ne | 


J. De Tilly, Éd. Van Beneden, correspondants. 
29° SÉRIE, TOME XXXII. 12 


(470 ) 


CORRESPONDANCE. 


L'université de Bonn fait part à l'Académie de la célé- 
bration, le 4° avril prochain, du 50° anniversaire de 
doctorat de M. le professeur Argelander, associé de la 
Compagnie. — M. le secrétaire perpétuel a répondu que la 
classe s'associerait d'esprit et de cœur à ce jubilé. 


— M. Loomans, recteur de l’université de Liége , a fait 
parvenir 90 exemplaires d’une brochure contenant les 
discours prononcés par les autorités académiques aux 


funérailles de M. Spring. — Ces exemplaires ont été dis- ` 


tribués aux membres. 


— L'Observatoire de Leipzig et la Société philosophique 
de Glasgow remercient pour le dernier envoi de publica- 
tions académiques. 


— MM. les curateurs de l’université de Leyde, la Com- 
mission géologique fédérale suisse, la Société physico- 
médicale d’Erlangen et l'Office du chirurgien général des 
États-Unis envoient leurs derniers travaux. 


— La Société d'Anthropologie de Paris adresse égale- 
ment ses dernières publications, à titre d'échange avec 
celles de la Compagnie. 


— Il est fait hommage des ouvrages suivants : 

1° Cours d'analyse infinitésimale, partie élémentaire, 
par M. Ph. Gilbert; vol. in-8°; 

2 Notice sur Eugène Coemans, par M. Malaise; in-12; 

3° On longevity, by professor Owen ; in-8°. 

Des remerciments sont votés aux auteurs de ces dons. 


3 
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f 


( 174 ) 

— La classe a reçu, pour le recueil des phénomènes 
périodiques, les observations sur la floraison faites à An- 
vers, en 1871 , par M. Acar; celles sur le règne végétal et 
le règne animal faites à Ostende, également en 1871, par 
M. Lanszweert; et le résumé météorologique pour la même 
année, à Anvers, par M. De Boë. 


— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à 
l'examen de commissaires : 

4° Les chauves-souris de Belgique et leurs parasites, 
avec sept planches, par M. P.-J. Van Beneden. (Commis- 
saires : MM. de Selys Longchamps et Gluge ); 

2 Sur le calcul de la densité moyenne de la terre, 
d'après les observations d’Airy, par M. F. Folie. ( Com- 
missaires : MM. Liagre et Gilbert );. 

5° Tableau de l'astronomie dans l'hémisphère austral 
el dans l'Inde, par M. Éd. Mailly. (Commissaires : MM. Ern. 
Quetelet, Liagre et Montigny ); 

4° Sur l'existence de la dérivée dans les fonctions con- 
tinues, par M. Ph. Gilbert. (Commissaires : MM. Catalan 
et Steichen ) ; 

5° Sur les moyens de rendre la vieillesse plus saine, 


par M. Éd. Robin. (Commissaire : M. Gluge.) 


— La classe accepte d'examiner, au point de vue mathé- 
matique, la note de M. Meerens Sur la notation musicale 
simplifiée et le diapason, déposée aux archives conformé- 
ment à la résolution de la classe des beaux-arts du 12 oc- 
tobre 1871. — MM. Liagre et De Tilly feront cet examen. 


(12) 
RAPPORTS. 


Note préliminaire sur un fait remarquable qu’on observe 
au contact de certains liquides de tensions superficielles 
très-différentes, par M. G. Van der Mensbrugghe. 


Rapport de M, J, Plateau. 


« Dans un travail précédent, M. Van der Mensbrugghe, 
partant du principe, aujourd’hui bien établi, de la tension 
superficielle des surfaces liquidés, avait réuni sous un 
même point de vue une série de phénomènes en appa- 
rence indépendants les uns des autres et qui avaient donné 
lieu à des explications très-divergentes. Il vient mainte- 
nant ajouter d’autres phénomènes encore à cette série. La 
Communication actuelle est une note préliminaire , destinée 
à prendre date; l’auteur imite, en cela, les savants alle- 
mands, qui emploient ce procédé de préférence à celui 
des paquets cachetés. Si les expériences ultérieures de 
M. Van der Mensbrugghe confirment ses prévisions, il aura _ 
trouvé l'explication de faits considérés jusqu'ici comme 
mystérieux, tels que les mouvements browniens et les 
figures de cohésion de M. Tomlinson. 

Je pense conséquemment que la note de M. Van der 
Mensbrugghe mérite d’être insérée dans nos Bulletins. » 


Conformément à ces conclusions, auxquelles a adhéré 
M. F. Duprez, second commissaire, la classe a voté lim- 
pression de la note de M. G. Van der Mensbrugghe dans les 
Bulletins. 


Mémoire sur l'absorption des sels métalliques par la laine 
mordancée, par M. P. Havrez. 


Rapport de MM. Donny, Welsens et Dewalque. 


« On sait que, pour fixer la plupart des matières colo- 
rantes sur les tissus , il faut au préalable fâire passer ces 
derniers par un bain salin, ordinairement à base d’alun, 
qui porte le nom de mordant. L'action du mordant ne se 
borne pas à rendre le principe colorant insoluble et comme 
Combiné à la matière textile : elle agit aussi sur la cou- 
leur, qu’elle modifie sous le triple rapport de sa nuance , 
de sa pureté ou bruniture et de son intensité. 

Un illustre chimiste, M. Chevreul, a consacré de lon- 
gues recherches, dont les résultats sont exposés dans les 
tomes XXIV et XXXIV des Mémoires de l’Académie des 
sciences de Paris, à déterminer l'influence du mordançage 
à Falun , seul ou associé à la crême de tartre, sur la teinture 
de la laine, de la soie et du coton. Mais l’éminent directeur 
des Gobelins avait laissé de côté l'étude de l'influence des 
doses du mordant; et les résultats obtenus présentaient des 
divergences notables qui restaient sans explication. : 

L'auteur du mémoire renvoyé à notre examen. M. P. 
Havrez , professeur de chimie et directeur de l’École pro- 
fessionnelle de Verviers, a cherché à éclairer ces points 
restés obscurs, en bornant ses recherches à la laine. Il est 
arrivé à constater des faits inattendus, dont il a recher- 
ché la cause; et l'explication qu’il en donne nous permet _ 
enfin de nous rendre compte du mordancage lui-même, _— 
comme de l'influence de diverses circonstances dont le 


(174 ) 
rôle était resté inconnu, ce qui avait retenu cette partie 
de l’art de teindre dans des voies purement empiriques. 

L'auteur a d'abord mordancé de la laine : 4° dans des 
bains tièdes; 2 dans des bains bouillants, à l'aide de 
doses d'alun , au nombre de onze, qui s'élèvent graduelle- 
ment de + 5 Pour 100 de laine, à 100 pour 100. 

Après avoir teint ces laines par diverses matières colo- 
rantes (cochenille, garance, gaude, quercitron, bois 
jaune, bois rouge et campêche), il a évalué, à l’aide des 
échelles chromatiques de M. Chevreul, les trois modi- 
fications, nuance, bruniture, intensité, des teintes pro- 
duites par ces accroissements successifs des doses de 
mordants. De ces expériences il ressort qu’un bain faible- 
ment aluné agit comme bain alcalin, et un bain chargé 
d'alun comme bain acide. L'auteur avait cherché l'expli- 
cation de ce double fait dans les traces de soude que re- 
tient la laine dégraissée, dans le calcaire en dissolution 
dans l’eau du bain, et enfin dans l’ammoniaque résultant 
de altération du principe gélatineux de la laine, lorsque 
notre savant confrère, M. Stas, lui signala comme cause 
normale la dissociation de Palun. C’est cette explication 
que l’auteur a mise hors de doute par de nombreuses 
expériences. 

Après avoir rappelé divers exemples de décom positions 
signalées par les auteurs et explicables par la dissociation, 
Pauteur a étudié à ce point de vue la différence d'action 
des sulfates de fer et de cuivre, suivant qu’on les emploie 
à faible dose ou à forte dose. Les résultats obtenus, en 
confirmant les précédents, trouvent de même leur expli- 
cation dans la dissociation des solutions étendues de ces 
sels. Ils n’intéressent donc pas seulement les praticiens , 
mais ils jettent un jour nouveau sur une partie de la 
science qui est appelée à diriger la pratique. 


(175 ) 

Dans le deuxième chapitre, l'auteur cherche ensuite à 
déterminer la part d'influence qu’il faut attribuer aux 
circonstances qu'il avait d'abord considérées comme la 
cause essentielle de l’action alcaline d’un bain d’alun très- 
étendu. Il examine successivement : 

a) L'influence du calcaire en dissolution dans l’eau. 
Des expériences entreprises sur trois eaux marquant res- 
pectivement 2, 7 et 27 degrés hydrotimétriques lui per- 
mettent de constater que le caleaire produit sur la teinture 
le même effet qu'une diminution de mordant. 

b) L'influence de l’état acide ou neutre de la laine et de 
l'eau employées. A cette fin, après avoir préalablement 
lavé la laine à l’eau distillée, il la fait tremper dans de 
l’eau acidulée par l'acide azotique, puis il la mordance 
avec !} et avec 1 pour cent d’alun, puis finit par la teindre 
au campêche, au bois rouge, et à la cochenille. L'action 
comparée de ces deux mordancages s'explique encore La 
la dissociation de Palun. 

Une autre série de recherches a eu pour but de con- 
trôler ces résultats, en examinant jusqu’à quel point la 
présence d’une petite quantité d’acide libre s'opposerait à 
la dissociation du mordant par l’eau. Des résultats obtenus, 
l’auteur conclut que la présence d'un acide libre en léger 
excès empêche pas la dissociation, mais diminüe la dose 
d'alumine absorbée par la laine. 

c) L'influence de la température du bain de mordan- 
cage, et de sa durée. Diverses séries d'expériences ont 
montré que l’alunage le plus dilué, le plus chaud et le 
plus prolongé produit la dissociation la plus étendue et fixe 
le plus d’alumine. 

L'auteur recherche ensuite l'influence de la proportion 
de la laine et celle de ses panii sur la quantité daomp - 


(47) 
dissociée et fixée. Il constate que la quantité relative de 
la laine, par rapport à celle de l’alun, exerce une influence 
plus considérable que celle. de leau; et que les apprêts 
acides, par exemple, le soufrage sans rinçage , diminuent 
la dose d’alumine fixée; ce qui était à prévoir d’après les 
résultats d’une addition d'acide au bain. 

Dans un troisième chapitre, l’auteur revient en détail | 
sur les expériences entreprises dans le but de rechercher | 
l'inflaence des doses fortes ou faibles d'alun sur la tein- 
ture à l’aide des diverses matières colorantes que nous 
avons énumérées plus haut. Les résultats sont résumés 
sous forme de tableaux, comme Ja plupart des précédents, 

à l’aide des notations de M. Chevreul. La lecture de ces 
tableaux, trop compactes d’ailleurs sur le manuscrit, est 
très-difficile pour celui qui n’est pas familiarisé avee ces 
symboles; mais nous avons cru voir là un inconvénient 
inhérent au sujet. | 

Le quatrième chapitre présente le résumé de ces lon- 
gues recherches, opérées sur des centaines d'échantillons 
de laine, qui sont conservés dans les collections de l'École 
professiennelle de Verviers. L'auteur y revient sur les 
résultats obtenus et les explique à l’aide de la dissocia- 
tion du mordant , suivie de Pabsorption graduelle et très- 
inégale de ses éléments par la laine; c'est une sorte de 
dialyse où la laine joue le rôle de corps poreux. Il finit par 
résumer les diverses circonstances de dose, de tempéra- 
ture et de durée qui conviennent aux diverses teintures 
que nous avons énumérées. 

Ce résumé succinct des longues recherches de M. Ha- 

+ vrez était nécessaire pour permettre à la classe d'apprécier 
la portée de son travail et nos conclusions. L'auteur a fait 
-> faire un progrès incontestable à Ja théorie de l'art de 


Es 

teindre ; aussi nous n’hésiterions pas à proposer l'insertion 

de son mémoire dans nos recueils, si, par sa nature et 
par le grand nombre de données pratiques qu’il expose, 
il ne nous paraissait appelé à une autre publicité, plus 
avantageuse pour l’auteur et pour le public. L’approba- 
tion de l’Académie sera pour l'auteur une première récom- 
pense, et l'insertion de ce rapport dans nos Bulletins 
suffira, croyons-nous, pour faire connaître aux chimistes 
la nature et la portée de ses recherches. D'autre part, 

l'impression du mémoire dans un recueil technique, tel 
que le Bulletin du Musée de l'Industrie, le ferait con- 
naître à une foule d’industriels à qui nos recueils sont 
inconnus ou inaccessibles. 

Nous avons done l'honneur de proposer à la classe de 
donner son approbation au mémoire de M. Havrez, et 
d'engager l’auteur, en le remerciant de sa communication 
à le présenter à un recueil technique, où il trouvera un 
excellent aceneil. » 

La classe a adopté ces conclusions. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Sur l'aurore boréale du 4 février 1872; note de M. Ernest 
Quetelet, membre de l’Académie. 


Une aurore boréale d’une grande beauté a été vue à 
Bruxelles dans la soirée du 4 février. Les barreaux ai- 


mantés, jusqu’à midi, n’avaient rien offert d'anormal dans _ 
leurs indications. Aussi Fon était loin de s'attendre au 


$ 


‘(178 ) 

magnifique phénomène qui s’est manifesté au coucher du 
soleil. M. Marchal paraît être le premier qui l'ait aperçu 
à 5 h. 20-m. L'aurore a ensuite rapidement augmenté 
d'éclat et à 6 !/4 heures, elle était dans toute sa beauté. 
Son aspect” variait assez rapidement. Après 8 heures elle 
a diminué, et vers 8 3/4 heures elle paraissait à peu près 
éteinte; le ciel s'était voilé en grande partie, Après 10 
heures le ciel est redevenu beau et le phénomène a eu une 
seconde phase éclatante qui a duré jusque dans la nuit. 

Les barreaux aimantés ont été profondément traublés 
pendant la durée du phénomène ; la déclinaison a été très- 
forte. Ainsi, tandis que le 3 et le 5 février à 9 heures du 
soir, elle était de 17°46',5 et 17°42’,4, le 4 à 6 1/4 heures, 
elle s'élevait à 18°25',8 et à 6 3/4 heures, moment de l'écart 
maximum , la déclinaison atteignit 18°46',6, en perturba- 
tion d’un degré environ. 

La composante horizontale de la force magnétique 
était très-grande; la composante verticale, faible jusque 
vers 71/2 heures, est devenue ensuite supérieure à sa valeur 
moyenne. L'inclinaison magnétique avait considérable- 
ment diminué, ce qui s'accorde avec les observations faites 
dans le ciel. 

_A 61/4: heures, au moment où l'on a commencé à ob- 
server le phénomène à l'Observatoire, un immense arc 
lumineux s'étendait de POSO. à PENE. en passant au sud 
du zénith. Cet are s’est ensuite séparé en deux parties qui 
s’appuyaient de part et d'autre sur l'horizon. La partie 
dirigée vers l'O. était surtout admirable; elle offrait l'aspect 
d’une immense parabole colorée des plus riches teintes et 
rappelant la forme de la queue d’une belle comète. Plus 


tard, l'aspect a changé; quatre petits nuages roussâtres . 


brillants étaient dispos t autour du centre 


4 Uur 


D ii 


i 
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E 
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a de nn Si ennn US ids 


(17 ) 
d'émanation. Ensuite la couronne s'est formée, projetant 
des rayons colorés dans toutes les directions. 

Du côté du S., le bord de Fellipse était peu visible, 
mais au nord il était très-nettement marqué, d’une couleur 
rosée; il passait par les Pléiades. Le centre d'émanation se 
trouvait ainsi un peu au sud des Pléiades, et peut être 
estimé , vers 6 1/2 heures, à une hauteur au-dessus de l'ho- 
rizon de 61° à 62°, tandis que la déclinaison magnétique est 
actuellement de 67°8', ce qui montre que le centre d’éma- 
nation s'était abaissé en même temps que l'inclinaison de 
l'aiguille aimantée diminuait considérablement. 

h. 45 m., rayons blancs dans l’E.; beaux rayons 
rouges dans le SO. et le N. 

A 8 heures, rayons rouges dans l'O. et le N.; dans le 
SE. nuage rouge; E. et SO. blancs. Vers le zénith, rayon 
blanc dirigé du S. au N. et un autre vers l'OSO. 

Vers 10 !/2 heures, beau nuage rouge de sang dans le NE. 
Le ciel est assez beau. Une immense arche s'étend bientôt 
du NE. au SO.; elle est d'un beau rouge contrastant avec 
la teinte un peu bleuâtre des étoiles. 

Il convient de mentionner ici comme ayant probable- 
ment quelque rapport avec le beau phénomène mentionné 
ci-dessus , que le 3, après midi, le ciel avait une teinte 
orangée peu ordinaire, qui a été remarquée par plusieurs 
Personnes. Le soleil voilé par des vapeurs élevées donnait 
des rayons franchement orangés. Le brouillard est des- 
cendu ensuite; à 4 heures et demie, il est devenu extré- 
mement dense, puis il s’est dissipé après 10 heures. 


— D'après M. Marchal, qui observait près de Observa- 
toire, dès 5 h. 20 m., deux paques violacées ont annoncé 


1 


le commencement de l'aurore; elles se une, 


( 480 ) 
au-dessus de l'horizon NE., et l’autre à l'horizon 0.; la 
première avait une teinte plus foncée et toutes deux se 
reflétaient au travers de stratus, marchant vers l'O. et qui 
s’accusaient à près de 150° de l'horizon. 

Peu à peu ces plaques ont passé au rouge brique, puis 
au rouge vif. Vers 6 heures, deux larges segments d'arc 
ont commencé à se montrer, et à 6 ‘/2 heures, ils étaient 


dans tout leur éclat. Ils avaient pour point de départ la 


constellation des Pléiades. Des traces d’une couronne lumi- 
neuse à fond opaque se sont ensuite prononcées et à un 
certain moment la couronne entière est apparue, mais pen- 
dant un seul instant. Cette couronne n'avait pas un contour 
nettement déterminé comme celui formé par les halos ou 
les parhélies; les points saillants qui se montraient se res- 
serraient jusqu’à former une moitié de cercle, comme si des 
effluves émergeaient de ce point, et même arrivaient à ne 
former qu'une houppe. 

Des traits fugitifs, tels qu'en présentent certaines nébu- 
leuses, se prononcaient pour s'affaiblir ensuite. Il sem- 
blait que ce point central était un foyer d’où s'échappaient 
des jets de vapeurs formant un noyau d'émanation élec- 
trique. 

Pendant ce temps les deux branches de la parabole, 
l’une s'appuyant sur l'horizon ENE. et l’autre sur F'hori- 
zon SO., avaient pris la superbe contexture du rideau 
auroral que les navigateurs au pôle ont si bien décrit; ces 
rideaux à courbure régulière, à surface supérieure nette- 
ment décrite, mais à franges indéterminées, étaient formés 
de larges plis rougeâtres dont les reliefs étaient accentués 
par des raies d’un blane jaunâtre, qui prenaient par mo- 
ments un éclat très-vif. Les étoiles étaient parfaitement 
visibles et celles seulement voilées par le phénomène ne 
scintillaient pas. 


5 E: 


s aana 


ERN nee don er Eu 


( 181 ) 

L'horizon magnétique nord s'est ensuite obscurci de 
telle manière que les étoiles de cette région ont été com- 
plétement voilées. 

Vers 7 */2 heures , le phénomène avait pris une gouselle 
phase tout aussi splendide que la première. 

De la couronne qui, de temps en temps, se rétrécissait 
pour ne plus former qu’un point d'émanation d'où surgis- 
saient comme des fusées de rayons électriques dont quel- 
ques-uns s’étendirent assez fortement , irradièrent, vers six 
à huit points de tout l'horizon, des colonnes courbes; deux 
de ces larges traces rougeâtres traversées dans le sens de 
leur longueur par des traits lumineux, étaient très-carac- 
téristiques; elles coïncidaient avec les deux branches de la 
parabole ou plutôt c'était la parabole elle-même qui con- 
courait avec les autres traces lumineuses à former ce beau 
spectacle. : 

Le phénomène a continué ses manifestations avec des 
caractères alternatifs d'intensité et de calme jusque vers 
10 1/2 heures, moment où l'horizon NE. et horizon SO. 
ont repris seuls une forte teinte rouge; ces teintes ont 
persisté jusque vers 41 ‘2 heures, moment où elles sont 
allées en s’'affaiblissant. 

Une ou deux traces de rayons lumineux ont parcouru 
le méridien magnétique en se perdant sous l'horizon nord. 

L'aspect général des parties non illuminées était opalin. 
Vers l'horizon , le ciel avait une teinte verdâtre. 


— M. L. Estourgies, aide à l'Observatoire, a noté que 
vers 10 heures le centre d'émanation des rayons lumi- 
` neux se trouvait près du méridien, non loin du zénith et 
un peu à l'ouest des Gémeaux, formant en ce point 


une couronne d'où s'étendaient deux énormes rayons très- To 


(182) 
lumineux, l’un vers l’est, l’autre vers l'ouest. Cette cou- 
ronne était le centre d'un système de rayons moins lumi- 


neux , divergeant tous dans la partie nord du ciel. L'intensité 


lumineuse de ces rayons n’était pas constante; tantôt ils 
apparaissaient très-brillants , tantôt ils semblaient s’assom- 
brir, puis s'évanouir pour reparaître quelques instants 
après, émanant toujours du même centre qui, se déplaçant 
vers l’est par rapport au mouvement des étoiles, occupait 
toujours dans le ciel la même position par rapport au pomt 
zénithal. 

Vers 10 h. 45 m., de l'horizon ouest et nord-ouest, une 
gerbe lumineuse d'une clarté très-intense et d’un blanc 
rougeâtre s'éleva en larges rayons, de derrière un bane 
sombre de nuages sur lequel la gerbe semblait se reposer. 
Les rayons traversaient le ciel principalement dans la 
direction du centre d'émanation, coupant en plusieurs 
points et presque à angles droits les larges rayons E. et 0. 


de la couronne lumineuse, laquelle perdit graduellement 


son éclat. 

A minuit le nord et le nord-ouest étaient illuminés d’une 
clarté uniforme et rougeâtre, ne laissant plus apercevoir 
de rayonnement distinct. 

- M. L. Estourgies a fait connaître comme suite à sa note 
sur l'aurore que, par des lettres qu’il a reçues de l'île 
Maurice, située dans l'Océan Indien par 20°10’ latitude 
australe et 57°50’ longitude orientale de Greenwich, le 
même phénomène y a été vu, mais sous la forme d’aurore 
australe. D’après la description succincte qui en a été 
faite, il paraît que le 4 février, vers 8 heures du soir 
(4h. 28 m. soir, temps de Bruxelles), le ciel était illu- 
miné, dans la partie sud, d'une teinte de feu s'élevant à 


environ 25° au-dessus de l'horizon; cette teinte persista 


jusqu'à une heure très-avancée de la nuit. 


( 185 ) 

- Prise d’abord pour l'effet d’un vaste incendie, elle fut 
reconnue comme étant le phénomène extrêmement rare 
dans ces parages, d’une aurore australe. 

Cette aurore coïncidant parfaitement avec celle que nous 
avons observée en Europe, M. Estourgies a jugé intéressant 
d'en signaler la présence dans l'hémisphère austral. 


— D’après une communication faite au nom de M. Vin- 
chent , inspecteur général des télégraphes, par M. Banneux, 
les effets de l'aurore sur les lignes télégraphiques belges 
ont été les suivants : 

Des courants électriques se sont manifestés le 4 février 
- dernier sur toutes les lignes télégraphiques de quelque 
étendue et dans toutes les directions. A 3 heures du soir, 
on put déjà constater l'influence de l'aurore sur un fil de 
Bruxelles-Londres et sur un autre de Bruxelles-Rotterdam ; 
mais, en général, ce ne fut que vers 4 h. 15 m. que les 
courants présentèrent assez d'intensité pour empêcher la 
transmission des dépêches. L'armature des appareils Morse 
collait sur les pôles des électro-aimants, ou bien les sonne- 
ries vibratoires étaient mises en mouvement. Par instants, 
Parmature elle-même vibrait et donnait sur la bande une 
série de points. A 5 h. 25 m., le bureau de Verviers releva 
au galvanomètre (de la construction Lippens), une dévia- 
tion de 14° sur un fil de Cologne. L'intensité tombait, 
du reste ; très-rapidement , ainsi qu’on pouvait en juger 
par le mouvement des marteaux des sonneries , lesquels, 
au bout de quelques minutes, ne pouvaient plus atteindre 
les timbres. Nulle part on n’a remarqué la production 
d’étincelles ni la désaimantation des pièces aimantées. 

La durée des manifestations était extrêmement variable ; 
elle était beaucoup plus grande sur les longues lignes que 


( 184 )- 

sur celles de peu d'étendue. Le courant se produisait 
d'une façon continue pendant 2 à 10 minutes, puis ces- 
sait graduellement pour reparaître une minute après. Ces 
effets ont surtout été remarquables sur les fils de Bruxelles 
à Londres (par Gand et Ostende). On peut dire que, à 
partir de 4 h. 20 m., moment où tous les fils d’un dia- 
mètre de 0",004 ont été sur contact, jusqu’à 10 h. 15 m. 
du soir, la communication télégraphique a été compléte- 
ment impossible entre les deux capitales. Sur les autres 
fils aboutissant à Bruxelles, les courants ont surtout été 
intenses jusqu’à 6 h. 50 m. du soir. Il est à noter que 
vers 8 heures, alors que la communication était bonne 
avec Ostende par un fil, il y avait courant continu sur un 
autre fil de Londres; ces deux conducteurs sont pourtant 
voisins sur la même ligne de poteaux entre Bruxelles 
et Ostende. On a également remarqué qu’à 11 h. 46 m. un 
de ces fils était encore sur contact, tandis que sur tous les 
autres de même parcours toute perturbation semblait 
avoir cessé depuis une demi-heure. 

Des interruptions se sont également produites sur les 
lignes de Bruxelles à Courtrai, Tournai, Mons, Paris, 
Charleroi, Namur et Arlon, Bruxelles-Verviers, Bruxelles- 
Cologne et Berlin. Les courants se montraient d'autant 
plus constants et se reproduisaient à des intervalles d'au- 
tant plus rapprochés que les lignes étaient plus longues. 
Le bureau de Verviers a constaté des variations bien 
marquées dans la direction des courants. 

Sur les courtes lignes, les effets de l'aurore polaire 
ont été peu sensibles ou même ne l'ont pas été du tout. 
Les lignes souterraines de Bruxelles (Nord) au bureau 
télégraphique de la rue de l'Orangerie et à celui de la 
_ place Royale (Ministère) , ainsi que la ligne souterraine de 


! 
| 
$ 


( 185 ) 
Bruxelles (Nord) à Bruxelles (Midi) n’ont nullement été 
affectées. Les relations entre Bruxelles-Louvain (24 kilo- 
mètres) et Bruxelles-Denderleeuw-Alost (24 et 51 kilo- 
mètres), Anvers et les bureaux intermédiaires jusqu’à 
Bruxelles, n'ont pas noñ plus été influencées d'une ma- 
nière appréciable. Au contraire, sur un fil de 3 millimè- 
tres, d'Anvers (Bourse) à Saint-Nicolas, par Boom et 
Tamise (50 kilomètres), on a constaté, dès 5 heures, un 
Courant continu qui s'est prolongé jusqu’à 3 h. 17 m. Une 
ligne droite, tirée de Saint-Nicolas à Anvers, aurail une 
longueur de 24 kilomètres environ et une direction se 
rapprochant du sud-ouest au nord-est. D'autres lignes de 
peu d'étendue et suivant à peu près cette direction, telles 
que la ligne de Braine-le-Comte à Bruxelles (50 kilomè- 
tres), de Mons à La Louvière (25 kilomètres), de Thuin à 
Mons (16 kilomètres), de Courtrai aux bureaux intermé- 
diaires jusqu'à Gand, ont subi, par intermittences, des 
interruptions allant de 5 à 25 minutes. Nous ne possédons 
Cependant pas d'éléments assez nombreux ni assez cir- 
Constanciés pour nous permettre de conclure que les 
lignes, courtes et longues, courant sud-ouest et nord-est, 


ont été affectées d'une manière plus remarquable que les 


lignes suivant d'autres directions. : 


— À Gembloux, d'après M. Malaise, qui a commencé à 
observer vers 6 heures du soir, les lueurs aurorales pour- 
prées formaient une large bande passant au zénith et se 


dirigeant à peu près de l’est à l'ouest magnétique. Ces 


lueurs ont persisté avec la même intensité jusque vers 

8 heures du soir. Elles ont encore apparu à diverses re- 

prises, mais en vacillant et en variant d'intensité. A minuit 
27° SÉRIE, TOME XXXIH. 15 


( 486 ) 
on apercevail vers louest des lueurs qui rappelaient un 
lever de soleil. 


* 


— M. F. Folie, correspondant de l’Académie , habitant 


Liége, a adressé également un résumé des observations 


qu’il a faites sur l'aurore boréale du 4 février; il a cru pou- 
voir conclure, de ces observations, que le phénomène de 
la coloration ne s’est présenté que dans les zones du ciel 
qui étaient occupées par des nuages plus ou moins légers, 
comme des cirrhus, ou plus ou moins épais, comme les 
stratus qui voilaient tout l'horizon. 

Voici l'indication des diverses phases par lesquelles à 
passé le phénomène : 6 heures, commencement de l'aurore: 
teinte rouge dans de légers cirrhus vers lorient ; 6 1/ heures, 
large bande de cirrhus assez forts, fortement colorés en 
rouge s'étendant de l’est à l’ouest jusqu’à l'horizon, com- 
mençant à l’est un peu au-dessous de Jupiter et passant par 
les Pléiades. 

6 1/, heures. La coloration a présenté aspect de a 
divergeant tous d’un point central situé vers les Pléiades; 
celles-ci étaient dans une zone sans nuage et compléte- 
ment obscure. 

65/4 heures. Affaiblissement sensible de la coloration 
de la bande. 

7 heures. Fin de la coloration. 

Pendant toute la durée du phénomène, l'horizon était 
voilé par une forte bande de stratus d’un gris noir uni- 
forme, qui n’a été un peu éclairée que vers l'ouest par le 
prolongement des cirrhns fortement colorés. Ceux-ci étaient 
chassés du côté de l’ouest par un vent assez frais dans la 
direction de tax xe de la bande cons et le phénomène lu- 


mineux semh pag hus dans leu marche. 


( 187 ) 

9 heures. Quoique + nouveaux cirrhus eussent rem- 
placé les précédents dans la même région du ciel, ils 
w'élaient pas colorés. D’autres nuages, par contre, situés 
vers le nord-ouest, aux environs de Ê Andromedae , ont 
été très-vivement colorés. 

J'ajouterai enfin que je mai vu aucune trace de colo- 
ration dans les régions du ciel où je ne distinguais aucun 
nuage, et souvent, au contraire, j'ai vu des couleurs très- 
vives dans des nuages assez épais pour masquer des étoiles 
de deuxième grandeur. 


— M. F. Terby, docteur en sciences à Louvain, a com- 
muniqué également ses observations sur l'aurore. Comme 
elles ont paru dans le n° du 42 février 1872 des Comptes 
rendus de l'Académie des sciences de Paris, il a semblé 
inutile de les reproduire de nouveau ici, où elles forme- 
raient double emploi. 


— Selon M. Remi Desrumeaux, qui observait à Kain 
près de Tournai, des teintes rougeâtres caractéristiques se 
montrèrent au sa ouest, à la chute du jour; vers 6‘ 
heures, l'aurore commença à étaler ses rayons; à 6 '/a 
heures, une auréole apparut au sud-ouest; de cette espèce 
de gloire rayonnaient, de tous côtés, des lames lumineuses 
richement teintées de rouge, de rose, de blanc, de bleu - 
et de vert. Après une durée d'environ 10 minutes, cette 
phase de l'aurore se dissipa et le phénomène parut fini. 
A 7 h., le SO. et le NE. s’illuminèrent de nouveau, des 
rayons s’élancèrent de part et d'autre; à de certains mo- 
ments, ils traversaient tout le ciel et persistaient pendant 
plusièurs minutes. A 8 heures, il se forma vers le zénith 
un cercle d’où sortaient des jets rouges, jaunes, bleuâtres 


. 


( 188 ) 

et blancs. A partir de 7 heures, le ciel a été constamment 
diapré ; des banderoles multicolores étaient visibles çà et là. 

J'ai cessé mes observations à 10 heures. La soirée 
n’était pas plus obscure que s’il y avait eu un beau clair 
de lune. La particularité qui a surtout appelé mon atten- 
tion, c'est l'aspect des nombreux centres radiants qui se 
sont successivement montrés en divers points. Ils ressem- 
blaient généralement à un ciel-de-lit cireulaire auquel 
seraient appendus des fuseaux colorés. 


— D'après M. G. Bernaerts, qui observait à Malines, un 
arc lumineux et blanchâtre part de VE. à 6 h. 55 m., passe 
sous Procyon et s'élance vers la ceinture d'Orion. Inter- 
rompu en cet endroit, il reparaît sous Aldébaran. Là ses 
formes sont irrégulières, il est replié comme une draperie 


_et son aspect est nébuleux. Bientôt cette forme se modifie, 


et des rayons blanchâtres, cirrheux et recourbés partent 
des Pléiades , dans la direction du S. et du SE. Un PET 
s'élance aussi de l'O. au zénith. 
A 6h. 45 m., Farc lumineux est complétement formé, 


mais en même temps il s'est abaissé vers le SE. Il at- 


teint presque Sirius et passe sous x et @ d'Orion. Toutes 


les étoiles disparaissent dans le segment obscur; Sirius Ț 


seul conserve son éclat. 

Un rayon plus faible s'élance alors de l'E. vers le zénith. 
Jl a la forme d’un fuseau et passe par les constellations des 
Gémeaux et du Cocher. Pendant ce temps le SE. se couvre 
rapidement de légers stratus qui se dirigent vers le NE 
en se détachant parfaitement sur le segment obscur. Le 
SO. est coloré d’une vive lumière légèrement rougeâtre. 

A Th. 5 m., l'arc lumineux s’est un peu modifié : le SE. 
semblé couvert pes des stratus assez denses ; au-dessus, le 


À 
y 
À 
t 


(189) 
ciel est brillamment M La lumière est AERES 
très-vive et très-accentuée. 

A ce moment le NE. lance quelques rayons rougeâtres 
vers le zénith. [ls forment un are de grand cercle qui 
passe au nord de « et 6 des Gémeaux et continue jusque 
dans le SO. Cette partie de Parc est blanchâtre. Au N. se 
manifestent quelques clartés vagues et brumeuses. 

A 7h. 15 m., de nombreux jets blancs se dirigent de 
POSO. vers le zénith. Les rayons rougeâtres du NE. sont 
fortement prononcés et conservent à peu près la même 
place qu'auparavant. Le SE. reste brillamment illuminé. 

A 7 h. 20 m., la gerbe du NE. est formée de plusieurs 

stratifications poijes traversant les Gémeaux à la place 
occupée par la planète Jupiter. 
__De tout l'horizon compris entre l'O. et le N., s'élancent 
un grand nombre de rayons blancs dirigés vers le zénith. 
Des vapeurs brumeuses voilent tout l'horizon NO. et font 
ene complétement disparaître +. du Cy gne. 

7 h. 30 m., tout le ciel semble se couvrir de vapeurs - 
brumeuses, les unes blanchâtres, les autres un peu rou- 
geàtres. Elles voilent presque toutes les étoiles sauf celles 
de première grandeur. Le rayon rouge du NE. n’en est 
pas affaibli. 

Quelques moments après, un rayon sous forme de cir- 
rhus, aboutissant au zénith, passe par 7 des Gémeaux et 
Proeyon. On le voit se diriger lentement vers a Orion, 
c'est-à-dire du NE. au SO. 

A7h.55 m., une multitude de rayons lumineux partent 
de toutes les parties de l'horizon vers le zénith et trañs- 
forment le ciel en une brillante coupole. 

Le rayon le plus large est dirigé vers l’espace qui s'étend _ 
entre « du petit Chien et Orion. L'arc lumineux du SE. a 
beaucoup diminué d'intensité. ` 


| ( 190 ) 

À 7 h. 40 m., l’état précédent subsiste. Le centre de 
radiation se trouve près de y et de: du Cocher, à une 
distance égale de ces deux étoiles, et un peu vers Aldé- 
baran, donc un peu au SE. du zénith. Cet état disparait 
ensuite rapidement. 

h. 50 m., de beaux rayons ronges se manifestent 
dans la constellation de Cassiopée, mais ils sont peu éten- 
dus. En même temps, de faibles rayons blancs apparaissent 
dans le SO. 

A 7 h. 55 m., l'arc lumineux est fortement accentué et 
très-large dans le SE. Ses vapeurs brumeuses et blanchà- 
tres partent du NE., traversent Orion et aboutissent au 
SO. Le NE. est fortement éclairé, | 

A 8 heures, le SE. reste couvert des mêmes vapeurs 
blanchâtres. Dans le NO., au-dessus de o du Cygne, se 
manifestent de brillants rayons rouges. 

. 10 m., tout le N. estéclairé par de magnifiques 
gerbes rougeâtres; le S. et le SO. par une vive lumière 
. blanche un peu bleuâtre. Un brillant rayon rouge passe au 
NNE. entre la grande et la petite Ourse. 

Dans la constellation du Cocher se manifestent sans 
cesse des vapeurs blanches , analogues aux cirrhus. Ces 
vapeurs se meuvent, apparaissent, disparaissent et se 
modifient constamment. 

A 8 h. 15 m., une gerbe blanche et cirrheuse part de 
VE. vers le zénith en passant par Jupiter et les Gémeaux. 

A ce moment j'ai interrompu mes observations. 

A 11 heures, l'arc lumineux du SE. persistait encore. I 
passait sous la conStellation du Lion , mais son intensité 
élait plus faible qu'auparavant. - 

Le point culminant de cet arc lumineux se trouvait 
dans le SE., pendant toute la durée de l'aurore. 


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% 


( 1997 

— Voici, comme suite aux observations de M. Bernaerts, 
quelques remarques complémentaires faites par M. Édouard 
Van Segvelt, également de Malines : 

Vers 6 h. 25 m., les Pléiades semblaient être le centre 
d'où irradiaient des lueurs rougeâtres très-vives, qui p'at- 
teignaient pas tout à fait la constellation d’Orion et qui 
semblaient s'évanouir vers le Bélier. Je ne puis mieux 
* comparer ces lueurs qu'à d'immenses draperies tendues 
dans le ciel. Mais le phénomène ne tarda pas à présenter 
un tout autre aspect. Un mouvement assez intense vers 
la gauche se dessina et un cercle assez prononcé ne tarda 
pas à s'établir entre les. Pléiades à droite, les Hyades et 
Aldébaran au sud et les étoiles y et : du Cocher à gauche; 
vers le nord il y avait solution de continuité dans le cercle. 

Les lueurs devinrent fort vives et ne tardèrent pas à 
envelopper successivement Orion et les Gémeaux , d'un 
côté; de l'autre, elles gagnèrent vers Andromède de façon 
à couvrir la moitié du ciel. D'éclatants rayons blancs, 
d'autres d’un vert pâle mélangés de rayons obscurs se 
‘partageaient le ciel, qui continuait toutefois à conserver 
comme fond principal une couleur rouge assez vive et 
transparente, mais présentant l'aspect de certaines cou- 
leurs préparées avec un mélange de blanc, c’est-à-dire 
une apparence mate. La constellation de Cassiopée , qui 
jusqu'ici, n'avait pas été immergée, le fut alors; les rayons 
descendirent un peu plus bas que cet amas d'étoiles et 
n’atteignirént pas l'horizon de ce côté, mais simulèrent un 
véritable rideau lumineux. Il pouvait être environ 7 h. 

in. A ce moment l'aurore se modifia. Le cercle décrit 
précédemment disparut et à sa place j'apereus deux grandes 
traînées lumineuses courbes, très-irrégulières dans leur con- 
rbi LA i ETE E T R AET RTE à 


RIRE U © Zi t 


€ 192 ) 

fondre leurs teintes, pour reparaitre bientôt assez distinctes 
lune de l’autre. Pendant ce temps, les grands rayons, qui 
avaient envahi tout le ciel, changeaient continuellement de 
position et d'aspect. Il ma même semblé, à certains mo- 
ments, que ces rayons subissaient vers leurs bases des 
déviations du côté de l’ouest. Pendant la durée du phéno- 
mène, j'aperçus une lueur blanchâtre (là où antérieure- 
ment existaient les traînées lumineuses d’un aspect vrai- 
ment fantastique). J'observais encore par intervalles le 
phénomène ; vers 10 heures et 10 h. 50 m., il était toujours 
très-prononcé et s’accentuait surtout vers le nord. Les 
rayons rouges étaient très-apparents, très-vifs. La marche 
générale de l'aurore a été de la direction des Pléiades et 
des Hyades vers le nord, en suivant la ligne de ces constel- 
lations dans le ciel. Je cessai d'observer vers minuit; des 
lueurs vagues blanches et rouges parsemaient encore le 
ciel à ce moment: 

A plusieurs reprises Ms de vagues lueurs de 
teintes différentes et présentant la forme de cirrhus , ainsi 
que des bandes lumineuses, peu visibles d’ailleurs, allant 
de l'ouest à l’est. 


— M. D. Leclercq, directeur honoraire de l'École indus- 
trielle de Liége, a er le résultat suivant de ses 
observalions : 

Vers 5 1/2 heures, une belle trainée lumineuse, sillonnée 
par des couleurs jaune feu , avançait lentement de l'ESE. 

A 6 !/2 heures, le spectacle était superbe; les amas 
colorés les plus éloignés de la ligne E.-0. s'étaient éteints 
ou rapprochés; ils formaient deux nappes d’un beau rouge 
jaunâtre affectant la forme hyperbolique; l'axe réel était . 
très-petit, l'axe imaginaire très-allongé. La convexité de 


( 195 ) 
ces nappes était marquée par une ligne d'un beau jaune, 
qui accusait la direction des branches de l’hyperbole; pour 
l’une de ces courbes, elles plongeaient respectivement vers 
l'ESE. et l'OSE.; et pour l'autre, vers PENE. et l'ONO. 

Entre ces deux nappes, le ciel était d’un bleu grisâtre 
clair; les étoiles s’y montraient dans leur éclat. Le phéno- 
mène occupait un tiers environ du ciel; de VE. à l'O. par S. 
l'horizon était d’un bleu indigo foncé; de l'E. à l'O. par N. 
d'un bleu gris assez sombre. 

Dans chaque nappe on distinguait des bandes d'un 
jaune rougeâtre, convergeant pour se réunir le long de la 
convexité; parfois elles étaient sillonnées de lueurs d'un 
beau jaune ayant la forme des veines du marbre; il s’en 
montrait même dans l'intervalle des deux nappes, et le long 
de leur bord; du côté du nord et vers le midi, ces appa- 
rences colorées se terminaient irrégulièrement en forme 
de draperies. 

Le centre et les courbes s'avançaient intetiele: vers 
l'ouest, l'axe imaginaire restait parallèle à lui-même; sa 
direction d’entre E.- ENE. à 0.-0SO. faisait un angle très- 
aigu avec la ligne E.-0. La nappe boréale était devenue 
plus brillante que l'autre; vers 6 5/4 heures, toutes deux 
commencèrent à faiblir du côté de l’est; en même temps, 
et vers l’ouest, l’inflammation se prononçait à la suite des 
nappes, et surtout le long de la branche qui se dirigeait 
vers l'ONO. ; elle se faisait d'autant plus rapidement que 
l'aurore diminuait plus vite; quand cette dernière fut 
éteinte, la coloration alla se perdre dans ce point de Pho- 
rizon. Quant à la nappe australe, les nouvelles teintes 
rouges avaient un développement plus lent et plus persis- 
tant; elles finirent par disparaître avant d’avoir parcouru 
la branche qui se dirige vers "ESE. c'est alors que j'ai pu 


* 


( 194 ) 
constater que Vinflammation était d'autant plus vive et 
plus étendue que les colonnes de cirrhus se trouvaient plus 
nombreuses et plus convergentes. 
Si l'aurore avait perdu tout son éclat, son extinction 
n'était pas complète; les bandes convergentes continuaient 
à former des nappes d'un gris roussàtre très-prononcé; 


„les plis innombrables dont elles se: composaient s'accu- 


saient plus fortement qu'auparavant; des lueurs grisâtres 
les parcouraient en tout sens. Vers 7 !/s heures, les nappes 


. reparurent plus éloignées l’une de l'autre; laustrale s'était 


portée vers le midi, la boréale avait un peu avancé vers le 
nord; leurs dimensions avaient diminué, celles de la pre- 
mière plus que celles de la seconde; plus de trait jaune 
à leur convexité; leur teinte n'était plus si vive, mais d'un 
rouge obscur qui allait en s’éteignant. Vers 8 1/4 heures, 
la convexité de la nappe boréale fut enveloppée d'une 
écharpe blanche légèrement bleuâtre; elle semblait avoir 
beaucoup de fixité. Ce n’est que vers 9 1/4 heures qu'elle 
commença à éprouver des fluctuations; elle disparaissait, 
puis reparaissait ; le long de son contour extérieur, des ful- 
gurations d'un gris foncé se succédaient assez rapidement, 
semblables à des veines de marbre; elles se déformaient 


continuellement. Pendant toutes ces alternatives, la nappe 


australe m'avait cessé de s'obseureir et de se strier; la bo- 
réale avait passé an gris roussàtre en se moutonnant. On 
croyait voir la fin du phénomène, quand cette dernière 
nappe redevint plus vive et son écharpe plus éclatante; les 
fluctuations dont je viens de parler recommencèrent ; les 
teintes rougeâtres s’affaiblirent, puis disparurent. Il était 


alors 41 1/4 heures. 


Le fond du ciel sur lequel se projetait le phénomène 
avait conservé une teinte bleu ne seulement il était 
devenu un peu : sombre, 


D ends 


( 195 ) 

Quant aux autres parties de l'horizon, elles avaient tou- 
jours Faspect que nous avons fait connaître. 

Le 5 février, à 5 heures du matin, des lueurs rouges 
apparurent à l'extrémité du ciel, du NO: au NE, en passant 
par plusieurs alternatives; à 7 heures du matin, ces teintes 
devinrent d'un gris roussâtre très-prononcé, puis elles dis- 
parurent avec le soleil levant. 

Pendant la journée, le ciel ne cessa d'être parsemé de 
bandes de cirrhus analogues à celles du 4. On s'attendait 
à une seconde aurore, mais le soir deux à trois coups de 
tonnerre lointain mirent fin au mouvement atmosphérique. 


— M. Pierre Vertriest, de Somergem, près de Gand, 
m'a fait connaître de la manière suivante ses observations 
sur le phénomène : 

Peu après le coucher du soleil, un grand foyer lumineux 
se montra à l'horizon ENE. Il en sortit bientôt une large 
colonne d’un rouge éclatant, qui passa devant Jupiter. 
A 6 1/2 heures, temps local, un autre immense foyer, d'où 
sortait également une colonne de feu, se montra au SO. 
Ces deux colonnes vinrent se concentrer à l'endroit du ciel 
où se trouvent les Pléiades et formèrent une majestueuse 
couronne d’où s’élançaient des rayons dans toutes les direc- 
lions. Des plaques d'un rouge très-foncé se montraient au 
nord et à l’ouest. Peu à peu ces colonnes, celle qui venait 
du SO. et l'autre de ENE., ainsi que la couronne, descen- 
dirent un peu vers le sud; la couronne disparut alors 
presque complétement. L’ouest était aussi illuminé, mais 
lorient le dépassait de beaucoup en clarté. A 95/4 heures, 
une nouvelle couronne, mais non aussi belle que la prê- 
mière , se forma un peu au-dessus de Jupiter, eutre Jupiter z 
et les Pléiades. A 44 heures, tout le ciel, surtout depuis 


( 196 ) 
l'OSO. jusqu’au NE., ne présentait vel une immense nuée 
d'un rouge cerise. 


— D’après M. Cavalier, d'Ostende, on remarquait vers 
6 1/2 heures du soir, dans cette ville, une clarté jaunâtre 
inaccoutumée; à 8 heures, cette clarté brillait comme le clair 
de la pleine lune, et l’on distinguait très-facilement les con- 
tours et les formes des nuages dont le ciel était parsemé. 
On voyait au NE. un foyer de lueur rougeâtre et un autre 
au NO., d’où partaient des rayons éclatants, de diverses 
couleurs. Ces foyers se transportaient vers Vest et l’ouest 
respeclivement, laissant la partie nord du ciel sombre et 
obscure. 

Un peu après 9 1/2 heures, deux brillants rayons d’une 
couleur rouge écarlate s’élançaient, l'un de POSO. et l’autre 
de PENE.; ces rayons montaient rapidement dans le ciel. 
A 10 heures, ils firent leur jonction, en formant un arc qui 
avait son point culminant à l'endroit même où se trouvait 
la planète Jupiter. A ce moment on observait äu nord 
d'autres rayons convergents, d'une nuance verdâtre, qui 
se dirigeaient au zénith ; une couronne boréale se forma 
ensuite. 

L'arc, brisé parfois, resta encore visible j jusqu’à 11 heures. 
À partir de cette heure, le phénomène s’affaiblit très-sensi- 
blement, mais à minuit et demi, le ciel était encore forte- 
ment illuminé. 


(497) 


Du calcul rapide des phases lunaires, à l'usage des personnes 
qui s'occupent d'études historiques, par M. J.-C. Houzeau, 
membre de l’Académie. 


Il y a souvent un certain intérêt, dans les recherches 
historiques, à déterminer quel était létat de la lune à 
une date donnée, soit pour contrôler les relations qui 
parlent de la présence ou de l'absence de cet astre, soit 
pour se rendre compte des circonstances dans lesquelles 
les événements se sont passés. La clarté de la nuit, après 
une grande bataille, a une influence sur les poursuites que 
le vainqueur fait de l’armée battue. Quand Colomb aper- 
çoit, dans la soirée du 44 août 1492, les lumières qui lui 
indiquent l'existence d’une terre, et qu'il hésite à s'appro- 
cher de nuit, on se demande s'il y avait ou non de la 
lune. Il en est de même pour la nuit de la Saint-Barthé- 
lemy , pour la fameuse noche triste durant laquelle Cortéz 
se retira de Mexico, et dans un grand nombre de circon- 
stances analogues. Non-seulement la connaissance du cours 
de la lune ajoute à l'exactitude des descriptions, mais 
elle est quelquefois indispensable pour bien se rendre 
compte des actions qui se sont passées de nuit. : 

Les personnes qui s'occupent d'études historiques en 
étaient réduites jusqu'ici, pour assigner les phases, à Pem- 
ploi peu commode des épactes, qui né fournit d’ailleurs 
que des résultats assez incertains. Prendre la peine de 
calculer l'épacte (calcul qui est laborieux}, ou même de 
la chercher dans les tables-de l'Art de vérifier les dates, 


( 198 ) 

. pour n'obtenir la phase qu'avec une incertitude de deux 
jours, n'avait rien d'enconrageant. Les épactes ont été 
préparées par Clavius, à l’époque de la réforme grégo- 
rienne du calendrier, dans un but qui n’était pas exelusi- 
vement astronomique : les mouvements de la lune étaient 
bien le régulateur principal, mais il s'agissait aussi d'em- 
pêcher la pâque catholique de tomber au même jour que 
celles des quarto-décimans et des Juifs. Les épactes don-. 
nent si peu exactement les phases vraies , que la pâque de 
l'Église romaine ne tombe pas toujours aux dates où les 
mouvements réels de la lune l’amèneraient d’après sa 
définition. Ainsi en 1798, les épactes l'ont avancée au 
1% avril, ag lieu du 8 qu'indiquait le cours véritable de la 
lane; en 1818 elles l'ont reportée au 29 mars au lieu du 
22, et en 1845 au 50 mars au lieu du 93. 

On comprend que des tables qui peuvent s'écarter ainsi 
des mouvements vrais soient peu consultées. Cependant 
l'historien n’a pas autre chose aujourd’hui à sa disposition. 
Largeteau à publié, il y a plusieurs années, dans le re- 
cueil de la Connaissance des temps, des tables des syzy- 
gies, mais celles-ci ont surtout pour objet la vérification 
des éclipses. Or, le calcul des éclipses est plus difficile 
que la simple détermination des phases, et l’on reconnait, 
en effet, en examinant ces tables, que leur emploi exige 
une certaine connaissance des caleuls astronomiques. Je 
vais donner, au contraire, des tables très-courtes ct très- 
simples , qui fournissent à une heure près toutes les phases 
lunaires (les quadratures aussi bien que les syzygies). Ces 
tables seraient suffisantes pour la confection des alma- 
nachs. j 

Les personnes qui ont eu l'occasion de chercher l'instant 


(499 ) 

des phases, même à la simple précision de l'heure, et 
sans entrer dans le détail des minutes ni des secondes, 
dans les grandes tables de Burckhardt ou de Hansen, 
seront probablement étonnées qu’on puisse arriver au ré- 
sultat par l'addition de trois termes (un pour le siècle, un 
pour l'année, un pour la date) et d’une seule correction. 
Nous y sommes parvenus à l’aide des deux remarques 
suivantes. D'abord, dans les limites de précision posées, 
on peut renfermer dans la table dépendant de la date an- 
nuelle, l'effet du mouvement elliptique de la terre, ce qui 
dispense d'une table particulière pour cet objet. Ensuite 
251 lunaisons (251 X 29i, 550 588—7 419, 177 6) font 
à peu près exactement 269 périodes anomalistiques ou 
retours au périgée (269 x 27), 554 599—7 419, 187 1). 
La différence n’est que la centième partie d'un jour, et 
comme il s’agit d’une période de plus de quarante ans, 
linexactitude croît lentement. Elle ne porte pas d’ailleurs 
sur la phase même, mais sur l'instant du périgée. Au bout 
de mille ans, les erreurs , en s’accumulant, ne feraient pas 
encore 6 heures sur le périgée, et l’on peut s'assurer aisé- 
ment que pareille inexactitude n'aurait, dans les cas les 
plus défavorables, qu’une influence de !/2 heure sur la 
correction de la phase (une heure en deux mille ans). 
Cette période suffit done parfaitement pour notre objet. Il 
est étonnant qu'on n a. ait pas eu recours auparavant. - 

Comme cette période de 251 lunaisons , ou 1004 phases, 
eût entrainé une table d'une certaine étendue, nous 

l'avons subdivisée en sous-périodes de 28 phases chacune: - 
_28 phases ou 7 lunaisons font 206, 714, qui ne diffèrent 
presque pas de 7 !/2 périodes anomalistiques ou 206,659. 
Or on sait qu'après chaque demi-période anomalistique, 


Fi 
he 
pe gen 
DAME 


( 200 ) 
les corrections dues au mouvement de la lune reviennent 
dans le même ordre, ayant seulement changé de signe. 

Notre table IV aurait pu ainsi se réduire à 28 lignes; 
mais comme la dernière période de 28 phases dont nous 
venons de parler n’est pas très-exacte, nous avons subdi- 
visé la table en deux parties, et porté son étendue à 
56 lignes, afin de ne rien sacrifier de la précision. La cor- 
rection qui s’y trouve présentée renferme les effets com- 
binés de l'équation da centre et de l’éveetion, d'après une 
formule ingénieuse de Burckhardt. 

Les nombres intitulés N fournissent le nom de la phase. 
Lorsque N est un multiple exact de 4, il indique une con- 
jonction ou nouvelle lune, d'où l'on conclut les noms des 
trois phases qui suivent. kss multiples de 4 sont désignés 
dans notre table IV par un trait placé au-dessous de chacun 
d'eux. 

Voici un he de calcul. Soit demandé l'état de la 


lune le 14 octobre 1492; c'est dans la soirée de cette date ` 


que Colomb aperçut les lumières mobiles sur le rivage de 
Guanahani (Cat Island). 


TEMPS. N 
La Table I donne, XVe siècle, vieux style ... ..... 3i 44h 447 
— I, année 92, marquée bissextile... ..... 3 19 486 
— M, Far des bissextiles, ey immédiate- 
' t antérieure à celle don FU a 
a dure à i o a a 13 45 6710.0 
Correction (Table IV ) pour N = 61. . ..:...... — 6 
7 Temps de la phase vraie . .... .. 43::9 


Le nombre 671 étant, dans la table IV, immédiatement 


E 


PAPE SENS 


( 201 ) 

avant un nombre marqué d’un trait, désigne la phase qui 
précède une nouvelle lune , ou le dernier quartier. La lune 
était donc à la seconde quadrature le 13 octobre 1492 
(v. st.), à 9 heures du matin, temps moyen de Paris, ou 
à 4 heures du matin, temps du lieu, en retranchant la 
différence des longitudes. Ainsi la nuit de la découverte 
de l'Amérique, cet astre, arrivé presque à la dernière 
quadrature, n’a pu se lever pour Colomb qu’à une heure 
avancée de la soirée (11 heures du soir). 

Voiei quelques autres exemples sur lesquels on pourra 
s'exercer. 

On trouve qu’une pleine lune est arrivée le 56 juin 
1520, v. st., à 10 heures du soir, temps moyen de Paris, 
ou en tenant compte de la différence des longitudes, à 
5 heures du soir à Mexico. Ainsi durant la célèbre noche 
triste de Cortéz, les Espagnols avaient de la lune toute la 
nuit. - 

La lune éclaira aussi la nuit de la Saint-Barthélemy 
(24 août 1572, v. st.) dans toute sa durée, puisque lop- 
position ou pleine lune était arrivée le 25, à 1 heure de 
l'après-midi. 

La lune était sur l'horizon, dès le coule du soleil, 
le jour de la bataille de Waterloo, et dut éclairer les suites 
de la défaite; on trouve en effet une pleine lune le 21 juin 
1815, à 7 heures du soir, et l'astre a dû se lever, le 18, 
vers 5 heures du soir, dans nos latitudes. 

Il y aura nouvelle lune le 14 novembre 1898, à 1 heure 
du matin. L’averse d'étoiles filantes qu’on attend vers 
cette époque, pourra donc être observée dans des circon- 
stances favorables d’obscurité. 

L'usage des tables suivantes rend aussi ze qos 

2° SÉRIE, TOME XXXII. 


| (202 ) 
possible la solution des problèmes de ce genre, qui, par 
les tables rigoureuses, prendrait un temps énorme, et se- | 
rait inabordable aux historiens. | 


TABLE I. 


LE SIÈCLE. 


ref dt 


La première année du XVIIe siècle est 4701, et la dernière 4800; la première 
année du XIXe siècle est 1804, et la dernière 1900 ; et ainsi des autres. 


SIÈCLE, SIÈCLE, À SIÈCLE, 
vieux Temps. N. vieux Temps. N.: nouveau Temps. N. 
style. style, style. 


D... 45 476) 459 [IX ...| 6: 28) 583 || XVI a Dj B 
Utd 27 TAR. el m0 ÉxNII" 1 0 01 € 
B... JS Of 4 XL...10 U | 437 xvm”. | 5 8 | 98 
W. {C OTH. ls Sims 3 Ti | 
V....|4 siegi ul.. 2 4 902 || XX 1 6 | 786 | 
VL 4 7 | 800 || XIV 6 42 | 220| XX1 . | 5 44 | T44 f 
VIE... {8 45| TB] XV...) 3 44 | 447| XXi". | 8 43 | 6H 
MIH... | 2 44} 655 || XVI .. | o 40 | 74 xx”. | 4 42 | 568 | 


3 
f 
$ 
4$ 
t 


* La dernière année de ce siècle n’est pas bissextile. 


( 205 ) 
TABLE IT. 
L'ANNÉE. 


Les bissextiles sont désignées par un B. 


| 


Ans. | Temps. N. Ans. | Temps. N. Ans. | Temps. N. Ans. Temps. N. 
| 
Ot ai 3a) 0 | 26 | 5342| 233 || 51 | 65490! 466 || 768| 0:148" | 698 
| 02 | 02% 49197 | 2 6 | 282 || 52%! 3 43 | 515 
03 | 5 0 | 99 || Wel 6 9 | 332 11.) 3 90 | 748 
048! 4 49 | 448 53 | 6 47 | 565 || 78 | 0 44 | 797 
99 | 2 3 | 381 || 54 | 3 44 | 644 || 79 | 4 47 | 847 
05 | 422 | 498 || 30 | 6 6 | 431 1 55 | © 4 808! À 12 | 896 
06 | 4 46 | 247 || 31 | 3 4 | 480 || 568! 4 8 | 743 
07 | 5 49 | 297 || 328| 7 3 | 530 81 | 4 45 | 946 
088] 2 43 | 346 57 | 0 2 | 762 || 82 | 1 995 
33 | 2 2% | 579 || 58 | 4 5 | 819 || 83 | 5 18 | 41 
09 | 5 46 | 396 || 34 | 7 629 || 59 | 0 23 sis 2 6 | 90 
10 | 2 44 | 435 || 35 | 3 48 | 678 || 608! 5 9H 
41 | 6 44 | 495 || 368! 0 12 | 727 85 | 5 8 ! 140 
1213 8 | 544: 61 | 0 A | 960 || 86 | 2 3 | 189 
37 |3183 |777 || 62| 423| 68716 6 | 239 
13 | 6 44 | 594 || 38 63 | 447 | 55 || 888, 3 0 | 288 
1413 5 | 643 || 39 | 4 42 | 876 || 64e! 5 20 | 105 
18 |7 8 | 693 || 408! 4 6 89 | 6 3 | 338 
168! 4 2 | 742 65 | 4 14 | 154 || 90 | 2 22 | 387 || 
M | 4 9 | 975 || 66 | 3 47 | 204 || 91 | 7 2 | 437 
41 |7 6 t792 || 49 | 4 3 | 20 || 67 | 2 41 | 253 || 92) 3 49 | 486 
| 18 |4 o!su| 4315 7 | 70 || 68! 6 45 | 308 
19 | 0 48 | 890 || #8 2 4 | 119 93 | 6 22 | 536 
| 2%08| 4 21 | 940 || 69 352 || 94 | 3 46 | 585 || 
45 | 5 4 | 469 402 || 95 | 0 41 | 634 
21 | 0 45 | 989 || 46 | 4 23 | 218 431 || 968 684 | 
22 | 448 | 35 |! 47 |6 A 300 
23 | 142 | 82 || 488) 2 49 | 317 
Hal 5 15 |4 
49 | 5 22 | 367 
2% | 4 9 | 483 || 50 | 2 46 | 416 


ATE. 
Le jour commence à minuit. Les heures sont comptées de 0 à 24. Le méridien 


est celui de Paris. 
Si la s d 


(204) 


TABLE III. 


mbres N donne 100% ou plus , retranchez 4004. 


TEMPS. TEMPS. 
ANNÉE N. ANNÉE N. 
4, commune. | bissextile. commune. | bissextile. 
Janvier.. | Gi 0b} o Ov] O Juillet. ..| 3i 43r] 95 43b] 25 
TAG Tet 10 2 | 9 2 |% 
44 19 | 44 49 | 2 TNO REE 
M Si 8-3 25 45 | 24 15 | 28 
29 45 | 29 45 | 4 ; 
kat le 014 01 
Février... | 6 O0! 6 0! 5 : 9 9| 8 9} 30 
43 10 | 143 40 | 6 16 48 | 45 48 | 51 
-20 20 | 20 20 | 7 2% 31923 3| 2 
B 5i 5] 8 34 44 |30 UIB 
Mars. T 44 44 | 9 || Septembre. | 7 20| 6 |I 
45 0 |1%. O0 | 140 is su 518 
+ Olu oi 29 44 | 21 44 | 36 
29 48 | 28 18 | 12 30 012 0137 
Avril... | 6 4} 3 a[i | Octobre... | 7 9| 6 9|3% 
43 13 | 42 43 | 14 14 48 | 13 18 | Sif 
20 22 | 49 2 | 15 22 3|2 3|% 
B Far Tie 29 143 | 28 13 | 411 
Mai 5 46 | 4 46 | 47 || Novembre. | 5 2% | 4 2 |41 
43 0!142 0!18 13 8142 BIS 
49 9 [418 9 | 49 20 47 | 19 17 
27 48 | 26 18 | 20 a 319. 5 
Juin 4 3 3| 24 || Décembre .| 5 43| 4 13 | 46 
A1 4 |140 | 2 : 12 mu 2|# 
| 48 20 | 47 20 | 3 2 8l19 81% 
% 513% 5|% ar 418| 2% 18 | # 


( 205 j 


TABLE IV. 
CORRECTION 
— N de 0 à 249 et de 502 
Affectez cette dake du signe qui est du côté de r te 
Les conjonctions ou nouvelles lunes sont suivies d'un trait. 


ARGUMENT N. Correction. ARGUMENT N. 
1} el12168 |224 s3086 642698 + 8h— | 28| 84|140|196|502/588/644|670| 726 
1 43| 69! 25} 31| 87| 431609| + 6 — | 29| 8| 41| 97 59! 45| 74| 97] 
2 | 88| 44| 70| 26| 32| 88| 441700| — 9 + 30| 86| 42} 98| 04| 60| 46| 72| 28 
3 | sol asl ral arl ssl gol lol — 3 + | 34| 87| 43199) 05| 61] 47| 73] 29 
4 | 60! 46| 72| 28| 34| 90| 46| o2| + 10 — | 32| 88|_44/200| 06! 62} 48| 74| 30 
5 | 61| 147| 73| 2| 35| 9| 47| 03 0 33| 89| 45| 01! 07! 63| 49| 75| 31 
6 | 62| 48! 74| 30| 36| 92| 48| o4| — 40 + | 34| 90| 46| 02| 08| 64| 20| 76| 32 
7 |63| 40! 75| 31| 37| 93| aol 05! + 3 — | 3| 91| 47| 03| 09) 6| 21) 77| 33 
8 | 64] 20| 76| 32| 38| 94| 50! 06| + 9 — |36| 92] 48| 04 10| 66| 22| 78| 34 
9 | 6| al 77| 33| 39| 95| sa| orl — 7 + |37| 93| 49| 08| 44| 67| 23| 79| 35 
10 | 66| 22| 78| 34| 40! 96| se} os| — 8 + |38| 94| 50! 06| 42| 68| 24| 80| 36 
U | 67| 23| mo! 35| 41| o7! 53 o9 + -9 — | 39| 9| 54| 07| 43| 69| 28| 81| 37 
12 | e8) 24| 80! 38| 42| 98| sa} 40] + 7 — | 40) 96] 52) os| 14| 70! 2| 82| 38 
13 | 69| os! 81| 37| 421500! 551 41) — 12 + | 41| 97| 883| 09! 45| T4| 97) 83| 39 
14 | 70| 2| 82| 38| 441600! se| a2) — 5 + | 42) 98| 34| 10| 46| 72] 28) 84| 40 
413 | T| 27| 83| 39 ol 57| 43l- + 43 — | 43| 99| 55| 44] 47| 73| 29| 88| A 
18 | zal 28 84| 40| 46| oaf se| 14| + 3 + | 44j100]| 56! 42] 18) 74| 30) 86 42 
17 | 73| 29) 85| | 47| 03! so! sl — 44 + | 48| 041| 87| 43| 49| 18| 31| 87| 43 
18 | 74| 30| s6] zal 48! o4! eol 16! — 1 + | 46| 02] 38 14| 20| 76| 32/ 88| H 
19 | 75| 31| er} 43| zo| os| 64| 17| + 48 — | 41] 08| 89) 45/ 21) T7 33) 89) B 
aal eel 44l 50! 06! af 18| — 1 + | 48] 04) 60, 46) 22) 78) 34) 90! 46 ij 
33| 89| 45| sil 07! 63l 19 — 44 + | 49| 03| 61! 47| 28| 79| 35| 9| 47] 
34| 90| 46| sal 08! 64| 20| + 4— | 50! 06| 62 18] 24, 80) 36) 92) 481] 
- ss! 91| 47! 53| 00! 65| 21! + 13 — 541| 07| 63, 49| 285| 84| 37) 93] jk 
36| o! 48] sa| 10! 66! zo| — 5 + | 52] 08) 64! 20) 2| 82) Bj 94) 50 
37| 931249) ssl 44| 67| 23| — 11 + | 83| 09| 65 21| 27| 83| 39| 95| 751 
38| os | sel 49! es} ul + 7 — | 54] 10) 66, 22) 28| 84, 40) 2) 
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( 207 ) 
— M. P.-J. Van Beneden , en communiquant son mé- 
moire sur les chauves-souris de la Belgique et leurs para- 
sites (1), a donné, à ce sujet, lecture de la notice suivante : 


L'étude des chauves-souris présente un très-haut intérêt, 
Ces animaux sont soustraits complétement à l'influence 
de l'homme; ils se perpétuent sous l'empire absolu de la 
sélection naturelle; le même régime insectivore s'observe 
chez tous et la loi de la concurrence vitale exerce d’autant 
mieux son empire, que l'abondance plus ou moins grande 
de pâture dépend des variations de température. Aucun 
autre mammifère n’est, sous ce rapport , aussi dépendant, 
et l’on peut se demander aujourd'hui comment ces mam- 
mifères insectivores, vivant à côté des Mammouths, des 
Ours et des Rennes, ont pu traverser, sans disparaître 
complétement, les époques glaciaires. Pourraient-ils aujour- 
d'hui passer impunément plus d’un hiver dans leur sommeil 
léthargique? En existerait-il encore si la température d'un 
seul été faisait défaut? 

Quel est l'effet que la sélection naturelle et la concur- 
rence vitale ont exercé depuis l’époque où le Mammouth et 
le Rhinocéros tichorinus foulaient notre sol, sur la forme, 
la force, la taille, le genre de vie des chauves-souris ? Quel 
changement voit-on dans les espèces depuis le commen- 
cement de l’époque quaternaire ? Nous n'en apercevons pas 
et si, depuis cette époque, aucune variation n’est survenue 
ni dans le nombre, ni dans la forme des espèces, peut-on 
scientifiquement attribuer à la sélection et à la concurrence 
la formation des espèces, soit à notre époque, soit aux 
époques antérieures ? 


(1) Voir Correspondance de la séance, page 174. 


= 


( 208 ) 

Les espèces sont restées exactement les mêmes au mi- 
lieu de toutes ces luttes , et il nous semble plus que hasardé 
de chercher l'explication de la diversité des formes dans 
des phénomènes qui n’exercent aucune influence dans les 
temps actuels. 

Ces considérations ont fait le sujet d'une communica- 
tion que j'ai présentée, au mois d'août dernier, à l'Asso- 
ciation britannique d'Édimbourg. Dans le travail que j'ai 
l'honneur de communiquer aujourd’hui, j'envisage les 
chauves-souris au point de vue des parasites qui les han- 
tent. — Il y a encore plusieurs lacunes à combler. — Ces 
mammifères hébergent-ils des parasites comme les autres 
ordres de cette classe? — Les parasites des Chéiroptêres 
ont-ils des caractères particuliers? Ceux qu’ils hébergent 
sont-ils à leur destination (Nostosites) et en hébergent-ils 
également qui soient chez eux de passage ou de transit 
(Xénosites)? En d'autres termes, y a-t-il des animaux qui 
font des chauves-souris leur pâture habituelle ? 

D'où leur viennent les vers qui les hantent et par quels 
moyens s'introduisent-ils? Les trouve-t-on pendant les 
diverses saisons, en été quand ils sont éveillés, en hiver 
quand ils sont engourdis, et restent-ils en vie pendant toute 
la durée de l'hiver? 

Ce sont autant de questions auxquelles nous avons 
tâché de répondre, par des’ recherches directes sur les 
chauves-souris du pays que nous avons pu nous procurer. 

Il reste encore une grande lacune et que nous n’espé- 
rons pas pouvoir combler, c’est celle de leur pâture. — Nous 
aurions voulu connaître le nom des espèces d'insectes que 
chaque chauve-souris pourchasse principalement, mais il 
ne nous a pas été possible de le savoir. — Il faudrait cap- 
turer ces animaux en assez grand nombre, immédiatement 


H RET RRN ii 


( 209 ) 

après leur chasse, avant que la digestion soit faite et par 
conséquent surtout au crépuscule du soir! — D'après ce 
que les parasites nous ont appris, nous savons seulement 
que les diverses chauves-souris du pays poursuivent les 
mêmes insectes, chaque espèce ayant toutefois ses préfé- 
rences; il n’y a que le grand fer à cheval qui chasse un 
insecte particulier, puisque cet intéressant Rhinolophe 
nourrit un Strongle qu’on nè trouve jamais ailleurs et qui 
lui est apporté naturellement par une espèce qu'il serait 
important de découvrir. \ 

Il résulte de ces recherches : 

1° Que les Chéiroptères nourrissent également des para- 
sites comme les autres mammifères ; 

2° Que ces parasites appartiennent à une catégorie à 
part; 

5° Que Fon connaîtrait l’ordre des Chéiroptères au con- 
tenu de l'intestin ; : 

4 Que les Ascarides, si communs dans tous les mam- 
mifères, manquent chez les chauves-souris; 

5° Que tous leurs parajites connus jusqu’à présent sont 
Nostosites ; 

6° Que les Xénosites sont des individus égarés ; 

T° Qu'ils nourrissent les mêmes parasites pendant toute 
l'année ; 

8° Que le daarnet hibernal fait sentir ses effets sur leurs 
vers comme sur leurs nombreux Acarides. 


- 


(240 ) 


Note sur la structure des Grégarines, par M. Édouard 
Van Beneden, correspondant de l'Académie. 


- Dans un travail publié dans le Bulletin de l'Académie 
royale de Belgique (tome XXXI, n° 5, 1871), j'ai fait 
connaître les phases successives de l'évolution d’une nou- 
velle Grégarine, trouvée dans l'intestin du Homard et 
décrite dans une notice antérieure, sous le nom de Gre- 
garina gigantea (BULL. pr L'Acap. ROYALE DE BELG., 
t. XXIX, n° 11, 1869). J'avais établi par mes recherches 
que les psorospermies donnent naissance à de petits globes 
protoplasmiques, qui diffèrent des Amibes en ce qu'ils 
sont dépourvus de tout noyau cellulaire et qu’ils ne mon- 
trent jamais aucune trace de vacuole: Hs représentent, 
au point de vue morphologique, les Monères de Hæckel, 
et les Grégarines passent dans le cours de leur évolution 
ontogénique par la phase monérienne. Elles sont à ce 
moment de simples gymnoeytodes et ne deviendront des 
cellules, que quand un noyau se sera développé à leur inté- 
rieur. À la surface de chaque cytode se développent deux 
prolongements protoplasmiques. Simples bourgeons, à leur 
début, ces prolongements s'allongent gn absorbant le corps 
du cytode, et quand ils sont devenus libres, ils se meuvent 
dans l'intestin du Homard à la manière de petits vers 
nématodes. De là le nom de Pseudofilaires que je leur ai, 
donné. Bientôt après ils se raccourcissent et en même 
temps leurs mouvements deviennent moins actifs; ils ces- 
seront même de se produire; un nucléole volumineux appa- 
raîtra à l’intérieur du corps et autour de lui se déposera 
aussitôt une couche nucléaire. 


PP ekeren 


SEANA NESEN RA 


seinde 


( EF ) 

Dès lors le cytode est devenu une cellule; la séparation 
des éléments chimiques du nucléole et du noyau d’avec 
les éléments constitutifs du corps de la cellule a amené 
la différenciation de la matière primitive, que j'ai appelée 
plasson, en trois couches distinctes : le nucléole, le noyau 
et le protoplasme (1). La cellule n’a plus qu’à grandir pour 
devenir la belle Grégarine de 16 millimètres de longueur à 
laquelle le Homard offre complaisamment le gîte et la nour- 
riture. Mais en même temps qu’elle grandit, la cellule subit 
dans son corps protoplasmique de nouveaux phénomènes 
de différenciation , et la complication qui apparaît dans la 
composition du corps cellulaire permet d'affirmer que cer- 
lains organismes monocellulaires peuvent présenter une 
véritable organisation, et qu'ils se composent de parties 
qu'il faut distinguer tant au point de vue morphologique 
qu’au point de vue physiologique. Avant de décrire cette 
complication de structure et en particulier ces éléments qui 
constituent dans l'intérieur d'un être monocellulaire un 
véritable système musculaire, j'ai cru nécessaire de rap- 
peler en quelques mots les résultats de mes recherches 
Sur l’évolution de la Grégarine, parce qu'elles démontrent 
que la Grégarine est une seule et unique cellule, qu’elle 


i 


- (1) Les belles observations qu'Eimer a récemment publiées sur les pso- 
rospernties des animaux supérieurs viennent confirmer en tous points 
mes recherches sur l'évolution de la Grégarine du Homard. Les phases de 
Psorospermies (fig. 53, 54, 56 et suivantes de son travail) de corps sémilu- 
naires à une extrémité renflée (fig. 54), de corps falciformes (fig. 56 et 
mr de aas amceboïdes (fig. 47) et de Grégarines nucléées cor- 

respondent aux phases que j'ai désignées sous les noms de phase moné- 
rienne , de eytode générateur, de pseudofilaire, de jeune Grégarine et de _ 
Grégarine complète. 


LA 


( 212 ) 
nous représente incontestablement une individualité mono- 
cellulaire. 

Le corps de la Grégarine géante a une forme cylin- 
droïde. Son diamètre varie fort peu : C'est tout au plus si 
Fon observe un léger rétrécissement progressif dans sa 
portion terminale et une faible dilatation, dont le déve- 
loppement est du reste variable, près de son extrémité 
antérieure. Une membrane cellulaire que j'appelle cuti- 
cule, par analogie avec la cuticule des Infusoires, délimite 
extérieurement le corps, et la Grégarine n’est en réalité 
qu’un long boyau cylindrique fermé à ses deux extrémités. 
Cette membrane ne laisse apercevoir ancune trace d'orifice 
buccal et on n’y distingue pas de pores en canalicules; elle 
paraît parfaitement homogène et les liquides nutritifs ne 
peuvent pénétrer que par voie d'endosmose. La membrane 
présente partout la même épaisseur. Chez les individus ar- 
rivés à leur complet développement elle est très-nettement 
délimitée du côté interne aussi bien que du côté externe, 
et elle présente un double contour bien marqué. Mais il 
n'en est pas ainsi chez les jeunes individus : chez eux, la 
cuticule est très-difficile à démontrer, ce qui dépend de ce 
qu'elle n’est pas complétement isolée de la matière proto- 
plasmique sous-jacente : il y a passage insensible entre le 
contenu de la cellule et la couche externe du protoplasme, 
qui se transforme progressivement en substance cuticulaire. 

Le contenu de la cellule, formant le parenchyme du 
corps, se laisse diviser, tout comme chez les Infusoires, 
en une colonne centrale ou parenchyme médullaire, une 
couche périphérique ou parenchyme cortical et une très- 
mince couche sous-cuticulaire , qui constitue la couche mus- 
culaire. 

Le parenchyme médullaire apparaît dans la plus grande 


r 


( 25 ) 
partie de la longueur du corps, sous l'apparence d'une 
bande foncée occupant l'axe du corps. H est formé d’une 
substance très-granuleuse et beaucoup plus fluide que 
la substance corticale. Les granules qu’il contient sont 
assez volumineux et très-réfringents; on les voit se dé- 
placer et se mouvoir, sous l'influence des contractions de 
la Grégarine. Le parenchyme central constitue en réalité 
une colonne massive qui remplit complétement le cylindre 
creux circonstruit par le parenchyme cortical. Le noyau 


-de la cellule, dont la forme est ordinairement ellipsoï- 


dale, occupe toute la largeur de ce cylindre. Si l'on coupe 
transversalement le corps d'une Grégarine encore en vie, 
soit en deçà, soit au delà du noyau, on voit la matière 
fluide centrale s'écouler en formant colonne, sans entrai- 
ner le noyau avec elle; et comme la substance corticale 
reste aussi en place, il se développe à l'intérieur du corps 
une cavité cylindroïde circonscrite en dehors par le paren- 
chyme cortical, en haut par le noyau, en bas par la 
colonne médullaire en retraite (fig. 6). Quand la matière 
médullàire s’est répandue, elle se délaye aussitôt; les gra- 
nules s’écartent les uns des autres et vont en divergeant, 
animés chacun de mouvements browniens très-intenses, 
osciller chacun de leur côté. 


La couche corticale (couche musculaire de Leidy) est 
formée d’une matière protoplasinique visqueuse, beaucoup 
moins fluide, beaucoup moins granuleuse et partant plus 
claire que la substance médullaire. Les granules du paren- 
chyme cortical sont non-seulement moins nombreux, mais 
aussi notablement plus tenus et moins réfringents que 
ceux de la colonne centrale. Pas plus que chez les Infu- 
soires, il n'existe du reste de ligne de démarcation bien — 


( 214 ) 
tranchée entre les deux couches; il y a passage insensible 
de l’une à l’autre. Près de l'extrémité postérieure du corps, 
il est difficile de distinguer ces deux substances. 

La surface de contact entre le parenchyme médullaire 
et le parenchyme cortical n’est pas toujours une surface 
cylindroïde simple : par moments la couche médullaire 
présente à sa surface externe des cannelures plus ou moins 
rapprochées l’une de l'autre, dans lesquelles se moule la 
substance corticale. Les sillons de la colonne médullaire 
et les côtes correspondantes de la substance corticale sont 
plus ou moins nombreux et plus ou moins rapprochés lun 
de l’autre. Comme ils sont toujours parallèles à l'axe du 
corps cylindrique de la Grégarine, ils lui communiquent 
une striation longitudinale, les côtes de la colonne corticale 
produisant l'effet d'autant de stries longitudinales plus 
claires. Les cannelures et les stries longitudinales qui en 
sont la conséquence apparaissent et disparaissent, et il 
m'est impossible de dire quelle est la signification de cette 
disposition. | 

Plusieurs naturalistes ont signalé la striation longitu- 
dinale du corps de certaines Grégarines; Lieberkühn (1) 
reconnut cette striation à l'extrémité postérieure du corps 
des Grégarines , que l’on trouve dans les testicules du Lom- 
bric (Monocystis et Zygocystis de Stein). Mais pas plus que 
Claparède (2), qui observa un double système de stries è 
la surface du corps d’une Grégarine, d'une Phyllodoce, 
Lieberkühn ne s'est enquis de la cause ni de la significa- 
tion de ces stries. Leidy (5) décrivit le premier une couche 


- {1) Lieberkühn. Évolution des Grégarines, p. 24, pl. I, fig. 
(2) Claparède. Recherches anatomiques dans les Hébr. ie p- Sis, pl. V- 


(5) Leidy. Transactions Amer. Phil. Soc. at Philadelphia, 1835, 
vol. 10. 


( 245 ) 
distincte caractérisée par sa striation longitudinale et lui 
donna le nom de couche musculaire; (elle correspond à 
notre couche corticale). Leuckart (1) confirma l’observation 
de Leidy; mais il émit opinion que la striation longitndi- 
nale dépend d’un plissement momentané de la membrane 
corticale sous-cuticulaire. Cette interprétation , parfaite- 
ment exacte du reste, a été récemment adoptée par Ray Lan- 
kester (2); pour lui aussi, les stries longitudinales ne sont 
que le résultat d’un état momentané de contraction de la 
prétendue couche musculaire de Leidy. Lorsque j'ai publié 
mon premier travail sur la Grégarine du Homard j'avais 
reconnu aussi la vraie valeur des stries longitudinales, les 
attribuant non pas à une disposition organique ` perma- 
nente; mais à un état passager de la couche corticale de 
Leidy (3). Rien ne prouve la nature musculaire de cette 
couche; les stries longitudinales ne sont pas des fibrilles 
musculaires longitudinales, mais le résultat d’un épaissis- 
sement, suivant une direction longitudinale, de la couche 
corticale. Celle-ci est probablement susceptible de con- 
traclions locales; c’est vraisemblablement elle qui permet 
à la Grégarine de se couder brusquement et qui détermine 
les mouvements de translation des granules de la couche 
médullaire fluide’; mais elle n’est que du papani; non 
transformé en substance musculaire. 


Une troisième couche, fort mince, qui a complètement 


(1) Leuckart. Bericht über die Fitina in der Sn der 

niederen Thiere während der Jahre renee 

(2) Ray Lankester. Transactions micr. Soc., t. VI, pp. 25-28, tab 

(5) Édouard Van Beneden. Sur une ae Sr de pav dé- 
signée sous le nom de Gregarina Gigantea. Bull. Ac. roy. de Belg., 
2 série,t. XXVIII, p. 447. 


( 246 ) 

échappé aux naturalistes qui ont observé les Grégarines, se 
trouve située entre la cuticule et le parenchyme cortical. 
Son épaisseur est à peu près égale à celle de la cuticule; 
elle augmente légèrement près de l'extrémité antérieure 
du corps, et c'est elle qui s'infléchit en dedans pour 
constituer la cloison transversale qui sépare la chambre 
antérieure de la chambre postérieure. Cette couche se 
trouve développée sur toute la surface de la chambre 
postérieure; mais elle s'arrête un peu en avant de la cloi- 
son de séparation entre les deux chambres, de sorte que 
la chambre céphalique est tapissée seulement à sa face 
postérieure ét sur une très-petite partie de ses faces laté- 
rales par la couche dont nous nous occupons. 

Elle est constituée d'une substance incolore , homogène 
et transparente, et de fibrilles transversales, formées d’une 
substance très-réfringente; celles-ci présentent tous les 
caractères des fibrilles musculaires des Infusoires. Ces 
fibrilles forment soit des anneaux circulaires, soit une 
spirale continue développée sur toute la surface de la 
Grégarine; mais elles manquent dans la cloison transver- 
sale, qui est exclusivement formée de substance incolore 
et transparente. 

Si l’on examine la surface du corps de la Grégarine à un 
fort grossissement (obj. 9 ou 10 à immersion de Hart- 
nack), dans le liquide intestinal du Homard ou dans le 
serum du sang, on distingue une striation transversale 
très-manifeste, qui a son siége dans la couche sous- 
cuticulaire (fig. 4). Ces stries foncées sont très -rap- 
prochées l’une de l’autre; elles sont disposées avec une 
régularité parfaite, toujours équidistantes, et elles sont 
presqu’aussi évidentes que la striation transversale des 
fibres mysculaires d’un Arthropode ou d’un vertébré. Elles 


( 217 ) 
deviennent plus distinetes encore, sous l'influence de 
l'acide acétique, de l'acide chlorhydrique ou de l'acide 
osmique en solutions faibles. 

Ces stries ne sont pas le résultat d’un plissement momen- 
lané de la membrane sous-cuticulaire; elles dépendent de 
vérilables organes préformés, de fibrilles transversales 
situées dans la couche sous-cuticulaire; car si, au lieu de 
disposer le microscope de façon à observer la surface de 
la Grégarine, on l'installe de manière à voir sa coupe opti- 
que, on distingue très-nettement sur les bords, immé- 
diatement sousla euticule, des corpuscules réfringents, de 
forme circulaire, situés à égale distance l’un de l'autre et 
dont le diamètre est exactement égal à celui de la couche 
transparente dans laquelle ils se trouvent situés (fig. 2 et 
suiv.). En changeant progressivement le foyer du micros- 
cope, on reconnait que ces corpuscules ne sont, en réalité, 
que les sections optiques des bandelettes transversales 
que Fon distingue à la surface, et que, par conséquent, ces 
slries sont produites par de véritables fibrilles transver- 
sales ou circulaires. Ces fibrilles , formées d’une substance 
très-réfringente, alternent avec des stries claires, formées 
par la substance fondamentale .de la couche musculaire. 
La substance claire doit être considérée comme formant la 
base de cette couche musculaire, puisque là où elle s'épais- 
sit, près de l’extrémité antérieure du corps, au niveau de 
la cloison transversale, les fibrilles n’occupent plus toute 
l'épaisseur de la couche : là les fibrilles transversales sont 
réellement tenues en suspension dans la substance trans- 


parente, qui constitue à elle seule toute la cloison. Les 


librilles ne se trouvent pas toujours, à ce niveau, près de 


la cuticule (fig. 2 et 3); les premières fibrilles enveloppent =. 
Fe: = 


2m: SÈRIE, TOME XXXII. 


- 


(A8) 
quelquefois, comme autant d’anneaux, la partie posté- 
rieure de la chambre antérieure (fig. 1). 

Si, après avoir déchiré la cuticule en quelques points, 


on comprime légèrement le corps de la Grégarine, le con- — 


tenu s'écoule, entraînant çà et là la couche musculaire 
avec les fibrilles qu’elle contient. Celles-ci apparaissent 
alors isolées, et l’on reconnaît manifestement que ces 
fibrilles sont formées de petits corpuscules réfringents, 
allongés dans le sens transversal et très-rapprochés lun 


de l’autre (fig. 5). Après avoir reconnu par ce procédé la _ 


structure des fibrilles, j'ai pu voir les corpuscules consti- 
tutifs de ces éléments dans la Grégarine encore en vie. 
il suffit pour cela-de la comprimer légèrement et d'exa- 
miner les fibrilles à un fort grossissement, au niveau du 
noyau de la cellule. En ce point la matière grannleuse de 
la colonne médullaire est remplacée par un noyau homo- 
gène et transparent, et il est bien plus facile, à la faveur 
de cette plus grande transparence, de distinguer les détails 
de la surface. 

S'il était possible d'admettre encore aujourd'hui les 
idées de Bowman sur la structure des fibres musculaires 
striées des animaux supérieurs (1), je croirais pouvoir com- 
parer la Grégarine avec sa couche musculaire à une fibre 
musculaire en voie de développement, alors qu'elle pré- 
sente encore dans sa partie centrale du protoplasme non 
modifié et que la partie périphérique seule s’est transfor- 
mée en substance musculaire. Car à ce moment les disques 
transversaux formés par la juxtaposition d'éléments sar- 
ceux sont encore de simples anneaux, que l’on pourrait 


Mi di No ME 


(1) Bowman. On the minute structure and movements of voluntary 
Muscles. London , 1840, 


meting aanne 


wer demen 


(29 ) 
comparer à une fibrille circulaire de la Grégarine. La 
Substance fondamentale claire et peu réfringente de la 
couche musculaire de la Grégarine, pourrait être comparée 

à la couche de substance claire et monoréfringenté, sépa- 
rant dans une fibre musculaire striée, les disques composés 
de « sarcous elements. » 

On concevrait, en effet, que dans une cellule unique la 
couche périphérique du protoplasme puisse se transformer 
en Substance musculaire, tout aussi bien que dans une 
masse protoplasmique à noyaux formée virtuellement de la 

usion d’un certain nombre de cellules. Mais les derniers 
travaux de Krause (1), Hensen (2), Flögel (3) et Merkel (4) 
Sur la structure des fibres musculaires striées ont tellement 
modifié les idées sur l’organisation de ces éléments, ils ont 
démontré dans les fibrilles une structure si complexe que 
tout rapprochement entre les fibres musculaires des Ar- 
thropodes et des Vertébrés, et appareil musculaire des 
Grégarines me paraît aujourd’hui impossible. Ce n’est qu'en 
comparant- les fibrilles musculaires des Grégarines aux 
libres des Infusoires , que la signification que j'ai donnée 
à ces éléments me paraît justifiable. 

Pour terminer la description de la Grégarine il est néces- 
saire de dire encore un mot relativement au contenu de la 
Chambre antérieure ou céphalique. Ce contenu est toujours 
très-granuleux et fort opaque, au moins dans la partie cen- 
trale de la chambre. Les granules réfringents que renferme 


mms 


sé Krause, Zeitschrift für rationnelle Medizin, Ille Reihe, 55. Bd., 


ns heen. Arbeiten des Kieler physiol. Institut, 1868, p. 1. 
(5) Flögel. Archiv für microsk. Bd. 8. 1° Lief. 
(4) Merkel. Archiv fur microsk. Anat, Bd. 8, 23 Lief; S- 244. 


( 220 ). 
cette partie du corps se font remarquer par leur dimension 
assez considérable et par la facilité avec laquelle , sous l'in- 
fluence d’une pression croissante, ils se fondent les uns 
dansles autres, de façon à former des amas irréguliers d'une 
substance très-réfringente. 


La Grégarine arrivée à son complet développement, 
malgré sa nature monocellulaire, nous apparaît donc 
comme un être à structure assez complexe. De même que 
chez les organismes pluricellulaires, la division du travail 
physiologique amène la différenciation des cellules et la 
complication progressive de l’organisation, de même aussi 
ce principe de la division du travail amène dans certains 
êtres monocellulaires une différenciation locale du proto- 
plasme et donne lieu à la formation d'organes distincts. 
‚Tels sont dans la Grégarine : la cuticule, la lame muscu- 
laire, la couche corticale, la colonne médallaire, la cloison 
transversale et la chambre céphalique. Car toutes ces par- 
ties ne sont que le résultat de la transformation lente du 
corps protoplasmique de la jeune Grégarine : c’est pro- 
gressivement que l’on voit les différentes couches se des- 
siner dans le cours de l’évolution ontogénique; c'est aussi 
à une époque relativement avancée du développement, 
qu’une cloison transparente apparaît entre l'extrémité 


antérieure du corps, caractérisée, dès le début, par l'aceu- 


mülation des globules réfringents, et la chambre posté- 
rieure. Toutes ces modifications se produisent dans la 


cellule par transformation du protoplasme en substance 


| 


cuticulaire, musculaire, corticale et médullaire. 
Une question importante dont je veux dire un mot en 
terminant, c’est la question des rapports entre les Gréga- 
rines et les Infusoires, ou ce qui rend mieux ma pensée 


(22 ) 

entre les Infusoires et la cellule. L'opinion d’après laquelle 
les Infusoires seraient des êtres monocellulaires a été géné- 
ralement abandonnée, le jour où l’on a connu la struc- 
ture complexe de ces organismes. Cette complication parais- 
sait en contradiction avec la nature monocellulaire ; car la 
cellule paraissait être la dernière expression de la simpli- 
cité organique. Et cependänt il a été impossible jusqu’au- 
jourd’hui, qu’on se soit basé sur l'étude anatomique de 
ces organismes, ou qu'on ait pris en considération ce que 
l'on connaît de leur développement, de démontrer leur 
. Pluricellularité. 

Les observations que nous venons de faire connaître sur 
la structure de la Grégarine, montrent 1° que, contraire- 
ment à l'opinion, généralement reçue, un organisme mono- 
cellulaire peut atteindre un haut degré de complication ; 
2° qu'il existe une grande analogie entre les couches dont 
se compose notre Grégarine et celles que l’on connaît chez 
les Infusoires. Il n’y a donc pas lieu, à raison de leur orga- 
nisation assez élevée, de soutenir à priori que les Infusoires 
sont des êtres pluricellulaires; et l’on peut se demander si 
la couche musculaire, le parenchyme cortical et la sub- 
stance médullaire des Infusoires ne sont pas homologues 
de ces mêmes éléments de la Grégarine; de la solution 
dans un sens affirmatif de cette question ressortirait la 
démonstration de l’unicellularité des Infusoires: Sans vou- 
loir soutenir- que ces organismes sont de nature mono- 
cellulaire, je crois qu'il y a lieu de se poser la question; car 
dans l'état actuel de nos connaissances sur les Infusoires la 
question n eat pas résolue. La connaissance exacte + 


da ros nroan ISMES 


uv ULUS Vis 


décider la question ‘de l'homologie de leurs couches avec _—_— 
celles de la Grégarine, et nous éclairer sur les rapports 


(22) 


généalogiques qui relient les Infusoires aux Mens 
monocellulaires les plus simples. 


Fig. 1 


| 
19 


| 
i 


me 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


: ai antérieure du corps d’une Grégarine adulte, vue à la 


urface, et montrant les stries transversales, les différentes 
ché et la chambre antérieure avec la cloison de séparation 
entre les deux chambres. (Ohj. 9 à immersion avec oc. 3 de 
Hartnack.) 


. Partie Eik du corps d'un autre de telle qu’elle se 


e à la coupe optique. (Obj. 8, oc. 3 de Hartnack.) On 

tise que les sections optiques ie date au niveau de 

ia cloison de séparation entre les deux chambres, sont ici très- 
nombreuses, 


. Mêmes parties du corps d'un autre individu, remarquable par un 


plus grand développement de la chambre antérieure, une épais- 
seur plus considérable de la cloison et une disposition différente 
des fibrilles transversales dans le voisinage de la cloison. On 

. Voit aussi ici la striation longitudinale apparaissant à la surface 
de la colonne médullaire. Elle dépend d'un état particulier de 
contraction de la couche corticale. Les fibrilles choper ont 
été représentées par leurs sections T (On: immer- 
sion et oculaire-1 de Hartna 


- Coupe optique du corps pour montrer les différentes couches et 


les caractères distinctifs des granules de chacune-d'elles. Sous 
la cuticule, on voit la couche musculaire formée d'une substance 
fondamentale homogène et transparente’ et de fibrilles trans- 
versales vues dans cette figure en sections optiques. (Obj. 10 à 
immersion et ocul. 3 de Hartnack.) 


: ur Arnie repen isolées On reconnaît qu elles sont 


ccolés l’un à l’autre. (Obj. 10 

à immersion de Hartnack.) 
Partie du corps qui avoisine le noyau. Le corps ayant été déchiré, 
la colonne médullaire s'est en partie écoulée et une cavité Cy lin- 


éapocrpocweurege 


Tome XXXII 


e, 


y 2 
1ns 2e se 


et 


droïde s’est développée entre le noyau et la colonne médullaire 
en retraite. La substance corticale, au contraire, est restée en 


; place. 

Fig. 7. Partie postérieure du corps d'une Grégarine qui s'était enroulée 
en boule et s'était entourée d’un kyste de tissu conjonctif dans 
les parois du rectum. Elle avait conservé encore sa forme et tous 
ses caractères de structure. (Faible grossissement.) 

— 8et9. Ces figures représentent, vues à un très-fort grossissement , 
la partie du corps d’une jeune Grégarine avoisinant le noyau. La 
figure 8 montre la coupe optique, la figure 9 la surface du corps. 

— 10. Phase monérienne de la Grégarine. 

— 11. Phase de pseudofilaire. 

— 12 et 15. Le noyau a apparu; le corps a changé de forme et s'est 
élargi considérablement. Tout mouvement vermiculaire a cessé 
à ce moment de l’évolut 

— 14, Phase ultérieure du pr ea 


Note préliminaire sur un fait remarquable qu’on observe 
au contact de certains liquides de tensions superficielles 
très-différentes , par M. G. Van der Mensbrugghe, répéu- 
teur à l’Université de Gand. 


Chaque fois qu'un liquide à forte tension superficielle 
el contenant des gaz en dissolution est mis en contact avec 
un liquide à faible tension, il y a un dégagement plus ou 
moins prononcé des gaz dissous dans le premier liquide. 


Ce principe que je publie aujourd’hui pour prendre date, 


. mais que je me propose de vérifier en détail dans un mé- 


moire spécial, peut se démontrer par un très-grand nombre 
d'expériences. Provisoirement je n’en citerai que quel- 
ques-unes. 

I. Il suffit d'introduire ne 5, 
dans de l'eau distillée remplissant à à moitié un petit flacon 


4 
tralatta dal 1 Atak 


( 224 ) 


de trois à quatre centimètres de diamètre , et d’agiter le 


liquide, pour constater une vive effervescence après l'agi- 


tation; cette expérience a été décrite depuis longtemps 


par M. Duprez (1), mais sans explication. Il est impossible ` 


d'attribuer l'effervescence observée à de l'air introduit par 
l'agitation, puisque l'alcool ou l’éther seul et l’eau seule 
ne donnent à cet égard aucun résultat marqué. 
L'expérience réussit de même avec la benzine, le sul- 
fure de carbone , la créosote, l'essence dé térébenthine, 
les huiles d'olive , de lavande, de lin, de colza, de pétrole, 


d'amande douce , ete. On n’a même qu'à agiter l'eau dis- ` 


tillée après y avoir plongé une baguette de verre portant 
des traces d’un corps gras quelconque, pour voir se pro- 
duire nettement un dégagement de petites bulles de gaz. 

Si le flacon contenant l’eau distillée n’est pas parfaite- 
ment débarrassé de toute matière grasse ou éthérée, il se 
forme bientôt de nombreuses bulles gazeuses aux points 
de la paroi intérieure où cette matière est attachée. 

I. Une goutte d'huile qui s'étale à la surface de l'eau 
distillée produit un dégagement de petites bulles gazeuses 
qu'on observe aisément au microscope : ce dégagement 


est, selon moi, la vraie cause de la formation des figures 
de cohésion , comme les appelle M. Tomlinson c'est-à-dire 


de la séparation de la lame étalée en une infinité de par- 
ties constituant d’abord une sorte de réseau, et se décom- 
posant peu à peu en lentilles de moins en moins larges, 
jusqu’à ce que, le dégagement gazeux venant à cesser, les 
petites lentilles demeurent indéfiniment. J'ai pu suivre au 
microscope toutes les phases du phénomène, dues évi- 
DR NEDO de 


(1) Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 1838, 1e série, t. Vo 
p. 402. 


nt de Er bottes tement de (Gites D tte tte né lé 


j 
4 
À 
| 
| 
F 


( 225) 
demment aux innombrables petites bulles gazeuses qui se 
dégagent au-dessous des lamelles. 

L'expérience peut se faire avec toutes les huiles fixes ou 
volatiles, le sulfure de carbone, la créosote, pas de 
bois, ete. 

Quand une huile quelconque est maintenue en contact 
prolongé avec l’eau, on sait que la surface de séparation 
des deux liquides perd bientôt sa transparence. Ce fait si 
connu s'explique par le dégagement de très-petites bulles 
de gaz qui résinifient plus ou moins l'huile et qui la ren- 
dent impropre à se laisser traverser par la lumière. 

lil. On a observé depuis longtemps que l'eau entre 
d'autant plus difficilement en ébullition qu’elle est mieux 
débarrassée des gaz qu'elle tient en dissolution. Ce qui 
précède fait prévoir que si l’on mêle l’eau distillée avec 
de alcool, par exemple, on peut chasser une grande 
quantité des gaz dissous. C’est en effet ce que confirme 
une expérience récente de M. Kremers : ayant ajouté une 
partie d’esprit-de-vin à trois parties d’eau et chauflé forte- 
ment, cet observateur a vu le point d'ébullition s'élever 
aisément à 109° et même beaucoup au delà, à mesure que 
le liquide volatil s'était évaporé en plus forte proportion. 
Je regarde cette expérience comme une vérification bien 
curieuse de mon principe. | 

Les liquides à faible tension favorisent aussi bien le 
dégagement des bulles de vapeur que celui des bulles de 
gaz : c'est ce que démontrent des expériences frappantes 
de M. Tomlinson; ce physicien a observé que des corps 
gras empêchent les soubresauts, tandis que des corps 
solides parfaitement débarrassés de toute matière grasse 
ne produisent pas du tout le même effet. S 
TV. On sait que les mouvements browniens ou molécu- à 


(226) 
laires se produisent avec le plus d'énergie dans un mélange 
d'eau distillée et d’un liquide volatil quelconque; dans ce 


cas, ces mouvements me paraissent être une conséquence 


très-simple de ma proposition générale. Quant à leur exis- 
tence dans un liquide homogène, il s'agirait de savoir si 
les parcelles microscopiques dont on a vu les faibles trépi- 
dations , n'étaient pas plus ou moins grasses ; dès lors ces 
parcelles devaient nécessairement donner lieu à un déga- 
sement gazeux, et conséquemment changer de temps en 
temps de position. Si les corpuscules sont absolument 
purs , ils ne peuvent manifester les petits mouvements en 


question; aussi plusieurs observateurs ne sont jamais par- 


venus à constater les déplacements browniens dans un 
liquide homogène. 


— La classe s’est occupée, en dernier lieu, de différents 
objets relatifs au jubilé. — Elle a reçu les rapports de 
MM. De Tilly, Mailly, de Koninck, Duprez, P.-J. Van 
Beneden et Morren sur les travaux des différentes bran- 
ches dont elle s'occupe, rapports qui seront insérés dans 
le Livre commémoratif. M. Ad. Quetelet a présenté égale- 
ment son rapport historique. 


( 227 ) 


CLASSE DES LETTRES. 


Séance du 4 mars 1872. 


M. P. De Decker, directeur. 
M. Ap. Querecer, secrétaire perpétuel. 


Sont présents: MM. Ch. Steur, Grandgagnage, Gachard, 
F.-A. Snellaert, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclereq, M.-L. Po- 
lain, le baron Kervyn de Lettenhove, Chalon, Thonissen, 
Th. Juste, G. Guillaume, Félix Nève, Alph. Wauters, 
H. Conscience, membres; J. Nolet de Brauwere Van Stee- 
land, Aug. Scheler , associés ; Ém. de Borchgrave, corres- 
pondant. 

M. L. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, 
assiste à la séance. 


CORRESPONDANCE. 


M. le Ministre de l’intérieur communique un extrait du 
Procès-verbal de la dernière séance du jury chargé de 
juger le concours quinquennal des sciences morales et poli- 
liques. Il résulte de ce document que le jury n’a pas cru 
devoir décerner le prix. 


— Le même haut vens ee divers ouvrages 


| Pour la bibliothèque. — Remerc 


(228 ) 
— ll est fait hommage d’un exemplaire d'une notice 
sur feu M. Philippe Blommaert, correspondant de la classe, 
par M. A. Van Lokeren. 


— M. Thonissen remet le discours qu'il a prononcé, au 
nom de l’Académie, lors des funérailles de Mer Laforet. — 
Ce discours paraîtra dans les Bulletins. 


— La Société d'Emulation du Doubs, à Besancon, la 
ville de Boulogne-sur-Mer, la bibliothèque de l’Arsenal à 
Paris et la Société des antiquaires à Bonn remercient pour 
le dernier envoi de publications académiques. 


— Les manuscrits suivants seront soumis à l’apprécia- 
tion de commissaires : 

1° De Rederijkerkamer « Maria ter eere » te Gent, 
door Frans De Potter. (Commissaires : MM. Snellaert et 
Conscience. ) . 
2° Rectification, par M. De Potter, à son travail por- 
tant pour titre : Hoe en waar overleed Philip Van Arte- 
velde? imprimé dans le tome XXII des Mémoires in-8°. 
MM. De Smet, Snellaert et Conscience, qui avaient été 
nommés commissaires pour l'examen de ce travail , exa- 
mineront également la rectification ; non 

5° Un voyage au treizième siècle, note par M. Émile 
Varenbergh. (Commissaires : MM. Steur et de Borchgrave.) 


( 229 ) 
Discours prononcé par M. Thonissen, aux fonérailles 
de Mer Nicolas-Joseph Laforet (né à Graide le 25 février 
1825, décédé à Louvain le 26 janvier 1872). 


Messieurs, 


- Je viens, à côté de ce cercueil, exprimer les doulou- 
reux regrets qu’inspire à l’Académie royale de Belgique le 
décès imprévu de l'homme éminent et vénéré dont nous 
allons célébrer les funérailles. . 

La mort ne se lasse pas de frapper dans nos rangs, et 
c'est parmi les professeurs de l’Université catholique qu’elle 
semble de préférence choisir ses victimes. En moins de 


. Sept années, la classe des lettres a perdu à Louvain cinq 


de ses membres les plus distingués. Arendt, Baguet,- David, 
de Ram, ont disparu avant d’avoir atteint le terme ordi- 
naire de la vie, et j'exerce aujourd'hui le triste privilége 
de représenter l’Académie en présence des dépouilles mor- 
telles de M” Nicolas-Joseph Laforet. 

Le savant recteur de l'Université de Louvain wa fait, 
pour ainsi dire, que passer au milieu de nous. Élu corres- 
pondant le 10 mai 1869, membre effectif le 8 mai de 
l'année suivante, il meurt le 26 janvier 1872! Mais cette 
Courte carrière académique a suffi pour le faire estimer et 
aimer de tous ses confrères; elle a suffi pour nous faire 
amèrement regretter sa mort prématurée. 

Vingt années de travaux brillants et de succès non’ 
interrompus avaient désigné son nom aux suffrages du 
Premier corps savant du pays. Sa haute raison, son éru- 
dition profonde, sa critique vigoureuse et sagace, son 
remarquable talent d'écrivain, lui avaient valu le rare hon- 


neur d'une célébrité européenne. Nous comptions sur lui 


Le 


La 


( 230 ) 
pour multiplier dans nos recueils ces belles et puissantes 
investigations philosophiques, qui scrutent la raison même, 


et, s'élevant par degrés à des sphères toujours plus bril- 


lantes et plus pures, finissent par chercher dans l'essence 
divine les conditions fondamentales de l'âme et de l’intelli- 
gence de l’homme. 

Nous comptions sur lui, et nos espérances semblaient 
devoir pleinement se réaliser ! 

Explorant le vaste domaine de l'histoire des doctrines 
philosophiques., M= Laforêt découvrit une savante théo- 
dicée, du quatrième siècle, dans les œuvres de Tite de 
Bostra, l’un de ces courageux évêques d'Orient, contem- 
porains de Julien l’apostat, qui réfutèrent, avec autant 


de science que de talent, la théorie manichéenne des - 


deux principes contraires , que Bayle essaya de réhabiliter 
dans les temps modernes. Il nous fit part de cette décou- 
verte et nous raconta les principaux épisodes de l'attaque 
vigoureuse que Tite de Bostra dirigea contre le mani- 


chéisme , sur le terrain de la métaphysique et sur le ter- 


rain de la morale. Il nous prouva que ce Père arabe, dont 
les derniers historiens de la philosophie n’ont pas même 
cité le nom, était digne du siècle dont les Athanase, les 
Ambroise, les Augustin et tant d'autres esprits supérieurs 


ont fait l’âge d’or de la littérature chrétienne. 


C'était un début heureux que nous nous attendions, 


hélas! à voir suivre de toute une série de travaux acadé- 


miques , aussi remarquables par le mérite du fond que pa: 
l'éclat de la forme: Le 8 janvier, ME Laforet assistait 
encore à la séance ordinaire de la classe des lettres, et, 
comme toujours, sa conversation vive et enjouée , sa N 


simplicité, sa douce tolérance, lui valurent l'approbation 


unanime de ses confrères. Dix-huit jours plus tard, la 


a 


( 251 ) 
mort, par un de ces mystérieux décrets de Dieu que nous 
voudrions en vain sonder , brisait une existence que nous 
croyions appelée à rendre de nombreux et glorieux ser- 
vices aux lettres nationales, et nos patriotiques illusions 
se dissipèrent au bord d’une tombe! 

Vous n’attendez pas de moi, Messieurs, que j’énumère 
ici tous les titres qui recommandent l'illustre défunt à la 
reconnaissance de ses contemporains et à l'estime de la 
postérité. Au sein de l’Académie royale, comme dans le 
corps professoral de l’Université catholique, cette grande 
et noble vie trouvera des biographes dignes d'elle. Il suffit, 
en cette triste circonstance, que je vous aie rapidement 
indiqué les doux et fraternels liens qui attachaient M” La- 
forêt à la classe des lettres. 

Cher et vénéré confrère! Nous ne vous disons pas un 
éternel adieu , parce que nous savons que ce froid cercueil 
ne renferme pas tout ce qui reste de vous, tout ce qui 
reste de tant de piété , de vertu, de science, de bonté, de 
dévouement et d'honneur. Du bord du sépulcre, notre 
pensée vous suit dans ces régions sereines où Dieu récom- 
pense ceux qui l’ont fidèlement servi, où brille cette lumière 
éternelle dont la science humaine, quels que soient son 
rayonnement et sa zr, n’est jamais qu’un pâle et 
faible reflet! 

Au revoir, au revoir dans un monde meilleur! En atten- 
dant que nous ayons le bonheur de vous y rejoindre, nous 
-Conserverons religieusement votre souvenir. Aussi long- 
temps que la mort n'aura pas glacé le cœur du dernier de 
vos confrères de la classe des lettres, vous compterez un 
ami, un admirateur sur la terre! 


( 232 ) 
CONCOURS DE 1872. 


Il est parvenu une brochure autographiée, signée Au- 
guste Craco, gradué en lettres à Ixelles, accompagnée 
d'une lettre de l’auteur, datée du A février dernier et 
portant sur l'enveloppe le timbre de la poste du lende- 
‘main. Cet envoi a pour objet de répondre à la question du 
‚concours actuel concernant la Théorie économique des rap- 
ports du capital et du travail. Cette pièce, s'étant écartée 
des formalités prescrites par le programme du concours, 
sera déposée aux archives. 


RAPPORTS. 


MM. le baron Kervyn de Lettenhove, Chalon et Wau- 
ters donnent lecture de leurs rapports sur le mémoire de 
M. JJ. De Smet, concernant Jean de Hainaut, sire de 
Beaumont. 


Conformément aux conclusions de ces rapports, la 
classe vote l'impression du travail de M. De Smet dans le 
recueil de ses mémoires in-4°, 

Elle décide en même temps que les rapports ne seront 
_ pas publiés, ainsi que le prescrit l’article 20 du règlement 
général. ! 


es | 


RSR AUS Re St ih B GS dé de ue di - ARE ÈR 


ew ei tn degene e ee 


(255 ) 


La légende de Sémiramis, premier mémoire de mytho- 
logie comparée; par M. Francois Lenormant, associé de 
l’Académie, i 


Rapport de M. Roulez. 


« L'histoire ancienne de l’Orient attribue généralement 
aux fondateurs des monarchies et des cités une origine 
divine faisant ainsi considérer la fondation de celles-ci 
comme l'œuvre des dieux. Sémiramis, la fille de Dercéto, 
qui se trouve avec Ninus à la tête de la liste des rois 
d'Assyrie, est l’une des plus considérables de ces figures 
mythiques. La légende qui la concerne a été racontée et 
acceptée comme véritable par les Anciens, et les Modernes 
à leur tour ont longtemps cru que sous le voile de la fable 


‘elle ne cachait pas moins un fond historique. Jusqu’à nos 


jours les historiens avaient conservé la possession exclu- 
sive de cette légende, et aucun mythologue n’avait songé 
à s'en emparer. L'illustre auteur de la Symbolique, Creuzer, 
est le premier, que je sache, qui l’introduisit dans le do- 
maine de la mythologie (1819-21). Son exemple fut suivi 
par Movers (1841), dans ses remarquables recherches sur 
la religion et les divinités des Phéniciens , mises en rapport 
avec celles des Babyloniens et des Assyriens, et ensuite 
Par Conrad Schwenck (1849) dans sa mythologie des 
Sémites, où un paragraphe particulier est consacré à Sémi- 
ramis. A la même époque (1845), Hitzig, l'historien des 
Philistins, refusa de voir dans la reine de Ninive et dans 
Ninus, son époux, autre chose que des personnages fabu- 
leux. Ces résultats étaient dus seulement aux progrès de 
la eritique, mais le merveilleux déchiffrement des textes 
2" SÉRIE, TOME XXXIII. 46 


( 234 ) 
cunéiformes vint bientôt leur donner une éclatante et 
complète confirmation. Désormais les noms de Ninus et 
de Sémiramis seront relégués dans le domaine de la my- 
thologie, et les historiens ne les mentionneront plus que 
pour mémoire. 

Mais, quoique traitée déjà, au point de vue exclusive- 
ment mythique, la légende de Sémiramis était susceptible 
encore de recevoir des développements et des éclaircisse- 
ments nouveaux, à l’aide des renseignements fournis par 
les textes cunéiformes et d’une comparaison plus étendue 
avec d’autres religions antiques: C’est la tâche qu'a entre- 
prise notre savant associé dans le mémoire que nous avons 
été chargé d'examiner. - 

Ce travail se compose de huit parties. La première 
contient exposé de lá légende de Ninus et de Sémiramis, 
principalement d’après le récit de Diodore de Sicile, qui 
lui-même lavait emprunté à Ctésias, et d’après les don- 
nées divergentes ou complémentaires fournies par d’autres 
écrivains. Cette première partie se termine par un aperçu 
critique de la chronologie fabuleuse, qui se rattache à ces 
récits. 

Dans la seconde partie l’auteur établit que cette légende 
est formée de deux éléments, l’un épique-et Pautre reli- 
. gieux, et essaye de démontrer que le premier surtout avait 
pris un grand développement sous les Perses, dont les 
rois avaient exploité au profit de leur politique. Ninus est 
le héros éponyme de la ville de Ninive; on a réuni autour 
- de son nom les exploits et les conquêtes des rois des diffé- 
rentes dynasties assyriennes, de même que l’on a attribué 
à la reine Sémiramis tous les grands travaux exécutés par 
des monarques de l'Asie aux époques les plus diverses. 


Les Assyriens avaient sans doute des héros éponymes 8 


+ 


( 235 ) 
l'origine de leurs cités et des légendes épiques sur les 
premiers temps de leur nation, mais ils connaissaient par- 


 faitement leur histoire à partir du moment où elle prenait 


un caractère positif et ils possédaient une chronologie 
régulière. Ce n’est donc qu’à une époque postérieure, après 
la chute de leur nation, que lon à pu attribuer à leur 
empire une étendue et une durée fabuleuse. 

M. Lenormant aborde dans la troisième partie l'étude 
de l'élément religieux dans la légende de Sémiramis. La 
reine de Ninive n’est pas une figure historique, c'est une 
divinité : des textes et des monuments anciens lui attri- 
buent cette qualité. Elle est fille de la déesse syrienne 
Dercéto , qui est représentée avec un buste de femme sur 
un corps de poisson. Sa mère exposa aussitôt après sa 
naissance sur un rocher élevé, où elle fut réchauffée et 
nourrie par des colombes. À la fin de son règne, Sémiramis 
disparut changée en cet oiseau, et les Assyriens, en l'ado- 
rant comme une déesse, rendirent, à cause d'elle, des 
honneurs divins à la colombe. La rencontre du poisson ct 


_de la colombe dans le récit de la naissance et de la dispa- 


rilion de Sémiramis engage l’auteur à passer en revue les 
textes anciens et les monuments figurés qui montrent le 
rôle joué par l’un et-par l’autre de ces animaux symboli- 
ques dans les religions de l'Asie ainsi que dans les religions 
occidentales. 

Dans la quatrième partie l’auteur cherche à déterminer 
la signification du concours du poisson et de la colombe 
dans une même production. Le premier de ces animaux 
représente le principe humide ou passif, le second le prin- 
cipe igné ou actif. Des exemples tirés de diverses religions 
de PAsie et de la Grèce prouvent que, conformément à ce 
qui se remarque dans le mythe de Sémiramis, la 


( 256 ) 
appartient toujours à des divinités féminines, tandis que 
le symbole du poisson se rapporte le plus souvent à des 
divinités mâles ; ils prouvent aussi que dans l’œuvre de la 
génération universelle le rôle du mâle est rempli par le | 
poisson et celui de la femelle par la colombe. L'auteur fait | 
remarquer que c’est cependant l'inverse qui a. lieu dans les 
cosmogonies asiatiques et notamment dans celle des Baby- | 
loniens. Il explique cette contradiction premièrement par | 
la considération que dans les systèmes religieux, qui attri- | 
buent exclusivement le caractère mâle au feu ou à l'eau, 
on parvient cependant à reconnaître la trace du système | 
opposé, et en second lieu par l'échange des symboles entre | 
les deux personnages du couple divin. Si le symbole du 
f 


poisson n'appartient à Sémiramis dans aucune cifconslance 
du mythe, on le retrouve, dit M. Lenormant, dans la con- 
ception du dieu son époux dont les différents aspects ont 
été décomposés par la légende en plusieurs personnages 
successifs (Onnes ou Oannes, Ninus, dont le nom se Te- 
produit dans celui de son fils Ninyas). Le principe humide 
se personnifie en outre dans le cheval, qu’une singulière 
version donne pour amant à la reine de Ninive. 

La cinquième partie est consacrée à caractériser la 
Sémiramis de la légende religieuse. M. Lenormant la re- 
garde comme une forme héroïque de l'Istar de Ninive, 
dans laquelle Pausanias reconnaît le prototype de | Astarté 
phénicienne (la même que l’ Aphrodite Uranie des Grecs), 
déesse à la fois guerrière et voluptueuse. La légende nous 
montre en effet dans Sémiramis une reine conquérante et 
dissolue , partageant, sa vie entre les combats et l'amour. 

Au reste, cette réunion de qualités et d’attributions si 
contraires se reproduit d'une manière plus ou moin 
accentuée chez prenie toutes les divinités féminines de 


( 257 ) | 
l'Asie. L'attribution du caractère viril et guerrier à une 
déesse est considérée par l'auteur comme une espèce par- 
ticulière d'androgynisme. Les exemples d’androgynes di- 
vins étant nombreux dans les religions de l'antiquité, il 
en signale les principaux et montre le rôle que remplit le 
symbole du cône. 

Nous trouvons dans la sixième partie l'examen de la 
question de savoir si J'époux de Sémiramis ne serait pas 
lui-même un androgyne en sens-inverse, c'est-à-dire un 
Personnage dont l’androgynisme s’aflirmerait par un carac- 
tère efféminé. L'auteur parvient , au moyen de combinai- 
Sons savantes et de déductions subtiles, à la résoudre . 
affirmativement, malgré que Ninus soit représenté dans 
la légende comme un monarque guerrier et conquérant. 
Rapprochant le couple de Ninus et Sémiramis de celui 
d'Adar-Samdan et Istar, M. Lenormant admet l'identité 
du héros éponyme de Ninive et du dieu Adar-Samdan. 
Or ce dernier était pour les Assyriens le dieu-Taureau par 
excellence, présidant au signe zodiacal de ce nom. Mais, 
malgré sa qualité de divinité solaire et de représentant 
du principe igné, il ne se trouvait pas moins en rapport 
avec l'élément humide, dont le taureau est un symbole 
essentiel. Ce dieu, dont Ninus, comme il vient d'être dit, 
n'est qu’une autre forme, apparait dans plusieurs mythes 
avec un caractère bien accentué d'androgynisme, prenant 
les vêtements et les habitudes de la femme. Nous retrou- 
vons d’ailleurs ce Samdan en Lydie sous le nom de Sandon, 
lequel s'identifie avec Hercule. Or le mythe grec, repro- 
duit sur plusieurs monuments figurés, nous fait voir le 
Vainqueur de tant de monstres, devenu l'esclave d'Om- 
phale, filant au milieu des femmes de la reine de Lydie, 


après avoir échangé sa massue contre une quenouille et sa 


x 


( 258 ) 
peau de lion contre. la robe de courtisane. D'autre part, 
à côté de Ninus, au caractère viril et guerrier. se rencontre 
l’efféminé Ninyas, son fils, qui vit au fond de son palais, 
au milieu de ses femmes , vêtu comme elles et partageant 
leurs occupations. Le père et le fils s’identifient l'un à 
l’autre; ils ne sont donc qu’un même dieu dédoublé-et se 
présentant à nous sous deux faces différentes. C'est par 
ces rapprochements et ces raisonnements que l'auteur 
arrive à obtenir le personnage efféminé faisant le pendant 
de la virile Sémiramis. 

La septième partie donne l'explication de lamour inces- 
tueux, dont Sémiramis, d’après le récit de Justin, brüla 
pour son fils Ninyas. « La conception de l'inceste divin, 
dit M. Lenormant, peut être considérée comme un 
des dogmes fondamentaux de toutes les religions. C'est 


enfantée par l'identification du dieu père et du dieu 
fils, ou de la déesse mère et de la déesse fille et résul- 
tant d'une tentative d'exprimer sous une forme sensible 
la notion du dieu qui s’engendre lui-même. » Cet in- 
ceste peut se présenter sous deux formes, qui se rencon- 
trent dans la légende de Sémiramis, car si, d’après une 
tradition, elle fut éprise de son propre fils, suivant une 
autre version, elle aurait été la fille de Ninus et aurait 
épousé son propre père. | 

Enfin, dans la huitième et dernière partie, l’auteur re- 
cherche l’origine du nom de Sémiramis et discute les 
_ diverses étymologies mises en avant jusqu'ici. I propose 
de le faire dériver de l'expression assyrienne sumu-rim ou 
sammu-rim, signifiant nomen ercelsum et justifie cette 
dérivation par diverses considérations. 
Tel est le résumé très-succinct, ou si l’on aime mieux, 


SNS VV w vu 


une monstrueuse aberration de l'esprit de symbolisme, 


. 


( 259 ) 
le canevas dépouillé de ses broderies de l’écrit plein d'éru- 
dition de M. Francois Lenormant. Les rapprochements 


_ ingénieux entre les divinités de la légende dont il s’oc- 


cupe et celles d’autres cultes y abondent. Dans ce nombre 
il en est quelques-uns qui ont déjà été faits par ses devan- 
ciers. et quelques autres qui peuvent paraitre un peu 
hasardés. N'étant pas initié aux études assyriologiques, je 
me suis trouvé incompétent pour l'appréciation de certains 
détails de cet écrit, mais comme ils réunissent toutes les 
conditions d'un travail scientifique, je les accepte de con- 
fiance. J'ai l'honneur de proposer en conséquence à la 
classe de voter des remerciments à notre jeune et savant 
associé et d'ordonner l'impression de son travail dans le 
recueil de nos mémoires. » 


Rapport de M. Thonissen. 


« Je mai rien à ajouter à l'analyse exacte et lucide du 
mémoire de M. Lenormant , faite par mon savant confrère, 
M. Roulez. ; 

M. Lenormant ne s’est pas borné à mettre en lumière le 
vrai caractère d’une légende que, depuis plus d’un demi- 
siècle, la science allemande a reléguée parmi les fables. 
Il produit un nombre considérable de faits nouveaux. T 
tire largement profit des monuments originaux de lAs- 
syrie, dont on n’est parvenu que depuis bien peu d'années 
à pénétrer le sens. Il dégage le mythe des additions et des 
ornements dont il a été revêtu en pénétrant dans l'histoire; 
il s'efforce de l'expliquer à la fois par les renseignements 
que l’on peut, dès à présent, tirer des textes cunéiformes 
et par la comparaison des autres religions antiques. re 

Malgré mon incompétence à peu près absolue dans _ 


(240) 
la sphère des études assyriologiques, je pense, comme 
M. Roulez, que le mémoire de M. Lenormant , portant 
tous les caractères d’une critique saine et d’une érudition 
de bon aloi, figurera avec honneur dans nos recueils aca- 
démiques. » a 


` ) 
Rapport de M. Félix Mère. 


_« Je me rallie bien volontiers à l'opinion de mes deux 
honorables confrères , qui vous proposent d'ouvrir la col- 
lection de nos mémoires à l'écrit de notre savant associé, 
M. François Lenormant. 

La portée de ses précédentes recherches sur l’histoire 
des anciens empires de l'Orient nous garantit l'autorité 
particulière qu’il peut revendiquer dans les questions de 
mythologie ‘asiatique. Il a depuis longtemps à son service 
une solide érudition classique, et avec cela une rare habi- 
leté dans la lecture des inscriptions assyriennes en carac- 
_têres cunéiformes. C’est ainsi qu’il poursuit résoläment les 
découvertes qu’il a consignées dans son Manuel d'histoire 
ancienne de l'Orient, et des résultats neufs du genre de 
ceux qu’il a communiqués dans ses Lettres assyriologiques. 
Il a commenté récemment, avec les mêmes secours, les ` 
fragments cosmogoniques de Bérose, et il a mis à profit 
cette dissertation encore inédite dans le premier mémoire 
de mythologie comparative qu'il vient d'adresser à notre 
Compagnie. » 


Conformément aux conclusions de ces ra pports, la classe 
a voté l'impression du travail de M. Lenormant dans le : 
recueil des mémoires des membres. 


n 
ee 


REP 


(24) 


Épisode des relations extérieures de la Flandre du 
moyen áge, notice par M. Varenbergh. 


Rapport de M. J.-J. De Smet, 


« En continuant ses belles études sur les matériaux nom- 
breux que lui ont fournis les rapports de notre Flandre avec 
l'Angleterre, M. Émile Varenbergh a rencontré un épisode, 
qui, malgré une importance majeure , a peu attiré latten- 
tion de nos écrivains. Le célèbre prince noir étant mort 
dans la fleur de l’âge et avant le décès d'Édouard IH , son 
valeureux père, Richard de Bordeaux, son fils aîné, lui 
succéda sous le nom de Richard IF, mais sa faiblesse et 
son inexpérience le laissaient à la merci de l'ambition de 
ses oncles, surtout de Henri, duc de Lancastre, qui lui 


` préparait sous les débris de son trône une couche ensan- 


glantée. D'abord, cependant, tous comprirent à Londres la 
nécessité de conserver au royaume cette alliance que le 
feu roi avait heureusement conclue avec la Flandre, et l'on 
vit paraître une déclaration solennelle où Richard, comme 
suzerain , en qualité de roi de France, renouvelait les an- 


ciens traités avec le comté, promettait aide et secours aux 


lamands et nommait Jean Bourchier, Ruwaert du pays. 
Aussi la mort de Louis de Male ne sourit pas les braves 
lieutenants de Philippe d’Artevelde, Jacques de Schote- 
laere, Pierre Vanden Bossche et Francois Ackerman , aux 
prétentions de Philippe le Hardi, soutenues par la France. 
Avec le secours d’un corps d'armée amené par l’évêque 
Henri de Norwich, ils firent essuyer plus d’une défaite au 
parti bourguignon , mais quand ils se virent abandonnés 
par les Brugeois et faiblement secourus par l'Angleterre, 
agités par la révolte de Wat Thyler et les intrigues du duc 


( 242 ) 
de Lancastre, ils crurent devoir accepter la paix que leur 
offrait encore Philippe le Hardi, chef de la nouvelle maison 
de Bourgogne et mari de Marguerite de Male. 

Ainsi tomba, pour ne plus se relever, le système établi 
par Édouard Het le premier des Artevelde. 

C’est là l'épisode plein d'intérêt dont M. Varenbergh nous 
expose les vicissitudes d’après les sources anglaises , qu'on 
peut ainsi confronter avec Froissart (t. I, pp. 217 et suiv. 
Edit. Kervyn) et avec la chronique publiée dans le IV° vo- 
lume du Corpus chronicorum Flandriae, t. HE, p. 265 (1). » 


n i 
Rapport de FE, le baron Kervyn de Lettenhore. 


« Je me rallie aux observations de mon honoré con- 


frère M. le chanoine De Smet; je pense comme lui que la 


classe peut ordonner l'insertion de la notice de M. Varen- 
bergh dans le Bulletin de l’Académie. » 


x 


Rapport de M. de Borchgrave, 


« Je ne puis qu'adhérer aux conclusions des deux - 


premiers commissaires chargés d'examiner la notice de 
M. Émile Varenbergh. Je pense avec mes honorables con- 
frères M. le chanoine De Smet et M. le baron Kervyn 


de Lettenhove que ce travail figurera utilement dans les 


Bulletins de la Re > 


Conformément à ces conclusions ‚le travail de M. Varen- 
bergh paraîtra dans les Bulletins. 


ne 


(1) Voy. aussi Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre. Liv. XHI, aU 
commencement, : ; . 


( 245 ) 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


ÉPISODES DES RELATIONS EXTÉRIEURES DE LA FLANDRE AU 
MOYEN AGE : Rapports diplomatiques avec l'Angleterre 
sous Philippe le Hardi (1584-1404) (1), par M. Émile 
Varenbergh. 


La défaite de Roosebeke fut pour la Flandre le point 
de départ d’un nouvel état de choses; les libertés commu- 
nales y reçurent le coup mortel. 

On voit, il est vrai, la commune se débattre encore 
pendant quelque temps pour échapper aux étreintes du 
Pouvoir absolu, mais ces efforts ne sont plus que les 
convulsions d’un agonisant. 

Les troubles de Gand sont, pour la Flandre du moyen 
àge, le dernier épisode de l'épopée communale qui se 
termine par la renonciation des Flamands à l’alliance 
anglaise. 

Cette renonciation forcée fut pour le comté un adieu à 
l'indépendance. En repoussant un appui qui n’était plus 
que moral, la Flandre abandonna le principe sur leque! 
étaient basés les priviléges de-son commerce et de son 
industrie , sur lequel reposait cette liberté de transactions 


nr DI ED 


(1) Ce petit travail se compose de quelques feuillets détachés en diffé- 
rends endroits de mon ouvrage : Histoire des relations te in du 
Comté de Flandre avec os dont la en sera termi 
dans une couple d’an 


( 244 ) 
qui avait fait la richesse du pays, et avait été le fondement 
de la puissance des bonnes villes. 

Ou’importait au due de Bourgogne la prospérité des 
cités de la Flandre? Pourvu qu il fût le maître, qu'il n'y 
eût dans ses États qu’une seule tête pensante, la sienne , 
qu'un bras agissant, le sien, cela lui suffisait. Lui seul 
prétendait agir, et mettre seul en mouvement les rouages 
de la politique. 

Les villes, dont l'industrie n’était pas protégée, à l’action 
_ industrielle desquelles on mettait un grand nombre d'en- 

traves, de peur que cette action ne fût un ombrage pour le 
pouvoir, virent leur prestige s'évanouir peu à peu, en même 
temps que leur richesse, 

Pour écraser les communes, Louis de Male avait com- 
mencé -par les proscriptions, et les Bourguignons avec 
d'autres principes arrivèrent au but qu'il s'était vainement 
efforcé d'atteindre. Tout pouvoir fut confisqué à leur 
profit. | 

Les Anglais profitèrent de toutes ces prohibitions pour 
monopoliser chez eux une autre espèce de pouvoir, celui 
du commerce et de l'industrie, dont nos dépouilles formè- 
rent le plus bel appoint. 

Dès les premières annnées de l’époque bourguignonne, 
la Flandre n’est plus à elle-même, ses destinées se con- 
fondent avec celles des autres possessions de la puissante 
maison de Bourgogne, dent l'éclat ee cache si bien la 
décadence de la nation. 

Plus tard , l’histoire de notre riche comté se confondra 
dans celle de l'Europe, quand viendra le règne de ce 
Souverain sur les terres duquel le soleil ne se couchait 
jamais. 
Après la mort de Louis de Male, la guerre continua _ 


( 245 ) 
entre son successeur et ceux de Gand; un rapprochement 
entre les partis était difhcile; leurs intérêts étaient trop 
opposés : l'intérêt politique guidait le prince, l'intérêt ma- 
tériel était le mobile de la commune. 

La prise d'Audenarde, en violation de la trêve de Lelin- 
ghem par un des officiers du duc, n’aida pas peu à main- 
tenir l'effervescence dans les esprits. 

L'Angleterre qui voyait d’un mauvais ceil les uns 
du duc pour ramener la Flandre sous l’obéissance de la 
France, et craignait de voir trop tôt ses anciens alliés 
lui échapper, profita de ces dispositions, et envoya, au 
mois de mai 1584, vers les bonnes villes, le due de Lan- 
caster et le comte de Buckingam pour traiter avec 
elles « de toute espèce de paix et alliance qu'elles vou- 
draient faire ou renouveler avec la couronne d’Angle- 
terre (1). », 

Les Gantois, comptant sur l'assistance de l’ancienne 
alliée de la Flandre, dans leurs démêlés avec leur sou- 
verain, se livrèrent à une manifestation aussi violente 
qu'intempestive. Le 18 juillet ils arborent publiquement 
l'étendard de l'Angleterre sur la place du marché : les 
leliaerts prennent aussitôt les armes ‘et veulent le ren- 
verser, mais les principaux d’entre eux sont arrêtés et mis 
en prison; le sire d’Herzele entre autres, est condamné 
par les magistrats et décapité. 

L’Angleterre accueillit avec joie la nouvelle de cette 
démonstration. Afin de témoigner par une déclaration for- 
melle et publique que le gouvernement de Richard H ne 
reconnaissait pas le nouveau seigneur de la Flandre, et 


à 


el ed 0 gn 


(1) Rymer, édit, boll., t. III , part. HI, p- 166. 


+ 


( 246 ) 
considérait son avénement comme une usurpation, les 
conseillers du jeune roi nommèrent le 18 novembre, re- 
waert du comté de Flandre, un chevalier anglais du nom 
de Jean Bourchier (1). | 

« Attendu, est-il dit dans le diplôme qui contient cette 
nomination , que notre pays de Flandre, qui est soumis à 
notre suzeraineté et ressortit des droits de notre couronne 
et royaume de France, si célèbre autrefois par le ngmbre 
des bonnes villes et par sa population noble ou autre, par 
le décès de notre cher cousin Louis de Namur (?), comte 
de Flandre, se trouve dépourvu de tout gouvernement 
régulier. - 

» Attendu qu'il nous paraît évident qu'après ce décès, 
l'héritier du comte ne s'est pas présenté pour nous prêter 
hommage du chef de son héritage, comme à son droitu- 
rier suzerain et seigneur. “ts 

» Considérant les désordres, guerres et destructions 
journalières auxquelles le comté est en proie, et spéciale- 
ment la guerre et destruction à laquelle est en butte notre 
chère ville de Gand, voulant porter remède à tous ces 
maux, avons nommé Jean Bourchier, rewaert de notre 
pays de Flandre et spécialement de ladite ville de Gand, 
en vertu de notre autorité suzeraine de prince et seigneur; 
l’autorisant à recevoir foi et hommage féodal, et à exercer 
tout pouvoir en notre nom, jusqu’à ce que l'héritier du 
comté nous ait prêté l'hommage légal comme à son sei- 
gneur suzerain. » ; 

Un autre diplòme de la même date enjoignait à tout 
fonctionnaire du royaume d'Angleterre, à tous les sujets — 


à À 


(1) Rymer , édit. holl , t. HIT, part. IL, p. 174. 


( 247 ) 
anglais et à tous les amis de prêter aide, secours et assis- 
tance au rewaert comme au roi lui-même (1). 

Comme corollaire à la déclaration par laquelle l'Angle- 
terre ne reconnaissait pas la souveraineté du duc de Bour- 
gogne sur la Flandre, le conseil du roi publia le 16 dé- 
cembre un édit, enjoignant au rewaert de défendre le 
cours des monnaies frappées par Philippe le Hardi, qui se 
disait comte de Flandre (2). 

Le rewaert anglais n’arriva qu’au commencement de 
janvier 1585 (n. s. ); il était accompagné de mille archers 
anglais et d’une petite troupe d'hommes d'armes, et établit 
son quartier géneral à Gand, dont les sympathies pour 
l’Angleterre étaient le mieux connues. 

Par une convention conclue à Boulogne-sur-Mer le 
14 septembre précédent (3) la trève de Lelinghen avait été 
prorogée jusqu’au 1° mai: aussitôt que ce terme fut écoulé, 
le duc se prépara avec l’aide des forces de la France à 
faire une descente en Angleterre. Malheureusement pour 
lui, il avait compté sans les Gantois commandés par Ac- 
kerman, auxquels s'était joint Jean Bourchier le re- 
waert , avec ses hommes d’armes et ses archers anglais. 

Ils s'étaient emparés de Damme où l’armée des Francais 
et des Bourguignons alla les assiéger. Ackerman et les 
siens espéraient tenir bon jusqu'à l'arrivée des troupes 
que l'Angleterre avait promises : le parlement de West- 
minster avait même voté une somme de dix mille marcs (4) 
Pour venir en aide aux communes flamandes, mais un 


(1) Ryuer, édit. holl., t. IH, part. IH, p. 174. 
(2) nt idem, p. 176. - 5 
(5) Idem , idem, p. 170. 

(4) ien marc valait environ 55 francs de notre monnaie. 


( 248 ) 
ministre anglais, Michel de la Pole, qui trahissait secrète- 
ment le parti de son maître , détourna cette somme à son 
profit, et expédia vers une autre destination les hommes 
armes destinés à secourir la Flandre. 

Après avoir, avec quinze cents hommes, soutenu un 
siége de vingt jours, contre cent mille ennemis, AC- 
kerman, se voyant à bout de ressources, opéra pendant 
la nuit sa retraite vers Gand, à travers les lignes fran- 
çaises. 

Cela se passait dans la nuit du 22 aoùt : un mois plus 
tard, le 20 septembre, les Anglais capturèrent en mer 
deux amiraux français qui se rendaient à l'Écluse avec de 
nouveaux renforts pour l’armée de Charles VI. Walsin- 
gham raconte qu’un des navires dont ils se rendirent 
maîtres était tellement grand qu'il pouvait porter cinq 
mille personnes : ses dimensions ne permirent pas de le 
faire entrer dans le port de Calais, et il fallut l'envoyer à 
Sandwich. 

Si la lutte héroïque des Gantois ne put empêcher la 
Flandre d’être dévastée par l’armée française, du moins 
elle sauva l'Angleterre, d'une invasion, qui, dans les cir- 
constances où se trouvait ce pays, aurait pu avoir des 
suites désastreuses pour la monarchie de Richard I. 

Cet événement même ne suffit pas pour rappeler au 
gouvernement anglais ses promesses de secours. Dans ces 
conjonctures, abandonnés par leur allié le plus puissant, 
les Gantois se virent obligés, au mois d'octobre, de faire _ 
des ouvertures de paix au due de Bourgogne. Après d'assez 
longs pourparlers, elles furent favorablement accueillies. 

Jean Bourchier en informa immédiatement le conseil du 
roi, qui alors seulement prit l'alarme à l’idée que la Flandre 
allait lui échapper. Il fut immédiatement ordonné à Guil- 


| 
bp 
| 


L 3 


_ (49) 

laume Drayton et à Hugues Spencer, de rassembler une 
troupe considérable d'hommes d'armes et de se diriger 
vers Gand avec des navires préparés en hâte dans les ports 
de Douvres et de Sandwich (1). 

Mais la coupable négligence du gouvernement anglais 
avait porté ses fruits ; cette tardive réparalion n’arriva pas 
à temps. Les ordres donnés n’avaient pas encore recu leur 
exécution, lorsque la nouvelle arriva que la paix était faite 
entre le prince et ses sujets : l'alliance était désormais 
rompue entre la Flandre et l'Angleterre. 

Le 18 décembre le traité avait été conclu à Tournai ‚ et 
trois jours après publié dans tout le comté. 

Le 20, les troupes qui devaient se porter au secours des 
Gantois, devenues inutiles de ce côté, reçurent une autre 
destination, « parce qué, par certaine cause, est-il dit 
dans l'acte, le voyage qu’elles devaient faire à Gand n’a 
Pas lieu. » L’Angleterre avait honte d’avouer sa négli- 
Sence, et de s’imputer la faute de cet échec fait à sa” 
politique. - | 

Il ne lui manquait plus que de joindre l'insulte à l'in- 
curie : elle, dont les intérêts étaient les mêmes que ceux 
de la Flandre dans cette question , elle qui avait méconnu 
l'attachement et le dévouement de son alliée, qui perdait 
Par sa faute son plus ferme appui politique sur le conti- 
nent, et le meilleur débouché pour ses produits , elle laissa 
un de ses historiens les plus recommandables, écrire, 
Sans qu'aucune voix s’élevàt pour le contredire. « Que les 
Flamands, selon la coutume de -leur nation, s'étaient 
montrés fort légers, et avaient prouvé qu’il leur était im- 


Ee 


(1) Ryxen, édit. holl., t. HE, part. HE, p. 189. 
° SÉRIE, TOME XXXIII, EE, 


( 250 ) 

possible d’être longtemps fidèles à leurs engagements (1). » 
Tels furent les adieux de l'Angleterre à la Flandre. 

En vertu du traité, les Gantois et toutes les villes et 
communes de Flandre qui avaient suivi leur parti virent 
leurs priviléges maintenus et confirmés : les Gantois pri- 
sonniers furent mis en liberté, les sentences de confisca- 
tion furent rappelées et la liberté de circulation accordée 
au commerce. A ces conditions, les bourgeois de Gand 
renoncèrent à toutes alliances, serments, obligations et 
hommages qweux ou aucuns d'eux avaient faits au ro! 
d'Angleterre, jurant d'obéir désormais au roi de France, 
_au duc et à la duchesse de Bourgogne comme à leurs drol- 
turiers, seigneurs et dame (2). 

- Jean Bourchier dont la mission n’avait dès lors plus de 
raison d’être, reprit avec sa troupe le chemin de son 
- pays : les magistrats de Gand lui témoignèrent leur rè- 
connaissance pour le secours qu'il leur avait prêté et le 
zèle dont il avait fait preuve. Il alla s'embarquer à Calais, 
et l’un des capitaines des Gantois, les plus opposés au duc 
de Bourgogne et les plus fidèles à l'Angleterre, Pierre 
Vanden Bossche partit avec lui. Ce hardi patriote qu! 
n'avait pas foi dans les promesses de pardon du nouveau 
souverain de Flandre fut accueilli avec empressement par 
Richard IL et le duc de Lancastre; il obtint dans sa patrie 
d'adoption une pension de cent mares sur létape des 
laines de Londres (3). = 

Après avoir rétabli la paix en Flandre, le duc reprit de 


S R EE BAA a 


(4) Warsinenau, p. 330. ji 
(2) Archives de la ville de Gand; Wittenboek , fol. 137. — Archives 
la ville de Bruges ; Gheeluwenboek, fol. 5. 


hed 


(5) Kervin, Hist. de Flandre, t. IV, p: 48. — Froissart, t. I1, P- 20. > 


- 


( 251 ) 
nouveau, en 1586, son projet d'expédition contre l'An- 
gleterre : le roi de France fit un appel à tous ses vassaux; 
on arma des navires sur toute la côte de l'Océan, depuis 
Cadix jusqu’en Prusse. Les marins de Zierikzee s'oppo- 
sèrent vainement à ce qu’on employât des vaissaux hol- 
landais. Dans le courant de l'été, toute l’armée se rendit 
à l'Ecluse pour s’y embarquer; jamais sans doute, arme- 
ment plus formidable ne menaca le trône de Guillaume le 
Conquérant. : 

La Grande-Bretagne fut en émoi; mais les lenteurs 
caleulées du duc de Berry sans lequel le roi Charles VI 
ne voulait pas partir, lui permirent de se remettre de sa 
première frayeur; les vaisseaux anglais vinrent bientôt 
croiser dans la mer du nord, arrêtant et capturant le plus 
possible de bâtiments français. La mauvaise saison qui 
s'approchait et la prise d’une grande partie de sa flotte 
découragèrent Charles VI qui retourna dans son royaume 
Sans que son immense expédition eût servi à autre chose 
qu'à piller le pays par où ses troupes avaient passé. 

e mécontentement des Flamands, était tel, que s’il faut 
en croire un écrivain anglais (1), les députés des com- 
munes se rendirent à Calais, offrant de conclure une 
nouvelle alliance avee l'Angleterre afin d’expulser tous 
les Français. | 

Mais si les anciennes sympathies tentaient encore de se 
faire jour dans l'esprit des bonnes gens de Flandre, le 
duc n’en persistait pas moins dans ses rancunes; le 15 jan- 
vier 1587 (n. st.), il publia un mandement daté de Paris, 
dans lequel tout en accordant le libre commerce et l'entrée 


- (t) Knxenrox , cité par Kervin, t. IV, p. 60. 


( 252 ) 

_des ports de Flandre aux marchands de toutes les nations, 
il défend expressément d’y laisser pénétrer les Anglais ou 
de leur acheter n'importe quelle marchandise (1). 

La retraite de Charles VI, qui ressemblait plutôt à une 
fuite fut célébrée en Angleterre par de grandes réjouis- 
sances à légal d'une victoire. Le roi décida qu'il fallait 
profiter des circonstances pour harceler les Français; une 
flotte fut promptement réunie et mise sous les ordres des 
comtes d’Arundel, de Nothingham , de Devonshire, et de 

Henri Spencer évêque de Norwich; elle croisait depuis 
deux mois environ sur les côtes de Cornouailles et de 
Normandie, quand vers la fin de mars elle rencontra la 
flotte bourguignonne qui escortait un convoi de bateaux 

| chargés de douze à treize mille tonneaux de vins de Sain- 

tonge. Empruntons le récit du combat qui eut lieu alors, _ 

à l'historien qui a le mieux raconté les destinées dep notre 

patrie (2) : 

« Jean Buyck, qui commandait la flotte du due avait 
longtemps combattu les Anglais sur mer; il était sage o: 
courageux, et comprit aussitôt que les vaisseaux anglais : 
cherchaient à prendre le vent pour l'attaquer avant la 
nuit. Quoique décidé à éviter le combat, il arma ses arba- 
létriers et il ordonna en même temps au pilote de hâter 
la marche de la flotte afin qu’elle repoussàt les Anglais en 
se dérobant à leur poursuite. Déjà il était en vue de Dun- 
kerque et il espérait pouvoir gagner l'Écluse en côtoyant 
les rivages de la Flandre. > 

» Ce système réussit d’abord : quelques galères plemes 


_ 


(1) Archives de la ville ah Bruges, orig. parch. 
(2) Kervrs, t. IV, p. 


( 253 ) 

d'archers anglais s'étaient avancées ‚ mais leurs traits n'at- 
teignaient point leurs ennemis, qui ne se montraient pas 
et continuaient leur route. Enfin le comte d’Arundel 
_S'élanca au milieu d'eux avec ses gros vaisseaux : dès ce 
moment, la lutte fat sanglante et opiniâtre. Trois fois la 
marée se retirant obligea les combattants à se séparer et à 
jeter Pancre, trois fois ils s’assaillirent de nouveau. Ce- < 
pendant la flotte bourguignonne s’approchait des ports de 
la Flandre, Jean Buyck était parvenu à dépasser Blan- 
kenberg et était près de toucher au hâvre du Zwyn ; mais 
sa résistance s’affaiblissait d'heure en heure. Parmi les 
vaisseaux anglais, il en était un surtout qui attaquait 
avec une héroïque persévérance les hommes d'armes du 
duc de Bourgogne; le capitaine qui en dirigeait les ma- 
œuvres se nommait Pierre Vanden Bossche; il vengeait 
Barthélémy Coolman dont Jean Buyck avait été le suc- 
césseur, En vain les bourguignons espéraient-ils qu’une 
flotte sortirait de l’Écluse pour les soutenir. Le port qui 
avait armé tant de vaisseaux pour décider les victoires 
d'Édouard TII n'en avait plus pour protéger la retraite de 
Philippe le Hardi. à 

» Jean Buyck fut pris par les Anglais et avec lui cent 
vingt-six navires. Pendant toute cette année, tandis que 
les vins de Saintonge se vendaient à vil prix en Angle- 
terre, ils manquèrent complétement én Flandre, ce qui 
augmenta les murmures du peuple. 

» Pierre Vanden Bossche voulait entrer dans le port 
même de PÉcluse et y effacer par le fer et la flamme 
jusqu'aux derniers vestiges de l'expédition préparée pour 
la conquête de l'Angleterre... on ne voulut point l'écouter, 
les Anglais se bornèrent à piller le village de Coxide et 
les environs d’Ardenbourg. » . 


( 254 ) . 

Après ce grave échec, le duc de Bourgogne abandonna 
ses projets de conquête en Angleterre; il paraît même 
qu'il ne cacha pas son désir d'en venir à un accommode- 
ment que les communes réclamaient à grands cris. Il se 
relâcha même de sa rigueur à l'égard des relations entre 
ses sujets et l’Angleterre. Ces dispositions devaient être 
connues des principaux bourgeois des bonnes villes, ainsi 
qu'il semble ressortir d’un fait dont nous avons trouvé 
le récit dans une pièce des archives départementales de 
Lille. : 

Lubrecht Seutelaer, bourgeois de Bruges, se trouvant 
à Calais pour les affaires de son commerce, il lui arriva, 
en causant avec Guillaume Clarton, écuyer maréchal de 
Calais, et Jehan Ultington , marchand de la même ville, 
de parler d’entente cordiale pour le bien du commerce des 
deux pays, afin que les marchands pussent aller et venir 
librement comme avant la guerre. Sur ce, Clarton et 
Ultington voyant où Lubrecht voulait en venir, lui de- 
mandèrent s’il avait mission pour parler ainsi et s'il était 
chargé de faire des propositions de traité. Le brugeois 
répondit que non, mais il ajouta que si on voulait écouter 
sa proposition en Flandre, il retournerait vers eux afn 
que par leur entremise on pt arriver à s'entendre. Le 
capitaine de Calais, Guillaume de Beauchamp, s'entretint 
à son tour avec Lubrecht et lui exposa qu’en casde traité, 
la place de Gravelines et le château de l'Écluse devraient 
avant tout être remis dans l’état où ils étaient avant la 
guerre. Lubrecht promit de s'entremettre auprès du roi 
de France par l'intermédiaire du duc, afin que ces places 
ne fussent pas un empêchement à la bonne entente ni 
une cause de « violence ou de molestation. » 

Alors il fut convenu entre le capitaine et le flamand 


( 255 ) 
que si les propositions d’accommodement avaient chance de 
succès, celui-ci retournerait à Calais vers le 19 octobre avec 
trois bourgeois notables. Cette intervention officieuse eut 
tout le succès désiré, et il fut fait ainsi que Lubrecht l'avait 
promis; il arriva à Calais avec trois autres Flamands : là 
furent discutées les différentes questions pendantes, et le 
22 octobre on dressa le procès-verbal des préliminaires de 
paix, A la suite de cela, la Flandre envoya les députés de 
ses bonnes villes et du Franc pour traiter avec les Anglais. 


| 4 


. Cétaient pour Gand : Sohier Everwein, Jean vander Eek, 


Jean Clove et Clays Utenhove; pour Bruges, Lubrecht 
Seutelaer , Sohier van Langemersch, Jean de Recke , Jean 
Honyn et François vander Cupe; pour Ypres, Michel Boone, 
Jean de Marchin et Jean Lehurtre; pour le Franc, Ferrand 
de Gessene, chevalier, Damart de Straten, et George Guy- 
denne. Les plénipotentiaires anglais étaient Guillaume de 
Beauchamp, capitaine de Calais, Edmond de la Pole, frère 
du comte de Suffolk, Jean de Say, baron de Wemme, Robert 
de Witteneye, Jean Wychmalle, Jean de Bradford, chevalier, 
sire Roger Walden, trésorier de Calais, Richard Wedehal, 
maire de Calais, lieutenant du maire de l'étape , Guillaume 
Clarton, maréchal de Calais, Perrin de Loharenc, écuyer, 
et Jehan Ultington. 

Ils conclurent ensemble le 28 novembre, sur les an- 
Ciennes bases, une trêve marchande, et les députés fla- 
mands promirent de faire ce qu'ils pourraient pour que le 
due se rendit aux exigences de l'Angleterre touchant la 
place de Gravelines et le château de l’Écluse occupés par 
les Français (1). 


(1) Archives dép. de Lille, fonds de la Chambre des comptes :carton B, 
1063. ; 


~ 


( 256 ) 

Deux mois après, en janvier 1388, le duc donna ses 
instructions pour la conclusion d’un traité définitif avec 
l'autorisation du roi de France (1); mais les négociations 
se bornèrent à une nouvelle trève (2) , renouvelée le 26 no- 
vembre suivant (3). Pendant plusieurs années, cette trève 
fut successivement renouvelée, d’abord au mois de juin 
et au 15 novembre 1389, puis au mois d'avril 1590 (4). En 
1592 le roi Charles VI publia un mandement enjoignant 
au sire de Ghistelles et au gouverneur de l'Écluse, gar- 
diens de la trève, de l’entretenir et de la faire respecter (5). 

Les négociations se poursuivaient sans discontinuer, 
mais sans aboutir à un résultat définitif : au mois de mars 
1592, le duc défendit qu'aucun de ses sujets sortit du 
pays pendant qu’elles avaient lieu (6). 

Une des grandes craintes de Philippe le Hardi était de 
voir recommencer la guerre : il en avait fait une trop triste 
` expérience, et tout devait lui faire supposer que si les hos- 
tilités recommencaient, la Flandre, mécontente de lui, 
saisirait celte occasion pour appeler l'Anglais à son secours 
et faire de lui un second Louis de Nevers. Cette perspec- 
tive, qui lai souriait peu, fit qu'il prêta loreille aux 
accommodements, tout en tàchant de concilier les exi- 
gences de la nécessité avec son orgueil. . 

En 1597, il accorda des lettres de privilége commercial 


————— aa 


—— 


(1) Archives dép. de Lille, carton B, is 1071, 1075. 
A2 RrueR, „édit. melk, t. IH, part. IV, p. 25 

(3) Idem, i 

(4) lim, in Aa 50 et 49. 


(5) Invent 


Joseph de St-Génois. 
a den dép. de Lille, Es de la Chambre des comptes : Carton B, 


( 257 ) 

aux habitants de Neweastle-sur-Tyne (1), et le 22 février 

1599 il autorisa la tenue à l'Écluse d’une étape de man- 

teaux de draps d'Irlande (2). Peu après,une trêve de vingt- 

cinq ans fut conclue entre Ardres et Calais, et Isabelle de 

France, âgée de huit ans, remise à Richard I comme gage 
- de la paix, au milieu de fêtes et de réjouissances spion- 

dides (5). 

Mais cette même année 1399 fut témoin d'autres évé- 
nements qui furent le revers de ces fêtes. Richard H fut 
déposé pendant une expédition qu’il faisait en Irlande, et 
l'évêque de Cantorbéry, caché sous l'habit d'un pélerin, se 
rendit en France auprès de Henri de Derby pour l’engager 
à venir prendre possession de la couronne d'Angleterre. 
Cette mission et le départ d'Henri eurent lieu si secrète- 
ment que le duc de Bourgogne ignora tout. 

Aussitôt qu’il en eût connaissance, tant par le récit des 
marchands flamands que par celui d’une dame française 
qui avait accompagné Isabelle de France, il ne déguisa 
Pas son intention de reprendre la guerre. Mais les Anglais 
avaient pris les devants; une flotte envoyée par eux pilla 
l'île de Cadsand , tandis qu’une autre attaquait un convoi 
-de navires espagnols chargés de vins en destination de 
l'Écluse (4). 

Plus d'une année se passa ainsi; les Flamands, que cet 


ne ONE EA 


(1) Archives de la ville i r rape: Oude Wittemhoek, fol. 32. 


(2) Idem, Rudenboeck 5. Les marchands d'Irlande avaient reçu un 
sauf-conduit en ne “reine de la ville de Bruges, orig. pE 
et Oude Wittenboek 


5) Rymer , édit. Fe t part. IV, pp. 111 à 118. 
(4) En 1400 un sein du nom de Simon Braem, qui avait été député 
Pr ses concito oyens en Angleterre, obtint une pension du 
roi. (Rrwen, édit. x „t. II, part. IV, p. 180.) 


( 258 ) 

état d'hostilité permanente ne satisfaisait nullement, et 
qui n’épousaient pas les querelles de leur seigneur, dont 
toutes les actions étaient contraires à leurs intérêts, 
s’adressèrent, par l'organe des magistrats de leurs bonnes 
villes, aux seigneurs anglais qui avaient fait partie de la 
députation réunie-à Lelinghem, pour obtenir la restitution 
d'un grand nombre de navires flamands capturés pendant 
la guerre (1). Au commencement de l'année suivante, 
plusieurs marchands adressèrent une requête à Philippe. 
le Hardi pour obtenir main levée de plusieurs vaisseaux 
arrêtés en Angleterre (2). Des commissaires furent alors 
nommés de part et d'autre pour examiner les griefs tant 
des Anglais que des Flamands; c'étaient, pour la Flandre, 
Simon de Formelles, docteur en droit, et Nicolas Skorkin, 
chanoine de Saint-Donat, qui se rendirent à Londres et 
s'entendirent sur plusieurs points avec les commissaires 
anglais, mais en somme ils convinrent de remettre la déci- 
sion de toutes les questions une assemblée de plénipo- 
tentiaires réunie à Calais (3). 

Le roi Henri IV fit proclamer que tous ceux de ses: 
sujets qui avaient à se plaindre des Flamands pouvaient 
faire valoir leurs réclamations devant l'assemblée (4), et 
au mois de juin suivant, les quatre membres de Flandre 
nommèrent, pour s'entendre avec les députés anglais, 
Guillaume de Rishelon et Jean Urban, les dix person: 
nages suivants : Guillaume de Raveschoot, Jacques Foul- 


FL rien 


(1) Man maik. holl., t. IV, part. I, B, 
Di Archives 2 de Lille, fonds de ie as des comptes : Carton 


er ) Jdem., idem. x 
(4) Rymer, édit. holl., t. IV, part. I, p.38. 


CE) | 
cart et Jacques Fucevoet pour Gand, maître Nicolas 
Skorkin , Nicolas Zoutre et Jean Bieze pour Bruges , Nico- 
las Bourgeois et Jean Paelding pour Ypres, Colard de 
Moerkerke, seigneur de Merckem, et Nicolas Van den 
Eecke pour la France (4). 

Ces députés se rénirent bien des fois avant de parvenir 
à une entente complète, ainsi que le prouvent les pièces 
diplomatiques (2); enfin, le dix novembre, ils rédigèrent 
un acte dans lequel ils réunirent les différents points sur 
lesquels ils étaient tombés d'accord. 

Au mois de mars 1405, il avait été convenu que les 
Flamands ne pourraient faire passer comme leurs les mar- 
chandises appartenant à des Français, et que les Anglais 
voyageant en Flandre ne pourraient être arrêtés jusqu'au 
- Mois de juillet suivant. ” 

Il avait été décidé, le 29 août, que les biens des An- 
glais arrêtés à l’Écluse, seraient gardés soigneusement et 
conservés dans le même état jusqu’au dix novembre, sauf 
qu'ils pourraient être délivrés à leur propriétaire moyen- 
nant caution donnée à Bruges. Les deux parties s'enga- 
geaient à envoyer leurs lettres patentes à Calais pour faire 
Publier ces conditions. 

Il était arrêté en outre, que les quatre membres de 
Flandre ainsi que le duc enverraient leurs commissaires 
à Calais pour traiter de la restitution des prises : le même 
29 août il avait été décidé que les prisonniers seraient, de 
Chaque côté, mis en liberté sans rançon, que les navires 


(1) Archives dép. de Lille, fonds de la Chambre des comptes : Carton B, 
1555. E 
(2) Rymer, édit. holl., t. IV, part. 1; p. 54. 


. 


( 260 ) 

. de Flandre et ceux d'Angleterre jouiraient de toute liberté 
pour aller et venir, et comme signe de reconnaissance, 
ceux de Flandre porteraient à la proue les armes de 
Flandre et celles de leur ville, et seraient munis d’un lais- 
ser-passer délivré par les autorités (1). 

Le 20 décembre, le roi d'Angleterre déclara d'avance 
donner son consentement à toutes les conditions que pose- 
raient ses plénipotentiaires, d'accord avec ceux de la 
Flandre, dans l'intérêt de la paix et des relations entre 
les deux pays (2). 

Philippe le Hardi ne vit pas la fin de ces négociations, 

_ il mourut le 27 avril 1404. 


— M. le secrétaire perpétuel soumet à la classe son 
rapport pour le Livre commémoratif qui sera publié à 
l’occasion du jubilé centenaire. - 

— M. Polain a fait parvenir le rapport qu’il a été chargé 
de faire sur les travaux de la commission de publication 
des œuvres des grands écrivains du pays. M. Snellaert 


annonce qu'il a terminé son rapport sur les travaux de la 
commission de littérature flamande. 


— La classe s’est occupée de différentes mesures rela- 
tives au jubilé, mesures qui avaient fait l’objet des délibé- 
ee 

(1) Archives dép. de Lille, fonds de la Chambre des comptes : Carton B, 
1356 


(2) Rymer, édit. holl., t. IV, part. I, p. 8. 


( 261 ) 
rations de la commission chargée par les trois classes des 
préparatifs de cette fête. 


ÉLECTIONS. 


M. le directeur communique à la classe la liste des can- 
didatures aux places vacantes. 
Cette liste sera imprimée et distribuée aux membres. 


| 
| 
| 


(262) 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Séance du 7 mars 1872. 


hd 
M. L. ALvin, vice-directeur, occupe le fauteuil. 
M. Ap. Querecer, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. N. De Keyser, L. Gallait, A. Van 
Hasselt, Jos. Geefs, Ferdinand De Braekeleer, C.-A. Frai- 
kin, Edm. De Busscher, Alph. Balat, Aug. Payen, le che- 
. valier L. de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, 
Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, A. Robert, F.-A. Ge- 
vaert, Ch. Bosselet, membres ; Ed. De Biefve, correspondant. 


M. Éd. Mailly, Ra de la classe des sciences, 


assiste à la séance. 


CORRESPONDANCE. 


M, le baron Limnander remercie, par écrit, pour son 


élection de membre titulaire. 
Le même académicien, ainsi que M. Basevi, élu associé, 
accusent réception de leur diplôme. 


— La classe se rallie à la décision prise par les classes 
des sciences et des lettres de ne pas tenir, cette année, 


( 263 ) 
d'assemblée générale, à cause des fêtes qui auront lieu 
l’occasion du jubilé. 


— Elle s’est ensuite occupée, en ce qui la concerne, 
des préparatifs du jubilé séculaire. 


— 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Quelques mots touchant application du droit de conquête 
aux monuments de l’art, par M. L. Alvin, membre de 
l’Académie. ; 


I. 


A la fin du siècle dernier, la France délivrée de la Ter- 


ri a ei ; 
„reur et de l'invasion, commençait à respirer; l'ennemi 


avait repassé les frontières, et les armées républicaines 
marchaient en avant sur les territoires de l'étranger. Les 
désastres de la veille étaient oubliés; on se préparait à 
faire le tour de l’Europe, à porter à toutes les nations les 
lumières et la liberté; on ne se souvenait plus de la façon 
dont on avait soi-même usé des lumières de la raison et 
pratiqué la liberté; on escomptait d'avance les victoires: 
on disposait des dépouilles des vaincus — les œuvres d'art 
devaient être la portion opime de ces dépouilles — leur 


place était marquée dans les musées de la capitale du 


peuple initiateur. | T 
A ce même moment, deux hommes de conditions bien 
différentes, mais unis par la conformité de leurs priiipes 


( 264 ) 
politiques, un savant archéologue français et un militaire 
américain, Quatremère de Quiney et le général Miranda, 
échangeaient, dans une correspondance amicale, les pen- 
sées qui préoccupaient leur esprit. 

Le savant venait de s'éloigner de Paris, où sa vie n’était 
plus en sûreté : impliqué dans l’insurrection du 13 et du 
14 vendémiaire an III (les 5 et 6 octobre 1795), il avait été 
condamné à mort par contumace. Caché au fond d’une re- 
traite sûre, il se trouvait dans la meilleure situation pour 
se livrer à l’étude des questions philosophiques. 

L'autre, l’ex-lieutenant de Dumouriez dans la campagne 
de Belgique, le futur émancipateur.de P Amérique espa- 
gnole, échappé depuis peu à des dangers pareils , était de- 
meuré au milieu du tourbillon parisien. 

- Avant de se séparer, les deux amis s'étaient dit: « Intéres- * 
> sons notre correspondance épistolaire par la discussión 
» de quelque sujet philosophique, littéraire et politique. » 
ils s'étaient mutuellement indiqué les questions qu'ils 
auraient à traiter, Quatremère avait proposé celle-ci à 
Miranda : « L'esprit de conquête dans une république est 
entièrement subversif de l'esprit de liberté. » Il semble 
étrange qu’on choisisse pour développer un pareil thème la 
plume d’un soldat. Mais Quatremère devait connaître les 
sentiments intimes de son ami. Il savait que Miranda 
n'admettait comme légitime que la guerre qui a pour but 
de fonder ou de défendre Pindépendance d'un peuple. Le 
général avait témoigné de ses sentiments d'une facon non 
équivoque : après la mort de Robespierre, le gouverne- 
ment lui ayant offert le commandement d’une armée: es 

< J'ai combattu de bon cœur pour la liberté, avait - il 
» répondu, mais il me répugne de me battre pour faire 
» des conquêtes. » _ 


( 265 ) 

Le sujet que le militaire avait assigné au savant n'avait 
pas moins d’à-propos. Il convenait surtout à la plume de 
l'homme de France qui avait le plus profondément étudié 
les monuments des arts de l'Italie et de la Grèce, ainsi 
que la science de l'esthétique. La question était formulée 
en ces termes : 

€ Du préjudice qu'occasionneraient aux arts et à la 
science le déplacement des monuments de l'art en Italie, 
le démembrement de ses écoles et la spoliation de ses collec- 
lions , galeries, musées, etc., elc. » 

Quatremère de Quiney à écrit sept lettres sur ce sujet : 
elles ne sont point datées, rien n’indique non plus le lieu 
d'où elles sont parties; ce qui se conçoit facilement, puisque 
l'auteur se cachait en ce moment. L'époque de la rédaction 
de ces lettres peut s'établir, du moins porine m 


čest la fin de 1795 ou le commencement de 


La première édition qui en a été faite sad la date de 
1796. L'auteur n° y est désigné que sous les initiales A. Q. 

En 1815, l'illustre Canova, un autre ami de Quatremère, 
chargé par le pape Pie VII de ramener en Italie les objets 
dart enlevés à sa patrie par les armées françaises, trouva 
Piquant de justifier sa mission au moyen des lettres de 
l'écrivain français ; il en fit faire à Rome une nouvelle 
édition, sur grand et beau papier (2), et l'accompagna d’un 


See — 


(1) « M. Quatremère fut un des chefs de l'i tion des 13 et 14 ven- 

démiaire (1795), lorsque les sections s'armèrent contre a Convention. 
r parti ayant succombé, il fut condamné à mo , douze 

jours kin a ais ENE, cette n les RATES ne furent pas sérieu 
il vint a Il reparut en 1796. » (Biog. a, 
des con emporains, tome IV, p. 1035) 

(2) Ee à ee de plus amples détails sur les différentes édi- 
tions de cet éc 


2. en TOME XXXIII. - 18 


è 


( 266 ) 
document signé de cinquante noms connus dans le monde 
des arts, des sciences et des lettres, appartenant à la 
même nation. Je veux parler d’une pétition adressée. au 
Directoire exécutif, à l'effet de protester contre le projet 
de transférer à Paris les objets que les généraux de la 
République avaient ordre d'extraire des musées des pays 


-conquis (1). 


La mission que Canova avait acceptée, et qui n’avait rien 
que d'honorable, valut au grand artiste force injures, et 
les biographes parisiens ne se sont pas fait faute de lui 
reprocher sa participation à cet acte réparateur. Il leur 
semblait que celui qui avait eu l'honneur de faire le buste 
de leur empereur ne pouvait se charger de la besogne de 
spolier la France, comme dirait M. Jules Simon. Ignoraient- 
ils done que, dans les séances qu'il obtint pour les por- 
traits de l'Empereur et de l'Impératrice, Canova ne dissi- 
mula à ces Majestés aucune des vérités qu’il lui appdrtenait 
de faire entendre, qu’il protesta, entre autres, contre la spo- 


liation de l'Italie et le déplacement de ses chefs-d'œuvre? 


M. de Latouche, dans la notice qu'il a placée en tête de 
l'œuvre de l'éminent sculpteur, se complaît même à rap- 
porter un mauvais jeu de mots; il devait-cependant savoir 
qu'un jeu de mots n’est pas un argument (2). 

Lorsque, il ya quelques mois, M. Jules Simon, dans son 


_ discours de réception à l Académie française, prononça la 


i henri 


(1) On een) à l'appendice le texte de cette pétition, ainsi que les noms 
des signal 


(2) Ser Da « Embarrassé de soutenir un jour ses prétentions 
devant un de nos ministres, célèbre par son ésprit et plus encore par la | 

flexibilité de son caractère politique, Canova murmura : Sono ambascia- 
_ rea Papa. — Emballatore, vous voule% dire, reprit l'excellence. » 


e- 


(267) | 

Phrase malencontreuse si vertement relevée par la presse 
anglaise et par Ja presse belge, les lettres de Quatremère 
de Quiney me revinrent en mémoire (1). Le contraste me 
parut frappant entre Popinion du grand-maître de luni- 
versité de France, de l’éminent membre de l'Institut, en 
1871, et celle de son savant compatriote, qui fit également 
partie de illustre Compagnie. 

La question n’a plus aujourd’hui Pà-propos qu’elle pou- 
vait avoir l’année dernière; elle n’a point perdu pour cela 
Son intérêt, Il me paraît qu'il est toujours opportun de 
rappeler les principes d’éternelle justice, protecteurs des ` 

‘ Monuments des arts et des sciences, non-seulement contre 
le vandalisme, mais encore contre les convoitises des con- 
quérants, quels qu’ils soient, empereurs ou directeurs de - 
républiques. Or, ces principes ne me paraissant nulle part 
Plus complétement ex posés que dans les lettres de M. Qua- 
tremère de Quincy, j'ai pensé que vous entendriez sans 
trop d'ennui l'analyse de ce généreux écrit. 


# 


H. 


Homme de science, l'auteur se préoccupe avant tout de 
l'intérêt scientifique; c’est comme instrument de civilisa- 
tion et de progrès qu’il envisage les monuments que l'art 
à créés ; ce qu’il recherche, c'est le plus grand avantage de 
l'instruction publique, et c'est dans cet ordre d'idées qu'il 
Puise ses principaux moyens de persuasion. Et comme, au 


à im À 


(1) J'ai déjà eu l'occasion d'en citer un passage, ici même, en novembre 

. 1857, dans le rapport sur une proposition de M. J. Portaels, ayant pour _ 

objet le séjour des lauréats des grands concours à Rome. Bull. de l'Acad., 
2 série, tome HI, n° 12. ie ur 


( 268) 
. moment où il écrit, le péril le plus imminent menace les 
musées d'Italie et de Rome, c’est à des circonstances par- 
ticulières à cette contrée et à la ville éternelle qu'il em- 
prunte les principaux arguments dont il étaye sa thèse. 

Mais, dans la spoliation des musées, il y a encore autre 
chose que le dommage apporté à l'instruction, que len- 
trave mise au progrès; il y a la violation d'un droit; d'un 
principe, qui est la base de toute société, le droit de pro- 
… priété. L'auteur ne néglige point de rendre hommage à ce 
principe de tout temps reconnu et, malgré cela, trop sou- 
vent transgressé. 

« La discussion que je vous promets, écrit-il dans sa 
première lettre, se rattache aux principes généraux de la 


_ morale universelle ; mais pensez-vous qu'il y ait aujour- 


dhui un seul homme qui les ignore? N'y a-t-il pas de cer- 
taines vérités dont l'impression s’affaiblit parce qu’on les 
prouve et parce que l'on a l'air d’avoir besoin de preuves?» 

« Dans les circonstances menacantes où se trouvent 
les arts, dit-il plus loin, il est plus utile de passer à l'appli- 
cation et de citer des exemples : rappeler que Charles VIH, 
Francois I“ et Charles-Quint, successivement maîtres de 
l'Italie et de Rome, n’en ont pas enlevé un seul morceau; 
citer Fréderic le Grand, qui, deux fois maitre de Dresde 
et de sa magnifique galerie, se contenta d'en admirer les 
tableaux; et aussi la revanche de générosité qu'il reçut, 
peu de temps après, des Russes et des Autrichiens, à leur 
tour maitres de Berlin; faire voir enfin que, dans l'Europe 
civilisée, tout ce qui appartient à la culture des arts et des 
sciences est hors des droits de la guerre et de la victoire: 
que tout ce qui sert à l'instruction locale ou générale des 


peuples doit être sacré, comme le vaisseau qui, en temps ` 


de guerre, portait Fabel Cook. » 


( 269 ) 

Abordant sa thèse du point de vue philosophique qu'il 
s'est choisi, il donne à son raisonnement cette base d’une 
solide logique. 

« Les arts et les sciences forment, depuis longtemps, 
en Europe, une république dont les membres, liés entre 
eux par l'amour et la recherche du beau et du vrai, qui 
sont teur pacte social, tendent beaucoup moins à s’isoler 
de leurs patries respectives qu’à en rapprocher les intérêts, 
sous le point de vue si précieux de la fraternité univer- 
selle. Cet heureux sentiment, vous le savez encore, ne 
peut être étouffé, même par les discordes sanglantes qui 
poussent les nations à s'entre-déchirer..... 

» La propagation des lumières a rendu ce grand service 
à l'Europe, qu’il n’y a plus de nation qui puisse recevoir 
d'une autre l'humiliation du nom de barbare : on observe 
entre toutes ses contrées une communauté d'instruction et 
de connaissances, une égalité de goût, de savoir et d'in- 
dustrie. Il est vrai de dire qu’il se trouve entre elles beau- 
coup moins de différences qu'on n’en rencontre quelquefois 
entre les provinces d’un seul empire; c'est que, par une 
heureuse révolution, les arts et les sciences appartiennent 
à toute l'Europe, et ne sont plus la propriété exclusive 
d’une nation. C’est à maintenir, à favoriser et à augmenter 
cette communauté que doivent tendre toutes les pensées 
de la saine politique et de la philosophie. 

» Ce sera done comme membre de cette république géné- 
rale des arts et des sciences, et non comme habitant de 
telle ou telle nation, que je discuterai cet intérêt que toutes 
les parties ont à la conservation du tout. 

» Quel est cet intérêt? 

>» C’est celui de la civilisation : tout ce qui peut con- 
courir à cette fin appartient à tous les peuples : nul n’a le 


Z 
- 


(270 ) 
droit de se l'approprier et d'en disposer arbitrairement. 

» Celui qui voudrait s'attribuer sur l'instruction une 
sorte de droit et de privilége exclusif, serait bientôt puni 
de cette violation de la propriété commune, par la barbarie 
et l'ignorance : il y a dans l'ignorance un principe de con- 
tagion très-actif. Toutes les nations sont tellement en 
contact l’une avec l’autre, qu’il ne peut s’opérer dans l’une, 
„aucun effet qui ne réagisse promptement sur toutes les 
autres. , 

» Si donc un dérangement funeste aux moyens d'in- 
struction; si le démembrement des écoles de l’art et du 
goût, des modèles du beau, et des instruments de science; 
si le dépareillement des objets qui servent de leçons à 
l'Europe; si l'enlèvement à leur pays natal des modèles 
de l'antiquité, et la privation qui s’en suivrait de tous les _ 
parallèles qui les expliquent et les font valoir; si la disper- 
sion des points d'étude et le défleurement des collections, 
en éparpillant et isolant tous les moyens d'apprendre, n'of- 
fraient plus à l'Europe que des ressources imparfaites 
d'une instruction incomplète et démembrée, cette calamité 
pour la science et pour l’art tomberait aussi sur ceux qui 
en auraient été les imprudents auteurs. » _ 


M. 


# 


Mais — répondaient les partisans de la translation en 
France de tous les chefs-d'œuvre ramassés à l'étranger — 
notre Capitale va remplacer Rome, nous allons yaccumuler 
tout ce que les arts et les sciences ont produit de plus 
„magnifique. Paris deviendra ce centre de civilisation que 
vous défendez avec raison contre la barbarie. N'est-ce pas 


Le 


verse eee vw gy 


(NE) 
de la sorte Rome elle-même s’estenrichie des dépouilles 
dé la Grèc 

nus n’est pas embarrassé pour répliquer. 

€ Quand la vraie théorie des droits sacrés de 1 akai 
et des rapports politiques des nations, n’eussent pas, depuis 
longtemps, banni du code publie de l’Europe jusqu'aux 
traces de ce prétendu droit de conquête, l’expérience et 
l'exemple même des Romains, et le mémorable châtiment 
que lunivers fit = da à ce tyran des À et aa 
je pense, pour d désabuser quiconque p drait dè réta- 
blir d'aussi odieuses maximes. 

» Ne croyez pas, ajoute-t-il, que ces maximes aient été 
sanctionnées alors par un préjugé universel. Écoutez ce 
que dMait Polybe, le contemporain, Fami du grand Scipion, 
aux Romains de son temps au sc de cette spoliation des 
peuples conquis : 

« De savoir si les Romains ont eu raison, et s’il était 
de leur intérêt de transporter dans leur patrie les 
richesses et les ornements des villes conquises, ce serait 
le sujet d’une longue discussion. I! y x plus de raison de 
croire qu'ils ont eu et qu'ils ont encore tort de le faire 
aujourd’hui... Si les Romains dans leur système de la 
Conquête des nations, ne leur eussent enlevé que de l'or 
et de l'argent, ils ne seraient pas blämables; car pour 
S'approprier ces peuples, il fallait leur ôter les moyens 
de résistance. Mais pour toutes les autres choses, il leur 
serait bien plus glorieux de les laisser où elles sont, 
avec l'envie qu’elles attirent, et de mettre la gloire de 
leur patrie, non dans Vabondance et la beauté des 
tableaux et des statues, mais dans la gravité des mœurs 
et la noblesse des sentiments. Au reste, je souhaite que 
les conquérants à venir appiraient de ces réflexions . 


( 272 ) 
» à ne pas dépouiller les villes qu’ils se soumettent, et à 
» ne pas faire des calamités d'autrui l'ornement de leur 
» patrie, » (1). 

« En dépouillant Rome au profit de Paris, ajoute l’auteur 
des lettres, vous appauvrissez certainement la première 
sans enrichir l’autre autant que vous le supposez. Vous ne 
pouvez tout emporter; il vous faudra faire un choix, pren- 
dre le meilleur et laisser ce qui vous paraîtra le moins 
beau. De cette façon vous détruisez l'ensemble et vous 
apportez un dommage irréparable à la sctence. La décom- 
position du muséum de Rome serait la mort de toutes les 
connaissances dont son unité est le principe. » 

« Qu'est-ce que l'antique, à Rome, sinon un grand livre 
dont le temps a détruit et dispersé les pages et dent les 
_ recherches modernes remplissent chaque jour les vides et 
réparent les lacunes? Que ferait la puissance qui choisi- 
rait pour les exporter et se les approprier, quelques-uns 
de ces monuments les plus curieux? Précisément ce que 
ferait un ignorant qui arracherait d’un livre le feuillet où 
il trouverait des vignettes. 

» Le muséum de Rome a été placé là par l’ordre même 
de la nature, qui veut qu’il ne puisse exister que là : le 
pays fait lui-même partie du muséum. On peut transférer, 
en entier, toutes les autres espèces des dépôts publics d'in- 
struction; celui des antiquités de Rome ne pourrait l'être 
qu’en partie; il est inamovible dans sa totalité. C'est un 
colosse dont on peut briser quelques membres pour en 
emporter les fragments, mais dont la masse, comme celle 
du grand sphinx de Memphis, est adhérente au sol. Entre- 


(1) Polyb. liv. 1x, ch. HI, pag. 11. 


(Ce) 

prendre quelque transfèrement partiel en ce genre, ce 
west autre chose qu'opérer une mutilation aussi honteuse 
qu'inutile à ses auteurs. 

» Le véritable muséum de Rome, celui dont je parle, 
se Compose, il est vrai, de statues, de colosses, de temples, 
d'obélisques, de colonnes triomphales, de thermes, de cir- 
ques, d'amphithéâtres, d'ares de triomphe, de tombeaux, 
de stucs, de fresques, de bas-reliefs, d'inscriptions, de frag- 
ments d'ornements, de matériaux de construction, de meu- 
bles, d'ustensiles, etc.; mais il ne se compose pas moins 
des lieux, des sites, des montagnes, des carrières, des 
routes antiques, des positions respectives des villes rui- 
nées, des rapports géographiques, des relations de tous les 
objets entre eux; des souvenirs, des traditions locales, des 
usages encore existants, des parallèles et des rapproche- 
ments qui ne peuvent se faire que dans le pays même. » 

Je dois négliger une foule d’autres considérations ainsi 
que les développements que leur donne l'auteur; car, pour 
citer tout ce qu’il y a d’intéressant dans cet écrit, il fau- 
drait transcrire la brochure tout entière. 

Il appelle quelquefois la plaisanterie à l’aide de son rai- 
Sonnement; cela jette de la variété dans le discours; l'es- 
prit d’ailleurs, quand il vient à propos et qu’il est de bon 
aloi, ne gåte rien. Vous rappelez-vous, écrit-il à son ami, 
le mot de ce stupide amateur qui parcourait l'Italie en car- 
rosse? On arrête un jour sa voiture devant un de ces 
magnifiques points de vue qui saisissent l'âme et la pénè- 
trent d’admiration. « Voyez, lui dit-on, le superbe aspect! 
» — Eh bien! cocher, dit-il, qu’on nous y mène. » Ma 
foi, le pendant de la naïveté de notre amateur- Midas, le 
voilà tout trouvé. « Les écoles d'Italie servent à l'ensei- 
> gnement des peintres. Eh bien! qu’on nous les amène. » 


( 274 ) 
» Vous ne douterez donc pas que ces statues antiques 
ainsi dépaysées , ainsi arrachées à cet alentour d'objets de 
tout genre qui les font valoir, à toutes les comparaisons 
qui en rehaussent la beauté, ne perdent, sous des cieux 
étrangers, la vertu instructive que les artistes allaient cher- 
cher à Rome, et qu'ils ne retrouveront plus dans aucune 
autre ville de l’Europe. Re 
» Toutes les collections particulières de FEurope, for- 
mées aux dépens de l'Italie, n’en ont fait sortir qu’un trop 
grand nombre d'ouvrages capitaux. Dans l'isolement où ils 
se trouvent, ils procurent bien moins d'avantage au petit 
nombre d'hommes qui gn profite faiblement, que leur éloi- 
gnement du centre ne fait de tort au grand nombre qui 
wen profite plus. » ae 
IV. n 
Quatremère de Quincy donne à ses compatriotes un ex- 
cellent conseil : Au lieu de désorganiser les collections de 
Rome,-« pourquoi la France n’exploite-t-elle pas les ruines 
de la Provence? Pourquoi , après les découvertes faites le 
siècle passé de plusieurs statues à Arles, et entre autres, 


cette belle Vénus de la galerie de Versailles, né pas remuer | 
de nouveau les débris de Vienne, d’Arles, d'Orange, de 5 | 
Nismes, d’Autun et de tant d'autres lieux? Pourquoi ne | 


Pas restaurer ce bel amphithéâtre de Nismes, pour en faire 
le dépôt de toutes les richesses antiques de cette colonie 
romaine? » 

. Ces-idées ont fait leur chemin pendant trois quarts de 
_ siècle. On ne seocontente plus de l'histoire écrite, peinte 
Ou sculptée; elle ne mène pas assez loin, elle s'arrête trop 
© tôtsi Fon veut remonter-le cours des: âges; elle-est d'ail- 


( 275 ) 

leurs obscurcie de tant de récits fabuleux, qu’on n’y dé- 
couvre la vérité qu’à grand’peine. On cherche aujourd’hui 
des témoins à la fois plus sincères et plus anciens : après 
avoir fouillé les archives, après avoir remué plus profon- 
dément les décombres ou la cendre qui recouvrent le sol 
des anciennes cités dont les noms seuls étaient conservés, 
on s’est mis à scruter le limon des cavernes et les eaux 
des lacs. Chaque pays possède sa part de ces documents 
fossiles : que chacun accepte sa tâche „des musées de tout 
genre se formeront dans les localités mêmes où la nature à 
marqué leur place. La Grèce régénérée groupera sur l'acro- 
pole d'Athènes ee que cette terre , jadis si féconde , recèle 
encore de chefs-d'œuvre; la France complétera la réunion 
de ses antiquités romaines dans les splendides arènes de 
Nîmes; la Belgique , non contente de recueillir pieusement 
les œuvres de ses artistes, poursuivra la formation de sa 
collection paléontologique et préhistorique ; enfin, chacun 
exploitera son fonds sans convoiter celui de son voisin; la 
science y gagnera autant que la morale. 

On n’avait pas encore, à l'époque où les lettres qui nous 
occupent ont été écrites, imaginé de rassembler dans un 


vaste édifice les reproductions fidèles des monuments les 


plus remarquables du monde entier, C’est aux Anglais, à ce 
peuple à la fois intelligent et pratique, que revient l'hon- 
neur de cette conception; c'est chez eux qu'elle a reçu sa 
première et en même temps sa plus complète application, 
comme s'ils avaient tenu à effacer le souvenir des rapines 


de Lord Elgin. Le musée de South-Kensington a montré 
comment, dans le domaine de l’art et de la science, on peut 


s'enrichir sans appauvrir son prochain, se procurer la vue 


et l'étude de tous les chefs-d'œuvre, en laissant les monu- 
ments à la place pour laquelle ils ont été créés. Réunissons 


s 
` Dr 


7 


t 


(276) 


-aussi nos efforts, suivant le vœu exprimé par notre roi 


si jaloux des progrès intellectuels de la nation (1), et que 
bientôt, grâce au concours de toutes les volontés, un musée 
semblable s'ouvre aux portes de Bruxelles, sur l'un de ces 


. magnifiques emplacements vers lesquels la population de 


la capitale est invitée à-se porter. 

Les considérations que Quatremère de Quiney met en 
avant ne sont pas seulement applicables à Rome, elles sont 
tout aussi vraies à l'égard des autres contrées qui ont brillé 
par la culture des arts. La Belgique, pour sa part, a eu 
tant à souffrir d’un système spoliateur, trop longtemps 
en usage, qu'elle a bien le droit de s'associer aux protes- 
tations que soulèvent ces abus. Quels efforts et quelles 
dépenses ne lui sont point imposés aujourd’hui afin de 
rassembler les pages de son école de peinture dispersées 
aux quatre vents du ciel? Que de lacunes encore dans son 
musée national! Que de places restées vides dans ses édi- 
fices, églises, hôtels de ville, palais! Combien de toiles, 
combien de précieux panneaux n’envions-nous point aux 
galeries de Vienne, de Madrid, de Dresde et de Munich? 
C’est dans ces capitales que le peintre belge est obligé de 
se transporter s'il veut connaître toute la valeur de ceux qui 
lont précédé dans la carrière. 


Y 


Quatremère de Quincy et son correspondant n'étaient 
point les seuls qui-s'oceupassent , en France, à cette même 
époque, du projet de translation à Paris des objets d'art 


et 


u) Voir la relation de la enr du qer janvier 1872, Bulletin de 
PAcademio, 2° sér, t. XXXII, 


( 277 ) 

enlevés aux pays conquis. On le discutait dans la presse; 
Soit que les premières lettres eussent déjà reçu une cer- 
laine publicité , soit que les succès des armées de la répu- 
blique en Italie eussent mis la question à l’ordre du jour. 
Ce doit être aussi vers le même moment que fut adressée 
au Directoire exécutif la pétition dont il a été fait mention 
plus haut. Les uns se prononcaient pour la thèse soutenue 
par le savant archéologue, mais parmi les adversaires, le 
journal le Rédacteur, l'organe avoué du gouvernement, se 
distinguait par une polémique dont les Lettres nous ont 
conservé un échantillon. Par V'extrait qui. va suivre, on 
Pourra juger de la solidité des arguments au moyen des- 
quels on s’efforçait de défendre le système spoliateur : 

« Vous m'écrivez, mon ami, que la discussion com- 
mence à s'engager dans le public et dans les journaux, sur 
l'objet de notre correspondance. J'ai lu dans la feuille du 
Rédacteur que vous m'avez envoyée, un article opposé à 
l'opinion que je soutiens, opinion que d'autres écrivains 


. appuient de leur côté par de nouveaux arguments. 


» Que penser de Férudition d'un homme qui, pour 
autoriser la spoliation de l'Italie, vous cite, comme mo- 
dèle des républicains francais, Scipion, César et Alexan- 
dre? Ces deux derniers furent bien, je crois, sans Con- 
tredit, les deux plus grands exterminateurs de liberté 
que le génie de la tyrannie ait enfantés. Quant au destruc- 
teur de Numance et de Carthage, l’auteur de notre article, 
S'il avait appris l’histoire ailleurs qu’à la comédie, aurait 
su que, au lieu d’user du droit de conquête alors en usage 
et d'emporter à Rome les monuments des arts et de la re- 
ligion, le grand Seipion répara les injustices de la guerre 
envers la Sicile, il y fit rapporter tout ce que le système 
voleur des Carthaginois en avait enlevé. Ces marchands, 


( 278 ) 
qui n'avaient vu dans les ouvrages des arts que des meu- 
bles de prix et des curiosités mereantiles, avaient dépouillé 
les peuples de la Sicile de leurs principaux chefs-d'œuvre. » 

Ces républicains français qui, après avoir singé Sparte, 
essayaient une Contrefaçon de Rome, se fourvoyaient assu- 
rément en plaçant Scipion dans la compagnie d'Alexandre 
et de César : c'est Verrès qu'ils auraient dû adjoindre à ces 
conquérants ; car c’est surtout l'exemple de ce dernier qu'ils 
s'apprêtaient à suivre. Quatremère- de Quincy puise dans 
les Verrines de Cicéron des textes qui prouvent la conduite 
désintéressée du vainqueur de Carthage; il les résume en 


ces quelques lignes qui devraient être l'épigraphe d'un 


chapitre à introduire dans tous les traités de Vart de la 
„guerre, afin que les généraux, qui auront un jour à con- 


duire leur armée sur le A étranger, apprennent à respecter 


les monuments de l'art 
« Scipion, au milieu de la victoire, se souvint que la Sicile 


fut jadis ravagée par les Carthaginois. Il assembla tous les. 
Siciliens qui étaient dans son armée, il leur ordonna de 


faire des recherches, et il promit de rendre scrupuleuse- 
ment à chaque ville ee qui lui avait appartenu. On re- 
conduisit à Termini ce qu’on avait enlevé aux habitants 
d'Himère (1); Halèse reéouvra ses antiques statues; Agri- 
gente revit le fameux taureau de Phalaris; Mercure fut 
rendu aux Tyndaritains; la célèbre statue de Diane fut 
ramenée en triomphe à Ségeste, et l’on écrivit sur sa base, 
en een in 
(x Himère avait été détruite par les Carthaginois; mais, après la re- 
traite de ceux-ci, les habitants, qui avaient survécu au désastre de leur 


noire avaient rebâti leur cité à la limite de leur territoire, en un lieu qui 
prit le nom de Thermes (Termini.) Cicero, én Verrem. Actio I}, lib. H, 
cap. XXXV. ” » as 


A 


+ 


(279 ) 
en gros Caractères : SCIPION, APRÈS LA PRISE DE CARTHAGE, 
A RENDU CETTE STATUE AUX SÉGESTAINS (1). » 

Les restitutions de 1815, cet acte de réparation , imité 
de la eonduite du grand Scipion, voilà ce qu'un membre 
de l'Académie française, en 1871, qualifie de spoliation 
des musées français! 

S'il y avait eu une académie et des journaux à Carthage, 
sans doute Scipion n’eût pas échappé aux reproches dont 
le noble duc de Wellington a été poursuivi par les écri- 
vains de France. 

Que le commun des lecteurs, que le public occupé 
d’autres objets et qui n'a pas le temps d'étudier à fond 
ces questions, se laisse entrainer par d’injustes préven- 
tions, il wy a là rien de surprenant; mais on souffre à 
voir des hommes éminents, des savants, des philosophes, 
dont la parole devrait guider les peuples, se laisser do- 
miner, au contraire, par les préjugés nationaux jusqu'au 
point de s’en faire les organes. 

La spoliation des musées étrangers, avait rencontré, 
en France, en 1796, des approbateurs, même parmi les 
artistes. Faut-il s’en étonner ? Ne savons-nous pas à quelles 
aberrations nous expose | ‘aveuglement de la passion poli- _ 
tique? N’avons-nous pas vu, de nos jours, dans ce même 
Pays, un artiste d’un certain renom, se faire en quelque 
Sorte l'exécuteur des hautes œuvres de la frénésie popu- 


(1) Ilo tempore, Segestanis maxima cum cura hæc ipsa Diana, de qua 
dicimus, redditur; reportatur Segestam; in suis antiquis sédibus summa 
Cum gratulatione civium et lætitia reponitur. Hæc erat posita Segestæ, 
us excelsa in basi, in qua grandibus litteris P. AFRICAN: nomen erat in- Ee 

isum, eumque PETEN CAPTA RESTITULSSE, praescriptum. {n ge 8 r 
en FE, lib. IV, cap. XXXI : 


( 280 ) 

laire et arracher de sa base un des plus glorieux monu- 
ments de l’histoire militaire de sa patrie? Les savants et 
les artistes qui, à la fin du siècle dernier, se rendaient 
complices des desseins spoliateurs de la nation conqué- 
rante étaient dans l'erreur et se faisaient illusion sur les 
conséquences des projets qu’ils approuvaient; ils n'avaient 
point l'intention de détruire, ils croyaient servir les inté- 
rêts de la civilisation en concentrant autour d’eux tous 
les chefs-d’œuvre de l’art. Quatremère de Quincy, tout en 
les combattant, explique leur erreur. Je ferai encore celte 
citation, parce qu'elle est aussi applicable aux aveugles 
de 1871 qu’à ceux de 1796. 

« Comment se fait-il que des artistes coopèrent eux- 
mêmes à ce qui peut amener la destruction des arts? Je 
vous réponds à cela que tous les artistes sont de mon avis, 
les uns le sachant, les autres sans le savoir : voilà toute la 
différence. Tous ceux qui ont réfléchi sur l'étude des arts 
vous diront les mêmès choses que moi. Tous ceux qui se 
sont plus appliqués à la pratique de l’art qu'aux raisonne- 
ments étrangers à cette pratique, seront du même avis, 
aussitôt qu’on leur aura développé ces principes. Mais ne 
Savez-vous pas avec quelle funeste facilité on rend les 
hommes eux-mêmes instruments de leur propre destruc- 
tion? Je trouverais très-conforme à tout ce qui se passe, 
que ce fussent des artistes qui contribuassent à la destruc- 
lion des arts. Quand tous les principes de l'harmonie 
sociale ont pu être renversés, trouvez-vous bien étonnant 
que les principes de l'harmonie métaphysique dont je vous 
parle soient méconnus ? » 


( 281 ) 
VL 


Je sais bien qu'on a prétendu que certains tableaux 
enlevés à l'Italie avaient été achetés , dans ce sens que 
leur valeur était venue en déduction des contributions de 
guerre. Voilà sans doute une victorieuse justification. 
€ Nous avons acheté ces chefs-d’œuvre; ils sont donc bien 

* à nous. » C’est ainsi que raisonnait Verrès : les statues qui 
décoraient l'oratoire du syracusain Heius, — le fameux 
Cupidon de marbre, Hercule de Myron, les Canéphores 
de Polyelète, — je les ai achetés, disait le préteur romain. 
C'est, convenons-en avec Cicéron , un étrange acheteur que 
celui qui se présente armé du commandement, accom- ` 
Pagné des licteurs, et qui ne laisse au malheureux pos- 
sesseur d’un chef-d'œuvre de l’art que l'alternative de 
livrer son trésor ou d’être fustigé en place publique! Si, 
en 1871, les Allemands avaient proposé à la France de 
céder la fleur de'ses musées en déduction de la contribution 
de guerre, quelle n’eût pas été l’indignation des ministres 
français, M. Jules Simon compris? Mais la justification 
qu'on essaye ne tient pas contre les faits. Ouvrons l'his- 
toire de la révolution, écrite par l'homme éminent auquel 
Sont actuellement confiées les destinées de la France ; nous 
y lisons que, en mai 1796, précisément à l’époque où 
M. Quatremère de Quincy publiait ses lettres, les Français 

qui envahissaient les États du duc de Parme, non contents 
d'imposer à ce prince de lourdes contributions en numé- 
raire et en vivres, exigaient qu’on leur livrât les plus beaux 
tableaux de la célèbre école de cette contrée. Les réflexions 
dont l'illustre écrivain accompagne le récit de ce fait et qui 

2e SÉRIE, TOME XXXIII. 19 


( 282 ) 
ne sont malheureusement que le reflet de l'opinion presque 
générale de ses compatriotes , ne sont pas de nature à ras- 
surer le monde sur la conduite que pourrait tenir la France , 
si les mêmes circonstances se reproduisaient. Di talem 
avertite casum! ; 

Écoutons l’historien : « Le général (Bonaparte) ne se 
borna pas là : il aimait et sentait les arts comme un Italien; 
il savait tout ce qu'ils ajoutent à la splendeur d’un empire, 
et l'effet moral qu'ils produisent sur l'imagination des, 

hommes : il exigea vingt tableaux , au choix des commis- 
saires français, pour être transportés à Paris. Les envoyés 
du due, trop heureux de désarmer, à ce prix, le courroux 
du général , consentirent à tout, et se hâtèrent d'exécuter 

„les conditions de l'armistice. Cependant ils offrirent un 
million pour sauver le tableau de Saint-Jérôme. Bonaparte 
dit à l’armée : « Ce million , nous l’aurions bientôt dépensé, 
» et nous en trouverons bien d’autres à conquérir. Un chef- 
» d'œuvre est éternel ; il parera notre patrie. » Le million 
fut refusé (1). » 

On ne saurait être plus explicite quant au fait et quant 
à l'intention. Il en a d’ailleurs été de même à l'égard des 
objets d’art enlevés à Rome. 

En juin de la même année, lors de l'armistice de Bo- 
logne , Bonaparte exigea du pape non-seulement 21 mil- 
lions de numéraire, des blés et des bestiaux , mais encore 
cent tableaux et statues (2) et le Souverain pontife fut 
contraint d'accepter les dures conditions qui, si elle né 
reçurent point d'exécution au moment même, furent | re- 


e eaa es 


(4) Thiers, Histoire x la révolution française, 1. V , chap. IL, p- 125. 
(2) Ibid., chap. IV 


( 283 ) 
produites, en février de l’année suivante , dans le traité de 
Tolantino. On lit dans ce traité : « Tous les objets d’art et 
Manuscrits cédés à la France par l'armistice de Bologne 
devront être sur le champ dirigés sur Paris (1). » 

Notez qu’alors les Francais n'avaient pas encore un 
soldat dans Rome. Ils ne s'en rendirent maîtres qu’un an 
plus tard : le général Berthier s'empara de la Ville éter- 
nelle en février 1798. 


VI. 


Grâce aux progrès des idées et des mœurs, les dernières 
guerres qui ont désolé l'Europe (j'en excepte la guerre 
civile) sont demeurées pures de ce crime de lèse-civilisa- 
lion dont celles de la première république et du premier 
Empire n'ont fourni que trop d'exemples. 

Malheureusement, tous les dommages n’ont point été 
réparés, en 1815, à la suite de la victoire des alliés. L'Italie 
n'avait pas été la seule victime, et tout ce qui lui avait été 
enlevé n’a pas été restitué. Ce n’est pas seulement pour 
enrichir les musées de leur capitale que les généraux fran- 
çais dévalisaient les musées et les édifices des pays con- 
Quis par leurs armes. Les chefs-lieux des départements 
recevaient leur part des dépouilles des nations vaincues. 
Ainsi plus d'un précieux tableau des écoles d'Italie et de 
Flandre prit-il le chemin d’une grande ville de France ou 
des territoires annexés. Les commissaires de la Sainte- 
Alliance n’ont pu reprendre, à quelques exceptions près, 
que ce qui se trouvait à Paris. 


ede en ee å Eire 


(1) Thiers, Histoire de larévolution française, t. V,ehap. VAL, p- 347. 


( 284 ) 

Il est un peu tard pour que nous formulions des reven- 
dications à charge d'autrui; mais il est toujours temps 
de se décider à réparer une injustice à laquelle on a pu 
prendre part même involontairement. Il ne suffit point de 
proclamer bien haut les principes tutélaires qui doivent 
garantir la propriété des faibles contre la convoitise des 
forts, il faut, au besoin savoir donner l'exemple d'une 
réparation volontaire et spontanée. Au nombre des objets 
d'art enlevés à Venise se trouve un compartiment de plafond 
du palais des doges. Cette peinture de Paul Véronèse a été 
donnée par l'empereur Napoléon I° au musée de la ville 
de Bruxelles, alors chef-lieu du département de la Dyle. 
La place qu'oceupait cette toile et pour laquelle elle avait 
été exécutée est demeurée vide : c'est comme un reproche 
permanent adressé aux spoliateurs. Le gouvernement belge 
conservera-t-il perpétuellement, dans son musée, ce témoin 
des iniquités d’une époque néfaste? S'il arrivait que l’édilité 
vénitienne, imitant, mais en sens inverse, l’exemple des 
Ségestains, s’'avisàt de remplacer la peinture absente par 
quelque inscription indiquant le lieu où ce fragment est 
détenu , il n'y a pas un Belge qui ne sentit la rougeur lui 
monter au front lorsque, visitant les monuments de Venise, 
il entendrait le cicérone signaler et expliquer cette inscrip- 
tion (1). 

Je sais bien que quelques villes d'Italie ont aussi reçu 
de la générosité facile de l'empereur Napoléon I“, des 
tableaux de notre propre école; que le musée de Milan 
conserve, par exemple, une Cène de Rubens qui lui est 
B : 


(1) Depuis que la présente notice a été lue à l'Académie, j'ai appris que 
la lacune n’existe plus; une copie, exécutée l’année dernière à Bruxelles ; 
par un artiste italien, a remplacé l'original. 


( 285 ) 

venue par cette même voie. Il serait juste qu'on nous res- 
tituât ce tableau. Mais le mérite de l’action que je voudrais 
provoquer serait singulièrement amoindri „si nous y met- 
tions des conditions. Faisons d’abord ce qui est juste, ce 
que notre conscience nous commande, et advienne que 
pourra, Cicéron nous a conservé un trait digne d’être médité 
à ce propos: « On rapporte qu’une flotte de Masinissa ayant 
abordé aux environs du temple de Junon, dans l'ile de 
Malte, l'amiral y prit des dents d'ivoire d’une grandeur 
prodigieuse et, de retour en Afrique, les présenta au roi. 
Masinissa reçut. d’abord cette offrande avec plaisir; mais 
dès qu’il sut d’où venaient ces dents, il les fit à l'instant 
reporter, par des hommes de confiance, sur une galère à 
Cinq rangs de rameurs. En reconnaissance, on y grava 
cette inscription : « Le roi Masinissa a d’abord accepté 
ces objets consacrés à la déesse, faute de connaître leur 
sainte destination; mieux instruit, il s’est hâté de les res- 
tituer (1). » 

Qui de nous ne serait fier de lire une inscription sem- 
blable sur la bordure du plafond de Venise recomplété 
grâce à notre désintéressement? Il serait digne d'un pays 
qui, sous le rapport du libéralisme de ses institutions, à 


_ donné de si salutaires exemples à l’Europe, il serait digne 


de la Belgique de restituer spontanément à la reine de 
l’Adriatique ce joyau dont nous n’avons pas le droit de 
nous parer. 


(1) In Verrem, Actio IL, lib. IV, cap. XLVI. 


( 286 ) 


APPENDICE. 


NE 
Les différentes éditions des lettres de Quutremère de Quincy. 


Ce n’est qu'après de longues recherches que j'ai connu le 
correspondant auquel le savant archéologue adressait ses let- 
tres. Je n'aurais jamais songé au général américain qui me 
paraissait devoir être, à l’époque dont il s'agit, occupé de 
tout autre chose que de questions d’art. L'édition que j'avais 
entre les mains est celle de 1815 , publiée à Rome. N'y trou- 
vant point le nom que je cherchais, je dus avoir recours 
d'abord à l'induction et puis après aux bibliographes. Il résulte 
clairement du texte de la première et de la quatrième lettres 
que, pendant que Quatremère s'occupait de la spoliation pro- 
jetée des musées d'Italie, son ami faisait, de son côté, un traité 
sur labus des conquêtes et qu'il avait intention de le publier. 
« J'ai reçu votre dernière lettre, et qui doit être, dites-vous, 
la dernière sur labus des conquêtes dans une république. Je 
ne m'étonne plus de la profondeur avec laquelle vous traitez 
ce sujet, puisqu'il est vrai que ce que vous me débitez en 
forme de lettres n'est autre chose que la coupure d'un traité 
que vous comptez publier sur cette matière. Je félicite le pu- 
blic du présent que vous lui destinez, et je me félicite de vous 
en avoir suggéré l’idée. » 

L'histoire littéraire, les bibliographies francaises n'indiquent 
aucun ouvrage du général Miranda ayant un titre approchant 


de celui qui est rappelé dans les lettres dont je m'occupe. 


Mais il existe un livre ayant pour titre: De l'esprit de con- 
quête et de l’ 


usurpation dans leurs rapports avec la civilisa- 


( 287 ) 

tion européenne. L'auteur de cette brochure, qui a paru à 
l'étranger (à Hanovre), en 1814, explique, dans sa préface, 
Pourquoi son livre, écrit depuis longtemps, n’a pas été publié 
plus tôt. Trouvant le volume dans notre fonds Van Hulthem, 
je me crus sur la voie, d'autant plus facilement que l'écrit en 
question sort de la plume d'un publiciste et d’un homme 
d'Etat, qui a commencé de jouer un rôle en France à l’avéne- 
ment du Directoire, M. Benjamin de Constant-Rebeque. Je 
m'adressai à M. Taschereau, administrateur général, directeur 
de la bibliothèque nationale de Paris, certain d'obtenir de la 
sorte soit la confirmation, soit la preuve du mal fondé de ma 
conjecture. La réponse ne se fit point attendre; mon collègue 
de Paris eut l'obligeance de m'envoyer non-seulement le titre 
exact de l'édition de 1796, mais encore celui d’une dernière, 
publiée en-1856, du vivant de M. Quatremère de Quincy. J`ob- 
tins en outre, grâce à la complaisance de M. Olivier Barbier, 
Communication de la rédaction, encore inédite, de l’ancien 
n° 10408 du Dictionnaire des anonymes. Je la transcris ici: 

« Lettres sur le préjudice qu’occasionneroient aux arts el à 
la science le déplacement des monuments de l’art de l'Italie, le 
démembrement de ses écoles et la spoliation de ses collections, 
galeries, musées, etc., par A. Q. (Quatremère). Paris š 
senne, Quatremere, an FV (1796), in-8° de 74 pages. 

» Une seconde édition parut la même année; elle a un 
feuillet de plus, non chiffré, pour un errata qui s'applique à 
un passage de Ja p. 41. Sur le titre de cette seconde édition, le 
nom du libraire Quatremere est imprimé avec un è. 

» Une troisième édition (publiée par les soins de Canova) a 
un faux titre, intitulé : Lettres sur le projet d'enlever les mo- 
numents de l’Itulie; mais le titre, qui est le même que celui 
des éditions de 1796, porte de plus: par M. Quatremère de 
Quincy, nouvelle édition faite sur celle de Paris, 1796. À 
Rome, 1815; in-8° de 98 pa 

» Ces lettres, au nombre de hk. sont adressées au général 


( 288 ) 
Miranda; elles ont encore reparu dans le volume intitulé: 
Lettres sur l'enlèvement des ouvrages de l’art antique à 
Athènes et à Rome, écrites, les unes au célèbre Canova, les 
autres au général Miranda, par M. Quatremere de Quincy. 
Paris, Adr. Leclerc, Bourgeoïs-Maze, 1856; in-8° de xvi et 
283 pages. 

» Page vu de l’avant-propos, l’auteur dit que « ses lettres 
» au général Miranda paraissent ici pour la troisième fois. » 
C'est quatrième fois qu’il fallait dire; mais l’auteur n’a proba- 
blement compté que comme une seule édition les deux im- 
pressions de 1796. Ces quatre éditions contiennent le même 
texte. » 

M. Taschereau me dit aussi que le texte est identique dans 
les deux premières éditions. Il ne fait connaître aucune modi- 
fication apportée à ce texte dans l'édition de 1856. Je n'ai pas 
pu comparer cette dernière avec les précédentes: mais d’après 
une communication que je reçus plus tard de M. Paul Lacroix, 
bibliothécaire de Arsenal, Quatremère de- Quincy aurait 
atténué, sous la monarchie de juillet, ee qui, dans son écrit, 
rappelait trop son républicanisme d'autrefois, en y introdui- 
sant l'expression de sa haine contre Bonaparte, sentiment qui 
n’était guère de mise après les journées de vendémiaire an HI. 

Qwest devenu l'écrit de Miranda sur l'abus des conquêtes ? 
Aucune bibliographie ne le signale. Les auteurs de la Biogra- 
phie universelle des contemporains, qui donnent la liste des 
ouvrages du général, ne font nulle mention de celui-là. A-t-il 
été imprimé ? Est-il encore en manuscrit? Voilà une question 
digne d'être proposée aux Quérards présents et futurs. 


( 289 ) 


À "NTI 
Pétition au Directoire exécutif. 
Crrovens DIRECTEURS, 


L'amour des arts, le désir de conserver leurs chefs-d'œuvre 
à l'admiration de tous les peuples, un intérêt commun à cette 
grande famille d'artistes répandus sur tous les points du globe, 
sont les motifs de notre démarche auprès de vous. Nous crai- 
nons que cet enthousiasme qui nous passionne pour les pro- 
ductions du génie n’égare, sur leurs véritables intérêts, même 
leurs amis les plus ardents, et nous venons vous prier de peser 
avec maturité cette importante question de savoir s'il est utile 
à la France, s’il est avantageux aux arts et aux artistes en 
général de déplacer de Rome les monuments d’antiquité et les 
chefs-d’œuvre de peinture et de sculpture qui composent les 
galeries et musées de cette capitale des arts. 

Nous ne nous permettrons aucune réflexion à ce sujet, déjà 
Soumis à Popinion publique par de savantes discussions: nous 
nous bornerons à demander, Citoyens Directeurs, qu'avant de 
rien déplacer de Rome, une commission formée par un certain 
nombre d’artistes et de gens de lettres, nommés par l'Institut 
national, em partie dans son sein et en partie au dehors, soit 
chargée de vous faire un rapport général sur cet objet. 

C’est d’a près ce rapport , où toutes les considérations seront 
discutées et pesées avec cette masse de réflexions et de lumières 
indispensables au développement d'un objet si grand et si 
digne de vous, que vous prononcerez sur le sort des beaux- 
arts dans les générations futures. 

Oui, l'arrêté que vous prendrez va fixer à jamais leur 
destin, n'en doutez point; et c’est ainsi que, pour former les 


couronnes destinées à nos légions triomphantes, vous saurez 
unir le laurier d’Apollon aux palmes de la Victoire et aux 
rameaux désirés de l’arbre de la paix. 


P. Valenciennes, peintre; L. Dufourny, architecte; 
Lorta, sculpteur; Lebarbier l’ainé, P.; L.-F. Cassas, 
P.; Legrand, A.; Giraud, P,; Quatremère- Quincy; 
Fontaine, A; Percier, A.; Perrin, P.; Levasseur, gra- 
veur; Tassy, P.; Lethiere, P.; Moreau, jeune; L. Mo- 
reau, dessinateur; Bataille, A; Lesueur, S.; Pajou, 5; 
David, P.; Suvée, P.; Berruer, S.; Peyron, P.; De Soria, 
P.; Colas, A.; Vien, P.; Denon, G. et D.; Lange, 5-5 
Fortin, S.; Molinos, A.; Girodet, P. ; Gizors, A.; Du- 
mont, S.; Meysnier, P.; Boizot, P.; Michallon, P.; 
Bence, P.; Chancourtois, P.; Lempereur, G.; Soufflot, 
A.; Masson, S.; Julien, S.; Aubourg, Vincent, P.; 
Roland, S.; Lemonnier, P.; Desroches, P.; Esper- 
cieux, S.; Dejoux, S.; Clerisseau , P. et A. 


N.-B. 1l ne fut fait aucune réponse à cette pétition. 
La pièce n’est point datée. 


M. allait annonce que la commission de la classe 
pour l'édification d’un local destiné aux expositions trien- 
nales des beaux-arts s’est réunie plusieurs fois depuis la 
dernière communication faite à ce sujet, et qu'elle a arrêté 
définitivement son rapport à présenter au gouvernement. 
On se rappelle que l'emplacement choisi pour le local en 
question est celui de l'ancien ministère de la justice, rUe 
de la Régence. 

M. Éd. Fétis devait faire, dans la séance de ce jour, une 
lecture du rapport précité, afin d'obtenir | ‘approbation de 


( 291 ) 
la classe. Mais, par suite de son absence, cette lecture est 
remise à la prochaine réunion. 

M. Gallait a cru devoir signaler que le travail de la com- 
mission a rencontré de nombreuses sympathies, surtout 
en haut lieu, et que des difficultés ont été aplanies sans 
qu'on ait eu de démarches à faire. 

Sa Majesté également est favorable au projet. Elle a bien 
voulu exhorter l'Académie à persévérer dans la réalisation 
du but qu'elle s’est proposé. 

M. Gallait dit enfin que la classe doit être d'autant plus 
- intéressée à voir adopter le projet qu'elle patronne, que, de 
toutes parts, surgissent les projets les plus divers, entre 
autres celui de l'appropriation du temple des Augustins 
au but que poursuit la Compagnie. 

La classe a remercié M. Gallait de la communication 
qu'il venait de faire et a décidé que le gouvernement serait 
saisi du rapport de la commission, aussitôt que l’Académie 
en aura pris connaissance. 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


Commission royale d'histoire, à Bruxelles. — Table chro- 
nologique des chartes et diplômes imprimés concernant l'his- 
toire de la Belgique, par M. Alph. Wauters, tome HI. Bruxelles, 
1872; in-4e, — Compte rendu des séances, 3° série, tome XIII, 
2 bulletin Bruxelles, 4872; in-8°. — Table chronologique 
a meel historiques de M. Gachard. nelle: 1871; 


hee (Philippe). — Cours d’analyse infinitésimale. Partie 
élémentaire. Louvain, 1872; in-8°. 


(292) 

Malaise (C.). — Notice sur la vie et les travaux d'Eugène- 
H.-L.-G. Coemans. Bruxelles, 1872; in-12. 

Borgnet (Jules). — Cartulaire de la commune de Namur, 
tome 1, 2° livraison. Namur, 1871; in-8°. 

Schuermans (H.). — Antiquités belgo-romaines. Mélanges. 
Bruxelles; in-8°; — Mélanges archéologiques. Bruxelles ; in-8'; 
— Épigraphie de la Belgique. Bruxelles; in-8°; — Code de la 
presse. Bruxelles, 1861; in-8°. 

D'Otreppe de Bouvette (Alb). — Causeries d’un octogénaire, 
5° livraison. Liége, 1872; in-12. 


Nederduitsch letterkundig jaarboekje voor 1872. Gand; 


in-12, | 

Decoster (Vital). — Des antécédents du néoplatonisme. 
Mémoire couronné au concours universitaire de 1869-1870. 
Bruxelles, 1872; in-8°. 

Vian] L{okeren] (4.). — Philippe Blommaert. Gand; in-8°. 

Willems (P.). — Le droit publie romain depuis l’origine de 
Rome jusqu’à Constantin le Grand. Seconde édition. Louvain, 
1872; in-8°; — Over de verbuiging der zelfstandig gebruikte 
bijvoeglijke naamwoorden en voornaamwoorden ; in-8°. 

De Marteau (Louis-Alexandre). — Comédies : Éteocle et 
Polynice; — M. Mambourg; — Une famille de savants. Liége, 
1872; in-12. 

Commissions royales d'art et d'archéologie. — Bulletin, 
X° année, n° 14 et 12. Bruxelles, 1871 ; in-8°. 

Revue de Belgique, 4° année, 4"° à 5° livraison. Bruxelles, 
1872; 5 cah. in-8°, 

Chronique de l’industrie, vol. 4, n% 1-8. Bruxelles , 187% 
8 feuilles in-4°. 

L’ Abeille, 18*année, 1°° à 3° livraison. Bruxelles, 1872;5 eah- 
in-8°. 


Société entomologique de Belgique. — Compte rendu de 
l'assemblée mensuelle du 5 février 1872. Bruxelles ; in-8°. 


in-8 


Bulletin des archives d'Anvers, tome IV°, 5° livr. Anvers, | 


j 


en 


Rae pit us lié aat us a 


( 295 ) 

Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin, 
5° série, tome VI, n° 1. Bruxelles, 1872; in-8°. 

Société royale des sciences médicales et naturelles de 
Bruxelles. — Journal de médecine , 50° année , 54° vol., jan- 
vier à mars Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8°. 

Sociëté royale de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin, 
16° année, n° 1,2, 3. Bruxelles; 5 cah. in-8°. 

Echo médical et pharmaceutique belge. — 3° année, n° 1 à 
3. Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8°. 

Annales de Vélectricité médicale, 12° année, 40° à 12° fasci- 
cule. Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8°. 

Annales de idd vétérinaire, 21° année. 1 à 5 adik 
Bruxelles, 1872; 3 cah. in-8°. 

La Presse médicale belge, 24° année, n% 1 à 15. Bruxelles, 
1874-1879 ; 15 feuilles in-4°. 

Annales d’ oculistique, 35° année, 1" et 2° livr. Bruxelles, 
1872; in-8°, 

Société de médecine d'Anvers. — Annales, XXIII? année, 
Janvier à mars. Anver:, 1872; 5 cah. in-8°, 

L'Écho vétérinaire, 1™° année, n°10. Liége, 1871 ; cah. in-8°. 

Le Scalpel, 24° année, n°° 27 à 39. Liége, 13 feuilles in-4°. 

Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, 25° année, 


_ Janvier. Anvers, 1872; cah. in-8°. 


De Vlaamsche School, 1872, bladz. 1, 2, 5. Anvers; 5 feuilles 
in-4°, 
Société médico-chirurgicale de Liége. — Annales, 11° année, 
janvier et février 1872. Liége; 2 cah. in-8°. 
Société d’émulation de Bruges. — Annales, 5 série, tome VI’, 
n° 4. Bruges, 1871 ; in-&. 
evue de Te publique en Belgique, XIX" année, 


6 livr, Gand, 1872; in-8°. 


L'Illuistrétion Kortieutes tome XVIII, 7° livr. Gand. 1871; 
gr. in-8°, | 
Journal des Beaux-Arts, XIV* année, n° 1 à 6. Saint-Nicolas, 


1872; 6 feuilles in-4°. 


( 294 ) 

Institut royal grand-ducal de Luxembourg.— Publications 
de la section historique, année 1870-1871, XXVI (IV). Luxem- 
bourg, 1871; in-4°. 

Castan (Auguste). — Le champ de Mars de Vesontio. Paris, 
1870; in-8°; — Sully et le collége de Bourgogne. Besançon. 
1869; in-8°, 

Chautard (J.). — Les die modernes. Nancy, 1872; 
in-8°; — Vulgarisation de quelques phénomènes de physique 
arpirineiiiie. Nancy, 1872; in-8 

Tommasi (Donato). — Sur un nouveau dissolvant de l'io- 
dure plombique. Paris, 1872; in-8°. 

Mayer (Jules- Robert). — Mémoire sur le mouvement orga- 
nique dans ses rapports avec la nutrition, traduit de l'allemand 
et suivi d’une note sur l'unité des forces et la définition de 
l'électricité, par Louis Perard. Paris, 1872; in-12. 

Fleury-Flobert. — Congrès scientifique d'Anvers en 1871: 
Rapport à l'Académie nationale. Paris, 1872; in-12. 

Académie des sciences de Paris. — Comptes rendus hebdo- 
pren séances, tome LXXIV, n°° 4 à 15. Paris, 1872; 
15 cah. i 

Société p ESS de Paris. — Bulletin, janvier 1872. 
Paris; in-8°. 

Revue hebdomadaire de chimie, par M. Ch. Mène, 5° année, 
n° 14 à 22. Paris, 1871; 9 cah. in-8°. 

- Revue scientifique de la France et de l hennes À 2° série, 
1° année, n° 27 à 59, Paris, 1872; 15 cah. in-4°. 

Revue politique et littéraire, 2 série, 47° année, n° 27 à 
Paris, 1871-1872; 13 cah. in-4°. 

Journal de l’agriculture, 1872, tome I, n° 145 à 155. 
Paris; 15 cah. in-8°, 

Revue médicale française, 51° année, décembre 1871; 
32° année, 6, 15 et27 janvier, 4, 10 et 24 février 1872. Paris; 
7 cah. in-8 
on eigen eerie et février 1872. Bruxell „a cah. 
in-8°. 


5! 


A 
. 


EEN ee D UMR WENS wi | a D El. à LS A Ut REE TE on oa 


( 295 ) 
Archives de médecine navale ; tome XVII, n° 4 à 5. Paris, 
1872; 5 cab. in-8°. 
K. pr. Akademie der Wissenschaften zu Berlin.— Monats- 
bericht, december.1871. Berlin ; in-8°. 
Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte, 


Vier Jahrg., n° 2, 5. Berlin, 1872; 2 cah. in-8°. 


Verein von Alterthums Freunden im Rheinlande zu Bonn. 
— Jahrbücher, Hefte L und LI. Bonn, 1871 ; gr. in-8°; — Fest 
Programm zu Winckelmanns Geburtstage am 9 december 
1871 : Vicus Avrelii, von Keller. Bonn, 1871; gr. in-8°. 

Justus Perthes’ geographischer Anstalt zu Gotha. — Mit- 
theilungen, 18. Band, 5. Heft, 1872. Gotha, 1 cah. in-4°. 

Freeden (W. v.). — Jahres-Bericht der Norddeutschen See- 
warte für das Jahr 1871. Hambourg; p. in-#°. 

Heidelberger Jahrbucher der Literatur, LXV““ Jahrg., 
1. Heft. Heidelberg, 1872; in-8°. 

Von Schlagintweit-Sakünlünski (Hermann). — Untersu- 
chungen über die Salzseen im westlichen Tibet und in Tur- 
kistân, 4. Theil. Munich, 1871; in-4°. 

Kaiserliche Akademie der Wissenschaften in Wien. — 
Sitzung der math.-naturw. Classe, Jahrg. 1872, n“ 4,5,6. 
Vienne; 3 feuilles in-8°. 

D (E). — Nouvelles expériences faites avec le 
pendule à réversion et détermination de la pesanteur, à Ge- 
nève et au Righi-Kulm. Genève, 1872; in-4°. 

Lieblein (J.). — Dictionnaire des noms hiéroglyphiques , 

‘après les monuments égyptiens. Christiania, 1871; 2 vol. 
in-8°, 

Storm (Joh.). — De romanske Stor og Folk. Christiania , 
1871; in-8. 

Frius (L-A). — kt Mythologi, Eventyr og Folkesagn. 
Christiania, 4871; in-8°. 

K. Vitterhets Historie och Antiqvitets Akademiens til Stock- 
holm. — Mânadsblad, 4872, 1-5, januari-mars. Stockholm; 
3 feuilles in-8°. 


. (2%) 

Ribeiro (Carlos). — Descripcâo de alguns silex e quartzites 
lascados encontrados nas camadas dos terrenos terciario e qua- 
ternario das bacias do tejo e sado. Lisbonne, 1871 ; in-4°. 

en. — On longevity. Londres, 1872; in-8°. 

Society of Antiquaries of London. — ea. second 
series, vol. V, n° 2, Londres; in-8°. 

Geological Society of ene — Journal, vol. XXVIII, 
part 4. Londres, in-8°. 

The Academy, n™ 39 à 44. Londres, 1872; 6 cah. in-4°. 

The mechanic’'s Magazine, vol. 96, n 2466 à 2478. Londres, 
15 cah. in-folio. . 

Nature, vol. 5, n° 118 à 122. Londres, 1872; 5 doubles 
feuilles in-4°, 

Edo n medical Journal, december 1871. Edimbourg, 
in-8 

haat in mc of Ireland. — Journal, vol. XIII, 
-part 1. Dublin 

Haughton sr — On the constituent minerais of the 
granites of Scotland, as compared with those of Donegal. 
Dublin; in-8° ; — On some elementary principles in animal 
mechanics, n° IV. Dublin; in-8°. 

Asiatic Society of Bengal, at Calcutta. — Proceedings; 
n° IX, X and XI, sept. and nov. 1871 ; — Journal, part I, n°2, 
part H, n° 5; — Bibliotheca indica new series, n° 252, 255 
and 241. Caleutta, 1871 ; 6 cah. in-8°. 

` The american Jóa of science and arts, third series, 
vol. I, n° 41, vol. III, n° 15. New-Haven, 1871-1872; 2 cah. 
in-8°. 


BULLETIN 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 


DES 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 
1872. — Ne 4. 


+ 


CLASSE DES SCIENCES. 


een 


Séance du 6 avril 1872. 


M. J.-B. »'Omauius n'Hazoy, directeur, président de 
l’Académie. 
M. An. QuereLer, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. B.-C. Du Mortier, L. de Koninck, 
p -J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, Gluge, 
Melsens, J, Liagre, F. Duprez, E. Quetelet, H. Maus, 
M. Gloesener, Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, 
Éd. Dupont, Éd. Morren , membres; Ph. Gilbert, A. Bel- 
lynċk, associés; C. Malaise, Éd. Mailly, F. Folie, J. De 

Tilly, F. Plateau, correspondants. 


° SÉRIE, TOME XXXIII. 20 


( 298 ) 


CORRESPONDANCE. 


Il est donné connaissance de la mort du docteur 
A.-B. Granville, associé de la section des sciences natu- 
relles de la classe, décédé à Londres, le 3 mars 1872, à 
l’âge de 88 ans. 


— M. le Ministre de l’intérieur transmet, en copie, un 
arrêté royal du 27 février dernier ouvrant un concours 
pour la collation du legs de 10,000 francs institué à per- 
pétuité par le docteur Guinard , et destiné à être remis, 
tous les cinq ans, à l’auteur du meilleur ouvrage ou de la 
meilleure invention tendant à améliorer la position maté- 
rielle ou intellectuelle de la classe ouvrière en général et 

sans distinction. 

Conformément à l’article 3 de cet arrêté, confiant le 
` jugement du concours à un jury de cinq membres nommés 
par le Roi, sur une liste double de candidats proposés 
par les classes des sciences et des lettres, la classe 
sciences a désigné, en ce qui la concerne, cinq membres 
pour le choix à faire par Sa Majesté. 


— Le même haut fonctionnaire adresse, de la part de. 
l'Observatoire naval de Washington, le volume suivant des 
travaux de cet établissement : Report on observations of 


the total solar eclipse of december 22, 1870; 1 vol. in-#+ 


— Une lettre du Palais annonce que Sa Majesté a l'in- 
tention d'assister aux fêtes jubilaires qui auront lieu les 
28 et 29 mai prochain. 


( 299 ) 
— La classe accepte en dépôt, après avoir été contre- 
signé par M. le directeur, un billet cacheté adressé par 
M. le major du génie Ch. Cocheteux. 


— La Société des sciences naturelles de Dürckheim, 
l'Université de Kiel, la Société physico-économique de 
Königsberg, la Société royale des sciences de Copenhague 
et l'Université de Saint-Louis, aux États-Unis, remercient 
Pour les derniers envois. 


— La direction de la Chronique de l’industrie, à Bruxel- 


les, propose l'échange de son journal avec les Bulletins. _ 
Ccepté. 


— La classe recoit, à titre d'hommage de la part de 
l'auteur, un exemplaire du discours prononcé à la Société 
d'agriculture de Memphis (Tenn., États-Unis) par M. le 
commodore M.-F. Maury, associé. — Remerciments. 


— M. le secrétaire perpétuel communique l'état de la 
végétation observé à Bruxelles le 21 mars dernier, ainsi 
que des documents semblables pour Liége, Gembloux et ` 
Melle, par MM. de Selys Longchamps, Malaise et Bernar- 

in. Il présente aussi le résumé météorologique de mars 
1872, pour Ostende, par M. Cavalier. 


— La classe décide l'impression au Bulletin de divers 
extraits d'une lettre de M. D. Leclereq, de Liége, renfer- 
Mant de nouveaux détails sur l'aurore boréale du 4 février 
dernier. | 

— Les travaux manuscrits suivants feront l'objet d'un 
examen : 


3 Si S 4, B 
1° Matir; PP H I s), 
naden mank ief Sct J \ 


( 300 ) 
Myriapodes; par M. Félix Plateau. — Commissaires : 
MM. Van Beneden, de Selys Longchamps et Candèze; 
2 Remarques sur les solutions singulières de l’équa- 
tion Ay'? + By + C = 0, par M. P. Mansion. — Com- 
missaires : MM. Catalan et Gilbert; 
5° Mémoire sur un nouveau réfracteur binoculaire des- 


tiné aux observations sidérales, par M. A. Brachet. — 


Commissaire : M. Duprez. 


RAPPORTS. 


MM. de Selys Longchamps et Gluge , commissaires pour 
un mémoire de M. P.-J. Van Beneden, intitulé : Les chau- 
ves-souris de Belgique et leurs parasites, ont donné suc- 
cessivement lecture de leurs rapports sur ce travail. 


Conformément aux conclusions favorables de ces rap- 
ports, la classe a décidé l'impression du travail de M. Van 
Beneden, ainsi que des sept planches qui l'accompagnent, 
dans le recueil des Mémoires in-4°. 


— MM. d'Omalius, de Koninck et Dewalque, chargés 
de donner leur opinion sur la nouvelle rédaction du mé- 
moire de M. Malaise couronné par la classe en 1869, et 
portant pour titre : Description du terrain silurien du 
centre de la Belgique (avec 8 planches), se sont accordés 
à reconnaître que ce travail, sous sa forme actuelle, figu- 


_ rera avec avantage dans les recueils académiques. 


Li 


( 304 ) 

L'auteur sera, toutefois, prié de satisfaire aux observa- 
lions suivantes, que présente M. Dewalque : 

« M. Malaise termine son travail par un tableau don- 
nant le nom des diverses espèces de fossiles qu’il a décrits 
et les localités où chacune se rencontre en Belgique. Je 
désirerais voir ajouter quelques colonnes pour lindication 

s$ étages classiques du silurien de l'Angleterre et de la 
Bohème, dans lesquels ces espèces ont été rencontrées. » 


Tableau de l'astronomie dans l’hémisphere austral et dans 
l'Inde, mémoire de M. Édouard Mailly, correspondant 
de l'Académie. 


Rapport de M. E. Quetelet, 


« Le quinzième siècle sera sans doute toujours cité 
comme un de ceux qui honorent le plus l'humanité. Le 
Mouvement prodigieux qui se produisit alors dans les es- 
Prits , après tant de siècles de ténèbres et qu’il faut surtout 
attribuer à l'invention de l'imprimerie et à la connais- 
Sance plus complète de notre globe, due aux hardis navi- 
Sateurs qui ont illustré cette époque, donna une impulsion 
nouvelle à toutes les sciences. Mais c’est particulièrement 
l'astronomie qui a recueilli les fruits les plus précieüx de _ 
ces grandes découvertes. Un ciel nouveau , inconnu jusqu’à 
celle époque, venait d’être ajouté au ciel ancien. D'autre 
Part, les marins, qui ne reculaient plus devant la traversée 
des océans ‚avaient besoin de guides nouveaux pour navi- 
guer avec sécurité. Ces guides ne pouvaient être fournis 


( 502 ) 


ý Î 
que par une connaissance plus parfaite du ciel et par une 


étude approfondie des variations de l'aiguille aimantée. 
` C’est ce que comprit un puissant génie qu’on retrouve au 
premier rang dans toutes les branches de l'astronomie : 
Halley construisit la première carte des déclinaisons ma- 
gnétiques à la surface du globe et se transporta lui-même 

S'*-Hélène avec des instruments de précision pour mê- 
surer les positions des étoiles du ciel austral. D'autres 
travaux ont suivi ce premier essai, et maintenant l'Inde, 
l'Afrique, l'Amérique du Sud et l'Australie possèdent de 
bons observatoires qui ont déjà porté très-loin la connais- 
sance de cette partie du ciel et qui bientôt, sans doute, 
amèneront l’astronomie australe au même degré d'avance- 
ment qu’a atteint l'astronomie boréale, 

Dans le mémoire qui a pour titre Tableau de lastro- 
nomie dans l'hémisphère austral et dans l'Inde, M. Mailly 
-nous présente les progrès successifs accomplis dans la 
connaissance du ciel austral depuis l'époque où les pre- 
miers navigateurs franchirent la ligne jusqu’au moment 
actuel. Le mémoire est divisé en vingt-deux chapitres qui 
traitent des différents voyages et des observatoires qui ont 
contribué à l'avancement de l'astronomie. Les travaux sont 
généralement cités dans leur ordre chronologique. L'auteur 
examine toutes les questions qui ont été l’objet de l'étude 
des astronomes, telles que la position géographique des ob- 
servatoires, les recherches faites pour obtenir de nouvelles 
déterminations de la grandeur de la terre, les positions 
absolues des étoiles, les observations des planètes et des 
comètes, les différents travaux exécutés pour déterminer 
la parallaxe du soleil et de la lune, les recherches sur les 
mouvements propres et les parallaxes de quelques étoiles, 
sur les nébuleuses. L'auteur, en appréciant la précision 


. 


= (505) 

des résultats obtenus par les différents astronomes, fait 
connaître les instruments que chacun d’eux a employés, et 
il a soin, dans des notes nombreuses, d'indiquer les sources 
à consulter. Ces recherches intéressantes seront certaine- 
un accueillies avec faveur par les astronomes, et j'ai 
l'honneur de proposer à l’Académie de voter des remerci- 
ments à l’auteur et d'insérer son travail dans le recueil des 
Mémoires. » 

Conformément à ces conclusions, auxquelles se sont 
ralliës MM. J. Liagre et Montigny, la classe a voté lim- 
pression du travail de M. Mailly dans le recueil des Mé- 
moires in-8°. 


Le diapason et la notation musicale simplifiée, mémoire 


de M. Ch. Meerens. 
Rapport de M. Liagre. 


« Ce mémoire, que l’auteur avait adressé à la classe 
des sciences de l’Académie dans le courant du mois d'avril 
1871, a été soumis alors à l'examen de la classe des 
beaux-arts comme étant du ressort de celle-ci. MM. Soubre, 
de Burbure et Bosselet ont été chargés d'en rendre compte, 
et conformément aux rapports que ces commissaires ont 
lus dans la séance du mois d'octobre suivant, la classe des 
beaux-arts a voté des remerciments à M. Meerens, et décidé 
que son travail serait déposé aux archives. 

Aujourd’hui, Pauteur demande de nouveau que son 
mémoire soit examiné par la classe des sciences, et il y 


( 504 ) 
est plus ou moins autorisé par la phrase suivante du rapport 
de M. Soubre : 
« Quant à la question de savoir si le diapason de 
864 vibrations serait préférable à celui de 870, cest là 
un point qui est bien plus du ressort de la science acous- 
tique que du domaine musical pur. En effet, la diffé- 
rence qui existe entre un son représenté par 870, et un 
son représenté par 864 vibrations est, pour ainsi dire, 
imperceptible à l'oreille. Quelle nécessité alors de l'in- 
trdtluire, si ce n’est pour satisfaire aux prétendues 
exigences de la théorie? 
» Or la vérification mathématique de ce dernier point 
n’est pas de notre compétence : elle appartiendrait 
plutôt à nos collègues de la classe des sciences, s'il y 
avait lieu d'oceuper plus longtemps l’Académie de cette 
question. » 
La seule question sur laquelle la dea des sciences 
puisse être appelée à donner son avis est donc celle-ci : 
le diapason donnant un la de 864 vibrations par seconde 
est-il conforme aux règles mathématiques de la théorie 
acoustique ? 


Y v {vv ee 


SO v y y 


Les expériences faites au sonomètre prouvent qu'en 
représentant par 4 la longueur d’une corde donnant le 
do, les longueurs qui donnent les autres notes de la 
gamme diatonique sont représentées par les fractions sul- 
vantes : 

EE aoan do. ré mi fa sol land 

Longueurs des cordes … 1 8 4 = ? g: 

Pour avoir le nombre relatif de vibrations eorrespon- 
dant à chaque note, il suffit de renverser les fractions du 


( 505 ) 
tableau précédent, car la vitesse avec laquelle vibre une 
corde, sous une tension donnée, est en raison inverse de 
sa longueur. En prenant done pour unité le nombre de 
vibrations que donne le son fondamental, on forme le 
tableau suivant : 


NME de rk mik dl le sf 10 
Nombres relatifs de vibrations. 1 A CE 


5 
3 5 


Les nombres de ce tableau expriment en même temps- 
les hauteurs relatives des sons; c'est-à-dire que, dans la 
tierce, par exemple, le rapport des deux sons doit être 
i; dans la quinte ©, etc. 

Or, on remarquera que, dans la succession précédente 
des notes de la gamme, il y a de ré à sol, une véritable 
quarte, c'est-à-dire le même rapport qu'entre do et fa, 
Puisque 5 : ? vaut exactement À; tandis qu'il n’y a pas une 
quinte réelle de ré à la, puisque © : è = $$, et non pas; 
que l’on aurait dû trouver. La différence est de 5; - 

Si l’on veut obtenir la quinte réelle de ré à la, il faut 
prendre pour la hauteur de cette dernière note une frac- 
tion telle, qu’en la divisant par è on obtienne pour quo- 
tient 3: ce sera done ? x ==. Ce rapport est précisé- 
ment celui que M. Meerens préconise, et qu'il a déduit, je 
crois , d’autres considérations. pi 

Dès que l’on admet ce rapport 2, rien n'est plus simple 
que de calculer le nombre de vibrations que doit donner 
le la. En effet, lex périence ayant appris que le nombre de 
vibrations correspondant au son le plus grave de la basse 
est 198 — do,, le nombre de vibrations du do; sera 
128 x 4 — 519, et celui du la; deviendra 512 x = = 804. 

llen résulte qu'en partant du cas particulier dans le- 
quel nous nous sommes placés, le diapason donnant un fa 


( 306 ) 
de 864 vibrations, comme le propose M. Meerens, peut se 
justifier par des calculs pensent mathématiques. 

Mais de ce que le rapport ;; donne le la exact des instru- 
ments à cordes, instruments qui sont accordés par quintes, 
il ne s'ensuit pas, comme le prétend l’auteur, que le rap- 
port ž admis par les physiciens soit erroné. Les deux sys- 
tèmes sont affectés de la même inexactitude, seulement 
le désaccord ne tombe pas sur les mêmes notes. Pour le 
violon, par exemple, lorsqu'on l'accorde avec le la de 
+, les deux premières quintes sol-ré et ré-la sont exactes, 
tandis que la troisième la-mi est de £? au lieu de 5. En ac- 
cordant l'instrument avec le la de * 5, la première et la 
troisième quinte sont exactes, et c'est la seconde qui ne 
Pest pas. L'erreur dans les deux cas est de +. 

Dans la seconde partie de son inime, M. Mecrens 
propose de simplifier la notation musicale usuelle. Cette 
partie ne renferme rien qui soit du ressort de la classe des 
sciences, et comme elle a déjà fait l'objet d'un rapport 
dans le sein de la classe des beaux-arts, je n'ai pas à wen 
occuper. 

En résumé, je crois que les considérations précédentes 
suffisent, si le but que poursuit M. Meerens, en présen- 
tant son travail à la classe des sciences, est uniquement 
de voir son système soumis à un examen théorique- Quant 
à la question de savoir s’il y a lieu de pousser à l’adop- 
tion d’un nouveau diapason, en publiant le mémoire de 
M. Meerens sous le patronage de l'Académie, je ne puis 
à cet égard que me rallier aux conclusions adoptées par la 
classe des beaux-arts. » 


PP PPT TE I NE ii rn E 


( 507 ) 


Rapport de M, De Tilly. 


« M. Meerens, en proposant de ramener le la du dia- 
pason à 864 vibrations par seconde (au lieu de 870 ou de 
tout autre nombre), se base sur deux arguments princi- 
paux. L'un est résumé comme suit par l’auteur lui-même : 

« Le son qui proviendrait d'une vibration par seconde, 
s'il était perceptible, serait un ut. Il s'ensuit que Poctave 
de ce son, qui serait encore un ut, en donnerait le double 
ou 2, l’octave suivante 4, la suivante 8, puis 16, 32, 
64..... etc. La question serait ainsi résolue, si lut était, 
aussi bien que le la, la note nécessaire pour donner le 
ton. Tous les sons qui proviendraient d’un nombre, puis- 
sance de 2, de vibrations par seconde, seraient des ut. 

On arrive ainsi à avoir l'octave comprise entre les deux 
ut 519 et 1024. Le la de cette octave forme l’intonation 
requise, » | 

Il était en effet rationnel de prendre comme point de 
départ le son correspondant à une vibration par seconde, 
dans l’ancienne théorie des consonnances , d'après laquelle 
l'effet agréable ou désagréable produit sur l'oreille par la 
perception simultanée de deux sons dépendait, non pas 
des nombres absolus de vibrations correspondant aux deux 
notes combinées, mais uniquement du rapport entre ces 
nombres de vibrations. D’après la théorie des conson- 
nances de M. Helmholtz (1), il n'en serait pas ainsi. 

Deux sons simultanés donnent lieu, comme on sait, à 


di es CU pi à uv Rene. 


(1) Le son, par John Tyndall, traduction de M. l'abbé Moigno ; Paris, 
Gauthier-Villars, 1869; pages i ; 


( 508 ) 
une série de chocs ou de battements, séparés les uns des 
autres par des pauses , et la vitesse avec laquelle les batte- 
ments se succèdent est égale à la différence des vitesses de 
vibration des deux sons combinés. 

Or, M. Helmholtz a Yeconnu que les battements sont 
d'autant moins désagréables à Poreille que leur nombre 
diffère davantage de 33 par seconde. Lorsque le nombre 
des battements atteint cette limite, la dissonance est 
complète. 

Avec une vitesse supérieure à celle de 33 par seconde, 
la dissonance diminue, mais elle ne cesse complétement 
qu'à la vitesse de 132 battements. ; 

Lorsqu'il y a moins de 33 battements par seconde, ils 
sont moins désagréables et peuvent même devenir agrea- 
bles, en ce qu'ils imitent ou rappellent les trilles de la 
voix humaine. 

D'après cela, la différence entre les nombres absolus de 
vibrations par seconde, qui correspondent aux deux sons 
simultanés, aurait une influence plus grande sur la con- 


sonnance ou la dissonance que le rapport de ces deux. 


mêmes nombres. 

Il faut toutefois considérer, en même temps que les 
sons principaux, leurs sons harmoniques, qui coexistent 
avec les premiers dans présque tous les instruments, et 
qui peuvent devenir des causes de dissonance. 

Si Fon applique d’abord cette théorie à une gamme 
moyenne, telle que celle qui est comprise entre les deux 
ut de M. Meerens , correspondant respectivement à 256 ze 
512 vibrations, on arrive à peu près aux mêmes conse- 
quences que par la théorie physique ordinaire, mais on 
peut constater cependant, par la seule inspection des 


courbes de dissonance de M. Helmholtz, que ces consé- 


sk fée up at A CE dd he Lg des à ae Cr dre RE NS 


| 
i 
8 + 


( 509 ) 
quences ne sont pas identiques pour deux gammes consé- 
cutives, 

La différence serait bien plus grande si l'on s’éloignait 
considérablement des gammes moyennes. Par exemple, 
les deux notes correspondant respectivement à 64 et à 
52 vibrations par seconde et qui, d’après M. Meerens, . 


seraient deux wz, ne formeraient pas une octave musicale, 


d'après la théorie de M. Helmholtz, mais bien une dis- 
Sonance, puisque la différence des nombres de vibra- 
tions, ou, en d’autres termes, le nombre des battements, 
serait alors de 32 par seconde. 

Sans prétendre que la théorie nouvelle soit déjà défini- 
tivement appelée à remplacer l’ancienne, je pense qu'il 
ne serait guère logique d'imposer indirectement cette 
dernière aux musiciens, au moment même où quelques- 
uns des plus habiles physiciens de notre époque laban- 
donnent. | 

Le second argument de l’auteur, nécessaire pour arriver 
au nombre de 864 vibrations par seconde, qu’il propose 
Pour le la du diapason, consiste en ce que le rapport 
rationnel du {a au do ou à l'ut devrait être 2 au lieu de £. 
En réponse à la seule raison arithmétique qu’il en donne, 
je dois lui faire observer avec notre savant confrère, M. le 
Colonel Liagre ; premier commissaire, que, tout en recti- 
fiant la quinte descendante, il falsifie la quinte montante, 
lorsque l’on part du la et que l'on ne change rien aux 
nombres proportionnels qui représentent les autres notes. 

De même il rectifie la quarte montante, mais falsifie la 
quarte descendante et les deux tierces. - 

” M. Meerens prétendra-t-il que les intervalles rectifiés par 
lui sont les plus importants? J'ai des raisons pour le croire, 
et bien que cette objection me paraisse plutôt du domaine 


( 310 ) 
musical que de celui des sciences mathématiques, je ne 
voudrais pas écarter radicalement le second argument de 
l’auteur, si j'avais pu admettre le premier; mais , séparé 
de celui-ci, il me paraît sans valeur. 

Les autres parties du mémoire de M. Meerens étant de 
la compétence exclusive de la classe des beaux-arts, je 
crois pouvoir me borner aux observations qui précèdent, 
et j'adhère aux conclusions du rapport présenté par le 
premier commissaire. » 


Conformément aux conclusions de ses commissaires , la 
classe a décidé le dépôt aux archives du travail de M. Mee- 
rens. 


Recherches sur les minéraux belges, 3° notice; par 
MM. L.-L. de Koninck et P. Davreux. 


Rapport de M, G. Dewalque. 


« MM. de Koninck fils et P. Davreux s'occupent d'abord 
de l'étude des grenats qu’ils ont rencontrés dans un phyl- 
lade des environs de Vieilsalm et qui ont été mis sous les 
~ -yeux de l’Académie dans une de nos précédentes séances. 
D'après l'analyse des auteurs, ils se rapportent au type 
spessartine de Beudant mieux qu'aucun grenat analysé. 

Passant à l'examen de la roche qui renferme ces mine- 
raux, les auteurs la rapportent au micaschiste : cela peut 
être exact au point de vue chimique, mais les caractères 
extérieurs la rapprochent des stéaschistes. Ils ont eu l'obli- 
geance de m'en montrer des échantillons , et je whésite pas 


. 


Ld 


(34) 


à y reconnaitre le tale indiqué par nos anciens minéralo- 


gistes dans cette région. D’après leur analyse, elle se rap- 


porte parfaitement à une sorte de mica hydraté que M. De- 
lesse a fait connaître sous le nom de damourite. 

Cette roche renferme quelques paillettes auxquelles les 
auteurs ont trouvé la même composition, et qu’ils préten- 
dent avoir tous les caractères des micas. Je désirerais les 
voir développer cette assertion , tant par l'indication de la 
flexibilité et de l'élasticité de ces lamelles, que par celle 

e leurs caractères pyrognostiques. 

La découverte de la damourite associée au grenat amène 
les auteurs à se demander si hos phyllades ardennais (ou 
du moins certains d’entre eux) ne seraient pas essentiel- 
lement formés de cette espèce minérale, au lieu d’être 
à base de pyrophyllite, comme Dumont l’a énoncé, mais 
sans en donner aucune raison. Je ferai remarquer à ce 
sujet que les analyses de M. Sauvage ont assigné une autre 
Composition à certains phyllades de l’Ardenne francaise. 
D'un autre côté, M. R. List a trouvé, dans des phyllades 
analogues du Taunus, un minéral voisin de la damourite 
et appelé par lui séricite; d'où le nom de Sericitschiefer 
donné par certains auteurs allemands aux phyllades en 
question. A en juger par les caractères extérieurs, jy 
rapporterais volontiers certaines roches des bords de la 

euse, notamment quelques-unes de celles que Dumont 
considérait comme éruptives, par exemple, son albite phyl- 
ladifère de Revin. 

roche à grenats se rencontre dans des travaux faits, 
il ya quelques années, pour la recherche de mines de 
éuivre, Les auteurs y ont trouvé de la chalcosite, de la 
malachite, du phosphate et du sous-sulfate de cuivre. La 


malachite proviendrait, à leur avis, de l’altération du 


La 


( 342 ) 


phosphate, qui prédomine. Dans un filon quartzeux qui 


„se retrouve au même endroit, ils ont rencontré, avec la 


malachite et la libéthénite, la pseudo-malachite ou hypo- 
léime de Beudant, qui n’avait pas encore été signalée dans 
notre pays. | 

En résumé, la note de MM. L.-L. de Koninck et P. Da- 
vreux sera lue avec beaucoup d'intérêt par les minéralo- 
gistes ; et je me fais un plaisir d'en proposer l'insertion au 
Bulletin de nos séances. » 


M. Donny, chargé également d'examiner cette note, s’est 
déclaré incompétent à ce sujet et a signalé à la classe que 
les conclusions de M. Dewalque étaient suffisantes pour 
prendre une décision. 


Ces conclusions, en conséquence, ont été adoptées. 


— M. Gluge, commissaire pour une note de M. Éd. Ro- 
bin sur les moyens de rendre la vieillesse plus saine, pro- 
pose le dépôt de cafte pièce aux archives. — Adopté. 


me 


L2 


NRTA 


ICATIONS ET LECTURES. 


` Note complémentaire sur Paurore boréale du 4 février 


1872, communiquée par M. Ad. Quetelet, secrétaire 
perpétuel de Académie. 


La classe des sciences a.bien voulu voter l'impression, 
dans les Bulletins, d’une note de mon fils sur l'aurore + 
boréale du 4 février dernier, ainsi que la publication des 


| CHS ) 

Communications qui m'ont été faites à ce sujet de divers 
points du pays. 

Voici de nouvelles observations sur ce phénomène, que 
me transmet M. D. Leclereq, directeur honoraire de l’École 
industrielle de Liége. | 

« Ce qui m'a le plus frappé, m’éerit M. Leclercq, c'est 
la manière différente dont l'aurore s'est manifestée dans 
les diverses localités où elle a été signalée. 

> À Liége, l'évolution du phénomène s'est faite avec 
régularité; deux nappes chacune avec un cortége plus ou 
moins nombreux d’amas irréguliers et colorés, ont passé 
par deux phases différentes; à Bruxelles une seule nappe 
parabolique regardant du côté de l'ouest, puis des mani- 
festations très-accidentées; à Paris, le fragment d’une 
nappe australe se dirigeant vers le SE., et laissant échap- 
per de son segment supérieur des rayonnements vers le 
NE., puis, après son extinction, des manifestations telle- 
ment saccadées qu’il a été impossible de les faire con- 
naître. 


» Dans le Luxembourg, d’un côté de la ligne E-0. une 
belle nappe , de l'autre des éléments d’une seconde nappe. 
.» A Constantinople, c’est à 10 heures du soir que l'au- 
rore s'est montrée, c'est-à-dire vers 8 '/2 heures de notre 
te 


» À Odessa, une belle nappe formée par des faisceaux 
lumineux partant d’un point central au delà du zénith et 
venant s'arrêter à la convexité d’un are lumineux, qui 
S'appuyait à l'horizon en se reposant sur un segment très- 
obscur et d'une amplitude de 420° environ. 

» A lile Maurice, le phénomène a duré depuis 9 heures 
du soir jusqu'à 1 heure du matin, c'est-à-dire depuis 4 
heures jusqu’à 8 heures de notre temps en nombres ronds. 

2° SÉRIE, TOME XXXII. 21 


= 


( 344 ) 

» Ces différences d’aspeet et de temps ne sont-ils pas 
des indices, sinon une preuve, que ce nest pas le même 
phénomène dont, à exception des pays scandinaves , on 
a fait observation dans toute l’Europe centrale, la Russie 
d'Asie, et même aux Indes, mais bien les diverses mani- 
festations d’un certain état atmosphérique qui s'étendait 
sur toutes ces régions ? 

» Ces phénomènes de l'aurore ne sont-ils pas accom- 
pagnés souvent d'éclairs, de la chute de petits cristaux de 
glace très-fusible, parfois d’un certain bruissement comme 
dansles pays du Nord? N’agissent-ils pas, comme lesorages, 
sur les barreaux aimantés, sur les fils électriques au point 
d'interrompre les communications télégraphiques? Si l'on 
ne peut nier qu’ils soient de l'ordre électrique, on peut aussi 
affirmer qu’ils sont des orages puisqu'ils en présentént les 
principaux caractères, mais aussi des orages d’une nature 
particulière, et qu'ils doivent se former dans les régions 
atmosphériques où les nuages peuvent se produire. Les 
plaques dites magnétiques qu'ils font apparaître ont l'as- 
pect, comme on l'a observé à Liége, de la glace spon- 
gieuse, seulement elle est colorée de violet cendré ou d'une 
couleur semblable à celle d’un objet en ignition qui Ya 

s'éteindre; et quand elles ne se résolvent pas compléte- 
ment, elles se réduisent en plaques très-laiteuses ou d'un 
noir très-foncé. ; 

» Ces orages à fulgurations lentes et très-colorées doi- 
vent avoir,comme les orages ordinaires, des manifestations 
secondaires très-saccadées ;et quand ils ont de très-grandes 
étendues, ces effets doivent varier d’une localité à l'autre, 
parce que l’état atmosphérique ne peut pas être partout le 
même , ni ce pos les produit avoir de toutes parts la même 
homogénéi 


RE nde 


PPT PP ON ONE SEINE PER EEE 


( 315 ) 

» Le 29 février, par une pression de 753"®, une tempé- 
rature de 7°,8, un ciel parsemé de cirrhus, de cumulus et 
de Cumulo-stratus, nous avons eu vers 7 !/4 heures du soir 
des amas d’un beau rouge vif, disposés irrégulièrement 
de chaque côté de la ligne de E.-0.; une belle plaque d’un 
rouge de feu des plus vifs et de forme elliptique se trou- 
vait du côté du midi, à une hauteur de 80° environ , sur 
la ligne S.-N., plus vers VE. que vers l'O. ; elle avait à l'œil 
nu 12 mètres environ de largeur; à 7 h. 45 m. tout avait 
cessé, L'irrégularité de la disposition des amas colorés pro- 
venaitelle du nombre considérable des nuages qui traver- 
saient continuellement le ciel ‚ou des forts vents SO/SSO. 
Qui régnaient ce jour, ou des uns et des âutres? La ques- 
“lion est difficile à résoudre. 

» Le {er mars, des aurores boréales ont été aperçues 
en Angleterre, en Suède, et même en Italie; rien n’a été 
observé ce jour à Liége, parce que le ciel est resté conli- 
nuellement couvert de stratus et de nimbus. 

» Le 5, par 764%",63, 10°,9, des cirrhus et des cirrho- 
Stratus, nous avons eu à Liége des amas d'un beau rouge 
très-vif; le ciel en était tapissé; au NNE., six faisceaux 
colorés partant d’un même point de l'horizon, et s'élevant 
en divergeant vers le ciel, avaient une couleur miroitante 
d’un rouge jaunâtre. Près du zénith, une belle bande d'un 
blanc jaunâtre à bord d’un jaune d’or, composée de plu- 
sieurs bandes de eirrhus, se tournait vers le N. en affectant 
la forme parabolique; le sommet était du côté de l'O. et à 
Peu de distance du zénith; ce phénomène a duré une demi- 
heure, de 6 à 6 1 |2 heures du soir, puis il a complétement 
disparu , en rendant le ciel des plus sereins. ; 

» Le matin, vers 6 heures, nous avons eu le même 

Énomène , mais avec des manifestations en sens inverse; 


( 516 ) 
l'écharpe blanche était tournée vers le S. et le sommet de 
sa parabole du côté de VESE., à peu de distance du zénith; 
à 6 '/2 heures tout avait cessé et le ciel se trouvait sans 
nuages. 

» Le 8, à 9 heures du soir, des éclairs à pleins nuages 
et à traits de Jupiter sillonnaient le ciel du côté de l'E; à 
11 heures et pendant une demi-heure on a observé des 
amas d’un beau rouge; il y en avait de part et d’aatre de 
la ligne E.-0., mais disposés irrégulièrement et à une cer- 
taine distance du zénith. Le même jour, vers 5 heures du 
soir, le ciel prit, du côté du soleil couchant et par suite des 
nuages, une teinte d'un beau jaune qui verdissait tous 
les objets et surtout la végétation. Le ciel n'avait pas cessé 
de contenir des cirrhus avec toutes leurs variétés. 

» Le 9, vers 11 heures du soir et pendant une bonne 
demi-heure, nous avons eu encore des plaques aurorales 
assez près du zénith tant au midi qu’au nord ; elles étaient 
d'un rouge très-vif tirant sur le jaune. » 


Sur la découverte d’un Homard fossile dans l'argile de 
Rupelmonde; par M. P.-J. Van Beneden, membre de 


, 


l’Académie. 


Depuis longtemps on avait signalé dans la mer rupe- 
lienne, qui a déposé l'argile dont on fait les briques du Bra- 
bant, des mollusques acéphales , parmi lesquels se trouve 
toujours en abondance Ja Leda Deshaysiana, des gastero- 
podes et des dents de Squales. Dans ces derniers temps, 
nous avons fait connaître parmi les animaux qui hantaient 
ces eaux, plusieurs débris de Chélonées, un Sirénoïde et 


( 317 ) 
des oiseaux palmipèdes et échassiers; aujourd’hui, nous 
faisons part à la classe de la découverte d’un crustacé 
décapode, voisin du Homard, mais qui surpasse , en taille, 
les plus grandes espèces de décapode de nos côtes. 

M. le docteur Percy, un de mes anciens élèves, faisant 
naguère ses visites dans les environs de Rupelmonde, 
trouva, sur le bord de la grand'route, au milieu d'un tas 
de pierres abandonnées, des fragments de Septaria, dans 
lesquels il reconnut un corps d’une forme singulière, qui 
ne lui paraissait aucunement être un jeu de la nature. 
Après un court examen , il ne lui fut pas difficile de dis- 
tinguer un animal, et il se mit à l'œuvre pour rassembler 
tout ce qui pouvait y être rapporté. I apprit bientôt par 
les Ouvriers, que le fragment n’était qu'un morceau d’un 
grand Septaria abandonné dans lequel toute la bête s'était 
trouvée enfermée. Le reste était dispersé. 

Cette pièce fut bientôt généreusement remise entre les 
mains de mon ami le docteur Van Raemdonk, qui s'em- 
pressa de me la communiquer. 

On sait que très-souvent on trouve dans ces Septaria 
des débris d'animaux fossiles, dont ceux-ci semblent même, 
le plus souvent, former le noyau ; C'est dans un de ces blocs 
que notre savant confrère M. de Koninck a découvert, il y 
à une trentaine d'années, le premier Nautilus zigzag que 
l'on a trouvé depuis si abondamment à Edeghem.. 

L'animal que nous avons l'honneur de faire connaître 
est, croyons-nous, le premier crustacé que l’on signale 
dans cette argile rupelienne. 

De tout le corps il ne reste que la première paire de 
pattes; les quelques fragments qui l'accompagnaient en- 
core ne présentent aucun caractère qui permette de les 
reconnaitre. : 


( 518 ) 

Cette patte a 40 centimètres de longueur et la grosseur 
est parfaitement én rapport avec la longueur. Il reste 
encore suffisamment de tégument pour juger des carac- 
tères que l'animal offrait à l'extérieur. La surface en est 
rugueuse et fort irrégulière, mais on ne trouve pas d'émi- 
nences que l’on pourrait comparer à des épines. 

Les divers articles qui composent cette première patte 
sont en place et s'adaptent parfaitement les unes aux 
autres. Ces articles ressemblent tous à ceux qui leur cor- * 
respondent dans les Homards qui vivent encore actuelle- 
ment; seulement, ils sont tous un peu plus massifs, ceux 
de la base particulièrement. 

- Le dactylopodite est parfaitement distinct et son arti- 
culation avec le propodite ressemble complétement à celle 
du Homard actuel. Le test, dans les deux derniers articles, 
a 6 millimètres d'épaisseur. Les apodèmes ne sont pas 
visibles. k 

Le propodite, ou la pièce la plus importante de tout cet 
appendice, a la forme ordinaire de cet article; en haut, 
il se termine en bec et sa face interne, qui regarde le dac- 
tylopodite, est couverte aussi de tubercules solides qüi font 
l'effet de dents. 

Le carpopodite est presque aussi large que long, ét, con- 
trairement à ce qui se voit dans les Astaciens vivants, il est 
aussi large à sa base qu’au milieu. La patte, par là , devient 
fort massive, et les mouvements doivent être beaucoup 
moins libres. L’articulation est, en même temps, beau- 
coup moins oblique dans l'espèce fossile que dans l'espéce 
vivante. | 

Le méropodite est celui de tous les articles qui diffère 
le plus; il est un peu plus large que long, et sa surface 
articulaire, en haut avec le carpopodite, est oblique de 


( 39 ) 

dedans en dehors et d'arrière en avant, tandis qu’en arrière 
avec l’ischiopodite , elle est oblique de dedans en dehors, 
mais d'avant en arrière, Dans les Astaciens vivants, celle 
pièce est fort étroite à la base et presque toute sa surface 
interne se ramollit à l’époque de la mue, pour laisser passer 
la masse charnue de la pince. On ne voit rien de semblable 
dans le Homard fossile, et il y a lieu de se demander si ce 
phénomène s’accomplissait encore de la même manière chez 
lui. Les Homards qui ont atteint tout leur développement 
ne doivent évidemment plus changer de robe, et la mue 
doit être considérée comme un phénomène qui indique le 
jeune âge de l'animal. 

L'ischiopodite est comparativement fort développé, et, 
comme dans les pièces précédentes, ses surfaces articu- 
laires sont coupées aussi beaucoup moins obliquement. 

Les autres pièces manquent. 

On sait que. les Homards ont toujours les deux pattes 
antérieures dissemblables, dont lune est toujours plus 
massive , l’autre plus effilée et plus délicate; la plus massive 
est ordinairement celle de droite. Cette dissemblance dans 
les deux pinces est, comme on sait, une anomalie qui se 
reproduit dans un grand nombre de crustacés décapodes. 

La patte que nous avons sous les yeux est, pensons- 
nous, celle de droite, c'est la forte; il est à supposer que 
dans ces crustacés fossiles cette différence existait déjà. 

. La pince et le corps ensemble n'avaient pas moins de 
80 centimètres de longueur; c'est une plus forte dimension 
que celle que l'on accorde généralement, aux plus grands 
Homards des temps actuels, même les Homards américains 
qui atteignent la taille la plus considérable, puisqu'il n'est 
pas rare d'en trouver, dit-on, du poids de douze dbi oen 

_ livres. 


( 320 ) 

En Europe, on leur fait aujourd’hui une chasse trop 
active pour qu’ils puissent atteindre encore tout leur déve- 
loppement; car il est à remarquer que ces crustacés, comme 
les poissons, en général, croissent plus ou moins pendant 
toute la vie, et, contrairement à ce que l’on voit dans les 
autres articulés, ils se reproduisent avant qu'ils aient atteint 
leur développement complet. On trouve déjà des œufs sur 
des Homards et des Langoustes qui n’ont pas la moitié de 
leur croissance. 


N'ayant ni carapace, ni antenne, ni pièces de la queue, 
et moins encore des pièces de la bouche, peut-on déter- 
miner la famille et le genre auxquels cet animal appartient? 
Nous n’hésitons pas à répondre que oui : la première paire 
de pattes suffit pour reconnaître en elle un Brachyure, et 
il n’est personne qui ne reconnaisse, dans la pince que nous 
faisons figurer, un crustacé décapode voisin du Homard. 

Mais cet Astacien, à quel genre faut-il le rapporter ? Ici, 
les bonnes raisons manquent pour en faire un genre nou- 
veau, comme pour en faire un Palæastacus ou un Hoplo- 
paria, et nous placerons notre décapode fossile dans le 
genre vivant des Homards sous le nom de 


HOMARUS PERCYI. 


Comme nous venons de le voir, ce crustacé décapode 
provient des couches d'argile de Rupelmonde, que Dumont 
a désigné sous le nom de rupelien supérieur, où il se trou- 
vait tout entier dans un Septaria. 

Les crustacés macroures ont paru avant les brachyures 
dans les terrains secondaires et ont continué ainsi à vivre 
à travers l’époque miocæne jusque dans les temps actuels, 
_ Sans Changer sensiblement de forme. 


# 


| 
| 
| 
i 
| 
l 
| 


en 
L/ 


e l'Acad. 2° serie t. XX) 


Homarus perevr. 


| 
| 
| 


( 321 ) 

Ily a plusieurs localités célèbres par les débris de déca- 
podes, et, dans le nombre, nous pouvons citer l’île de 
Sheppey, où l'argile dite de Londres, que l’on a longtemps 
confondue avec l'argile de Boom, renferme cinq crustacés 
macroures , trois anomoures et neuf brachyures. 

Nous avons fait mention de ce décapode du rupelien 
dans un rapport imprimé dans l'Annuaire de l’Université 
catholique de Louvain de 1868. 

La planche qui accompagne celle notice représente la 
Patte de grandeur naturelle. 


Sur une nouvelle boussole magnélique ou plulòt électro- 
magnétique, son importance dans les observations ma- 
gnétiques et surtout dans celles faites sur mer, par 
M. Gloesener, membre de l’Académie. 


1. Description. — Cette boussole se compose d’une pile 
à Courant constant et d’un électro-aimant de 7 à 8 centi- 
mètres de longueur, dont le noyau de fer doux a 1 centi- 
mètre de diamètre. Cet électro-aimant est muni de plu- 
sieurs couches de fil de cuivre d’un millimètre de diamètre 
et bien isolé de soie. | E | 

Les bouts du fil sont terminés par deux fils de platine 
Courts et gros plongeant chacun dans un godet en fer 
Profond et contenant du mercure. Les godets sont concen- 
wiques, bien isolés l’un de l'autre et supportés par deux 
Colonnes en laiton verticales passant l’une par le milieu 
creux de l’autre et parfaitement isolée d'elle. Ces colonnes 
rattachées à Ja pile ferment le circuit du courant dans 
‘éleetro-aimant. 


(32) 
L'électro-aimant est suspendu à l’aide d’un faisceau de 
fil de soie flasque à une colonne verticale au-dessus des 
godets dans lesquels plongent les extrémités du fil de 


l'électro-aimant sans qu’elles en touchent le fond, de ma-, 


nière que l’électro-aimant puisse se mouvoir librement. 

Importance. — On sait que la foudre et les aurores 
boréales influent souvent sur les boussoles aimantées et 
que cette influence a pour effet : 1° de diminuer l'intensité 
du magnétisme des aiguilles;"ou 2° de leur faire perdre 
même tout leur magnétisme et de rendre quelquefois leur 
-réaimantation fort difficile ou impossible, ou enfin 3° d'in- 
verser leurs pôles. : : 

Or, des observations positives ont prouvé que les per- 


turbations éprouvées par les aiguilles et que je viens dë 


signaler dans les numéros 1°, 2 et 3°, occasionnent des 
accidents et souvent des malheurs d’une gravité extrème. 
Si les boussoles ont perdu tout leur magnétisme, elles 
restent immobiles dans toutes les positions où elles sont 
placées et ne sont d'aucune utilité pour l'observateur ; mais 
elles l’induisent en erreur, s’il ignore qu'elles ont perdu 
leur vertu magnétique. à 


Quand le magnétisme des boùssoles n’est que plus ou. 


moins altéré , elles présentent des déviations fausses, ex- 
traordinaires par rapport au méridien magnétique et ee 
terminent le capitaine d’un navire, par exemple, qui na 
aucune indication pour se guider, à suivre une direction 
toute différente de celle qu’il veut suivre. 

Enfin si les pôles sont renversés et que le commandant 
d'un navire les croie dans leur état naturel, il dirigera S0" 
bâtiment vers le nord en voulant le faire marcher vers le 
midi ou réciproquement. 

Or, par suite de fausses indications des boussoles, les 


( 325 ) 
observations des physiciens deviennent inexactes, et les 
commandants des navires, croyant suivre une route diamé- 
tralement opposée à celle qu’ils doivent suivre, courent 
aussi de grands dangers, surtout par un temps couvert ou 
brumeux et se perdent même quelquefois sur des écueits 
au moment où ils croient s’en éloigner. 

L'histoire de la navigation constate que de pareils acci- 
dents ne sont pas rares. 

Il me semble qu’en observant sur les navires et partout 
où il y a lieu, à côté des boussoles magnétiques, une bous- 
sole électro-magnétique, on pourrait éviter les aceidents 
dont il est question ci-dessus. En effet, le courant continu 
animant l’électro-aimant d’une manière permanente, em- 
pécherait ou paralyserait l'influence de la foudre ou d'une 
aurore boréale, et dans le cas où cette influence pourrait 
aimanter le noyau de fer plus énergiquement que le cou- 
rant et développer un magnétisme contraire à celui que 
produit le courant , immédiatement après que Faction per- 
lurbatrice a été produite, le courant, continuant d'agir 
Seul, réaimanterait de nouveau l'électro-aimant d'une 
manière régulière. De plus, connaissant le pôle positif de 
la pile, l'observateur connaîtra la direction du courant dans 
la bobine, et en appliquant la règle établie par M. Ampère, 
il saura que le pôle de l'éleetro-aimant, qui tourne vers la 
gauche de l'observateur, sera le pôle austral marqué par Ja 
lettre N. Par conséquent l’observateur aura toujours en 
SON pouvoir le moyen de s'orienter, et, par suite, de con- 
naître si les indications des boussoles sont bonnes ou mau- 

vaises. 


( 326 ) 
composition des grenats du Spessart, qui ont cependant 
servi de type à Beudant pour créer la variété, s'éloigne 
plus de la formule que celle des greriats de Salm-Château. 

La roche qui renferme ces derniers semble, à première 
vue, posséder assez de- rapports avec celle dans laquelle 
on trouve l’ottrélite en grandes paillettes aux environs de 
Lierneux, et que Dumont considérait comme du phyllade 
passant à la pyrophyllite; elle paraît néanmoins avoir été 
soumise à une action métamorphique plus intense. Sa ene 
ture, qui varie un peu d'un point à un autre, est en général 
grossièrement feuilletée et rappelle celle de certains mica- 
schistes. 

La roche est tendre et se laisse facilement rayer par 
l'ongle; elle est douce au toucher, d'un gris pâle ou d'un 
blanc verdâtre, translucide et d'apparence talqueuse; elle 
renferme, outre les grenats, quelques rares paillettes 

_'ottrélite. Nous avons voulu en connaître la composition 
et, pour les essais auxquels nous l'avons soumise, nous 
avons choisi les parties les plus pures, celles qui étaient 
complétement translucides. Sa densité est 2.842. Sa com- 
position est la suivante : ` 


H? 0 . 4,69 
SiO* . 46,04 
AR OS . 34,74 
Fe? 05 . oaf 
Fe 0. ea 0,7! 

eo o o A 
Mg0, Mn0, N20. . . Se Maces. 


100,25 


En traitant par l'acide sulfurique concentré une partie 
de roche finement pulvérisée, 35 p. %, de celle-ci ont été 


( 327 ) 
attaqués. En dosant l’alumine et oxyde ferrique dans la 
partie dissoute et dans la partie indécomposée, nous les 
avons trouvés exactement dans le même rapport. 
D'après ces résultats, on peut admettre que la roche est , 
composée d’une seule et même espèce minérale, qui n’est 
autre chose que la damourite , c’est-à-dire une variété de 
mica hydraté à base de potasse, dont la formule brute est : 


K?0, 3APO5, 6Si0?, 2H°0; 


en effet, les rapports atomiques déduits de l 'analyse sont : 


H? 0O 2,04 

SiO 6,00 

AROS . 2, i 

Fe? 05 . 0,12 | 2,76 
0 0,09 

K0 0,96 | 105 


À l’appui de notre manière de voir, nous ferons observer 
que nous avons constaté, dans des parties de la roche voi- 
sine de celle dont nous nous oceupons, la présence de 
lamelles atteignant un centimètre de côté et offrant les 
Caractères généraux des micas, tels que la transparence et 
la flexibilité ; jointe à une certaine élasticité. Elles sont fusi- 
bles en émail blanc, mais très-difficilement, et seulement 
sur les bords. L'analyse de ces lamelles nous a donné : 


Wo... 495 
sio keere D OAI MER 
AIS OS: er ee RR 
F0 ae 5,95 
K*0 par différ. - - - - 9,89 
MeO Se = traces. 


100,00 
La quantité de ‘ce mica que nous avions à notre dispo- 


+ 


( 528 ) 
sition était trop faible pour nous permettre d’y. doser la 
potasse, dont nous avons cependant pu constater netie- 
ment la présence. 

La concordance des résultats obtenus avec ceux fournis 
par l'analyse de la roche, nous paraît suffisante pour 
admettre l'identité des deux substances. i 

En présence de l'existence dans. le terrain ardennais 
d’une roche composée exclusivement de mica, nous nous 
sommes demandé si les phyllades (ou au moins certains 
phyllades) que Dumont considérait comme formés de 
pyrophyllite, ne renfermeraient pas plutôt, comme élé- 
ment principal, une variété de mica hydraté telle que la 
damourite, ou toute autre analogue. Cette idée, qui ne 
repose sur aucun fait suffisamment établi pour que nous 
l'émettions autrement que sous forme dubitative, nous à 
été suggérée par cette autre, que notre roche grenatifère 
ne serait que du phyllade dont les matières étrangères, et 
notamment les oxydes métalliques, auraient été élimin 
sous forme de grenat, par voie de cristallisation , sous l'in- 
fluence d'actions métamorphiques. 

Nous n’avons pu observer la roche grenatifère que dans 
une petite tranchée creusée sur le flanc et à mi-côte de la 
montagne qui domine Salm-Château , sur la rive droite de 
a Salm, de manière que nous ne pouvons rien préciser 
quant à son allure; elle forme une zone peu épaisse, qu' 
nous a paru dirigée de l’est à l’ouest et dont l’inclinaison, 
qui se rapproche de 90°, semble en rapport avee celle des 
filons quartzeux qui se trouvent dans son voisinage. 

A tranchée dont nous venons de parler fait partie de 
travaux de recherches exécutés il y a quelques années et 
abandonnés actuellement. Le minerai qui y a donné lieu 
consiste en phyllade grossier imprégné de chalcocite, de 


( 329 ) 


_ malachite, de phosphate de cuivre et d’une petite quantité 


de sous-sulfate de ce métal, semblable à celui que l’un de 
nous à découvert sur la bornite de Vieil-Salm (1), et qui 
provient probablement de l'oxydation du sulfure. La 
richesse en métal des échantillons de choix peut attein- 
dre 45 p. 9. | 

L'état de division extrême dans lequel la chalcocite se 
trouve dispersèe dans la roche, ne nous a pas permis de 
l'isoler ; afin d'en constater l'identité, nous avons dû nous 
borner à faire un dosage relatif du cuivre et du soufre dans 
3 échantillon exempt de minerais oxydés. Nous avons 
Obtenu : 


GRAMMES. RAPP. AT. 
Che un cie OMS, 108 
a spi ir a 


La chalcocite se présente en petites lamelles noirâtres 
qui se distinguent facilement de Poligiste par leur éclat 
beaucoup moins vif ; ces lamelles sont irrégulièrement dis- 
Séminées dans la roche, et quelquefois réunies de manière 
à former des enduits assez étendus, mais très-minces. 

- Les parties de roche imprégnées de minerais oxydés 
font légèrement effervescence avec l'acide nitrique, et la 
Solution ainsi obtenue renferme une forte proportion 
d'acide phosphorique dont la présence est facile à recon- 
naître à l’aide des réactifs ordinaires. Le phosphate paraît 
One dominer, et la malachite pourrait n'être que le pro- 
duit de son altération sous l'influence de l'acide carbo- 
nique de l’atmosphère; en effet, dans les échantillons de 


EE 


(1) Bulletins de l Acad. roy. de Belgique , 2me série, t. XXXII, p. 290. 
° SÉRIE, TOME XXXIII. 22 


( 330 ) 
minerai restés longtemps exposés aux intempéries de l'air, 
les parties cuprifères deviennent pulvérulentes, tandis que, 
dans ceux que nous avons détachés nous-mêmes de la 
roche, elles ne se présentent jamais sous cet aspect. 

A côté des roches cuprifères et grenatifères, se trouve 
un filon de quartz dans les débris duquel nous avons pu 
recueillir un assez grand nombre d'échantillons de mala- 
chite fibro-radiée, de libethénite facilement reconnaissable 
à sa couleur vert-olive et à la forme octaédrique de ses 
- cristaux, et enfin d’un second phosphate de cuivre non 
encore indiqué en Belgique, la pseudomalachite ou 
ypoléime. La quantité de ce dernier étant trop faible pour 
en faire l’analyse quantitative, nous avons dû nous Con- 
tenter d'y constater la présence de l'acide phosphorique 
_et de le comparer, au point de vue de ses propriétés exte- 
rieures , à des échantillons de pseudomalachite parfaite- 
ment définis , provenant de Libethen et de Nigni-Tagilsk , 
avec lesquels il présente une parfaite identité de forme el 
de couleur. 

C'est à la pseudomalachite et non à la libethénite, que 


nous croyons devoir rapporter le phosphate qui imprégné 


le phyllade. 


Zin 


(351) 


CLASSE DES LETTRES. 


Séance du 8 avril 1872. 


M. P. De Decker, directeur. 
M. Ap. Querecer, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Ch. Steur, Grandgagnage, J. Roulez, 
S. Van de Weyer, Gachard, Paul Devaux, F.-A. Snellaert, 
J.-J. Haus, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, 
Chalon, Thonissen, Th. Juste, G. Guillaume, Félix Nève, 
Alph. Wauters, H. Conscience, membres; J. Nolet de Brau- 
Were Van Steeland, Aug. Scheler, associés ; Ém. de Borch- 
grave, Correspondant. > 

+ L. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, 
assiste à la séance. 


CORRESPONDANCE. 


M. le directeur remercie M. Van de Weyer du souvenir 
qu'il a conservé de ses confrères, en venant prendre place 
Parmi eux à la séance de ce jour. Il lui exprime le désir, 
au nom de toute la Compagnie, de le voir assister au jubilé. . 
« M. Van de Weyer, a ajouté M. De Decker, a réorganisé 
l'Académie comme Ministre de l’intérieur; il a droit, par 
Conséquent, à une plase d'honneur parmi nous. : 


( 352 ) 
M. Van de Weyer, en remerciant ses confrères, a répondu 
qu’il était touché des paroles qu'il venait d'entendre. Si sa 


santé le lui permet, il viendra d'Angleterre , où il réside , 


pour avoir le plaisir d'assister à la solennité. Il assure ses- 


confrères qu’il a conservé pour eux les plus vifs senti- 
ments d'amitié et ajoute que rien de ce qu'ils publient ne 
lui échappe. 

: g I 4° 


De 


pp ts ont accueilli les paroles de l’hono- 
rable membre. 


— La classe apprend, avec un profond sentiment de 

regret, la perte qu’elle vient de faire de l’un de ses mem- 
bres titulaires, M. Mathieu-Lambert Polain, décédé à 
Liége le 4 avril, à l’âge de 64 ans. 
_M. le directeur s'était proposé d'aller rendre au défunt, 
lors des funérailles, le dernier témoignage de confra ternité, 
mais il n’a pu y donner suite en présence de la volonté 
formelle de M. Polain de voir célébrer ses” obsèques sans 
caractère officiel. Les membres de la classe habitant Liége 
ont été priés de prendre part, au nom de l’Académie , aux 
funérailles. 8 

M. le secrétaire perpétuel s'était empressé, lors de l'an- 
nonce de ce douleureux événement, d'adresser à la famille 
du défunt les condoléances de la Compagnie: | 


— La classe reçoit également connaissance de la mort 
de Fun de ses correspondants, M. Constant-Philippe Ser- 
rure , décédé à Moortzeele, près de Gand „le 6 avril, à l'age 


de 66 ans et 7 mois. Les condoléances de l'Académie ont 


été exprimées à la famille du défunt. 


- — Une lettre du Palais annonce que Sa Majesté à lin- 


miia 


. 
| 
| 


( 335 ) 
tention d'assister aux fêtes jubilaires de l’Académie , qui 
auront lieu les 28 et 29 mai prochain. 
La classe a reçu avec d'autant plus de plaisir cette an- 
nonce, que Sa Majesté est l’ Auguste Protecteur de la Com- 


< pagnie. 


Il a été donné lecture, en même temps, des réponses 
reçues déjà de la part de divers associés et de plusieurs 
académies, aux invitations qui leur avaient été adressées 
pour ce jubilé. 


— M. le Ministre de l’intérieur transmet une expédition 
de l'arrêté royal du 27 février 4872, qui ouvre un con- 
cours pour la collation du legs de 10,000 francs institué à 
perpétuité par le docteur Guinard, et destiné à être remis, 
tous les cinq ans, à l’auteur du meilleur ouvrage ou de la 
meilleure invention tendant à améliorer la position maté- 
rielle ou intellectuelle de la classe ouvrière en général, et 
Sans distinction. j 

Conformément à Particle 3 de cet arrêté, la classe a 
désigné, comme l’a fait la classe des sciences, cing mem- 
bres pour être inscrits sur la liste double de candidats à 
Proposer au Roi. 


— M.G. Nypels adresse, à titre d'hommage , les 4° et 
9° livraisons du tome I° de son Commentaire du Code 
pénal belge. 

M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir, pour la biblio- 
thèque, un exemplaire du mémoire de M. Vital Decoster, 
Couronné par le jury universitaire de 1870-1871. Ce travail 
avait été envoyé en réponse à la question de philosophie. 

L'administration communale de Bruges offre un exem- 
plaire du 4° volume de l’Inventaire général des-archives 
de cette ville. : | 


` 


( 354 ) 

La commission impériale archéologique de Saint-Péters- 
bourg, en accusant réception du dernier envoi de publi- 
cations académiques, a transmis le compte rendu de ses 
travaux pour l’année 1869. 

Remerciments pour ces différents dons. 


— La Société havraise d’études diverses communique 
son programme de concours pour 1872. 


„a 


RAPPORTS. 


La classe a entendu la lecture des rapports de MM. De ` 
Smet, Snellaert et Conscience sur une note rectificative, ` 


par M. De Potter, à son travail sur le liéu de décès de 
Philippe Van Artevelde, travail dont l'impression a été 
ordonnée en séance du 6 novembre dernier. 

La classe a adopté les conclusions de ces rapports et à 
décidé que l’auteur serait prié de refaire son travail, en 
ayant égard à quelques inexactitudes qui lui ont été in- 

' diquées. 


— MM. Steur et de Borchgrave donnent ensuite lecture 
de leurs rapports sur le travail de M. Varenbergh, intitulé: 
Un voyage au treizième siècle. 

Selon les conclusions de ces rapports, dont l'impression 
n'aura pas lieu, l’auteur sera remis en possession de son 
manuscrit, afin d'y comprendre le texte primitif qui a fait 
l'objet de ce travail. Un nouvel examen de la notice aura 
ultérieurement lieu. ` | 


er 


( 335 ) 


CONCOURS DE 1872. 


MM. le baron Kervyn, De Smet et Wauters ont donné 
lecture de leurs rapports sur les deux mémoires de con- 
cours de cette année en réponse à la question concer- 
nant le règne de Marie-Thérèse aux Pays-Bas. 

Ces rapports seront appréciés dans la prochaine séance, 
époque fixée par le règlement pour le jugement du con- 
cours. 


ÉLECTIONS. 


Conformément au règlement, la classe s’est occupée, en 
comité secret, des candidatures supplémentaires à la liste 
de présentation pour les prochaines élections, dressée lors 
de la dernière réunion et communiquée, sous forme de 
circulaire, à tous les membres. 

Après différentes considérations échangées sur les pré- 
sentations déjà faites, deux candidatures supplémentaires 
ont été admises. 


( 336 ) 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Séance du 4 avril 1872. 


M. Év. Féris, directeur. 
+ M. Ap. Quereer, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. L. Gallait, G. Geefs, A. Van Has- 
selt, Jos. Geefs, Ferdinand De Braekeleer, C.-A. Fraikin, 
Edm. De Busscher, J. Portaels, Alph. Balat, Aug. Payen, 
le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, 
Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, A. Robert, 
Ch. Bosselet, le baron Limnander, membres ; Éd. De Biefve, 
correspondant. 


CORRESPONDANCE. 


M. le Ministre de l’intérieur annonce que la salle du 
Palais-Ducal sera mise à la disposition de l’Académie les 
28 et 29 mai prochain, pour la célébration du jubilé. 


— La direction de l’Académie royale des beaux-arts de 
Berlin envoie des programmes de son exposition qui s'ou- 
vrira le 4° septembre de cette année. 


— La classe reçoit communication des lettres parve- 
nues, jusqu’à ce jour, de quelques-uns de ses associés el 
de diverses sociétés savantes, en réponse aux invitations 
pour le jubilé. 


( 337 ) 

— M. Éd. Fétis remet la continuation de son rapport 
général sur les travaux de la classe, destiné à paraître 
dans le Livre commémoratif, et annonce la fin prochaine 
de son travail. — Ces feuillets seront immédiatement 
donnés à l'imprimeur. 

M. le secrétaire perpétuel a saisi cette occasion pour 
informer la classe que toutes les dispositions prises, tant 
pour l'impression des rapports que pour les préparatifs du 
jubilé, marchent avec ensemble. | 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


| 
| 
| 


M. Éd. Fétis annonce que la commission pour l'édifica- 
tion d'un local destiné aux expositions triennales des 
beaux-arts a l'honneur de déposer les plans qu’elle a arrê- 
tés; la commission l'a chargé, en même temps, de donner 
lecture du rapport suivant qui doit accompagner ces plans, 
et dont communication devra être faite à M. le Ministre 
de l’intérieur. 

- Des remerciments sont votés à la commission et la classe 
décide l'impression du rapport au Bulletin, avec les plans 
réduits. 

Il est décidé également que la commission restera con- 
Stituée, afin d’être à même de fournir à M. le Ministre de 
l'intérieur, qui sera mis au plus tôt en possession du rap- 
Port, les explications que ce haut fonctionnaire croirait 
encore nécessaires. 


( 358 ) 


PROJET DE LOCAL POUR LES EXPOSITIONS TRIENNALES. 


Ainsi que l’a fait remarquer M. Gallait, lorsqu'il a saisi 
la classe des beaux-arts du projet de construction d'un 
local pour les expositions triennales , l'Académie ne doit 
pas s'occuper exclusivement des choses du passé. Elle 
remplit aussi sa mission; elle la remplit noblement et utile- 
ment en témoignant sa sollicitude pour les intérêts de 
l’art et des artistes. Son rôle ne consiste pas uniquement 
à donner des avis au gouvernement lorsqu’elle est consul- 
tée par celui-ci. Elle peut aussi, c’est son droit et son de- 
voir, appeler l'attention de l'autorité sur des objets dignes 
de sa sollicitude et prendre l'initiative de propositions 
utiles. Le gouvernement ne saurait lui savoir mauvais gré 
d'exercer ainsi son activité. Ce serait lui faire injure que 
de supposer qu’il pense avoir le monopole des bonnes 
idées. H considère, sans aucun doute, comme un service le 
soin qu’on prend de lui indiquer des mesures dont Fadop- 
tion est destinée à recevoir du publie un accueil favorable. 
Quand l’Académie conçoit, dans la sphère des choses d'art, 
un projet dont la réalisation est désirable, elle doit en- 
faire part au gouvernement. Elle ne s'immisce point par 
là dans l'administration; elle se borne à voir les idées el à 
les exprimer, laissant à qui de droit le privilége de l'exécu- 
tion. Qui pourrait vouloir lui interdire cette faculté? 

__Un des premiers objets d'intérêt actuel pour les artistes, 
dont l'Académie ait eu l’occasion de s'occuper, c'est la con- 
struction d'un local propre à servir aux expositions trien- 
nales. Il y a longtemps qu'on promet aux peintres et aux 


( 339 ) 

sculpteurs de leur offrir mieux qu’un abri provisoire pour 
leurs œuvres. Ce qui a empêché jusqu'ici qu'on ne leur tint 
parole, c'est qu’on s’obstinait à poursuivre la réalisation 
du rêve appelé le Palais des beaux-arts. Il aurait fallu des 
millions pour construire ce fameux édifice qu'il s'agissait 
d'approprier à une foule de destinations diverses, où l’on 
voulait réunir des choses sans analogie, réclamant des 
modes d'installation absolument différents. La grandeur 
de l’entreprise, les dépenses qu’elle devait entraîner furent 
des obstacles insurmontables à son exécution. Ne pouvant 
pas obtenir trop, on se résignait à n'avoir rien. 

Le moindre inconvénient, relativement aux expositions 
triennales, des projets conçus depuis vingt ans pour le 
palais des beaux-arts, c'était la situation de l'édifice , éloi- 
gnée du centre de la ville. La nécessité de cette situation. 
était déterminée par l'impossibilité de se procurer, dans 
les quartiers habités, les terrains nécessaires à la construc- 
tion d'immenses bâtiments. Pour bien des établissements 
publics, pour certains musées spéciaux, l'éloignement n’est 
Pas un obstacle. Il en est un très-grave pour les exposi- 
tions de peinture qui n’ont qu’une durée limitée et qui, 
Pendant la courte période de leur ouverture, doivent attirer 
le plus grand nombre possible de visiteurs, pour que 
but qu’on a en vue, en les organisant, soit atteint. L'expo- 
sition doit se faire dans un local situé au centre même de - 
la circulation: elle doit se trouver sur le chemin de la 
foule afin d'arrêter, en quelque sorte, celle-ci au passage. 
Ainsi qu'on l’a dit, il ne faut pas qu’on soit obligé d’aller 
à l'exposition; il faut qu’on y entre. La proximité du local 
est, pour les résultats de tout genre qu'on en attend, la 
première condition de succès. Si la course est longue, le 
soleil ou la pluie arrêtera souvent les amateurs et surtout, 


- ( 340 ) 
les simples curieux; on remettra au lendemain, puis au 
lendemain encore, la visite que l’on comptait y faire, et 
pour beaucoup de personnes la fin de l'exposition arrivera 
avant que ce projet s'exécute. 

De quelque façon qu’on les considère, comme des 
moyens de développer dans les masses le sentiment artiste, 
ou comme des occasions pour les peintres de fixer sur 
leurs œuvres l'attention du public, on fait manquer aux 
expositions leur but, si on ne les place pas de façon 
qu’elles soient visitées par la foule. | 

Le premier emplacement auquel l’Académie songea, 
lorsqu’elle commença à s'oceuper du projet de la construc- 
_tion d’un local pour les expositions triennales, fut celui du 
Jardin Botanique, où avait été organisé le salon de 1869. 
L'idée lui en était tout naturellement venue, attendu que 
le gouvernement, en faisant Pacquision des vastes terrains 
dont les serres du Jardin Botanique n'occupent qu’une 
faible partie, avait exprimé l'intention d'y élever des 
constructions destinées à différentes institutions dépen- 
dantes de l'administration des beaux-arts. De nouvelles 
combinaisons ayant fait maintenir la botanique en posses- 
sion des terrains occupés par ses maigres plates-handes, il 
fallut que les artistes songeassent à se pourvoir ailleurs. 
La question restait à l'ordre du jour de la classe des 
beaux-arts qui la discutait théoriquement, lorsqu'une heu- 
reuse circonstance vint lui permettre d'entrer dans la voie 
de l'application. 

Dans le discours qu'il prononca, conime directeur de la 
classe des beaux-arts, à la séance publique du mois de 
Septembre, M. Gallait s’exprimait ainsi : 

_* À quoi servira-t-il qu'il y ait de beaux tableaux €! 


en 


des statues excellentes, si l’on ne prend pas le soin de 


| ( 541 ) 

mettre les populations en contact avec ces objets dont là 
vue habituelle exercerait une si grande et si salutaire in- 
fluence sur leur développement moral ? 

» Il faut bien le dire, toutes les institutions publiques 
ayant l'art pour objet sont en souffrance chez nous. Les 
artistes n’ont pas même obtenu qu’on leur donnât un local 
convenable pour les expositions périodiques de leurs 
œuvres. » 

En sortant de la séance, qu'il avait honorée de sa pré- 
sence et pendant que le bureau de l’Académie le recondui- 
sait, suivant l'usage, le Roi invita M. Kervyn de Lettenhove, 
ministre de l’intérieur, à s'occuper tout particulièrement 
de satisfaire au vœu des artistes relativement à la con- 
struction d’une galerie d'exposition. 

Après le départ de Sa Majesté, le ministre, s'adres- 
sant à M. Gallait, lui dit que s'il voulait lui désigner un 
emplacement pour l'édifice en question, il ferait mettre 
immédiatement la main à l'œuvre. M. Gallait répondit qu'il 
ne Jui appartenait pas de donner seul un avis en cette cir- 
Constance, mais que si le ministre voulait consulter l'Aca- 
démie, il garantissait qu'elle ne tarderait pas à fournir le 
renseignement duquel semblait dépendre, pour le gouver- 
nement, la solution du problème. à 

Cependant, aucune ouverture ‘officielle n’ayant été faite 
à l'Académie, celle-ci crut devoir prendre l'initiative de. 
l'examen de la question. Dans la séance du 9 novembre, 
M. Gallait annonça qu'il était en mesure de désigner un 
terrain sur lequel on pourrait établir, dans des proportions 
assez larges pour satisfaire à toutes les exigences et situé 
au centre de la ville, un édifice servant aux expositions 
triennales et à des solennités publiques de tout genre. Jl 
demanda, en même temps, à la classe, l'autorisation de 


( 342 ) 
_s’adjoindre quelques-uns de ses collègues pour l'aider à 
formuler un projet qui pût servir de base à la discussion. 

Dans la séance du 7 décembre, M. Gallait prend la 
parole pour fournir des explications au sujet du plan dont 
il s’est activement occupé avec l’aide des collaborateurs 
que la classe l’a autorisé à s’adjoindre. Il avait annoncé, à 
la réunion du 9 novembre, qu’il avait un emplacement, un : 
terrain. Il a mieux que cela aujourd’hui : il a un plan, 
c’est-à-dire un projet de plan, que la commission pourra 
modifier après examen. L'emplacement est celui de l'an- 
cien ministère de la justice, rue de la Régence. Le terrain 
appartient au gouvernement qui n'aura, de ce chef, aucune 
dépense à faire. Sur ce terrain pourra être élevé, comme 
le prouve le plan mis sous les yeux de l’Académie, un édi- 
fice approprié à tous les besoins d’une exposition et con- 
tenant un nombre d'objets d'art très-supérieur à celui que 
renfermaient les salles provisoires de toutes les exhibi- 
tions précédentes. Le plan déposé par M. Gallait n'est 
qu’un tracé destiné à montrer le parti qu’on peut tirer des 
térrains disponibles pour la construction de la galerie pro- 

_ jetée. Il devra être soumis à de nouvelles études avant 
d'être proposé au gouvernement. 

On a cru, poursuit M. Gallait, qu'en demandant pour 
l'édifice affecté aux expositions triennales une situation 
centrale, l'Académie était opposée à l'exécution du projet 
conçu pour élever à la plaine des Manœuvres un ensemble 
de constructions destinées à de grandes cérémonies publi- 
ques. C'est une erreur. L'Académie serait heureuse, a 
contraire, de voir doter la capitale d’un de ces vastes édi- 
fices comme il en faut pour les expositions universelles 
où se rencontrent les artistes et les industriels de tous 
les pays, et pour les fêtes nationales où Pon réunit des - 


€ 


Re D ge TE E 
17 


( 343 ) 
milliers d’assistants. Elle a seulement songé aux exposi- 
tions triennales qui, dans l'intérêt de l’art et des artistes, 
réclament impérieusement une situation centrale. L'édifice 
de la rue de la Régence n’est pas un obstacle à celui de la 
plaine des Manœuvres. La ville de Bruxelles ne peut que 
gagner à ce que ces deux projets se réalisent. 

Sur la proposition de M. Slingeneyer, la prise en con- 
sidération du projet présenté par M. Gallait fut votée 
à l'unanimité. Le soin de préparer le plan définitif fut 
confié à la commission qui en avait jeté les bases et qui 
était composée de MM. Gallait, Balat, Portaels, Alvin et 
Ed. Fétis, avec adjonction de quatre membres nouveaux : 
MM. Payen , De Man, G. Geefs et Fraikin. 

Les artistes accueillirent avec une vive satisfaction la 
nouvelle des démarches de l’Académie pour leur faire ob- 
tenir la galerie d'exposition depuis si longtemps l’objet de 
leurs désirs; beaucoup d’entre eux se rendirent auprès de 


M. Gallait pour le féliciter de l'initiative qu'il avait prise. 


La presse se prononçait en faveur du projet dont l'Aca- 
démie se trouvait saisie. S. A. R. le comte de Flandre 
déclarait généreusement renoncer à l’usage des bâtiments 
qui lui avaient été prêtés par l’État pour le service de ses 
écuries et qui occupent une partie des terrains sur lesquels 
doit s'élever l'édifice destiné aux expositions. 

Dans la séance du mois de janvier, M. Gallait put infor- 
mer l’Académie de l'appui que les plans qu’elle avait con- 
cus trouvaient auprès du Roi. Répondant au discours pro- 
noncé par M. Gallait à la réception royale du 1° janvier 
1872, Sa Majesté a témoigné le vif intérêt qu'elle porte 
aux travaux de l’Académie et félicité la classe des beaux- 
arts sur le résultat des études auxquelles elle s'est livrée 
Pour élaborer les plans d’une galerie d'exposition. « C'est - 


(54) | 
un projet dont la réalisation mérite d’être favorisée, a dit 
le Roi, aussi bien que celui qui tend à établir, dans un 
autre emplacement, de vastes locaux pour des exposi- 
tions générales et pour des musées qui manquent à la 
Capitale, notamment un musée de modèles semblable à 
celui de South-Kensington, si précieux pour le progres 
des industries qui relèvent des beaux-arts. Il faut que la 
foule, lorsqu'elle cherche au dehors des distractions, 
puisse se diriger vers des établissements où elle trouve 
à la fois le plaisir et l'instruction. » 

Enfin, il y a quelques jours, M. Malou, ministre des 
finances, répondant à une interpellation de l’un des mem- - 
bres du Sénat, se disait tout disposé à demander à la Légis: 
lature les crédits nécessaires pour la construction de 
l'édifice destiné aux expositions triennales et aux fêtes 
musicales , sur l'emplacement de l’ancien ministère de la 
justice. Le projet de l’Académie a donc eu l'heureuse for- 
tune de rencontrer un assentiment général. L'idée qui a 
surgi chez elle a si bien fait son chemin, qu’elle est deve- 
noe l’idée de tout le monde. On ferait difficilement accep- 
ler maintenant un autre emplacement que celui de la rue 
de la Régence pour l'édifice dont les artistes ont, dès à 
présent, le ferme espoir de prendre possession en 1875. 

Cependant la commission désignée par l’Académie à 
rempli sa tâche. De l'esquisse primitivement déposée par 
M. Gallait, elle a fait un projet définitif qu’elle vient sou- 
mettre à l'approbation de la classe, en Ja priant, si cette 

-approbation jui est acquise, de décider qu'il sera adressé à 
M. le ministre de l’intérieur. i 

Ainsi qu’on vient de le voir, l'emplacement proposé par 
M. Gallait à l'Académie est celui des terrains de l'ancien 
ministère de Ja justice, rue de la Régence. Il réunit toutes 


( 345 ) 
les conditions désirables. Situé dans la plus belle partie de 
là ville, au centre d’une circulation active, il a encore le 
grand avantage d'appartenir à l’État, ce qui diminuera sin- 
gulièrement le chiffre de la dépense à faire pour doter la 


Capitale de cette galerie d'ex position si longtemps attendue. 


‘Académie ne pouvait pas se borner à désigner un terrain 
au gouvernement; elle devait également fournir un plan 
Pour l'édifice projeté , ne fùt-ce que pour montrer que lem- 
placement qu’elle recommandait convenait à la destination 
qu'il s'agissait de lui donner. A quoi lui servirait, d'ailleurs, 
d'avoir dans son sein des hommes ayant toutes les con- 
naissances nécessaires pour préciser les dispositions et les 
formes d'un monument, si, comme le premier venu, elle 
devait se borner à wex primer que de vagues idées? Le gou- 


vernement eut longtemps l'habitude de la consulter sur les - 


Mesures intéressant l'art et les artistes. Il n’est pas vrai- 
semblable qu’il se fût abstenu de le faire en cette circon- 
Stance. On n'aura fait que devancer ses intentions. 

| L'édifice dont le plan est proposé par l’Académie serait 
done érigé sur l'emplacement de l'ancien ministère de la 
Justice, en y ajoutant les terrains provisoirement occupés 
Par les écuries de S. A. R. le comte de Flandre. Les con- 
Structions qu'il s'agit d'élever n'occuperont que des ter- 
rains appartenant à l’État, en respectant les propriétés 
voisines, notamment celles qui se trouvent à l'angle de la 


Place Royale et le long de la rue du Musée. Le plan géné- - 


ral figure un parallélogramme allongé, appuyé par un de 

Ses côtés sur la rue de la Régence, où s'élèvera la façade 

Principale de l'édifice. Le bâtiment, ainsi disposé avec ses 

annexes, sera tout à fait isolé; ses cours de service, pla- 

cées à droite et à gauche, auront des issues vers la rue de 

la Régence et vers la place du Musée. C’est par ces issues 
° SÉRIE, TOME XXXIII. 25 


( 546 ) 
que seront dirigées les caisses renfermant les objets des- 
tinés aux expositions et dont le déballage aura lieu dans 
des bâtiments couverts, de manière à offrir toutes les 
garanties nécessaires pour la conservation des œuvres des 
artistes et à éviter l'encombrement aux abords de l'édifice. 
- Ces dispositions essentielles ont été trop souvent négligées. 

La distribution présente une combinaison très-simple 
qui permettra d'employer l'édifice, dans les meilleures con- 
ditions, soit aux expositions triennales et autres, soit aux 
solennités nationales, distributions de récompenses, el: 
soit enfin aux concerts où l’on veut réunir de nombreux 
exécutants. Ila paru à l'Académie que cette solution du 
problème était de la plus grande importance. Il fallait ge 
tout en offrant les meilleures dispositions pour l’'aména- 
gement d’une galerie d'exposition, l'édifice se prêtât à rece- 
voir d'autres destinations dans l'intervalle qui sépare les 
- exhibitions triennales. 4 

Dans son ensemble, le palais projeté se distribue comme 
il suit : une grande salle centrale, ayant 60 mètres de lon- 
gueur sur 19 mètres de largueur, et recevant le jour du 


_ haut. Cette salle est encadrée sur ses quatre côtés : 14 


l'étage par une large galerie à colonnade également éclai- 
rée du haut; 2 au rez-de-chaussée, vers la gauche, par 
une galerie éclairée latéralement; vers la droite, par les 
nombreux locaux affectés au service de l'exposition, salle 
d'assemblée de la commission, secrétariat, bureaux, etc. 
5° el 4° en avant et dans le fond par des vestibules OP” 
duisant à trois grands escaliers, qui assurent une facile 
circulation de la foule et préviennent tout inconvénient 
d'encombrement. 
La salle centrale, occupant une surface de 1,140 mètres 
carrés, recevra la sculpture. La dimension de ce local per” 


ee 3 - > 
SR S i Ai 


( 347 ) : 
mettra d'isoler les statues et les groupes en les disposant 
d’une manière pittoresque et en laissant de larges allées à 
la circulation. En outre, la salle présente dans son pour- 
tour une rampe de 164 mètres pour le placement des bas- . 
reliefs, des cartons. Jamais la sculpture, souvent sacrifiée, 
n'aura eu l'avantage d’ une installation aussi favorable. 

La galerie latérale du rez-de-chaussée, consacrée à 
l'exposition des dessins, aquarelles, gravures et projets 
d architecture, offre un développement de rampe de 164 
mètres. Des montres ou pupitres à glaces, disposés au cen- 
tre de cette galerie, sur un développement de 40 mètres, 
recevront les médailles, les ivoires, les émaux , les minia- 
tures, les peintures sur faïence et sur portion ainsi 
que les petits bronzes. 

La galerie supérieure, destinée à l'exposition des œuvres 
de peinture, sera , pour la circonstance, séparée de la salle 
Centrale et divisée, au moyen de cloisons préparées ad 
hoc,en compartiments disposés pour des tableaux de toutes 
les dimensions. Cet ensemble forme une étendue de rampe 
de 514 mètres de parcours. Il ya, en outre, un salon carré 
ayant 82 mètres de rampe qui serait affecté aux grands 
tableaux. 

Nous trouvons done, pour le développement total de la 
rampe, 942 mètres ainsi répartis : 

t Le says (outre les 1,140 mètres carrés de 
occupés par les statues et les daag 142 
2e en es dubas . - 164 


5° Montres . ee a 
4° Galerie supériéuié se + ss a 
5° Salon carré PNR ee: 2 

942 


( 348 ) 
expositions précédentes , les chiffres du métré des rampes : 

En 1857 (cour du Musée de l'Industrie ), 406 mètres. 
— En 1860 (locaux du Palais-Ducal), 370 mètres. — En 
1863 et 1866 (construction de la place du Trône), 415 
mètres, non compris la salle des sculptures mesurant 220 
mètres de superficie. — En 1869 (Jardin Botanique), 694 
mètres courants, non compris trois salles destinées à la 
sculpture et mesurant 315 mètres carrés. 

L'édifice projeté offre donc un développement de rampes 
supérieur d'environ un tiers à celui que remplirent les 
œuvres de peinture à l’exposition la plus nombreuse qu'il 
y ait eu jusqu’à ce jour à Bruxelles. On peut dire qu'il 
suffira à tous les besoins et que jamais l’espace n’y man- 
quera aux œuvres ayant la qualité nécessaire pour mériter 
de figurer dans une exposition. 

On croit avoir tout prévu pour que l'édifice réponde à 
à ce qu'exige la bonne organisation d’une exposition : 
emménagement des objets d'art de manière qu’ils se pré- 
sentent dans les conditions les plus favorables d'aspect; 
: absence de confusion dans le classement par genre; faci- 
lité de l’accès des salles et de la circulation du publie, au 
moyen d'un large vestibule et de trois escaliers; locaux 
pour administration, pour l'installation d’un buffet et de 
tous les accessoires du service , local pour le déballage et 
le dépôt des caisses, ayant une entrée séparée. 

Après avoir fait voir comment l'édifice projeté se prète 
à recevoir toutes les dispositions que réclament l'organi- 
„sation et le service d’une exposition d'œuvres d'art, il reste 
à montrer dans quelles conditions il se présente pour ser- 
vir aux solennités nationales, aux cérémonies publiques de 
tout genre : distributions de récompenses, concerts, ete. 


Dans ces circonstances, la salle centrale et les galeries 


; 
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3 
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(34) 


supérieures, au lieu d’être divisées par des cloisons, ne 


forment qu'un vaste ensemble. Indépendamment d’une 


estrade contenant 500 exécutants, on pourrait placer 
1,800 personnes assises au rez-de-chaussée et 1,400 au 
balcon de la galerie supérieure, soit 3,200 siéges, indé- 
pendamment de 1,200 mètres disponibles au pourtour de 
la galerie. Il convient de mentionner encore une grande 
galerie de réunion pour le public, au rez-de-chaussée; des 
Salons pour les artistes; une vaste salle d'accord pour l'or- 
chestre, lors des concerts, et les différents locaux de ser- 
vice énumérés ci-dessus. 

. Silarrivait qu’on voulût organiser une grande fète artis- 
tque, comme celles qui eurent lieu en 1848 et en 1851, 
On pourrait admettre jusqu'à 10,000 personnes dans la 
Salle disposée à cet effet. 

Nous n'avons parlé que des expositions triennales; 
mais il en est d’autres, auxquelles Ja salle de la rue de la 
Régence pourrait donner asile. Il y a quelques années, le 
S0uvernerhent avait conçu l’idée d'organiser une grande 
exposition archéologique. Il fut obligé d'y renoncer faute 
d'un local propre à contenir les collections qu’il se propo- 
sait de réunir. Si l’on voulait ouvrir, comme en Angleterre 


‚Eten Hollande, des expositions de tableaux des anciens — 


Maîtres, tirés des cabinets d'amateurs, ou comme à Paris, 
des expositions de productions des arts industriels, la salle 
de la rue de la Régence s’y prêterait parfaitement. 

Elle pourrait également servir pour les exhibitions 
annuelles de la Société belge des aquarellistes, auxquelles 
le gouvernement est dans l'habitude de fournir le local qui 


lui manque. Grâce au système de cloisons qui a été indi- 


qué plus haut, les expositions, si restreintes comme ‚St 


- nombreuses qu’elles fussent, s’y installeraient prompte- 


: vrhn 
did 


( 350 ) 

ment, facilement et à peu de frais. Bref, le gouvernement 
se trouverait en possession d'une salle se prêtant à une 
foule de destinations utiles et remplaçant avec avantage le 
temple des Augustins, pour les diverses cérémonies publi- 
ques qui ont lieu d'habitude aux fêtes de Septembre. Une 
condition qui paraît essentielle, lorsqu'il s’agit d’un édifice 
public destiné à renfermer des collections précieuses, c'est 
un complet isolement, c'est l'absence de tout point de con- 
tact avec les constructions voisines. 

Indépendamment des considérations de sécurité, les 
espaces ménagés autour du bâtiment sont indispensables à 
la circulation compliquée à laquelle donne lieu le service 
d'une exposition. Ils permettraient encore d'établir, au 
besoin, des annexes pour le placement de certains objets 
d'une nature spéciale, des verrières peintes, par exemple. 

Les éventualités d'un changement de destination de 
l'édifice et de son appropriation à différents usages ont él 
prévues dans le sujet. Rien de plus facile que d’en faire un 
musée permanent. Si, dans un avenir plus ou moins éloigné, 
les expositions triennales recevant ailleurs une autre instal- 
lation, il devenait nécessaire d'agrandir la Bibliothèque 
royale, en absorbant à son profit l'édifice nouveau celui-ci 
se prêterait parfaitement à cette transformation. La nef 
centrale serait une admirable salle de lecture, autour de 
laquelle se grouperaient les collections. Le bâtiment projeté 
serait aisément relié avec les locaux actuels de la Biblio- 
thèque par le prolongement du vestibule et le grand escalier 
du fond. Voilà bien des motifs pour que le gouvernement 
accueille favorablement le projet de l'Académie et prête 
les mains à son exécution. 

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Pull de l'Acad., 2° Serre’ t XXXI pP«390. 


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PROJET D'UN ÉDIFICE — 
DESTINE AUX EXPOSITIONS DES 
BEAUX-ARTS ET AUX CÉRÉMONIES 


PUBLIQUES. 
Rez-de-Chaussée. 


DISTRIBUTION. 


A. Vestibule dintree et escaliers Lateraux’ 


2€ 


B. Degagement vers uit JS escalier 


a 


Grande Salle, du centre, montant du 


: fond et eclasres du haut. destinee à 
la Sculpture | 
D. Galerre pour l exposition des desfurs, | 
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gravures, aguarelles gf Architecture, 


tratte et 


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E. Locaux Pour En ld 


linstallation du Buffet. 


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PDeballage et Magasins ayant LISUE 
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15 20 25 30 35 40 Mêètres. 
Rue ve LA REGENCE. 
Ed LEA. C Severeyns, Bruxelles. 


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| BEAUX-ARTS ET AUX CEREMONIES 14, / OOG 7 / TÉL OR J) | 

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Etage. 
DISTRIBUTION. 


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Salle Centrale ; | 


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ouverte par une colonnade vers Ka 
salle; ne forme avec celle- ot Jqu'ur 

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seul ensemble, 


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20 25 30 35 40 Metres. 


Th C Sederauns Pres naiss 


(351 ) 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


ne 
s 
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Dewalque (G.). — Discours prononcé à Liége, le 20 janvier 
1872, au nom de l’Académie royale de Belgique, lors des funé- 
railles de M. Joseph-Antoine Spring. Bruxelles, 1872; in-8°. 

Nypels (J.-S.-G.). — Le code pénal belge interprété, IV* et 
Ve livr. Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8°, > 

Commission royale d'histoire. — Compte rendu des séances, 
5° série, tome XIII, 5° bulletin. Bruxelles, 1872; in-8°. 

Ministère de Vintérieur. — Bulletin du conseil supérieur 
d'agriculture, tome XXIV. Bruxelles, 1874 ; in-4°. 

Inventaire des archives de la ville de Bruges, section 1", 
tome I‘. Bruges, 1872; in-4°. 

Dubois (Alph.). — Les lépidoptères de l'Europe, 47° et 48° 
livr. Bruxelles, 1871 ; in-8°. 

Société royale de numismatique de Bruxelles. — Revue de 
la _ belge, 5° série, tome IV, 2° livr. Bruxelles, 
1812: i 

are archéologique de la province de Luxembourg, à 
Arlon. — Annales, tome VI, 2°, 5° et 4° cahiers. Arlon, Aen 
1871 ; 2 cah. in-4°. 

Insti tut royal grand-ducal de Luxembourg. — Publications 
de la Société des sciences naturelles et mathématiques , tome 
XIL Luxembourg, 1872; in-8°. 

K. Instituut voor de taal, land en volkenkunde van Neder- 
landsch Indië te °S Gravenhage. — Bijdtsgon, vit deel, g 
stuk. La Haye, 1872; in-8°. 

Delesse. — Les oscine des côtes de France. Paris, dede. ae 
in-8°, 

D'Avezac. — Allocution à Ñ Société de dee de Paris 


( 352 ) 
à l'ouverture de la sétnce de rentrée après les vacances le ven- 
dredi 20 octobre 1871. Paris, 1812; in-8°. 

Hamy (E.-T.). — L'âge du renne dans le nord de la France. 
Paris, 1867; in-8°. 

Société nationale des antiquaires de France à Paris. — Mé- 
moires, tome 52°. Paris, 1871 ; in-8°. 

Revue et magasin de zoologie pure et appliquée, 1871-1872, 
n° 2, Paris; in-8°. ; 

Société des antiquaires de Picardie, à Amiens. — Bulletin, 
1871, 1°° liv. Amiens; in-8°. : 

Matériaux pour l'histoire de l’homme, 9° série, n° 12, de 
cembre 1871. Toulouse ; in-$°. 

Société vaudoise des sciences naturelles, à Lausanne: — 
Bulletin, 2° série, vol. XI, n° 66 et 67. Lausanne, 1872; 2 cah. 
in-8°. 

K: preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — Mo- 
natsbericht, Januar 4872. Berlin; cah. in-8°. 

Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte, 
V. Jahrg., n° 5. Berlin; cah. in-8°. 

K. Leopold. Carol. -deutsche Akademie der Wissenschaft ten 
zu Dresden. — Amtliches pn und Correspondenz-Blatt, 
Heft 1, n° 4. Dresde, 1872; 

Naturwissenschafilicher zeef der Rheinpfalz zu Dür k- 
heim. — XXVII. et XXIX. Jahresbericht der Pollichia. Durek- 
heim , 1871 ;vin-8e. 

K. Gesellschaft der H'issenéchefion zu Göttingen. — Ab- 
handlungen vom Jahre 1871, XVI" Band; — Gelehrte An- 
zeigen vom 4871 ; — Nachrichten vom 1871. Göttingue; Î vol. 
in-4° et 5 vol. in-12. 

Naturw.- Verein in Hambur rg. — Abhandlungen, V. Bd., 
2. Abth. Hambourg, 4871 ; in-4°; — Uebersicht, Jahren 1869- 
1870. Hambourg; 2 cah. in-4°. 

Heidelberger Jahrbücher der Literatur, LXIV. Jahrg» ” 
12. Hefte, november-december. Aeidelberg, 1871 ; 2 cah. in-8"- 


EE PN 


( 593 ) 

Ferdinandeum für Tirol und Vorarlberg zu Innsbruck. — 
Zeitschrift, 5. Folge, 16. Heft. Innspruck, 1871 ; in-8°. ` 

K. Sachsische Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig. 
— Math.-phys. Classe : Abhandlungen, X. Bd., n° I und IT, 
XIV. Bd., n° VI; — Berichte : 1870, IE, IV; 14874, 1, H, HI. 
Leipzig, 1870-1871 ; 5 cah. in-4° et 3 cah. in-8°. 

Astronomische Gesellschaft zu Leipzig. — Vierteljahrs- 
schrift, VII Jahrg., 1. Heft. Leipzig, 1872; in-8°. 

Von Düringsfeld (Ida)und Von Reinberg-Düringsfeld (Otto 
freihernn). — Sprichwôrter der Germanischen und Romanis- 
chen sprachen vergleichend zusammengestellt. Leipzig, 1872 ; 
gr. in-80, 

K. b. botanische Gesellschaft in Regensburg. — Flora, 29. 
Jahrg.; — Repertorium, VII. Jahrg. Ratisbonne, 1871 ; 1 vol. 
et 1 A in-8°. 

Zoologisch-mineralogischer Verein in Regensburg. — Cor- 
respondenz-Blatt, XXV" Jahrg. Ratisbonne, 1871 ; in-8°. 

Verein für Kunst und Alterthum in Ulm und Oberschwaben. 
— Verhandlungen, neue Reihe, 4. Heft. Ulm, 1872; in-4°. 

K. Akademie der Wissenschaften in Wien. — Sitzung der 
math-naturw. Classe, Jahrg. 1872, n° 7, 8, 9. Vienne; 5 feuilles 
in-8° 


Von Oettingen (Arthur). — Ha Beobachtungen 
angestellt in Dorpat im Jahre 1866, nebst fünfjährigen mittel- 
werthem (1866 bis 1870),und im Jahre 1870, IVeer-vterJabrgang. 
Dorpat; 2 cah. in-8°. 

Commission. impériale archéologique à Saint-Pétersbourg. 
— Compte rendu pour l’année 1869. Saint-Pétersbourg, 1870; 
1 vol. in-4° avec atlas in-folio. 

Settimani. — Seconde variante à insérer à la page 36 de la 
nouvelle théorie des principaux éléments de la lune et du 
soleil. Florence , 1871 ; in-4°. 

Crivelli (G. Balsamo) et Maggi (L). — Intorno a Re 

2e SÉRIE, TOME XXXII.’ 2 


( 354 ) 

essenziali della riproduzione delle anguille. Milan, 1872; in-4°. 
- Môrtillaro (Vincenzo). — Reminiscenze de miei tempi. Pa- 
lerme, 1865; gr. in-8°. 

Chemical Society of London. — Journal, november 4 871- 
january 1872. Londres; 5 cah. in-8°. 

Entomological Society of London. — Transactions for the 
year 1871. Londres; in-8°. 

Numismatic Society of London. — Journal, 1871, part IV. 
Londres, 1872; in-8°. 


London mathematical Society. — Proceedings, vol. IV, 
n° 42, 45. Londres, 1872; in-8°. 
Meteorological Society of London. — Quarterly Journal, 


1872, january, new series, vol. 1, n° 4. London; in-8°; — 
Meteorology of England during the quarter ending decem- 
ber 51, 1871. Londres; in-8°. 

Geological Survey of India at Calcutta. — Memoirs (Pa- 
laeont. Indica), ser. VI et ser. VII. Calcutta, 1871; 2 cah. ink’; 
— Records, vol. IV, parts 5-4. Calcutta, 4871 ; 2 cah. in-8°. 

Maury (M.-F.).— Address delivered before the fair grounds 
of the agricultural and mechanical Society * Memphis, Tenn. 
Memphis, 1871 ; in-8°. 


Liste d'ouvrages offerts en don à la Commission royale d'histoire el 
déposés dans la Bibliothèque de P Académie. 


_ Borgnet (Jules). — Documents inédits relatifs à l'histoire de 
la province de Nafnur publiés par ordre du conseil provincial. 
Cartulaire de la commune de Namur. Période des comtes par- 
tieuliers ia à Tome I, 2° livraison. Namur, 1871; 
in-8°, 


Société archéologique de Namur. — Annales, tome onzième; 
5° livraisôn. Namur, 1871 : ; in-8°. 


( 555 ) 

Cercle archéologique du pays de Waas. — Annales, tome 4°, 
5° livraison, décembre 1871. S'-Nicolas ; in-8°. 

Institut archéologique de la province de Luxembourg, à 
Arlon. — Annales, tome VI, 2°, 5° et 4° cahiers. Arlon, 1870- 
1871; 2 cah. gr. in-8°. 

Inventaire des archives de la ville de Bruges, publié sous 
les auspices de l'administration communale. Bruges, 1871; 
in-4e, 


Institut royal grand-ducal de Luxembourg. — Publications 
de la section historique, année 1870-1871, XXVI (IV). Luxem- 
bourg, 1871; in-4°. . 

Tailliar (E.). — Essai sur les origines et les développements 
du christianisme dans les Gaules. Caen, 1868: in-8°. — La féo- 
dalité en Picardie, fragment d’un cartulaire de Philippe-Au- 
suste. Amiens, 1868 ; in-8°. — Le centre et le nord de la Gaule 
au siècle d’Auguste et sous les Antonins. Paris, 1869 ; in-8°. 
— Fragment d'une étude ‘sur les Gaulois au temps de Jules 
César, Douai, 1871 ; in-8°. — Apostolat de Saint-Denis dans 
les Gaules en 250. Amiens, 1868; in-8°. — Fêtes religieuses à 
Douai au XVII: siècle. Douai, 1865; in-8°. — Essais sur lhis- 
toire des institutions ; in-8°, — Les lois de Dieu dans l'histoire 
Ou essai sur les lois providentielles qui régissent les nations et 
le genre humain. Douai, 1867; in-8°. 

Brassart (Félix). — La féodalité dans le nord de la France. 

echerches sur la seigneurie de Cantin lez-Douai (1063-1789). 
Douai, 1871 ; in-8°. 

Comité flamand de France, à Lille. — Bulletin, tome V : 
0° 10, avril, mai et juin 1871 ; n° 11, juillet, août et septembre 
1871. Lille-Dunkerque , 1871-1872; 2 cah.in-8&. - 

Historischer Verein für Niedersachsen. — Zeitschrift, Jahr- 
Sang 1870. Hanovre, 1871 ; in-8°. 

Stillfried (Rudolph Freihernn von) und Traugott Maerc- 
ker (Dr). — Monumenta Zollerana. Urkundenbuch zur Ge- 


( 556 ). 


schichte des Hauses Hohenzollern, 3. 4. 5. 6. und 7. Bände, 
Urkunden der Fränkischen Linie, 1332-1565. Berlin, 1857- 


4861 ; 5 vol. in-4°. à 
Stillfried (H.-G.). — Register zu Band I-VII. der Monu- 
menta Zollerana. Berlin, 1866; in-4°. 
Wirtembergisches urkundenbuch, herausgegeben von dem 
Königlichen staatsarchiv in Stuttgart. Dritter Band, Stuttgart, 
1871 ; in-4e. 


BULLETIN — 


DE 
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


1872. — Ne 5. 


——<— t 


CLASSE DES SCIENCES. 


Séance du 6 mai 1872. 


M. J.-B. »'Omauius pHarroy, directeur, président de 
l’Académie. 
M. Ap. Querecer, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. B.-C. Du Mortier, L. de Koninck, 
P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, le vicomte 
Du Bus, H. Nyst, Gluge, Melsens, J. Liagre, F. Du- 
Prez, G. Dewalque, E. Quetelet, H. Maus, M. Gloe- 
sener, Candèze, Ch. Montigny, Steichen, Brialmont, 
Éd. Dupont, Éd. Morren , membres; Th. Schwann, E. Ca- 
talan, Ph. Gilbert, A. Bellynek, associés; Éd. Mailly, 
Éd. Van Beneden, J. De Tilly, F. Plateau, correspondants. 

MM. G. Geefs, membre de la classe des beaux-arts, et 
` Nolet de Brauwere van Steeland, associé de la classe des 
lettres, assistent à la séance. 


21° SÉRIE, TOME XXXIII. 25 


s ( 358 ) 
CORRESPONDANCE. 


Le secrétaire perpétuel rend compte des lettres qu'il 
a reçues au sujet du prochain anniversaire séculaire que 
l’Académie royale de Belgique se propose de célébrer à la 
fin de ce mois. La plupart des corps savants les plus illus- 
tres de l’Europe ne se borneront pas à la transmission de 
leurs compliments sympathiques; ils s’y feront représenter 
par plusieurs de leurs membres les plus distingués. 


— L'Association britannique pour l'avancement des 
sciences annonce l'ouverture de sa réunion annuelle, à 
Brighton, au mois d’août prochain. 


— Le comité d'organisation de ia sixième session du 
congrès international d'anthropologie et d'archéologie pré- 
historiques adresse le programme de cette session, qui 
s'ouvrira à Bruxelles, le 22 août prochain. 


—M. A. Boset, professeur à l’athénée de Namur, demande 
le dépôt d’un billet cacheté. — Accepté, après contre-seing 
du directeur. 


— L'Institut royal géologique de Hongrie, à Pesth, 
adresse ses premiers travaux et demande d'entrer en rela- 
tions d'échange avec l'Académie. — Accepté. 


-v Les oser scientifiques suivants accusent 
réception des derniers envois de ser académiques - 
et offrent leurs tra lde on™ 


ennen heen WR E A 


( 359 ) 
le « Geological survey » de Calcutta, les Sociétés royales 
des sciences de Gôttingue, de Hambourg et de Leipzig. 


— Les documents suivants sont présentés pour le recueil 
des phénomènes périodiques : 1° Observations dé Pi 
de la végétation au 21 avril dernier, faites à Bruxe T 
à Waremme et à Melle, par MM. Ad. Quetelet, de Se A 
Longchamps et Bernardin; 2° Résumé météorologique ~ 
février-et mars 1872, à Somergem, par M. P. Vertriest, e 
5° Résumé météorologique d'avril dernier, à Ostende, par 
M. J. Cavalier. 


—M. L. Henry, correspondant de la classe, e: 
titre d'hommage, le deuxième volume de la -o re: 
tion de seg Leçons de chimie, ainsi que deux me es 
Pe l'auteur, extraites du Bericht de la Société chim q 
de Berlin 

ces 
Il communique, en même temps, une note sur 5 77 se 
d'atrore boréale aperçues à Louvain dans la nui 
Au 11 avril dernier. - | 
: ou- 
Des remerciments sont votés à M. Henry mepe 
“rages , et la classe décide que sa note figurera au bu 


— Les travanx aidousiits suivants feront l’objet d’un 
Examen : 
8 p en 
1° Note sur la température de l’espace, par gira re 
Commissaires : MM. J. Plateau, E. Quetelet e ue 
? Étude physico-physiologique. RER de lumière 
el expérimentales sur la mesure des Do MU Pi 
et de fatigue, par M. Delbœuf. — Commissaires: MM. 
leau et Schwann. 4 


mm 


( 560 ) 


ÉLECTION. 


` La classe a renouvelé, pour l’année actuelle, le mandat 
de M. J. S. Stas comme délégué auprès de la commission 
administrative. 


RAPPORTS. 


ee 


Sur l'existence de la dérivée dans les fonctions continues; 
par M. Gilbert, associé de l’Académie. 


Rapport de M. Catalan. 


L'objet que notre savant confrère s’est proposé étant 
très-clairement indiqué dans l’Introduction de son Mé- 
moire, je demande à l’Académie la permission de reproduire 

. d’abord quelques passages de cette introduction : 

« La question de savoir si l'existence de la dérivée en 
général, dans une fonction continue f(x) de la variable x, 
est une suite nécessaire de la continuité de la fonction , 
ou si elle implique une nouvelle condition imposée à la 
fonction, n’a guère préoccupé les géomètres que dans 
ces derniers temps. 

» La plupart des auteurs qui écrivent sur le calcul dif- 
férentiel ne la soulèvent même pas, et se contentent 
d'admettre Vexistence de la dérivée dans les fonctions 
qu’ils considèrent, sauf, bien entendu, pour des valeurs 
exceptionnelles de la variable : d’autres ne traitent que 


Y ve vu 


yvy 


eeen ë 
TED neen tengere teen: 
A eee 


( 361 ) 

» quelques points du problème, et reproduisent, à peu de 
> chose près, la démonstration, très-insuffisante, qu’ Am- 
y Pe a donnée dans le Journal de PÉcole polytech- 
D nique. » 

« Le seul géomètre, à notre connaissance, qui ait traité 
» ce sujet d’une manière approfondie, est M. Lamarle, 
» dont le mémoire, publié dans les recueils de notre Aca- 
» démie, paraît avoir échappé à l'attention d'un grand 
» nombre de géomètres. Dans ce travail remarquable, 
» M. Lamarle s’est proposé d'établir que le rapport de 
» l'accroissement d’une fonction continue de x à celui 
» de la variable tend généralement vers une limite finie, 
» déterminée, variable avec x, lorsque l'accroissement 
» de x tend vers zéro; et que ce rapport ne peut croître 
» indéfiniment, ou osciller sans fin entre deux dimites 
» distinctes, que pour des valeurs particulières de x, 
» séparées les unes des autres par des intervalles déter- 
» Minés. ……… » © 


» daient comme difficile, ou même comme impossible, de 
» démontrer l’existence de la dérivée en général, en tant 
» que résultant nécessairement de la continuité de la fonc- 
» tion, aucun, pensions-nous, n'allait jusqu'à mettre en 
> doute la propriété même qui faisait l’objet de cette dé- 
» monstration. Un géomètre allemand, M. Hermann Han- 
» kel, professeur à l’Université de Tubingue et disciple 
» distingué de Riemann, nous a ôté cette illusion. Dans 
> un mémoire publié en 1870, non-seulement M. Hankel 
» admet parfaitement l'existence de fonctions continues 
> qui n’ont point de dérivée, nous il formule un principe 
> général, auquel il donne le nom de Condensation des 
» singularités, et qui permettrait d'en construire un 


( 362 ) 
». nombre indéfini. IH donne même divers exemples. de 
» semblables fonctions...... > 
Le mémoire de M. Gilbert se compose de deux parties. 
Dans la première, dit-il : « Nous mettons en relief quel- 
» ques-unes des principales erreurs commises par M. Han- 
» kel, de manière à ne laisser aucun doute sur Vinanité 
» de ses conclusions. » 
_« La seconde partie est encore, sous un autre point de 
» vue, la réfutation des théories de M. Hankel. Repre- 
» nant, sans y rien changer d'essentiel, la méthode ex- 
» posée par M. Lamarle dans son beau mémoire, nous 
» essayons d'établir directement l'existence générale de la 
» dérivée dans toute fonction continue. » 
Après celte indication sommaire des deux problèmes 
traités par M. Gilbert, je passe à l’analyse des parties prin- 
cipales de son important mémoire. 


L 


p (y) représentant une fonction qui, pour toutes les 
valeurs de y comprises entre —1 et +1, sauf pour y—0, 
ait une valeur unique, déterminée , comprise entre — 1 et 
+ 1, et variant d’une manière continue avec y, M. Hankel 
considère la série 


+ ọ (sin nrz) 
1 në 4 


dans laquelle la constante s surpasse 3. La somme de cette 
série toujours convergente étant désignée par f(x), si l'on 
considère -la courbe dont l'équation est z—f(x), cette 
courbe, suivant M. Hankel, est tellement imprégnée de la 
singularité que & (y) présente exclusivement pour y=0, 


ES EE Een ee ETE 


SD te ot A PTE ee CS E 
$ 


ts ee to à ue de RU 


(365 ) 
qu'elle en sera affectée en un nombre infini de points 
appartenant à un intervalle fini quelconque. 

Pour’établir cette proposition paradoxale, M. Hankel 
S'appuie sur la continuité de f(x ); mais la manière dont il 
prouve cette continuité laissant beaucoup à désirer, pa- 
rait-il, notre confrère part de l'équation 


feb) f@)=N p [sin ged) —? (sin nza] de u) 


dans laquelle p désigne un très-grand nombre entier, 
et 6, une fraction proprement dite; puis il démontre, 
d’une manière simple et rigoureuse, le lemme employé 
par l’auteur allemand. : 


H. 
M. Hankel rinsi ainsi équation (1) : 


fla + e) — ft) 


mE 


€ 
np  ? si 5 r 9 : 
ee > pass .+)] cos neler hajt ——5 (2) 
LESI n°"! k E 
: CE ARE 

après quoi, faisant ‘tendre e vers zéro et p vers l'infini, 
simultanément, il pense démontrer que : 

1° Pour toute valeur incommensurable de x, 


== / 


ros LEE oo nv; « 
1 à 


9 Pour toute valeur commensurable de x, le premier 
membre de l'équation (2) ne tend vers aucune limite déier 
minée : en chacun des points correspondant a ces valeurs 


( 364 ) 
commensurables de x, la courbe considérée n’a pas de tan- 
genle. 

M. Gilbert discute, avec beaucoup dë sagacité, les p 
logismes commis par M. Hankel. L'un eux , réduit à 
plus simple expression, peut être énoncé ainsi : La pek 
d'une somme composée d’un nombre indefiniment grand 
de parties , est égale à la somme des limites de ces parties; 
et Fon sait que ce principe faux conduit aisément à l'équa- 
tion 1 —0. 

HE. 


« Concluons done, » avec notre confrère, « que le prin- 
cipe de la condensation des singularités ne repose sur 
aucun fondement; et que l'existence de fonctions tou- 
jours continues, n’ayant point de dérivée déterminée, 
pour une infinité de valeurs de la variable, comprises 
dans un intervalle ces a reste encore à démon- 
irer. » =- 


v o y v vw y 


‘+ 


Ev: 


Les diverses propositions énoncées par M. Hankel n'étant 
point justifiées, on peut se demander si elles sont fausses. 
M. Gilbert aurait rendu son travail encore plus intéres- 
sant et plus instructif s’il avait démontré, directement, 
l’inexactitude de l'équation (4) et des autres relations d'où 
le géomètre allemand tire des conséquences si> paradoxales. 
Mais, ainsi que me l’a fait observer notre savant confrère, 
à défaut d’une preuve directe, peut-être bien difficile à 
trouver (° ), la seconde partie de son mémoire constitue, vé- 
rita nt, une démonstration de la fausseté des proposi- 
E te 


n E 


AN ENT 


Li 365 ) 
tions dont il s'agit. En effet, si, pour toutes les valeurs de 
x comprises entre deux quantités À, B, aussi voisines qu'on 
le veut, le rapport {SEO 7% tend vers une limite finie 
et dtemiiée. l'impossibilité des courbes imaginées par 
M. Hankel sera une chose certaine. 


Vas 


Dans cette seconde partie, intitulée : Existence de la 
dérivée dans les fonctions continues d'une seule variable, 
M. Gilbert reprend et simplifie la méthode employée au- 
trefois, par notre éminent confrère M. Lamarle (‘). L'un 
des Prineipami théorèmes à établir peut être énoncé en 
ces termes 

Si, à partir d'une valeur quelconque x de la variable, 
comprise dans l'intervalle (A, B), on donne à cette variable 
Un accroissement h, l'accroissement correspondant de la 
fonction finira, eN GÉNÉRAL, par rester de même signe 
lorsque h tendra indéfiniment vers la limite zéro. 

Pour démontrer cette proposition, M. Gilbert examine 
d'abord si ‚pour une valeur quelconque de x, comprise dans 
l'intervalle considéré, l'accroissement f(x+h)—f(x) peut 
Changer indéfiniment de signe lorsque h tend vers zéro; 
autrement dit : un arc continu, limité à deux points À, B 
aussi voisins qu’on le voudra, coupe-t-il nécessairement, 


une infinité de fois, toute parallèle à Vaxe des abscisses, 
menée par un point quelconque de cet arc? La réponse 


est négative; et, en conséquence : 
€ 1° Sauf pour certaines valeurs isolées et exception- 


C) Étude hrs sur les deux rend … (BULL. DE L'ACAD,- 
{re sér T XXI, De part., 


( 566 ) 

» nelles de la variable x, la différence f(x+h)—f(x) 
» finit, lorsque h tend vers zéro, par garden constamment 
» un même signe; 

» 2 Les fonctions continues qui, pour chaque valeur 
» rationnelle de x, effectuent, suivant l'hypothèse de 
» M. Hankel, une infinité d’oscillations tp iniment pe- 
» tites, sont impossibles. » 


VI. 


Après avoir élucidé cette première partie de la théorie 
des dérivées, ou plutôt a ne existence, M. Gilbert consi- 
dère le rapport à {e+ 5 d x étant une valeur quel- 
conque, intermédiaire entre A et B; et faisant tendre h 
vers zéro, il discute, comme l’a déjà fait M. Lamarle, les 
quatre hypothèses suivantes (”) : 

1° À tend vers zéro; 

2 À croît indéfiniment; 

3 À oscille entre deux quantités constantes, sans tendre 
vers une limite fixe ; 

4 À converge vers une limite déterminée, finie et diffe- 
rente de zéro. 

Par une série de raisonnements très-serrés et même 
très-abstraits, l'honorable auteur prouve que les trois pre- - 
mières sont inadmissibles. Reste donc la quatrième; et, 
en conséquence : 

Si la fonction f(x) est continue depuis x— À jusqu'à 
x=B, le rapport À tend généralement vers une limite dé- 
terminée, finie et différente de zéro, pour des valeurs quel- 


D en Ee E 


(*) Évidemment, ce sont les seules possibles. 


( 367 ) 
conques de x comprises dans l'intervalle (A, B); en sorte 
que les valeurs de x pour lesquelles cette condition n’est 
Point vérifiée seront, nécessairement, des valeurs isolées, 
exceptionnelles, séparées les unes des autres par des inter- 
valles finis. ; 
VI. 


La longue analyse dont je viens de donner lecture fera 
Comprendre, je Pespère, importance et le mérite du nou- 
Veau travail de M. Gilbert. Si, malgré les éclaircissements 
qu'il m'a donnés par lettres, quelques-uns des arguments 
de notre savant confrère n'ont.pas amené chez moi une 
conviction complète, la raison en est due sans doute à la 
difficulté dn sujet que nous discutions : on sait qu'il est 
presque toujours impossible de prouver ce que l’on est 
tenté de regarder comme évident; par exemple, le postu- 
latum d’Euclide. 

Quoi qu’il en soit, M. Gilbert a montré la fausseté des 
démonstrations employées par un géomètre qui pouvait 
faire école; il a traité, avec beaucoup de talent, une ques- 
tion de principe, sur laquelle la plupart des auteurs ne 
S'arrêtaient pas; il a done complété, dans une partie im- 
portante, l’enseignement du calcul différentiel. 

En conséquence, j'ai l’honneur de proposer l'impression 
_ de son mémoire dans un des recueils de l’Académie. , 


NOTE. 


_— 


La courbe représentée par 


EP Teens ae o Ë 


donne lieu aux remarques suivantes : 


1° L'ordonnée à l’origine est comprise entre + — DE c'est-à-dire 


entre + +; 


> æ ne surpassant pas l'unité, y est compris entre 


1 n+1 5 1 
Elan (at 
n 2 Ka = 2 Han, 


5 Lorsque œ troit indéfiniment, y tend vers une limite égale à 1. 
La courbe a donc une asymptote indépendante de n; 

i 25 n, 
de La dérivée de y devient indéterminée pour x = io =’ 
Il y a donc, du côté -e ende iben n pure à tangente indéter- 

minée : ces poin nts des lonnées et la parallèle à cet 
» repr résentée par x = 
g Si Ton fait croître n détaiment. le second membre de l'équation (1) 
„tend vers une certaine fonction de x, ?(æ), continue, telle que ọ(0) est 
comprise enire diete 


y= + (2) On 

représenté une courbe ayant une infinité de points à tangente indéter- 
minée, dont les abscisses sont comprises entre 0 et 1 

J'appelle, sur ce point, l'attention de mon savant confrère M. Gilbert. 

Pa e r î à 1 de na rapport, auxquelles 
a adhéré M. Steichen, second commissaire, la classe a décidé 
l'impression du mémoire de M. Gilbert dans le recueil in-8” 
. et celle des rapports dans les Bulletins de la séance. 


( 369 ) 


Sur le calcul de la densité moyenne de la terre, d'après 
les observations d’Airy ; par M. F. Folie, correspondant 
de l’Académie. 


” Rapport de M. Liagre. 


« Airy a publié, dans les Transactions philosophiques 
de 1856, un mémoire ayant pour objet la détermination 
de la densité moyenne de la terre, par la comparaison des 
observations du pendule à la surface du sol et au fond d’un 
Puits de mine. On s’explique facilement la possibilité de la 
Solution d’un pareil problème : l'attraction exercée sur un 
Corps situé soit à la surface, soit à l’intérieur d’une sphère 
matérielle, est uhe fonction de la densité de cette sphère, - 
fonction que les règles de la mécanique permettent de for- 
muler algébriquement ; d’un autre côté, la comparaison 
des oscillations du pendule observées en ces deux points, 
fournit ane expression numérique du rapport des attrac- 
tions qui y sont exercées. On a donc tout ce qu'il faut 
Pour établir une équation qui renferme la densité de la 
Sphère comme seule inconnue. 

On voit en même temps que le résultat auquel on par- 
vient doit être d'autant plus exact, que les deux nombres 
comparés différeront davantage, autrement dit, que le 
Puits sera plus profond. | 

Le nombre 6,566, auquel Airy est parvenu par ce moyen, 
SUrpasse d’une unité au moins celui que l’on avait trouvé 
Auparavant pour la densité moyenne de la terre; et cepen- 

ant les observations du savant anglais ont été faites avec 
un soin et une précision extrêmes, et la méthode qu'il a 
suivie est incontestablement la plus sûre entre toutes 
celles qui exigent la connaissance préalable de la densité 


( 370 ) 
superficielle du globe, donnée qui malheureusement est 
assez hypothétique. 
‘rappé de l'écart considérable que je viens de signaler, 
notre confrère, M. Folie, s'est demandé s'il ne s'était pas 


glissé quelque imperfection dans la manière dont Airy 


avait soumis au calcul le résultat de ses observations, et 
son attention s’est principalement portée sur la particula- 
rité suivante : ; 

Airy admet que la totalité de la couche sphérique ayant 
pour épaisseur la profondeur du puits, n’exerce aucune 
attraction sur un point situé au fond de ce puits, absolu- 
ment comme si la couche avait partout la densité uni- 
forme 2,5 qu’il a trouvée pour la partie située dans le voi- 
sinage de la mine. Or, la densité de cette dernière partie 
doit évidemment être supérieure à la densité moyenne du 
reste de la couche, dont les trois quarts environ sont 
formés par les eaux de la mer. M. Folie réduit celle-ci à 
1,4, nombre qui me paraît devoir être beaucoup plus prés 
de la vérité, et il arrive ainsi à une densité moyennê 6,439, 
inférienre de 0,137 à la valeur obtenue par Airy, et se rap- 
prochant un peu plus du résultat fourni par la balance de 
torsion. : 

Quant à la valeur 2,5, admise par Airy pour la densité 
de la calotte de trois milles anglais de rayon située dans le 
voisinage du puits de mine, M. Folie a dû la conserver; 
mais il fait observer avec raison qu’elle résulte uniquement 
d'observations géologiques faites sur la verticale du puits, 
et que des recherches étendues plus loin pourraient la m0- 
difier d'une manière sensible. j 

Dans le problème en question, une légère variation suf 


la valeur des données est de nature à exercer une grande 


influence sur la valeur du résultat définitif, et c'est là, me 


paraît-il, le point faible de la méthode appliquée par Ai 


(371) 


Bien que les modifications apportées par notre confrère 


au travail d'Airy n’apportent qu'un changement très-léger 


au résultat obtenu par le savant anglais, je pense que la 


publication de la notice de M. Folie pourra attirer utile- 


ment l'attention des géologues sur le sujet intéressant qui 
y est traité, et j'ai l’honneur d’en proposer l'insertion dans 
nos Bulletins. » 


Rapport de M, Gilbert. 


« Le rapport de mon savant confrère M. Liagre fait 
Connaitre l’objet du travail de M. Folie, la méthode qu'il a 
suivie, le résultat auquel il est parvenu. Dans l’examen que 
Jai fait de ce travail, je me suis borné à en considérer 
Spécialement la partie géométrique, celle qui est relative 
au calcul de l'attraction d’une couche sphérique décom- 
posée en deux parties d’inégale densité. L'hypothèse sur 
laquelle s'appuie le calcul de M. Folie, relativement à la 
densité de la couche superficielle du globe, me paraît d’ail- 
leurs plus rationnelle que celle du géomètre anglais. Je 
dois observer toutefois que, si l’on admet la théorie de 
Laplace sur la loi de la densité dans l'intérieur de la terre, 
a si l’on admet 5,44 pour le nombre qui exprime la den- 
sité moyenne du globe, on est conduit à attribuer à la 
Couche superficielle cette même densité 2,5 qu’a adoptée 
M. Airy. Une densité moyenne de 6,4 conduirait probable- 
ment encore à un nombre plus élevé. — 

Au reste, il faut bien avouer que toutes nos données Sur 
ce point (la densité superficielle moyenne de la terre) ont 
Un caractère fort hypothétique; et M. Folie a fait, à mon 
avis, une chose utile en déterminant l'influence qu'une 
erreur commise dans l'évaluation de cette densité, surtout 


. 


+ 


l'impression dans les Bulletins de l'Académie. 


(372 ) | - 
au voisinage. du puits de mine, exercait sur le résultat 
final. Peut-être y aurait-il lieu de soumettre le pres 
même de la méthode adoptée par M. Airy à un examen 


plus rigoureux qu’on ne l’a fait jusqu'ici. 


D'accord avec M. Liagre, j'ai l'honneur de proposer à 
la classe l'insertion du travail de M. Folie dans les Bul- 
letins. » 


Conformément aux conclusions de ces rapports, la classe 
a décidé impression du travail de M. Folie dans les Bul- 
letins. 


Matériaux pour la faune belge, deuxième note, Myria- 
podes; par M. Félix Plateau. 


Rapport de M, P.-J. Van Beneden. 


« En 1870, M. Plateau a communiqué une notice gn 
les crustacés Isopodes terrestres, dont nous avons demande, 


A la dernière séance, M. Plateau a envoyé une autre no 
tice, qui a pour objet les Myriapodes et qui porte pour titre 
Matériaux pour la faune belge. : 

Cette notice est terminée par une courte addition à la 
liste des Isopodes terrestres. 

Nous avons toute confiance dans les soins que M. Pla- 
teau a mis dans la détermination des espèces et à leur 
synonymie; et comme ce travail doit contribuer à mieus 
faire connaître une partie de la faune du pays, surtout une 
partie dont on s’est peu occupé, j'ai l'honneur d'en de- 
mander l'impression dans les Bulletins. » 


B. (373) 
Rapport de M, de Selys Longchamps. 


« J'apprécie comme mon savant confrère M. Van Be- 
neden l'utilité des travaux du genre de ceux que nous a 
successivement présentés M. Félix Plateau sur les Crustacés 
d'eau douce, sur les Isopodes terrestres, et enfin aujour- 
dhui sur la classe des Myriapodes. La notice qui nous est 
Soumise est un catalogue raisonné, accompagné d’observa- 
tons et de descriptions partielles propres à faire recon- 
naître les espèces nouvelles ou difficiles à distinguer. Il y 
a deux planches au trait, nécessaires à l'intelligence du 
texte, et qui semblent dessinées avec un très-grand soin. 

Les Myriapodes de Belgique n’ont jamais été étudiés 
d’une manière spéciale. En nous présentant sa notice, qui 
comprend vingt-quatre espèces, réparties en onze genres, 
M. Plateau a comblé une des lacunes encore trop nom- 
breuses qui existent dans la connaissance de la faune indi- 
gène. 


d 
i 


Je me rallie donc avec empressement aux conclusions 
de mon honorable confrère, premier commissaire. » 


Mono Mr Sin oek ii à dir a onde cn vos CURE lide 


Rapport de M. Candèze. 


EE Ar RS te des D ES 


t Comme mes savants collègues , MM. Van Beneden et 
de Selys Longchamps, je propose d'insérer le Mémoire de 
M. F. Plateau dans les Bulletins. » 


E es Sa'd 


Conformément aux conclusions de ces rapports, le tra- 
vail de M. F. Plateau prendra place dans les Bulletins avec 
les deux planches qui l'accompagnent. 


a rg AGE É 


27° SÉRIE, TOME XXXII. - 26 


(374) 


Sur la nouvelle rédaction du mémoire de M. Saltel concer- 
nant les courbes géométriques. 


Rapport de M, Gilbert. 


« L'Académie avait décidé, sur la proposition de M. Ca- 

talan et la mienne, que le second mémoire de M. Saltel 
ayant pour titre: Études sur certains systèmes de courbes 
géométriques, serait renvoyé à son auteur, avec prière d'en 
élaguer des détails sans importance et d'en améliorer la 
rédaction. M. Saltel ayant satisfait à ce que l’Académie dé- 
sirait de lui, et réduit considérablement l'étendue de son 
travail par un choix judicieux des parties à conserver, je ne 
vois plus rien qui s ‘oppose à ce que ce second mémoire soit, 
comme le premier, imprimé dans les recueils de l’Académie. 
Les incorrections qui subsistent çà et là dans la rédaction 
sont de nature à être corrigées pendant l'impression. 
_ Je crois utile de consigner ici une observation. M. Saltel 
avait donné primitivement, à la transformation géomé- 
trique qui forme la base de ses recherches, le nom disgra- 
cieux de transformation désarguesienne. Sur l'observation 
très-juste de notre confrère M. Catalan , que l’on ne disait 
pas : la géométrie descartésienne, mais la géométrie carté- 
sienne , il s’est décidé à substituer à la dénomination pre- 
miète li de transformation arguesienne, qui nous para 
préférable de tout point. » 


Conformément aux conclusions de ce rapport, auquel à 
souscrit M. Catalan, second commissaire, la classe a voté 
Pimpression du travail de M. Saltel dans le recueil des 
Ea in-8°. 


( 375 ) 
—M. Duprez a donné son avis sur une note de M. Bra- 
chet concernant un réfracteur binoculaire. 
Ce travail, ayant déjà été communiqué à l'Académie des 
sciences de Paris, sera déposé aux archives. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Sur Paurore boréale du 10 au 11 avril 1872, par M. Ad. 
Quetelet, secrétaire perpétuel de l'Académie. 

D'après diverses communications insérées dans les 
recueils scientifiques, une aurore boréale a été vue à 
Liverpool et dans le nord de l'Angleterre pan la 
soirée du mercredi 40 avril dernier. 

À Bruxelles, ce phénomène s'est manifesté par une per- 
turbation magnétique, qui a commencé, d’après les indica- 
tions relevées à l'Observatoire royal, vers 3 heures de 
l'après-midi, L'observation du ciel jusque vers 10 heures 
wa pas montré de traces fumineuses; à 9 heures du soir 
le ciel était presque couvert et n’avait que 2 degrés de 
Sérénité. Il était parsemé de cumulus et présentait quel- 
ques éclaircies. 

: D'après une lettre de M. L. Henry, correspondant de 
l’Académie, une immense traînée lumineuse a été apercue 
Cette même nuit à Louvain, vers 2 */, heures du matin, 
Par un temps d’un calme parfait et fort doux, dans la 
direction du nord. Cette traînée s'étendait depuis l'hori- 
zon jusque vers le Zénith à peu près. A côté, à gauche, 
C'est-à-dire vers l'ouest, M. Henry a cru remarquer aussi 

Quelques trainées de lumière moins éclatantes, moins éten- 
dues et assez diffuses. 


+ 


( 576 ) 

Notre confrère terminait sa lettre en disant que, sans 
doute, il n’a assisté qu’à la fin du phénomène, car quelques 
instants plus tard, presque tout s'était évanoui. 

Les barreaux aimantés de l'Observatoire royal de 
Bruxelles ont encore présenté des traces de perturbation 
le 8 avril, vers 10 heures du soir, le 44 avril vers 5 heures 
du soir, le 45 avril de 3 heures à 40 heures du soir et le 
16 vers 3 heures du soir. 


Sur la mesure des sensations physiques, et sur la loi qui 
lie Vintensité de ces sensations à l'intensité de la cause 
excitante; par M. J. Plateau, membre de l’Académie. 


E. H. Weber avait nettement établi, vers 1853, je 
pense, un fait remarquable, déjà entrevu par plusieurs 
physiciens, savoir que la plus petite différence perceptible 
entre les intensités de deux causes excitantes de même 
espèce, est une fraction à peu près constante de l'inten- 
sité de l’une d'elles. Fechner, dans deux publications ("); 
l’une de 1859, l’autre de 1860, a déduit de là une relation 
entre lintensité de la sensation et celle de la cause; 5! 
l’on désigne la première par S et la seconde par E, celte 
relation, qui exprimerait la loi suivant laquelle la sensation 
croît avec la cause, est : 


PARC 2. 7: 0 
A et C étant des constantes. 


(*) Ueber ein wichtiges payébophysieches Gesetz (Leipzig, name s 
LA SOCIÉTÉ SAXONNE DES SCIEN vol. IV, 
_P-457). — Elemente der de Leipzig. 


, 


( 3717 ) 

L'idée d'évaluer jusqu’à un certain point les sensations 
physiques s’était présentée à moi une vingtaine d’années 
auparavant, et j'avais commencé sur ce sujet une série d’ex- 
périences ; mais, entraîné par d’autres recherches, je ne les 
ai pas continuées. La note actuelle n’a point pour but de 
réclamer la priorité de l’idée dont il s’agit, puisque mes 
Premiers essais n’ont pas été publiés; mais-comme la mé- 
thode que j'ai suivie s'appuie sur un principe absolument 
différent de celui qui sert de base à la formule de Fechner, 
et comme, d’ailleurs, le résultat qu’elle m’a donné révèle 
en nous une faculté particulière d'estimation, je ne crois 
Pas sans intérêt de la faire connaître. 

Lorsque nous éprouvons, soit simultanément, soit suc- 
cessivement , deux sensations physiques de même espèce 
inégales en intensité, nous jugeons aisément laquelle des 
deux est la plus forte, et nous pouvons, en outre, décider 
Si leur différence est faible ou considérable; mais il semble 
que là doit s’arrêter la comparaison, du moins si nous nous 
bornons à une appréciation directe, et qu'il faut nous 
considérer comme incapables d'évaluer ainsi le rapport 
numérique des intensités de ces deux sensations. Cepen- 
dant, en examinant la question de plus près, nous reconnai- 
trons bientôt que le jugement que nous portons sur ces 
Intensités relatives n’est pas aussi vague qu’il le paraît au 
Premier abord. Prenons pour exemple la sensation de la 
lumière : quand nous disons qu’un objet est d’un gris clair, 
nous entendons évidemment par là que ce gris est plus 
rapproché du blanc que du noir, ce qui équivaut à dire que 
l'intensité de la sensation qu’il produit en nous est supe- 
rieure à la moitié de celle de la sensation que produirait un 
objet blanc placé dans les mêmes conditions d'éclairement. 
Quand nous disons, au contraire, qu’un objet est d’un gris 


A 


(378) 


sombre, nous entendons par là que ce gris est plus voisin 


du noir que du blanc, ou, en d’autres termes, que linten- 
sité de la sensation qui lui correspond est inférieure à la 
moitié de celle de la sensation correspondante à un objet 
blanc exposé à la même lumière. Enfin nous pouvons nous 
procurer un gris placé entre les gris clairs et les gris som- 
bres, et qui nous paraisse exactement aussi distant du noir 
que du blanc; or on comprend que l’appréciation de ce der- 
nier gris pourra se faire avec une certaine précision, et, s'il 
en est effectivement ainsi, on aura de cette manière un gris 
produisant une sensation dont l'intensité différera fort peu 
de la moitié de celle de la sensation produite par le blanc. 

Je viens de dire que la détermination d’un gris parais- 
sant exactement intermédiaire entre le noir et le blanc, 
est susceptible d’une assez grande exactitude. En effet, si 
lon prend trois carrés de papier d’égales dimensions, le 
premier enduit d’une couleur blanche bien pure, le second 
d’une couleur grise, et le troisième d’une couleur noire 
très-intense, puis qu’on les juxtapose de manière que le carré 


gris se trouve entre les deux autres, on pourra juger si le 


blanc contraste avec le gris plus ou moins fortement que 
ce gris ne contraste avec le noir, et l’on n'aura qu’à modifier 
ensuite par tâtonnements la teinte du gris, jusqu’à ce que 
les deux contrastes semblent bien égaux. 

Toutefois, avant d'adopter en principe qu’un jugement 
de cette nature pouvait donner un résultat assez précis, 
j'ai voulu m’assurer de la chose par l’expérience, et, dans 
ce but, j'ai eu recours au moyen suivant : J'ai prié séparé- 
ment plusieurs personnes s'occupant toutes de peinture, et, 
par conséquent, accoutumées à l’examen et au maniement 


des teintes, de me former chacune, par le procédé indiqué. 
ci-dessus, en employant des couleurs à l'huile, eten expo- 


( 579 ) 

sant le système des carrés à la simple lumière du jour, un 
échantillon du gris intermédiaire dont il s’agit. Il est évident 
que si l'appréciation de légalité des deux contrastes repose 
Sur un sentiment vague, les gris fournis par ces personnes, 
qui étaient au nombre de huit, devaient présenter entre eux 
des différences très-notables, tandis que si ce même senti- 
ment à de la netteté, tous ces gris devaient se rapprocher 
beaucoup les uns des autres. Or c'est ce dernier cas qui est 
arrivé : les huit échantillons de gris se sont trouvés pres- 
que identiques. En les juxtaposant par ordre depuis le plus 
clair jusqu’au plus sombre, j'ai pu choisir parmi eux celui 
qui me paraissait moyen entre tous, et ce dernier devait 
Conséquemment être extrêmement voisin du gris qui pro- 
duit une sensation exactement intermédiaire entre celles 
que déterminent une couleur blanche et une couleur noire 
bien pures. 

À la vérité, le noir le plus intense qu’on puisse obtenir 
par la peinture réfléchit encore une petite quantité de 
lumière, de sorte que la sensation correspondante au gris 
ci-dessus était nécessairement quelque peu supérieure à la 
moitié de celle que fait naître le blanc; mais la différence 
était sans doute fort minime, et d’ailleurs il serait facile de 
disposer les expériences de façon à substituer au carré 
enduit d’une couleur noire, un espace entièrement privé 
de lumière et donnant ainsi un noir sensiblement ab- 
solu (7). : 

On peut, par le même procédé d'estimation, se procurer 
un gris exactement intermédiaire entre le précédent et le 


(°) Je fais ici abstraction de la faible sensation de lumière rt 
queles yeux percoivent même dans l'obscurité la plus complète, et qui 
due à des actions physiologiques. 


A 


( 380 ) 
noir, et ce second gris excitera, par conséquent, une sen- 
sation dont l'intensité sera égale au quart de celle de la 
sensation du blanc. On peut ensuite, toujours de la même 


- manière, chercher un troisième gris, intermédiaire entre 


le blanc et le premier, et ce troisième gris fournira une 
sensation dont l'intensité sera égale aux trois quarts de 
celle de la sensation du blanc; d'où-l'on voit que les inten- 
sités des sensations correspondantes aux cinq teintes, de- 
puis le noir jusqu’au blanc, seront entre elles comme les 
nombres 0, 1, 2, 5, 4, Enfin on pourra multiplier à volonté 
les nuances intermédiaires, et l’on obtiendra de la sorte 
une échelle de sensations dont les intensités auront entre 
elles des rapports connus. 

Ainsi, bien que nous n'ayons pas la faculté d'estimer 
d'une manière directe le rapport d'intensité de deux sensa- 
tions de lumière, nous possédons une autre faculté, qui 
nous permet d'arriver indirectement à la valeur de ce rap- 
port : cette faculté consiste en ce que nous apprécions net- 
tement légalité entre deux contrastes. Par là nous pou- 
vons, on la vu , arriver à construire une échelle de teintes 
produisant des sensations qui croissent en progression 
arithmétique ; et si nous faisons en sorte que le premier 
terme de cette progression soit zéro, les autres termes 
seront entre eux comme les nombres 1, 2,3, 4, 5, ete. 

- On doit regarder comme probable que la même faculté 
de juger de l'égalité de deux contrastes existe aussi, à un 
degré plus ou moins prononcé, à l'égard des sensations 
autres que celle de la lumière, par exemple à l'égard de ia 
sensation du son, de la sensation de la chaleur, etc. Des 
expériences convenablement dirigées apprendraient s'il en 


est réellement ainsi, et, dans ce cas, on pourrait également 


se procurer des sensations de son, de chaleur, etc., dont 


(381) 


les intensités auraient entre elles des rapports déterminés. 


Revenons aux sensations de lumière. Quand on aura 
formé l'échelle dont j'ai parlé en rendant les teintes assez 
nombreuses pour que la différence de chacune d'elles à la 
suivante soit petite, on pourra trouver aisément le rapport 
exact ou très-approché entre les sensations correspondantes 
à deux gris donnés : il suffira de chercher , sur l'échelle, 
quelles sont les deux nuances qui présentent respective- 
ment le même degré de foncé que les deux gris dont il 
s'agit. Si elles s’y trouvent exactement, elles donneront 
directement le rapport des deux sensations; das le cas 
contraire, on cherchera, pour chacun des deux gris donnés, 
es deux nuances de l’échelle entre lesquelles il est immé- 
diatement compris, et le rapport des sensations s’obtiendra 
alors approximativement à l’aide d’une interpolation.  * 
Je n’ai considéré jusqu'ici que des sensations de lumière 
incolore ; mais la couleur constitue une qualité absolument 
indépendante de l'intensité. On peut concevoir deux sen- 
sations très-différentes quant à la couleur, et ayant des in- 
lensités exactement égales : on peut, par exemple, peindre 
deux carrés l’un en rouge et l’autre en vert, dont les teintes 
aient précisément le même degré de foncé, de manière que 
leur juxtaposition produise uniquement un contraste de 
couleur, et nullement un contraste d'intensité. Il suit de là 
que notre échelle de teintes grises servira de même à 
trouver le rapport entre les intensités de deux sensations. 
de couleurs quelconques. : 

Je n’ai point fait entrer comme élément dans l'emploi 
de l'échelle , le plus ou moins d'intensité de la lumière qui 
éclaire cette échelle ; en d’autres termes, j'ai admis tacite- 
ment que les rapports entre les intensilés des sensations 
correspondantes aux différentes teintes de l'échelle étaient 


( 382 ) 
sensiblement indépendants du degré de l'éclairement com- 
mun de ces teintes. Mais c'est ce qui était permis, semble- 
t-il, d’après le résultat de l'expérience; en effet, je m'avais 
fait, aux personnes qui m'ont prêté leur concours, d'autre 
recommandation à l'égard de l'éclairement des carrés, que 
d'opérer à la simple lumière du jour, lumière qui est très- 
variable, puisqu’elle dépend de l'heure de la journée, du 
plus ou moins de pureté de l'atmosphère, de l'exposition de 


la fenêtre par laquelle on la reçoit , ete. ; et comme les per- 


sonnes dont il s’agit ont opéré isolément et à des époques 


différentes, il est évident que les huit échantillons de 


gris doivent avoir été obtenus sous des éclairements très- 
inégaux ; or, comme je Pai dit, ces gris n’ont présenté entre 
eux que des différences fort légères, et celles-ci pouvaient 
légitimement être attribuées à la petite incertitude insépa- 
rable des jugements de contraste. 

On reconnaîtra d’ailleurs , d'une autre manière, que les 
rapports entre les intensités d 4 corresp nies 
à différentes teintes varient peu avec l'intensité de l'éclai- 
rement commun de ces teintes : chacun sait que l'effet 
d’une gravure demeure sensiblement le même, soit qu'on 
regarde cette gravure à la lumière du jour, soit qu'on la 
considère à la lumière d’une bougie, à celle d'un bec de 
gaz, ou même à celle du soleil; ces éclairements si diffé- 
rents n’apportent pas de changement bien notable dans les 
relations entre les parties claires et les parties ombrées, à 
moins toutefois que l'imagination ne supplée aux altéra- 


tions de l'effet général (°). 5 


ee 


(*) La formule de Fechner conduit à cette conséquence que, gen 
l'éclairement commun varie, ce sont les différences des sensations qui 


- 


| ( 385 ) 

Mais si le rapport des intensités des sensations dues à 
deux teintes inégales est indépendant du degré de léclaï- 
rement commun de ces teintes, on arrive à une formule 
Qui ne coïncide pas avec celle de Fechner. En effet, posons, 
d'une manière générale, S—F (E); la fonction F devra 
être telle que pour E—=o, l’on ait aussi S—0, et que S 
croisse avec E. Cela posé, imaginons que l'on regarde 
deux carrés contigus de teintes inégales, lun blanc et 
l'autre gris, éclairés par une certaine lumière, telle que 
celle du jour. Ces deux carrés enverront respectivement à 
l'œil deux lumières dont les intensités auront entre elles 
Un rapport déterminé que nous désignerons par r. Si en- 
suite nous exposons ces mêmes carrés à une lumière m 
lois plus forte, à celle du soleil, par exemple, chacun des 
Carrés enverra alors à l'œil une lumière m fois plus intense 
que sous le premier éclairement, de sorte que le rappôrt 
entre les intensités de ces deux lumières sera encore r. 

upposons maintenant que les intensités des sensations 

correspondantes aux deux teintes conservent exactement 
un même rapport quand on fait varier Péclairement com- 
Mun, et donnons successivement à celui-ci des valeurs E’, 
EE” Er, ete., telles que le quotient de l’une quelconque 
d'entre elles par la précédente soit constant; les valeurs 
Correspondantes de S seront aussi telles que le quotient de 
l'une quelconque d'entre elles par celle qui la précède sera 
Constant. Done, en d’autres termes, si E croît suivant une 
Progression géométrique, S croîtra aussi suivant une pro- 
sression géométrique. 
Lei enne ee a 
Meurent constantes; il m'a paru plus rationnel, pour rendre raison du 
Maintien de l'effet général de la gravure, d'admettre a priori la constance 
des rapports , et non des différences, entre les s i 


i 


(384) 

D'après cela, soit B le premier terme de la progression 
suivant laquelle on fait croître E, et soit À le facteur con- 
stant de cette progression; on aura, pour représenter le 
n° terme, expression 


RBA 4 a 


désignant de même par C et par y le premier terme et le 
facteur constant de la progression suivant laquelle croit S, 
on aura, pour le terme de même rang de cette seconde 
progression 

S C mi, 


Maintenant, puisque u et À sont constants, on peut poser 
p=}, l’exposant p étant également constant, ce qui 


sa (Pt Cet 2 Fil 


Éliminant à*—! entre les équations [2] et [3], il vient 
S= Er, ou, remplaçant la quantité constante 7 Par une 
seule lettre A, a 

Se re ue er [4] 


équation dans laquelle p peut être moindre que Punité. 
Telle est done la relation à laquelle on parvient dans 
l'hypothèse de l'indépendance entre le rapport des sensa- 
tions de deux teintes inégales et l'éclairement commun de 
ces teintes. , 
_ La loi exprimée par notre formule [4] diffère essentiel- 
lement, on le voit, de celle de Fechner, exprimée par = 
formule [1]. Cette dernière parait n’être applicable qu'à 
partir d'une certaine valeur de E; en effet, pour E 5 0, 
par exemple, elle donne S — l'infini négatif, ce qui ek 


| (388) ; 
difficilement interprétable. Fechner, il est vrai, écarte 
partiellement la difficulté par la considération qu’il y a une 
valeur de E très-petite, mais finie, au-dessous de laquelle 
on ne perçoit plus de sensation , et qui correspond consé- 
quemment à S = 0; si on la désigne par E', la formule à 
laquelle on arrive, est : | 


E 
S= A log. p > 

La formule [4] donne S— o0 pour E—0, mais elle est 
fondée sur une hypothèse qui n'est peut-être pas suffisam- 
ment justifiée. Du reste, cette même formule.[4], aussi bien 
que celle de Fechner, doit cesser d’être applicable au delà 
d'une certaine limite supérieure de E, car lorsque l’excita- 
lion est trop énergique, elle altère l'organe qui perçoit la 
sensation. 

Voici actuellement une méthode au moyen de laquelle 
on obtiendra, en même temps que l’échelle de teintes dont 
j'ai parlé plus haut, les intensités lumineuses relatives de 
ces différentes teintes, ce qui permettra de soumettre les 
formules [4] et [4] à l'épreuve de l'expérience. 

On sait, d’après un principe avancé par Talbot, principe 
dont j'ai donné une vérification expérimentale (°), que si 
l'on partage un disque de carton en secteurs alternative- 
ment blancs et noirs, tous les premiers étant égaux entre 
. eux, et tous les seconds étant de même égaux entre eux, 
et si Pon fait tourner rapidement ce disque dans son plan 
_ autour d’un axe central de manière à produire l'apparence 
d’une teinte grise uniforme, l'intensité lumineuse de ce 


"à 


C) Bull. de l Acad., t. II, 1835, p. 52. 


( 586 ) 
gris est à celle du blane, comme la largeur angulaire d'un 
secteur blanc est à la somme des largeurs angulaires d’un 
secteur blane et d'un secteur noir. 

Cela étant, supposons qu’au lieu de secteurs noirs com- 
plets, il n’y ait sur le disque que des portions de secteurs 
comprises entre le bord de ce disque et une circonférence 
concentrique dont tout l’intérieur soit blanc; supposons, 
en outre, quẹ le disque soit placé devant une surface noire. 
Alors, quand on le fera tourner, l’ensemble des portions 
de secteurs donnera une zone grise comprise entre les- 
pace blane central et l’espace noir sur lequel l'appareil se 
projette, et l’on pourra comparer le contraste entre le gris 
dont il s’agit et le blanc, avec le contraste entre ce même 
gris et le noir. 

Quand la largeur angulaire des portions noires est égale 
à celle des portions blanches qui les séparent, il suit du 
principe de Talbot que l'intensité lumineuse de la zone 
grise est la moitié de celle du blanc; or l'expérience montre 
alors, et le fait est frappant, que le gris obtenu est un gris 
clair, beaucoup plus rapproché du blane que du noir. Ainsi, 
quand l'intensité de la lumière devient moitié moindre, 
l'intensité de la sensation est loin de devenir moitié 
moindre ; la sensation varie donc suivant une loi beaucoup 
moins rapide que la cause excitante, comme le veut la for- 
mule de Fechner. H suit delà, on le voit aisément, que, 
dans notre formule [4], exposant p doit être très-inférieur 
à unité. 

Maintenant, comme on aak an de modifiés à volonté 
le degré de foneé du gris de la zone en changeant les lar- 
geurs angulaires. relatives des portions noires et blanches, 
on pourra arriver, par Ltonnements, à réaliser une teinte 
grise qui paraisse exactement aussi différente du noir exté- 


( 587 ) 
rieur que du blanc central. Si l’on prend ensuite un second 
disque dans lequel on partage l’espace circulaire central 
en secteurs noirs et blancs ayant le rapport de largeurs 
qui fournit le gris intermédiaire ci-dessus, on pourra par- 
tager la zone restante en portions noires et blanches telles 
qu'elle amène un gris intermédiaire entre le gris central et 
` le noir extérieur; un troisième disque, qu’on fera tourner 
devant une surface blanche, pourra être divisé de façon 


que le gris de la zone soit intermédiaire entre le premier . 


gris et le blanc, et ainsi de suite. > 

On se procurera done, par ce moyen comme par celui 
dont j'ai parlé d'abord, une échelle de teintes excitant des 
sensations dont on connaîtra les rapports; mais la nouvelle 
échelle présentera l'avantage que, pour chaque teinte, on 
aura, ainsi que je Pai dit, le rapport de l'intensité lumi- 
heuse de cette teinte à l'intensité lumineuse du blanc, de 
Sorte que l'échelle servira à contrôler les formules. Dans 
tous les cas, on pourra en faire usage pour construire une 
courbe qui représente , entre des limites assez étendues , la 
loi empirique des sensations, en prenant pour abscisses les 
Intensités lumineuses, et pour ordonnées les valeurs cor- 
Fespondantes de là sensation. 


Une seule expérience suffira, du reste, pour s'assurer si 


la formule [4] est légitime ou non : supposons qu’on ait 
Préparé, à la simple lumière du jour, le disque qui donne 
une zone grise dont la teinte paraît exactement moyenne 
entre le blanc et le nor. Si, en exposant l'appareil à la 
lumière du soleil, le gris de la zone paraît encore différer 
autant du blanc que du noir, on en conclura qu’en réalité 
l'intensité de l'éclairement commun n’influe pas notable- 
ment sur le rapport des sensations, et que, par suite, la 
formule [4] exprime avec une approximation suffisante la 


( 588 ) 

loi véritable; si, au contraire, sous ce fort éclairement, il 
faut, pour avoir encore l'égalité entre les deux contrastes, 
modifier beaucoup les largeurs relatives des portions biar 
ches et noires, c'est qu’on ne peut faire abstraction de l'in- 
tensité de l'éclairement commun, et qu’ainsi la formule [4] 
doit être abandonnée. ae 

J'aurais pu, avant de présenter la note actuelle, faire 
exécuter par mon fils et par d’autres personnes toutes les 
expériences dont je viens de tracer le plan; mais M. Del- 
bœuf, professeur à l’Université de Liége, à qui j'avais com- 
muniqué , il y a quelque temps, mes premiers résultats et 
Pindication de mes procédés, a bien voulu se charger de 
poursuivre l'étude de la question; guidé par des considé- 
rations qui lui sont propres, il a trouvé une formule pa 
logue, mais non identique, à celle de Fechner, et il Fa 
soumise à une suite de vérifications. Quand les résultats 
de ce travail seront publiés, on saura laquelle des trois 
formules, celle de Fechner, celle de M. Delbœuf ou la 
mienne , doit être préférée. 


La classe a décidé l'impression du billet cacheté suivant, 
ouvert dans la séance par M. Dewalque : 


« Arrivé au Mont-Cénis en 1864, avec la Société géolo- 
gique de France, les travaux de Carlini sur la densité de la 
terre me revinrent à l'esprit; et ce souvenir me fit naître 
l’idée de chercher la détermination de cette densité par des 
observations dans le tunnel entre Modane et Bardonnêche, 
ce qui m'amena à chercher des conditions analogues dans 
notre pays. C'est ainsi que, depuis cette époque, j'ai projeté 
un système d’observations dans une de nos houillères, qui 


( 389 ) 
me permettrait de porter le pendule à une profondeur d’un 
kilomètre et de vérifier ainsi le chiffre obtenu par M. Airy. 
A cette profondeur, et avec les perfectionnements récents 
des appareils enregistreurs l'erreur probable du résultat 
doit être beaucoup moindre que dans les observations du 
Savant astronome de Greenwich. 
| Jusqu’aujourd’hui, l'exécution de cette entreprise a dû 
étre ajournée, tant à cause de ses difficultés et des dé- 
penses considérables qu’elle entraînera , que par la néces- 
sité de m’adjoindre un habile mathématicien. Après en. 
avoir conféré avec M. le professeur Folie, qui veut bien 
S'associer à moi dans ce but, je crois que le moment ap- 
Proche où je pourrai mettre la main à l’œuvre; mais 
Comme diverses circonstances peuvent mettre obstacle à 
mes projets, je crois devoir écrire aujourd'hui ces lignes 
Pour prendre date. » 

Liége, le 4 février 1869. 


G. DEWALQUE. 


Sur le calcul de la densité moyenne de la terre, d'après 
les observations d’Airy, par M. F. Folie, correspondant 
de l’Académie (`). 


On peut ranger en deux elasses bien distinctes les pro- 
cédés d'expérience au moyen desquels les géomètres ont 
cherché à déterminer la densité moyenne de la terre : 
ceux dont le résultat est indépendant de la connaissance 
D 


(C) Account of Pendulum Experiments undertaken in the Harton 
Colliery, for the purpose of determining the Mean Density of the Earth, 
by G. B. Airy, Esq., Astronomer Royal. (Paros. Trans. 1856.) | 


27° SÉRIE, TOME XXXNI. 
v 


( 390 ) 
de la densité superficielle, et ceux, au contraire, qui ne 
permettent de calculer la densité moyenne qu’en fonction 
de la densité superficielle. : 
Si l’on suppose une égale précision aux observations de 
l’une et de l'autre classe, ce sont naturellement celles de 


la première classe dont le résultat sera le plus sûr. 


La valeur de la densité moyenne, obtenue par la pre- 
mière méthode, celle de la balance de torsion, est, d'après 
les expériences de Cavendish, 5,448; d'après celles de 
Baily, 5,660; d’après les dernières expériences de 
Reich, 5,576. 

La valeur obtenue par l'un des procédés de la seconde 
classe est : 

4,745 d’après la déviation du fil à plomb près du mont 


= Schehallien, mesurée par Maskelyne, et par Hutton et 


Playfair; 
4,857, déduite des oscillations d’un pendule observées 
sur le mont Cenis par Carlini età Bordeaux par Biot; 
6,566 enfin, déduite par Airy de ses expériences sur le 


` pendule à la surface et au fond de la mine de Harton. 


Ce dernier chiffre s'écarte considérablement, comme ver 
le voit, de tous les précédents; il est même d’une unité 


_ environ plus fort que le chiffre le plus exact obtenu par 


le moyen de la balance de torsion. 

Et cependant les expériences ingénieuses imaginées par 
Airy, et faites sous sa direction, ont été excessivement 
nombreuses, et ont fourni des résultats d’une concordance 
admirable, de sorte qu’il n'est pas permis de douter de 
leur extrême précision. En outre, la méthode de lastro- 
nome anglais est incontestablement la plus sûre entre 
toutes celles qui exigent la connaissance de la SE 
superficielle. Enfin, il a déterminé avec le plus grand soit 


Cette densité dans toute la profondeur de la mine, et il à 


EEN 


( 39 ) 
de plus calculé la faible influence exercée par les irrégu- 
larités du sol autour du point d'observation. 

Tout conspire donc à faire-regarder la valeur de la den- 
sıte moyenne, fournie par cette méthode, comme devant 
être très-exacte, à moins qu’il ne se ‘soit glissé quelque 
Imperfection dans la manière dont Airy a soumis au calcul 
le résultat de ses observations. 

L'écart considérable qui existe entre le chiffre d’Airy et 
‘eux que Baily et Reich ont déduits d'expériences égale- 
ment très-précises ne peut pas s'expliquer autrement, à 
moins qu'on ne dénie toute rigueur à ces dernières. 

Mon attention a été appelée sur ce point, il y a long- 
lemps déjà, par un savant confrère et ami, M. le professeur 
Dewalque; nous avons débattu souvent ensemble cette 
srave question, et discuté en détail le remarquable travail 
d'Airy. Enfin, après de mûres réflexions, nous avons conclu 
que le calcul pourrait se faire avec un peu plus d’exacti- 
tude Peut-être, et j'ai résolu de l’entreprendre dans les 
limites Qui me sont imposées par le sujet même. - 

En partant donc de toutes les données d'Airy, et en 
négligeant, comme lui, l'influence de Vellipticité et de la 
lation de la terre sur la pesanteur ("), j'arrive en effet 
au Chiffre 6,439 , qui est de 0,127 plus faible que celui 

Airy, mais cependant de 0,862 encore plus fort que 
celui qu'a donné la balance de torsion. 

Avant d'aborder le calcul, je vais montrer la modifica- 
tion que j'ai cru devoir apporter à celui d’Airy. 

_ Les observations du pendule donnent le rapport des 
Intensités de la pesanteur aux points À et B. 

Or, ce rapport dépend non-seulement des distances de 

em 


C) Cette influence n'apporte qu'une correction d’une unité sur le troi- 
sième chifr, 32 5 à i > : FES SUR PP 5 . 


Di 


cette correction que j'ai décom la couche sphérique de cete 
A en posé la P 


( 392 ) 
ces deux points au centre de la terre, mais encore des 
attractions que la couche sphérique d'épaisseur AB exerce 


es S = sur ces deux points. Or, 

al S 5 Airy suppose que la den- 
AKTE sité de cette couche est 
Ee C2 * uniforme, ou, si l’on veut, 
‘ que sa densité moyenne 


est égale à celle qu'il 

a déterminée dans la 

i j mine. Mais si cette der- 

(eN „ý nière densité (2,5) est 

kR Tea a o supérieure à la densité 

se moyenne de la couche, 

Z Eo il y aura de ce chef une 

correction à apporter à la recherche de l’action de cette 
couche, telle qu’elle a été faite par Airy. 

Je me propose de calculer cette action en la décompo- 
sant en deux parties : celle du volume AM/MBNN' que 
j'appellerai V,, auquel je suppose un rayon AM’ égal à 
5 milles anglais (‘), et la densité (2,5) déterminée par Airy; 


- 


LES sa 


et celle de la portion opposée AM'MB/NN' de la couche, 


que j'appellerai V,, et à laquelle je supposerai une densité 
égale à la densité superficielle moyenne de la terre. 
J'indiquerai en terminant une méthode qui serait encorè 
un peu plus rigoureuse, et dont l'application, si l'on pos- 
sédait les données suffisantes, conduirait peut-être à ul 
résultat un peu différent de celui que j'ai énoncé. 


AE AE M MERE 


(C) Cest dans ce rayon, au delà duquel les irrégularités superficielles 
n'ont qu’une influence i 
provient de ces irrégularités; et c'est parce que je dois tenir compte 


1 


le, qu’Airy a déterminé la correction qui — { 


( 395 ) 

Il s'agit done d’abord de calculer les attractions exercées 
par V, sur les points A et B : celles-ci, à leur tour, je les 
décompose en deux parties : 

l. Attraction exercée par la calotte sphérique MBN sur 

et B. ° 


IL. Attraction exercée par le cylindre MM'NN’ sur A et B. 
L'attraction exercée par V, sur chacun des points À et B 
étant connue, en la retranchant de l'attraction exercée sur 
lun de ces points par une couche sphérique de même den- 
sité, on aura évidemment Pattraction exercée sur ce point 
Par le volume opposé Vo. 

Soit c l'épaisseur très-faible de la couche supposée 
homogène; à sa densité moyenne , à laquelle nous attri- 
buerons, dans chaque cas, la valeur convenable; son attrac- 
tion sur À sera nulle, et sur B elle sera Arcd(1 —2r), si l’on 
fait le coefficient de l'attraction égal à l’unité (v. p. 400). 

L'attraction exercée par le volume V, sur le point A 
Sera, comme nous le verrons, de la forme 


— 2rcs (1 — A;); 


et l'attraction exercée par le volume opposé Vo sera par 
Suite 


205 (1 — A). 
Mais pour le volume V, nous devons faire à =d, et pour 
le volume Vd em dh 
De sorte que l'attraction exercée par la couche sphéri- 
que sur le point A sera 


AS — rde (1—4) +26 (1— 2) — 2e (1— a) — 5), 


Si nous désignons par z le rapport È des densités des deux 
Parties de la couche. gérés 


( 394 ) 
Nous trouverons de même pour l'attraction exercée par 
le volume V, sur le point B : 


2709,c (1 — 42); 
s 


et pour l'attraction exercée sur ce même point par le 
volume V, : 


Aroc (1 — 2r) — Irc (1 — 43) = rdc (1 + Ar — 4r). 


De sorte que l'attraction exercée par la couche sphé- 
rique sur le point B sera la somme des expressions précé- 
dentes, ou 
B = 2de [1 + c — Ag (1 — 0) — Aro]. 


Pour avoir l’action exercée sur le point B, non par la 
couche rigoureùsement sphérique, mais par la couche 
réelle, qui se composé du volume V, avec ses irrégularités 
superficielles, et du volume Vo que nous pouvons, avec 
Airy, supposer sphérique, nous aurons à ajouter à expres- 
sion précédente la correction K relative aux inégalités su- 
perficielles; et nous obtiendrons ainsi, pour l'attraction 
exercée par la couche réelle sur le point B (”) : 


B =B +K. 


Airy ayant supposé c = 1, il en résulte que pour lut 
l’action de la couche sur A est nulle; de sorte qu'il s'est 
borné au calcul de attraction de cette couche sur B, qui 
est, pour c = 1, si l'on néglige la quantité très-faible ” : 

o Andie + K; 


E OSE T NE 


C) Nous croyons pouvoir zand l'influence que les irrégularités 
_ superficielles exercen rcent sur le point 


(395 ) 
ou, si l’on veut, au calcul de la différence des actions de la 
couche sur les points A et B. 


__Nous croyons, au contraire, devoir calculer séparément 


l'action de cette couche sur chacun de ces deux points; 
et en l’ajoutant à celle que le noyau intérieur exerce sur 
chacun d'eux, nous aurons l’action totale exercée par la 
terre sur le point A et sur le point B. 

Certainement on serait tenté, au premier abord, de 
croire que l'attraction de la couche sphérique sur le point A 
est tellement insignifiante qu’elle ne peut exercer aucune 
influence sur la valeur de la densité. moyenne, et cepen- 
dant il n’en est pas ainsi, comme nous allons le voir. 


` CALCUL DES ATTRACTIONS. 


n—1 ec 


Notations. OA—=R ; AB—c; Ries 5 AE—d=—c Sig F ; 


aR 
z, hauteur d’un point de la couche au-dessus du plan 
tangent en A. 
e, distance de la projection de ce point au point A. 
9, son azimuth. 


Expression de l'attraction d’un élément. Nous pourrons, 
à cause de la symétrie de la figure autour de laxe BB’, 
prendre dans chaque cas pour élément un cylindre de 
rayon o, de hauteur dz, et d’une densité constante ‚situé 
à une hauteur z au-dessus du point A. 

La composante verticale de l'attraction exercée sur le 
point A par une portion infiniment petite de ce cylindre 
comprise entre les rayons p et pọ + d p et les azimuths 9 et 
9 + 40 est égale à 

: dopdpzdz 


"weer! 


~ 


( 396 ) 
et par suite la composante verticale de l'attraction de 
` l'anneau d’épaisseur dp sera 
gd zdz- 
Top Et pt i 
et celle de Pattraction du cylindre élémentaire sur le 
point A : 


z 
2rdzdz E a a (1 Pre n SER 
0 


L'attraction de ce cylindre sur le point B s’obtiendra en 
ee simplement z en c— z; elle sera donc : 


—2rada| 1 — Le] EA ze 


I ne nous reste qu’à intégrer ces deux expressions entre 
les limites convenables, pour obtenir les attractions cher- 


S. 

Nous pourrons, dans ce calcul, négliger, à partir de la 

seconde, les puissances de r, qui est égal à 0,000035 envi- 
ron dan le cas qui nous occupe. 


Attraction de la calotte MBN sur A. 


Nous obtiendrons cette attraction en intégrant lexpres- ` 
sion 1) entre les limites d et c, ce qui nous donnera : 


e fes 
P+ 


Pour évaluer l'intégrale J, nous devons exprimer 2 en 


= Ard [e — J]. 


(CIST) 
fonction de z; or, par une double expression du carré de la 
corde BS on obtient : 


p + (c — zf = 2R (ce —z) 
d’où : 


p+z—2{(R—c(c—2), 


en négligeant c?, ou r2, comme il est convenu; nous aurons 
donc 


s A ° (c—u)du 
f EL V AR—eN(C—z) Ce. sf Vu 


VEEN zes 2 m — 5 J 
VAR) | wuz uu EA VELE 8 5 ; 
0 i 
L’attraction de la calotte sur A sera donc : 


wies) Te US 


(). Si l'on voulait calculer J rigoureusement, c'est-à-dire sans négliger 
2 
€, comme nous l'avons fait, on trouverait 


I=% +r) /r | Viir +r(1 (+21 hs 4/70! aal 
ou, en négligeant les termes en 7? ; 


men 1+2r—+|- Vr(1+ ni} 


Mais l'introdnetion d l'autre de ces expressions, qui sont zie 
calcul numérique beaucoup plus compliqué gen o du texte , wap- , 
Porterait aucune m me RE 
de la valeur de la densité me TE 

Nous 


Huus 


Ees ik le texte 


( 398 ) 
Attraction de la calotte MBN sur B. 


Nous l’obtiendrons en intégrant l'expression 2) entre 
les mêmes limites, d etc, de z, ce qui donne : 


(c—z)dz Re 
— 970 ——9rd(e—dJ"). 
É vs F+(c—z) | i 


Remplaçant p par sa valeur donnée plus haut, nous 
aurons : 


2 (e—z}dz 3 “udu 4 Zai 
J varea Va) Va Vas 


_ L’attraction de la calotte sur B sera done: 


ge e ‘ (2) 
relie a) 


. Attraction du cylindre MM’ N'N sur A. Nous la trouve- 
rons en intégrant l'expression 1) entre les limites o et be 
p étant le rayon du cylindre, que nous représenterons 4 
par pọ; NOUS aurons ainsi : | 

| 


E dz (1— |: ao [a DE an) 


Z 
Voir 


Attraction: du cylindre sur B. Celle-ci se trouvera de 
même par l'intégration de I expression 2) entre les mêmes 
limites : ; 


fes dii ren ard (Vire ne) | 
VEEG z) . 


La somme des expressions (4°) et (1!) nous donnera : 


(399) 
l'attraction du cylindre et de la calotte, ou de V;, sur À, 
qui sera égale à | 


ti seed a RE 


V'aR—c)|\e 
ais VE aan (ren) 


2rdc (4 — A), 


en posant pour abréger 
* nage) 1 rome 
nss ( — (1+r) +- (V pit dig) 
n on c 


Comme Faction d’une couche sphérique de densité ò sur 
le point A est nulle, l’action du volume Vo sur ce point 
sera égale et de signe contraire à celle du volume V; et 
par suite 
l'attraction du volume V, sur À sera 

—9rde (1 — 44). 

Mais la densité du volume V, étant d,, et celle du vo- 
lume Vo étant ðo, nous aurons à changer, dans les expres- 
sions de leurs actions respectives, den à,, pour V‚, et en 
do, pour Vo; faisant alors la somme de ces actions, nous 
obtiendrons pour 


l'attraction de la couche sphérique sur le point À : 
A= ded —ar) — Lode (1 — A) 
—=2rdie (1 — A) (1 =h 


en posant- =. 


( 400 ) 
La somme des expressions (2°) et (2*) nous donnera de 
même 


l'attraction du cylindre et de la ‘ae ‚ou de V,, sur B, 
qui sera égale à 


— 2e | zel Vijls [a Ee | hërë) | = 

ə 

aE Ae o ar 
— rdc i oV. -— = (Veri Verre?) | 2 
— 27 de(1 — As), 
en posant pour abréger 
ER re 
A= VE += (Verre). 


Comme l’action d’une couche sphérique de densité à sur 
le point B est 


2 

_ kerk se(1+2r) _ ak 1+2r = Ardell 27), 
(R+c} 4 + 

(le signe — provenant de ce que nous avons compté 


comme positives les attractions dirigées vers le haut) 
l'action du volume V, sur ce point sera égale à 


hr de(1—2r) + 2rde( 1—4) =—2 r de (1+ Ar 4r). 


Changeant, comme plus haut, à en ò,, dans l’action du 
volume V,, et en ò, dans celle du volume V,, et sonen 
alors ces deux actions, nous aurons pour 
l'attraction de la couche sphérique sur B: 


B 2r Ae (A—as)Ard, (A+ Ar — 4r) = 
—=—2#dc[1+0—a,(1— 0) —4ro]. 


( 401 ) 
En appelant K la correction due aux inégalités superfi- 
cielles au point B, nous aurons pour 


l'attraction de la couche réelle sur B : 
Baek 


Nous avons maintenant à effectuer le caleul numérique 
des valeurs de A et de B 


CALCUL NUMÉRIQUE. 


Données. Les valeurs suivantes ont été rapportées par 
Airy à l'épaisseur de la couche prise pour unité (l. c., p. 536 
el 387) : c = 1 ; R = 16621,7; p= 12. 

Il nous reste encore à connaître les densités ò, et ò, des 
deux parties de la couche sphérique. 

Pour ò,, nous devons prendre la valeur 2,50 trouvée par 
Airy, quoiqu’elle n’ait été déterminée qu’aux environs 
immédiats du puits dans lequel il opérait, et qu’il ne soit 
Pas certain que la densité moyenne ð; de la portion de 
Couche V, de 3 milles anglais de rayon, soit exactement la 
même. | 

Pour ò, qui est la densité superficielle moyenne du 
globe terrestre, nous adopterons le chiffre 1,4, trouvé en 
admettant que les mers occupent une surface environ 
5 fois plus considérable que celle des continents, et que 
la densité superficielle de ceux-ci est 2,5.  : 

Nous aurons donc : 


| 1,4 dn 
dB omg 080 Leem 


( 402 ) 
Au moyen de toutes ces données, nous aurons à cal- 
culer : 


A=2r c (1—4) (1—0) =27U,. 
B=—2 ràc [1 +0—14; (1 —c)] =— 27 U. 


Vil Leen -( Te 
A= yo +- s (Vray are) Ar 
Calcul de n. 

er 


4 : ia 
D'où —= 0.0043531688. n — 250,85692. 
n 


n= n—i 


— 0:993668312. (= j= —0.9913568. 


4 
— = 0.001445896. 1 — A = 0.9985561. 
5n 


Sn 
Calcul de n 
Comme : 
mme r — R er ro ‚ nous aurons : 


V- 0.000560974. 


Calcul de a. 


T say (i2 =) Ar) — 0.000720927. 
n 5n 


( 405 ) 
ge à, =y pret) = 0.041255685. 


d'où 4, = 0.041956610 (°). 
Calcul de U, . 


U=d,e(1—4,) (4 —6)—=(1—A4,) X 1,1 —1,05584775. 
Calcul de à, . 


SAT 
bn EE 0,0000010412. 
n 


i re ns ; 
2° ze V Saa VA p? +) —=0.041 5957972. 
d'où 4, — 0.041 59484. 

Calcul de U, 


U= d,c[1+0— Aa (lo) — Ara] 
= 3,9 — 0,0457543 — 0,0001 684 — 3,8540775. 


Connaissant les valeurs ie U, et de U,, nous aurons 
_ celles de 


mais il est plus simple de ne pas effectuer les multiplica- 


cations, à cause des réductions qui auront lieu dans la 
suite di calcul. 


() La valeur de A,, calculée pets la première formule donnée 
plus haut (p. 397) en note, serait : 0,04189895, et d'après la seconde : 
0,04188937: ; et celle de U, : 1,05591115 ou 1 „0559215. 

Et la substitution de ces valeurs dans la formule qui donne la densité 
: Moyenné donnerait au lieu de 6,458854 ie me) bas, p. 405) les nombres 
fort peu différents 643892 ou sn 


( 404 ) 


CALCUL DE LA DENSITÉ MOYENNE DE LA TERRE. 


Avant de substituer les valeurs de A et de B, dans la 
formule qui donne le rapport des intensités de la pesan- 
teur aux points A et B, nous avons à ajouter à cette 
dernière, la correction due aux irrégularités superficielles 
au-dessus de la calotte considérée, et nous obtiendrons 
B;,— B + K; cette correction, calculée avec la plus 
grande exactitude par Airy, s'élève à + 0,111998 (le 
signe + provenant de ce que nous comptons les attrac- 
tions dirigées vers le haut comme positives). 

Nous pouvons maintenant déterminer l'intensité de la 
pesanteur en chacun des points À et B. 

Si nous désignons par D la densité moyenne de la terre, 
l'attraction qu’elle exerce sur le point A sera 


4 ~ 
Gm zr RD + A; 


et l'attraction qu’elle exerce sur le point B : 


4 rRD 
3 (R+ c) 


7 EN 


Gr = 
i 
= — z RD(4—4r) +B +K. 
Or, les observations d’Airy lui ont donné (I. €., p. 358) : 
G, 
Z — 1,00005185. 
Gs 


Nous aurons donc en introduisant dans ce rapport 
expressions précédentes de G, et de Ga, et en remplaçan 


3 a 


| 
| 
| 


Te M Res de LV 


( 405 ) 
immédiatement A par 2-U, et B par 2U; : 


1,00005185 — i 
RD (1—4r)—2rU, +K 


Divisant les deux termes par 27, remplaçant , pour 
E RD par X, et changeant les signes, nous trou- 
verons 


ug 
1,00005185 — z 5 


Klik U = 
(i—4r) + UE 


Substituant enfin à r, U,, Us et K, leurs valeurs données 
précédemment, nous obtiendrons l'équation suivante : 
X — 1,03384773 BEE 
X (1 — 0,000120325) + 3,8362524? 


1,00005185 — 


d’où nous tirerons : 
X — 1,05584775 — X. 1,00005185 (1 — 0000120325) + 3,8564513 ; 
et Ee là : 


X }1—1,00005183 (1—0,000120525 ) $ = 4,8902990 ; 


d'où enfin : 
4,8902990 
__0.00006854 
Et comme nous avons posé X — 3 RD, nous en dé- 
duirons : 


2 al | 
= D—4,292556 ; d'où D= 6,438834, 


2e SÉRIE, TOME XXXII. 


(406) _ 
ou, en nous bornant à trois décimales, 
; D = 6,439 


pour la densité moyenne de la terre. 
La valeur donnée par Airy est 


D = 6,566 


avec une erreur probable de + 0,0182 (voir 1. c., p. 542). 
Cette dernière valeur est donc trop forte de 0,127, 
étant admises toutes les données d’Airy. 
Est-ce la dernière correction qu'il faille y apporter? 
Comme nous l'avons dit plus haut, d,, dans notre calcul, 
ne représente pas la densité moyenne au puits méme, 
mais dans un rayon de trois milles anglais autour de ce 
puits; de sorte que ò, pourrait différer de 2,5 (”). 
Ensuite, le-calcul serait certainement plus exact encore 
si l'on connaissait la densité moyenne de la couche dans 
un rayon plus considérable. Enfin, il reste à vérifier l'exat 
titude de la valeur 1,4 que nous avons attribuée à la den- 
sité superficielle moyenne de la terre. 
Ce sont là des points essentiels qu’il appartient aux 
géologues de décider : alors seulement les géomètres pour” 
ront conclure si la valeur 6,439 que nous avons déduitè 
des observations d’Airy, pour la densité moyenne de la. 
terre, doit être modifiée. 


S D à dde 


ignorance qui m'oblige à admettre Ja valeur moyenne déterminée par Airy 
Sur la profondeur BA. — 


PSN ON ek 


( 407 ) 

Nous allons, pour terminer, rechercher quelle est lin- 
fluence que pourrait exercer sur le résultat une erreur com- 
mise dans la détermination de Ja densité moyenne de cha- 
Cune des parties de la couche considérée; et nous verrons 
qu'il est fort difficile d’avoir une grande confiance dans 
l'exactitude de la valeur obtenue. 

Cette difficulté tient à quatre causes : 

1° La profondeur relativement assez faible de la mine ; 

2 Le rayon, assez faible également, de la calotte dont 
Airy a déterminé les inégalités superficielles; 

5° et 4 Les erreurs dont sont affectées les densités 
moyennes des deux parties de la couche. 

La première cause ne pourrait être écartée; la seconde 
bien, mais au prix d’un grand travail géodésique. 

Nous n’examinerons ici que l'influence des deux der- 
nières causes, que nous pouvons analyser sans sortir du 


| „Cercle des opérations d’Air 


iry- 
Reprenons la valeur de X (ou 5 IRD) trouvée plus haut 
(p. 405), en remplaçant c par sa valeur $ , et en représen- 
tant par f le rapport $s £a trouvé par üa: 


K 
So ea) | — Ag)d + (1 + 42) ied — Ed 
i i—f (1—4r) 


Désignons par AX, la variation de X correspondante 
à une variation a 0, de d,; 

et par aX, celle qui correspond à une variation ad, de 
à; nous trouverons 


ek nk fa ectie Ai) nn a zolz fas) 


—hr) 


( 408 ) 
Pour une erreur absolue A), ou Ad, commise sur d OU 
d,, nous aurons donc une erreur relative Ar ou LE com- 
mise sur X; et comme nous avons trouvé 


4,8903 
1—f(4—2r)" 


X= A, = 0,041957; ^= 0,041595; 


nous en déduirons, f étant égal à 1,00005185 : 
fA+as—4r)—(1— 3,)=0.085593; 1—A, + f (1— 43) —1,9165. 


Les valeurs des erreurs relatives seront par suite : 


= 0172 ; et a = 0,592 ad, - 

Pour que la seconde soit du même ordre que la pre- 
mière, il faut donc que l'erreur commise dans l'évaluation 
_ de 9, soit à peu près 23 fois moindre que l’erreur commise 
dans l’évaluation de ð, 

Si, par exemple, d, est en erreur de 0,1 en valeur ab- 
- solue, X ou D sera en erreur des 0,0047 de sa valeur; 

c’est-à-dire que D sera affecté, de ce chef, d’une erreur 
“absolue de 0,011 environ ; 

Et si à, est en erreur de 0,005 seulement en valeur ab- 
solue, X ou D sera en erreur des 0,392 de sa valeur ; C'est- 
à-dire que D sera affecté, de ce chef, d’une erreur absolue 
de 0,0126 environ. 

Or, dans l’état actuel des connaissances géologiques, 
on n'est peut-être pas encore à même, mais on le sera 
sans doute bientôt, de déterminer la densité superficielle 
moyenne de la terre à 0,1 près; peut-on déterminer 2,» 

Quelque soin qu’on y apporte, à 0,005 près, dans une Z0n€ 


( 409 ) 

de l'étendue de celle que nous avons considérée , c'est plus 
douteux ; et si même on y arrive, on voit qu'il est peu pro- 
bable que la densité moyenne de la terre, déduite des ex- 
périences d’Airy, et en tenant compte de toutes les modi- 
fications que nous avons indiquées précédemment dans le 
calcul de cette densité, puisse être déterminée à moins de 
0,02 près. 


1 


Matériaux pour la faune belge : deuxième note (1), My- 
riapodes; par M. Félix Plateau, correspondant de 
l’Académie. 


Plusieurs mémoires importants et quelques notices sur 
les Myriapodes ont paru dans ces dix dernières années; 
On a surtout senti le besoin de refaire, avec’soin , et en 
S'appuyant sur des caractères plus précis, l’histoire des 
espèces européennes. 

Les méthodes suivies dans les ouvrages antérieurs sont, 
à quelques exceptions près, si défectueuses et si incom- 
plètes, qu’il est souvent impossible de se servir de ces tra- 
Vaux pour arriver à la détermination exacte des espèces 
Commünes de nos contrées. La preuve la plus convain- 
cante de ce fait est le nombre considérable de genres nou- 
veaux et d'espèces nouvelles que renferment les mémoires 
récents, ainsi que la pauvreté des synonymies qu’ils citent. 

auteurs, ne retrouvant nulle part de description nette 


nn ien EE TE 


PE ERE RE 7 f n \ Burt. DE 
DU 
/ 


(1) Voir pour 1 
L’AcAD., 2 sér.t. XXIX, page 112. 


( 410 ) 
des animaux qu’ils avaient sous les yeux, se sont vus obli- 
gés de les décrire sous des noms nouveaux et de supprimer 
des synonymies douteuses. 

Dans une suite de mémoires publiés de 1868 à 1871, 
M. le Dr Fr. Meinert, soit seul, soit en collaboration avec 
M. le D" Bergsöe, a exposé, avec un soin minutieux , tous 
les caractères des Myriapodes du Danemark (1). 

. le Dr Ludwig Koch, parmi de bons travaux dont-il à 
enrichi cette partie de la science, a fait paraître, en 1862, 
une monographie du genre Lithobius qui peut servir de 
modèle (2). 

On me permettra de téaoigrier ici toute ma gratitude à à 
ces savants qui, par le don de leurs ouvrages, m'ont rendu 
la voie plus facile et mont permis de terminer enfin cette 
note que la difficulté du sujet m’avait fait abandonner plu- 
sieurs fois. 

Je wai nullement la prétention de donner une liste com- 
plète des Myriapodes de Belgique, et j'ai même omis, à des- 
sein, un petit nombre d'espèces, peut-être nouvelles, que 
je me réserve de décrire ultérieurement. J'espère cepen- 


(1) Fr, Meinert, Danmarks Chilognather (NATURHISTORISK RES 
3. R. 5. B. S. 1) Kjöbenhavn , 1868. 

Fr. Meinert, Danmarks Scolopendrer og Lithobier Hr + 241). 

V. Bergsöe et Fr. Meinert, Danmarks Geophiler (ibid. M S. 1}: 

Fr. Meinert, Polyzonium germanicum (ibid. 5. R. 6. B. vie 

- Fr. Meinert, Myriapoda Musaei Hauniensis. Geophili (ibid, ij R: 7.5) 
1871,4 pl. 

(2) Die Myriapodengattung Lithobius. Nürnberg, 1862 (2 pl.). re 
la rédacti cette notice, je lis dans le journal Nature (vol. v,e 
mars 1872, p. 373) que M. A Stuxberg vient de présenter à l'Académie 
des sciences de Suède la partie d'un mémoire où il décrit t les 

Myriapodes de ce pays. 


_( 411 
dant avoir contribué utilement à l'édification de la faune 
belge à laquelle des naturalistes éminents ont déjà fait faire 
de si grands pas. 
Je termine par une courte addition à 
podes terrestres. 


ma liste des Iso- 


CHILOPODES. 
Famille LITHOBHDÉS. 


Genre LITHOBIUS (Leach) (1). 
1. Lithobius forficatus (Linné). 


Scolopendra forficata. Linné, ns nat., édit. 15, t. 1, pars V, p. 3016. 

Lithobie à tenailles.  A.-M-C. Dumeril, Consid. gen. ins., p. 238, 
l. LVII, fig. 5 

Lithobius forcipatus. Gervais, Jan sc. nal., 2° sér., t. VII, pl. IV, fig. 1,a, 


— forficatus. Gervais Atlas de zoologie, pl. LVI, fig. 1 (jeune). 
T s . Koch, Syst. der Myriap., pl. IV, 
gn 


et dS on h 1 Rå . PAS PC PE à , pl XII, 


EE m vs Keek, Myriapodengattung Lithobius, 
p. 59, pl. L, fig. 9. 


Très-commun dans tout le pays; se rencontre surtout sous 
la mousse et l'écorce du pied des arbres; rare sous les pierres 
Où il est remplacé par l'espèce suivante. 


tm a NE TS EU 


(1) M. de Selys Longchamps cite le genre comme indigène dans le Dic- 
tionnaire géographique de la province de Liége de Ph. V n. 
Brux., 1831 , P- 57 (Appendice). 


(W2} : | 
Déjà cité, pour la Belgique par M. Bellynek (1) et pour la 
Hollande par M. Snellen van Vollenhoven (2). 
2. Lithobius calcaratus (C.-L. Koch). 
Lithobius calcaratus. C.-L. Koch, pres DE aa, 40 (190) 25. 


— Gervais, Ins. apt, t. 
“> = Ludw. Koch Minna Lithobius, p. 70, 


8.5 
— — Meinert, end Scol. og Lithob, p. 265. 


Cette petite espèce, moins commune que le L. forficatus, 
n’est cependant pas rare; on la trouve ordinairement sous les 
pierres; elle est, par ce fait, plus facile à se procurer dans 
les régions élevées du pays que dans les Flandres. J'en ai pris 
une douzaine d'individus aux environs de Laroche et d’Houf- 
falise. 

5. Lithobius curtipes (C.-L. Koch). 
Lithobius curtipes. C.-L. Koch, Syst. der Myr., p 
— Ludwig Koch , Myriapoden LA Lithobius, p. 68, 
pl. II, fig. 29. 

Peu abondant, se rencontre sous la mousse , au pied des ar- 

bres; dans les taillis marécageux. Environs de Gand, ete. 


Famille SCOLOPENDRIDÉS. 
Genre CRYPTOPS (Leach) (5). 
4. Cryptops Savignyi (Leach). 


Cryptops Savignyi. Gervais, Ins. apt., t. IV, p. 292, pl. XXXIX, tig. l 
a, b (4). l 


EE EA 


(1) Résumé du cours de zoologie professé au collége de Notre-Dame de 
la Paix. Namur, 1864-1865, p. 362. 

(2) Dieren van Nederland (Gelede dieren). Haarlem , 4860, p. 85. 
(5) Le genre est in ve par M. Bellynck. 
(4) te des planches porte pirs erreur C. des jardins. 


(M5) 
Cryptops Savignyi. Lucas, Hist. nat. Crust. Arach. Myr., p. 546, pl. HI, 
fig. 2. 
zH — Snellen van Vollenhoven, Dieren van Nederland 
(Gelede dieren), p. 84, pl. VIL, fig. 2. 


Assez commun dans la terre des jardins, au pied des murs. 
Déjà cité, pour la Hollande, par M. Snellen van Vollen- 
hoven. 


Troisième article des pieds de la paire anale (pedes anales) 
muni en dessous de neuf dents courtes, obtuses, très-espacées; 
quatrième article muni de quatre dents larges espacées, por- 
tées par une crête saillante. ; 

Atteint jusqu’à 4 centimètres de longueur. 


5. Cryptops agilis (Meinert). 
Cryptops agilis (Meinert). Danmarks Scol. og Lithob., p. 244. 


Espèce nouvelle pour notre pays. 

Troisième article des pieds de la paire anale munis en des- 
Sous de huit dents longues, aiguës, serrées; quatrième article 
Muni de cing dents non portées par une crête spéciale. | 

Ten ai recueilli trois individus sous les pierres du sommet 
du plateau qui domine le hameau du Pont de Bonne près 
Huy. 


6. Cryptops hortensis ? (Leach). 
? Cryptops hortensis. Gervais, Atlas de zoologie, p. 15, pl. LVI, fig. 2. 


Je ne cite qu'avec doute le C. hortensis. On rencontre abon- 
damment, dans la terre de bruyère déposée en plein air et dans . 
la tanée des serres du Jardin Botanique de Gand, un cryptops 
qui répond assez bien aux descriptions du C. hortensis, mais 
qui semble cependant différer de celui-ci par ces faits; smd la 
Plaque quadrangulaire faussement appelée lèvre et qui pest 
que le résultat d’une fusion des hanches, des pieds mâchoires 
de la deuxième paire (Coxae coalitae pedum maxillarium 


(M4) 
secundi paris) (Meinert) n'offre pas d'impression, mais deux 
Etac h ER EN de à met dirigé 
F S 3 
en arrière et que les pieds de la paire anale ont leur article 
fémoral non pas inerme, mais garni d'épines plus grêles et 
plus transparentes que dans les deux autres espèces. 
Troisième article des pieds de la paire anale à cinq ou six 
dents aiguës et courbes, quatrième article à deux dents seu- 
lement. 


J'ai figuré (fig. 1, 2 et 5, pl. D) les pattes de la paire anale 
chez les trois espèces du pays, tant pour faire ressortir les 
différences que pour appeler l'attention sur les caractéres 
que l'on pourrait tirer, chez les espèces exotiques, de la 
disposition et du nombre des dents de la scie qui garnit 
les 3° et 4articles. C.-L. Koch a déjà indiqué, depuis long- 
temps, la présence de dents serrées à la face nee 
des pieds de la dernière paire de son C. sylvaticus (D). 1 

est probable que cette carène dentelée existe chez tous les 
. Cryplops. : 
Famille GEOPHILIDES. 
Genre HIMANTARIUM (C.-L. Koch). 
7. Himantarium Gervaisii (Nobis). 
PL 1I, fig. 4 à 40. 

J'ai rencontré abondamment à Gand, dans mon jardin, à 50 
ou 40 centimètres de profondeur, le long des murs, et au Jardin 
“Botanique dans la terre de bruyère déposée à l'extérieur, ainsi 


que dans la tannée des serres, un Géophilidé ayant de nom- 
breuses affinités avee PH. subterraneum (G. subterraneus, 


* RTS CAM DR ER 


(1) C.-L. Koch (Panzer) Faun. Jus Germ., fase. 190, n° 19. 


(A5 ) 
Leach), mais qui me semble en différer par des caractères 
assez nets, ainsi qu’il résulte du tableau comparatif suivant 


da NOR get ke i 
ns lequel je wai inserit que les différences constatées : 


u. subterraneum. 
1. Assez grêle. 
z Plaque pentagonale résultant de la 
fusio es pattes må- 
la deuxième paire (fausse 
| lèvre fafésieurs) marquée d'une 
Saillie linéaire médiane. 
3. Plusieurs des wind ne dés an- 
du corps ent, en oùtre 
de Fe dépression poreuse ordinaire, 
pressions latérales. 
4 Régions épisternales et épimériemes 
(pleurae) du dernier anneau pédi- 


gère mii de nombreux petits | 


pores. 
5. Pieds de la dernière paire (pedes 
anales ) faibles, plus longs que les 
ve aen ceux du mâle un 


peu plu 
6. Nombre den wek chez la femelle : 
19 à 85. 
sort en pattes, chez le mâle: 
Lo de la femelle : T3mm, 


Longueur du mâle : 62mm, 
Diamètre de la femelle : 2mm, 


H. Gervaisii. 


Assez l 
Pas de AP linéaire médiane; une lé- 
gère dépression longitudina nale. 


Les gg are né se trouvent 
que “sur les derniers annéaux du 
rps 


© 
© 


Régions épisternalés et épimériennes 
du dernier anneau pédigère marquées 


de pores peu nombreux très-gros. 


Pieds de la dernière Lu forts, plus 
longs que les précédents velus; ceux- 
du mâle nn fois aussi de que les 
avant-derni 

Nombre de LA chez la femelle : 
7 


9 à 
pr m pattes, chez le måle : 72 


ien de la femelle : 44 à Le 
Longueur du mâle : 


: 45 à 46m 
À Diamètre de la femelle : 1em,5 PSE 


i Les caractères de VA. subterraneum numérotés 1, 5, 4, 5 
et 6 sont d’après M. Meinert, le n° 2 d’après M. Gervais et le 
catalogue du British Museum (1856 

Je propose le nom d'Himaniarium PRE (1) en Phon- 


DD 


y L'H. Gervaisti répond, pe 


ut-être, au G simples G. signalé par 
Gervais comme belge et comme lui zo été envoyé par M. P.-J. Van 
Beneden; mais les caractères indiqués pa 


M. Gervais sont trop peu dé- 


taillés et le synonyme qu'il indique (G. ‘near, CL Erhi ne permet 


guère ce rapprochement. 


/ 


( M6 ) 

neur de M. Paul Gervais, le savant associé de l’Académie, er 
les travaux sur les Myriapodes ont beaucoup contribué à 
étendre nos connaissances au sujet de ces animaux. 

Il me semble utile de donner une description détaillée de 
l'espèce : 

Entièrement de couleur jaune brunâtre, assez large propor- 
tionnellement à la longueur, rétréci en avant. : 

Antennes égales à deux fois et demie la longueur de la tête, 
à articles gros courts, presque sphériques, serrés; le dernier 
double de l'avant-dernier. Tous les articles très-velus. 

Le diamètre des deuxième et troisième articles des antennes 
est triple du diamètre des pattes de la première paire. 

Lame céphalique un peu plus large que longue, lame fron- 


tale indistincte. 


ieds mâchoires de la seconde paire n’atteignant pas, de 
beaucoup, lorsqu'ils sont fléchis, le bord frontal de la tête. 

Plaque résultant de la fusion des hanches des pattes mà- 
choires de la deuxième paire sans saillie médiane; marquée 
d'un léger sillon longitudinal. ; 

Lames dorsales des anneaux du corps marquées de deux Im- 
pressions longitudinales. 

Stigmates ovales ne présentant rien de particulier. 

Lames sternales des anneaux munies, la plupart, d’une dé- 
pression elliptique centrale dont le fond est criblé de petits 
pores. 

Les dernières lames ventrales présentant deux D pa 
latérales peu distinctes. 

Pieds assez courts, les antérieurs plus gros que les posté- 
rieurs. : 

Régions épisternales et épimériennes du dernier anneau pê- 
digère renflées, surtout chez les mâles , et marquées de pores 
peu nombreux très-larges, de couleur brunâtre. 

Lame sternale du dernier anneau triangulaire obtuse, Pre 
fondément sillonnée. 


(M7) 

Pieds de la dernière paire (pedes anales) du mâle très-velus, 

d'un diamètre double de celui des avant-derniers; à articles 

régulièrement croissants, le dernier fusiforme sans ongle ter- 

minal. Ceux de la femelle plus grêles, au contraire, que ceux 

de l'avant-dernière paire, couverts de poils beaucoup moins 
serres que chez le måle. 


Genre SCOLIOPLANES (Bergsoë et Meinert). 


8. a za m r z ri à : 
(Bergsoë et Meinert). 


Scolioplanes acuminatus. Bergsoë et Meinert, Danmarks Geophiler, 


p. 21. å 
PE — Meinert, Myriapoda Musaei Hauniensis, 
Linotaenia subtilis. C.-L. Koch (Panzer), Faun. ins. Germ., fas- 


cicule 162, n° 2. 
SE rosulans. C.-L. Koch, Syst. der Myr., p. 188. 
tophilus sanguineus. Gervais, Ins. apt., t. IV, p- 316. 


Rare, un seul individu très-caractéristique; S'-Denis-Wes- 
trem près de Gand, sous l'écorce d’un peuplier du Canada. 
Genre SC HEND YLA (Bergsoë et Meinert). 
9. Schendyla nemorensis (C.-L. Koch). 
se nemorensis. Bergsoë et Meinert, Danmarks Geophiler, p. 25. 
Meinert, Myriapoda Musaei Hauniensis , p. 56, 


yria 
ze pl. HI, fig. 31 à 33 et pl. IV, fig. 1. 
Linotaenia  — , C.-L. Koch (Panzer), Faun. ins. Germ., fasc. 142, 
n° 4. 


Assez rare, Gand, dans la terre des jardins. 


( 48 ) 


Genre GEOPHILUS (Leach). 
10. Geophilus sodalis (Bergsoë et Meinert). 


Senipaeus sodalis. Bergsoë et Meinert, Danmarks Geophaler, p- 17. 
Geophilus sodalis. Meinert, Myriapoda Musaei Hauniensis, p. 64, 
pl. à 9 Z 


Rare, un seul individu dans la tannée des serres, au Jardin 
Botanique de Gand. 


11. Geophilus longicornis (Leach). 
Geophilus longicornis. gen Ins. apt., t. IV, p. 515, pl. XXXIX, 


+ NS. 
—  hortensis. CL. den (Panzer), Faun. ins. Germ., fasti- 
cule 162, n° 1. 
— longicornis. C.-L. Koch se Faun ins. Germ., fasti- 
. cule 4 
= hortensis. Snellen van Sire pe van Nederland 
(Gelede dieren), pl. VIJ 


Peu rare, sous la mousse, au pied des arbres, ete.; déjà cité 

pour la Hollande par M. Snellen van Vollenhoven. 
12. Geophilus electricus (Linné). 
? Scolopendra electrica. Linné, Syst. nat., édit. 13, t. I, pars V, P- pu 
? Arthronomalus flavus. Newport (Gray), Catal Brit. Mus. (1856 
p. 85. 

Geophilus electricus. ar et Meinert, Danmarks Geophiler » 
ir f lele, Myriapoda Musaei Hauniensis, p.84 

Commun dans les jardins et à la campagne, au pied des ar- 
bres. Gand, Luxembourg belge, etc, 
Déjà cité pour la : Belgique par M. Bellynck (op. cit, p- 365 
pour la Hollande par M. Snellen van Vollenhoven? (op- cit, 
P. 84). 


(419 ) 


CHILOGNATHES. 


Famille GLOMÉRIDÉS. 
Genre GLOMERIS (Latreille). 
r 13. Glomeris limbata (Latreille). 
ne rue Brandt, Insecta M 4 geen p. 35, fig. 2 


Gery: s. apt., t. TV, p. 69, pl. XLIII, fig. i. 
SS is ete a animal illustré, pl. XL, 


$ 


— 


fig. 1. 
IE limbata. Snellen van Vollenhoven, ae van Nederland 
(Gelede dieren), pl. VII, 


Très-commune dans les provinces de Luxembourg, Liége ct 
Namur, bois des environs de Spa et de Stavelot, environs de 
Remouchamps. 

Déjà citée, pour la Belgique, par M. Bellynek, pour la Hol- 
lande, par M. Snellen van Vollenhoven. 

À: côté de la G. limbata, M. Snellen van Vollenhoven indique 
Encore, pour la Hollande, la G. pustulata ; je wai jamais ren- 
contré cette espèce en Belgique. 


14. Glomeris annulata (Brandt). 
Glomeris annulata. Brandt, Mém. relatif à l'ordre des ins. Myr.‚p. 145, 


sp. 5. | 
— marginata. Gervais, Ann. des sc. nat., 2 sér., t. VII, p. 42. 
as — Gervais, Atlas de zoologie , pl. LV, fig. 5. 


A l'exemple de Brandt, je crois devoir séparer, sous le nom 
de G. annulata, une espèce peu connue, ayant, il est vrai, de 
nombreuses affinités avec la G. limbata, mais qui en diffère 
Par une taille beaucoup moindre et par les anneaux plus 
larges bordés de brun H 


. 


(420 ) 
La G.annulata paraît remplacer, dans les denai la G. lim- 
bata que je n’y ai jamais observée. 
Três-rare, sous la mousse, aux environs de Gand. Un seul 
exemplaire, avril 1866. 
Famille POLLYXÉNIDÉS. 
Genre POLLY XENUS (Latreille) (4). 


15. Pollyxenus lagurus (Latreille). 


Jule lagure. Olivier, Encycl. Méthod., p. 417, pl. CCCLIV, 
à 7. 
Julus penicillatus. De Geer, Mém. ins., t. VII, p. 571, pl. XXXVI; 
fig. 1à5 E 
Scolopendre à pinceau. Geoffroy, Hist. ins. envir. Paris, t. IE, p- 677, 
pl. XXII, fi 


Pollyzenus lagurus. Gervais, Ins. apt., t. IV, p. 65, pl. nes fig. 1. 
— Caii, Atlas de zoologie, pl. LV, fig. 6, a,b, € 
en Plus T. Rymer Jones, Todd's Cyciopaedia, vol. HI, 


p. 545, fig. 507. 

Pollyzène lagure. A.-M.-C. Dumeril, Consid. gen. ins, p. 255 
pl. LVI , fig. 7 

Pollyxenus lagurus. C.-L. Koch, System der rois. p. 87, 
pl. IV, fig. 43 à 45. 


— Snellen. van Vollenhoven, Dieren van Nederland 
(Gelede dieren), p. 85, pl. VIE, fig. 5. 


: Le P. lagurus est probablement assez commun; mais S0n 
excessive petitesse s’ oppose à ce qu'on le trouve aisément. J'ai 
recueilli des individus de cette espèce aux environs de Gand, 
sous l'écorce desséchée de pieux soutenant une haie. 

(1) Pollyxenus, d’après C.-L. Koch nes J.-E. Gray (Catal. Brit- 
. Mus), 1844. Gervais, Snellen van Vollenhoven 


Polyzenus, d'après J.-E. Gray (Catal. NE Hu), 1856. Dumeril, 
Gerstaecker, ete. 


| | (424) 

Déjà cité, pour la Hollande, par Bennet et Olivier (Wat. Ver- 
handelingen der Maatsch. v. Wet. te Haarlem, t. XIV, p. 487, 
n°1) et M. Snellen van Vollenhoven (op. cit., p. 85). 


_ Famille POLYDESMIDÉS. 
Genre POLYDESMUS (Latreille). 
16. Polydesmus complanatus (Latreille) (1). 


ene complanatus. Latreille, Genera crust. et insect., t. 1, p. 77. 
ulus , _ De Geer, Mém. ins., t. VII, p. 586, pl. XXXVI, 


fig. 23. 
Polydesme aplati. A.-M.-C. Dumeril , Consid. Gen. ins., p. 258, 
Pol pl. LVII, fig. 2. 7 
olydesmus complanatus. C.-L. Koch, System der Myriapoden , p. 133, 
pl. HI, fig. 29 
EF ar Snellen van Vollenhoven , Dieren van Neder- 
land (Gelede dieren), p. 86, pl. VII, fig. 6. 


Commun dans tout le pays, sous les pierres et sous l'écorce 
du pied des arbres. Je l'ai rencontré dans les localités sui- 
vantes : Bruges (bois de Tilleghem), Mariakerke près de Gand, 
Dickelvenne près ‘de Gavre, Sclayn près de Namur, Laroche, 
Houffalise, ' 

Déjà cité, pour: la Belgique, par M. Gervais (Ins. apt., p. 96); 
ku Hollande, par M. Snellen van Vollenhoven (op. cit., 


x 


RL + à 


(1) Le genre est cité comme belge par M. de Selys Longchamps (Dict. 
- Vander Maelen, op. cit., p- 37). 


2% SÉRIE, TOME XXXII. 29 


(42) 


Famille JULIDÉS. 
Genre JULUS (Linné). 
A. Dernier armeau du corps non prolongé en pointe. 


17. Julus Londinensis (Leach). 


Julus londinensis. C.-L. Koen (Panzer), Faun. insect. Germ., fascicule 
162, 
— -= Fe Tenka Chilognather, p.8, sp. 1. 


Cet Jule indiqué comme très-commun par Koch en Alle- 
magne et par M. Meinert en Danemark l’est également chez 
nous ; on le trouve dans la terre meuble des jardins, sous les 
. pierres, dans le voisinage des habitations; relativement plus 
rare en pleine campagne. 


18. Julus pusillus (Leach). 


? Julus boleti. C.-L. Koch, Syst der Myr., p. 109. 
— pusillus. Meinert, Danmarks olde p. 10, sp. 5. 


Espèce probablement peu rare, mais dont je mai encore ren- 
côntré que deux exemplaires, sous les pierres, dans la nef rui- 
née de l’église de Damme près de Bruges. 

19. Julus arhorons (Latreille). 
Julus s E Lai Hist. nat. crust. ins., t. VIL, p.7 
risk = nat., sér. 2, 4. VII, e ie, sp. 11 et Inse 

ie elen 147. 
rn en a ann p. 87, sp. 6. 


Très-eommun dans les Flandres, sous l’écorce des arbres. 


(435) 


. B. Derni ; es 
ernier anneau du corps prolongé en pointe plus ou moins longue. 


20. Sulus albipes (C.-L. Koch). 


Jul bi | 
us albipes. C.-L. Koch (Panzer), Faun. insect. Germ., fascicule 162, - 
n° 10, 
T — Brandt, Mém. ins. Myr., p. 85, sp. 2. 


l Pai acquis la conviction que plusieurs auteurs ont cité, 
omme 7. albipes, des espèces entièrement différentes; c'est 
ansi qu'on a indiqué, dans les synonymies, I. fasciatus dont 
le dernier segment est terminé par une pointe aussi longue 
que chez P3, terrestris , tandis qu’elle dépasse peu les valves 
anales chez PI. albipes véritable. 

UL albipes est, du reste, notre plus grande espèce indigène; 
Sa taille (40 à 45m), Ja longueur de ses pattes et leur couleur 
blanche chez les individus vivants (1) sont des caractères qui 
frappent à première vue. 

Assez rare; j'ai recueilli deux individus à Laroche, sous les 
Pierres des bois de la rive gauche de lOurthe. 

Déjà rencontré antérieurement en Belgique par M. P.-J. Van 

Beneden d’après M. Gervais (Ins. apt., p. 140). 


21. Julus sabulosus (Linné). 


Jule à : 
ule å deux cent quarante. pattes. Geoffroy, Hist. ins. envir. Paris, t. H, 
p: 679, pl. XXII, fig. 5. 


Julus sabulosus. = C.-L. Koch (Panzer), Faun. insect. 
Germ., fasc. 162, n° 7 : 
— bilineatus C.-L. Koch, ibid., fasè. 162, n°6. * 
— sabulosus. - Snellen van Vollenhove: 


n, Dieren van 
Nederland (Gelede dieren), p. 85; 
pl. VII, fig. 4. 
Commun dans tout le pays, dans les endroits secs, sous la 
Mousse u 


in 


(1) Elle; passent au brun dans l'alcool. 


+ qui est, peut-être, PI. punctatus (Leach). - 


(42) 

Déjà cité, pour la Belgique, par M. Bellynck (op. cit., p- 362); 
pour la Hollande, par M. Snellen van Vollenhoven (op. cil., 
p- 85). 


22, Julus silvarum (Meinert). 


Julus silvarum. ms Danmarks Chilognather, p. 15, sp. 7 
— luridus h, Bidr. til Känn.om Sveriges Myriap. (d'après 
en 


Deux échantillons recueillis aux environs de Gand, sous 
l'écorce des arbres et répondant exactement aux caractères 
indiqués par M. Meinert, sauf la taille qui est plus petite; ce 
sont très-probablement de jeunes individus. - 


23. Julus terrestris (Linné). 
Julus terrestris. C.-L. Koch (Panzer), Faun. insect. germ., fascicule 162, 
— — Brandt, Tentaminum insect. Myr. Prodrom., p. 59, pl. V, 
28 et 29. 
F —  Rymer Jones, Animal Kingdom, p. 326, fig. 145, a,b, 


N’est pas rare; se rencontre sous la mousse, au pied des ar- 
bres; je lai recueilli aux environs de Gand, à Bruges, à plee 
Lesse. 

Déjà cité, pour la Belgique, par M. Bellynck (op. cit., p- 562); 
pour la Hollande, par M. Snellen van Vollenhoven (op: ĉit» 
p. 85). 


Il faut ajouter à cette liste deux espèces assez abon- 
dantes dans les provinces de Luxembourg, de Namur et de 
Liége, sous les pierres; l’une très-voisine de II. Londi- | 
_ nensis et présentant à peu près les caractères de VI. luses 
_ (Meinert), sauf la taille qui est à peu près double; l'autre 


( 425 ) 
Les individus que j'ai recueillis ne répondant exacte- 
ment à aucune des nombreuses diagnoses que j'ai eu l’oc- 
=n de lire, je m’abstiendrai de leur donner des noms 
qu'il faudrait probablement rectifier plus tard. 


Genre BLANIULUS (Gervais). 
24, Blaniulus guttulatus. 
Blaniulus guttulatus, Gervais, Ann. sc. nat., 2me série, t. vin, pl. IV, 


fig. 2. 
x e Gervais, liae de ee LV, fig. 
E es Gervais, Ins. apt., t. IV, p. 200, pl. nk fig. å. 


Cette jolie petite espèce d’un centimètre de long, blanche et 
marquée sur les côtés de points d’un rouge vif, répond à II. 
des fraises (Julus fragariarum) de Lamarck (1). 

L'absence totale d’yeux apparents ne permet de le con- 
fondre ni avec PZ. pusillus (Leach), ni avec P7. arboreus (Latr.) 
dont les jeunes individus blanchâtres ont les côtés du corps 
maculés de points virguliformes d’un rouge pourpré. 

Très-commun dans tout le pays, dans les plantations de frai- 
siers; se retire sous terre Pere l'hiver à une dizaine de 
centimètres de profondeur 

Cité, pour la Belgique, par M. Bellynck (op. cit., p. 562), et 
ser Gervais (Ins. apt., p. 200); ri par M. P.-J, Van 


te ee 


(1) Hist. nat anim. sans vertèbres. Paris, 1818, t. V. p. 56. 


(4) Genre Itea de Koch. 
(2) Ce numéro continue 1 


( 426 ) 


Note additionnelle à la liste des Crustacés isopodes terrestres. 


(Voy. Bull. de l'Acad., 2me série, t. XXIX, p. 112, 1870.) 


Genre PHILOUGRIA (Kinahan) (1). 


Je terminais le relevé que j’ai donné des Crustacés isopodes 
terrestres de Belgique par ces mots : « La Philougria celer 
(Kinahan ), très-commune en Angleterre, paraît ne pas exister 
chez nous. » 

Je suis heureux de pouvoir indiquer aujourd'hui cette es- 
pèce comme appartenant à notre faune, On la rencontre dans 
les environs de Gand, sous la mousse humide qui garnit le 
pied des arbres dans les endroits marécageux. 


11 (2). Philougria riparia (Kinahan). 


Philougriaceler. Kinaban, A Review, etc., pl. XXIL, fig. 1 à 4. ‘ 
==  fiparia. Kinahan, Nat. hist. Rev., vol. V, 1858, pl. xil, 
à 


an Spence Bate et Westwood, Hist. of Brit. sessile eyed 
Crustacea, vol. II, p. 456. 


Cette espèce est très-petite; comme les autres représentants 
du genre, elle ne dépasse pas 3,5. A l'œil nu, elle est d'un 
ose pâle ; à la loupe on observe de nombreuses petites taches ra 
blanches. On rencontre toujours un grand nombre d'individus 
réunis. 


derden a 


U. de t'Acad.£ Serie LS2p 427 


(427) 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLANCHE Í. 
Cryptops. 


Fig. 1a. — Pied de la paire anale du €. Savignyi (grossi); 
b. — Les neuf dents garnissant la face inférieure du troisième 
ticl ; 


article. 
. c. — Les quatre dents garnissant l ticl 
Fig. 2a. — Pied de la paire anale du C. agilis” bri 


b. — Les huit dents du troisième viene 
c. — Les cinq dents du quatrième art 
Fig. 5a. — Pied de la paire anale du Crptgs kerdi (grossi). 
b. — Les six dents du troisième articl 
c. — Les deux dents du quatrième een 


; PLANCHE ll. 
Himantarium Gervaisii. 


Fig. 1. — Une femelle de grandeur naturelle. 
2. — Tête, antennes, premiers anneaux du corps du mâle vus par 
dessus (grossis). 
5. — Tête du bes vue par ` ner inférieure, re pattes en 


4. — Les trois denied articles d'une antenne du mâle (très- 


grossis). 
5. — Avant-dernier et dernier anneau pédigères du mâle vus par 
dessous. 
- 6. — Les mêmes parties vues par la face dorsale. RE 
.— Pien dè la piire anale w maga neen rde 


bene enten ied pe SE dane 


Go ml 


IIS i 
. 


9. — Les mêmes parties vues par la D re 
10. — Pied de la paire anale de la femelle (fortement grossi). 


(498 ) 


CLASSE DES LETTRES. 


Séance du 6 mai 1872. 


M. P. De Decker, directeur. 
M. Ap. QuETELET, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Steur, J. Grandgagnage, J. Roulez, 
Gachard, A. Borgnet, Paul Devaux, F.-A. Snellaert, 
J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron J. de Witte, Ch. Faider, 
le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, Ad. Mathieu, 
Thonissen, Th. Juste, Félix Nève, Alph. Wauters, H. Con- 
science, membres; J. Nolet de Brauwere van Steeland, 
Aug. Scheler, associés; G. Nypels, Ém. dè Borchgrave, 
À. Wagener, J. Heremans, correspondants. 

M. Montigny, membre de la classe des sciences , assiste 
` à la séance, 


CORRESPONDANCE. 


en 


M. Polain fils remercie, au nom de sa famille, pour les 
sentiments de condoléance exprimés par l’Académie lors 
du décès de son père. 


x 4 b » n 
_— Une dépêche de M. le Ministre de l'in térieur, relative 
à la comptabilité de la Compagnie, est renvoyée à la com- 


mission administrative. 


( 429 ) 

— Une seconde lettre du même haut fonctionnaire 
accompagnait un ouvrage imprimé pour la Bibliothèque. | 
Un envoi semblable de M. le ministre de la justice sera 
mentionné, comme le précédent, au Bulletin. 

Remerciments. 


— L'Académie royale des sciences d'Amsterdam envoie 
le programme de son concours littéraire de cette année 
pour la fondation Hoefft. 


— La Bibliothèque publique de la ville de Stuttgart 
demande l'échange de diverses publications officielles wur- 
tembergeoises avec les travaux académiques. — Accordé. 


— Le comité d'organisation du Congrès international 
d'anthropologie annonce l'ouverture de sa 6° session à 
Bruxelles, le 22 août prochain. 


— La classe reçoit, à titre d'hommage de divers mes 
bres et associés, les travaux suivants, au sujét desquels 
des remercîments sont votés aux auteurs: 


1° Ethnographie des peuples de l’Europe avant Jésus- 

Christ, par M. Steur, t. 1°"; in-8°. 
Essai de commentaire de fragments cosmogoniques 

de Berose, par M. F. Lenormant, in-8°. 

S° Curiosités numismatiques, par M. R. Chalon, 18° ar- 
ticle, in-8°, > 

4e Voorouderlijke wijsheid in hagchelijke tijden, door 
G. Vreede; in-S°. . 


— Une notice de M. Schuermans, sur la découverte 


( 450 ) 
d'objets étrusques en Belgique, est renvoyée à l'examen de 
MM. Roulez, le baron de Witte et Wagener. 


— M. F. De Potter envoie un travail intitulé : Geslacht- 


boom der Artevelden in de veertiende eeuw, met een woord 


over de nalatenschap van Philip Van Artevelde. — Ce tra- 
vail, ainsi que la notice suivante de M. Julien Vuylsteke : 
Aanteekeningen op de twee opstellen van den heer Frans 
De Potter, Geslachtboom der Artevelden en Hoe en waar 
overleed Philippe van Artevelde, sont renvoyés à l'examen 
de MM. De Smet, Snellaert et Conscience. La classe décide 
que ces notices seront examinées comme œuvres séparées 
et indépendantes l’une de l’autre. 


— M. Varenbergh complète sa notice intitulée : Un voyage 
au treizième siècle, par une copie du texte original qui à 
fait l’objet de ce travail. — MM. Steur et de Borchgrave 
sont priés d’examiner ces pièces. 


ÉLECTIONS. 


La classe a porté son choix, en comité secret, sur les 
personnes suivantes pour les places vacantes. 

. Emir DE Laveceve et Guizcaume Nypeis, tOUS 

deux correspondants, ont été élus membres titulaires, sauf 

approbation royale, en remplacement de MM. Defacqz ct 


Laforet, décédés 


MM. le ehdtudiar M. p'Awras, Ministre de poit 


Bruxelles; ALBeRDINGK Tawm, littérateur à Amsterdam et 3 
-~ Ernest Curtius, professeur à l'Université et secrétaire _ 
perpétuel de l'Académie royale des sciences de Berlin, ont 


( 451 ) 
été élus associés en remplacement de MM. Ramon de la 
Sagra, Mone et Georges Grote, décédés. 
La classe a appelé au nombre de ses correspondants 
MM. Pierre WiLLems et Epxonp Pouzcer, tous deux pro- 
fesseurs à l’Université de Louvain. 


JUGEMENT DU CONCOURS DE 1872. 


La classe a procédé , conformément à son règlement, au 
jugement du concours de cette année. 

Elle a entendu, à cet effet , la lecture des rapports sui- 
vants sur les mémoires envoyés en réponse aux 1°°, 3° el 
4 questions qui ont été indiquées page 129 précédente. 


PREMIÈRE QUESTION. 


On demande un essai sur la vie et le règne de Septime 
évère. 
Rapport de M. Roulez. 


- « Trois mémoires avaient été envoyés en réponse à cette 
question en 1870, mais le prix n’ayant pu être décerné, 

question fut remise au concours pour 1872 et celte fois 
elle a obtenu quatre réponses. 

Le mémoire n° 4 a pour devise les mots Leptis-Ebora- 
cum, c’est-à-dire le nom de deux villes, dont lune vit 
naître et l’autre mourir Septime Sévère. Il se compose 
d'une préface, d’une introduction, du corps de l'ouvrage 

divisé en onze chapitres et d’une conclusion. La préface 
rend compte du plan du mémoire et mentionne les auteurs 


(452 ) 
anciens dans lesquels il est puisé. En première ligne 
figurent naturellement Hérodien et l'abréviateur de Dion, 
Xiphilin, qui est confondu erronément avec son oncle, le 
patriarche de Constantinople de ce nom. Dans le dernier 
chapitre du Mémoire, l’auteur revient sur ces deux histo- 
riens. Il estime que la sincérité de Dion n’est pas à l'abri 
de tout soupçon, tandis qu’Hérodien mérite par son impar- 
tialité les grands éloges que lui décerne Photius. En con- 
Séquence de ce jugement, c’est ce dernier qu’il prend prin- 
cipalement et de préférence pour guide dans son récit des 
événements. Or, mon rapport sur le dernier concours 
avait mis les concurrents en garde contre le peu de fon- 
dement de cette appréciation. D'autre part, j'avais reproché 
aux concurrents de n'avoir pas suffisamment tiré parti des 
inscriptions et des médailles, ces deux sources si impor- 
tantes pour l’histoire du deuxième et du troisième siècle. 
L'auteur ne semble même pas se douter de leur existence. 
Pas une médaille, pas une inscription n’est invoquée en 
témoignage par lui; car je ne tiens pas compte de l'inscrip- 
tion de l'arc de triomphe de Septime Sévère empruntée à 
l'ouvrage de Gaume, intitulé: Les trois Romes, d'après 
lequel il mentionne les monuments élevés par cet empê- 
reur dans la ville éternelle. 

Dans l'introduction Pauteur ‘a cru devoir donner un 
aperçu des règnes d'Antonin, de Marc-Aurèle et de Com- 
mode, alléguant pour raison que Septime Sévère est né 
sous le premier de ces princes, a commencé sa carrière 
publique sous le second et a occupé d'importants emplois 
sous le troisième. Il ne me paraît cependant pas que cette 
‘introduction, assez courte d’ailleurs, jette quelque lumière 


sur la vie de Septime Sévère, dont le nom n’y figure pas 


_ même une seule fois. 


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| 


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| 
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A 
| 


(435 ) 


Le chapitre premier est consacré à la naissance et à la 


jeunesse de Sévère ainsi qu’à sa carrière publique avant 


son avénement à l'Empire. Cet exposé est incomplet et 
contient des erreurs. Il n’en pouvait être autrement, puis- 
que l’auteur était réduit aux données fournies par les his- 
toriens anciens. 
Je crois inutile de faire une analyse sommaire de tou 
les chapitres en 'accompagnant d'observations ; je me bor- 
nerai donc, pour la plupart du moins, à en indiquer les 
titres : Chap. If, Pertinax et Didius Julianus. — Chap. HI, 


Pescennius Niger, Clodius Albinus. — Chap. IV, Lutte 


pour empire : $ 4, Mort de Didius, Sévère empereur, 
$ 2, Défaite et mort de Pescennius Niger; $ 5, Défaite et 
mort de Clodius Albinus. — Chap. V, Guerre d'Orient. 
— Chap. VI, intérieur de l'empire : $ 4, Administration, 
S 2, Plautinien. — Papinien. La transition de ce chapitre 
au suivant se fait par la mention d'Ulpien qui, dit lau- 
teur, « par son fanatique attachement au polythéisme se 
» porta aux mesures les plus iniques contre les sectateurs 
» d’une doctrine, qui est la plus haute, la divine expres- 
> sion du droit et de la justice et qui assure la sécurité 
» des États comme le bonheur des individus. » Mais sous 
Septime Sévère, Ulpien , simple assesseur du Consilium 
présidé par Papinien ne saurait avoir la responsabilité des 
mesures qu’on lui reproche. — Chap. VII, Christianisme: 
$ 1, Progrès, persécutions, apologies; $ 2, Cinquième persé- 
cution, Tertullien. L’Aperçu historique du cl istianisme q 
renferme le $1 serait sans doute à sa place dans une histoire 
e l'empire romain; il paraît superflu dans une esquisse 


rapide du règne d’un seul prince, auteur de la cinquième 


persécution , et il y occasionne une trop grande diversion. 
Dans le silence des historiens anciens qu'il a Suivi jus- 


qu'ici, l'auteur prend pour guides les historiens modernes 
de l'Eglise, notamment Rohrbacher et Bérault-Bereastel; 
il cite aussi les Antonins de de Champagny, car il paraît 
avoir ignoré l’existence de l'ouvrage plus récent du même 
écrivain : Les Césars du troisième siècle, qui contient 
cependant l'histoire du règne de Septime Sévère et celle 
de la persécution ordonnée par ce prince. — Chap. VHI, 
Expédition en Bretagne: § 1, Étendue de la domination 
romaine dans lile; $ 2, Derniers exploits de Sévère.. 
On donnerait une idée plus juste du contenu du premier 
de ces deux paragraphes en remplaçant le titre transcrit 
ci-dessus par celui-ci : aperçu historique de l'établissement 
de la domination romaine dans l'ile. Hauteur avance que 
l'expédition de Bretagne fut décidée malgré les hésita- 
tions significatives du Sénat et les murmures éclatants du 
peuple, qui trouvait qu'on avait assez guerroyé. Je serais 
curieux d'apprendre à quelle source il a puisé ce rensei- 
gnement. Est-ce qu'au commencement du troisième siècle 
le Sénat aurait encore décidé de la paix et de la guerre? 
Ce tableau de la puissance romaine en Bretagne, qui 
n’était nullement indispensable, a exposé l’auteur à mettre 
à nu la faiblesse de ses connaissances du droit public et du 

| droit civil de Rome. « L'administration de la nouvelle pro- 
» vince, dit-il, ‘était confiée à un gouverneur qui, avec le 
» litre de préteur ou de propréteur, exerçait l'autorité 
» Suprême; il commandait l'armée et rendait la justice. 
» Adrien limita le premier ce pouvoir exorbitant, traça au 
» préfet des règles fixes et donna à tout l'empire une 
» Organisation judiciaire uniforme. » Autant de phrases, 
. Autant d'erreurs. Jamais un magistrat romain n’a gou- 
_ verné en Bretagne avee le titre de préteur. Hadrien n'a 


pen changé aux pouvoirs des gouverneurs des provinces: 


+ OR ER A EE EA AENEAN E RE ns 


É 


( 455 ) 
les légats-propréteurs de l’empereur ont continué sous 
son règne à commander l’armée et à rendre la justice. La 
mesure que Fauteur prend pour une organisation judi- 
ciaire uniforme donnée à tout l'empire est probablement 
l'édit perpétuel rédigé par Salvius Julianus et sanctionné 
par Hadrien. Mais cet édit, que nous pourrions appeler 
dans le langage moderne la codification des édits des 
magistrats, ne concerne aucunement l'organisation judi- 
Claire, - — 
Dans le récit de l'expédition de Bretagne se reproduit 
Comme avérée, la version de la construction par Sévère 
d'une muraille en pierre, qui y est décrite d'après lhis- 
toire d'Angleterre de Lingard. — Chap. IX, Mort de 
Sévère. — Chap. X, Famille impériale. Il est question 
_dansce chapitre non-seulement de l'impératrice et de ses 
` fils, non-seulement du règne de Caracalla, mais encore de 
ceux d'Elagabale et d'Alexandre Sévère. — Chap. XI, Lit- 
térature. C’est un court aperçu de l’état de la littérature 
à l'époque de Septime Sévère. Enfin la conclusion offre 
une récapitulation de la vie de ce prince et une apprécia- 
lion de son caractère, de sa politique et de ses talents 
Comme administrateur. 
Le Mémoire n° 4 n’est pas très-étendu; au dire de lau- 
leur lui-même, il n’offre qu’une esquisse rapide de la vie 
€ du règne de Sévère. Au point de vue littéraire , il 
mérite des éloges et l'emporte sur les autres mémoires 
concurrents; le style en est facile, élégant et même coloré. 
ais sous le rapport du fond, ik est trop arriéré pour pou- 
- Voir prétendre à la palme. Sa condamnation se trouve 
crite dans ce passage de mon rapport sur le concours 
de 1870 : « Il est un point sur lequel personne ne devait 
> se tromper : une académie a pour mission d'aider au 


( 456 ) 

progrès des sciences et de reculer les bornes de leur 
domaine; on ne pouvait donc pas espérer que la classe 
couronnerait un écrit, qui, même sous une forme meil- 
leure, reproduirait simplement, sans recherches nou- 
velles et sans une critique plus sévère des sources, ce 
que l’on trouve déjà dans les ouvrages de Lenain de 
Tillemont, de Crévier et d’autres. » 

Sévère mourant donna pour mot d'ordre à son armée: 
Laboremus; c'est ce mot, rapporté par Spartien , qui sert 
d'épigraphe au mémoire n° 2. 

L'introduction est consacrée à l'indication et à l'appré- 
ciation des sources ainsi qu’à la justification du plan du 
mémoire. Il est sans doute de la plus haute importance 
que l'auteur d’un ouvrage historique connaisse la valeur 
des sources auxquelles il puise ses renseignements et, Si 
son ouvrage est destiné à des lecteurs qui sont censés ne 
pas posséder cette connaissance, il convient qu’il la keur 
fournisse. Mais quand il s’agit d’un mémoire académique 
écrit principalement pour des personnes au courant de 
l’histoire littéraire, un jugement sur les historiens consultés 
west pas indispensable, à moins qu’il ne soit propre à 
l'auteur et basé sur des recherches nouvelles. Je n'aurais 
cependant fait aucune observation à cet égard, si le mé- 
moire n’eût contenu qu'une appréciation des sources, résu- 
mée en quelques mots , avec renvoi aux écrits où celles-ci 
sont discutées et examinées en détail. Mais j'aurais voulu 
que l’auteur s'abstint de passer en revue les historiens 
modernes de l'empire romain, lesquels d’ailleurs ne sont 
pas des sources; il eût ainsi évité l'inconvénient de se 
placer, pour les juger, sur un terrain qui n’est pas exclu- 
sivement celui de la science. 
nt l’ordre chronologique, l'auteur a cru «plus 


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néant jte its 


PERRET PE SON RER EE DE mt beni denten 


( 457 ) 

» rationnel de considérer Septime Sévère sous les trois 
» faces de Phomme, du guerrier et du souverain. » — 
« Comme l’homme, dit-il, se montre surtout dans le guer- 
» rier et qu'il est plus naturel de remarquer les traits qui 
» le caractérisent à mesure qu'ils se présentent à nous par 
» les faits qui se déroulent sous nos yeux, nous aurons à 
> tracer le tableau de ses guerres; à montrer le guerrier, 
» le capitaine supérieur: ce sera là’ sa vie; son règne : 
> parler du souverain, exposer et apprécier sa politique à 
» Rome, en province; sa politique singulière à l'égard des 
» Chrétiens. Dire quels hommes le guidèrent dans cette 
> politique, montrer ensuite le souverain à l’œuvre, parler 
» des changements qu'il opéra dans l’ordre public et privé, 
» dans l’ordre administratif et judiciaire. Quelles garanties 
» nouvelles n’établit-il point quant aux personnes et quant 
» aux biens. Sévère toucha à tout ce qui regarde l'ordre 
» administratif, il changea l’organisation de provinces, 
» voulut réorganiser l’armée, mais la désorganisa ; il s’oc- 
> Cupa même des intérêts matériels de l’empire et se plut 
> à encourager les lettres et les arts. Voila ce qu’il fau- 
» drait dire du souverain. » 

Tels sont, fidèlement transcrits, les termes dans lesquels 
l'auteur du mémoire expose et raisonne son plan qu'il 
qualifie lui-même d’un peu singulier. Le mémoire se divise 
en conséquence en deux parties, dont la première avec la 
rubrique « Le Guerrier » contient sept chapitres. Fen fais 
Suivre ici les titres : Chap. I, Sévère avant son avénement 
à l'empire. — Chap. II, Septime Sévère proclamé empe- 


_ Feur, sa lutte contre Didius Juliânus.— Chap. IH, Septime 


Sévère à Rome.-—Chap. IV, Guerre entre Sévère et Niger. 

— Chap. V, Guerre entre Sévère et Albin. — Chap. VI, 

Guerres en Orient. — Chap- VII, Sévère en Bretagne. 
28° SÉRIE, TOME XXXIII. | _ 50. 


( 458 ) 

La seconde partie sous la rubrique « Le Souverain » 
est précédée d’un préambule, sur lequel je demanderai ` 
la permission de faire immédiatement une observation. 
Après avoir parlé de la lex imperii, par laquelle le peuple 
romain avait délégué jusque-là ses droits à l'Empereur, 
l’auteur s'écrie : « Sévère le premier brisa avec ces tradi- 
» tions séculaires, afficha hautement la déchéance du Sénat 
» et du peuple et déclara ce que ses prédécesseurs avaient 
fait, mais n’avaient osé dire, en écrivant cette phrase 
célèbre: Legibus soluti simus (sic) attamen legibus 
vivimus (Justin, Instit. I, 47, 8) et la théorie du despo- 
tisme fut établie sur le principe que le prince est au- 
dessus des lois, parce que c'est lui qui fait la loi.» Je 
remarquerai d’abord que les mots licet enim, qui com- 
mencent la phrase prétendûment célèbre, ont été omis et 
que cette omission en change complétement le sens el la 
portée. Ensuite les empereurs n’avaient-ils pas été affran- 
chis légalement des lois avant Sévère? Dion Cassius (1) 
Faffirme par rapport à Auguste déjà et cet affranchisse- 
ment est écrit en toutes lettres dans la lex regia de impe- 
rio Vespasiani, dont un fragment est parvenu jusqu'à 
nous et où on lit: iis legibus plebisque scitis Imp. Caesar 
Vespasianus solutus sit. 

Les chapitres de cette seconde partie sont au nombre de 
cinq. Chap. I, Politique de Sévère. — Chap. I, Plautien. 
— Chap. II, Sévère et les Chrétiens. — Chap. IV., Change- 
ments opérés dans l’ordre administratif. — Chap. V, Chan- 
~ gements opérés dans la jurisprudence. — Conclusion: 
Il me paraît que l'auteur se fût mis beaucoup plus à 


Re 


vv vv y 


(1). Lib. LUI, 18 et 28. Cf. L. 34, Digest., de legibus et Senatus, c*‚ 15- 


( 459 ) 
l'aise et que son ouvrage n’eût que gagné, s’il eùt adopté 
la simple division par chapitres, en laissant de côté ses 
trois faces, dont deux se fusionnent en une seule. 

Quelques passages et surtout la manière de l’auteur 
permettent de soupçonner qu’il s’est trouvé en 1870, au 
_ hombre des concurrents, mais son mémoire n’est plus du 
tout le même ; il a été non-seulement corrigé, mais entière- 
ment refondu; é'est un travail nouveau pour lequel ont été 
mises à profil cette fois toutes les sources anciennes ainsi 
que les travaux de l’érudition moderne. 

L'analyse même sommaire des chapitres de l'ouvrage 
me conduirait trop loin; l'indication des titres qui pré- ` 
cède, jointe aux détails que contient mon rapport de 1870 
suffit pour donner à la classe une idée générale du sujet. 
Comme mes conclusions ne seront pas entièrement favo- 
rables au présent travail, je suis obligé, pour les justifier, 
d'en relever les défauts plutôt que d’en louer les passages 

USsIS. - 

Le mémoire est très-étendu ; il comprend plus de deux 
Cents pages in-folio d’une écriture serrée. Je suis d'avis 
qu’il n’eût rien perdu a être un peu plus court. L'auteur 
dit à la page 17 : « Deux motifs nous ont eñgagé à ne pas 
» placer à la tête de notre mémoire un coup d’æil général 
» sur l’état de l'empire à l'arrivée de Septime Sévère au 
» trône. Dire des choses générales sur l'empire romain , 
> rien de plus facile; cela se trouve dans tous les livres 
» qui traitent de cette époque et nous n’aurions eu qu'a 
> jeter dans un même moule quelques textes de Gibbon, 
» de de Champagny et de Merivale. » Après la lecture 
de cette déclaration , j'avais espéré de ne pas rencontrer 
des hors d'œuvre et des digressions, mais j'ai été trompé 
dans mon attente. L'auteur semble avoir oublié qu'il 


st  : 

écrivait pour une Académie et non pour une Revue. Ainsi, 
au’ chap. HI de la 2 partie, où il avait à s'occuper de la 
cinquième persécution, l'abondance des matériaux que lui 
fournissaient les ouvrages sur l’histoire de l'Église l'ont 
engagé dans un long préambule, qui prend presque la 
moitié du chapitre. C'est à partir de là seulement qu'il 
aborde son’sujet en exposant quelle était à cette époque 
la disposition des esprits envers les Chrétiens et quelles 
furent les causes de cette cinquième persécution. Il déclare 
ensuite qu’il n’a pas à en faire l’histoire et qu'il lui suffira 
de dire quelques mots des principales eruautés dont les 
Chrétiens eurent à souffrir. 

Les digressions sans être longues sont assez fréquentes. 
Au chap. I de la 4° partie, nous en trouvons une sur la 
décadence de l’éloquence sous l'empire, à l’occasion de la 
mention de l’ application de Sévère à l’art oratoire ; une autre 
sur la dépravation de la Société romaine, à propos de l'ar- 
rivée à Rome du jeune Africain de Leptis, « qui venait y 
chercher une science qu’il n’y pouvait trouver (1) » et une 
troisième sur l’état du tribunat et de l’édilité sous l'em- 
pire, quoique Sévère n’ait pas même géré la dernière de 
ces magistratures: 

Que l'auteur ait fait précéder le récit de l'avénement de 
Septime Sévère, d'un coup d'œil général sur la fin du 
règne de Commode et sur le règne de Pertinax , on nau- 
rait qu’à len louer, mais, après des observations générales 
sur l’empire romain et sur Rome sous les Antonins, ! il 
entre dans des détails sur les dernières années du règne 


ps 


ed 


(1) La science que Septime Sévère allait surtout chercher à Rome était 
nt celle du droit; elle y sene un rela représentant , Me 
paraît-il, dans le jurisconsulte Q. Scaevola, int l'élève. 


en eee sede oee 


eo 


(AM) 
du fils de Marc-Aurèle et sur sa mort; il consacre même 
une note de seize lignes à la maîtresse de ce prince, l'af- 


franchie Marcia, dont il eût suffi de mentionner le nom. 


Quant à Pertinax, il ne se contente pas de retracer les - 
événements de son règne de quelques mois, ainsi que sa 
fin tragique, il raconte en détail sa vie et sa carrière 
publique. Au lieu de se borner à remarquer, si cela en 
valait la peine, que le cursus honorum de ce prince, donné 
par de Champagny est incomplet et peu exact, il transcrit 
en entier les huit lignes dont se compose la note de Paca- 
démicien francais; il avait usé du même procédé plus haut 
relativement au cursus honorum de Septime Sévère, qui 
se trouve dans l’ouvrage numismatique de Cohen. 

Mon rapport de 1870 exprimait le regret qu'aucune 
mention spéciale n’eût été faite des généraux de Septime 
Sévère, sur la carrière desquels, dans le silence de l'his- 
toire, les inscriptions fournissaient peut-être quelques ren- 
seignements. Pour satisfaire à ce desideratum, V'auteur du 
mémoire ne s’est pas borné à consigner le cursus honorum 
de quelques-uns des personnages considérables du règne 
de Sévère ainsi que ceux de ses adversaires Niger et Albin, 
Mais par un excès de zèle, dont on ne doit pas lui savoir 
gré, il a fait le même honneur à des hommes marquants 
des règnes précédents, pour autant, bien entendu, que les 


. Commentaires épigraphiques de Borghesi, de Zumpt, ete., 


lui fournissaient les éléments de ces notices. Nous trou- 
vons de cette manière les cursus honorum de Sulpitianus, 
beau-père de Pertinax et de Pompejanus, sans parler de | 
celui de l’empereur Didius Julianus lui-même, auquel est 
consacrée une note de près de trente lignes. 

Parmi les notes répandues avec profusion dans tout le 
mémoire, il yen a qui sont pe inutiles; j'en cite- 


(442) 
rai deux seulement, A la page 66, l’auteur rappelle que les 
magistrats, dans l'exercice de leurs fonctions, avaient droit 
à certaines marques de déférence et il croit devoir les énu- 
` mérer dans une note, avec citation de textes anciens à 
l'appui, comme si ce détail ne se trouvait pas dans tous 
les manuels d’antiquités romaines. A la page 55, voulant 
parler des Romains des beaux temps de la république, il se 
sert de l'expression : « le Romain des plaines de Zama » 
et à propos. de cette locution, il ajoute en note: « La ba- 
» taille où le grand Scipion vainquit Hannibal ne se livra 
‚> pas à Zama , mais entre Kella et Narraga. Cf., l'Afrique 
» ancienne, par d’Avezac, p. 187. Carthage, par Yamoske, 
» p. 95 (Paris, Didot, 1844). » 
On dirait que l'auteur a eu l'ambition de marcher sur 
les traces des grands historiens philosophes; son ouvrage 
abonde en réflexions morales, qui non-seulement n'ont 
ni profondeur ni originalité, mais sont presque toujours 
vulgaires et parfois naïves; j'en donnerai quelques échan- 
tillons : 
« (Le Sénat) avait soutenu son compétiteur (Julien) 
» aussi longtemps qu'il y eut pour lui quelque chance de 
» succès et ne l’abandonna que par lâcheté; car il y a 
» lâcheté à abandonner des amis tombés dans la misère et 
» le malheur. » 
_ « Niger envoya demander à l'étranger un secours qu'il 
» avait si dédaigneusement refusé; mais, avec exilé de 
> Tomi, il put songer aux amis qui vous entourent aussi 
» longtemps que la fortune vous favorise, mais vous aban- 
» donnent du moment que le malheur est venu frapper à 
» votre porte, » j ; ; 
« Heureux (qui done?) si tous les princes agissaient 


|» avec une même sagesse, faisant plier l'orgueil et Pambi- 


o » tion devant le bien de leur peuple. » 


( 445 ) 

« Comme si cette vertu (la chasteté) pouvait être connue 
» dans l'antiquité payenne. ». 

« Mais lamour est aveugle, dit le PAS A et Sévère 
le fut aussi, » 

L'auteur n’a pas toujours su résister à son pencho: 
pour la déclamation. Exemples : 

€ 1° Quand done, ô Rois, apprendrez-vous que vous 
» êtes sur le trône non pour faire peser sur vos sujets le 
» joug de votre autorité souveraine et mettre en pratique 
» celte parole du plus grand despote qui fùt jamais «l'État 
» Cest moi » mais pour agir en tout-et toujours en vue du 
» plus grand bien de vos peuples. Que ne vous persuadez- 
> vous que la royauté est la plus belle des choses, aussi 
» longtemps qu’elle reste ce qu'elle est, mais qu'elle est 
» exécrable du moment où elle s'appelle despotisme ou 
» tyrannie. » 

« ? Ils (les prétoriens) n'osent sortir de leur camp, les 
» lâches, mais du haut de leurs remparts — à exemple 
» unique dans Fhistoire du monde — ils mettent l'empire 
» à Vencan. » 

« Est-ce donc, ò lâches, pour vendre l’empire aux plus 
» offrant, que vous portez les armes romaines? Est-ce 
_> Pour aboutir à une telle ignominie que Rome s’est bat- 

> tue durant des siècles? Après avoir rempli le monde de 
> la gloire de son nom, après avoir produit une phalange 
» de héros et s'être montrée aussi romaine par l'épée que 
> par la parole, Rome que la gloire avait enivrée s’adonna 
>» au vice, le Romain des plaines de Zama, où il triompha 
» du plus puissant peuple d'alors, fut conduit au camp 
» prétorien —vrai Lupanar—disputer l'empire du monde 
> non plus par les armes, mais par une poignée d'or; el 
> ce sont des Romains qui marchandent l'empire. » 


( 444 ) 
« Vous Flavius Sulpitianus, indigne beau-père de Per- 
linax, et vous surtout Marcus Didius Severus Julianus, | 
descendant du plus grand jurisconsulte du règne d'Ha- 
drien, vous sacrifiez la dignité romaine à vos passions 
cupides et ambitieuses. Vous vous laissez entraîner par 
les exhortations de deux femmes. » 
« Vous Femportez Julien! la domination de l'Univers 
vaut vingt-cinq mille HS par prétorien. Entrez au camp 
des prétoriens avec le surnom de Commode, vous y êtes 
à votre place. Mais vos passions ont dépassé vos moyens; 
vous ne pouvez accomplir vos promesses; vous serez 
victime de vos passions orgueilleuses. Vous n'avez 
acheté l'empire que pour pouvoir vous faire égorger sur 
un trône que vous avez déshonoré. Vos désirs sont 
accomplis, vous êtes empereur, mais Romain vous ne 
êtes plus. » 
Cette dernière apostrophe laisse bien loin derrière elle 
les réflexions de de Champagny sur le même événement ; 
elle tient de Pamplification de rhétorique; elle jure d'ail- 
leurs avec ce qui précède et ce qui suit, et fait songer au 
purpureus assuitur pannus d'Horace. à 
L'auteur nous prévient que, le temps lui ayant manquè 
Pour revoir ce qui avait été écrit par le copiste, nous ren- 
contrerons peut-être dans son texte de nombreuses incor- 
rections. Maisoutre les fautes de copiste, nous avons encore 
trouvé un bon nombre de locutions vicieuses, telles que : 
« N'eut pas de Sevère une opinion assez haute de guer- 
rier; » « la victoire balance du côté de Sevère; » « che- 
vauchait à cheval; » « un peuple qu’une sage république 
Souverne; » « séculariser ses rivaux. » etc. 
Je ne sais si l’auteur a emprunté la phrase suivante ou 
_ si elle lui appartient : « Le Sénat n’était plus qu’une vieille 


v vv v Vv vry ee 


y y y y y 


| ( 445 ) 
servante au service de tous les tyrans, » elle lui plait telle- 
ment qu'il l'emploie deux fois; je la trouve moi de mau- 
vals goût. 

Je passe à un autre ordre d'observations. Les textes cités 
dans le mémoire ne sont pas toujours interprétés exacte- 
ment. En voici des preuves: p. 25, «il eut de beaux succès 
oratoires; » Spartien ne parle pas de succès, il dit simple- 
ment : publice declamavit. P. 55. « Sans lui accorder cepen- 
dant, quoi qu’en dise Spartien , le droit de se faire précéder 
de fasces cum securibus; » le mot fasces ne figure même 
pas dans le texte de l'historien. P. 84. « Julien avait né- 
gligé la justice comme il avait négligé toute administra- 
tion (Spart. Jul. 4). Il n’y a pas un mot de cette négligence 
dans toute la vie de cet empereur par Spartien ; on ne doit 
Pas perdre de vue d’ailleurs que son règne n’a duré que 
deux mois. P. 91. « Sans demander l'autorisation du Sénat, 
il quitta Rome après trente jours de résidence dans la 
Capitale (Spart. Sev. 8.); » l'historien ne parle aucunement 
de l'autorisation du Sénat. P. 103. « La vengeance est 
indigne d’un prince, elle ne révèle qu’une âme basse et 
VÉnale; » c’est la traduction libre d’un passage de Juvénal 
(Sat. XII, 189), dans lequel cependant on chercherait 
vainement l'idée de vénalité, qui n’a rien de commun avec 
la Yengeance. 

Je ferai encore une dernière remarqne. Au chap. F, il 
est dit que Sévère ne resta pas longtemps avocat du fisc, 
Son oncle, ancien personnage consulaire, lui ayant fait 
Obtenir bientôt le laticlave. Mais cette distinction n’était 
aucunement incompatible avec la charge en question ; elle 
n’a done pas dû obliger Sévère à renoncer à celle-ci. 

À la fin du chap. IV de la deuxième partie, l’auteur nous 
: déclare que ce chapitre est incomplet, qu’à l’aide des notes 


3 .. 


( 446 ) 

qu’il a recueillies, il pourrait lui donner encore de longs 
développements, et qu’il en est de même de la note sur la 
bataille de Lyon. Il promet l'envoi d'un supplément, sl 
l’Académie couronne son mémoire. Je ne pense pas que 
dans les conditions où se présente le concours, la classe 
puisse accepter le supplément promis. Mais comme de 
laveu du concurrent son travail est incomplet; comme en 
` putre il résulte de mes observations qu’il est susceptible de 
recevoir de notables améliorations et qu’il pourrait diffici- 
lement être imprimé dans son état actuel, j'estime qu'il 
n'y a pas lieu de lui-accorder le prix. 

La, réponse n° 3 porte pour épigraphe ces paroles de 
Montesquieu : « Il avait de grandes qualités ; mais la dou- 
ceur, cette première vertu des princes, lui manquait. » 
Le manuscrit se compose de cinq pages et demie du formal 
in-octavo. Les-ouvrages cité torités sont : le Dic- 
tionnaire historique de l'abbé de Feller et l’ Histoire romaine 
racontée aux enfants par M. Lamé Fleury. Cette réponse 
est évidemment l’œuvre d’un mauvais plaisant; c'est tout 
ce que j'en dirai. Ri 

La devise du mémoire n° 4 est la phrase suivante pat 
laquelle: M. Amédée Thierry caractérise Sévère : « Peu 
d'empereurs ont montré une individualité plus forte el 
laissé dans l’histoire de Rome une trace plus profonde. » 

Dans une note placée en tête du manuscrit, l'auteur 
déclare qu'une maladie l'a empêché d’en soigner, comme 
il l'aurait désiré, le fond et la forme, que le temps lui à 
manqué pour copier son mémoire en entier, qu'il n'a pu 
tirer parti , même dans les pages envoyées au concours, de 
tous les matériaux qu'il avait recueillis, qwenfin la prê- 
face, le chapitre sur la politique de Sévère et celui sur le 
‘droit civil ne son! pas encore rédigés, Un délai de huit 


e 


( 447 ) 
jours, ajoute-t-il, lui suffirait pour compléter son mémoire 
et un délai d’un mois lui permettrait d'envoyer à l’Acadé- 
mie un ma it nouveau complet et entièrement remanié 
Quant au style et quant au fond. 

L'art. 55 de notre règlement, en excluant du concours 
les mémoires remis après le terme prescrit, interdit vir- 
luellement d'accorder des délais. La classe m'aurait donc 
p accéder au désir du concurrent. Elle doit le regretter 

“autant plus, que les parties et les fragments de mémoire 
qui lui ont été envoyés sont de nature à faire bien augurer 
de l'ensemble. Si Pérudition de l’auteur du mémoire n° 4 
est plus sobre que celle de l’auteur du mémoire n° 2, ses 
recherches n’ont pas été moins vastes. Le manuscrit porte 
la même devise que le n° 5 du concours de 1870; c'est un 
des motifs qui me font supposer, qu'il sont tous les deux 

e la même personne. En tout cas je n’hésite pas à appli- 
quer à Pun le jugement favorable que j'ai porté de l’autre. 
| Mais comme les lacunes de ce mémoire n° 4 sont trop nom- 
Feuses et trop considérables pour qu'il puisse concourir 
avec des chances de succès, j'ai cru pouvoir me dispenser 
de analyser et de faire des observations de détail. 
Il résulte de mes conclusions sur chacun des mémoires 
en particulier que, dans mon opinion, la classe ne-doit pas 
cerner encore cette année la médaille d’or. Mais si, 
comme je l'espère, elle remet une troisième fois la ques- 
tion au concours, elle peut s'attendre à recevoir enfin des 

Feponses qui mériteront ses suffrages. J'ai fait remarquer 

Plus haut que deux des concurrents s'étaient livrés à de 

longues et pénibles recherches; elles les ont probablement 
empèchés de commencer en temps utile la rédaction de 

_ leurs mémoires. L'un d'eux cependant aurait eu probable- 

Ment achevé son travail, s’il n'avait perdu son temps à 


rois nr EE RES 


Per 
des accessoires et à des minuties. J’estime que l’Académie 
doit des encouragements à leurs persévérants et louables 
efforts et je proposerais volontiers à la classe de décerner 
une médaille d'argent à celui des deux qui, grâce peut-être 
à la maladie de son rival, a approché le plus du but, je 


veux dire à l’auteur du mémoire n° 2, si pour aceepler 


cette récompense, ilne devaitse faire connaître et s exclure 
par là du nouveau concours. 


Rapport de M. Wagener. 


« Je me rallie de tout point aux conclusions formulées 
par M. Roulez, et comme ces conclusions me paraissent 
très-bien motivées, je crois inutile de les appuyer à mon 
tour par de nouvelles considérations. Je me permettra! setl- 
lement d'insister sur un détail, qui du reste a déjà été tou- 
ché par notre savant confrère. Si l’auteur du mémoire n° 2, 
qui semble avoir déjà concouru en 1870, voulait une troi- 
sième fois, comme je l'espère, prendre part à la lutte, je 
Pengagerais fortement à renoncer, d’uné manière complète, 
à ce ton déclamatoire qui dépare les meilleures parties de 
son travail. Ce que l’Académie demande, comme M. Roulez 
l'a fait remarquer, c’est une étude principalement destinée 
aux savants, et dont l’ordre, la clarté et la critique doivent 
constituer les seuls ornements. Le ton déclamatoire, qu 
n'est de mise nulle part, est intolérable dans un ae 
d'érudition. Je crois donc que l’auteur du mémoire N 2 
agirait sagement en se débarassant, autant que possible, e 
ce style emphatique et outré qu'il doit probablement à une 


imitation peu heureuse des ouvrages de de Champag®y- s : i 


e 


— + 


nnn nennen 


( 449 ) 


Rapport de M, Félix Nète. 


« Les quatre mémoires envoyés en réponse à la pre- 
mière question sont d’une valeur si différente, qu'ils ne 
comportent pas un parallèle. Malheureusement il n’en est 
pas un seul auquel la classe puisse décerner la récompense 
promise pour le sujet d’histoire romaine remis au concours 
depuis deux ans. Je partage à cet égard l'avis de M. Roulez 
dans le rapport qu’il vient de lire à titre de premier com- 
missaire, et j'ai la satisfaction d’entendre que c'est aussi 
l'opinion de notre honorable confrère chargé de la même 
tàche, M. Aug. Wagener. 

Sans parler d’une narration sommaire (n°.5) qui serait 
écartée sur-le-champ comme indigne d’une seconde lecture, 
on aurait à signaler un tableau du règne de Septime Sé- 
vère (n° 4) bien concu dans son ensemble, esquissé avec 
une élégance soutenue, mais se renfermant dans le cercle 

des renseignements acquis depuis assez longtemps à la 
science, : 

On aurait à louer aussi les premières ébauches d'un écrit 
savant (n° 4) qui révèle l'entente des recherches de haute 
érudition et qui a dû être puisé aux meilleures sources : 
mais le volumineux manuscrit ne renferme autre chose 
que cinq ou six chapitres rapidement annotés d'un on- 
vrage considérable , dont il nous manque le plan tracé de 
la main de Fauteur. , ; 

Le mémoire n° 2 est seul, par son étendue et son €X6- 
cution , dans les conditions du concours, ainsi que l'a re- 

connu M. Roulez. L'érudition du concurrent s’est déployée 
à l'aise, et même surabondamment , sur le plus grand 


| ( 450 ) | 
nombre des questions curieuses d'histoire, de géographie 
et d'antiquités, ressortant du sujet. Il n’a pas négligé de 
noter, en chaque endroit, l'opinion des: critiques de nos 
jours, qu’il a recherchée dans des recueils scientifiques 
d'une véritable autorité, Il a profité des lumières répan- 
dues sur plus d'un point obscur ou controversé, dans des 
publications spéciales d’épigraphie et d'archéologie, par des 
savants tels que Henzen, Borghesi, Léon Renier, ete. Quel- 
quefois il s'est appuyé sur des notices fort rares, sur des 
monographies et sur des répertoires que les bibliothèques 
de notre pays ne possèdent pas : on en inférerait qu’il n'y 
est parvenu que par des recherches qu'il aurait faites en 
personne à l'étranger. i 

Mais l’auteur n’a pu partout mettre à profit cette masse 
de renseignements spéciaux, indiqués minutieusement dans 
ses notes. Il n’a pas réussi, sur toute époque, à mettre 
pleinement en lumière les événements du règne de Sévère 
qui n’ont pas encore ‘trouvé place dans les principaux 
livres sur l’histoire des Césars. Il lui est arrivé de s'arrêter 
à quelques particularités d’un intérêt secondaire au détri- 
ment des faits sur lesquels il lui eût été avantageux d'in- 
sister. $ 

Des chapitres entiers, fort importants, tels que ceux qui 
concernent l'administration et la jurisprudence à l'époque 
de Sévère, ne présentent, dans le mémoire n° 2, qu'une 
rédaction inachevée. Dans cette dernière partie, le mémoire 
aurait besoin d’une révision approfondie et presque com- 
plète, comme il aurait besoin, en beaucoup d’autres pas- 
sages, de retouches et de retranchements, 

Le nouvel historien de Sévère n’a pu se défendre de 
multiplier les réflexions et les maximes en bien des endroits 
où l’on peut en contester Pä-propos et la justesse : trop- 


( 454 ) 
souvent il interrompt ses narrations par une réflexion 
philosophique, ou bien il les termine par un trait senten- 
cieux. : 

Si les recherches de l’auteur ont été considérables, on 
regrette que, faute de temps sans doute, il n’en ait pas tiré 
meilleur parti : on voudrait qu'il en eût présenté les résul- 
tats avec plus d'ordre et plus d'enchaînement. D'autre 
part, son style est inégal et souvent incorrect. 

En résumé, il est impossible de livrer sur-le-champ à la 
publicité le fruit non assez mûri d’un travail opiniâtre et 
consciencieux , méritoire à beaucoup d'égards. Non-seule- 
ment l'écrivain mest point parvenu à terminer convena- 
blement sa tâche prise en elle-même, mais encore il a 
laissé trop d’imperfections dans la forme d’un bout à l'autre 
de son ouvrage. 

Pour reconnaître l’estime due à ses remarquables efforts, 
je propose à la classe , d'accord avec nos deux honorables 
confrères, de voter la médaille d’argent en faveur du plus 
heureux des concurrents. > 


La classe a adopté les conclusions du rapport de 
M. Roulez, auxquelles ont souscrit MM. Wagener et Félix 
Nève. 


( 452 ) 


TROISIÈME QUESTION. 


Li 
Apprécier le règne de Marie-Thérèse aux Pays-Bas (1). 
Rapport de M., le baron Kervyn de Lettenhore. 


« Un mois ne s’était pas écoulé depuis la mort de Marie- 
Thérèse, lorsque sous les voûtes de Sainte-Gudule, en pré- 
sence d’une foule profondément émue, son oraison funèbre 
fut prononcée le 25 décembre 1780. L'orateur sacré chargé 
de lui rendre ce dernier hommage était l’un des premiers 
membres de notre Compagnie, l'abbé de Nélis, et il ne 
. manqua point, en énumérant les titres de l’Impératrice à la 

reconnaissance publique, de rappeler la création de l’Aca- 
_démie : « L'Europe, disait-il, l’a vue encourager les lettres 
» et les arts par des ¿isbljasaiienis utiles faits pour en con- 
» server et propager le fruit. Elle s’honorait en honorant 
» les savants : approbation qui peut tout sur des âmes sen- 
» sibles à la gloire, lorsqu'elle descend du trône. » 
L'Académie ne pouvait célébrer sa fête jubilaire sans 
rendre hommage à la mémoire de son illustre fondatrice. 
Peut-être est-il à regretter qu ‘elle n’ait point inserit dans le 
programme l'éloge de Marie-Thérèse, puisque cette forme, 
sans exclure l’impartialité, imposait davantage l'élévation 
de la pensée et la noblesse du style; peut-être, en se bor- 
nant à réclamer une appréciation de son règne, a-t-elle 
tracé la limite trop étroite d’uné étude qui semble de- 
mander à la statistique ses principaux éléments. 

Mais, quelles que puissent être à ce égard les réserves 

qui ont été déjà exprimées par d'honorables membres de 

en 

(1) Voir Bulletin de février dernier, page 129, pour l’énumération des 
mémoires reçus. 


R ATEN 
eeens 


| (455 ) 

“la classe, on ne saurait faire un reproche aux concurrents 
de s'être inclinés devant les termes mêmes du programme. 
Nous aurons done à examiner quels sont les travaux les 
plus consciencieux, quelles sont les recherches les plus 
persévérantes auxquelles cette question a donné lieu; nous 
ne croyons pas toutefois devoir en séparer le mérite de la 
Composition et de la rédaction, puisque ce mérite relève, 
avant tout, des compagnies chargées de conserver les saines 
traditions littéraires. 

Deux mémoires nous sont parvenus : 

Le n° 4 est écrit en francais, le n° 2 en flamand; ils ont 
Fun et l’autre environ la même étendue, et les nombreux 
Chapitres qui se succèdent embrassent à peu près les 
mêmes matières. 

Dans le n° 1, la première partie est consacrée à la sou- 
veraine et à ses ministres; la seconde aux institutions 
Parmi lesquelles l’auteur range tour à tour le pouvoir exé- 
_Cutif, les institutions provinciales et communales, l’ordre 
judiciaire, l’ordre ecclésiastique, les administrations finan- 
cières, l’instruction publique et les établissements mili- 
taires. La troisième partie a pour objet l'examen des 
réformes introduites par l’Impératrice dans les conseils 
Provinciaux et communaux, dans les finances, dans la 
législation, dans le culte, dans l’enseignement, dans les 
Sciences et dans l’armée. Suit un appendice destiné à faire 
Connaître le caractère et les mœurs des habitants ainsi 
que les règles et les usages qui président à la vie maté- 
rielle. | 

Le n° 2, plus complet que le n° 1, renferme 41 chapi- 
tres. Le premier chapitre nous met en présence de Marie- 

hérèse et de ses ministres; les chapitres H et V s’occupent 
des relations des Pays-Bas avec les pays- étrangers. Les 
2%° SÉRIE, TOME XXXIIL 51 


( 454 ) 

chapitres VI à VIII nous initient aux détails assez com-- 
pliqués de l'administration intérieure. Le chapitre IX, 

l’un des plus importants du mémoire, étudie dans chaque 
province ce qui formait les véritables institutions natio- 
nales. Dans les chapitres suivants, l’auteur passe successi- 
vement en revue les questions financières, les affaires 
ecclésiastiques, l'enseignement à tous ses degrés, la 
situation des arts et des lettres, la bienfaisance publique, 
l’industrie, l’agriculture et les divers pouvoirs judiciaires. 

Sous tous les rapports, le n° 2 est supérieur au n° 1.11 
est vrai que l’auteur du n° 4 fait précéder son mémoire 
d’une assez longue liste d'ouvrages relatifs à Marie-Thérèse, 
parmi lesquels on s'étonne de rencontrer les annuaires 
des départements de la Lys et de l’Escaut, mais tout ré- 
vèle dans le cours de l'ouvrage une extrême précipitation 
à réunir des documents mal combinés et mal digérés. 

L'auteur du n° 2, plus attentif, plus circonspect, a pesé 
avec soin la valeur des pièces qu’il a eues sous les yeux et 
parmi celles-ci ‘il en est un assez grand nombre qu il a 
tirées des précieuses collections des archives générales du 
royaume. 

U y a aussi entre ces deux mémoires une notable diffé- 
rence. D'une part, l’auteur du n°4, injuste pour Marie- 
Thérèse, qu’il peint disposée à la vengeance et portée à la 
dissimulation comme si elle était de l'école de Louis XI (1), 
s’est inspiré des idées de Voltaire et de Diderot, liées, selon 
lui, à l'éternel honneur de la France (2). D'autre part, l'au- 


TT 
(1) « Marie-Thérè PART CE 1 ; elle était nn peu de l'école de ce 
> maître-roi Louis XI. La é étrangère à sà poli- 


» tique. » » (Mém. n° 4, pp. 45 et 19. 
(2) « Ci T. at - Shen quelque 


OI RAR 


( 455 ) 
teur du n° 2 reproduit, en appréciant le règne de Marie- 
Thérèse, le jugement que nos pères en ont porté, juge- 
ment conforme à nos traditions nationales, qui, en 
proclamant les vertus de l'Impératrice , a néanmoins dé- 
ploré, à plus d'une reprise, des tentatives malheureuses 
. dont l'exemple égara et perdit Joseph IL. 
Le style du mémoire n° 2 est empreint d’une simplicité 
_ digne d'éloges; je me bornerai à citer quelques lignes de 
la conclusion : 
« Au dix-huitième siècle, c'est-à-dire à une époque où 
Von admettait que tous les pouvoirs étaient réunis dans 
la main du souverain, se développèrent d’autres prin- 
cipes qui devaient répandre l'anarchie dans toute l’Eu- 
rope. De là, des conflits qui depuis des siècles étaient 
résolus en Belgique; de là, de longues discussions sur 
la forme des gouvernements et la base des États, qui 
eussent dû rester étrangers à un pays dont les institu- 
tions opposaient une barrière au pouvoir absolu. 
» Nos lois, consacrées par une longue suite de siècles , 
aSsuraient le maintien de nos libertés publiques : leur 
révision était superflue et n’était demandée par per- 
sonne. En Belgique, comme en Angleterre, elles étaient 
» le fruit d'une longue expérience et à ce titre entourées 
> du respect de tous. Les théories propagées en France 
> et en Allemagne étaient done sans objet dans un pays 
> Qui avait traversé toutes les épreuves. Nos populations, 
» hostiles à la centralisation , étaient résolues à conserver 


— 


v 


v- vu v vY vyv v v 


v v 


» sorte ce mouvement social; ce sera sa gloire la plus pure que d’avoir 
» donné un corps à des théories que le génie des Voltaire, des Diderot , 
» des d’Alembert a précisées et revêtues d'une forme impérissable. » 
(Mém. ne 4, p. 11.) 


( 456 ) 

à nos provinces et à nos communes le bienfait de leurs 
vieilles institutions marquées du sceau du sentiment 
national. Elles croyaient que le premier devoir du gou- 
vernement était de s’y conformer et de les protéger. La 
Belgique sentait profondément le besoin de résister à 
des principes nouveaux qui devaient bientôt ruiner la 
maison d'Autriche elle-même. Combien n'eût-il pas été 
plus sage d'écouter et de développer le sentiment natio- 
nal au lieu de chercher à Faffaiblir! Si le gouverne- 
ment autrichien, fidèle à son rôle naturel de conserva- 
tion, au lieu de se poser en réformateur politique et 
religieux, s'était borné à faire disparaître des abus in- 
contestés , s’il s'était seulement appliqué à rétablir lor- 
dre là où régnait le désordre, si ses soins avaient été 
réservés aux intérêts matériels du pays, jamais les Pays- 
Bas n’eussent possédé une administration plus féconde 
en bienfaits, et c'eût été la plus belle page de notre his- 
toire. » : 

Dans le n° 4, au contraire, nous rencontrons trop 
souvent le mauvais goût, emphase, la négligence, par- 
fois même lincorrection; il serait aisé de citer bien des 
phrases qui trouveraient mieux leur place dans la polé- 
mique de la presse ou dans des communications familières 
que dans un travail soumis dans une circonstance solen- 
nelle à l'approbation de la première compagnie savante du 
pays. Les images auxquelles l’auteur a recours sont vul- 
gaires et de plus inexactes. C'est ainsi qu’à la première 
page de son mémoire, il nous dit qu’il y a dans toute œuvre 
trois choses : l’ouvrier, ses instruments et son travail. 
L'ouvrier, c'est Marie-Thérèse; les instruments, ce sont les 
institutions; le travail, ce sont les réformes. C'est nous 


vvd ee ve u ey 


ves Y Y y OV ee y 


-~ donner immédiatement une fausse idée du tableau qu'il 


x 


: ( 457 ) 
esquisse. Sans nous arrêter à distinguer dans les actes du 
règne de Marie-Thérèse ce qu’elle fit et ce qu’elle laissa 
faire, nous devons bien reconnaitre que les institutions ne 
lui servirent guère d'instruments dans les réformes qu’elle 
entreprit, mais que le plus souvent ce fut contre ces insti- 
tutions mêmes que ces réformes furent dirigées. 

Ce qui fit la grandeur de Marie-Thérèse, ce qui fit la 
popularité de son règne, c'est que, malgré les mauvaises 
mesures dont on accusa ses ministres et à raison du bien 
qu'on rapporta toujours à sa propre initiative, il n’y eut 
Jamais qu’une voix pour proclamer son sincère et loyal 
désir d'assurer le bonheur de ses peuples. Peu de chose 
manqua à son administration pour qu’elle fût saluée d'une 
acclamation unanime comme exempte de défaillances et 
de fautes. Il Jui eût Sufi d’avoir vécu quelques années 
Plus tôt et d’avoir pu ainsi se dérober à la triste influence 

des théories qui, en 1780, avaient déjà creusé de toutes 
Parts l’abime qu’allait ouvrir la Révolution. 

estime qu’il y a lieu de décerner le prix à l’auteur du 
Mémoire n° 2, portant pour épigraphe les mots : Maria- 
Theresia gehört zu, etc. » 


Rapport de M. 3. J. De Smet. 
' « Un des principaux bienfaits que la Belgique doit à 
Marie-Thérèse est à coup sûr la création de notre Acadé- 
mie, qui fit sortir peu à peu de la torpeur, où il gémissait 
depuis si longtemps, un pays renommé autrefois par ses 
Savants, ses littérateurs et ses artistes. D'autres que nous 
pourront dire que cette création est même une des gloires de 


( 458 ) 
Pimpératrice-reine. Nous allons célébrer l’année jubilaire 
d’une institution chère à nos cœurs et restée debout après 
tant de révolutions ;il était bien juste que le Gouvernement 
de Marie-Thérèse en Belgique fût proposé comme une 
question au concours de l’année. 

D'après le mémoire n° 2, que nous avons sous les yeux, 
l’auteur ne nous paraît pas novice dans les luttes académi- 
ques; il a voulu traiter le sujet dans toute son étendue et wa 
négligé aucune source imprimée ou conservée encore dans 
les archives de Vienne et de notre pays: il a même eu le 
bonheur singulier d'écrire à une époque où l'on venait de 
publier des recueils de documents du plus haut prix dans la 
matière, tels que lelivre de M. le chev. A. von Arneth: Maria 
Theresia und Joseph II. En parcourant le mémoire avec 
soin, nous n’avons trouvé aucun fai que l’auteur ait omis, 
mais quelques-uns, en petit nombre, il est vrai, qu ’il aurait 
pu omettre sans inconvénient, et, surtout, quelques noms 
_ de savants ou d'artistes qu’on sera peut-être étonné de voir 
placés si haut parmi leurs rivaux. 

Au nombre des statuaires on compte Van Poucke el 
Godecharles, qui n’appartenaient pas à l’époque de Marie- 
Thérèse, ni Redouté, Herreynset Ducq, peintres d’un temps 
bien postérieur. 

En général, le chapitre des beaux-arts laisse : à désirer 
pour le fond comme pour la forme, ainsi a celui ri 
sciences. 

Le concurrent pense, et nous le eroyons comme lui, que 
l'Académie ne demande pas un panégyrique de Marie- 
Thérèse, mais la célébration du jubilé ne devait-elle pas 
faire aboni dans quelques faits des circonstances atté- - 

nuantes? L'Impératrice, dit le concurrent (page 30), agis- 
sait souvent avec irrésolution dans ses négociations avec les 


5 
Al 
è 


( 459 ) 
puissances étrangères et y perdait souvent les voies, parce 
qu'elle leur portait rancune. S'il s'agit des puissances ma- 
ritimes qui insultaient à son autorité par le traité honteux 
des Barrières et ruinaient le commerce de ses sujets par 
la fermeture de l’'Escaut, comment blàmera-t-on son 
mécontentement contre elle (p. 50)? 

Pour l’intérieur, comme elle le disait elle-mêm®, les 
résolutions qu’elle prenait émanaient d’un plan longtemps 
arrêté, d'un calcul fait avec soin et exécutées avec une 
volonté de fer. Deux principes la guidaient : le bien-être de 
ses sujets et son autorité absolue. Ses fautes avaient toutes 
leur origine en ce dernier point; de là ses empiétements 
sur le pouvoir spirituel et la scandaleuse expulsion de deux 
membres des états de Flandre, par suite de leur opposition 
à la loi tout à fait inconstitutionnelle du subside fixe. 

Nous croyons que le mémoire mérite la médaille d’or, 
mais le style doit être sévèrement revu. 

L'auteur du n° 4 nous paraît évidemment inférieur à 
Pautre;-son érudition étant de seconde main, il n’a pu s'en 
rendre maître. 

Nous sommes heureux de voir que notre opinion, qui 
décerne la médaille d’or au n° 2, est entièrement conforme 
à celle de M. le baron Kervyn de Lettenhove. » 


L 2 
Rapport de M. Alph, Wauters. 


« Appelé à me prononcer, après mes deux honorables 
collègues, sur le mérite relatif des mémoires en réponse à 
la question concernant le règne de Marie-Thérèse, je dois 
exprimer le regret de ne pouvoir en aucune façon par- 
tager leur manière de voir. Empruntant à un célèbre his- 
torien de l'antiquité les paroles qu’il met dans la bouche 


( 460 ) 

de Caton d’Utique, je me vois forcé de dire : Longè alia 
mihi mens est (« tout autre est mon opinion ») (f). Et 
comme ce n’est pas un caprice , une question personnelle, 
mais un ensemble de, motifs très-sérieux qui m'ont in- 
fluencé, la classe me permettra de développer mon opi- 
nion; je ne désespère pas de la justifier et de prouver que 
le mémoire n° 4 est digne de la médaille d'or et de lim- 
pression dans les publications de notre Académie. Le mé- 
moire n° 2 ne mérite, d’après moi, que la seconde place; 
on pourrait lui accorder une mention honorable. 

Les deux mémoires sont à peu près égaux en étendue; 
je puis ajouter que l’un ne cède guère à l'autre en érudi- 
tion, car les deux auteurs ont également compulsé, outre 
les meilleurs ouvrages publiés dans le pays et à l'étranger, 
le riche dépôt des Archives du royaume, source inépui- 
sable de documents de la plus haute importance pour 
l'histoire du dix-huitième siècle. Mais là s'arrête la res- 
semblance. Autant le mémoire n° 1 est coloré, concis, 
méthodique, autant il donne une grande et favorable idée 
du règne de Marie-Thérèse, dont il blàme cependant, 
mais dans une juste mesure, certains actes et certaines 
tendances, autant lautre mémoire est incolore, diffus, 
systématiquement opposé à la plupart des grandes ré- 
formes qui furent opérées par notre illustre fondatrice, 
presque constamment® hostile aux vues essentielles des 
hommes éminents qui ont administré l'Empire, et en par- 
ticulier la Belgique, pendant le règne de Marie-Thérèse, 
le plus éclatant, sans contredit, de l'existence de la mo- 
narchie autrichienne. 

E auteur du mémoire n° 1 a-t-il bien positivement Com- 


TASTE E 


zi EE (1) Salluste, De Catilinae conjuratione , c. 52. 


n 
= 


(461 ) 


paré Marie-Thérèse à Louis XI, a-t-il voulu rabaisser 


cette grande princesse ? Ses propres paroles vous expri- 
meront ma pensée mieux que je ne pourrais le faire : je 
interprète pas, je reproduis : 


=» 


D 


» 


> 


» 


» 


v + v v 


> 
» 
» 
» 


> 


« Marie-Thérèse avait beaucoup de jugement et une: 
mémoire fort heureuse : deux qualités précieuses quand 
on occupe le pouvoir. Elle en avait une autre, moins 
estimable, mais nón moins utile aux gouvernants : 
elle savait dissimuler. Elle était un peu de l’école de ce 
maître-roi Louis XI qui aimait à répéter : Qui nescit 
dissimulare nescit regnare; à preuve l'affaire de Fal- 
liance avec la France et les incidents relatifs au partage 
de la Pologne. Nulle souveraine n’a possédé à un si 
haut degré le talent de plaire. Conservant, alors même 
qu'elle était le moins disposée à l'enjouement, une phy- 
Slonomie riante et gracieuse; ayant toujours, de l'aveu 
même de son critique Podewils, des manières aisées et 
Prévenantes; écoutant avec patience et bonté tous les 
sollieiteurs qui, à certains moments, formaient presque 
légion, Marie-Thérèse devait être et a été excessivement 
SYmpathique à ses sujets. 
» Avait-elle tous les défauts que Podewils étale si com- 
Plaisamment dans sa Relation du 18 janvier 1747 (1), et 
que, d'après lui, elle aurait eu l'adresse de dérober à 
tous les regards dans les six premières années de son 
règne? Était-elle si vindicative, si ambitieuse , si en- 
nemie de la contradiction qu'il s’est plu à le dire? — H 
faut faire, sans doute, la part de la passion qui est visi- 
ble dans le portrait qu'a tracé de l'Impératrice l'ambas- 
ne oo ET PMP 


(1) Voir Bulletins de la commission royale d'histoire, 2° série, tome If, 
Page 250. 


( 462 ) : 
sadeur prussien. Il y a certainement de l’exagération 
dans certains traits, le récit des ambassadeurs véni- 
tiens, dont le caractère personnel nous garantit lim- 
partialité, en fait foi. Il mest pas vrai, par exemple, que 
Impératrice waurait été bienveillante et généreuse que 
par ostentation ; il mest pasvrai non plus qu’elle n'aurait 
jamais éprouvé aucune répugnance pour la guerre. 
correspondance avec son fils Joseph est faite avec trop 
de bon sens et dénote trop de cœur pour que nous 
ajoutions foi aux assertions de Podewils. La souveraine 
qui, dans le secret de lintimité, et alors que personne 
n’est là pour l'entendre, écrit à son fils : « Il faut faire 
le bien et convaincre le monde par là, mais jamais le 
dire, cette femme n'est pas aussi hypocrite que veut 
bien le dire le ministre prussien » (1). 
Je m’arrête ici, ce portrait n’est certes pas une satire, 
l'écrivain ne porte son jugement qu'avec circonspection et 
en s’entourant de tout ce qui peut l'éclairer. H rappelle 
les attaques dirigées contre l’Impératrice, mais en ayant 
soin de faire apprécier la valeur des témoignages et il re- 
trace, je puis le dire, les grandes qualités de la princesse 
avec une élégance de style que l'on ne rencontre pas frè- 
quemment dans les mémoires envoyés aux concours. À I 
fin de son travail, l'auteur du mémoire n° 2 a également 
consacré quelques mots à PImpératrice; dans Vappréci?- 
tion, fort courte, qu’il fait du caractère de Marie-Thérèse, 
il la traite de princesse irrésolue et pas trop franche (eene 
besluitelooze en niet zeer openhartige vorstin) (2). Un pen 


; 


(4) Pages 13 à 14 dù manuscrit. 
(2) Page 220 du manuscrit. 


v y Y vey 


MONS VV vyu y v 


( 465 ) 
dissimulée, soit; mais manquant de décision, elle, si 
ferme, si opiniàtre dans ses desseins : le reproche me 
semble singulier. 

Dans le mémoire n° 1, l’auteur conclut en ces termes : 

» Les sympathies des esprits libéraux de notre temps 
» doivent être acquises aux gouvernements intelligents 
» qui marchent d’un pas ferme dans la voie du progrès. 

» Le gouvernement de Marie-Thérèse a été de ceux-là. 

» Il nous voulait du bien, il nous en a fait (1). » 

Tout autres sont les idées de son concurrent. I loue 
Marie-Thérèse, mais il blàme plusieurs des grands actes 
de son règne les plus généralement approuvés. Il va plus 
loin : il rejette en quelque sorte sur elle la responsabilité 
des malheurs du règne de son fils. Après avoir parlé des 
concessions faites aux acatholiques du temps de l’'Impéra- 
trice, il ajoute : « L'indulgence de Marie-Thérèse pour les 
cultes étrangers fut le précurseur de Pédit de tolérance 
promulgué plus tard par Joseph Il. L'intervention de 
Plmpératrice dans les affaires religieuses et les nouvelles 
tendances de ses hommes d’État, tous ces faits auxquels 
elle avait participé dans une si large mesure, eurent sur 
son fils une influence qu’elle regrette fréquemment dans 
sa correspondance avec la marquise d’Herzelles. Si Jo- 
seph Il est devenu un fils ingrat et un homme indiffé- 
rent (besingeloos), comme elle le nomme dansses lettres, 
elle devait s’attribuer à elle-même ces suites fàcheuses 
Pour une mère aimante et tendre comme elle l'était, et 
son imprévoyance en fut la principale cause (2). » 


(1) Page 106 du manuscrit. 
(2) Page 108 du manuscrit. 


( 464 ) 

Ainsi, les défauts de Joseph IL sont imputables aux 
fautes politiques de l’Impératrice, et, en particulier, aux. 
principes de tolérance qu’elle manifesta aux Pays-Bas. La 
conclusion me semble singulière, pour ne pas dire davan- 
tage. 

L'auteur du mémoire n° 2 n’a aucune sympathie pour 
les hommes qui entouraient Marie-Thérèse, le prince 
Charles de Lorraine excepté, auquel un hommage complet 
est rendu pour sa constante modération , sa bienveillance 
sans égale; mais Kaunitz, Cobenzl, De Nény, etc., sont 
fortement blämés : Le règne a été glorieux et prospère, les 
réformes dans les finances ont été heureuses et fécondes, 
Pimpulsion donnée à l’industrie et au commerce a été éner- 
gique et salutaire; mais pourquoi ne pas s'être arrêté là, 
pourquoi être sorti du cadre des intérêts matériels (de 
stoffelyke belangen) (1)? Oui, le mot y est, les intérèls ma- 

tériels. Ceux-là seuls auraient dû préoccuper le gouverne- 
ment autrichien; sa grande faute, nous autres nous dirions 
son vrai titre de gloire, est donc d’avoir songé aux be- 
soins de l'instruction publique, des sciences, des lettres et 
des arts. Mais les ministres de notre fondatrice étaient, les 
uns, comme de Nény, des disciples de Van Espen; les au- 
tres des impies, imbus des malheureuses maximes des 

philosophes français et allemands! 

« Toutes ces personnes, dit l’anteur du mémoire n° 2, 
» n'avaient qu'un but, une tendance, un dessein. Elles 
> portaient un dévouement illimité à la maison d’Aatriche, 
> dont elles désiraient étendre la puissance, dont elles 
» rêvaient la grandeur et la gloire; elles nourrissaient une 


TN S 


(1) Page 224 du manuscrit. ` 


` 


( 465 ) 

» défiance aveugle à l'égard de l'Allemagne et des prin- 
» cipes qui y dominaient; elles étaient dévouées à lá 
» France et à ses projets; elles vivaient dans l’incrédulité 
» ou l'indifférence au point de vue religieux; oui, elles 
» prenaient souvent une attitude hostile à l'Église (1). » 

Cobenzl, en particulier, est peu ménagé. On le repré- 
sente comme aimant l'argent et, à l'appui de cette accu- 


sation, on allègue qu’à son arrivée dans le pays, il reçut des 


stats de Flandre 1,000 pistoles au lieu de vin d'honneur; 
on aurait dù ajouter que c'était là, non une innovation, mais 
un usage adopté depuis longtemps. De Konigsegg, Harrach 
en avaient profité avant Cobenzl, comme l'attestent les 
documents mêmes auxquels l'écrivain a puisé. Quand on 
cite un fait, il ne faut pas en tronquer la signification. 

« Emportement et imprévoyance , dit-on encore; ces 
» défauts, qui doivent être étrangers à un bon administra- 
» leur, étaient sans contredit le partage de Cobenzl. Par 
» ses procédés, il donna naissance à la lutte qui s'engagea 
» entre le clergé et le gouvernement des Pays-Bas. Disons 
» toute notre pensée : il était l’ami de Kaunitz, et ce fut 
» en vain que des plaintes parvinrent contre lui à l’Impé- 


» ratrice. Cobenzl persista dans sa manière de faire (2). »: 


Pour achever le portrait de l'homme d'État à qui notre 
corps doit sa naissance et dont le souvenir doit être res- 


tate nd ete 


(1) Page 13 du manuscrit. 
(2) Drift en onvoorzigtigheid, gebreken die den goeden bestuurder 
moeten vremd zyn, waren zonder tegenspraak die van Cobenzl. Hy was 


telykheid en het bestuur van Maria-Theresia te wege bragt; zeggen wy 
alles : hy was de vriend van Kaunitz, en vruchteloos werden alle klagten 


Over hem aan de koningin overgebragt. Cobenzl bleef volharden in zyne 


handelwyze. (Page 63 du manuscrit.) : 


( 466 ) 

pecté parmi nous, l’auteur emprunte à un Allemand éeri- 
vant en français cette phrase malencontreuse : « Les cor- 
» respondances de Cobenzl nous donnent parfaitement un 
> tableau malheureusement très-comique de la méthode 
» de gouvernement suivi par cet homme d'État dans les 
» rapports de l’État avec l'Église, » et il trouve si belle 
celle phrase ridicule qu’il la répète deux fois dans la même 
page (1). Comique, la correspondance de Cobenzl et la ma- 
nière de traiter les affaires? Ah! qu’on les blâme ou qu'on 
les approuve, les travaux de Cobenzl ne sont pas de ceux 
dont on rit. A quelque opinion qu’on appartienne, on doit 
admirer le labeur prodigieux auquel s'est voué pendant 
dix-sept ans cet homme remarquable, le plus capable, le 
plus actif des ministres qui ont gouverné la Belgique au 
dix-huitième siècle. Cobenzl avait de grands défauts, il est 
vrai, mais il possédait l'intelligence, la persévérance, 
l'énergie, sans lesquelles on ne fait pas sortir un peuple 
d'un état léthargique, pareil à celui dans lequel notre 
pays était plongé à l’avénement de Marie-Thérèse. 

L'auteur du mémoire n° 2, consacrant trois lignes à 
peine au prince de Stahremberg, qui gouverna la Bel- 
gique pendant dix années, se borne à en dire qu’il tait 
Valter ego de Cobenzl ‚ avec plus de modération et moins 


d'imprévoyance. L'auteur du mémoire n° 4 est plus expli- 
it 


CHE; 


« Si Cobenzl mourut trop tôt pour sa gloire et pour 
» notre pays, les Belges eurent du moins la. consolation 
» de le voir remplacé par un homme qui partageait ses 
» idées et qui, soucieux comme lui des intérêts de la Bel- 


wter ene en WE 
us te 
ee 


(1) Page 65 du manuscrit. 


( 467 ) 

» gique, étendit et développa les principes auxquels elle 
» devait sa nouvelle prospérité. 

» Kaunitz avait jeté les yeux sur le prince de Stahrem- 
» berg pour compléter l’œuvre de Cobenzl. Il fut bien 
» inspiré. Stahremberg fut un autre Cobenzl , aussi ferme 
» devant les adversaires des réformes, aussi empressé 
> à la recherche des moyens qui pouvaient l'assurer, 
» tout en sauvegardant, ceci n’est jamais oublié par les 
» ministres autrichiens, les droits et les prérogatives de 
» la couronne impériale. 

» Les objets sur lesquels Stahremberg concentra plus 
» particulièrement ses efforts sont relatifs à l’état civil, 
» à l'enseignement, aux arts et aux lettres. C’est lui qui 
» fit ériger en Académie, en 1772, la Société littéraire 
» fondée par Cobenzl; qui preserivit pour la tenue des re- 
» gistres de l’état civil des règles presque conformes à 
» celles qwa consacrées le code Napoléon, qui ouvrit au 
» public la Bibliothèque de Bourgogne, qui fit décréter la 
» sécularisation de l’enseignement et réorganisa complé- 
> tement l’enseignement reeel après la suppression 
> de l'ordre des jésuites en 1775. 

Voilà deux appréciations bien différentes. L'Académie 
S'étonnera-t-elle que je donne la préférence à la seconde ? 

Après une brillante introduction de quelques pages, in- 
troduction offrant un tableau résumé des événements du 
règne et écrit dans ce style brillant et nourri de faits et 
d'idées dont j'ai cité quelques exemples , l'auteur du mé- 
moire ne 4 „aborde le fond même de la question. Dans trois 
parti distinctes et coordonnées, il s'occupe : 

1° De la souveraine et de ses collaborateurs ; | 

9 Des institutions telles qu’elles existaient à l'avéne- 
ment de mers ; 


( 468 ) 
5° Des réformes, c'est-à-dire des changements apportés 
à ces institutions par Marie-Thérèse. 

Chacune de ces parties se subdivise en chapitres, el 
chacun de ces derniers en sections. L’anteur procède par- 
tout et toujours avec méthode, puisant aux meilleures 
sources manuscrites et imprimées, soumettant les ren- 
seignements qu’il a recueillis à une saine critique, les 
résumant de manière à se faire lire, sachant sacrifier les 
détails oiseux, et cependant toujours intéressant et in- 
structif. Il serait facile, sans doute, d'y relever quelques 
erreurs de détail, quelques fautes secondaires, échappéés à 
l'attention de l'écrivain, provenant de la nécessité de finir 
un travail aussi considérable dans un temps déterminé; 
mais l’œuvre, considérée dans son ensemble, étudiée dans 
sės détails, ma paru très-remarquable au point de vue 
littéraire et scientifique , riche en outre en données not- 
velles et parfaitement présentées, digne, comme je Vai dit 
en commençant, du laurier académique. 

Le mémoire n° 2 présente une seule suite de chapitres 
dont l’agencement ne me semble pas heureux. Ainsi un 
chapitre, n° 22, est consacré à l'administration des postes, 
et un autre, le chapitre 40, au notariat, de même que la 
jurisprudence et les tribunaux forment le chapitre 36, 
placé entre le chapitre 35, consacré à la noblesse, aux 
armoiries et aux chapitres nobles, et le chapitre 37, inti- 
tulé Police, et où il est question du prévôt général de 
l'hôtel, du drossard de Brabant et de la jointe criminelle 
de Namur. Il est vrai que le chapitre du notariat ne 
consiste qu’en sept lignes, où l'on ne signale aucun fait 
. Curieux , et que l'état de la jurisprudence et des tribu- 
naux est étudié dans treize pages seulement. Par contre, 
auteur s'étend outre mesure sur l’état des lettres et des 


| ( 469 ) 
arts et consacre près de cinq pages à l’'énumération des 
Ouvrages d'histoire qui ont été imprimés du temps de 
Marie-Thérèse, ouvrages dont un grand nombre sont 
d'une médiocrité désespérante. Je suis donc fondé à dire 
qu'il pèche par la méthode. 

Nous avons vu le jugement défavorable que l’auteur du 
mémoire n° 2 porte sur les ministres de Marie-Thérèse. 
Ce jugement est basé sur les grandes réformes qui s’ac- 
complirent à cette époque et parmi lesquels il faut placer : 
les mesures prises pour arrêter l'accroissement des biens 
de mainmorte, les modifications introduites dans l'in- 
Struction publique ‚ la suppression de l'ordre des jé- 
Suites, etc. Ces mesures, les concurrents ont usé de leur 
droit, de tout temps reconnu par l’Académie, en les ap- 
Prouvant ou en les condamnant, mais où ce droit s’arrête 
et ce qui motive l’un des reproches que j'ai à adresser à 
l'auteur du mémoire n° 2, c'est qu’il considère toutes ces 
réformes comme le produit des idées philosophiques et sur- 
lout des idées françaises, qui se propageaient alors en Eu- 
rope. Sans doute, la Belgique est un pays essentiellement 
religieux, et ce caractère, il en était plus fortement que 
Jamais empreint au dix-huitième siècle, mais ce qui n’est 
Pas moins vrai, c'est que, à toutes les époques, nos popula- 
tions, nos communes, nos cours de justice ont, pied à pied, 
défendu l'indépendance du pouvoir civil. Nos archives 
abondent à cet égard en détails pleins d'intérêt et sur les- 
quels je m’arrêterai à peine, car ce serait répéter ce que 
tout le monde sait. 

Pédit sur les acquisitions de biens de mainmorte, 
qu'est-ce autre chose que le renouvellement des mesures 
prises du temps de Guy de Dampierre, de Charles le 
Téméraire de Charles-Quint, renouvellement qui était 

° SÉRIE, TOME XXXIII. 32 


( 470 ) 
devenu d’autant plus nécessaire que, déjà en 1740, ve 
marquez cette date, le Conseil de Brabant se plaignait 


des acquisitions illicites faites par les corporations reli- - 


gieuses et posait en fait que la presque totalité des biens 
immeubles, à la campagne, leur appartenait. La limitation 
du nombre des établissements monastiques et des religieux 
qui y pouvaient être admis, avait toujours appartenu à 
l'État et avait toujours été exercé par lui; ces établisse- 
ments ne pouvaient même se fonder, à Bruxelles en parti- 
culier, que du consentement de l'autorité locale, et ce 
consentement fut mainte fois refusé ou donné avec répu- 
- gnance. Une interdiction absolue d'en établir encore fut 
même portée aux Pays-Bas dans les dernières années du 
règne de la pieuse Isabelle. Les reproches d'irréligion 
adressés au gouvernement de Marie-Thérèse sont dont 
exagérés. 

Sans doute ‚des idées nouvelles se sont- ineroduaites en 
Belgique au dix-huitième sièele et ont agi sur les ten- 
dances de nos gouvernants. Et comment eù- aurait-il 
été autrement? Il n’est pas possible d'élever autour de 
notre pays un mur qui le défende contre les doctrines prê- 
chées ou répandues à l'étranger. Quoi qu’on fasse, nos pro- 
vinces, entourées par de grands peuples, subiront toujours, 
jusqu'à un certain point, l'influence des littératures du 
dehors. Quel remède opposer à cet état de choses? Faut-il 
immobiliser notre intelligence, repousser tout contact avec 
nos voisins, ne communier qu'avec le passé; mais Cé 
ai la mort du pays et le signal d’une complète déca- 
_ dence. 


Nous ajouterons de ds: ces réformes, stigmatisées par 
l'auteur du mémoire n° 2, ces doctrines nouvelles répañ- 


— dues d'une part, par Leibnitz et son école, et, d'autre 


. 


Aaaa ÉnREEs 


( 471 ) 

part, par les philosophes vand ont-elles été si désas- 
treuses? Sans doute, le pays a subi de grands maux, il a 
Passé par de rudes épreuves; mais n’en est-il pas sorti 
triomphant? Aimons notre passé, étudions-le avec ardeur, 
mais n’en désirons pas le retour. Il éxistait chez nous 
de belles institutions, il y avait fréquemment de nobles 
aspirations, mais les abus aussi étaient nombreux, et ce 
m'est pas sans péine que nous avons renoncé à la dîme et 
au servage, à la division dés personnes en ordres, aux pré- 
rogatives féodales et seigneuriales; au morcellement des 
juridictions et des coutumes, aux idées d’intolérance, pour 

en arriver à légalité des personnes devant la loi et aux 
autres conquêtes de la société moderne. 
Le règne de Marie-Thérèse est remarquable surtout 
Parce qu’il a ouvert pour la Belgique une ère nouvelle de 
Prospérité et de grandeur, et c'est avec fierté que nous 
allons célébrer l'anniversaire de la fondation de l’Académie, 
Parce que cetté fondation fut l’un des épisodes les plus 
Caractéristiques de l’époque. En méconnaitre le véritable 
Caractère, c’est, à mes yeux, manquer de sens historique 
et aller complétement à l'encontre des intentions de la 
pagnie: Je ne puis donc, pour les motifs les plus 
graves, accorder mon approbation au mémoire n° 2; tou- 
tefois, comme l’auteur s'est livré à un travail considérable, 
je sérais d’avis de lui accorder une mention honorable. » 


En présence de la dissidence d'opinion qui s’est mani- 
festée entre ses rapporteurs, la classe a décidé de ne pas 
accorder de ge aux mémoires présentés. , 


$ 
ee | 


(472) 


QUATRIÈME QUESTION. 
-Donner la théorie économique du capital et du travail (1). 
Rapport de M. Ch, Faider. 

« Six mémoires avaient été envoyés en réponse à cette 
question. 

Le mémoire n° 4 avec cette ge Honneur au 
travail, respect au capital, est une petite note de 7 */2 pages 
in-8°, qui ferait à peine le sujet d’un article de journal : 
il est évident qe une réponse, dans ces conditions, n a rien 
de sérieux. 

Le mémoire n° 4 porte cette épigraphe : 

In necessariis unitas , 
In dubiis libertas , 
ln omnibus charitas. 

Ce travail a 87 pages petit in-4° : il est purement 
théorique et ne touche que superficiellement la théorie 
du capital et du travail. Je laisse à celui de mes Con- 
frères-rapporteurs qui enseigne l'économie politique ee 
qui est plus compétent que moi, le soin d'apprécier la 
valeur scientifique du travail : j'y rencontre des idées gé- 
nérales assez exactement indiquées. Mais ce qui me frappe, 
Cest que l'œuvre produite ne répond ni au vœu de la 
classe ni aux intentions que j'avais en posant la question: 
à ce point de vue, je n’y rencontre ni méthode spéciale ni 
style convenable. Il faut, dans l'écrit demandé, le sens pra- 
tique, la simplicité, les faits et démonstrations : tout cela 
manque; j'y vois souvent des déclamations; je n'y ren- 
ee En ee 

(1) Voir, pour l'énumération de ces mémoires, page 150 du tome 


De XXXII de Bulletins, 2e série. 


tee ee RE EE ee ENOR ABE 


( 475 ) 
contre pas le résumé saisissable par les esprits simples et 
par les masses populaires. Je voulais un petit cours de 
morale économique, dont plusieurs modèles existent, 
propre aux classes ouvrières de notre pays, en rapport 
avec notre législation de liberté, avec notre vraie situation _ 
industrielle et économique. 

Dans ce mémoire, le croirait-on, le mot grève n’est écrit 
qu'une seule fois, le mot coalition n’est pas écrit une seule 
fois: cependant la liberté consacrée des coalitions expliqne 
la liberté des grèves; cette situation crée des’principes pra- 
tiques et nouveaux, modifie les relations économiques des 
chefs d'industrie et des travailleurs, rend nécessaires des 
vues, des instructions et des écrits empreints des nou- 
velles doctrines. Cela n’a pas été compris par le concur- 
rent dont j'examine le travail; il ne se doute pas que les 
classes auxquelles l’ouvrage était surtout destiné doivent 
être éclairées sur les coalitions et les grèves; il aurait dû 
offrir non-seulement une théorie des droits qui découlent 
de la liberté, mais un exposé clair et chiffré des résultats 
qu'elle produit, des dangers de suggestions passionnées, 
de la nécessité de rapports spontanés et raisonnés entre 
les chefs et les travailleurs. 

Bien d’autres lacunes encore peuvent être signalées tou- 
Chant les questions et les formes de salaires, les modes 
d'épargne, de prévoyance et de coopération, l'instruction et 
Péducation industrielles, la moralisation par les sentiments 
religieux et les saines doctrines. 

En un mot : la question posée et la condition particu- 
lière que la classe a indiquée, au milieu de l'anarchie des 
doctrines actuelles et des manifestations bruyantes et 
vaines qui surgissent, auraient dù inspirer à l'auteur du 
mémoire toute autre chose que ce qu’il a composé. 


( 474 ) 

Je ne pense pas que cet écrivain estimable et plein de 
bons sentiments mérite un prix. 

Je me rallie parfaitement à l'appréciation de M. Thonis- 
sen sur le n° 2. Le mémoire ne répond ni aux intentions 
- de la classe, ni aux vues de Fauteur de la question. 

J'adopte les conclusions de M. Thonissen sur le n°3. 
Ce mémoire est plus faible encore que le précédent. 

Pour autant que je puis me permettre de juger les deux 
mémoires flamands 5 et 6, je me rallie à l'appréciation bien 
motivée de nion habile confrère M. de Laveleye : il est 
évident que le mémoire 6 est insuffisant, que le mémoire 5 
est incomplet. Celui-ci est vigoureusement pensé et écrit, 
mais est-il écrit avec cette simplicité propre à le rendre 
populaire s’il était complet? Répond-il, sous ce rapport 
spécial, au vœu du programme? Il me semble que non. 
Je désire attirer l'attention de mes deux co-rapporteurs 
flamands sur ce point essentiel. — Le talent que montre 
l’auteur du n° 5, qui pourra profiter des observations de 
M. de Laveleye, doit faire espérer qu’un nouvel effort 
assurera la réussite de l'écrivain et me fait désirer que la 
question soit maintenue au programme. » 


Rapport de M. Thonissen. 
« Mémoire n° 2, portant la devise : Faites la lumière 
dans votre esprit et vous connaîtrez mieux vos intérêts 


véritables. 


Ce mémoire se compose de cinq chapitres portant les 
titres suivants: Le capital, Le travail, Alliance obligée du 


| x niv et du travail, Producteurs et consommaleurs, 


LA 


À Tieten ear y pu 


| 


á 


( 475 ) : | 

Amélioration matérielle, morale et intellectuelle de lhu- 
manité. ae 

Sous chacun de ces titres, l'auteur indique, d'une ma- 
nière généralement exacte, les principes qui découlent de 
la natare des choses et que les travaux des économistes 
modernes ont mis à labri de toute contestation sérieuse. 
Mais ce n’est pas là, selon nous, le but que l’Académie s’est 
proposé d'atteindre. Elle n’a pas cherché à se procurer une 
analyse plus ou moins complète de quelques doctrines 
qu'on rencontre dans tous les manuels d'économie poli- 
tique : elle a voulu doter la littérature nationale d'un écrit 


. lucide et substantiel, opposant le langage de la justice, de 


la raison et de la vérité aux erreurs nouvelles qu'on répand 
dans les classes inférieures. Pour remplir convenablement 
cette tâche, l’auteur ne devait pas se borner à dire quel- 
ques mots de ce qu'il appelle « les inconséquences dites 
» socialistes. » Il devait rencontrer et combattre les doc- 
trines du socialisme d'aujourd'hui, qui n'est plus tout à 
fait le socialisme de 1848. On peut lui reprocher encore de 


-ne pas avoir emprunté à la statistique. les chiffres irrécu- 


sables qu’elle fournit en foule à ceux qui, au lieu de se 
contenter d’aspirations plus ou moins généreuses, étudient 
les faits et en déduisent les conséquences irrécusables. 
Le peu d'étendue de son travail suffirait seule, au besoin, 
pour démontrer qu’il a incomplétement accompli sa tâche. 
Son manuscrit ne fournirait pas trente-deux pages in-8° 
d’une impression ordinaire. Sans doute, la concision, loin 
d'être un défaut, est une qualité précieuse, surtout dans 
les écrits destinés à une propagande populaire; mais, 
d'autre part, entre la concision et la suppression des dé- 
tails indispensables, la distance est grande. 4y 
Eu somme, quoique le mémoire ne soit pas compléte- 


+ 


| ( 476 ) 
ment dépourvu de mérite, je pense qu’il n'y a pas lieu de 
lui décerner le prix. 


Mémoire n° 5, portant la devise: Je n’impose rien; 
je ne propose rien: f expose. 


J'émets le même jugement sur le mémoire portant le 
n° 5. Les trois chapitres dont il se compose — le travail, 
le capital, les rapports du travail et du capital — ne sont, 
eux aussi, qu’une analyse plus ou moins exacte des opinions 
professées par les économistes. Le petit nombre de faits 
que l’auteur y ajoute, de même que les exemples qu'il 
emprunte aux annales de l’industrie belge, sont dépourvus 
d'importance. Il combat quelques erreurs du socialisme 
contemporain, notamment en ce qui concerne le salaire 
de l'ouvrier, le profit du chef d'industrie et l'intérêt des 
capitaux; il fait ressortir les conséquences funestes des 
grèves : mais, ici encore, on ne trouve aucun fait nouveau, | 
aucun enseighement déduit de la statistique nationale, 
aucun rapprochement ayant échappé aux auteurs des nom- 
breux manuels d'économie politique. J'ajouterai que le 
style laisse souvent beaucoup à désirer. 


A l'égard des mémoires portant les n° 1 et 4, je me 
rallie pleinement à l'opinion émise par mon honorable el 
savant confrère M. Failler. Le premier ne forme tout au 
plus qu'un médiocre article de journal. Le second, man- 
quant à la fois de méthode et de style, aborde à peine 
quelques faces de l'important problème dont la ‘classe 

voulait obtenir une solution complète , mise à la portée des 


(477) 
familles ouvrières. L’auteur se montre constamment animé 
de sentiments louables, mais l’œuvre est loin de réunir les 
qualités scientifiques et fittéraires que l’Académie est en 
droit d'exiger. 

A l'égard de la valeur scientifique et littéraire des deux 
mémoires flamands, portant les n° 5 et 6, j'adopte les 
conclusions de mes deux honorables confrères. De même 
que M. Faider, j’exprime le vœu que la question soit main- 
tenue au concours, afin de fournir à l’auteur du n° 5, qui 
se distingue par des qualités sérieuses, le moyen de rem- 
porter la palme académique. » | 


Rapport de M. De Lareleye. 


« La question mise au concours par l’Académie, sur les. 
lapports du capital et du travail, est peut-être la plus im- 
portante de toutes celles que soulève l'organisation actuelle 
de la société. C’est elle qui, sous le nom de « Question 
Sociale » agite les masses profondes de la classe ouvrière 
et qui aboutit d’une part à des insurrections et à la guerre 
Civile, d'autre part, à ces formidables luttes industrielles * 
dont les grèves et les coalitions sont les armes, parfois 
aussi meurtrières que celles qui ensanglantent les rues de 

Itës, 


nos cités 


Cette question grandira probablement encore et occu- 
pera tonte la fin de notre siècle auquel elle prépare, suivant 


“toute apparence, des crises plus redoutables et plus géné- 


rales que celles que nous avons vues se produire déjà. Nul 
Sujet n'est donc plus opportun, plus digne des recherches 
de nos économistes, et j'ajouterai que nulle part on ne 


( 478 ) 
peut mieux l’étudier qu’en Belgique, parce que le capital 
et le travail y jouissent d’une liberté complète, et aussi 
` parce que l'industrie s’y exerce sous toutes les formes el 
peut être très-appréciée dans tous ses détails, gràce aux 
faits nombreux publiés par nos statistiques. 

Nous pouvions done espérer recevoir quelques travaux 
étendus, complets, dans le genre de ceux que l'Institut 
de France a parfois la bonne fortune de couronner. Je le 
dis à regret, cette espérance, à mon avis, ne s'est point 
réalisée. Aucun des six mémoires ne me semble mériter 
le prix. 

Le n° 1 — épigraphe : Fe au travail — est une 
simple note de 7 pages, rédigée à la hâte et qui ne peut 

arrêter notre attention. 

Pour les mémoires n° 2 et 3, je ne puis que me rallier 
aux conclusions parfaitement motivées de M. Thonissen, 
déjà admises par M. Faider. 

= Le n° 4 — épigraphe : In necessariis unitas — n'est pas 

_ sans mérite, mais C'est plutôt un petit traité, un manuel 

_ d'économie politique où toutes les questions sont successi- 
vement abordées ; il en résulte que celle qui devrait uni- 
quement occuper l’auteur n’est qu’effleurée. 

* Le mémoire n°5, en flamand — épigraphe : « De Aca- 
demie vraagt dat het werk eenvoudig geschreven zy, in 
‘€ bereik van al de klassen der Maatschappy, » — mérite 

que nous l’examinions plus attentivement. — Ce travail a 

des qualités très-remarquables. Il expose les lois écono- 

miques avec une lucidité merveilleuse et une méthode 


toute scientifique; on dirait un chapitre de Riccardo. Je - 


ne connais aujourd'hui que M. Cernuschi qui ait traité 
_ les questions économiques avec une logique aussi serrée 


~ — et des déductions aussi rigoureuses, L'auteur manie les 


LS eender iedee ati 


( 479 ) 

formules de la science économique comme un mathémati- 
cien celles de l'algèbre ou de la géométrie. La langue em- 
ployée est aussi excellente. L'auteur s'est abstenu, avec 
raison, de ces expressions vagues, de ces locutions ambi- 
tieuses et mal définies qui jettent tant d’obseurité dans les 
écrits de beaucoup d’économistes modernes, et qui donnent 
lieu à des querelles de mots. Il ne se sert que des 
termes les plus usuels, de ceux même que l'ouvrier em- 
ploie tous les jours. Et néanmoins je crois que pour appré- 
cier tout le mérite de ce travail et pour en saisir la 
force, il faut avoir approfondi ces questions comme l’au- 
leur l’a fait lui-même. Les non-initiés comprendraient bien 
les mots , mais l’idée même leur échapperait, — parce que 
l'exposition est trop sèche « trop décharnée, » si j'ose 
m'exprimer ainsi. La méthode des sciences exactes ne con- 
vient pas aux sciences morales et politiques, où il faut tenir 
Compte des faits humains, des tendances, des passions, des 
sentiments de l’homme, être libre et variable. 

n autre défaut plus grave, c'est que l’auteur a consacré 
tont l'effort de sa rigoureuse dialectique sur un seul point, 
la loi de l'offre et de la demande appliquée au salaire. 
Cest bien là, en effet, le fond de la question et il faut 
Savoir gré au mémoire n° 5 de l'avoir traitée avec des dé- 
veloppements si lumineux, mais tous les autres points que 
Soulevait la question sont négligés. Ainsi le côté moral et 
juridique du problème n’est point touché. 

En résumé, ce mémoire est un travail très-remarquable, 
mais très-incomplet. L'auteur avait en main une arme 
de premier ordre, une sûreté d'investigation , et une puis- 
Sance de déduction rare, mais il n’en fait qu'un usage 
restreint. — Ces pages formeraient un chapitre qui frap- 
perait certainement tout lecteur compétent; qui mériterait 


( 480 ) 
même d’être publié, mais qui ne répond pas, me semble- 
t-il, au programme. Si l’auteur, abordant l’examen des 
faits et des conditions sociales comme il a commencé à le 
faire à propos de l'enquête anglaise sur les Trade-Unions, 
s’il employait ses incontestables aptitudes à traiter, dans 


toute sa largeur, la grande question qu'il n’a fait qu’abor- - 


der, il arriverait probablement à composer une œuvre qui 
marquerait dans la littérature néerlandaise gt dans la litté- 
rature économique. 

e n° 6, sans épigraphe — en flamand, — renferme 
à peine plus de développements que le n° 4. Il pose la 
question ; il ne la traite pas. » 


Conformément aux conclusions de ses trois rapporteurs, 
la classe a décidé de ne pas accorder la récompense pro- 
mise. 


La classe a décidé, en dernier lieu, de s'occuper, dans 
la séance du mois de juin, de la remise au concours des 
différentes questions qui ont provoqué des réponses cette 
année. 


. 


(481 ) 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Séance du 2 = 1872. 


M. Én. Fétis, directeur. 
M. Ap. QueTELET , secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. L. Alvin, L. Gallait, G. Geefs, A. Van 
Hasselt, J. Geefs, F. De Braekeleer, C.-A. Fraikin, Ed. De 
Busscher, J. Portaels, Alph. Balat, Aug. Payen, le chev. 
L. de Burbure, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, Julien 
Leclercq, E. Slingeneyer, A. Robert, F.-A. Gevaert, 
Ch. Bosselet, membres; Éd. De Biefve, F. Stappaerts, 
Correspondants. 

M. R. Chalon, membre de la classe des lettres, et 
Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, assis- 
lent à la séance. 

CORRESPONDANCE. 


Une dépêche ministérielle du 5 avril dernier, relative au 
mode de comptabilité de l'Académie, est renvoyée à la 
Commission administrative. 


— M, le Ministre de l'intérieur, par lettre du 25 avril 
dernier, demande si la section permanente des grands con- 
cours de composition musicale n’a pas à donner à M. G. De 

Mol, lauréat de 1871, d’autres instructions de voyage 


( 482 ) 
que celles mentionnées à l’art. 24 du règlement du 
6 mars 1849. 

Avant de s’occuper de l’objet de cette dépêche, la ques- 
tion préalable de la reconstitution de la section permanente 
est posée. La classe désigne MM. Gevaert, le chevalier de 
Burbure et Bosselet pour composer cette section et les prie, 
en conséquence, d'examiner la demande de M. le Ministre. 


— Le même haut fonctionnaire communique, bg 
demande d'examen, une requête du sieur Dieltiens, lauréat 
du grand concours d'architecture de 1871, ainsi qu’une 
missive de l’Académie royale des beaux-arts d'Anvers, dez 
mandant la majoration de la pension de voyage accordée 
aux lauréats. 


La classe constitue en commission , pour l'examen des 


questions concernant lesdites pièces, MM. Gevaert, Alvin, 
Éd. Fétis, Dé Keyser, Gallait, G. Geefs, Simonis, Portaels, 
Balat, Franck et Robert. 

— La Société d'art et d'antiquités de la haute Souabe, 
à Ulm, envoie ses derniers travaux. — Remerciments- 

— M. Éd. Fétis a remis, depuis la dernière séance, la fin 
du manuscrit de son rapport pour lé livre commémoratif 
du jubilé. | 

ÉLECTION. 


M. Alvin est réélu membre de la commission adminis- 
trative pour l'exercice 1872-1873. 


| 
| 
| 
| 
| 
| 
| 
| 


Pe E OAN 
5 È 


( 483 ) 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


Steur (Ch.). — Ethnographie des peuples de l'Europe avant 


Jésus-Christ, tome 1e. Bruxelles, 1872; in-8°. 


Chalon (R.). — Curiosités numismatiques, 18° article. 
Bruxelles, in-8°. 
Schuermans (H.). — Sceau du roi Childerie I". Bruxelles, 
1872; in-8°. - 

Henry (L). — Précis de chimie générale élémentaire. 
2™ édition, tome II. Louvain, 1872; in-8°.— Untersuchungen 
über die Glycerinderivate; — Ueber Darstellung von Pro- 
Pargyläther. Berlin; 2 broch. in-8°. ; 

De Bruyn (l'abbé H™). — Archéologie religieuse appliquée 
à nos monuments nationaux, tome I“. Bruxelles, 1869 ; in-8°. 

Commission royale pour la publication des anciennes lois 
et ordonnances de la Belgique. — Procès-verbaux des séances, 
Vime volume; 2% cah. Bruxelles, 1872; in-8°. 

Commissions royales d'art et d’archéologie. — Bulletin, 
am année, 1 et 2, Bruxelles, 1872; in-8°. 

Académie royale des beaux-arts à Anvers. — Année acadé- 
mique 1871-1872. Rapport annuel. Concours annuels ; esthé- 
tique et littérature générale. Anvers, 1872; 4 cah. in-8°. — 

Musée de l’industrie de Belgique. — Bulletin, avril 1872. 
Bruxelles ; gr. in-8°. ; : 

Le Bibliophile belge, VI** année, livr. 8 à 12, VII®* année, 
livr, 4. Bruxelles, 1871-1872; 2 cah. in-8°. j 

Sociëté malacologique de Belgique, procès-verbal de la 
Séance du 7 avril 1872. Bruxelles, 4 feuille in-8°. | 

Société littéraire de l’université catholique de Louvain. — 
Choix de mémoires, XI. Louvain, 1872; in-8°. 


“ 


( 484 ) fi 
L'Illustration horticole , tome XVIII, 8m à 142! livr.; tome 
XIX, {re à 5e livr, Gand, 1871-1872; 6 cah. in-8°. 
Annales des travaux publics de Belgique, 1* cahier, 
tome XXX. Bruxelles, 1872; in-8°. 
Revue de instruction publique en Belgique, XX année, 


2e livr, Gand, 4879 ; in-8°. 


Causeries d'un octogénaire, 7% livr., avril 1872. Liége; 
in-12. l 

Société malacologique de Belgique. — Procès-verbal de la 
séance du'5 mai 4872. Bruxelles; in-8°. ia a a 

Vreede (G.-W.). — Voorouderlijke wijsheid in hagchelijke 
tijden. Utrecht , 1872; in-8°. : 

Société philomatique de Paris.— Bulletins, tome VII”, jan- 
vier-déeembre 1871. Paris; in-8°. 

Société d'anthropologie de Paris. — Bulletins, tome VI" 
(2"° série), 4°% fascicule. Paris, 1871 ; in-8°. 

Société de géographie de Paris. — Bulletin , février et mars 
1872. Paris; 2 broch. in-8°. ; 

Lenormant (François). — Essai de commentaires des frag- 


~ ments cosmogoniques de Bérose. Paris, 1872; in-8°. : 
Eichhoff (F.-G.). — Hymnes du Rig-Véda imités en vers 
latins. Paris, 1872; in-8°. 


Tarry (H.). — Sur l’origine des aurores polaires. — Sur 
les courants magnétiques observés dans les fils télégraphiques 
pendant l'aurore boréale du 4 février 1872. — Sur l'établisse- 
ment d’une station météorologique dans le Sahara algérien. 
— Le pôle au Sahara ‚ note sur un déplacement de laxe y 
restre. — Aurore boréale du 9 novembre 1871; observations 
faites à Brest. In-4° et in-8°. - 

De Mortillet (Gabriel). — Géologie du tunnel de Fréjus ou 
percée du mont Cénis. Anvers, 1872; in-8°, 

Tommasi (D.). — Sur une combinaison de bioxyde de 
chrome et de dichromate potassique. Paris, 1872; in-4°. 


( 485 ) 

Mannheim (A.). — Généralisations du théorème de Meus- 
nier; — Détermination de la liaison géométrique qui existe 
entre les éléments de la courbure de deux nappes de la sur- 
face des centres de courbure principaux d’une surface donnée; 
— Exposé sommaire d’une théorie géométrique de la cour- 
bure des surfaces ; ; — Recherches géométriques sur le contact 
du troisième ordre de deux surfaces; ; — Mémoire sur les pin- 
ceaux de droite et les normales. Paris; 4 cah. in-8°. 

Ville de Lille. — Bulletin des décès, du 1* RER au 
15 avril 1872, Lille ; 2 feuilles in-8°. 

Société hoogte de France, à Paris. — Bulletin , 2"° série, 
tome XXVIII, feuilles 13-19. Paris, 1870 à 1871 ; in-8°. 

Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. 
— Actes, 5% série, 52me année, 1870; 5*° et 4™ trimestres. 
— Séance publique du 21 mars 1872. Bordeaux; 2 cah. in-8°. 

Hugo (le c" Léopold). — Les eristalloïdes complexes à 
sommet étoilé. Paris, 1872; in-8°. 

Société d'agriculture de Valenciennes. — Revue agricole, ete., 
24° année, tome XXVI, janv. et fév. 1872. Valenciennes; 
in-8°, 

Société des antiquaires de France, à Paris: — Mémoires, 
tomes XXII à XXXI; — Annuaires de 1852, 1855 et 1854. 
Paris; 9 vol. in-8° et 3 vol. in-12. 

K. preussische Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — 
Monatsbericht, februar 1872. Berlin ; in-8°. 

-Deutsche geolog. Gesellschaft zu Berit: — Zeitschrift, 

XXII: Bd., 4. Heft. Berlin, 4872; i 

Deutsche chemische Gesellschaft zu wle — Berichte, 
Ver Jahrg. g., n° 7,8, 9. Berlin; in-8°. 

Schnaase (Carl). — Geschichte der bilden Kunsten, 2" ver- 
Dur und vermehrte Auflage. Dusseldorf, 1866; 4 vol. 

n-8°, 


Senckenbergische Naturforschende Gesellschaft zu Franck- 
2e SÉRIE, TOME XXXIII. 55 


( 486 ) 
furt AJM. — Abhandlungen, VIH: Band, 4. und 2. Heft. — 
Bericht, 1871. Francfort S/M; 4 cah. in-4° et 4 cah. in-8°. 

Historischer Verein fur Steiermark zu Graz. — Mitthei- 
langen , XIX! Heft; — Beitrage zur kunde Steiermarkischer 
Geschichtsquellen, 8° Jahrg. Gratz ; 2 vol. in-8e. 

Naturhistorisch- medizinischer Verein zu Heidelberg. — 
Verhandlungen, Band VI, 1. Heidelberg, 1872; in-8°. 

Heidelberger Jahrbücher der Literatur, 4871 , 4.-2. Heft 
Heidelberg ; 2 cah. in-8°. 

aturw. Verein zu Bremen. — Abhandlungen, IH. Bd., 
1. Heft. Brême, 1872; in-8° 

Archiv der Mathematik und Physik. — LIV“ Theil, 
2. Heft. Greifswald, 1872; in-8°. 

Universität zu Kiel. — Schriften aus dem Jahre 1870. Band 
XVII. Kiel, 4871 ; in-4°. 

Germanisches Museums zu Nurnberg. — Anzeiger, neue 
Folge, XVIII Jahrg. Nurenberg, 1871 ; 12 cah. in-4°. 

Entomologischer Verein zu Stettin. — Zeitung, 51. Jahr., 
n° 7-12, 55. Jahrg., n° 4-6. Stettin; 5 cah. in-8° 

K. Statistisch-topographische Bureau zu Stuttgart. — 
Württembergische Jahrbucher, 1863-1870. — Beschreibung 
des oberamts Backnang 51-53 Heftes. — Jahresbericht, 1835- 
186%. — Die resultate der Vierzigjahrigen Beobachtungen. 
Stuttgart; 17 vol. in-8°. 

Magyar Tudomanyos Akademia, zu peu: — Archaeol. 
közl. VIT : 2, in-4°; — Evkönyv. XIII : ‚ in-4°; — Magyav 
nyelv. Szótára, V: 5, in-4°. — Magyav. x tav. XV, in-8°; — 
Monum. Diplom. XIII, XIV, XV; in-8°; — Monum., Script. 
XX, XXV, in-8°; — Tôrokmagyarkori tört. eml. VI, Kôt, 
in-8° ; — Stat. közl. VH : 1-2, in-8°; — Nyelvtud. Ertek, XI 
"i ILVI. sz. in-8°; — Termeszettud. Ert. HI-VIII, sz., in-8°; 

Tarsadalmi Ert. H. IV sz., in-8°; — Philosoph. Ert. X. 
Be ee Mathem. Ert. VI, VII sz., iņ-8°;— Ertesito, IV 


( 487 ) 
evf. 15-18, V, evf. 1-9, sz., in-8°; — Almanah , 1871; in-S°. 
Historicher Verein von Unle fani ynd Aschaffenburg 
zu Würzburg: — Archiv, XXI. Bd., 5. Heft. Wurtzbourg, 
1872 ; in-8°. | 
K. Ungar. geologische Sene zu Pest. — Publications, 
1871-1872. Pesth ; 4 cah. in-8 
K. Akademie dep Wvo in Wien. — Sitzung der 
Math.-naturw.-Classe, Jahrg. 1872, n° 10,11 , 12. Vienne; 
3 feuilles in-ge. à | 
Botesu (N.-St). — Proprietateae seriei armonice. Jassy; 
in-8°, 


K. Vitterhets historie och antiqvitels Akademien til Stock- 
holm, — Antiqvarisk tijdskrift, 5% delen , 2°* Häftet ; — Ma- 
nadsblad , 1872, n° 4-5, Stockholm; 5 cah. in-8°. 

Société impériale de botanique, à Saint-Pétersbourg. — 
Publications, tome I, Bulletin, 1. Saint-Pétersbourg, 1871; 
in-8° (en rusBe ). 

Fries (Elias). — Icones sen Hemenomyeetum, fase. 1-6. 
Stockholm, 1872; 6 cah. in-4 

R. comitato péblagice d Talia, nel Firenze. — Bollettino 
n° 1e 2. Florence, 1872; in-8 

Pirala (Antonio). _ Historia de la guerra civil. Madrid, 
1868-1874; 6 vol. in-8°. 

Almanaque náutico para 1875, calculado de órden she 
Superioridad en el observatorio de Mariná de San Formin 0. 

» 1871; in-8°. 

Anthopological Institute of London. — Journal, vol. i 
n° 5. Londres, 1872; in-8°. 

Chemical FAT of London. de serie 2, vol. X, 
februarv-a 72. Londres; 5 cah. in-8 
4 Eat lieser made at the Royal Observatory 
of Edinburgh , vol. XIII. Édimbourg, 1871; in-4°. n wii 

Asiatic Society of Bengal. — Proceedings, 18 


( 488 ) 
et XIII; 41872, n° I; — Journal, part. Il, n° IV, 1871; — 
Bibliotheca indica. New series; n° 242-245. Calcutta; 4 cah. 
in-8° et 4 cah. in-4°. 

Geological Survey of Canada, at Montreal. — Rapport 
des opérations de 4866 à 1869. Montréal ; in-8°. 

Royal Society of Edinburgh. — Transactions, vol, XXVI, 
parts 2, 5; — Proceedings, session 1870-1871. Édimbourg; 
2 cah. in-4° et 4 cah. in-8°. 

The american Journal of Science and Arts, Third Series , 
vol. HI, n° 15-16. New-Haven, 1872; 2 broch. in-8°. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 


DES 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


1872. — Ne 6. 


mm de ` 


CLASSE DES SCIENCES. 


Séance du 4” juin 1872. 


M. J.-B. »'Omauius n’HazLoy, directeur, président de. 
l'Académie. 
M. Ap. Qvererer, secrétaire perpétuel. 


Sont présents: MM. B.-C. Du Mortier, J.-S. Stas, L. de 
Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, 
le vicomte Du Bus, H. Nyst, Melsens, Gluge, J. Liagre, 
F. Duprez, G. Dewalque, E. Quetelet, M. Gloesener, 
E. Candèze , F. Donny, Steichen, Éd. Dupont , Éd. Morren, 
membres; E. Lamarle, E. Catalan, Ph. Gilbert, A. Bel- 
lynck, associés; Éd. Mailly, J. De Tilly et Éd. Van Be- 
neden, correspondants. 


. 2% SÉRIE, TOME XXXII. 34 


( 490 ) 


CORRESPONDANCE. 


M. le Ministre de l’intérieur transmet, pour la biblio- 
thèque de la Compagnie, un exemplaire de l'ouvrage mti- 
tulé : Almanaque nautico para 1875 , etc. — Remerciments. 


— M. N. Hoffmeyer, directeur de l’Institut météorolo- 
gique du Danemark, annonce la création récente de cel 
établissement à Copenhague et demande l'échange de 
publications. — Accepté. 


— La Société royale de Londres et l'Observatoire d'Al- 
tona remercient pour l'envoi des derniers travaux publiés 
par l’Académie. 


— M. le capitaine d'infanterie Verstraete demande le 
dépôt d’un billet cacheté. — Accepté. 


— M. P. Vertriest, de Somergem, communique des ren- 
seignements sur les orages du commencement de l’année, 
observés dans cette localité. 


— M. Malaise, correspondant de la classe, envoie ses 
observations faites à Gembloux, le 21 avril dernier, Sur 
l’état de la végétation. 


— M. L.-G. de Koninck fait hommage d’un exemplaire 
de la première partie de ses Nouvelles recherches sur les 
animaux fossiles du terrain carbonifère de la Belgique; 


( 491 ) 
travail publié dans le tome XXXIX des Mémoires in-4° des 
membres. 

Il est également offert, de la part de l’Académie royale 
des sciences de Stockholm, un exemplaire de l'ouvrage 
publié par M. Elias Fries, associé de la Compagnie, et por- 
tant pour titre : Icones selectae Hymenomycetum; 6 cah. 
in-4° 

M. Franz von Kobell, secrétaire de la classe physico- 
mathématique de l’Académie royale des sciences de Munich 
et délégué de cette Académie au centième anniversaire 
de la Compagnie, a offert , renfermé dans un riche écrin, 
un fragment de la pierre météorique tombée à Mauerkir- 

Chen le 20 novembre 1768. A ce don étaient jointes les 
brochures suivantes dont il est l’auteur : 
1° Die Mineraliensammlung des Bayerischen-Staals ; 
in-8°; 

2 Nekrolog : K.-F.-P. von Martius, Ch-E-H. von 
Meyer, K.-A. von Steinheil, John F.-W. Herschel, etc.; 
4 broch. in-&. 


M. Miller, secrétaire pour l'étranger de la Société royale 
de Londres et également délégué au centième anniver- 
- Saire, a offert un exemplaire de ses ouvrages suivants : 

.. 1° A treatise on eryenllographes Cambridge et Lon- 
dres, 1839; volume in-8°; 

a A tract on crystallography; Cambridge et Londres, 
1863 ; vol. in-8°; 

5 On the cr aren aphic method of Grassmann ; Cam- 
bridge, 1868; broch. in-8°. 


M. Parlatore, associé et délégué du musée de physique et 
d'histoire naturelle de Florence, a aussi offert, à l'occasion 


` 


( 492 ) 
du jubilé, un ouvrage de sa composition, avec planches, 
intitulé : Le specie dei cotoni, in-4° avec portefeuille in- 
folio; enfin M. le professeur Lyman , délégué de l'Université. 
de Cambridge (États-Unis), a adressé quelques ouvrages 
relatif à cet Établissement. 


Des remerciments ont été votés aux auteurs de ces diffé- 
rents dons. 


— M. de Selys Longchamps annonce , dans les termes 
suivants, la mort de M. Michel Ghaye, son collaborateur 
pour l'observation des phénomènes périodiques des plantes 
et des animaux 

« Le 12 mai dernier est mort à Waremme, à l’âge de 
cinquante-neuf ans, M. Michel Ghaye, commissaire voyer, 
que je m'étais associé depuis 1841 pour l'observation des 
phénomènes périodiques du règne animal et du règne vé- 
gétal , et qui continua à faire ces observations jusqu’à cette 
année. Ce modeste et utile fonctionnaire, fils d’un ouvrier, 
était doué d’une aptitude extraordinaire pour l'étude des 
sciences mathématiques, de sorte qu'après avoir obtenu 
en 1829 le diplôme d'instituteur primaire, il se mit lui- 
même au courant des matières nécessaires pour devenir 
géomètre juré, puis commissaire voyer. Pendant une de 
ses tournées, il observa un- phénomène assez rare, la 
phosphorescence de la neige; l'Académie voulut bien pu- 
blier dans ses Bulletins la note qu’il lui adressa à ce sujet. 
Je dépose sur le bureau, pour les archives de l’Académie, 
le discours que j'ai eu l'honneur de prononcer le 14 mai 


sur la tombe de M. Michel Ghaye, lequel fut mon ami 


d'enfance et dont la perte est pour moi irréparable après 
“nee années d’amicales relations. » 


( 493 ) 

— Les manuscrits suivants feront l’objet d’un examen : 

1° Prodrome d'une monographie générale des Roses, 
par M. F. Crépin, conservateur au Musée royal d'histoire 
naturelle de Ponpe (Commissaires : MM. Du Mortier 
et Morren); 

2 Mémoire sur la propriété de la série harmonique, 
par M. N-St. Botesu, conducteur de 1"° classe des ponts 
et chaussées à lassy (Roumanie). (Commissaires : MM. Ca- 
talan et Gilbert.) 


CONCOURS. 


La classe prend acte de la réception d’un mémoire en 
réponse à la question de la température de l'espace, in- 
scrite au programme de concours pour celte année. Ce 
mémoire a pour devise : En physique, la critique est 
facile, mieux faire (est) difficile. — Les commissaires 
seront nommés après le terme fatal, qui expirera le 4° août 
proehain. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


ne | 


Note additionnelle sur la mesure des distances de Vénus au 
soleil, de centre en centre, pendant les passages de la 
Planète, par J.-C. Houzeau, membre de l’Académie: 


J'ai eu l'honneur de présenter à la classe, dans la séance 
d'octobre 1871, une Note qui a été insérée aux Bulletins , 


( 494 ) 
sur une certaine modification de l’héliomètre, propre à 
donner les distances de Vénus au soleil, de centre en cen- 
tre, pendant les passages de la planète. Il m'avait paru 
d'une haute importance d’éliminér des mesures destinées 
à fournir la parallaxe, les demi-diamètres des deux astres. 
L'erreur probable de ces demi-diamètres égale, si elle ne 
surpasse point, la fraction de seconde d'incertitude qui 
reste sur la parallaxe du soleil. Comment donc obtenir 
celte dernière avec plus d’exactitude qu'dutrefois, si ces 
demi-diamètres interviennent? Or l'héliomètre que j'ai 
proposé, armé de deux portions d'objectif de foyers dif- 
férents, donnant par conséquent sous un même oculaire 
des grossissements inégaux , permet de ramener le soleil 
et Vénus aux mêmes dimensions apparentes, et par suile 
d'en superposer les disques centre sur centre. 

Cette proposition a soulevé toutefois certaines objec- 
tions de la part de divers astronomes. Les plus impor- 
tantes de ces critiques sont renfermées dans une lettre 
que M. Airy, le directeur de l'Observatoire de Greenwich, 
m'a fait l'honneur de m'adresser à ce sujet. M. Airy fait 
remarquer qu'il est insuffisant, pour assurer à l'instrument 
une direction constante par rapport au soleil, de maintenir 
la petite image de cet astre dans un carré de fils. En effet, 
on ne profite alors que du petit grossissement, qui re 
donne pas à l’image assez d’étendue pour assurer, même 
à quelques secondes, la direction absolue du pointé. 

Mais si la petite image est insuffisante dans ce but, et 
si Pon perd en exactitude, en l'employant à cet objet, ce 
qu'on gagne en commodité , rien n’empêche de recourir 

-à la grande i image , et Fobjection est levée. Il est bien vrai 
qu'on ne pourrait pas, en pratique, tenir cette grande 


(45) 
image dans un carré de fils, comme je l'avais proposé 
pour la petite : sous un fort grossissement les bords n’en 
Sont pas simultanément dans le champ. Mais comme je 
vais le montrer, on pourra aisément la maintenir entre les 
deux fils parallèles MN et PO, normaux à la direction du 
mouvement diurne , et c’est là tout ce qui est exigé. En 
face des deux croisées de fil A et B, on placera à cet effet 
deux petits oculaires fixes, qui permettront de vérifier le 
pointé à tout instant. Dans les instruments de grandes 


le zel 
Ne 


dimensions généralement employés aux observations déli- 
cates, la distance de ces oculaires permettrait de faire usage 
Simultanément des deux yeux, comme pour les lunettes 
binocles. Il n’est pas nécessaire d’ailleurs de s'occuper con- 
Slamment de ce pointé. Struve I nous dit que le mouve- 
ment d'horlogerie adapté au grand réfracteur de Dorpat 
maintenait une étoile sous le fil pendant plusieurs minutes, 


(496) 
avant qu'il fût possible d'apercevoir le moindre écart. 
Ainsi dans les instruments bien construits, il suffirait de 
vérifier ce pointé de temps à autre, comme on vérifie une 
lunette de repère. 

Si cependant on tenait, pour surcroît de garantie, à 
l'examen constant de ce pointé, on pourrait, par un 
miroir embrassant une moitié du champ, rejeter les images 
à angle droit, et placer à l’oculaire binocle un seçond 
observateur, dont la seule occupation serait de maintenir 
la direction de l'instrument. L'autre observateur, visant 
directement, opérerait la coïncidence du disque de Vent 
et de la petite image du soleil. 

D'autres remarques qui m'ont été adressées portaient 
sur la difficulté de déterminer le zéro de la vis micromé- 
trique. Cette difficulté, à mes yeux, n'est pas réelle. Un 
carré de fils n’a pas, dit-on, de point de centre, marqué 
physiquement, et sous lequel on pourrait amener la coïn- 
cidence de deux images d'étoile , ce qui donnerait le zéro 
de la vis immédiatement. Mais prenant le soleil lui-même, 
ou un signal ayant à peu près la même dimension angu- 
laire, on bissectera la petite image d'abord par le fil MN 
au point A, puis par le fil PQ au point B. La moyenne des 
deux lectures de la vis micrométrique sera évidemment le 
centre (ou le zéro). Cette détermination peut d’ailleurs se 
faire à loisir, et avec toute la précision désirable. 

“Si j'insiste sur le moyen que j'ai proposé, c'est unique- 
ment parce que lhéliomètre à grossissements inégaux 
permettrait de prendre des distances directement de centre 
en centre. C'est ce qu'aucun autre instrument ne peut 
faire. Faut-il, pour quelques diffienltés de détail, plus 
apparentes que réelles, négliger cet incontestable avan- 


| 
| 
À 


( 497 ) 

tage? Sans doute la superposition des images ne peut 
s'exécuter utilement qu'avec certaines précautions, telles 
d'abord que le maintien de l'axe du télescope vers le centre 
du soleil. Je ne prétends pas suggérer toutes ces précau- 
tions dans une simple indication spéculative. Mais en pré- 
sence de l'importance que me paraît avoir le principe, ce 
ne Sont pas ces détails qui devraient rebuter. Si Frauen- 
hofer, avant de.construire son premier héliomètre, s'était 
borné à le décrire, n’aurait-on pas exagéré les difficultés 
de scier un objectif achromatique en deux parties, et de 
Conduire un mouvement micrométrique placé si loin de 
l'observateur ? Cependant ces difficultés n'avaient au fond 
rien de sérieux. Un héliomètre à deux objectifs de foyers 
Inégaux a-t-il done quelque chose de plus étrange qu’un 
héliomètre à deux objectifs pareils entre eux ? 


Sur l'éclipse de lune du 22 mai 1872; note par Ernest 
Quetelet , membre de l’Académie. 


L'éclipse a été observée à Bruxelles, et quoique ce phé- 
nomène offre peu de précision sous le rapport de la déter- 
mination du temps, je crois cependant devoir donner les 
nombres qui ont été obtenus. Deux étoiles de grandeur À 
et 41, qui étaient occultées par la lune le même soir, Ont 
été également observés. 

M. Ern. Quetelet observait dans la tourelle de l'ouest à 
Péquatorial et M. Hooreman sur la terrasse avec la lunette 

Dollond. 

 L'éclipse n'a été que d'environ 5 du diamètre lunaire ; 


( 498 ) 
la lune a pénétré dans le cône d’ombre par son extrémité 
sud et aucune tache remarquable n’a été éclipsée. Voici les 
valeurs obtenues en temps sidéral de Bruxelles. 


E. QUETELET. C. HOOREMAN. 
Immersion de &’ Scorpii. . . 143b 52m24s3 15 51m2157 
— @® Scorpii... 14 17 37,6 14 17 41,0 
Commencement de l'éclipse . 15 0 57,2 F 
Immersion de o’ Scorpii. . . == 14 59 29,2 
— @? Scorpii. . . 15 26 48,6 15 26 468 
Fis de FOODS. 16 16 54,5 a 


Les étoiles étaient faibles près du bord de la lune. 


Sur une objection proposée par M. Catalan; par Philippe 
Gilbert, associé de l’Académie. 


En terminant son rapport sur mon mémoire, relatif à 
l'existence de la dérivée dans les fonctions continues, 
M. Catalan wa proposé d'examiner ce que devient, pour 
des valeurs indéfiniment croissantes de n, la fonction de 
x définie, pour les valeurs de x comprises entre 0 et 1, 
par l'équation 


n 


(1) ie (2x) sin 


( 499 ) 


LE NAE o , . # . , i 
«La dérivée de y étant indéterminée pour x => 


n? 


DT... 2, il semble, dit M. Catalan, que la fonction- 


SE limite doive présenter l’indétermination de la dérivée 


» pour une infinité de valeurs de x comprises dans le plus 
» petit intervalle, et si d’ailleurs cette fonction-limite est 
» Continue, nous aurons là un fait inconciliable avec la 
» théorie de M. Gilbert. » 

D'une manière générale, il se pourrait qu’il me fût im- 
possible de répondre à une difficulté de cette espèce, sans 
qu'il en résultât aucune présomption contre la théorie 
exposée : car la définition de la fonction choisie comme 
exemple pourrait ne pas se prêter facilement à l'étude de 
ses propriétés. 

Mais au reste, dans le cas actuel, la solution est très- 
Simple et s’est offerte à mon esprit dès le premier instant. 
La fonction-limite existe, elle est parfaitement continue, 
et sa dérivée est finie et déterminée pour toutes les valeurs 
de x depuis x — 0 jusqu'à x = 1. 

En effet, posons 


l 
x) — x sin —. 
g (x) z 


L'équation (1) se mettra sous la forme 


= (x Jk nk | JE (x se 
SP |A jn HA jet 
nin À n In à nin 5 njn 


Or, si Fon divise en n partieségalesla portion de l'axe des x 
comprise entre les absĉisses x — 1 et x, la somme des 
aires des rectangles qui ont pour bases ces divisions + et 
pour hauteurs les ordonnées correspondantes de la courbe 
Y = q(x), sera expFimée par le second membre de l’'équa- 
tion précédente. La limite de cette somme, c'est-à-dire | 


( 500 ) 
l'intégrale de g(x)dx prise entre les limites x —1 chr, Den 
one la fonction -limite que nous cherchons. Désignons 
encore celle-ci par y; il viendra, en are enne > pa r 
sous le signe 


; f: va , 
9 y= zsin— dz; 
(2) : z 


ri 


et comme la fonction sous le signe F est finie, déterminée, 
continue entre les limites de l’ intégration , il est clair que 
la fonction y sera elle-même finie, déterminée, et con- 
tinue par rapport à æ. Quant à sa dérivée, on en 
2 en appliquant à l'équation (2) un théoreme 
connu. On 


! x— |) sin 2 
a o e ) 5E 


Bien loin done que cette dérivée soit généralement m- 
déterminée, elle est rigoureusement finie et déterminée 
pour toutes les valeurs de x comprises dans l'intervalle 
proposé (0, 1). Ainsi, la fonction choisie par M. Catalan 
confirme le théorème général. À 
On s'explique facilement, au reste, comment il se fait que; 
la courbe (1) présentant une tangente indéterminée pour 
toutes les valeurs de x de la forme x —*, (i entier) la 
courbe (2) n'admet plus aucune tangente indéterminée. 
Si Fon cherche, en effet, l'écart qui existe, pour la première 
courbe, entre les directions-limites des sécantes pour cha- 
cune de ces valeurs de x; en d’autres termes, la différence 
entre la limite des plus grandes valeurs et la limite de 
~ plus petites valeurs du rapport, lassque Ax tend vers 
__ zéro, on trouvera sans difficulté que cette différence est 


( 501 ) 

égale à. Elle converge donc vers zéro lorsque n devient 
infini. Ainsi, à mesure que nous attribuons à n des valeurs 
de plus en plus grandes, les points de la courbe (1) pour 
lesquels la sécante oscille indéfiniment se resserrent bien 
de plus, en plus, mais en même temps l'amplitude des 
oscillations diminue et tend vers zéro, tellement que dans 
la courbe-limite (2) la tangente est partout entièrement 
déterminée. 

_— Si l’on voulait étudier la courbe définie par l’équa- 
tion (2), on pourrait mettre son équation sous la forme - 


x—1 x 3 
1 1 

y W sin A dz + f: sin < dz, 
z 3 


ou, en posant z — 


fee sin udu a udu 


On a en. 


sin udu sinu cos 1 sin udu 
— a a — — ae à 
us Uu? Qu 9 i 


et par suite 
g 
* 2. 
sin udu CE rr E sin udu 
sin +08 tg Le 
n 2 1x 2 1e + 2: u 
Ta o 


I Pe à 
| L ne 1 X 1 Fr à sin udu 
8 ~= — sin- + — COS——— — + — varie 4 
+ zi 2 re PE TSA u 
. 


( 502 ) 
Ainsi l’ordonnée de la courbe (2) s'exprimerait, en fonc- 
tion de x, au moyen de la transcendante 


u 
F sin udu 
u. 


o 


Réponse de M. Eugène Catalan. 


L'ingénieuse démonstration imaginée par M. Gilbert 
dissipe les doutes que son mémoire m'avait laissés. Il me 
paraît bien remarquable qu’une courbe présentant, dans _ 
un intervalle déterminé, un nombre indéfiniment grand 
oscillations, ait pour limite une ligne qui en soit com- 
plétement dépourvue. Loin de prévoir ce résultat, je m'at- 
tendais plutôt à ce que la fonction-limite , ox), fût indé- 
terminée. Cette petite discussion, amicale autant que 
scientifique, n’aura done pas été inutile. 


Note sur un paratonnerre foudroyé à Wetteren; pat 
. M. Gloesener, membre de l'Académie, et le père Maas, 
professeur de sciences économiques au Collége de Melle. 


Le jeudi 25 mai 1872, dans l'après-midi , un orage for- 
midable a éclaté sur importante commune de Wetteren. 

- Dans un très-court espace de temps, la foudre y a f rappé deux 
arbres et atteint l’église. Cette belle et nouvelle église , que 
l'on croyait avoir mise à l'abri des effets redoutables des 
décharges électriques par l'installation d'un paratonnerre, 


1 D 0iD 0 


PARATONNERRE: FOUDROYÉ DE L'EGLISE DE WETTEREN. _ 


B 
TIA, 
TAR 


= 


t 5 + ue S: 

FRE 4 A A j RSA LS 
TRE nes à 3 Bet Ee jo dE i i hu T 
LE, ar CE re 2e TE In E re Ar Paie Je STAR NEE ONE ie ON EE EER Njet AD OENE et ne 


( 505 ) 
aété bien près de trouver la cause de sa destruction dans 
ce qui devait la préserver. Et, en effet, personne n'ignore 
que mieux vaut l’absence de tout appareil conducteur de 
l'électricité que de s’entourer d’un instrument mal condi- 
tionné qui attire le fluide sans lui ménager un écoulement - 
facile et sûr. Tel nous paraît être le paratonnerre qui a été 
atteint par la foudre le 23 mai dernier et que nous sommes 
allés examiner sur les lieux, où nous avons recueilli les 
renseignements suivants : 

Pendant l'orage, quelques habitants de la localité ont 
observé de longues gerbes lumineuses (aigrettes) aux 
pointes des tiges verticales du paratonnerre ; bientôt s’est 
fait entendre un coup terrible , et l’on a constaté que le con- 
ducteur horizontal qui règne au sommet du toit était brisé 
en deux endroits, n° 2 et 5. Apres une inspection minu- 
tieuse du mouvement, l'on a remarqué que la pierre sur 
laquelle la tige descendante du clocher vient reposer en 
n° 1 était écrasée, et qu’en cheminant le long de la tige, 
le fluide a fondu une certaine quantité de plomb employé 
dans la construction de la tour. Voilà les phénomènes, mais 
Comment se sont-ils produits. On ne peut se livrer ici qu’à 
des conjectures; nous donnons, comme la plus probable, 
l'explication que voici : 

Observons d’abord que le conducteur en fer du faîte du 
toit n’est, non-seulement pas d’une seule pièce , mais que 
les différentes parties n’ont pas même été brasées ou sou- 
dées. On a rapproché les parties bout à bout et maintenues 
Ensemble par un écrou. 

Nous croyons que la foudre aura atteint la tige verticale 
€, placée sur le chœur du temple, qu’arrivée au point de 
jonction avec le conducteur horizontal en o, elle se sera divi- 
sée pour prendre deux directions opposées, l’une à gauche 


( 504 ) 

où elle a rencontré un obstacle dans une solution de conti- 
nuité au point 5 dont elle a brisé l’écrou , et qu'elle se sera 
écoulée ensuite dans le sol au puits. Si elle a respecté 
lécrou 4, placé à hauteur d'homme du sol, c'est que là le 
contact était suffisamment établi ; dans sa marche à droite, 
le fluide a rencontré le même obstacle et y a produit le 
même phénomène en lançant au loin les fragments de 
l’écrou. Il eût été intéressant de constater l’état d'oxyda- 
tion intérieure de ces écrous, mais aucun fragment n’a pu 
en être trouvé. Mais que peut être devenue cette portion 
de fluide qui s’est dirigée vers la droite? Ou bien elle s'est 
déchargée par les tiges verticales b et a dans l’athmosphère, 
ou bien s’est écoulée par le bâtiment que la pluie avait rendu 
bon conducteur; mais avant d’aller se perdre, elle s'est 
amusée à briser la pierre qui sert de support à la tige a. 

Cette communication, si imparfaite qu’elle soit, aura 
pour bon résultat, nous l’espérons, d'attirer l'attention sur 
les dangers auxquels on expose les constructions en cher- 
chant à les protéger contre le feu du ciel par des paraton- 
nerres vicieux et imparfaits. 


Sur une nouvelle exploration des cavernes d'Engis; par 
E. Dupont, membre de l’Académie. 


Depuis plusieurs années, je me promettais de faire 
des recherches dans les cavernes d'Engis illustrées par 
les recherches de Schmerling. On sait que ce sont ces 
cavernes qui, en fournissant des ossements humains, 
et notamment un crâne devenu classique, permirent à 
notre célèbre compatriote d'affirmer la haute antiquité de 


[RES pe 


( 505 ) 
l'homme. On éleva longtemps des doutes sur l'exactitude 
de sa conclusion , c'est-à-dire sur la simultanéité de Pen- 


fouissement de ces ossements de notre espèce avec les 


ossements du mammouth, du rhinocéros, de lUrsus 
speleus et d’autres espèces aujourd’hui éteintes. 

Ces doutes avaient beaucoup diminué durant les der- 
nières années, mais il m’a paru qu’une nouvelle explora- 
tion de cette caverne pourrait vider définitivement la 
question et qu’il importait du reste de chercher à définir 


exactement les conditions des dépôts et de leur contenu, 


en y employant les méthodes d'observation en usage aujour- 
Chui. 

Il y avait lieu de croire que, depuis les fouilles de 
Schmerling, ces souterrains n’avaient pas été visités par 
des explorateurs. Ils sont presque inaccessibles (1). Placés 
les uns à côté des autres au nombre de trois, ils s'ouvrent 
sur la paroi verticale d’un ravin débouchant dans la vallée 
des Awirs non loin d'Engis. Pour y atteindre, on doit fixer 
une corde au sommet de l’escarpement et se laisser glisser 
obliquement le long des rochers sur une longueur d'à peu 
près 15 mètres, alors qu’un précipice profond de non 
moins de 30 mètres se trouve au-devant. 

La première caverne est profonde de 16 à 17 mètres sur 
5 mètres environ de largeur et une hauteur de 6 mètres 
à l'entrée. - ' 

Schmerling l'avait complétement fouillée. On n'y à plus 
rencontré que le radius d’un jeune blaireau et un fragment 
de mâchoire du Felis spelæa. « Les espèces recueillies 


Se, 


(1) Recherches sur les cavernes de la province de Liége, 1855, t. T, 
Pp. 50. í 


2% SÉRIE, TOME XXXIII. 55 


& 


( 506 ) | 
» dans cette caverne , dit notre illustre compatriote, sont : 
» une dent incisive, une vertèbre dorsale et une phalange 
» d'homme, quelques restes d'ours, d’hyène, de chevalet 
» de ruminants, plusieurs silex de forme triangulaire. » 
| (Ibid., p. 50.) 

Une trentaine d’éelats de silex ont été recueillis récem- 
ment dans les terres déjà explorées. La nature de ces silex 
est la même que celle des silex taillés des âges du mam- 
mouth et du renne découverts dans les cavernes de la 
province de Namur. Ils ne proviennent ni du Hainaut ni 


de la province de Liége, mais, comme ceux des cavernes 


de la Lesse, ils doivent provenir de la Champagne. 

Une saillie de rocher permet d’arriver à une seconde 
caverne, moins large, moins haute et moins profonde. Le 
jour y pénètre cependant de manière à l’éclairer à peu près 
complétement, sauf dans une petite galerie latérale qui est 
comme un appendice de la caverne. Une sorte d’arcade 
naturelle la divise en deux parties parallèlement à l'entrée. 

C'est dans cette seconde caverne que Schmerling à 
découvert les ossements humains qu’il a décrits et nous 
Jui réservons, à son exemple, le nom de caverne d'Engis. 

Schmerling y avait laissé le moyen de vérifier ses obser- 
vations. Des lambeaux de couches étaient restés intacts , 
ainsi que des morceaux de brèches auxquels adhéraient 
encore à découvert un cubitus humain, des ossements 
d'animaux et des silex taillés. Ils y avaient évidemment été 
conservés à dessein. 

On pouvait encore distinguer nettement, dans les 
couches de la caverne, deux niveaux ossifères superposés. 
L'inférieur recouvrait un sable argileux et des lambeaux 
d’une nappe plus argileuse le séparaient du premier niveau. 
Celui-ci était, dans les parties laissées en place, formé de 


( 507) 
pierres anguleuses ou un peu roulées et d’une terre jaunà- 
tre, le tout relié par des infiltrations calcaires. 

La planche I représente la disposition horizontale des 
cavernes d'Engis et de la coupe géologique de la seconde 
de ces cavernes. | 

On a découvert dans le second niveau ossifère une dent 
de rhinocéros et des ossements rongés par un carnassier 
de la taille de l'hyène. 

La comparaison de ces ossements avec ceux qui ont 
été trouvés dans les repaires bien constatés de ce car- 
_ hassier dans la province de Namur ne laisse pas de doute 
sur espèce dont on voit les traces des dents à Engis, 
quoique l'exploration de ces lambeaux de couches m'ait pas 
fourni d'ossements d’hyènes. Mais Schmerling cite des 
ossements de ce carnassier (ibid, t. I, pp. 65 et 70) et les 
terres qu’il avait explorées en renfermaient plusieurs dents. 

Le premier niveau ossifère contenait dans ses parties 
intactes : 


Un cubitus humain; 

Ursus spelaeus, deux incisives et une seconde molaire supérieure; 

Rhinoceros...., une molaire inférieure; 

Sus scrofa, une molaire; : 

Equus caballus , une incisive, trois molaires inférieures, six mo- 
laires supérieures ; 

Cervus tarandus , fragments d'un bois et d’un canon; 

Cervus elaphus, un trochanter et la diaphyse d’un tibia; 

Bos primigemus , deux molaires. 


Un certain nombre d'ossements ont aussi été recueillis 
dans les déblais de la première exploration. Ils complètent 
cependant peu la liste des espèces, telle qu'on peut la 
dresser en relevant dans l'ouvrage de Schmerling les 
espèces qu'il y indique dans la description de ses types. 


(508 ) 
Voici la liste dressée par ce moyen. Un astérisque a été 
placé devant les espèces dont on a dits récemment 
des restes dans la caverne. 


* Ossements humains. Lepus... ?. 

Hérisson. * Mammouth. 
aupe. * Rhinocéros 

Ursus priscus. * Sanglier. 
Blaireau. * Cheval. 
Putois * Renne 
Chien Cerf. : 
Loup. Cerf d'Irlande ?. 

* Hyène. * Bouquetin ?. 

* Chat. : * Urus. 
Campagnol. 


On a également découvert dans les couches intactes 
vingt-cinq à trente silex taillés, notamment ceux figurés 
pl. IE, fig. 2 et 5; pl. II, fig. 2. D'autres, plus nom- 
breux, se trouvaient dans les anciens déblais; tels sont 
ceux représentés pl. IT, fig. 4 ; pl. HT, fig. 4; pl. IV, fig. 1, 
2 et 3. 

Des fragments d’une poterie grossière se trouvaient 
dans les terres remaniées et dans le premier niveau ossi- 
fère. 

Schmerling y a trouvé un os appointé (ibid, t. IL, 
p. 177) qu'il figure (t. I, pl. XXXVI, fig. 7), et deux 
dents de requins (ibid., p. 175) probablement tertiaires, 
comme celles que j'ai recueillies dans la caverne de Cha- 
leux où elles avaient été apportées par l’homme de l'âge 
du renne. La dent figurée dans les recherches sur les 
cavernes de la province de Liége (t. II, pl. XXXVII, fig. ard 
est une dent de Lamna. 

Une troisième caverne s'ouvre à la suite des précé- 


| 
Mae 
/ 

Š 

; 


( 509 ) 


dentes. « Elle ma fourni, dit Schmerling, des ossements 


» gisant dans la même terre que celle des cavernes voi- 
» sines, mais moins nombreux que dans la seconde. » 
(Lid, t. I, p. 52.) 

La nouvelle exploration de la caverne d’Engis confirme 
done en tout point les observations de Schmerling sur 
l'antiquité des ossements humains qu'il y a découverts. 
La contemporanéité de l'homme avec la faune de âge du 
mammouth y est aussi bien démontrée que la coexistence 
de l'homme et de la faune de l’âge du renne la été dans 
le trou du Frontal à Furfooz. re 

Les dépôts de la caverne d'Engis sont le limon stratifié 
où fluvial qui occupe dans la série des couches quater- 
naires une position bien définie. Il est normalement placé, 
comme on sait, entre le dépôt fluvial de cailloux roulés 
et l’argile-à-blocaux. I correspond à l’Ergeron des brique- 
tiers du Hainaut. 

C'est dans ce dépôt aussi qu'on découvre principale- 
ment les restes de la faune de l'âge du mammouth tant à 
l'extérieur que dans nos cavernes. Il a notamment fourni 
les riches trouvailles faites dans le trou du Sureau à Mon- 
aigle, dans le trou Magrite à Pont-à-Lesse et dans les 
Cavernes de Goyet. 

La présence de deux espèces perdues, Rhinoceros et 
Ursus speleus dans le limon stratifié que j'ai fait ex- 
ploiter dans la caverne d'Engis, indique non moins bien 
l'âge de ce limon et confirme les données stratigraphiques. 

Les silex taillés se rapprochent par leur forme de ceux 
du trou du Sureau et du trou Magrite. Ge sont les formes 
les plus anciennes trouvées dans les cavernes de la pro- 
vince de Namur. Leurs correspondants dans le Périgord 
seraient les silex de Moustier. 


( 510 ) 

Si nous cherchons aussi à interpréter la présence de ces 
ossements et des restes de l’industrie humaine dans la 
seconde caverne.d'Engis, nous verrons que la présence 
d’ossements rongés par l’hyène dans le niveau ossifère 
inférieur et l'absence de silex taillés ou de tout autre 
indice de la présence de l’homme dans ce niveau, démon- 
trent que la caverne servit d’abord de refuge à l'hyène. 


Les silex taillés, au milieu des ossements d'animaux, 


dans le niveau ossifère supérieur, démontrent, d’un autre 
côté, que la caverne fut ensuite fréquentée par l'homme. 


Mais il n’est pas aussi facile de fixer la cause de la présence 


des restes des trois squelettes humains trouvés par Schmer- 
ling et que la prévoyancé de l'illustre explorateur a permis, 


par la conservation d’un cubitus en place, de rapporter au 


niveau ossifère supérieur. 

Cependant, on pourrait admettre, en raisonnant par 
analogie avec la station de Furfooz, que la première Ca- 
verne d'Engis fut l'habitation de la peuplade et que la 


_ seconde caverne fut sa sépulture. Cette interprétation est 
- Conjecturale, mais elle a au moins l’avantage de rentrer 


dans l’ensemble des éléments coordonnés que j'ai réunis 
dans les cavernes de la province de Namur. 


Foi: 


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5 par. he. 
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Enp. Sonora 


HF 


a: Libre del. - 
Ech apprax. de Jem ponr Imire 


€ avernes da Engis. 


Bull de l'Acad. 2° serre, t.XXXUI. BEM: 


Silex taillés recueillis dans la deuxieme Caverne d'Engis. 


Bull de l'Acad. 2° serre, t. XXXI. PLII. 


Victor Lefebvrer del. 


Silex tailles recueillis dans la deuxième’ Caverne d'Engis. 


PI IV. 


XZT. 


P, 


Pull de l Acad. 2° sere, t. X 


ngis. 


eme Caverne d'E 


dans la deuxi 


His 


ex taillés recuei 


il 


S 


(511) 


CLASSE DES LETTRES. 


Séance du 10 juin 1872. 


M. P. De Decker, directeur. 
M. Ap. QUETELET, secrétaire ETE 


Sont présents : MM. C. Steur, J. Grandgagnage, J. Roulez, 

P. Gachard, A. Borgnet, Paul Devaux, F.-A. Snellaert, 

J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, le baron J. de Witte,Ch. Faider, 

le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, Th. Juste, 

Félix Nève, Alph. Wauters, H. Conscience, M. Ém. De 

Laveleye, G. Nypels, membres; Ém. de Borchgrave , J. He- 
remans , correspondants. 

. L. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, el 

M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, 

assistent à la séance. 


CORRESPONDANCE. 


M. le Ministre de l’intérieur adresse une expédition de 
l'arrêté royal du 27 avril dernier, nommant MM. Maus, 
Donny, De Decker, De Laveleye et Thonissen membres 
du jury pour la collation du prix de 10,000 francs insti- 
tué par le docteur Guinard. 


— Le même haut fonctionnaire transmet, au nom de 


( 5142 ) 

l’auteur, ouvrage en six volumes intitulé : Historia de la 
guerra civil, par M. D. Antonio Pirala. — Des remerci- 
ments ont été adressés pour cet hommage. 


— La classe a encore reçu de M. le Ministre de l’inté- 
rieur une expédition de l'arrêté royal du 21 mai dernier, 
approuvant l'élection de MM. De Laveleye et Nypels comme 
membres titulaires. 

MM. De Laveleye et Nypels remercient par écrit pour 
la distinction dont ils ont été l’objet. 

Des remerciments semblables sont transmis par MM. le 
chevalier d’Antas, Alberdingk-Thym et E. Curtius, élus 
associés , ainsi que par MM. P. Willems et Edm. Poullet, 
élus correspondants. 


— M. G.-H. Crets, ancien professeur à l'athénée royal 
de Hasselt, adresse le chronogramme suivant au sujet du 
jubilé : aCaDeMIa beLgIl saeCULarla IneUnt JUbILa. 


— M. Gachard transmet, pour être déposés dans la 
bibliothèque de l’Académie, les ouvrages que la Commis- 
sion royale d'histoire a reçus en don depuis son dernier 
envoi. 


— M. Cruts, de Bruxelles, offre, à l’occasion du jubilé, 
un document manuscrit relatif à la fondation de l'Aca-- 
démie. — M. Alph. Wauters veut bien se charger de 
l'examen de cette pièce. 


— La Société historique de Gratz, la Société des Anti- 
quaires de France, la Bibliothèque royale de Stuttgart 
offrent divers ouvrages qui seront placés dans la biblio- 
sans inscription au Bulletin de la séance. 


( 513 ) 
ia Une notice de M. H. Schuermans intitulée : Inscrip- 
lons trouvées en Belgique, sera examinée par MM. le 
baron de Witte, Wagener et Félix Nève. 


Le La classe a recu, à titre d'hommage, les ouvrages 
Suivants de ses associés : 


A De M. Egger, la 5° année de l'Annuaire de lasso- 
Cialion pour Vencouragement des études grecques en 
France; un vol. in-8” ; 

2 De M. Wolowski, les ouvrages intitulés : L'or et 
l'argent; vol. in-8°. — La liquidation sociale, in-8°. — 
Discussion du projet relatif à la dénonciation du traité de 
Commerce de 1860, avec l'Angleterre, in-8°; 

5° De M. G. Eichhoff, Hymnes du Rig-Véda, imités en 
vers latins. Paris, 1872; in-8°. | j 

Des remerciments ont été votés aux auteurs de ces 

ons. 


RAPPORTS. 


Découverte d'objets étrusques faite en Belgique; note par 
. H. Schuermans. 


Rapport de M, Roulez. 


€ La note adressée à l'Académie par M. le conseiller 
Schuermans a pour but d'annoncer la découverte à Eygen- 
bilsen, au nord de Tongres, d'un tombeau dans lequel on 
à trouvé divers objets, notamment un bandeau estampé 
êt très-mince en or, un seau cylindrique et une œnochôé 


I 


( 5414 ) 

en bronze. L'auteur est d'avis que ces objets sont de 
fabrique étrusque. Son opinion est vraisemblable si, comme 
il le déclare, le bandeau d’or ressemble à celui qui a été 
découvert, il y a quelques années, dans les environs de 
Saarbück et que Gerhard a reconnu comme étrusque (1). 
Mais en l'absence de dessins, je ne puis ni la confirmer ni 
linfirmer,. 

Selon M. Schuermans, cette découverte « tend à com- 
prendre notre Belgique dans le rayonnement de l'in- 
fluence étrusque, si nettement définie par ces deux 
passages : Tuscorum, ante romanum imperium, late 
terra marique opes patuere (Liv. V, 55); Signa Tusca- 
nica, per terras dispersa, quae in Etruria factitata non 
est dubium (Pran., XXXIV, 16). » Or, dans le premier 
de ces textes , Tite-Live rapporte qwavant qu'il fût ques- 
tion de l'empire romain, les Étrusques avaient étendu 
au loin leur domination en Italie et sur les deux mers 
qui baignent ce pays, et dans le second passage Pline 
avance que les statues d’un style particulier, dit étrusque , 
qui se trouvent dispersées dans diverses contrées, ont été 
certainement faites en Étrurie. J'avoue done ne pas Com- 


vv vee y 


prendre ce que le savant antiquaire entend par l'influence - 


étrusque en Belgique. Il ne songe sans doute pas à la 
soumission des Belges aux Étrusques, ni même peut-être 
à l'influence exercée par les œuvres artistiques de ce 
he sur l’art dans notre pays; c'est ce que feraient 
croire cependant les textes anciens transcrits ci-dessus. 
Tandis que Gerhard conjecture que les objets d'ar 


— 


(1) Jahrbücher des Ver. fur Alterthumsf. im, Rheinl., XXII; p- 151 
ed IV, Vet VL 


s 


isa 


( 515 ) 
étfusque trouvés dans la contrée arrosée par la Moselle y 
ont été apportés par un Romain du temps de l'empire, 
amateur d'antiquités, l’auteur de la note suppose que ceux 
que l’on a déterrés près de Tongres sont arrivés dans le 
pays par la voie du commerce, à une époque « où les 
» habitants d’origine gauloise de la Belgique n’avaient pas 
» encore été refoulés vers le midi par les Éburons d'ori- 
» gine germanique. » Je préfère, jusqu’à preuves con- 
traires , l'hypothèse de l’archéologue allemand. 

- Jai ae de proposer à la classe d’ordonner l'im- 
pression dans son Bulletin de la note de M. Schuermans. » 


Happort de M. Wagener. 


« La note de M. Schuermans comprend deux parties, 
dont Pane est consacrée à la description sommaire d’un 


(rain nombre d'objets trouvés dans un tombeau à Eygen- 


bilsen, tandis que l’autre est destinée à prouver l'impor- 


lance de celte découverte au point de vue de la solution 


des problèmes relatifs au premier âge du fer ainsi qu'aux 
origines de notre histoire. 

Comme je n’ai pas vu les objets en question et que la 
note de M. Schuermans n’est pas accompagnée de dessins, 
il mest impossible de me prononcer sur le point de savoir 
Si le bandeau, le seau cylindrique et l'œnochôé décou- 


_ Verts à Erscubilen sont en réalité de fabrique étrusque , 


nomme l’affirme le savant archéologue liégeois. Toutefois, 
je suis d'accord avec M. Roulez pour considérer cette 
aflirmation comme probable. Des objets étrusques ayant 


| clé trouvés en assez grand nombre dans cette partie de 


( 516 ) 
l'Allemagne qui est comprise entre la Nahe et la Saar, on 
ne peut pas, ce semble , regarder comme invraisemblable 

a priori la présence dans les environs de Tongres d'objets 
analogues. 

Mais il m’est impossible de me rallier aux conclusions 
de M. Schuermans en ce qui concerne l’époque à laquelle 
ces objets auraient été importés en Belgique. M. Schuer- 
mans s'appuie sur un texte de César (De bello gall., 1, 1) 
pour prouver que les Belges repoussaient les commer- 
cants étrangers comme agents de démoralisation, et il 
infère de là que les bronzes étrusques d’Eygenbilsen ont 
dû être introduits en Belgique € à un moment où les 

habitants d'origine gauloise de la Belgique n'avaient pas 
_ encore été refoulés vers le midi par les Éburons d'origine 
germanique qui, du temps de César, oecupaient le lieu 
où ces bronzes ont été découverts. » 

Je ferai remarquer tout d’abord que César, qui dit au 
sujet des Nerviens (l. c., IL, 16) « qu’ils n’ont aucun 
rapport avec les commerçants étrangers (nullum aditum 
esse ad eos mercatoribus) , se borne à affirmer, pour ce qui 
regarde les Belges en général , « que leurs relations avec 
les marchands sont très-rares (minimeque ad eos saepe 
mercalores commeant ). 

- Ensuite les Nerviens eux-mêmes établissaient une grande 
différence entre leur nation et le reste des Belges, aux- 
quels ‘ils reprochaient de s'être livrés aux Romains et 
d'avoir renoncé an courage de leurs pères. 

On n’a donc pas le droit d'appliquer à tous les Belges 
indistinctement ce que César dit en particulier des Ner- 
viens. — 

D'un autre côté , les objets découverts à Eygenbilsen 
_ wy ont-ils pas été apportés postérieurement à César? Je 


Le 


E 


(CHF) 
ne vois pas ce qui pourrait s'opposer à cette conjecture, 
car ce n'est pas, à coup sûr, la circonstance mentionnée 
par M. Schuermans, à savoir que le seau cylindrique qu'il 
décrit dans sa note « est formé par le retour d’une plaque 
de bronze rivée sur elle-même. » En effet la rivure wex- 
clut pas la soudure et l’on sait que ces deux procédés ont 
été parfois employés simultanément. La date de l'invention 
de la soudure n’a done rien de commun avec la détermi- 
nation de l’époque à laquelle les objets d'Eygenbilsen ont 
été fabriqués ou importés en Belgique. - 

Je ne puis pas me rallier davantage aux idées de 
M. Schuermans, lorsqu'il dit que la découverte faite en 
Belgique d’un certain nombre de bronzes étrusques tend à 
rendre vraisemblable l’origine étrusque de la plupart des 
objets en bronze trouvés au nord des Alpes. J'avoue même 
que je ne comprends pas très-bien cette partie de largu- 
mentation du savant antiquaire. 
_ Quant aux textes de Tite-Live et de Pline, relevés 

par M. Roulez, ils n’ont évidemment pas la portée que 
leur attribue M. Schuermans. D'ailleurs n’y a-t-il pas une 
certaine exagération à parler du rayonnement de l'in- 
fluence étrusque en Belgique, à propos de certains objets 
étrusques découverts sur notre sol ? La présence en Bel- 
_gique d'un certain nombre de vases chinois démontre- 
t-elle le rayonnement dans notre pays de l'influence 
chinoise? i sen 

Mais quoi qu'il en soit de ces conclusions, à mon avis 
un peu hasardées , je suis d'accord avee M. Roulez pour 
Proposer à la classe l'insertion dans son Bulletin de Finté- 
Fessante communication de M. Schuermans. » 


(518) 


Rapport de M. le baron de Witte. 


« La note de M. le conseiller Schuermans a été exa- 
minée avec soin par MM. Roulez et Wagener et j'ai peu de 
choses à ajouter à leurs rapports dont j'accepte les con- 
clusions. Il est certain que sans avoir vu les objets trouvés 
à Eygenbilsen , on ne peut pas avoir une opinion arrêtée 
sur la question de leur origine. Toutefois, loin de con- 
tester l'opinion de l’auteur que ces objets sont de fabrique 
étrusque , je suis porté à la regarder comme très-vraisem- 
blable. Ce n’est pas la première fois que l’on trouve au 
nord des Alpes des bronzes, des bijoux d’or, des poteries 
qui ont été reconnus comme appartenant à l’art étrusque. 
Ces objets ont pu être apportés dans nos contrées par des 
Romains riches qui vivaient à l’époque de l'Empire; mais 


on aurait tort de conclure de ces sortes de découvertes que * 


les Étrusques ont eu des relations commerciales avec les 
Belges ou avec les Gaulois à une époque antérieure à la 
conquête. 

Dans le passage de Tite-Live (V, 35) cité par l'auteur, 
il n'est pas question des œuvres d'art, mais de la grande 
puissance des Étrusques qui s'étendait sur terre el sur 
mer, comme le fait observer mon savant confrère et ami, 
M. Roulez. Cette puissance, on le sait, reçut un rude 


échec, en l’an 474 avant notre ère, à la bataille navale de 


Cumes où Hiéron I°", roi de Syracuse, remporta une Vic- 
toire signalée sur les Étrusques et anéantit presque en- 
tièrement leur marine. _ 

On pourrait eroire, d'après la manière dont le savant 
antiquaire liégeois parle, dans sa note, des philippes de 


i 
$ 
3 
d 


CBTB ) 

Macédoine, que’ c'était une monnaie d'argent ; il est bon de 
dire que les philippes sont des pièces d’or qui ont servi 
de prototype à une immense quantité de monnaies de 
fabrique barbare, répandues sur tout le sol de la Gaule et 
dans bien d’autres contrées. 

Je prie l'Académie, d'accord avec MM. Roulez et Wa- 
gener, d'ordonner la publication dans son Bulletin de la 
note de M. le conseiller Schuermans. » 


Conformément aux conclusions de ses trois rapporteurs, 
la classe a décidé l'impression de la notice de M. H. Schuer- 
mans dans les Bulletins. 


De Rederijkerskamer « MARIA TER EERE » te Gent, door 
Frans De Potter. 


Rapport de M. Snellaert. 


« Les pays flamands se sont distingués depuis un temps 
immémorial par leur esprit d'association. Environnés de 
Püissants voisins, qui les dominent par le fait de l'organi- 
sation sociale, ils ont trouvé dans cet esprit l'énergie 
- Capable de- vaincre les difficultés. Ces pays existaient 


= avant tout par la gilde, par la corporation. La gilde, cet 


antique tabernacle de l'esprit et de la langue nationale, 
restait inaltérée, encore alors que des hommes puissants 
par la position ou par les talents fléchissaient la tête de- 
vant l’éclat des honneurs. Sous la maison de Bourgogne, 
si fatale à tout ce qui était flamand, on voit un phénomène 
digne de remarque au plus haut degré. En habile Bn, 


le nouveau maître, voulant diriger l'opinion publique, 
suivit le courant général; c'est même sous le régime bour- 
guignon que la plus intéressante des réunions prit un 
essor vraiment prodigieux, essor encouragé par la partici- 


pation du duc lui-même — l'association des arbalétriers, . 


le noyau de la force militaire. Les nouvelles annexions des 
provinces venant en aide , les sociétés accouraient de loin 
pour se disputer la palme. Comme luttes durant ordinai- 
rement plusieurs jours, on songeait à en remplir le plus 
agréablement les heures perdues. On appela, à cet effet, 
les spciétés de,rhétorique qui, dès le commencement du 
quinzième siècle, s'étaient considérablement multipliées. 
Les réunions des arbalétriers s’égayèrent aux jeux scéni- 
ques, aux récitations de spirituels refrains ou à des chants 
accompagnés de musique. A cette époque, la Flandre et le 
Brabant ressemblaient à une vaste vallée riante de frai- 
cheur. Mais la réunion cadette, qui, au début, se prêtait 
complaisamment aux réjouissances de son aînée, la de- 
vanca bientôt, dominant l'opinion publique dans toutes 
. les occasions. 

Maximilien et son fils Philippe le Beau, amis de la 
langue des Flamands, montrèrent beaucoup d'intérêt pour 
la prospérité des chambres de rhétorique, les représen- 
tants exclusifs des belles-lettres à cette époque dans les 
pays thiois. Philippe convoqua , en 4492 , à Malines, toutes 
les chambres de rhétorique des Pays-Bas thiois afin de 
faire confirmer un arrêt par lequel il venait de créer une 
chambre centrale sous la direction d’Arturs, son chape- 
lain. Le règlement était fortement empreint du caractère 
_ religieux qui exerça une influence sur son installation. La 
réforme sociale et religieuse commençait à poindre alors 
aussi bien dans les Pays-Bas qu’en Allemagne. Les cham- 


(521 ) 

bres de rhétorique devinrent autant de centres de discus- 
sion communiquant , sous formes de moralités, d’esbatte- 
ments, chansons ou ballades , aux masses les plus subtiles , 
des arguments de théologie et de philosophie. Avant le 
milieu du seizième siècle, la grande majorité des chambres 
de rhétorique étaient déjà gagnées à la réforme. Aussi, 
plus tard, partout où le duc de Parme introduisit le régime 
espagnol, il ferma les chambres; et quand l'arrêt fut 
révoqué , il était si limité que la littérature ne se trouva 
plus à même de se mouvoir. D'ailleurs la plupart des 
rhétoriciens échappés au bücher ou à l’échafaud avaient 
abandonné le pays. Pendant la trêve quelques sociétés 
se relevèrent ; mais l'institution ne montra plus qu’un pâle 
reflet de l'éclat qu’elle projetait jadis. Quelques -unes 
renoncèrent aux exercices littéraires et scéniques pour se 
retirer dans la dévotion, se contentant du nom humble de 
confrérie d'église. Des quatre sociétés de rhétorique qui, 
au milieu du seizième siècle, brillèrent à Gand, deux 
seulement reparurent après la terrible tempête qui avait 
englouti l'immense trésor national. La Fontaine, le centre 
des idées protestantes à Gand, reprit ses occupations 
littéraires et scéniques; l’autre, « Maria ter eere, » Se 
retira dans sa chapelle de l'église Saint-Jacques, dont elle 

t, jusqu’au jour actuel, une des plus prospères con- 

eres. 

C'est l’histoire de cette dernière société de rhétorique 
que M. De Potter nous présente, écrite en grande partie 
sur les pièces conservées aux archives de l'église prémen- 
tionnée. M. Blommaert, correspondant de l'Académie, avait 
déjà utilisé ces documents pour son histoire des chambres 
de rhétorique de Gand , mais comme il avait pour but 
Zee SÉRIE, TOME XXXIII. AE 56 


(522) 
spécial de mettre en relief le caractère littéraire de ces 
institutions, il se contenta seulement de les mentionner. 
L'auteur du mémoire actuel a surtout pour but de démon- 
trer l’organisation d’une chambre de rhétorique. 

Le travail de M. De Potter est basé sur les documents 
suivants que l’auteur communique : 

° La lettre confirmative de reconnaissance de la 
Société par les échevins et le conseil de la ville de Gand, 
datée du 14 août 1478; 

2° Une requête présentée, conjointement avec les trois 
autres Chambres de rhétorique de la ville, en 1532, afin 
d'obtenir de la commune une pension annuelle au même 
degré que les quatre sociétés armées de la ville; 

5° Le règlement modifié du 20 août 1535 ; 

4 Le supplément au règlement de 1535 fait, en 1537, 
en faveur de la chapelle de la Société à l’église Saint-Jac- 
ques, afin de prévenir la décadence de la Société; ; 

Le procès contre la chambre-chef Balsembloem, con- 
cernant la nomination d’un membre de cette dernière 
société pour un supérieur de la chambre Maria ter eere, 
jugé vers 1555 ; 

6° Un arrêt échevinal de 1510 concernant les orne- 

ments sur la manche du frac, que le sociétaire portait 
lors des cérémonies ; 

7° Un arrêt échevinal de 1517 t traitant du même sujet 
à propos d'un différend surgi entre les membres de la 

„Société. 

Outre ces documents, l'auteur communique l'inventaire 
des objets de valeur que la Société possédait en 1557, et 
une liste, à peu près complète, des doyens de Maria ter 
eere de 1318 i jusqu'à 1845. 


Le mémoire est divisé en trois parties. La première 
examine l’organisation de la Société ; la deuxième traite du 
personnel et des attributs de chaque membre ; la troisième 
est un aperçu de l’histoire de Maria ter eere depuis qu’elle 
à cessé de s'occuper de littérature. ; 

L'auteur a tiré bon parti des documents qu'il a eus en 
mäins. Cependant deux observations ne seraient pas hors 
de place : Il n’est pas indifférent de savoir si le document 
Concernant le procès contre la Balsembloem, que je viens 
de citer sous le n° 5, est en rapport direct avec les lettres 
du 18 janvier 1307 et du 7 octobre 1507, citées par Blom- 
maert dans son travail Beknopte geschiedenis der Kamers 
van Rhetorica te Gent. 

L'autre point que je désire relever est d’un intérêt plus 
Sénéral : Si je ne me trompe, l’auteur ne cite que deux 
facteurs de Maria ter eere, — le chroniqueur Marc van 
Vaernewijek et Jan de Hane , qui, en 1565, auraient fermé 
la série des facteurs de la Société. Il est à regretter qu’à 
côté de la liste des doyens l’auteur n’ait pas été assez 
heureux pour donner une liste plus ou moins étendue 
de facteurs. En effet la connaissance des noms des poëtes 
en titre des sociétés permettrait de discuter, sinon de 
Constater, la paternité de maint poëme qui vagabonde 
avec l’anonyme sur le front. 

_ Quoi qu'il en soit, nous nous plaisons à exprimer notre 
satisfaction à l'autéur. En faisant connaître une chambre 
de rhétorique spécialement dans ses transformations , il a 
rendu un service réel à l’histoire générale de ces sociétés, 
qui laisse encore à désirer, malgré les travaux publiés sur 
ce sujet jusqu'à ces derniers jours. Aussi sommes-nous 
convaincu qu’il y a ample moisson à faire-pour celte his- 


» 
x 


{Z 


( 524 ) 
toire dans les archives des églises d'Anvers, de Bruges, 
de Bruxelles, de Louvain, de Malines, etc. 
Je propose de publier le travail de M. De Potter dans les 
Bulletins de l'Académie. » 


Conformément aux conclusions de ce rapport, aux- 
quelles a souscrit M. H. Conscience , second commissaire , 
la classe a décidé l'impression du travail de M. Frans de 
Potter dans les Bulletins. 


CONCOURS. 


La classe s’est occupée de son programme de concours 
pour 1874. 

Elle a maintenu, pour le concours de 1875, les ques- 
tions suivantes, qui ont déjà été publiés en 1871. 


PREMIÈRE QUESTION. 


Faire l'appréciation du talent de Chastellain, de son 
influence, de ses idées politiques et de ses tendances litté- 
raires. 

DEUXIÈME QUESTION. 


Traiter l'histoire politique de la Flandre depuis 1305 
jusqu’à l'avénement de la maison de Bourgogne (1582), 
en s’attachant principalement aux modifications qu'ont 
subies, à cette époque, les institutions générales du comié 


et les institutions particulières de ses grandes communes. 


(525) 


TROISIÈME QUESTION. 


On demande une appréciation du règne de Charles le 
Téméraire et des projets que ce prince avait conçus dans 
l'intérêt de la maison de Bourgogne. 


QUATRIÈME QUESTION. 


Quels seraient, en Belgique, les avantages et les incon- 
vénients du libre exercice des professions libérales? 


CINQUIÈME QUESTION. 


Expliquer le phénomène historique de la conservalion 
de notre caractère national à travers toutes les domina- 
tions étrangères. 


Le prix de chacune de ces questions sera une médaille 
d'or de la valeur de six cents francs. 

Les auteurs des mémoires insérés dans les recueils de 
l’Académie ont droit à cent exemplaires de leur travail. Ils 
ont, en outre, la faculté d’en faire tirer un plus grand 
nombre, en payant à l'imprimeur une indemnité de quatre 
centimes par feuille. 

Les mémoires devront être écrits lisiblement et pour- 
ront être rédigés en français, en flamand ou en latin; ils 
devront être adressés, francs de port, avant le 4% février 
1875, à M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. 

L'Académie exige la plus grande exactitude dans les 
citations et demande, à cet effet, que les auteurs indi- 
_quent les éditions et les pages des livres qu'ils citeront. 
On n’admettra que des planches manuscrites. 

Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage, 


( 526 ) 

ils y inscriront seulement une devise, qu’ils répéteront 
dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. 
Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne 
pourra leur être accordé. 

Les ouvrages remis après le temps prescrit, ou ceux 
dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière 
que ce soit, seront exclus du concours. 

L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, 
dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils 
sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les 
auteurs pourront en faire prendre des copies à leurs frais, 
en s'adressant , à cet effet, au secretaire perpétuel. 


— Pour le concours de 187 4, la classe adopte les ques- 
tions suivantes : 


PREMIÈRE QUESTION. 
On demande un essai sur la vie et le règne de Septime 


vere. 


DEUXIËME QUESTION: 


Exposer avec détail la philosophie de saint Anselme de 
Cantorbéry; en faire connaître les sources; en apprécier la 
valeur et en montrer l'influence dans l’histoire des idées. 


TRONIÈNE QUESTION. 


Donner la théorie ri des rapports du capital 
et du travail. 
_ L'Académie désire que Pou ouvrage soit d'un style simple, 
à la portée de toutes les classes de la société. 


« 


(527 ) 
QUATRIÈME QUESTION. 


Faire l’histoire de la philologie thyoise jusqu'à la fin 
du seizième siècle. 


Les prix des première et deuxième questions sera une 
médaille d’or de la valeur de six cents francs; il est porté 
à mille francs pour les troisième et quatrième. 

Les formalités à observer par les concurrents sont les 
mêmes que celles qui ont été indiquées pour le concours 
de 1875. Le terme fatal pour la remise des mémoires 
expirera le 1° février 1874. 


—— 


— La classe rappelle que la deuxième période sexennale 
du concours institué par le baron de Stassart pour une 
question d'histoire nationale, a été ouverte par la ques- 
tion suivante : 


Exposer quels étaient, à l’époque de invasion française 
en 1794, les principes constitutionnels communs à nos 
diverses provinces et ceux par lesquels elles différaient 


entre elles. 


Le prix habituel de trois mille francs sera réservé à la 
solution de cette question. 

Les concurrents auront à se conformer aux edatia 
et aux règles des concours de la classe. L'époque du terme 
fatal, qui expirait le 1° février 1871, a été prorogée je 
qu’au der février 1875. 


(528) 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Découverte d'objets étrusques faite en Belgique; note par 
MH: Schuermans, conseiller à la cour d'appel de 
Liége. 


On a trouvé au nord des Alpes un certain nombre 
d'objets en bronze, ayant, par toute l'Europe, la plus 
grande ressemblance les uns avec les autres, et pouvant, 
_ en effet, être ramenés à des types communs. 

L'âge des objets en question est ce qu’on nomme le. 
« premier âge de fer (1), » c’est-à-dire, pour l'Europe 
centrale, plusieurs siècles avant l'ère chrétienne. 

Cette date résulterait des circonstances suivantes, révé- 
lées par des découvertes nombreuses et abondantes (6,000 
objets à Hallstatt seul) : 

1° Le zinc, en des proportions dénotant une intention 
évidente, se montre dans les bronzes romains dès la fin de 
la République : or aucun des objets du « premier âge de 
fer, » ne contient de zinc, autrement que comme impu- 
reté accidentelle. (Analyses de M. de Fellenberg et autres.) 

2 La soudure a été inventée par Glaucus de Chios, ce 
1 mentionne Hérodote; elle était done, sinon univer- 


(1) On réagit aujourd’hui , et peut-être non sans raison, contre la divi- 
sion d'àges de pierre, de e, de fer, et les nombreuses subdivisions 
de ceux-ci; c'est done seulement par énonciation que cette ae de 
« premier âge de fer » est ici employée 


( 529) 
sellement connue , an moins très-répandue, au cinquième 
siècle avant l’ère chrétienne : or généralement les objets en 
Question ne portent point de traces de soudure; tout y est 
fait par rivure, même les réparations. 

5° Les philigpes de Macédoine étaient une monnaie 
courante très-répandue depuis le quatrième siècle avant 
Jésus-Christ : or les sépultures du « premier âge du fer » 
wont pas produit le moindre objet d'argent, monnaie ou 
métal, etc., etc. 

Les congrès internationaux des sciences préhistoriques 
se sont occupés de l’origine des objets « du premier âge 
du fer, » question en ce moment même discutée avec 
beaucoup de vivacité par les savants de l'Allemagne ( Aus 
w Weerth, Der Grabfund von Wald-Algesheim, Bonn, 
1870; Lindenschmit, HE vol. des Alerthümer unserer 
heidnischen Vorzeit, Mayence, 1871, etc.). 

Quatre opinions principales sont en présence : 

La première fait honneur de ces objets à l’industrie 
locale : ici celtique, là gaélique ou irique, ailleurs ger- 
manique, etc.; la deuxième en attribue l'importance aux 
Phéniciens; la troisième les fait venir d'Asie; la qua- 
trième ramène tous les produits de cette catégorie à l’art 
étrusque. 

H. Martin (Wilde pour l'Irlande, Franks pour l'Angle- 
terre, Schreiber pour l'Allemagne, ete.); Nilsson; Wor- 
saae; et enfin von Sacken, Lindenschmit et Desor sont 
respectivement les principaux champions de ces quatre 
thèses 


La dernière, semble-t-il, vient de trouver une confir- 
Mation éclatante par une découverte faite récemment sur 
notre sol et qui tend à comprendre notre Belgique dans le 
rayonnement de l'influence étrusque si nettement définie 


* 


( 350 ) 
par ces deux passages : Tuscorum, ante romanum impe- 
rium, late terra marique opes patuere (Liv., V, 55). Signa 
tuscanica, per terras dispersa, quae in Etruria factitala 
non est dubium (Prin., XXXIV, 16). 
A Eygenbilsen, au nord de Tongres, il a été trouvé, 


en 1874, une sépulture à crémation, contenant notam- 


ment : ; i 
1° Un bandeau estampé, en or, très-mince, mais très- 


pur, qui paraît avoir été appliqué sur un autre objet. 


Un bandeau analogue, provenant du pays rhénan, a été, 
sans hésitation , déclaré étrusque par Gerhard (Jahrbücher 
de Bonn, XXIII, p. 120, pl. IV). 

M. Aus m’ Weerth, de Bonn, est allé à Bruxelles voir 
les objets de la trouvaille d'Eygenbilsen ; il émet l'avis que 
ce bandeau d'or a orné un casque étrusque; il a laissé 
voir à ce sujet un projet de restitution, assez plausible, 
du bandeau d’or et des différents accessoires étudiés par 
Gerhard; cette idée est néanmoins combattue par Linden- 
schmit. ; 

2 Un seau cylindrique, en bronze, à douze côtes hori- 
zontales et parallèles, repoussées à l’aide du marteau (de 
même qu’une sorte de « grecque, » dans la partie du 
fond); le cylindre est formé par le retour de la plaque 
de bronze, rivée sur elle-même. Le seau a deux anses 
mobiles. 

Le caractère étrusque de cet objet est bien déterminé 
encore par la découverte aux environs de Bologne de 
plusieurs seaux identiques, dont un contenant des vases 
peints à figures noires (l'âge en est connu : septième au 
quatrième siècle avant Jésus-Christ. Voyez de Meester de 
Ravestein, Musée de Ravestein , Catalogue descriptif, À; 


Pp. 81). Cette découverte est mentionnée par von Sacken, 


(551 ) 


dans sa description de la nécropole de Hallstatt (Vienne, 
1868). 


3° Une cenochoé, en bronze, dont le bec, en forme de 
proue (schnabelförmige, disent les Allemands), et dont 
lanse, avec spirales doubles et palmettes, a une forme 
typique en Étrurie. (Voyez plusieurs vases du magnifique 
musée rapporté d'Italie par M. de Meester. Voyez aussi 
Mus. etrusc. Gregor., pl. LVII, ete.). 

On remarque sur ce vase, à la partie supérieure du 
goulot, deux unicornes affrontés, qui ont leur impor- 
tance dans la discussion, comme points de comparaison 
avec d’autres objets étrusques, notamment du musée de 
Ravestein. 

Tels sont les principaux objets de la trouvaille d'Eygen- 
bilsen, trouvaille étrusque pure, dont les dessins seront 
publiés prochainement par le Bulletin des Commissions 
royales d'art et d'archéologie. 

Si ces objets sont arrivés à Eygenbilsen par la voie du 
_ Commerce, il faudra nécessairement les placer en regard 
du texte de César qui (Bell. gall., I, 1) applique aux Belges 
en général ce que, plus loin (IH, 45), il dit plus spécia- 
lement des Nerviens, à savoir qu'ils repoussaient les com- 
merçants étrangers, comme des agents de démoralisation. 

U y aurait donc lieu de fixer la date de l'importation 
des bronzes étrusques d'Eygenbilsen à un moment où les 
babitants d’origine gauloise de la Belgique n'avaient pas 
encore été refoulés vers le Midi par les Éburons d'origine 
Sermanique qui, du temps de César, occupaient le lieu 
où ces bronzes ont été découverts : on doit se borner à 
indiquer ici ce jalon important pour notre chronologie 


( 532 ) 


De Rederijkerskamer « Maria TER EERE,» te Gent, door 
Frans De Potter. 


Onder de rederijkerskamers, welke vroeger te Gent 
bloeiden, schijnt die, bekend onder den naam van Maria 
ter eere, gedurende een groot getal jaren naast de Fon- 
teine de voornaamste geweest te zijn, gelijk zij ook met 
deze, tot den huidigen dag, ten minste als godsdienstig 
gilde, in stand bleef. 

De geschiedenis der gilden, in ’t bijzonde? derzulke, 
welke de veredeling van hart en geest beoogden , is geene 
der geringste bijdragen tot de kennis van de zeden des 
voorgeslachts. De gilden toch roepen de schoonste , aange- 
naamste herinneringen op uit het leven des volks, dat 


gedurende verscheidene eeuwen, de glansrijkste uit zijn 


verleden , geheel en gansch door hunnen geest beheerscht 
werd. Fier en naijverig op hunne rechten en privilegiën , 
gaven zij 't voorbeeld van trouw en gehechtheid aan de 
instelling, die slechts door vreemden invloed gehinderd of 
bedreigd, zelden of nooit ten gevolge van lauwheid of 
plichtverzuim, te lijden had. Men besefte het volkomen : 
het gilde was de macht, het pronksieraad, de trots der 
voorspoedige gemeente. 

In zijne Beknopte geschiedenis der Kamers van Rheto- 
rica te Gent, uitgegeven ten jare 1858, wijdde Pa. BLow- 
MAERT een Zestal bladzijden aan de Kamer Maria ter 


en eere, volgens de weinige oorkonden, die hem in de hand 


( 535 ) 

waren gevallen. Onder de bijlagen, op de 44 bladzijde, 
gaf hij eene korte lijst van stukken, bewaard in °t archief 
der S'-Jacobskerk te Gent, waar gemeld gilde zijne kapel 
had. Wij hebben die registers, rentebrieven , schepenen- 
vonnissen enz. nog alle in goeden staat teruggevonden 
benevens een tot heden onvermeld gebleven perkamenten 
Ordonnancieboek, dat de namen inhoudt der leden van 
-de XVe en van een deel der XVI: eeuw, en een zeker 
getal resolutiën des bestuurs, aanteekening der dood- 
schulden, enz. Met behulp van deze en andere stukken, 
uit het archief van de gemeente en van den voorma- 
ligen Raad van Vlaanderen, is deze schets samengesteld. 
Zij bevat, meenen wij, nagenoeg al het merkwaardige, dat 
over Maria ter eere aan te boeken is. 

Dat het gilde reeds vóor het jaar 1478 in wezen was (4), 
blijkt uit den bekrachtigingsbrief, door de schepenen van 
Gent in dat jaar verleend. Ook schijnt eene oudere akte 
dan gemelde brief te bestaan, althans Ep. pe BUSSCHER, 
archivaris van Gent, verzekert in zijn belangrijk werk 
over de Gentsche schilders, dat het gilde in St-Jacobskerk 


pes 


(1) Kervyn VAN \ VOLKAERSDEKE ar tn sur l'élat des monuments 


Silde, is de datum, door het plooien des perkaments, eenigszins uit- 
gesleten, doch niet zooveel, dat men lang zou twijfelen; op den rug 
echter heeft, in de XVIIe eeuw, iemand bij vergissing het jaartal 1448 
_ Besteld, en dit werd nageschreven op eene daarbij liggende copie van 
de vorige eeuw. Het echte jaartal der bekrachtiging staat goed op het 
Perkamenten Ordonnantieboek der XV: eeuw. 


(554 ) | 
werd ingesteld door de rederijkerskamer van S*-Agnete, 
bijgenaamd de Boomloose Mande, den 21 October 1470. 
De daartoe betrekkelijke akte is ons niet onder ’t oog 
„gekomen. . 

Wij deelen hier, op onze beurt , de akte van 4478 mede, 
de copie bij Brommarrt, vooral in de namen der toenma- 
lige gildebestuurders , niet vrij van drukfeilen gebleven, 
en daarbij eenige regelen uitgelaten zijnde : 


« Allen den ghonen, die dese presente lettren zullen 
zien of hooren lezen, scepenen ende raed vander stede 
van Ghend, saluut. Doen te wetene dat bij ons commen 
ende ghecompareert zijn Jacop Uten Berghe, als-dekin, 
Jan Welbegaerne , Gillis Mannaert, Jacop Matthijs, Pieter 
Liwe, Lieven de Scoonere, Joos Vuustman , Joos de Steen- 
weerpere, Jan van Laerbeke, Claeis Neyt, Gheeraerd 
Baers, Cornelis Lievins ende Lievin de Keystere, als pro- 
viserers vanden gheselscepe vander Retorijcke, te kennen 
ghevende, dat zij zekeren tijt voorleden upghestelt ende 
ghehouden hebben tzelve gheselscip ter eeren van Godt 
van hemelrijcke ende vander weerder maghet Marie, ziere 
ghebenedider moeder, ten aultare van onser Vrauwen 
achter den hooghen choor in sent Jacops kercke binnen 
deser voors. stede, omme aldaer te doen doene ende con- 
tinuerene zekere godlicke diensten, naer al hueren ver- 
moghene, twelk zij niet goedelicx zouden connen noch 
moghen doen, noch continueren, het en ware dat zij daer 
up hadden ons consent, ons te dien fine overghevende 
zeker pointen ende articlen, omme die ghemindert, ghe- 
meerdert ende verandert te werdene, alzo ons duncken 
zoude daer toe behoorende, so eist dat wij, ghehoort de 
bede ende supplicatie vanden voors. deken ende provi- 


(855) ` 

serers, ghevisenteert de pointen ende articlen voorscreven, 
ende daerup gheledt alzoo thehoorde, ghemeret 00€ dat 
Wij altijts gheneghen zijn, alst recht es, ter augmentacien 
vanden godlijken dienste, gheconsenteert ende ghewille- 
kuert hebben, consenteren ende willekueren bij desen, 
tvoors. broederscip of gheselscip van nu voort an onder- 
houden te werdene in der vormen ende manieren naervol- 
ghende. 

» Eerst zo wien ghelieven zal in dit gheselscip of broc- 
derscip te commene ende ontfaen te zijne, werdt ghe- 
houden te ghevene eenen groten tzijnen incommene, ende 
voort alle jare eenen groten, ter reparacien vander cappelle 
ende aultare voors. ; ende onderhoudene vanden godlic- 
ken dienste, die men daer inne doet, ende boven dien 
hem te stellene te dootghelde tziere ghelieften, emmer te 
twalef groten ten minsten, dies zal men, tzelve dootghelt 
Ontfanghen zijnde, doen doen over zijne ziele ende over 
alle zielen , eene messe van requiem , daer de deken ende 
proviserers ghehouden werden te zijne met hueren habiten, 
ele up de verbuerte van eenen groten. 

» Item dat omme tzelve gheselscip te regierne, zijn 
zullen, alzoot gheweest hebben, een dekin ende twalef 
Proviserers, goede eerbare lieden wezende, ghelije men 
dat tot noch toe onderhouden heeft. 

» Item zullen alle jare huerlieder kuere doen ende ver- 
nieuwen van eenen nieuwen deken ende twalef proviserers, 
up Onser Vrouwen dach van Kersavond, in deser maniere, 
te wetene, dat de proviserers, die afgaen zullen, ghehouden 
werden thueren afgane bij hemlieden ende thueren rade 
le nemene twee of drie vanden notabelsten van den voor- 
seiden broederscepe, omme bij haerlieden rade ende advise 

te kiesene eenen dekin, die nutteliext ende prouffeliext 


( 536 ) 
zijn zal; er die der meester menichte ghenought, zal 
dekin daon ende ghestelt zijn , voor de toecommende 
jaerscare, ende de dekin ende proviserers, afgaende, zullen 
. wepelen, twee jaer vanden zelven dienste, up dadt hem- 
lieden ghelieft, al worden zij eer daertoe ghecoren. 

». Item ele oud proviserere, ten afgane van zijnen 
dienste, zal ghehouden ende verbonden zijn te kiesene 
enen nieuwen proviserer in zijne stede, ende bij also dat de 
nieuwe proviserer in eenighen ghebreke ware van boeten, 
of in eenighe andere zaken, den broederscepe anclevende, 
dat zoude instaen ende goetdoen doude proviserere, diene 
ghecoren zoude hebben. | 

» Item gheen dekin en zal moghen tzijnen afgane 
twoorseide broederscip tachter laten, hij en zal dueghdelic 
ende souffisantelic doen blijcken dat hij datte ghehanghen 
ende verleyt heeft ten orbuere, prouffijte ende reparacie 
van den aultare, bij weteng ende advise van den provise- 


rers, ende zal dan ooe den nieuwen dekin leveringhe doen 


van den juweelen, den voorseiden aultare toebehoorende , 
die hij onder hem ghehadt zal hebben, ter presentie van 
drie of viere vanden notablen vanden voorseiden broeder- 
scepe, of vanden ontfanghere vander kercken. 

» Item ele van den voorseiden dekin ende proviserers 
zal ghehouden zijn een habijt te maken, van zulken coluere 
als de meeste menichte van hemlieden overeendragen sal, 

metter devise of livreye vanden voorseiden broederscepe, 
die zij eerstwaerf an hebben zullen, thuerlieder messe up 
Onser Vrauwen dach in maerte, up de verbuerte van twee 
scelle groten, ten prouffijte van den voorseiden aultare, 
het en ware dat eenich van hemlieden een habijt hadde 
van aeg coluere, zo goet ende versch wezende als 
hij daer mede wel behoorde te ontstane, daer toe hij 


ENE nié irt ard 


OEREN AR A TR ciné dues vre + tien 


AN MS RS naines 


( 537 ) 
ontfaen zijn zoude met te betalene twalef groten, ten 
prouflijte als boven. 
> Item waert zo, dat deser stede eenighe feeste toe- 


_quame, ende dat wij of onse naercommeren in wette 


begheerden, dat men ghenouchte voortstelde ende maecte, 
het ware van spele te spelene, figueren te toeghene, of 
andersins, so zoude ende zal de voorseide dekin met zijnen 
proviserers ghehouden zijn de zelve begheerte te vulcom- 
mene, naer al hueren vermoghene, ende bij also dat de 
zelve dekin of proviserers dies in ghebreke waren, ende 
dat zij daer af ondanc, cost of scade hadden, dat datte 
commen zoude ten laste ende coste van den ghonen, daer 
tgebrek an zijn zoude, elc zijn advenant. Waert ooc zo dat 
In andere plaetsen of feesten eenighe prijsen upghehan- 
Shen worden van esbatementen, ende dat de meeste 
menichte van den eede van advise ware, daer naer te doene, 
So zoude de minste menichte moeten volghen. 

_» [tem waert zo dat omme tonderhouden vander Reto- 
rijcke, gheordonneert worde te spelene waghen spele of 
Slaende spelen, daer af zullen dekin ende proviserers last 
nemen, die te bereedene, up zulcke ordonnancie, als zij 
onderlinghe overeendraghen ende maken zullen. Bet voort 
talmen dese jeghewoordeghe ordonnancie den ghemeenen 

gheselscepe lesen up den dach vander kuere, eer zij huere 
kuere uutgheven zullen, naer deerste gherechte vander 
maeltijt, ten fijne dat de ghone, die dekin ende provise- 
rers zijn zullen, tinhouden vander zelver ordonnancie 
weten moghen, ende die also onderhouden de toecom- 
mende jaerscare, zonder eenighe weygheringhe daer jeghen 
tẹ makene, omme den voors. dekin ende proviserers ende 
huerlieder naeommers, die dekin en proviserers zijn zul- 
len, tvoorseide gheselscip te onderhoudene en regierne 

° SÉRIE, TOME XXXII. 37 


( 558 ) 

naer den uitwijsene vanden bovenghescreven articelen 
ende ordonnancien, emmer totter tijt ende also langhe alst 
ons of onse naercommeren in wette ghelieven zal, ende 
. toot onsen of huerlieder wedersegghen. 

» Ghegheven onder den zeghel van zaken der voorseide 
stede van Ghend, den 44" dach van ougstmaend int jaer 
ons Heeren duust vier hondert acht ende seventich (1). » 


Het doel des genootschaps, gelijk men ziet, was twee- 
ledig: in de eerste plaats de verheffing van den godsdienst; 
in de tweede, de beoefening der rederijkerskunst. In de 
dagen „ dat kerkelijke plechtigheden werden opgeluisterd 
door vertoogen, aan de gewijde geschiedenis ontleend, 
was de kunst van den godsdienst onafscheidelijk. 

Bovenstaande verordeningen werden herhaaldelijk ver- 
nieuwd en volledigd. Zoo kennen wij er eene van 6 October 
1508, waarbij het magistraat van Gent bepaalde, dat geen 
broeder van Maria ter eere ’t recht had de bediening van 
deken of proviseerder te weigeren , bijaldien hij door eene 
wettelijke kiezing tot eene dezer waardigheden geroepen 
was. Verscheidene vonnissen werden later in den zin dezer 
beslissing gegeven. 

In 1352 richtten de vier te Gent bestaande rederijkers- 
kameren zich tot de schepenen, met verzoek om, gelij 
_de vier schuttersgilden, eenen jaarlijkschen onderstand uit 
de gemeentekasse te bekomen. De vraag werd hun den 
2 Oogst deszelfden jaars ingewilligd ; elke kamer zou voor- 
taan eene som van 5 pond groote ontvangen, mits de 


ne en PT 


(1) Oorspronkelijk stuk, op perkament, met een deel van den schepe- 
nenzegel in groen was. — ania der St-Jacobskerk, 


a NN U 


RAT PS SPSS 


( 399 ) 
voorwaarden , door hen zelven vastgesteld , en in de onder- 
staande akte uitgedrukt : 


« Allen den ghoonen, die dese presente lettren zullen 


zien oft hooren lesen, scepenen ende raedt vander stede 


van Ghent, saluut. Met kennessen der waerheden doen te 
wetene, dat wij, ghezien ende ghehoort tvertooch, ons bij 
supplicatien ghedaen ende overghegheven bij den prince 
met zijnen rade van der helegher Drijvuldicheyt, ghenaemt 
de Fonteyne, metten anderen drie dekenen ende provi- 
serers, te wetene van sente Baerbelen, tsente Pieters, 
van sente Agneeten, tsente Jans, ende Marie theeren, 
(sente Jacobs, tsamen representerende de vier cameren 
van rethorijcken ende de conste van dien, binnen deser 
stede, inhoudende in effecte, hoe dat zij vele ende divers- 
sche jaren tot hiertoe de selve rethorijeke in payse ende 
ee AE OPER en PEN E 1° _ 3 à. 


costen , mits dat inde selve cameren van rhetorijcke vele 
scamele ghezellen zijn, ende dat zij, mits dat dese stede cs 
de hooftstede van Vlaenderen, le fact inde rhetorisi 

van anderen steden feestoyeren ende de eere deser stede 
alzo hewaren moeten, daertoe dat zij tot hiertoe gheen 
voordeel ghehadt en hadden, nochtans dat zij supplianten 
int fait van rhetorijcken dese voors. stede representeren , 
alzo wel als de goede mannen vanden ghulden vanden vier 
boghen int fait vander scutterijen, uuten welcken inde 
andere steden van Vlaendren, als Brugghe, Ypre, Auden- 
aerde, Dendermonde, Vuerne, ja Axele, Eecloo, ende 
diverssche andere rapassen, den guldens vander retho- 
rijcken, aldaer onderhouden, ghegheven werdt zekere pen- 
cioen ter verlichtinge vanden rethorisienen , omme. dat de 


zelve gulden te bat onderhouden zouden moghen werden, 


( 540 ) 
biddende mits dien de voorn.supplianten, dat dit ghemerct, 
ons believen zoude willen hemlieden ende elcken van- 
den voorn. vier cameren te voorsiene van redelicken pen- 
cioene, ten fijne dat de edele conste van rhetorijcken deser 
stede te heerlickere zoude moghen onderhouden wesen, 
omme dat de ghesellen, de zelve anthierende ende bemin- 


nende, tsamen zouden moghen vergaderen ende wat voor- . 


deels hebben omme te moghen verblijdene, ende de selve 
conste te vertooghene ende leerne, gelije dat de viere 
andere guldens vanden boghe deser stede alle zondaghe 
vergaderen metten wijne, hemlieden daertoe jaerliex van 
deser stede daertoe verleendt, de selve supplianten zouden 
hemlieden daervooren ende in remuneracien van dien ver- 
binden ende verobligieren, dat zij thuerlieder coste zullen 
doen vertooghen acht waghenspelen tsiaers, omme tvole 
ende insetenen deser voors. stede te verblijdene, twelcke 
werdt eleke camere twee spelen; voorts in incomsten van 
princen ofte princessen doen vertooghen zulcke figueren 
ende spelen, als daertoe dienen ende behooren zullen, 
alleenlie mits bij-der selver stede als dan dooghende ende 
betaelende den cost van den uutstellene vanden scilderien, 
ten selven figueren ende spelen dienende ende behouvende 
metten uutstellene van, dien. Al tweleke gheconsidereert 
ende overghemerct bij ons, seepenen voorn., anghezien 
ooc de groote ende zware costen, die de selve stede altijts 
heeft moeten dooghen alsmen vanden voors. supplianten 
te doene ghehadt heeft, ten inkomsten van princen, prin- 
cessen, int maken. van paysen ende andere tryumphen, 
ghedaen binnen deser stede ende anderssins, hebben over 
ende inden name vander voorz. stede elcke vanden voors. 
vier cameren van rhetorijcke, bijzondere, toegheleit ende 
gheordonneert, legghen toe ende ordonneren mits desen, 


linnea ane ve 


PR PEN ES 


seeden id Rat: LS 


( 541 ) 

jaerlicx vander voorn. stede goede te hebbene, haelene 
ende ontfane, ende toecommende tresoriers van diere, de 
somme van drie ponden groten, dats tsamen twaelf ponden 
groten telcken sente Jansmesse mids zomers, daer of 
deerste jaer wesen zal tsente Jansmesse midszomers XV“ 
driendertich eerstcommende, ende alzo voorts van jare te 
jire, ende al ditte up de condicien ende verbant bij den 
selven supplianten ghedaen van de voorn. waghenspe- 
len , vertooghen vanden figueren ende spelen inde voorn. 
incomsten ; ooc tmaken van paysen ende andere tryum- 
phen, ende ten.vermanene van scepenen te doene ende 
vulcommene thuerlieder coste, als noot werd, ende zij dies 
vermaent wesen zullen, mits alleenlic bij der selver stede 
dooghende ende betaelende tuutstellen ende scilderien 
vanden voorn. figueren, inder manieren boven verhaelt; 
insghelijex ooc van hemlieden ende elc huerer te reghelne 
ende doene inde beroupen van spelen up prijs ofte up 
rekeninghe , zoot ons oft onsen naercommers believen zal, 
ende hemlieden gheordonneert wesen zal. Ende voorts, 
dat deen camere van hemlieden telcken toecommenden 
Sacraments daghen thuerl. coste doen vertoogen zullen 
eene figuere voor tscepenenhuus, dats elcke vanden vier 
cameren ten vier jaren eene, alzo altijts ommegaende bij 
ordenen ende ghebuerten, zonder van dien ende eleken 
pointe voorscreven zonderlinghe in gebreke te blivene up 
de correctie van scepenen ende tot huerlieder wederrou- 
pene. Ghegheven in kennessen der waerheden onder den 
zeghele van saken der voorn. stede van Ghent, den twees- 
ten in Ougste XV° twee ende dertich (4). » 
ROUE nn Se ME AR SR 

(1) Oorspronkelijk stuk , op perkament; het zegel ontbreekt. — Archief 

St-Jacobskerk. 


t 


, ( 542 ) 

Den 25 Augusti 1535 werd door het stadsmagistraat, op 
de bede van de bestuurders der kamer, een nieuw regle- 
ment verleend , hoofdzakelijk tot regeling van de plichten 
en rechten der dekens en proviseerders, nopens de alge- 
meene vergaderingen, het gildekleed, het altaar, enz. In 
dit stuk, hier volgende, komt het privilege te voorschijn, 
dat deschepenen den 8 Februari 1536 ook den anderen rede- 
rijkerskamers der stad Gent schijnen gegeven te hebben, 
en volgens hetwelk geen broeder van Maria ter eere, de 
betrekking van medebestuurder waarnemende, gehouden 
__was in eenig ander gilde der stad als zoodanig te dienen , 
uitgezonderd bij ’t groot gilde van den voet- en handboog, 
en van de busse : 


« Allen den ghoonen, die dese presente lettren zulien 
zien oft hooren lesen , hoochbailliu, scepenen ende raedt 
vander stede van Ghent, saluut. Met kennessen der waer- 
heden doen te wetene dat wij, ghesien ende ghevisiteert 
hebbende tovergheven ende vertooch, voor onslieden bij 
supplicatien in ghescrifte ghedaen bij Lieven vander Brug- 
ghen, als dekin, Gillis vanden Vivere, Pieter vander Piet, 
Gheeraert van Wettere, Lieven vanden Abeele, Willem 
Alaert, Hendrik Bruynhals, Jan vander Mote, Lieven 


Rateveldt, Lieven vander Heyen, Fransois de Meyere , ‘ 


Hendrik de Bisscop, over hemlieden ende den meerderen 
deel vanden guldebroeders, proviserers vanden gulde van 
Maria theeren twelcke men ouderhoudt in sente Jacobs 
keercke binnen deser stede, innehoudende hoe dat zij zijn 
eene vanden vier cameren van der edeler conste van retho- 
rijcken, de welcke men hanteert ende onderhoudende es 
ter eeren van Gode van hemelrijcke ende Maria zijnder 
_ _ghebenedijder moeder, inde selve keercke, ende met hem- 


t 


( 545 ) 
lieden ghevoucht meer andere goede mannen , guldebroe- 
ders vanden voors. gulde, beminnende de selve conste der 
rethorijcken, wesende eene zoo langhe ghifte ende gracie 
vanden heleghen Gheest, al eist zo, dat huerlieder voor- 
ders, dekin ende proviserers in dien tijt vanden sel- 
ven gheselscepe up zekeren tijt voorleden vercreghen 
hadden an scepenen de voorsaten ende hemlieden ver- 
leent, gheoctroyeert ende gheconfirmeert waren zekere 
pointen ende artielen, bij hemlieden aldaer versocht ende 
begheert, maer den inhoudene van drie beseghelde brieven 
van confirmatien, onder de supplianten rustende, den 
eenen van daten XHH** in Ougste duust vier bondert acht 
ende tseventich, den anderen van den dertichsten Novem- 
bris vijftien hondert viere, ende den derden duust vijf- 
hondert zeventiene, nochtans de selve brieven ende con- 
firmacien van verbande wel oversien ende bij hemlieden 
supplianten ghevisiteert ghezijn hebbende, met rijpheden 
van rade bevinden daer inne zekere faulten, ghebreken 
ende verzwijmtheden van eeneghen pointen ende articlen, 
den selven gulde wel van noode wesende ten onderhoude 
vanden goddelicken dienste ende der hantieringhe vander 
voorn. edeler consten van rethorijcken, hier naer ghespe- 
cifiert. 

» Eerst, dat men van nu voort an de kuere vanden nieu- 
wen proviserers houden zal op onser liever vrouwen avont 
in Septembre, tsachternoens ten tween hueren , sdekens 
huuse, ofte tot sulcker plaetsen, daert den deken believen 
sal, omme te gane in de heere van Gode van hemelrijcke 
ende Maria zijnder ghebenedijde moedere, der supplianten 
lieve ende weerde patronesse, te doene verspereye ende 
lof inde cappelle vanden selven gulde, daermen den nieu- 
wen eedt uutelesen sal; ende de ghecoorne persoonen die 


Ne 


(544) 

sullen zelve moeten dienen, zonder yemant el in zijne stede 

te stellene, ofte ten ware dat yement scepenen waer yes: 

keure oft van ghedeele. 

» Item voorts, dat de nieuwe ghecoorne proviserers 
vergaderen zullen tsanderdaechs up onser vrauwen dach, 
smorghens, te sulcker plaetsen ende teender zekere huere, _ 
daer zij bij den cnape ofte van zijnen weghe ghedachvaert _ 
zijn zullen, ele up de boete van twintich grooten, ten 
waer daer yement van hemlieden openbare nootz.... hadde, 
ofte uuter stede ware, omme aldaer bij hemlieden metter 
meester menichte te kiesene eenen nieuwen dekin, die 

_hemlieden nutteliext dineken zal omme de toecommende 

jaerschare met hemlieden te dienen , ende zo wat persoon 
_daeraf meest keuren hebben zal, die moet dat jaer dekin . 
wesen, de welcke ghecoorne dekin ghehouden wert ten 
selven daghe ter messe van feesten te commene, ten thien 
hueren , met zijnen nieuwen proviserers, ele up de boete 
van Label grooten , ende den deken dobbel boete, ende 
van daer niet te scheedene, zonder consent van den ouden 
dekin. 

» Item werden: de selve dekin ende proviserers metten 
ouden dekin ende proviserers (ghehouden) tsamen te gane 
in ordonnancien naer de selve messe, ten tanneele , metten 
anderen drie cameren van rethorijcken, ende aldaer ter 
maeltijt tsnoenens ende snavonts, gheldende ghelijcke 
costen vander maeltijt, in verlichtinghen vanden zelven 
gulde ende gheselscepe. 

, » Item dat van nu voortan een dekin niet langhere 
dienen en zal dan twee jaren, up dat hem belieft, ende 
dat ele afgaende dekin ende proviserere naer huerlieder 
afgaen zullen hebben eene wepelinghe van vier jaren, eer 
S vanden voorn. gulde zouden moghen dienen. 


( 545 ) 

» Item dat ele dekin ende nieuwe proviserere alle jaeren 
ghehouden werdt te makene een nieuwe abijt, metter 
devijse vanden voorn. gulde, van zulcken coluere, als de 
dekin van drien colueren hemlieden uutegheven zal, ende 
up zule coluer vanden drien, als zij onderlinghe metter 
meester menichte sluuten ende accorderen zullen , welcke 
voorn. abijten zijlieden annedoen zullen moeten up sente 
Barbelendach, omme daer mede te gaene in de ordon- 
nancie ghelijc de andere drie cameren, ele up de boete van 
vier scellinghen grooten, welcke abijten zij sullen ver- 
moghen af te legghene, ende niet meer te draghene, 
indient hemlieden niet en belieft, dan tot up sente Agnee- 
tendach, ende telcker reyse, als zij metten abijten ghe- 


.dachvaert zullen wesen, up suleke boete, als de dekin 


believen zal, niet excederende de twintich grooten; ne- 
maer zullen ghehouden zijn naer onser vrauwen dach, 
lichtmesse alle zondaghen metten abijte ter messe te 
commene , tot huerlieder afgaen, up de boete, zonder dat . 
zij vermoghen zullen de voors. devijse ofte blomme up 
eeneghe lappen te draghene, up de correctie vanden 
deken ende proviserers; ende 20 wie eenich habijt hadde 
van ghelijeken coluere, dat hem dochte zo goet ende versch 
wesende van lakene, zule persoon es ghehouden zijn abijt. 


te bringhene veertien daghen te vooren bij deken ende 


proviserers, omme bij hemlieden ghevisiteert te werdene, 
oft hyer mede ontstaen mochte ende passeren, mits daer 
vooren betalende voor zulc een oudt abijt, ten afgane, 
thulpen der maeltijt, twaelf grooten. Ende indien tselve 
abijt niet goet ghenouch bevonden en wierde, zoude 
moeten een abijt maken, ghelijc zijne medeghesellen. 

» Item de dekin ende proviserere, die tvoorn. gulde 
dient, die wert van nu voortan onghehouden eeneghe 


( 546 Y 
andere gulden te dienene, ofte ten waer dat hij in een 
ander gulde eerst diende, uuteghesteken de groote gulden 
van mijnen heere sente Jooris, doude gulde van sente 
Sebastiaen ende sente Antheunis, ende dat men hem 
stelde binnen zijndere jaerschare in andre gulden ten 
dienste als dekin ofte proviserere, zoude van dien voorbij 
gaen, ende onghehouden zijn te dienene, ghelije ende in 
alder manieren dat de andere cameren van rethorijcken 
huerlieder medebroeders hebben. 

» Item waert bij den ghevalle, dat de cappellaen ende 
de enape waren vanden advise, te makene elc een nieuwe 
abijt van ghelijken coluere, zo werden zij deken ende 
proviserers ghehouden elcken te ghevene, boven huer- 
lieder pencioene, thulpen haerlieder nieuwe abijten , ele 
zes grooten, up dat zij een abijt maken, ende niet anders. 
_» Item, dat ele persoon ende proviserere, naer sijn 
afgaen, betalen sal alle de costen, de gulde voorn. ancle- 
vende, de welcke zij ter causen van dien sculdich zijn 
sullen, binnen veertien daghen , ende de ghone, die danaf 
in ghebreke waere vander betalinghe te doene, dat zoude 
wesen up huerlieder executie. 

» Biddende de voorn. supplianten over hemlieden ende 
huerlieder naercommers int selve gulde wesende, hemlie- 
den alle de voorn. pointen ende articlen, ende ele van 
dien zonderlinghe, bij ons gheconsenteert, gheoctroyeert 
ende gheconfirmeert te werdene, so eist dat wij, ghene- 
ghen wesende ter bede ende begheerte vanden voorn. sup- 
plianten, ende bevindende de selve pointen ende articlen 
goet ende deuchdelic wesende, hebben hemlieden inde 
qualiteit alsboven, de selve ende ele van dien bijsonder 
gheconsenteert, gheoctroyeert ende ghecontirmeert bij 

desen, omme int voors. gulde alzo van nu voort an onder- 


(347) | 
houden te werdene, zonder eenich belet ofte molestatie te 
contrarien, alle de voorn. drie oude confirmatiën in huerl. 
andere articlen blivende in wesene bij... Dies reservere- 
ren wij tonswaert de interpretacie van deser confirmacie 
ende voort meer taugmenteren ende minderen van dien. 
Ghegheven in kennessen der waerheden onder den zeghele 
van saken der voors. stede van Ghent den vive ende 
twintichsten van Ougste int jaer duust vijfhondert vive ende 
dertich (1). » 


Dit stuk is, gelijk men ziet, niet zonder belang voor de 
kennis der oude gildegebruiken. Wat in onze dagen onder 
de verschillige rederijkerskringen eener zelfde plaats 
schier onuitvoerbaar wordt geacht, was in dien tijd niet 
alleen eene mogelijkheid, maar bovendien, als ’t ware, 
eene oefening. Wij bedoelen de onderlinge overeenkomst, 
de volkomene eendracht, de verbroedering zelfs der 
gilden, die al hetzelfde doel beoogden; waar het eene feest 
vierde, verschenen ook de andere kringen, en deden el- 
kaar op den voortdurenden bloei en voorspoed een goed 
bescheid. Geene der gewone plechtigheden van eene der 
kamers, hetzij die in de kerk of in de gildezaal plaats 
vonden, of zij werden door de zustermaatschappijen bijge- 
Woond. Verheven trek van het karakter des volks, dat 
niet alleen door staatkundige banden, maar tevens door 


die van kunst en vroomheid éen bleef. 


De akte van 1535 doet ons mede een voortreffelijk 


middel kennen om het gilde op spaarzame , behoedzame 


(1) Oorspronkelijk stuk, op perkament; het zegel ontbreekt. — Archief _ 
van St-jacobskerk. aen 


( 548 ) 
wijze te besturen, détré het tegen ondergang door 
plichtverzuim of onbedachtheid te bewaren : ieder aftre- 
dend bestuur was gehouden, de gildelasten aan te zui- 


veren. Zoo toch kan de toekomst des genootschaps, onder _ 


geldelijk opzicht, niet in gevaar worden gebracht. Bespa- 
ring, daarentegen, was niet verboden, en het overschie- 
tende geld mocht niet aen drinkgelagen worden besteed. 

Nog meenen wij uit de nieuwe verordening te mogen 
opmaken, dat de kapelaan en knaap op denzelfden rang 
‘stonden. Beide toch waren bezoldigd. Maar ook de factor, 
de spreker, de dichter der rederijkers genoot eene jaar- 
wedde, en van dezen wordt geen woord in de reglementen 
gezegd. Schatte men zijne bediening, zijn talent te hoog, 
dan dat men ’t zou gewaagd hebben die aan de minste 
bepaling te onderschikken? — Wij zullen de gelegenheid 
hebben op den factor terug te komen. 

De vrijstelling van dienst in andere gilden, verleend 
aan hen, die in Maria ter eere deel maakten van ’t be- 
stuur, gif nu en dan van wege andere genootschappen 
aanleiding tot geschillen, die door de schepenen moesten 
beslecht worden ; ja tot processen, in welke de Raad van 
Vlaanderen moest tusschenkomen. Gewagen wij hier van 
een, dat onze kamer omtrent het midden der XVI° eeuw 
tegen de Balsembloem had uit te staan, en waarin ook de 
andere red ingen der stad betrokken waren. 

Een afgaande bestuurder van Maria ter eere had geko- 


zen, om hem op te volgen, zekeren David Serarents, die, 


reeds dezelfde betrekking waarnam bij de Balsembloem. 
Daar ook de bestuurleden van dit genootschap, gelijk die 
van de andere rederijkerskamers, ’t voorrecht van dienst- 
vrijdom in andere kringen genoten, werd de eisch natuur- 
> een bevonden, en aan ’t oordeel van °t ma- 


r 


en 


Á 
: 


( 549 ) | 
gistraat, nadien van den rechter, onderworpen. Na de beide 
partijen tot het bewijs van de gegrondheid hunner eischen 
te hebben toegelaten (1), gaf de Raad van Vlaanderen het 
volgende gewijsde : 


« Ghezien tdifferent, hanghende bij memorie int advijs 
vanden hove tusschen Dierick de Backere, prince souve- 
rain vanden Naeme Jesus, gheseyt de Balseme, onderhou- 
den binnen den Princenhove deser stede van Ghent, 
Eduaert Martins ende Dierick Schotte, over hemlieden en 
vervanghende heurlieder medeghesellen in eede, originaele 
heeschers ende verzouckers van provisie ter eender zijde, 
ende Lieven van Hulse, prince vander Drienvuldicheyt, 
Adriaen de Wulf, deken van Sinte Barbele, Arent Nutinck, 


deken van Sinte Agneeten, ende Jan vanden Thessele, 


deken van Marie theeren, representerende de vier came- 
ren van retorijcque der voors. stede, wederlegghers van 
provisie ter andere, gheresen ter causen dat de heesschers 
onlanex ghedaen hadden zegghen, dat onlancx proces ende 
ghedinghe gheresen was ‘hier int hof tusschen hemlieden 


dvijs vanden hove, tusschen 


ndon 
nucu 


(1) « Ghesien tproces hanghende int a 
vide S « 2 miet: va ‘à 


naeme Jhesus, gheseyt de Balseme, Eduwaert Martins, Dierick Scotte 
ende andere ghuldebroeders vander zelver Balseme, heesschers…. 
procureur van Vlaenderen medeghevoucht ter eender zijde, ende Pieter de 


Martelaere, proviseur afghegaen vanden gulde van Maria ter eeren, met- 


schers van ghelijken te doene indient hemlieden goet dunct. » 
© (Sententien ende appointementen interlocutoire. Juli 1553-Juli 1557, 
bl. 560v. — Raad van Vlaanderen.) 


( 550 ) 
als heesschers ende reformanten, ende deselve vérweer- 
ders als gheïnthemeerde betrocken met scepenen vander 
Keure in Ghent, ghed. over dat eenen Pieter Maertelaere, 
suppoost vande Camere van Rethorijcke van Marie ter eeren 
hem zekeren tijt te vooren vervoordert hadde te denom- 
mereúe omme in de voors. camere te dienen, ende Daniel 
S'arents, suppoost vande voors. Balseme, contrarie der 
princelijke institutie ende privilegie van den zelver Bal- 
seme, hemlieden van wijlent salegher memorien Philips 
den Coninck verleent ende gheoetroyeert bijder K. Maj. 
jeghewordich daernaer gheconfirmeert, in welcke zaecke 
soe verre gheprocedeert was, als dat de voors. Daniel 
S’arents metter adjonctie van de heesschers, heesch maec- 
kende, ghedient hadden van griefven ende redenen van 
betreck, ende nu stont omme bij de verweerders tand”° 
ende solutie te ghevene ten principale, ende hoe wel midts 
der voors. litispendentie ende betrecke, de zelve verweer- 
ders nyet en behoorden tattempterene in prejudicien vande 
voors. notoire red° ende princelijcke concessie, daer over 
onder andere de heesschers ghegheven es expres previle- 
gie, dat negheene persoon, dienende int gulde ofte broe- 
derscap vanden naeme Jhesus, gheseyt de Balseme, be- 
dwijngelick en zijn te moeten dienen in eeneghe andere 
camere oft gulden, emmers nyet ingestelt bij princelicke 
institutie, oft inde zelve eeneghe last te moeten draghén, 
hadden hemlieden nochtans vervoordert te doene ter con- 
trarien, ende nyet jeghenstaende de voors. litispendentie 
van desen hove, die van den gulde van Sinte Agneele, 
een vande voorn. vier cameren, hadde doen dienen eenen 
Gillis van Hecke, eenen vande XV ouderlinghen vanden 
voorn. princelicken gulde vanden Balseme, hemlieden 
vanterende elek int zijne, tzelve in toecommenden tijden 


(331 ) 
noch meer te doene, directelick contrarie dér prohibitie 
begrepen in de voors. institutie ende der contirmatie 
vande K. Mt, jeghenwordich daernaer ghevolcht, daerbij 
expresselick bevolen ende ghelast staet vande voors. 
majesteyt weghe, alle officiers ende justiciers, dat zij ele 
int zijne, over alle zijne landen, de voorn. vanden Balseme 
houden, doen ende laeten ghebruucken vande voors. 
heurl. privilegien ende concessien, zonder hemlieden daer 
inne eenich belet of onghebruuck te doene, teleken up de 
boete van twintich Philips gulden, in partie tzijnen prouf- 
fijte, ende in partie ten prouffijte vanden dienst vanden 
zelven gulde, in zulcker wijs, dat indien daer inne nyet 
voorsien en ware bij justicie, de voorn. heesschers be- 
dwonghen zouden zijn tvoors. gulde vanden Balseme ende 
den goddelijcken dienst van oudts int zelve gulde gheor- 
donneert bij den heesschers ende hemlieden voorzaten 
altijts theurl. coste ende priveen laste altijts gheconti- 
nueert, te abandonnerene ende laeten vaerene, in preju- 
dicie van heurl. voors vrijheyt ende lijberteyt, danof zij 
ende heurl. oudders altijts gheuseert hadden, ter welcker 
Causen ende omme in toecommenden tijden daer inne te 
voorziene, hadden zij heeschers dies voorseyt, in den hove 
bij requeste te kennen ghegheven, daer up gheordonneert 
Was tverzouck je doene in jugemente, twelcke zij hees- 
schers ghedaen hadden, ende bijdien ende meer andere 
redenen, in heurl. memorien begrepen, verzocht ende 
ghetendeert ten fine dat bij maniere van provisie de voors. 
verweerders elck int zijne gheinterdiceert soude wesen 
te kiesen, nemene ofte bedwijnghene eeneghe suppoosten 
van de voors. Balseme, omme te dienene in eeneghe vande 
voors. vier cameren, ende heurl. te laetene vrij ende on- 
ghemolesteert, midsgaders oock de voorn. Gillis, indien hij 


( 552 ) 
van heurlieder vors. vrijheyt verzochte ende begeerde te 
useren ende ghebruucken, ende dat bij den hove te dien 
fine alle electien, die de voorn. vier cameren zouden 
willen doen, ghehauden zauden wesen in staete ende sur- 
ceance, de voorn. heesschers sustinerende ter contrarien, 
seggende te noterene zijnde naer rechte, dat alle privile- 
gien uute, extinct ende te nyente zijn, alsmen den ter- 
mijn van thien jaeren in ghebrecke es danof te userene, 
twelcke ghesupponeert es warachtich dat tgulde vande 
Dryvuldicheyt es een schoone, edele ende vermaert gulde, 
ghefondeert ende inneghestelt over hondert vijftich jaeren 
ende tijts meer, bij princelicke institutie vande predeces- 
seurs vande K. Mt, graven van Vlaenderen, hebbende ende 
vermoghende tzelve gulden vele ende diversche prerogati- 
ven, preheminentien, statuten ende gheapprobeerde or- 
donnancien, ende onder andere, dat alle de gone, wesende 
onder de voors. gulde, ghehouden ende schuldich zijn te 
dienen als deken ofte ghildebroeders, zoe wanneer zij 
daertoe ghecozen ofte ghemaent zijn, ende dat van dezelve 
rechten ende preheminentien, prerogativen, statuten ende 
ordonnancien oick vermochten tuserene, zoe zij van allen 
ouden tijden ende immemorialen gheuseert hadden, de 
vors. andere drie cameren van rethoricke, als membre 
oft leden wesende vanden voors. princelijcken gulden 
vande voors. heleghe Drievuldicheyt, gheseyt de Fonteine, 
volghende welcken alzoe Pieter de Maertelaere, wesende 
in tvoors. gulden van Maria ter eeren, ende afgaende pro- 
viseur, in zijn ghesach ghecoren hadde eenen Daniel S’ae- 
rents, wesende ooick van tzelve gulde, omme aldaer te 
dienen als provisor, ende dat den zelven S’aerents ghelast 
ende bevolen was, den zelven dienst taccepterene ende 


_ anveerdene, die tzelve refuseerde, zoe rees daeromme tus- 


he DE eni ee A 0 


(2899; } 

chen den zelven Maertelaere metter adionctie van deselve 
verweerders, als heesschers ter eender zijde, proces ende - 
ghedinghe voor scepenen vander keure deser stede van 
Ghent, in heurl. ghebannen vierschaere, alwaer hendelin- 
ghe, partie ghehoirt, zoe verre gheprocedeert hadde ghe-, 
weest naer dien de voorn. scepenen wel ende ter verbaele 
ghebleken was vande voors. redtie, preheminentie, prero- 
gativen, statuten ende ordonnancien vande verweerders, 
behoirlick gheconfirmeert, dat de voors. S’haerents ghe- 
Condempneert wiert den dyenst taccepterene ende anveer- 
dene, vanden welcken wijsdom de voorn. S'haerents metten 
voorn. heesschers hier int hof betreck ghedaen hadden, 
danof de zaecke alsnoch was aldaer hanghende onghede- 
Cideert, ende alzoe bij middelen tijde den deken van 
tvoors. gulde van sinte Agneete, wesende een vande vier 
Cameren vande rethorijcke deser stede, overleden was 
deser werelt, zoe hadden de ghuldebroeders vanden sel- 
“en ghulde, tsinnen vergadert zijnde, eenen nyeuwen 
deken ghecoren, den voors. Gillis van Hecke, wesende 
heurl. medebroedere in tvoors. gulde, die tzelve officie 
ende dienst voluntairelick ende ghewillichlick gheanveert 
ende gheaccepteert hadde, ende jeghenwordelick bedie- 
nende es, ende tzelfs begeerde te bedienen ende exerce- 
rene, zoe dat de verweerders daerbij den voorn. Gillis 
geen grief, schade noch interest, noch injurie ghedaen en 
hebben, maer alleenlick daer inne gheuseert van heurl. 
redemptie ende vermoghen , nemende de verweerders bij 
dier ende meer andere redenen, van heurl. weghe ghede- 
duceert conclusien, dat de voors. provisie bij den hees- 
schers verzocht, niet gheschien en zoude, maer ontseyt (2) 
ende die gherejecteert werden elek vande gene persiste- 
_ Yme SÉRIE, TOME XXXIII. 58 


(554 ) 
rende bij zijnen verzoucke, ende wederlegh, finen ende 
conclusien dien aengaende ghenomen , maeckende ele an- 
deren heesch van costen. 

» Ghesien dexploicte lettren vanden munimente by par- 
tien overgheleyt dacten van den hove, zonderlynghe van 
advijse, ende al dat meer diende ghevisiteert te zijne met 
rijphede van rade. 

» (Hof, uutende zijn advies, ordonneert de voorn. we- 
derlegghers gheduerende de litispendentie ten principaele, 
nyement meer te kyesene noch te stellene inden eedt 
vande voors. vier cameren, vanden ghuene, die in den eedt 
zijn vanden voors. gulde vanden naeme Jhesus, gheseyt 

de Balseme, dan die te vreden zullen zijn tzelve taccepte- 
rene, volghende den consente vanden voors. heersschers. 

» Ende statueert de costen van desen vervolghe totter 
diffinitive (1). » 


Bij besluit der schepenen van 41 December 1537 werden 
nieuwe bepalingen gemaakt ten voordeele der gildekapel, 
tot welker onderhoud de aftredende bestuurders verplicht 
werden bij te dragen. Deze verordening staat geschreven 
ten voete dergene van 1535, bovenmedegedeeld : 


« Item scepenen vander kuere voorn., ghehoor} tver- 
tooch, hemlieden bij supplianten ghedaen bij Gillis Baer- 
voel, als dekin ter tijt van nu, met zijnen proviserers 
vanden gulde van Maria theeren , over hemlieden ende den 


ed 


(1) Sententien ende appointementen interlocutoire, nde 1534 tot 
; enig 1554 (0.5) — - Archief van den Raad van Vlaandere 


ne ee aa 


( 555 ) 
meerderen deel vanden ghemeenen guldebroeders daer 
omme vergadert gheweest hebbende, inhoudende hoe dat 
zij tsamen ende eendrachtelic gheaccordeert hadden ten 
fijne dat tvoors. gulde niet te nyenten gaen noch des- 
trueren en zoude, dat van nu voortan de deken ende 
proviserers vanden voorn. gulde, nu zijnde ende namaels 
wesen zullen, thuerlieder afgane, ter hulpen der reparacie 
ende onderhoudene van huerlieder aultaer, elc van hem- 
lieden toelegghen zullen den zelven aultaer tot twaelf 
groten eens, twelcke bedraghen sal tsamen elex jaers der- 
tien scellingen grooten, ende datte boven allen ordinairen 
oncosten ende extraordinaire costen, die zij ende elc 
huerer ghedoocht zullen hebben ter causen van huerl. 
dienste, de welcke dertien scellinghen groten elc nieu 
dekin , ancommen zijnde, verhaelen ende recouvreren sal, 
ende hem ghehouden wert up te legghene de afgaende 
dekin, van welcker somme ende administracie vanden 
voorn. altaer elc dekin van nu voortan ghelast bliven 
zoude zijnen proviserers goede deuchdelicke rekeninghe te 
doene, telcken drie maenden binnen zijder jaerschaere, bij 
al welcken tvoorn: gulde prospereren ende vermeerdert 
werden zoude, ende den dienst Godts ende de rethorijcke 
verheven zijn, biddende ons scepenen voornt. hemlieden 
Supplicatie over hemlieden ende huerl. naercommers al 
tselve te willen accorderen ende confirmeren. Ende wij, 
ghehoort tselve versouc ende begheerte, mits dat tselve ` 
ons redelic ende huerbuerlie dinet , omme ende uuten re- 
denen voorscreven,hebben den supplianten al tselve gheac- 
Cordeert ende gheconfirmeert bij desen, omme datte alsoo 
van nu voorts onderhouden ende gheachtervolcht te wer- 
dene, boven den voorgaenden confirmacien, zonder eenich 


+ 


( 556 ) 
belet ter contrarien. Actum den elfsten dach in Decem- 
bre XV° zevenendertich (1). » 


Vermelden wij hier nog de schepenenakte van 12 Sep- 
tember 1560, waarbij de vroeger genomene beslissing 
opzichtens de doodschulden en boeten (bestemd, gelijk wij 
weten, tot onderhoud des altaars) opnieuw werd uitgevaar- 
digd, en die voorts beveelt, dat elk lid op de feestelijke 
dagen gehouden was zijn gelag te betalen, de mannen 
acht, de vrouwen vier grooten ieder. Dit was een prijs 
(verklaarden de schepenen,) « voor welke lieden van eeren 
niet en zouden laeten bij te commene, » en waardoor ook 
« verschuwet werden alle deghone, die den gulde niet 
» machtig en zijn duecht, eere noch bijstant te doen. » 
Deken en proviscerders werden eindelijk verplicht, bij 
hun aftreden goede rekening over de boeten en dood- 
schulden over te leggen (2). : 


IL. 


Nu wij de inrichting kennen, willen wij nader kennis 
maken met de leden der broederschap en -hunne oefe- 
ningen. 

De eigenlijke hoofdman was de Deken, door de keus 
zijner gezellen aangeduid. Gelijk op de plechtigheden o 
’t gilde, was ieder lid, op boet, verplicht aan de kiezing 
voor den deken deel te nemen. Het was een dag van 


dpd 


_ der St-Jacobske 
+ (2) Archief der St.-Jacobskerk. 


(1) Oorspronkelijk stuk op perkament; ’t zegel ontbreekt. — Archief 
rk. 


re 


Med his EE 


B (ME). 
vreugde , die doorgaans-met een banketeindigde. Nog in 
de tweede helft der XVHe eeuw was elke deken op de 


octaaf van ’t H. Sacrament gehouden zijne medeleden uit 


te noodigen op een banket, « op het alderbeste », zonder 
evenwel den drank te moeten leveren. Het doel dezer 
bijeenkomst was: tweeledig : vooreerst « om alsoo onder 
malcanderen fray ende vroyelijk te wesen » ; en verders 
Om « aftelegghen alle gheschillen », die de leden ver- 
deelen mochten. — 

Wie niet kwam, verbeurde een pond was voor de kapel, 
tenzij geldige redenen voor zijne afwezigheid waren in te 
roepen. De deken mocht de geestelijken der parochiekerk 
ten bankette uitnoodigen, doch geene andere priesters, 
vreemd aan de broederschap, zonder den oorlof zijner 
gezellen. 

Behalve het dekenfeest, vierde men in de XV* en XVI° 
eeuw ook den eersten Meidag, alsmede den dag des gil- 


depatroons en van de patronen der drie andere kafners. 


Het blijkt uit de rekening van 1556-57 dat Maria ter eere, 
op S'“-Agnetedag, « int gheheele vergaderd, » zeven kan- 
nen wijn te drinken kreeg. —’t Was waarschijnlijk bij die 


gelegenheden , dat het feestvierend gilde door de met hem 


bevriende kringen de geschenken werden opgedragen, 


Van welke sommige rekeningen der XVI eeuw reppen. 


De algemeene vergaderingen der broederschap hadden 
nu eens in ’t naburige S'-Janshuis, gelijk ten jare 1551, dan 
in eene herberg plaats. Het Cleen Wulfken, op de Vrijdags- 
markt, diende in 1564, en vroeger, tot plaats van het 
Sildefestijn, hetwelk ook weleens in den Ketele werd 
gehouden. 

Reeds in 1478, dus bij de oprichting der kamer, waren 
vrouwen als gildezusters aanvaard, doch wij vinden vóor 


Pa 


( 558 ) 
1560 geen gewag gemaakt van eene « vrauwenmaeltijd. » 

Het gilde had ook eenen Prins; slechts éene oorkonde, 
nogtans, maakt van deze waardigheid melding , namelijk 
de rekening van 1558. 

De Factor of dichter, gelast met het opstellen der feest- 
redenen en spelen, het schrijven en de verdeeling der 
rollen (1), genoot aanvankelijk eene jaarlijksche vereering 
van 5 schellingen groote, welke in 1556, te beginnen met 
Mark van VaERNEwvycK, den bekenden chroniekschrijver 
en dichter, tot het dubbel dier som werd gebracht. Van 
Vaernewycx bleef in deze betrekking slechts éen jaar, 
want in ’t volgende staat hij aangeboekt als proviseerder. 

Evenals bij de aanstelling van den deken, was ’ feest 
bij die van den factor. Eene heerlijke gelegenheid, voor- 
waar! om eene « prouve » te leveren van zijn talent als 
dichter en redenaar. 


Wij zagen hooger, dat de kapelaan en knaap, wat het _ 


habijt betreft, op éene lijn waren gesteld. Dit verwondert 
niet langer, als men weet, dat de bediening van knaap, 
door een der leden uitgeoefend, geenszins als iets verne- 
derends werd beschouwd. Zeide men van den factor, dat 
hij « de (heere bewaerde » van het genootschap (2), van 
den knaap was ’t zeker, dat hem eene groote zorg voor de 
belangen der kamer was opgedragen. Tot een bewijs, dat 
het knaapschap niet onaanzienlijk werd geacht, diene de 
omstandigheid, dat het van 1558 tot 1565 werd waarge- 
nomen door den factor Lieven van DER Venne. Het is 
Ra hete Meier ir puni ATEN 

(1) « Betaelt Lieven vander Venne voor tschrijven , maken en rollieren 


der loven, schijnewijnen ende presentatie we spijzen, 10 sch. gr. 
(Gi ilderekening. y 


(2) Gilderekening van 1558 en 1559. 


„ 


ee PRIS St NS 


( 559 ) 

waar, dat dezen in laastgemeld jaar, wij weten niet om 
welke reden, eene en andere betrekking door het gilde 
werd ontzeid. 

| De derde en laatstbekende factor van Maria ter eere 
| was Jan pe Hane (1565). Ongelukkiglijk behelst het gilde- 
archief geen enkel vers, dat ons over hunne kunst van 
dichten kan laten oordeelen. 

De Kapelaan schijnt geen vast inkomen te hebben 
genoten. In de gilderekening van 1356-57 staat hij genoemd 
met 6 schellingen, voor zijn pensioen, en dan nog 24 schel- 
lingen, vermoedelijk uit hoofde van bijzondere kerkdiens- 
ten. Het volgende jaar werd hem, uitwijzens de rekening, 
17 schellingen 4 deniers groote betaald. 

Aanvankelijk schijnt het getal proviseerders, die met 
den Deken, Prins, Factor en Kapelaan de vereeniging 
bestuurden, tusschen acht en twaalf te hebben bedragen. 
Wij weten reeds , dat zij bij hun aftreden eenen opvolger 
mochten kiezen. Trad een hunner in den echt, er werd 
hem een geschenk opgedragen, dat doorgaans uit « tinne- 

werck » en wijn bestond. LIEVEN VAN DER RIVIERE, een 
Gentsch kunstenaar der XVI? eeuw, medebroeder van 
Maria ter eere, werk in 1356 gelast blazoenen te schil- 
deren op tinnen schotels, den proviseerder Pieter de Somere 
aan te bieden. 

Eene uitzondering werd gemaakt, twee jaren nadien, 
voor Mark van VAERNEWYCK, die ter gelegenheid zijns 
huwelijks met Livina Hallins (Alijns?) door het gilde ver- 
eerd werd met een zilveren kopje (1), hoewel de toestand 

en 


(1) « Item ghesconken den voorn. VAERNEWISCK in zijnder brulocht, een 
zelveren copkin, daervooren betaelt XXI s. VI d. gr. » 
. (Gilderekening van 1558-1559.) 


_ 


( 560 ) 
der gildekasse destijds niet gunstig was; maar men wilde 
erkentelijk zijn jegens den gewezen factor, die den 5 
Februari 1557 (o. s.) het altaar der broederschap verrijkt 
had met eene jaarlijksche rent van 40 schellingen groote. 
Het Ordonnancieboek van 1484, ’t oudste register, dat 


het gilde bezit, houdt de lijst in der leden, die in de XV° 


en in het begin der XVI? eeuw bij Maria ter eere werden 


aanvaard. Hiermede zijn wij eenigszins in staat gesteld den — 


burgerlijken rang van het genootschap te meten. Naar het 
ons voorkomt, waren ’t meest begoede poorters, handel- 
of neringdoende ingezetenen en kunstenaren , die zich in 
onze rederijkerskamer lieten inschrijven. Noemen wij hier, 
behalve de hooger reeds bekend gemaakte namen, ADRIAAN 
Seys, ANDRIES van Mare en Girtis GauséLins, schilders; 
CORNELIS DE Suer, beeldsnijder, JAN van DEN VALLEGATE, 
verlichter en boekschrijver ; Cornezis Hont, zangmeester 
des keizers, enz. — Ook personen buiten Gent werden als 


leden aanvaard, zooals Jan van der Spoore, te Antwerpen, 


Jan Dierman, Jan Pierszune en Maria Scapers, alle drie 
te Otene, Pieter Rommelins, kanunnik en cantor van 
Zubureh (?), Cornelis van Ghistele, praeri van S'-Nicolaas 
te Veurne, en anderen. 

Het stond den leden vrij , bij eed. aanvaarding in de 
broederschap zulke doodschuld te onderteekenen , als hun 
beliefde, geven wij eenige voorbeelden. — Barbara de 
Wilde, echtgenoote van Lauwerijs Speelman, teekende in 
voor eenen dubbelen dukaat, om metdie som een zilveren 
“juweel te doen vervaardigen. Boudewijn Sturtewaghene 
beloofde eene ton keite. — Joris Ghijselins bezette Maria 
ter eere « alle de librarie, die hij binnen zijnen huuse 
heeft. » — Katelijne de Cleercq gaf eene zilveren schaal, 
die sij echter tot aan haren dood mocht blij res gebruiken, 


ht ine 


ir EREN et 


(561 ) 
doch waarvan het gilde zich telkenmale mocht bedienen 
«alst heere van doen heeft. » — Jacob Damman, lid eener 
addellijke familie van aanzien, stelde voor doodschuld 
= Cene ton Clauwaerts, en Pieter Fiers « zijnen besten 
habijte, dat achter hem bliven » zou. 

In de XVI° eeuw waren twee soorten van leden : 
« beminders » en « vertooghers » (1). De eersten mogen 
als bescherm-, de andere als werkende leden beschouwd 
worden. Het Ordonnancieboek behelst, na verschillige 
namen, de vermelding : « kwam int gilden als bemindere. » 
. doris Ghijselins, onder andere, werd ten jare 1576 aan- 

vaard « als bemindere, behoudens absent van dienste, nu 
ende ten eeuwigen daghe. » Twee mannen, naaste bloed- 
verwanten van personnages, die in de geschiedenis van 
hunnen tijd eene aanzienlijke rol te Gent vervulden 
behoorden mede tot dit slag van leden : jonker Antoon 
Triest, zoon van Nicoldas, en jonker Jan van Hembijze, 
Zoon van Bussaard, deze laatste te onderscheiden van. 
zijnen neef en naamgenoot (zoon van Willem), van wien 
Van Meteren getuigt, dat hij waseen « onervaeren, geld- 
gierig, stout en’streng » man, de gezel van den niet min 
beruchten heer van Rijhove. 

Het was den rederijkeren niet verboden, van de eene 
kamer tot de andere over te gaan, hoewel dergelijke voor- 
beelden zich maar zelden voordeden. Alleenlijk waren zij, 
in zulk geval, verplicht, de doodschuld te kwijten bij het 
gilde, waar zij hun ontslag gaven. Het Jaarregister van 
Gent over 1507-1509 (2 deel, bl. 72") maakt ons bekend 


ede ate 
E NÉS A à 
2 p $ 


hd 


(1) « ru Criecke, f Joos, es ghecommen int gilde als vertoogher. » 
(Einde er XVIe of heen der XVII eeuw.) 


% 


( 562 ) 
met eene beslissing, door de schepenen der stad nopens 
den overgang van de eene naar de andere broederschap 
genomen : 


_« Kennelic zij allen lieden dat gheselscap van Marien 
theeren, in S' Jacopskercke binnen Gend , over hemlieden 
ende vervanghende dander drie vanden rethorijken binnen 
der selver stede, over een zij, ter causen van Janne vanden 
Plassche ende gheselschiept van den name Jesus, gheseyl 
de Balseme, over andere, zijn bij tusschen sprekene van 
ons, her Gillijs vanden Eechoute, presbiter, ende meestre 
Jacopt de Hont, veraccoordeert van al sulcke questie ende 
ghescille van ghedinghe als tusschen hemlieden gheweest 
es, ter causen van dat de voorn. vanden Balseme anghe- 
nomen hadden den voors. Jan vanden Plassche jeghen 
gheselschepe vanden voorn. von Marie theeren , ende es 
tappoyntement onder andere, dat de voorn. Jan vanden 


Plassche blijven sal int voorn. gheselschap, sonder tcon- 


sent vander voors. vier ghuldene, ende ele van hemlieden 


blijft in zijndre hoocheyt, vrijhede, als hemlieden ver- - 


leenet es. Actum den XV* in Sporkele XV°VIIL. » 


Wat bij de leden van Maria ter eere vooral het voor- 
werp eener ongemeene zorg schijnt geweest te zijn, is het 
graekeed marie zij in optochten , zooals inhalings- 


‚stoeten, gi gangen, verbroeder ingsfeesten 


en speelreizen naar dader plaatsen, pronkten. De bestuur- 
ders der overige stadsgilden van Gent hadden het recht, 
de mouw hunner staatsiekerels te voorzien van gebor- 


_ duurde « lelyen metter wortelen,» en de eed van Maria 


ter eere volgde eerstgenoemde hierin ten jare 1509 na. 


| en 2e schutters van S*-Joris, fier op hun privilege, bekloegen 


( 565 ) 

zich wegens deze aanmatiging bij de schepenen, die den 
21 November 1509 onzen rederijkers verbood nog met 
dergelijke « parure » te verschijnen. Het jaar nadien, 
evenwel, vroegen laatstgenoemden aan het magistraat 
oorlof, om eveneens den lelietak op de mouw te mogen 
dragen, te midden van achttien M, die den naam van 
hunne patrones verbeeldden. De vraag werd ingewilligd, 
onder nadrukkelijk beding, dat aan den vorm, de lengte 
of schikking der leliën, in den toestemmingsbrief duidelijk 
bepaald, geene de minste verandering mocht worden toe- 
gebracht. Ziehier den bedoelden schepenenbrief, voor de 
eerste maal in zijn geheel medegedeeld : 


« Allen den ghonen etc. Scepenen ende Raed van de stede 
van Ghendt, ghesien ende ghevisiteert de oetmoedeghe 
supplicatie onslieden ghexybeert ende overghegheven bij 
dekin ende proviserers vanden gheselscepe ende ghulde 
van Marien theeren in sente Jacops keercke, als eene van- 
den vier cameren ende vander edelder aerte ende conste 
van rethorijcken binnen deser stede, omme volghende den 
andren drie cameren der eeren der zelvere ende der edelder 
Consten te moghen draghene den tac van eender lelye up 
haerlieder mauwe, zonder eeneghe prejudieie oft vermin- 
dertheden vander blomme ende lelye vanden ouden ghulde 
van mijnen heere sente Jooris, zo tzelve ghulde bij onslie- 
den inde possessie ghestelt ende ghewijst es, volghende der 
acten dies mencioen makende, ende ten fijne alle broe- 
derlicke minne ende eendracht onderhouden ende an alle 
zijden ghevoedt te werdene, ende te scuwene alle twisten 
ende ghescillen , die nu oft naermaels rijsen mochten, so 
eyst dat bij goeder delibéracien van rade, daerup ghehadt, 
wij den zelven ghulde ende gheselscepe van Marien theeren 


> 


( 564 ) 
tsente Jacops gheconfirmeert , gheoctroyeert ende ghecon= 
senteert hebben over hemlieden, huerlieder naercommers 
naer tadveu ende consent vanden voornoemden auden 
ghulde van sente Jooris, tguent dat hier naer volght, te 
wetene : dat zij van nu voort an, ghelijc alle de andere 
gheselscepen, zullen moghen dragten eenen lelijen tac up 
de mauwe van huerlieder kerels, staende ende spruutende 
met zijnen loveren uut eender herte, up tzelve herte ghe- 
screven : Rethorica, ende boven der herte up deen zijde van 
den tacke eene Æ, ende an dander zijde een schelpe met 
eenen stocke van sente Jacop, hanghende an een loof kin, 
tsamen dweers ghecoppelt met een rollekene, daerinne 
ghescreven staende : Marien theeren , den zelven tac met 
zijnen loveren boven met twee lelije botten, tusschen 
den zelven twee botten eene opene lelije, daar uut spruu- 
tende tbeelde van Marien, den zelven tac lanc metter beel- 
den commende tot aen den naet vander mauwe ende 
herte tsamen een vierendeel van eender helle, ende 
dézelve huerlieder mauwe bezayende met lettren vander 
AL, tot achtiene , niet min, maer meer, up de panden van 
huerlieder kerels ende eldre, indient hemlieden belieft, 
zonder den zelven tac te moghen veranderne in lijngden, 
breedden metter devijsen oft anderssins in eenegher wijs, 
emmers in der vormen ende manieren zo daude ghulde 
van sente Jooris eenen ghelijeken patroon over hemlieden 
rustende hebben, zij dekin ende huerlieder naercommers, 
ghuldebroeders vanden zelven ghulde van Marien theeren, 
hemlieden verbindende ter contrarien niet te gane, doen 
-~ oft laten gane in eenegher manieren, hemlieden ende 
huerlieder naercommers daer inne condampneerende, van 
. welcken onsen ottroye eonfirmacie, consente ende con- 
dempnacie, zijlieden vanden gulden versochten onse opene 


(565) - ” 

lettren, die hemlieden gheconsenteert waren, te wetene 
dese jeghewordeghe…. Actum den X°" dach van Wede- 
maent a° XV° ende tiene (1). » 


Ten spijte van die stellige verbintenis, door Maria ter 
eere jegens ’t oud en machtig S'-Jorisgilde aangegaan; had 
Jacob de Meyer, volder en bestuurlid onzer kamer, in 1 513 
andere lelietakken op de mouw gedragen dan waarop hij 
recht had. De voetboogschutters, even naijverig op hun 
privilege als welk ander gilde, teekenden deswege bij de 
schepenen protest aan , en brachten hunne grief vóor den 
Raad van Vlaanderen. De uitspraak kon niet twijfelachtig 
zijn : de bestuurder van Maria ter eere werd veroordeeld 
om de ongeoorloofde lelietakken van de mouw zijns kerels 
-te doen verdwijnen « ende die, in reparatiën vanden con- 
tracte ende gulde (van S'-Joris), te bringhene ende latene 
up den (eer sivolgenden) zondag, ter messen in de capelle 
van S* Jooris. » 

Eenige jaren nadien ontstond onder de broeders der 
kamer zelve nopens het dragen der lelietakken een geschil, 
dat wij ook meenen te moeten doen kennen. Enkele leden 
namelijk hadden, zich grondende op verouderde verorde- 
ningen, den lelietak met het naamcijfer van de gilde- 
patrones niet op de mouw, maar op de slip der kerels 
doen borduren, en tevens verwaarloosd de verbroederings- 
feesten met de andere rederijkerskamers bij te wonen. De 
deken en de meerderheid der leden, zich houdende aan de 
jongste verordeningen, als voordeeligst aan °t genootschap, - 


(1) Oorspronkelijk stuk, op nine met Li dar sga in Aeg | 
Was. — Archief der Ste-Jacobskerke. 


( 566 ) | 
wendden zich tot de schepenen van Gent, met verzoek, 
over het geschil uitspraak te doen. De beslissing , geheel in 
den zin van het bestuur, luidde als volgt : 


« Allen denghonen die dese presente letteren zullen 
sien oft hooren lesen, scépenen ende Raed vander stede 
van Ghendt, saluut, met kennessen der waerhede. Doen te 
wetene dat naer de questie, different ende gheschil voor 
ons upstaende ende gheroert in Cameren, tusschen Jan 
de Mets, dekin in desen tijt vanden gheselschepe ende 
gulde van Marien theeren, in sente Jacops kercke, met- 
gaders den meesten deel vanden supposten ende gulde- 
broeders vanden zelven gulde, als eene vande vier Cameren 
vander edelder aerte ende conste van Rethorijcken binnen 
deser stede, ten eender zijde, ende Jan de Rouck, Jacob 
Boelins ende huere complicen, totten ghetale van achte 
ofte neghene ghuldebroeders ende nu ter tijt proviserers 
vander voorn. ghulde, ter andere, spruutende ende toe- 
commende uut causen, dat de voorn. dekin met zijnen 
adherenten versochte den voors. Jan de Rouck, Jacop 
Boelins ende huere complicen bedwonghen ende ghecon- 
dempneert te werdene , als proviserers dese jaerschare , up 
huerlieder mauwe te draghene de blomme van borduere 
ofte lelijetack, besayt met achtiene letteren Æ, zo tselve 
uut crachte van zekere letteren van ordonnancie van Sce- 
penen den voorsaten, in daten vanden tiensten in Wede- 
maendt XV" ende tiene, alhier te wette gheexhibeert, oynt 
zindert wel gheuseert ende onderhouden hadde gheweest, 
ende boven dien ooc dat zij vulcommen ende onderhouden 
zouden de broederlicke jonste, conversacie, minne ende 
eendrachtichede metten anderen drie cameren van Retho- 


___rijcke binnen deser stede, ende volghende dien te presen- 


( 567 ) 
terene den wijn, te lovene, ende andere solempniteyten te 
onderhoudene ter eeren van ele vanden voorn. drie Came- 
_ ren van Rethorijeken, up huerlieder dach vander kuere, 
zoomen ooc tzelve zekeren termijn van jaren gheobser veert 
hadde ende ghelijk ele vanden zelven drie cameren hemlie- 
den ende huerlieder gulde jaerliex deden ; daer jeghens de 
zelve Jan de Rouck, Jacop Boelins, met huere complicen , 
hemlieden opposerende, zeyden dat zij dies onghehouden 
_ zijn moesten, emmers nopende den draghene vanden lelie- 
tack upde mauwe , ghemerct dat zij de meeste menichte 
waren vanden proviserers ende eedt vander voorn. gulde, 
die thuerlieder incommene int voornoemde gulde niet 
voerdere verbonden en waren dan naer dinhouden vanden 
_ouden confirmacien, dewelcke bij expresse verclaersde , 
dat men tselve draghen zoude onder an den naet vander 
sleppe van huerlieder keerels, daer buten zij niet gaan en 
wilden als in de andere naervolghende contrarie ordon- 
nancie niet gheaccordeert hebbende, noch ooc van ghe- 
lijeken in dandere costen ofte boeten , diemen useerde te 
doene ende stellene ten daghe vander kuere van elc vanden 
voorn. drie anderen cameren van Rhetorijeken int loven 
ende anderssins, hoewel zij in de presentacie vanden wijne 
wel te vreden waren naer doude coustume, ende hendelic 
zo dat ele van den voorn. partien met meer redenen daer toe 
allegierende , bleven ende persisteerden in huerlieder voor- 
gaende conelusien. Ghesien ooc de letteren ende ordon- 
nancien bijden voorn. dekin ter verifficacie van zijnen - 
voortstelle overgheleyt, ende anmeerekende dat de voorn. 
vier cameren van Rethorijcken ter eeren van deser steden — 
onderhouden ende gheinstitueert zijn , dat die ooc elcan- 
deren eere ende bijstant bij presentacien ende anderssins 


( 568 ) 
behoeren te doene, dweleke niet en behoert vermindert 
te zijne. Ende boven dien dat de andere voorn. drie 
cameren useren ende ghecostumeert zijn huerlieder bor- 
duere te draghene boven up huerlieder mauwe, ende niet 
ondere ande sleppen. Wy, over ende inden name vander 
voors. stede, up al dies in dese sake behoert gheconsi- 
dereert te zijne, ghelet hebbende, by rijphede van rade, 
hebben ghewijst ende ghecondempneerdt, wijsen ende 


condempneren bij desen den voorn. Jan de Rouck, Jacop . 


Boelins ende huere complicen, proviserers nu ter tijt 
vander voorn. gulde van Marien theeren, nietjeghenstaende 
huerlieder opposicie, te draghene up huerlieder mauwe 
den lelijetack ende blomme van borduere, zule alst inde 
voorn. ordonnancie vanden jare XV" tiene verclaerst staet; 
ende boven dien, ooc te onderhoudene ter feeste ende 
ghecostumeerde daghen van ele vanden voorn. anderen 
drie Cameren, de presentacie vanden wijne, de maniere 
van lovene ende andere solempniteyten , zulc ende in alder 
manieren alst int leste voorledene jaer ghedaen ende 
gheuseert es gheweest, zonder eeneghe veranderinghe. 
Behoudens ende wel verstaende, dat van alle andere 
pointen ende articlen van laste, ofte anderssins indien 
daer eeneghe zijn bij die vand. voorn. ghulde van nieux 
upghestelt, buten huerlieder confirmacien ende ordon- 
` nancien, alzo verre als die bij ons of onse voorzaten in 
wette niet gheoctroyeert ende gheconfirmeert en zijn, de 
_ voorn. ghuldebroeders van Marien theeren daerin niet 
verbonden en zijn ofte bliven die te moeten onderhoudene, 
_ten zij bij huerlieder goeden wille ende consente ofte alzo 
_langhe alst hemlieden goedt dijncken zal. Ghegheven in 
En kennessen der waerheden, onder den seghele van saken 


ET" 


Ze Ee 


( 569 ) 

der voors. stede van Ghendt, den xvii” dach van Lauwe, 

int jaer duust vijfhondert ende zeventiene » (1). 
Men treft van de meerbesprokene parure van Maria 
ter eere eene prachtige afbeelding aan, in kleurdruk, 
in SERRURES Vaderlandsch Museum , naer eene gemelden 
geleerde toebehoorende schildering op perkament, van de 
XVI eeuw. Dit blazoen was ook geschilderd op den achter- 
sten omslag van ’t oudstbewaarde Rekeningboek van 

't gilde (2), doch is aldaar nu geheel uitgesleten. 


Thans een woord over de spelen. 

Te dezen opzichte leert ons de bevatt der 
Gentsche schepenen, van 1478, waartoe Maria ter eere 
jegens de gemeente gehouden was. De stadsrekeningen 
van Gent maken melding van verscheidene vertooningen, 
door de leden onzer kamer bij openbare plechtigheden 
op de straat gegeven, zooals, onder andere, ten jare 1508, 
ter gelegenheid der feestelijke intrede van keizer Maximi- 
liaan (3); nog datzelfde jaar ter vereering van de huwe- 


(1) Medegedeeld door Serrure, Vaderlandsch Museum, 1, 445-445. — 
Het oorspronkelijk stuk berust ten stadhuize van Gent. 

(2) Ziehier den titel van dit register, loopende van 1557 tot 1749 : 
Rob x PA P pes 7 1_@.1:: L ET 7 r 217 


Onse live Vrouwe theeren, onderhouden in de prochiale kercke van 
s dacht, eet Ghendt, en een van ze vier cameren van Reto- 
Í ogenden Godt ende de alderh. Maghet 
ende Moeder Godt Maria, waerin dat ideren deken moet zijn rekeninghe 
doen ten afgane van zijne lwee jaren, — In-4° met perkamenten omslag. 
(3) « Item betaelt Jan de Mets, als deken hen ghulde van Marien 
theeren, ter causen vander figuere, die zij toochden ter blijder incomste 
van der K. M., XXXIX sc. ud. gr. » (Stadsrekening , 1508-1509.) ` 
me SÉRIE, TOME XXXIII. 39 


+ 


( 570 ) 

lijksbelofte tusschen hertog Karel en de dochter van den 
koning van Engeland, en ’t jaar nadien, bij de uitroeping 
van den vrede, gesloten tusschen Duitschland, Engeland 
en Frankrijk (1). Deze laatste maal had de gemeente, onder 
de vier kamers, prijzen uitgeloofd voor het beste toepas- 
selijk spel. Sente Agnete won den eersten, S” Barbara 
den tweeden, de Fonteine den derden, en Maria ter eere 
den vierden prijs. 

Het spel in de kerk had plaats op de dagen dat het 
gilde, of een der andere rederijkerskamers, zijn patroons- 
feest vierde : O.-L.-Vrouw-Ontvangenis-, S'-Barbara-, 
S'-Agneta- en H.-Drievuldigheidsdag. In 1556 speelde 
Maria ter eere voor de Fonteine, schuilende onder `t 
beschermschap der H. Drievuldigheid, in de kerk van 

‘-Nicolaas. Vier spelers namen aan dit vertoog deel. Van 
eenen anderen kant kwamen de gezellen der overige 
kamers de broeders van Maria ter eere nuen dan met 
hun spel genoegen doen (2). 

Wij hebben weinig meldingen gevonden van spelen uit 
louter vermaak. Deze hadden slechts plaats bij elke ver- 
nieuwing der raden, en op het bruiloftfeest eens mede- 
broeders. _ 

Maria ter eere nam ook deel aan landjuweelen , door 
schutters- of rederijkerskringen van andere plaatsen 

roepen. Zoo zien wij het genootschap in 1485 naar 


(1) « Item betaelt den deken van Maria theeren tsente Jacops, Over _ 

vierden prijs van dat zij insghelijex ter causen voorn. ghespeelt ende 
hebben… xn s. ini d, gr. » . (Id., 1508-1509.) 

(2) « Item betaelt als de lieden van der Mande speelden, van wijne, 

hemlieden ghesconcken up de stellinghe, als zijlieden ghespeelt had- 


den, x g. vid. p.» (Gilderekening van 1558.) 


ERP dd FEE RS CE ei ET or 


( 571 ) 

Sluis trekken, en met den eersten lauwer terugkeeren (4). 
Ten jare 1555 verschenen de vier Gentsche rederijkers- 
kamers op een landjuweel te Wervik, terwijl Maria ter 
eere in 1558 (2) en in 1565 zich naar Winkel begaf, 
denkelijk om er de processie met « eenen love » op te 
luisteren. De gilderekeningen maken voorts gewag van 
L « festieren » van de boden der rederijkers van Hond- 
schote, Ronse (1557); Kortrijk (1560) ; Poperinge, Meche- 
len, Oudenburg (1561) en Brussel (1565) : een bewijs, dat 
onze kamer ook buiten de stad en het graafschap genoeg- 
zaam bekend was. 

Niet altijd speelden de broeders van Maria ter eere met 
hun eigen kostuum : uitwijzens de gilderekeningen, werd 
dit in 4556 gehuurd. Datzelfde jaar bezigde men op de 
stelling, voor de « figure » op H.-Sacramentsdag, « ker- 
petten en tapijtserije. » 

Gelijk alle middeleeuwsche gilden hield onze kamer er 
ook eenen nar of zot op na, wiens geschilderde marot ten 
jare 1558 vernieuwd werd. 

In alle tijden toonde Maria ter eere eene bijzondere 


(1) « Item ghegheven ten bevele van scepenen den gheselscepe van 
den gulde van sente Barbelen, sente Pieters, ende van onser Vrauwen 
van sent Jacops, thulpen van dat zij trocken omme esbatementen ten 
schietspele, upghestelt ter Sluus, elkx xx schell. grot. Aaen ue in 
Mey LXXXVI. » (St SRE van 1483-86, bl. 41°.) 

» [tem die van Onser Vrauwen St Jacops over den uppersten per van 
den esbatemente, xxx s. gr. » (Id. van 1485-1486.) 

(2) « Item betaelt Mr Symoen Fiers, over de personayge brieven voor 
tgheheele jaer , te wetene vanden drie schijnckwijnen, de presentacie van 


` der spijsen om tvertooch te Wijnckele, ende omme beede de bruloften, 


te wetene van Thomaes de Vos, dekin, ende Marck van Vaernewijc, 
onsen facteur, dwelcke loopen ten ghetale bet dan Lxv1 personayge brie- 


ven, mis. nm d. gr. » . (Gilderekening van 1558-1559.) 


( 572 ) 
zorg voor hare kapel en de opluistering der goddelijke 
diensten. Ziehier eenige aanteekeningen uit het Rekenboek 
nopens het voornaamste, wat ten behoeve der kapel in de 
XVI° eeuw werd uitgegeven. 

De schilder en medebroeder AnDRIES van Mare (1) ver- 
vaardigde in 1564 een tafereel, het jaer nadien eenige 
afbeeldingen van den H. Geest, en in 1566 een Lieve Vrou- 
webeeld. De kapel was ook voorzien van geschilderde 
ramen, « siegen met paneelen », « pilaren , daer de prop- 
pen in staen », een geschilderd altaar, enz. Op de feeste- 
lijke dagen werd ze behangen met « bloemen en kruid. » 


Bij de oprichting der kamer, in 1470, diende het altaar - 


den Zondag ook voor de tapijtwevers, uit welken hoofde 
eerstgenoemde er nu en dan geene eigene misse had. Door 
bemiddeling van de geestelijkheid en kerkmeesters der 
S'-Jacobsparochie kocht Maria ter eere « de nerringhe 
uut der cappelle », met last, dat de kamer op hare kosten 
het gestoelte, en een geschilderd vensterraam, de Roede 
van Jesse voorstellende, beide ’t eigendom der genoemde 
nering, zou overbrengen in de naastbijzijnde kapel, die 
voortaan den tapijtwevers zou toebehooren (2). 

De beeldstormers, die te Gent zoo menig merkwaardig 
kunstgewrocht vernietigden, lieten niets ongedeerd van 
hetgeen in deze kapel voorhanden was. Gelukkiglijk had 
_ het bestuur zorg gehad, ’t een en ’t ander tegen vernie- 

ling te beschutten. Wij lezen in de gilderekening van 
1566-67 : « Item eerst betaelt up den donderdach als men 


begonste te brekene, als doen wesende den xx" Au- 


wedden 


(1) Deze kunstenaar woonde op den S*-Elizabeth- of LE 
@) Memorieboek van Gent, Ie deel. 


: 


( 973 ) 

-gustij XV°LXVI, soe nam ic se om den anliaët te 
weerene, de Jaian af te doene van den aultaer, met 
andere beelden, die in onze macht waeren af te 

oene….. » Zoo iced de gebeeldhouwde altaartafel dat 
jaar gered , om toch bij de tweede beeldenbraak in 1578 
verbrijzeld te worden (1). Dat er in 1566 wezenlijk ver- 
nieling i in de kapel gepleegd werd, blijkt uit de gildreke- 
ning van dat j jaar , die ons meldt, dat de schilder WILLEM 
GHEERAERTS (GHEEroLFs?) gelast werd een nieuw glas- 
Venster te maken; dat de voormelde « siegen met panee- 
len » werden gebroken, en de beelden van O. L. Vrouw 
en van twee profeten « die de hoofden af waren, » 
moesten hersteld worden. — Na den tweeden beeldenstorm 
werd de gebeeldhouwde altaartafel vervangen door een 
schilderstuk (2). Dit had plaats ten jare 1588, wanneer de 
geheele kapel werd hermaakt. De pastoor van S'-Jacobs- 
kerk schonk het gilde te dier gelegenheid de som van 
20 schellingen, ten behoeve van een nieuw geschilderd 
vensterraam. 

Maria ter eere schynt niet in het lot te hebben gedeeld 
der andere broederschappen, welke (zoo wij ’t wel hebben) 
bij besluit des magistraats van 1580 afgeschaft, en wier 
inkomsten aan stads behoeftigen afgestaan werden. Hoewel 
er eene leemte in de rekeningen onzer kamer bestaat van 
1578 tot 1585, en dan voorts van 1589 tot 1612, leveren 
de stadsrekeningen het bewijs, dat het gilde nog in 1584, 
te gelijk met de drie andere kamers, den jaarlijkschen 


(1) Wij meenen dit te mogen vooruitzetten, rem volgens de 
rekeningen van 1588, een nieuw altaar werd in aanbesteding gelegd. 

(2) « Item betaelt voor een tafereel staende up den se in de zelve 
Capelle, xii s. UH gr. » (Gilderekening van 1585-88.) 


z 


: ( 574 ) 
onderstand van 12 pond genoot (1), terwijl de verder mede- 
gedeelde inventaris der kerkjuweelen laat zien, dat de 
broederschap nog in 1586 aan de herstelling haars altaars 
dacht. Mogelijk zijn de vermiste gilderekeningen op een 
nog niet teruggevonden register ingeschreven. 

Wij sluiten dit gedeelte onzer verhandeling met den 
gemelden inventaris der juweelen van Maria ter eere, in `t 
midden der XVI° eeuw, en op zijde eenige aantekeningen 
dragende, die ons leeren op welke wijze de meeste dezer 
stuks verdwenen zijn : 


Inventaris van allen den juweelen, toebehoorende ende anneclevende 
den gulde van Maria THEEREN, de welcke Gillis Ghijselins, als 
dekin, metgaders zijn medeproviserers, heeft doen stellen ende 
maken int jaer Ons Heeren duyst vijf hondert zeven ende vijftich. 


Alvooren so heeft tvn. gulden ellef zelve- Zn margine : Deze blommen 
ren blommen, met haren toebehoorten , zijn vercocht ze ding 
eghende... ; was pag 
jegenwordich aen gn 

1584. 


Item noch een zelveren hecsele om den Dit hecsele es vercocht uut 
enape te draghene, weghende in zelvere  crachte ende bij consente 
zeven oncen ende acht ingelschen. van mijnheeren scepenen 


altaer van Marien ter hee- 
ren , ter somme van II lib. 
xv s. gr. (1586). 
ltem eene schoone zelveren monstrantie, 
sluutende in eene custode van ledere 
weghende… Le À 


(1) In 1584 voor de laatste maal. Sedertdien, zegt BLommAERT, maken 


de stadsrekeningen nog driemaal gewag van redr rijkersspelen op ’t sche- 


, niet door EES maar door enkele liefhebbers. 


gr nij ee” 


(575) 

Item noch eene scoone root damasten vane. 

Noch eenen hameren (?) p"... n°... (pater nòs- 
ter?) met eenen zelveren teeckene daer 
an hanghende, 

ice twee saatn gordijnen i 

twee blauwe, 

twee gheluwe ende twee roode. 

Item een witte cosule. 

Item drije corporael bussen 

Item een wit aultaer cleed. 

Item een passie cleed. 

Item twee sticxkins gauden lakens. 

Item eenen tenen stoop mette devijse van 


en gulden. j 
Item eenen kilckt, boven van zelvere. 


Noch eene dwale met blauwe strijpen. 


Item een aulteer cleed van gulden laekene. | 


Item noch een aultaer cleed van Turexsche, 
of schilderi 


. . 


Versleten ende te nyenten. 


Verloren. 
Es vercocht. 


Vercocht bij Bontijnck. 


rije. 
I 
em twee cosulen, deene van étés lae- Verdacht bij Bontijnek. 


kene, ende dander van roode camelotte. 
ltem twee gheeruselen, deene met zwarten 
fluweelen berdekens, ende dander met 
_roode camelotten berdekens. 
Noch een vasten gheerusele. 
Item zeven aultaer candelaers. 


Item een ghelaesen ghyole, met helich= 
_ domme, besleghen met zelvere , liggende 
root fluweelen cussen. 

Item een lade, daer ons Heeren hooft in 


staet. 
Item drije metalen beckenen. ` 


echene 
ka] 


Drije rooden cuskins van camelotte. 
Een gere bert. 

n schoon nieuwe blasoen. 
sde à discant bouck. 


Vercocht bij Bentijnck, 
den Ketel, Doochpoort. 


Ghebroken. 


Yercocht bij Bontijnck. 
Deen ghebroken. 


in 


( 576 ) 

Eenen conformatie bouck, ghebonden in 5 
berders. 

Eenen rooden couffre, slutende met eenen Het slot verloren 
maelslote, daer de spelen inne ligghen. 

Noch eenen ouden couffre, met diverssche Ghebroken ende bij Bontijnck 
pluysinghe, dienende totten spelen , die ghehaelt uuter kercken. 
staet in de kercke, bij ons Heeren graf. 

Twee latoenen ketenen ende een roede van Vercocht bij Bontijnck. - 

mel om een fonteyne = es 

pij vaste. Ghesloten. 

Verloren 


en sa Ts dE hi 


i 
5 
i 
id 
À 
} 
J 


Šena ae. 

Een ijseren busse, slutende met twee slue- 
tels, daermen tjaerghelt inne haelt. 

Een motalen monstrantie, 

Zesse schildekens, die men hanght an de 

tortsen shelichs Sacramentsdaghe. 

Twee ghescilderde plateelen, om de. voors. 
tortsen 


: rtsen. 
Een corporael busse van cypresse. 

_ Twee blusschers om de tortsen. 
Een yvooren paes, 
Eene leere, slutende met een slote. Versleten ofte ghebroken. 


« Dit naervolghende zijn de nieuwe juweelen, die ghe- 
maect waren ter blijder incomste van de K. M' ende den ; 
prince, zijnen zone, conijnck van Spaengen, de welcke | 

_ghebuerde op den xı" Wedemaent XV°XLIX, ende deghone 
| die vandén gulde van Maria theeren es, van den viere 
` Cameren van rethorijcken ten kavele ghevallen zijn 
~ jeghens dander drije guldens, die bij Gillis Ghijselins, 
dekin int voors. jaer gheweest , nu afghegaen. Dominicus 
Sesoyen, nu jeghenwoordigh dekin up dezen inventaris op 
den xxv° Novembris XV*XLIX in handen ghedelivreert 

zijn. 


“Eerst drije standaerden van zijde, eenen 
~ metter wapene van deK. M*. ghelu coluer, 
FRE M à à ‘+. €. K FER Æ 


d ? LAS 


(377) 


wapene van den prince van Spaengnen, 


Vlaenderen, van gheluwe zijde, met riad 
zijden frijngen. 

ltem twee balsamen, eenen metter wapene 
van Vlaenderen , van gheluwe zijde, ende 
den anderen metter wapene van Ghend, 
van zwarte zijde. 

ltem noch zeven zijden roexkins, te wetene 
een root, een blau, een ghelu, een groen, 

moreyt, een oraenge ende een wit. 
Item drije zijden eni een wit, een 


Item twee mear ‚een van gheluwe 
zijde, metter wapene van oud Vlaenderen, 
ende eenen metter wapene van Brugghe. 

Item een stick blau sluyere 

ltem een stick ghestrijpt sluyere. 

Item een leeus hooft, met zijden clauwen. 

Een bisscops mijtere. 

Twee mutsen met baerden. 

Eenen arautsrock. 

Item de voorn. Gillis Ghijselins, als deken 


veren schale, weghende vijf oncen ende 
viere inghelschen. 

em noch een selveren scale, die ic, Kaerle 
Haerdy, hebbe doen maken in mijn leste 
jaer XV<LXII, weghende vu onsen. 


HI. 


Van begrippen en zeden, 


Een verloren. 


Een verloren. 


Verloren, 


Wij meenen deze schets van de geschiedenis der rede- 
rijkerskamer te moeten’ volledigen door een beknopt over-, 
zicht te geven van ’t bestaan der broed 
eere, sedert den tijd, dat zij, ten gevolge der wijziging 

- de geestesbeweging der 


erschap Maria ter 


( 578 ) 
XVI: eeuw bewerkt, nog enkel een godsdienstig doelwit 
begon na te streven (1). 

Het getal proviseerders, aanvankelijk van acht tot 
twaalf, werd in de XVH” eeuw op achttien gebracht. 

De tin bij den deken werd krachtens beslissing 
van 22 September 1727 afgeschaft, ten einde geene aanlei- 
ding te geven tot buitensporigheden. Er werd vastge- 
steld, dat voortaan in de algemeene vergaderingen ieder 
lid zijn gelag zou betalen. Joris Tollens, deken in 1739, 
stelde dit jaer opnieuw voor om op de octaaf van 't 
H. Sacrament eene « hartelycke ende vriendelycke mael- 
tydt » te houden, op de boete van 8 stuivers voor elken 
afwezige, zonder eenige verschooning. Het bedrag der boe- 
ten zou tenzelfden dage verteerd worden. Dit voorstel werd 
aangenomen, en de gildemaaltijd bleef in zwang tot 1756, 
wanneer zij met algemeene stemmen werd afgeschaft. . 

‚Im de XVII? en XVIII eeuw kozen de gildezusters eene 
dekenin, welke waardigheid doorgaans aan de echtgenoote 
des dekens werd opgedragen. In 1725 ontmoeten wij gok 
eene koninginne van de gans (2). 

De afgestorvene leden der broederschap werden met 


plechtigheid begraven. In den rouwstoet, in welken al de ` 


tot dienst verplichte leden verschijnen moesten , werden 
de banier , en sedert 1652 twee zilveren kandelaars van 1 
gilde gedragen. 


EA anr ee 


(1) Slechts eenmaal, in de XVII: eeuw, schijnen de ige 
te maken van een vertoog; althans wij lezen in die va z 
1696 : « Item betaelt over cleene muniteyten, te weten, kn 
- Vande eruydewageniers, cnape van St Joséph, de groene kleeren, a 
| ende clauwieren, xt sch. u gr.» — En nog is het onzeker, of met die 
8 amar tene ete tooneelvoorstelling wordt bedoeld. 
5 an Verne pens het ganzefeest, onze Geschiedenis ekaia 


( 579 ) 
Nog in dien tijd werden ieden aanvaard, die, mits eene 
buitengewone gift, vrijstelling bekwamen van dienst. 

à de beeldstormerij werden de kerkelijke oefeningen 
met meer plechtigheid dan te voren gevierd; de missen _ 
werden in muziek gezongen, en aangekondigd door 
beiaardspel (1). | 

Barbara Spillebaut, echtgenoote van Thomas Goossens, 
bezette der broederschap in 1714 eene jaarlijksche gezon- 
gen mis op 15 Augusti, en Frans Blanchy en zijne 
vrouw Catharina d'Hauwe, in 1757, eene gelijke mis op 
2 Februari. 

Verscheidene geestelijke voordeelen werden den gilde- 


leden, voor het bezoek aan de kapel, verleend, onder 


andere door den Bisschop van Gent, den 8 Februari 1686, 
en door Paus Innocentius, den 12 Juni 1694. Laatstge- 
melde aflaat was, mits voldoening der gestelde voorwaar- 
den, door de leden te verdienen ten dage hunner intrede 
in de broederschap, op den dag van O.-L.-Vrouw-Hemel- 
Vaart, op vier andere door den Bisschop van Gent te bepa- 
len feestdagen, of door deelneming aan de processiën, de 
begrafenis der leden, °t vergezellen van *t H. Sacrament 
aan de zieke medebroeders, en andere liefdadige werken. 
— In 1684 werd, zoo wij reeds weten, het tweehonderd- 
jarig, in 1754 het tweehonderdvijftig-, en in 1791 het 
driehonderjarig jubelfeest der instelling gevierd. 

In de processiën werden in de XVII? en XVIII: eeuw, 
behalve het blazoen, zilveren bloemen gedragen, eene 
eer, voor welke de proviseerders iets ten behoeve der 


(1) Dit is : slaan op de klokken, gelijk nog heden iu sommige dorpen 
van West-Vlaanderen, op kermistijd, geschiedt. Het is ons niet bekend, 
dat er op S'-Jacobstoren vroeger een klokkenspel zou geweest zijn. 


( 580 ) 


kapel betalen moesten. De zorg voor de bidplaats ver- 


flauwde nooit. In 1626 werd eene nieuwe vaan gemaakt 
van wit damast en zijde, voorzien van een medaillon, 
_ geschilderd door Jan Sranius. Het oud altaar werd in 
650 verkocht aan den pastoor van Knesselare; toen 
werd voor de som van 30 pond groote een tapijt voor de 
kapel gekocht, voorzien van verscheidene zinnebeeldige 
figuren (1). Een nieuwe standaard van O.-L. Vrouw werd 


gekocht in 1657, in welk jaar ook een prachtig altaar- 


kleed werd geborduurd. Eindelijk kwam de broederschap 
ten jare 1721 in bezit van eenen derden standaard, met 
geschilderd medaillon van Lerrar. 

e schoone schilderij boven ’t altaar, welke men er 
heden nog aantreft, is een werk van Jan van CLEEF, die 
er de som van 56 pond groote voor ontving (2). Zij stelt 
de Hemelvaart van Maria voor. 

Servaas Manrurus, die tal van kerken en kloosters à in 
Vlaanderen met zijne gewrochten verrijkte, leverde in 
1689 eene gebeeldhouwde nis (3), en in 1706 eenen ge- 
sneden voet om de ciborie op te plaatsen (4). 


(1) « Petro den schilder over ’t maken der schilderijkens, dienende 
voor de tapijten. (Gilderekening.) 


(2) « Item raak aen JOANNES DE Creer, over een nieu schilderije 


Maria ter ceren, ende het accomoderen van het oude stuck , 36 lib. » 
ldrekening van 1675-1679 
(3) « Item betaelt aen Servaes Maniutus over de bestedingbe ende het 
heuverwerck van het maeken van een verdiep in de capelle van onze Lieve 
Vrouwe ter heere 1688-90. 
me gilderekening zegt, dat toen de Lou en het altaar werden 
ve 
mie « pe pesait aen MasiLtus, p beeldesuije, over het maecken van 
taer staet, en aen jeuf vrouw 
Keravont c over vergulden. 1p. 1 sch. » (1703-1707) 


UC a 


En FALEN CS | 


( 581 ) 
De wanden der kapel werden ten jare 1675 behangen 
| met gouden leêr. 
| Ziehier, overigens, eenen tweeden inventaris van de 
E kapelsieraden, die der broederschap in 4741 toebe- 
-hoorden : 

Vier koperen verzilverde kandelaren, eene schotel, 
twee ampullen, vijf paar halve potjens, van hetzelfde 
metaal, een met zilver beslagen kruis, voorzien van drie 
zilveren schilden; eene zilveren kroon voor Maria; een 
dito schepter, kroon en wereldbol; negen gouden ringen ; 
vijf zilvéren lampen (waaronder er 2 in 1710 gejond door 
Paul van der Bilt); zeven kleederen voor ’t Lieve Vrou- 

= Webeeld , waaronder drie geborduurde; een groote zilveren 
7 kandelaar; zeven paar zilveren bloemtakken; twee paar 
= takken met groen gemengd; zeven paar kleinere takken, 
_ Vier kleine tapijten ; vier stukken gouden leër enz., enz. 
Tegenwoordig telt de broederschap van Maria ter eere 
in ’t geheel 44 leden, van beide geslachten. Nog wordt 
_ op elken zaterdag aan haar altaar eene misse en lof gezon- 
_gen, en de feestelijke octaaf van 8 September eindigt met . 
eene processie. Het genootschap, men moet het zeggen, 
heeft bloeiender tijden beleefd, ook in deze eeuw, dan 
tegenwoordig. Vergelijkt men, bij voorbeeld, de rekening 
van 1825 tot 1828 met die dezer- laatste jaren, dan 
bemerkt men een echt aanzienlijk verschil (1). De oorzaak 
van dit verval wordt geweten aan de menigte der tegen- 
_ woordig bestaande kerkelijke broederschappen, die elkan- 
der beletten ontwikkeling te nemen. 
Em a 
(1) In 1803 bedroeg de jaarlijksche ontvangst de som van 78 P. 9 sch. 
Courant; — in 1806, 240 pond 14 schell.; — in 1825, ruim 1,117 gulden; 
— in 1850, ongeveer 540 francs; — in 1869, 126 fr. 26 c'. 


( 582 ) 


Lijst der bekende set van ’t gilde : 


MARIA TER EERE. 


PR Rt erv ape ee ede wter ds 


Pieter de Groote. ....... 1484 
ande Mets, Ee LS 1507 
Anselm de Cop... .+ ...:. 1520 


Pe Ees Wee enk dens ete te + 


Gillis Baervoel. 050 556 
Jan: van Bamime . : :,. ...: 1558 
Jan van den Thessele . . . .. 1554 
Gillis Ghijselijns + 1007 
Thomas de Vos in. 1559 
Karel Baerdy. vo. 1 
Jon Daunat: es 1562 
Goosen van der Wijck. 1565 
BRR REECE a ee 1568 
- Lieven Wieryne. . . . .... 1569 
Laurens van der Crayen 1573 
Feu van de E Aij 1575 
n Bontin: 4 1579 
eik vanden ai 1584 


WE We dE 


veraard van Deele . . . . .. 1628 
Jan de Knibbere . . . . .... 1630 
Jacob de Keysere. . . . : .. ` 1655 
Jacob d'Hondt: NoE AN 1645 
Joost Bauwens. : . : :. : .!. 1646 
Willem de Beer . . .: .. <: 1650 
Pieter d'Hasé;…. zv 2° ie 098 
Cornelis de Vroe. . 1650 
Gillis d'Hurtere . . . : .. .. 1661 
Frans van der Vynet . . . .. 1666 
Philip de Vroe... ..... … 1669 
Bartel van der Vynct . . . .. 1675 
Philip de Groote... . . . .. 1679 

n Sostis. Lim ee 1682 
Paul Huybrecht ........ 1684 
Pieter van Damme. . . . . .- 1686 
EEND. cer 1688 
Jacob Sauvage. .....--» 1690 
Jan de Lodder. .. ...... 1692 
Willem Heyse... ..-:-- 1694 
Christiaan de Wans . 1696 


Pieter de Vleeschouwer. . - - 
Gillis Poppe . ...:.:.:: 00 
n Neerincx; 


FRET ln ER TE 


PRES CERN RMS LE ES ET EME EN 


Philip Jacob de Graet . 7 
Pieter Vercauter. . . .. . . . 177 


Frans Hess... aaien 1779 
Frans de sus Fast 1776 
Frans Bekaert... . . . .. 1782 
P. F Verre A re 1785 
doppenset ese 805 
L. van den Byvanghe ..... 1805 
Joost-Lieven Goethals. . : . . 809 

PE un 1811 
PCA BUG ue 1814 
Frans van Beerlere . , . . .. 1817 
PR DORE oer A 1820 
VERENOrWME LS iii 1825 
Ferdinand Job, i.e. 1825 
F. J. Bogaert-Declercq 1828 
À. J. Lancksweert. . ., . , .. 1854 
z J. ré at r ee 1857 

MRE n 1840 
hi van DRE eu een 1845 
CG Career. iedee 1845 

% 


( 584) 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Senice du 6 juin 1872. 


M. Ép. Féris, directeur. 
M. Ap. QuETELET , secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. L. Alvin, G. Geefs, A. Van Hasselt, 
H. Vieuxtemps, Jos. Geefs, F. De Braekeleer ,C.-A. Fraikin, 


Edm. De Busscher, Alph. Balat, Aug. Payen, le chev. L. de - 


Burbure, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, 
E. Slingeneyer , A. Robert, F.-A. Gevaert , Ch. Bosselet, 
membre; Éd. De Biefve, correspondant. 

M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, 
assiste à la séance. 


CORRESPONDANCE. 


M. le Ministre de l’intérieur envoie divers ouvrages 


pour la bibliothèque de la Compagnie. — Remerchmen? ; 


et inscription des titres au Bulletin. 


— La classe reçoit également, comme hommage de la 
part de deux de ses associés, les travaux suivants : 

1° Geschichte der bildenden Künste (4 vol. in-8°), par 
M. Charles Schnaase ; 


EN TARA zis 


EKET ess peer ag rm a 


( 585 ) 
2 La Vénus de Milo, par M. Félix Ravaisson; in-8°. 
Remerciments. 


— M. le secrétaire perpétuel présente, au nom de la 
Commission de la Biographie nationale, un exemplaire de 
la première partie du tome IV° (Charles II — Cotty) de ce 
recueil, qui vient de paraître. 


CONCOURS. 


D’après les conditions du programme de cette année, le 
terme fatal pour la remise des mémoires en réponse aux 
questions littéraires expirait le 1° juin. 

Aucun mémoire n’est parvenu. 


oo Muu emmen 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


pri royale des sciences, des lettres et des beaux-arts 
e Belgique. — Biographie nationale, tome IV®*, 1" La 
| nie H — Cotty). Bruxelles, 1872; in-8°. 

De Koninck (L.-G.). — Nouvelles recherches sur les ani- 
maux fossiles du terrain carbonifère de Belgique. 1" partie. 
Bruxelles, 1872; in-4°. | 
2me SÉRIE, TOME XXXII. 40 


( 586 ) 
Henry (L.).— Untersuchungen über die Glycerinderivate, V. : 
Berlin; in-8°. 
Nyst (H.) et Mourlon (M.). — Note sur le gîte fossilifère 
d'Aeltre (FL. or.). Bruxelles , 4871 ; in-8°. 


Mourlon (Michel). — Esquisse géologique sur le Maroc. 
Bruxelles, 1871 ; in-8°. 
Janssens E.). — Annuaire de la mortalité. 10° année. 


Bruxelles, 1872; in-8°. 
… Thielens (Armand). — Notice sur quelques plantes rares ou 
_ nouvelles de la flore belge. In-8°. 

De Wilde (P.). — Traité élémentaire de chimie générale et 
descriptive. Tome 1%. Chimie générale. Bruxelles, 1872; "+ 
in-12. 

Bernardin. — Nomenclature usuelle de 550 fibres textiles. 
Gand, 1872; in-8°; — Classification des huiles et des prune 
végétales. Gand , 1871 ; in-8°. 

De Gehautheete de Tervarent (le chev. ). — Inventaire général 
et analytique des archives de la ville et de l'église primaire de 
Saint-Nicolas (Waes). Bruxelles, 1872; gr. in-8°. 

Van Maldeghem (R.-J.). — Trésor musical, musique reli- 
gieuse, 8° année. es 1872; in-4°. (Envoi du Ministère. ) 

Revue de Belgique, Ame année, 4° à 6° livr. Bruxelles, 
1872; 5 cah. in-8°. 

Musée de l’industrie de Belgique. — enne mai 1872. 
Bruxelles; in-8°. 

L'Abeille, 18% année, Ave à Gee livr. Bruxelles, 1872; 
5 cah. in-8°. _ 

Chronique de l’industrie, vol. 1, n™ 9 à 21. Bruxelles, 
1872; 15 feuilles in-4°. 

Bulletin des archives d'A nvers , tome IV, 1° et dernière 
_ livr.; tome Vee, tre livr. Anvers, 1872; 2 cah. in-8°. 

Journal des Beaux-Arts , XIVme année, n° 6 à 41. Saint- 


- - Nicolas, 1872; 6 feuilles in-4°. 


EEE Re MORE RER De es SE Er en vie Sl deg ie PAM E a a n E 


os 


( 587 ) 
Société d’'Émulation de Bruges. — Annales, 5° série, 
tome XVIIe, n° 1 et 2. Bruges, 1872; in-8°. 
Société des mélophiles de Hasselt. — Bulletin de la section 
littéraire, 8% vol. Hasselt, 1871 ; in-8°. 
Société entomologique de Belgique. — Compte rendu de 
l'assemblée générale du 6 avril 1872. Bruxelles; in-8°. 
Société royale de botanique de Belgique. — rare 
tome IX. Bruxelles, 1870-1871 ; 5 cah. in-8°. 
L'Illustration horticole, tome XIX, 4° et 5%° livr. Gand; 
in-8°. 


Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin | 
3me série, tome VI, n° 5 et 4. Bruxelles, 1872; 5 cah. in-8°. 
Société royale de pharmacie à Bruxelles. — Bulletin, 


#8" année, n° 4 à 6. Bruxelles, 1872 ; 5 cah. in-8°. 

Écho ET et pharmaceutique belge, III™ année, n™ 4 et 
5. Bruxelles, 1872; 2 cah. in-8°. 

Annales de médecine vétérinaire, 21% année, n°° 4à 6, 
avril à juin. Bruxelles, 4872; 5 cah. in-8°. 

La Presse médicale belge , 24™ année, n°* 14 à 26. Bretelles, 
1872; 15 feuilles in-4°. 

% Scalpel, 94m: année, n°° 40 à 52. Liége, 1872; 15 feuilles 
in-4 


L'Écho vétérinaire, 2» année, n” 1, 2, 5. Liége, 1872; 
5 cah. in-8°. 

. Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, 28° année, 
avril à juin. Anvers, 4872; 5 cah. in- -8°. - 

Annales dé la Société médico-chirurgicale de Liége ; 
41% année, avril à juin. Liége, 1872; 5 cah. in-8°. 

Pimentel (Henriques). — Onderwijs der wiskunde. La Haye, 
1872; petit iù-12. 

Wolowski (Léon).— L'or et l'argent. Paris, 1870; 1 vol. in-8°; 
— La liquidation sociale. Paris, 1871 ; in-8°; — Discussion du 
projet relatif à la dénonciation du traité de commerce de 1860 
avec l'Angleterre. Paris, 1872; in-8°. 


( 588 ) 

Ravaisson (Félix). — La Vénus de Milo. Paris, 1871; in-8°. 

Association pour l’éncouragement des études grecques en 
France. — Annuaire, bee année, 1871. Paris, 1871, in-8°. 

Houdoy (J.). — Chapitres de l'histoire de Lille. Lille, 1872; 
gr. in-8°. 

Delesse et De Lapparent. — Revue de géologie pour les 
années 1868 et 1869, VIH. Paris, 1872; in-8°. 

Académie des sciences de Paris. — Comptes rendus heb- 
domadaires des séances, tome LXXIV, nes 44 à 26. Paris, 
1872; 15 cah. in-4°. 

Revue britannique, mars, avril et mai, Paris, 1872; 5 cah. 
in-8°. i 

Revue hebdomadaire de chinita zee année, n% 25 à 59. 
Paris; 17 cah. in-8°. 

Journal 221 OTN, 1872, tome IF, n°° 156-168. Paris: 
15 broch. in-8°. 

Archives de médecine navale, 1872, n! 4, 5, 6. Paris; 
5 cah. in-8°. 

Société linnéenne de ‘Normandie, à Caen. — Bulletin, 
zme série, Ar, me, Zee et Ame volumes, années 1865 à 1869. 
Caen; 4 vol. in-8°. - 

Bulletin scientifique du département du Nord, à Lille, 
4me année, n° 4. Lille, 1872; broch. in-8°. 

Comité flamand de France, à Lille. — Bulletin, tome VI, 
n° 4. Lille, 1872; in-8°. 

Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l'homme, 
VHI” année, 2° série, tome IHI. Toulouse; in-8°. 

. Société d'agriculture de Valenciennes. — Revue agricole, 
mars et avril 1872. Valenciennes; in-8°. 

Gesellschaft naturforschender Freunde zu Berlin. — Sit- 
zungs-Berichte im Jahre 1871. Berlin, 1871 ; in-8°. 

Naturwissenschaftlicher Verein in Carlsruhe. — Verhand- 
jagen , V. Heft. Carlsruhe, 1871 ; in-8°. 

Justus Perthes’ geographische Anstalt zu Gotha. — Mit- 


( 589 ) 
theilungen, 18. Band, V, VI; — D mot ie n° 52. Gotha, 
3 cah. in-4°. 

Naturhistorisches Landes-Museums von Kärnten, zu Kla- 
genfurt. — Jahrbuch, Xr Heft. Klagenfurt, 1872; in-8°. 

Von Kobell (Franz). — Die Mineraliensammlung des Baye- 
rischen Staates. Munich, 1872; in-8°; — Nekrolog. : K.-F.-P. 
von Martius; Ch. E.-H. von Meyer; K.-A. von Steinheil; John . 
F.-W. Herschel. Munich , 1872; 4 cah. in-8. 

nnen in Neisse. — Siebzehnter Bericht. Neisse; 
1872; in-8 

Ph dane -medecin. Gesellschaft in Würzburg. — Verhand- 
lungen, neue Folge, IL. Band, 4. Ben Wurtzbourg, 1872; 
in-8°, 

Société nnbriile des naturalistes à Moscou. — Bulletin, 
1871, n% 5 et 4. Moscou, 1872; in-8°. 

Société royale des sciences à Upsal. — Novà acta, seriei 
tertiae, vol. VIII, fasc. I. Upsal, 1871; in-#; — Bulletin 
météorologique mensuel de l'Observatoire de l'université, 
vol. I, n° 4-12; vol. H, n° 7-12; vol. HI, n° 1-6, 7-12. 
Upsal , 1869-1871 ; 4 cah. in-4°. 

Parlatore (Filippo). — Le specië dei cotoni. Florence, 
1866; in-4° avec portefeuille in-folio. 

Miller (W.-H.).— A tract on crystallography. — A ntt 
on crystallography. — On the erystallographie method of 
Grassmann. Cambridge et Londres; 3 vol. in-8°. 

Royal asiatic Society of Great Britain and Ireland, at 


London. — Journal, new Series, vol. V, part 2. Londres, 
1871 ; in-8°. 
Ro val institution of Great Britain at London. — Procec- 


dings, vol. VI, parts 5-4, n° 54-35. Londres, 1871 ; 2 cah. in-8°. 
Geological Society of London. — The À sn) journal, 


- n° 410. Londres, 1871 ; in-8°. 


Statistical Society of London. — Journal, march, 1872, 
vol. XXXV, part 1. Londres; in-8°. 


( 590 ) 
Zoological Society of London. — Transactions, vol. VHI, 
pÀrt 1. In-4°; — Proceedings for the year 1871. In-8°. 


Meteorological Society of London. — Quarterly journal, 


1872, april. Londres; in-8°. 

Sociely of antiquaries of London. — re Re second 
series, vol. V, n° 5. Londres; in-8°, 

The Mechanic’s Magazine, vol. 96, n°* 2479 à 2489. Lon- 
dres, 1872; 11 doubles feuilles in-4°. 

The Academy, n% 45 à 51. Londres, 1872; 7 feuilles in-4°. 

Nature, vol. VI, n°193 à 138. Londres, 1872 ; 16 cah. in-4°. 

Harvard University at Cambridge (U. S.). — Forty-Sixtieth 
annual report, 1870-1871. In-8°; — A catalogue of the Oflicers 
and Students for 1871-1872. Cambridge; in-12. 


Fin pu Tome XXXIII DE LA 2% SÉRIE. 


BULLETINS DE L’ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 


TABLES ALPHABÉTIQUES 


DU TOME TRENTE-TROISIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE. 
1872. 


TABLE DES AUTEURS. 


A. 


Académie royale des beaux-arts de Berlin. — Envoi du programme de 
son exposition de 1872, 556 

Académie royale des sciences d'Amsterdam. — Envoi du Roga de 
son concours littéraire de 1872 pour la fondation Hoefft, 


. 


Acar. — Dépôt de ses observations sur la floraison faites à Anvers en. 


Administration communale de Bruges.— Hommage d'ouvrage, 555. 
Alberdingk Thym. — Élu associé de la classe des lettres, 45; remerci- 
ments, 512. : 
Alvin (L.). — Élu directeur de la classe des beaux-arts pour 1875, 85; 
remerciments, ibid. ; communication au sujet de la per centrale des 
artistes, 84; état des recettes et des dépenses de cette institution pen- 
dant l'année 1871, 160; quelques mots touchant era du droit 
de conquête aux monuments de l’art, 265; nommé membre de la com- 
mission pour l'examen des questions concernant le voyage des lauréats 
des concours de es 482; réélu membre de la commission adminis- 
trative, ibid. 


` 


592 TABLE DES AUTEURS. 


Antas (le et M. d'). — Élu associé de la classe des lettres, 450 ; remer- 
Ciments 
Argelander s . — Célébration de son 50e anniversaire de doctoral, 170. 
Association britannique pour l'avancement des sciences: — Annonce 
- que sa réunion de 1872 aura lieu à Brighton, au mois d’août, 358. 


B. 


Balat (Alph.). — Nommé membre de la commission pour l'examen des 
questions concernant le voyage des lauréats des concours de Rome, 482. 
Basevi (A.). — Élu associé de la classe des beaux-arts, ! 85; remerciments, 
159; hommage d'ouvrages, ibid; accuse réception de son diplôme, 262. 
anis — Communique ses observations zoologiques faites à Melle- 
En à épôt de ses eee sur l'état de la végétation à 
e le 21 mars et le 21 avril 1872, : 299 
"he publique de Stuttgart. — poem l'échange de pue 
429. 


tions 
Boë (Ad. de). — Dépôt du gens de ses observations météorologiques 
faites à Anvers en 1871, 171. 


_ Borchgrave (Ém. de). — ie pour une note de M. Varenbergh 
_ concernant les relations extérieures de la Flandre au moyen âge, 129 ; 
rapport sur cette note, 242; commissaire pour la notice de M. Varen- 
bergh, intitulée : Ug ding au XIIIe siècle, 228, 450; lecture de son 
rapport sur ce travail, 334. 
_Boset (A.). — Dépôt rl billet cacheté , 558. 

Bosselet (Ch. ). — Élu membre titulaire de la classe des beaux-arts, 82; 
approbation royale de cette élection, 138; remercîments, 159; nommé 
membre de la section permanente du jury du grand concours de com- 
position musicale, 482. 

Botesu (N.-S$1.). — Présente un mémoire sur la propriété de la série er 


ique, 495. 
Brachet (4.). — Présente un mémoire sur un nouveau réfracteur binocu- 
- laire destiné aux observations sidérales, 500; pa de verbal de M. Du- 
prez sur ce travail, 575. 
Briart (Alph. ). — Notice sur la iti out coquilliers 
dans le terrain houiller du Hainaut, 2; rapports de MM. Dewalque et 
8. 


-~ Burbure (le chev. L. de). — Nommé membre de la section permanente 
du) jury du grand concours de composition musicale, 482. 


TABLE DES AUTEURS, 595 


C 

Candèze (E.). — Commissaire pour la note de M. F. Plateau concernant 
les Myriapodes de Belgique, 300 ; rapport sur ce travail, 57 

Catalan (E.). — Rapports de MM. Liagre et Gilbert sur son mémoire 
concernant quelques produits indéfinis, 4,'5; commissaire pour le mé- 
moire de M. Saltel concernant certains systèmes de courbes géomé- 
triques, 95; adhère au rapport de M. Gilbert sur ce travail, 574; 
adhère au rapport de M. Gilbert sur une note de M. Orloff concernant 
les équations différentielles ane 106; théorème de géométrie, 

107; commissaire pour le mémoire de M. Gilbert sur l'existence de la 

dérivée dans les fonctions continues, 171 ; rapport sur ce travail, 560; 
commissaire pour le mémoire de M. Mansion concernant les solutions 
singulières de l'équation Ay’? + By + C = 0, 500; commissaire pour 
le mémoire de M. Botesu sur la propriété de la série harmonique , 495; 
réponse à la note de M. Gilbert, intitulée : Sur une objection proposée 
par M. Catalan, 502. 

Cavalier (J.). — Communique ses observations météorologiques faites à 
Ostende en 1871 et les résumés de mars et avril 1872, 2, 299, 559. 

Cercle artistique des aa ged rhénanes. — Fait connaître l'époque de 
ses expositions mensuelles, 1 

Chalon (R.). — Commissaire pour + mémoire de M. De Smet sur kand 
Hainaut, sire de Beaumont, 54; lecture de son rapport sur ce travail, 
252; hommage d'o ouvrage, 429. 

„Christ. — C i étéorologi faites à Chimai 


Cocheteux (Ch). — Dépôt d’un billet cacheté , 299. 
échevinal de Dinant.— Envoi d’une circulaire annonçant le projet 
ever, dans cette ville, un monument à la mémoire de Wiertz, 159. 

Coprs has d'anthropologie. — Le comité d'organisation 
la Ge session adresse le programme de sa réunion, 358, 429. 

Toini a ). — Commissaire pour la notice de M. De Potter, intitulée : 
De Rederijkerskamer « Maria ter eere » te Gent, 228; adhésion au 
rapport de M. Snellaert sur ce travail, 524; commissaire pour la recti- 
fication présentée ar M. De Potter à sa notice intitulée : Hoe en waar 
overleed aen van, Artevelde? 228; lecture de son rapport sur ce 
travail, ssaire pour la notice de M. De Potter concernant la 
généalogie e P au XIVe siècle, 430; commissaire pour la 
notice de M. Vuylsteke, intitulée : Aanteekeningen op de twee opstellen 
van den heer Frans De Potter , geslachtboom der Artevelden en Hoe en 
waar overleed Philip Van Artevelde, i 


594% TABLE DES. AUTEURS. 


Cornet. — Notice sur la position stratigraphique des lits coquilliers dans 
le terrain houiller du Hainaut, 21 ; rapports de MM. Dewalque et d’Oma- 
lius sur ce travail, 6, 8 

Craco (Aug). — Envoi due brochure , en réponse à la question de 
concours concernant les rapports du capital et du travail, 252 


Crépin (F.). — Présente un mémoire intitulé : Prodrome d'une mono- 
graphie générale na Roses, 495 
Crets (G-H.). — Envoi ze chronogramme composé à l'occasion du 


jubilé de l’Académie, 512 
ruts (G.). — Hommage das nt manuscrit , à l’occasion du jubilé 
de l’Académie, 512, 

Curtius (Ern.).— Élu associé de la classe des lettres, 450 ; remerciments, 
512. 


D. 


Davreux (P.). — Présente une note sur les minéraux belges, 92; rapports 
de MM. Dewalque et Donny sur cette note, 310, 512; impression, 324. 
ue + de end — he ercie la classe des lettres comme directeur, 55; 
u jury du concours Guinard , 511. 
Dans (Bug). - — Panos de sa mort, 52. 
Delbeeu; e un mémoire relatif à des recherches sur la mesure 
des sensations de lumière et de fatigue, 559. 
ian nd (G.). — Rapport sur la notice de MM. Briart et Cornet concer- 
a position stratigraphique des lits coquilliers dans le terrain. 
Kuia du Hainaut, 6; discours prononcé aux funérailles de M. Spring, 
95; rapport sur le mémoire de M. Havrez concernant l’a bsorption des 
sels métalliques par la laine mordancée, 175; rapport verbal sur la 
nouvelle rédaction du mémoire de M. Malaise concernant le terrain silu- 
ni du centre de la Belgique, 500; rapport sur la troisième note de 
M. L.-L. de Koninck et P. Davreux concernant les minéraux belges, 
310; ouverture d'un billet cacheté, 588. 
Dieltjens. — Envoi à l'Académie, par M. le Ministre de l’intérieur, de Sa 
requête demandant que la pension de voyage accordée aux lauréats des 
cours d'architecture soil majorée, 
Donny (Fr.). — Commissaire pour une note de MM. L.-L. de Koninck et 
Sien Marquiit, nue : rs l'action ga porone de gege sur la 
ette note, 104; 
rapport sur la rectification à la Brive de MM. TE de Fos et Mar- 
quart concernant la Bryonicine , 6; rapport sur la notice de M. Swarts 
concernant les dérivés par addition de l'acide itaconique et de ses 


TABLE DES AUTEURS. 595 


. isomères, 11 ; commissaire pour une note de MM. Lois de Koninck 
el P. Ds à sur les minéraux belges, 92; adhésion au rapport de 
- M. Dewalque sur cette note , 312; annonce que la notice de M. Tommasi 
concernant l'action de l'iodure plombique sur quelques acétates mé- 
talliques a déjà été publiée, 104; rapport sur le mémoire de M. Havrez 
concernant l'absorption des sels métalliques par la sry mordançée, 
173; nommé membre du jury du concours Guinard, ÿ 

“al Ber — Sur une nouvelle exploration des cavernes | d'Engis, 504. 
ez (Fr.). — Commissaire pour sad note de M. Van der Mensbrugghe 
concernant un fait remarquable qu’on observe au contact de certains 
liquides de tensions superficielles es dires, 92; adbère au rap- 
port de M. Plateau sur cette note, 172; présente son rapport pour le 
Livre commémoratif, 226; commissaire pour le mémoire de M. Brachet 


$ 
3 


ncern 
tions sidérales, 300; rapport verbal sur ce travail, 


E. 


Egger (E.). — Hommage d'ouvrage, 513. 
Eichhoff (G.). — Hommage d'ouvrage, 515. 


P. 


Faider (Ch). — Hommage d'ouvrages, 53; commissaire pour les mémoires 
de concours concernant les rapports du capital et du travail, 150; rap- 
port sur ces travaux, 472. 

Fétis (Éd.). — He à la classe des beaux-arts de voter des remerci- 
ments à M. Gallait, directeur sortant , 85; lecture de son rapport sur 
les travaux de la classe des beaux-arts depuis sa création, 83, 162; 
dépôt de ce rapport, 337, 482; lecture du rapport de la commission 
ja Ares d’un a destiné aux expositions triennales, 557; 
nommé membre de la commission pour Fem des questions concer- 

nant He voyage des lauréats des concours de Rome, 482. 

Folie (F.). — Présente une notice intitulée : Sur LE “calcul de la densité 
moyenne de la terre , d’après les observat ions d'Airy, 171; rapports de 
MM. Liagre et Gilbert sur cette note, 369, 571; impression, 589. 

Franck- (J.). — Nommé membre de la comm mmission pour l'examen des 

questions concernant le voyage des lauréats des concours de Rome, 482. 

_ Fries (Elias). - — Remereie pour son élection si é, 


596 TABLE DES AUTEURS. 


NN m“ 


G. 


Gachard (P.). — Jeanne la Folle et Charles-Quint, 2 partie, 56; ; 
envois d'ouvrages, 128, 512; voyage de Paul Ier en Belgique en 1782, 
à : 


Gallait(L.). — icati jet de sa conversa tion avec le Roi, le 
jour de lan, 81; remercie la che des beaux-arts comme directeur 
sortant, 85; élu membre du comité directeur de la Caisse centrale des | 
artistes, 161; proposition faite au comité de la Caisse, ibid. ; communi- | 
ee Le sujet T un pange pour les ezponitions Wiener ze beaux- 

ns 


zesti0 
E 


„Coneernant le voyage des lauréats des concours de Boie: 482. 
Geefs (G.). — Nommé membre de la commission pour l'examen des ques- 
tions concernant le voyage des lauréats des concours de Rome, 482. 
Gevaert (Aug). — Élu membre titulaire de la classe des beaux-arts, 82; 
‘approbation royale de cette élection, 158; remerciments, 159; nommé 
membre de la section permanente du jury du grand concours de com- 
position musicale, 482; id, de la commission pour l'examen des ques- 
tions ane le voyage des lauréats des concours de Rome, ibid. 
Ghaye (M.). — Annonce de sa m 
Gier (Ph). — Adhésion au rapport de M. Liagre sur le mémoire de | 
Catalan concernant quelques produits indéfinis, 5; commissaire pour à 
| 
1 


zt AN 4 


le mémoire de M. Saltel concernant certains systèmes de courbes géo- 
métriques, 95; rapport sur ce travail, 574; rapport sur la note de 
M. Orloff Gaeren: les équations différentielles réciproques, 105; sur 
l'emploi des imaginaires dans la recherche des différentielles d'ordre 
quelconque, 108; hom Rd d'ouvrage , 170; commissaire pour la note 
de M. Folie concernant le calcul de la densité de la terre, 171; rapport . 
sur cette note, 371 ; rose un mémoire sur l'existence de la is 
dans les fonctions continues, 171 ; rapports de MM. Catalan et Steichen 
sur Ce travail, 560, 568; commissaire pour le mémoire de M. Mansion 
concernant les solutions singulières de l'équation Ay’? + By + C=0, 
500; commissaire pour le mémoire de M. Botesu sur la propriété de la 

série harmo PRE 495; sur une objection proposée par M. Catalan, # 
Gloesener (M.). — Sur une nouvelle boussole magnétique ou plutôt ie- 
tro-magnéti , son importaùce dans les observations magnétiques et 
surtout dans celles faites sur mer, 321 ; note sur un paratonnerre fou- 
~ droyé à Wetteren, 502. 


Gluge (Th. = Élu directeur de la classe des sciences pour 1873, 3; 

remercîments , ibid. ; commissaire pour le mémoire de M. P.-J. Van 
neden sur les diodes ss Belgique et leurs parasites, 171; 

lecture de son rapport sur ce trava ‚ 500 ; commissaire pour la note de 
M. Éd. Robin sur les moyens de ln hens plus saine, 171; 
propose le dépôt de cette note aux archives 

Gounod (Ch.). — Élu associé de la classe re eee 83; remerci- 
ments 

Granville (A.- B). — Annonce de sa mort, 298. 


Haus (J.-J). — Remercie la classe des lettres comme directeur sortant, 
ni 


Havrez (P.). — Rapport de MM. Donny, Melsens et Dewalque sur son 
mémoire concernant l'absorption des sels métalliques par la laine mor- 
dancée, 175. 
Henry (L.). — Hommages d'ouvrages , 2, 559; communique une note sur 
des traces d'aurore boréale aperçues à Louvain le 10-11 avril 1872, 539. 
Hoffmeyer (N). — Annonce la création récente d'un Institut ne: 
gique à Copenhague, 490. 
Houzeau (J.-C). — Du calcul rapide des phases lunaires, à l'usage des 
personnes qui s'occupent d'études historiques, 197; note additionnelle 
Sur la mesure des distances de Vénus au Soleil, de centre en centre, 
pendant les passages de la planète , 495. 


= L 

_Institut royal géologique de Hongrie, à Pesth. — Demande l'échange de 
publications, 558. 

K. 


Kervyn de Lettenhove (le baron). — Présente le tome II des Poésies de 
Froissart et le tome XIV des Chroniques du même auteur, 55; com- 
missaire pour le mémoire de M. De Smet sur Jean de Hainaut , sire de 
Beaumont, 54; lecture de son rapport sur ce travail, 252; commissair 
pour une notice de M. Varenbergh concernant les relations extérieures 
de la Flandre au moyen âge, 129; rapport sur sp Anr wl com- 


micceaîre nanr lac 


TABLE DES AUTEURS. 597 


8 


598 TABLE DES AUTEURS. 


Thérèse aux Pays-Bas, 130; rapport sur ces travaux, 553, 452; une 
lettre de Symier au duc d'Anjou, 142. 

Keyser (N. De). — Nommé membre de la commission pour l'examen des 
questions concernant le voyage des lauréats des concours de Rome, 
482, 


Kobell (Fr. von). — Hommage d'un fragment de pierre météorique et de 
plusieurs ouvrages, 491. 

Koehne (baron B. de). — Hommage d'ouvrages, 81. 

Koninck (Laurent de). — Rapport sur la notice de M. Swarts concernant 
les dérivés par addition de l’acide itaconique et de ses isomères, 8; pré- 
sente son rapport pour le Livre commémoratif, 226 ; rapport verbal sur 
la nouvelle rédaction du mémoire de M. Malaise concernant le terrain 
silurien du centre de la Belgique, 300; hommage d'ouvrage , 490. 

Koninck (Lucien de). — Présente une note intitulée : De l’action du per- 
chlorure de phosphore sur la nitronaphtaline, 3; rapports de MM. Mel- 

ens et 


st A 6; présente une note sur les minéraux belges, 92; rap- 
ports de MM. Dewalque et Domy, sur cette note, 310, 312; impres- 
sion, 5 g 


L. 


Laforet (N.-J.). — Hommage d'ouvrage, 53; annonce se sa mort, 127; 

discours prononcé à ses funérailles par M. Thonissen, 

Lanszweert. — Dépôt de ses observations sur les règnes sa et animal 
faites à Ostende en 1871, 171. 

Laveleye (E. De). — Commissaire pour les mémoires de concours concer- 
nant les rapports du capital et du travail, 130; rapport sur ces mémoires, 
477; élu membre titulaire de zien classe des lettres, 450; remercîments , 
512; approbation royale de son élection , ibid; nommé membre du jury 
du concours Guinard, 511. 

Leclercq (D.). — Communique $es observations météorologiques faites à 
Liége en 1871,2; renseignements sur l'aurore boréale du 4 février 1872, 

5. 


Lenormant ge — Hommages d'ouvrages, 53, 429; présentation d'un 
: La légende de Sémiramis, 54; pure de MM. Rou- 
ler: Postes et Nève sur ce travail, 255, 239, 2 
Liagre (J.). — Rapport sur le mémoire de M. thin contéenant quelques 
produits in 4; commissaire pour la note de M. Folie concernant 
~ le calcul de la densité de Ia terre, 171 ; rapport sur cette note, 569; com- 


> 


À 


TABLE DES AUTEURS. 3 599 


missaire pour le mémoire de M. Mailly, intitulé : Tableau de l’astro- 
nomie dans l'hémisphère austral et dans Finde; 171; adhésion au rap- 
port de M. Eru. Quetelet sur ce travail, 305; commissaire pour la note 
de M. Meerens concernant la aotation musicale et le diapason, 171; rap- 
rt sur celté note, 
Limnander (baron A CM. ). — Élu membre titulaire de la classe des beaux- 
arts, 82; approbation royale de cette élection, 158; remercîments, 262. 
mans. — Envoi d'ouvrages, 17 
Lyman (Th. ). — Hommage ce 492. 


Mm. 


Maas (R. P.). — Note sur un paratonnerre foudroyé à Wetteren, 502. 
Mailly (Éd. ). — Présente un mémoire intitulé : Tableau de l'aitrosiise 
dans l'hémisphère austral et dans l’Inde, 171; rapports de MM. Ern. 
Quetelet, Liagre et Montigny sur ce travail, 501, 505; présente son 
rapport pour le ref commémoratif , 226. 

„Malaise (C.). — Hommage d'ouvrage, 170; dépôt de ses observations 
botaniques es i Gembloux le 21 mars et le 21 avril 1872, $ 
490 ; rapport verbal de MM. d'Omalius, de Koninck et Dewalque sur 
son mémoire concernant le terrain silurien du centre de la Belgique, 
500. 


i Mansion (P.}. — Présente un mémoire intitulé : rer aa sur les solu- 
tions singulières ` Merom Ay? +BB +C=0, 

Marquart (P.). — Présente une note intitulée : De l'action du perchlorure 
de phosphore sur gi nitronaphtaline , 5; rapports de MM. Melsens et 
Donny sur cette note, 104; impression. ' 122; rapports de MM. Melsenñs et 
Donny sur la rectification à sa notice sur la Bryonicine, 5,6. 

Maury (M.-F.). — Hommage d'ouvrage , 299. 

Maus (H.). — Nommé membre du jury pour le concours Guinard, 511. 
Meerens (Ch.). — Nomination de commissaires pour l'examen, au point 
de vue mathématique, de sa note sur la notation musicale et le 
diapason , 171 ; rapports de MM. Liagre et De Tilly sur cette note, 305, 
307. 


- Melsens (L.). — Commissaire pour. une note de MM. L.-L. de Koninck et 
P. Marquart, intitulée : De l'action du perchlorure de phosphore sur la 
nitronaphtaline, 5; rapport sur cette note, 104; rapport sur la rectifica- 
tion à la notice de MM. L.-L. de Koninck et P. Marquart concernant la 
Bryonicine, 5; rapport sur Ja notice de M. Swarts concernant les dérivés 


i 


600 3 TABLE DES AUTEURS. 


par addition de l'acide itaconique et de ses isomères, 13; hommage 

d'ouvrage, 92; DR pour une note de MM. Lucien de Koninck 

et P. Davreux sur les minéraux belges , 92; rapport sur lé mémoire de 

M. Havrez concernant l mie rd = métalliques par la laine mor- 
dancée, 175; présente une note sur la température de l'espace, 559. 

i )- — Hommage d’ ouvrages, 491. 

Ministre de la justice (M. le). — Envoi d'ouvrage, 429. 

Ministre de l'intérieur (M. le). — Nomination du jury de la cinquième 
période du concours quinquennal des sciences ae 2 sg Putzêys 
nommé snopa de ce jury, 91; envois d'ouvrages, 55 159, 227, 
298, » 429, 490, SH, ; M. d'Omalius nommé RE de 
re pour 1872, 91, 128, 158; approbation royale de l'élection 
de M. Éd. Morren comme sais titulaire, 91 ; dépêche concernant la 
liquidation d’un subside de id francs elende à abe les prix de 
concours de 1871, à bid; MM. Gevaert 
Bosselet et Limnander comme membres titulaires, 158; buste du com- 
mandeur de Nieuport, 159; résultat du concours quinquennal des 
sciences morales et politiques, 227; concours Guinard, 298, 333; jury 
de ce concours, 511 ; annonce que le Palais Ducal sera mis à la dispo- 
sition de l'Académie lors du jubilé, 536; dépêche relative à la compla- 
bilité de la Compagnie, 428, 481; demande d'instructions de voyage 


pour M. De Mol, lauréat du grand concours de composition musicale de 


497 t M. envoi gnoe regue de M. Dieltjens et d'une missive de 
ane la p nencian de vovace 
accordée aux artik des grands côncours de Kane soit majorée, 482; 
approbation royale de dien de MM. de Laveleye et Nypels comme 
membres titulaires, 5 
Montigny (Ch). — Caan pour le mémoire de M. Mailly, intitulé : 
Tableau de l'astronomie dans l'hémisphère austral et dans l'Inde, 171; 
adhésion au rapport de M. Ern. Quetelet sur ce travail, 505; commissaire 
pour la note de M. Melsens sur la température de l'espace, 559. 
Morren (Éd.). — Approbation royale de son élection de membre ne 
2, 91; remercie pour son élection, 2; hommage d'ouvrage, 92; 


-Sente son rapport pour le Livre co ommémoratif, 226; commissaire et à 


le mémoire de M. Crépin, intitulé : Prodrome Pie monographie gé- 
Roses, 493. 
Mortier (B. Du). — Commissaire pour le mémoire de M. Crépin, intitulé : 
. Prodrome d'une se ès générale des Roses, 495. 


ineens kit al 


+ 


TABLE DES AUTEURS. 601 


N. 


__Nève (Félix). — Commissaire pour le mémoire de M. Lenormant, intitulé : 
La légende de Sémiramis, 54 ; rapport sur ce travail, 240 ; commissaire 
pour les mémoires de concours concernant Septime Sévère, 129; rap- 
port sur ces travaux, 449 ; commissaire pour la notice de M. Schuermans, 
intitulée : Inscriptions trouvées en Belgique , 515. 

els (G.). — Ho 


+ 


mmage d'ouvrage, 353; élu membre titulaire, 450; 
-remercîments , 512; approbation ak de son élection , ibid. 


0. 


Omalius a. y (J.-B.-J. d'). — Adhésion au rapport de M. Dewalque 
Ze sur lan de MM. Briart et Cornet concernant la position stratigra- 
D … phique de s coquilliers dans le terrain houiller du Hainaut, 8; nomm 

président de l’Académie pour 1872,91, 128, 158; rapport verbal sur fa 
nouvelle rédaction du mémoire de M. Malaise concernant le terrain 


SE. 


silurien du Mt de la Belgique, 500. 
Orloff. — Note sur les équations différentielles stat 113; rapports 
| = de MM. Gilbert et Catalan sur cette note, 105, 
| Owen (R). — Hommage d'ouvrage , 170. 
Ee : P. 
den 
| Parlatore (Ph.). — Remercie pour son élection d’associé de la classe des 


sciences, 2; hommage d'ouvrages, 491. 
=. Perard (L). — ere ses observations météorologiques faites à 
_ :  Liége en 1871, 2. 

| _ Pirala (D.-A.). — Hommage d'ouvrage, 512. 


Plateau (F.). — Remercie pour son élection de correspondant de la classe 
résente une note intitulée : Matériaux pour la Faune 


Longchamps et Candèze sur cette note, 5 
| | Plateau (J.). — Commissaire pour la note 
L. cogcernant un fait remarquable qu’on observe au contact de certains 
| liquides de tensions ser très-différentes , 92; rapport sur cette 
note, 172; commissaire pour la note de M. Melsens sur la température 

espace , 359; has pour le mémoire de M. Del Ibæuf concer- 


4l 


ps SÉRIE, TOME XXXII. 


602 TABLE DES AUTEURS. 


nant des recherches sur la mesure des sensations de lumière et de 
atigue, 359; sur la mesure des sensations physiques, et sur la loi qui 
lie l'intensité de ces sensations à l'intensité de la cause excitante, 376. 
_Polain (fils). — Remercie pour les sentiments de condoléance exprimés 
par l’Académie lors du décès de son père 
Polain (M.-L.). — Communique son rot pour le Livre commémo- 
ratif, 260; annonce de sa mort, 552, 
Portaels (J.). — Nommé SEE e la commission pour l'examen des 
questions concernant le voyage des lauréats des concours de Rom e, 482. 
er De). — Présente une notice intitulée : De tn. 
aria ter eere » te Gent, 228 ; rapports de MM. Snellaert et Conscience 
sur ce travail, 519, 524; impression, 532; présente une rectification à 
sa notice intitulée : Hoe en waar overleed Philip Van Artevelde? 228; 
nn des rapports de MM. De Smet, Snellaert et Conscience sur 
ce travail, 354 ; présente un pisi intitulé : Geslachtboom der Arte- 
wg in de XI Vie eeuw, etc 
Poullet (Edm.). — Élu idd sx la classe des lettres, 451; remer- 
ciments, 512. 
Pulzeys. — Nommé membre du jury du concours an des 
sciences naturelles, 91. 


Q. 


Quetelet (Ad.). — Présente ses observations des phénomènes périodiques 
faites à Bruxelles en 1871, 2; hommage d'ouvrage, 5, 80; communi- 
cation verbale sur l'aurore boréale du 4 février 1872, 151; présente 
son rapport pour le Livre commémoratif, 226, 260; co ommunique l'état 


359; note complémentaire sur l'aurore boréale du 4 février 1872, 512 
sur arne boréale du 10 au 11 avril 1872, 575, 
Quetelet (Ern.). — Commissaire pour le mémoire de M. Mailly, intitulé : 
sde de l'astronomie dans l'hémisphère austral et dans l'Inde, 171; 


rt sur ce travail, 501 ; note sur l'aurore boréale du 4 février 1872, 


zen T; commissaire pour la pd de M. Melsens sur la température de 
l'espace, 359; sur l’éclipse de lune du 22 mai 1872, 497. 


R. s 


Ravaisson (F.). — Hommage d'ouvrage , 585. 


questions concernant le voyage des lauréats des concours de Rome, 


Robert (Alex.). — Nommé membre de la commission pour se 


2 


TABLE DES AUTEURS. 603 


è Robin (Ed.). — Présente une note sur les moyens de rendre la vieillesse 

> plus saine, 171 ; dépôt de cette note aux archives, 312. 

Roulez (J.j. — Commissaire pour le mémoire de M. Lenormant, intitulé : 
La légende de Sémiramis, 54; rapport sur ce travail, tee commissaire 
pour les mémoires de concours concernant Septime Sé ‚129; rap- 
port sur ces travaux, 431; commissaire pour la notice de M. Schuer- 
mans concernant la découverte d'objets étrusques en porem 450; 
rapport sur ce travail, 513. 


S. 


Saltel (L.). — Présente une nouvelle rédaction de ses Études sur certains 
systèmes de courbes géométriques, 92; rapports de MM. Gilbert et 
Catalan sur ce travail, 574, 

Schnaase (Ch.). — Hommage d'ouvrage, 584. 

Schuermans (H.). — Présente une notice intitulée : Découverte d'objets 
étrusques faite e en Belgique, 429; rapports de MM. Roulez, koar et 
De Witte sur ce travail, 515, 515, 518; heit 528; présente une 
notice intitulée : Inscriptions trouvées en Belgique, 

SA (Th). — Commissaire pour le mémoire de k Delbœuf concer- 

nt la mesure des sensations de lumière et de fatigue, 359. 

She Longchamps (le baron Edm. de). — Communication au sujet de la 
mort de M. Spring, 101 ; commissaire pour le mémoire de M. P.-J. Van 
Beneden sur les chauves-souris de Belgique et leurs parasites, 171; 
lecture de son rapport sur ce travail, 300; dépôt de ses observations sur 
l’état de la végétation à Liége le 21 mars et Je 21 avril 1872, 299, 559; 
commissaire pour la note de M. F. Plateau concernant les Myriapodes 
de Belgique, 300; rapport sur cette note, 573; annonce la mort de 
M. Michel pau , 492. ; 

Serrure(C.-Ph.). — Annonce de sa mort, 532. 

Simonis (Eug.). — Nommé membre de la commission pour rexa 

age des lauréats des concours de Rome, 482. 

de 100 francs à la Caisse 


-+ 


men des 


questions concernant le voy 

Siret (Ad.). — Hommage d'ouvrage, 160; don 

des artistes, ibid. 

Smet (J.-J. De). — Présente un mémoire sur Jean de Hainaut, sire de Beau- 

mont, 34; lecture des rapports de MM. Kervyn de mere Chalon 
notice 


et Wauters sur ce travail, 252; commissaire pour u 
feger de la Pres au 
rs pour les 


604 TABLE DES AUTEURS. 


Bas, 130; rapport sur ces mémoires, 535, 457; commissaire pour Ja 
rectification présentée par M. De Potter à son travail intitulé : Hoe en 
waar overleed Philip Van Artevelde? 228; lecture de son rapport sur 
ce travail, g commissaire pour la notice de M. De Potter concernant 
la généalogie des d’Artevelde au XIV: siècle, 450; commissaire Br 
la notice de i J. Vuylsteke, intitulée : Aanteekeningen op de tw 
opstellen van den heer Frans De Potter, Geslachtboom der ens 
en Hoe en waar overleed Philip Van Artevelde, ibid. 
Snellaert (J.-J.). — Commissaire pour la notice de M. De Potter, intitulée : 
De Rederijkerskamer « Maria ter eere » te Gent, 228; rapport sur ce 
travail, 519; commissaire pour la rectification présentée par M. 
Potter à son travail intitulé: Hoe en waar overleed Philip Van pe 
velde? 228; lecture de son TR sur ce traväil, 534; annonce que son 
rapport pour le Livre commémoratif est terminé, 260; commissaire 
pour la note de M. De Potter concernant la généalogie des d’Artevelde 
au XIVe siècle, 450 ; commissaire pour la notice de M. Vuylsteke, inti- 
tulée : rep A op de twee opstellen van den heer De Potter, 
ac der Artevelden en Hoe en waar overleed Philip Van 
LE ibid. 
Société havraise d'études diverses. — Communique son programme de 
concours pour 1872 
Spring (Ant.). — Rommago d'ouvrage, 2; annonce de sa mort, 90 ; com- 
münication à ce sujet par M. de Selys Longchamps , 101 ; discours pro- 
noncé à ses funérailles par M. Dewalque , 95. 

Stas (J.-S.). — Réélu membre de la commission administrative, 560. 
Steichen (M). — Commissaire pour le mémoire de M. Gilbert ere 
l'existence de la dérivée dans les fonctions continues, 171; adhère a 
kar de M. Catalan sur ee travail, 568. 


Steur (Ch.). — Commissaire pour la notice de M. feeen intitulée : 
a voyage au XIIIe siècle, 228, 430; lecture de son rapport sur ce tra- 
vail, 554; hommage d'ouvrage, 429. 


Swarts (Th.). — Note sur les dérivés par addition de l'acide itaconique et 
de ses isomères, en rapports de MM. de Koninck , Donny et Melsens sur 
cette note, 8, 11, 


T. 


Thonissen (J.-J.}.— Commissaire pour le mémoire de M. Lenormant, inti- 
tulé : La légende de Sémiramis , 54; rapport sur ce travail, 239; élu di- 
recteur de la classe des lettres pour 1873, 55; remercîiments, ibid.; com- 
o missaire pour les mémoires de concours concernant les rapports rts du 


2 TABLE DES AUTEURS. 605 


capital et du travail, 130; rapport sur ces mémoires, 474; discours pro- 
noncé aux funrailies de M. Laforet, 229; nommé membre du jury du 
concours Guinard, 5 

Tilly (J.-M. De). — dn pour la note de M. Meerens concernant 
la notation musicale et le diapason, 171; j rapport s sud ce travail, 507; 
présente son rapport pour le Livre cam. a 

Tommasi. — Dépôt aux archives de son travail concernant l'action de 

l’iodure plombique sur quelques acétates métalliques, 104. 


x. 


Van Beneden ( (Éd.). — Note sur la structure des Grégarines, 210. 

Van Beneden (PJ). — Sur l'existence du Gypaëte dans nos contrées, 
d’après des ossements découverts par Schmerling dans les cavernes des 
environs de Liége, 16; présentation d'un mémoire sur les chauves- 
souris de bead et leurs parasites, 171; lecture des rapports de 
MM. de Selys Longchamps et Gluge sur ce mémoire, 500; notice sur le 
même sujet, 207; présentation de son rapport Sr le Livr ~- 
moratif, 226; commissaire pour la note de M. F. Plateau Ria 
Myriapodes de Belgique, 500; rapport sur cette note, 572; sur la décou- 
verte d'un homard fossile dans l'argile de Rupelmonde, 316. : 

Van der Mensbrugghe (G.). — Présente une note intitulée : Sur un fait 
remarquable qu'on observe au contact de certains liquides de tensions 
superficielles três-différentes, 92; rapports de MM. Plateau et Duprez 
sur cette note, 172; impression, 225. 

Van de Weyer (S.). — Allocution de M. le directeur de la classe des let- 
tres, au sujet de sa présente à la séance du 8 avril 1872, 351; remerci- 


ments , 552. . 
Van Eename. — ae du buste de M. le baron J. de Saint-Genois, 128. 


Van Lokeren (A). — Hommage d'ouvrage, 
Varenbergh (E.). — Se une note bias: Épisodes des relations 


242; impression, ; présen 
XIIIe siècle, 228; lecture des gneis ts de MM. Steur et de Borchgrave 
sur cette notie 

Verstraete. — wa Ean billet cacheté, 490. 
. Vertriest (P.). — Présente le résumé des observations météorologiques 
faites en février et mars 1872 dan Somergem, 559; communique des ren- 


606 _ TABLE DES AUTEURS. 


bordant sur les orages du commencement de 1872, observés dans 
la même localité, 490. 

Vreede (G.). — Rage a ouvrage , 429. 

Vuylsteke (J.). — Présente: une notice intitulée : PE a Eu op de 
twee opstellen van den heer Frans De Potter, Geslachtbodm der Arte- 
velden en Hoe en waar overleed Philip van Artevelde, 450. 


W. 


Wagener (Aug.). — Commissaire pour les mémoires de concours concer- 
nant Septime Sévère , 129; rapport sur ces travaux, 448; commissaire 
pour la notice de M. ans concernant la découverte d'objets 
étrusques en Belgique, 430; rapport sur ce travail, 515; commissaire 
pour la notice de M. Schuermans pre : Inscriptions trouvées en 
Belgique, 513 
Wauters A. `. == em pour le mémoire de M. De Smet sur Jean 
re sire de Beaumont, 54; lecture de son rapport sur ce travail, 
; hommage Sur 128; commissaire pour les mémoires de 
concours concernant le règne de Marie-Thérèse aux Pays-Bas, 150; 
rapport sur ces tra , 335, 459; commissaire pour l'examen d’un 
document manuscrit eue par M. Cruts, 512. 
Willems (P.).— Élu correspondant de la classe des lettres, 451; remerci- 


ments, 512. 

Witte (le ie J. de). — Commissaire pour la note de M. Schuermans 
concernant la découverte d'objets étrusques en Belgique, 450; rapport 
Sur celte note, 518; commissaire pour la notice de M. Schuermans 
intitulée : Inscriptions trouvées en Belgique, 313. 

Wolowski (L.). — Hommage d'ouvrages , 515. 


er ” lé AE EEn ES 


£ 


TABLE DES MATIÈRES. 


A. 


Académie. — Réception du jour de Pan, au Palais, 81; subside de 
5,000 francs pour majorer les prix de concours de 1 871, 91; mesures et 
faits divers concer ga le jubilé centenaire, 226, 260, 265, 298, 555, 


556,357, 558, 482, 512; décision au sujet de l'assemblée générale des 
trois classes, 262., 

Archéologie. — Présentation d'une note intitulée : Découverte d'objets 
er faite en Belgique, par M. Schuermans, 429; rapports de 
MM. Rou ‚ Wagener et de Witte sur cette note, 515, 515, 518; 
impress j 


dits — Voir Commission pour l'édification d'un local destiné 
aux expositions triennales. 
Arrêtés royaux et ministériels. — Approbation ee de l'élection de 
M. Éd me membre titulaire, 2, 91; é royal nommant 
les membres chargés de juger la cinquième sisi re concours quin- 
quennal des sciences naturelles, 2; M. Putzeys nommé membre de ce 
jury, 91 ; M. d'Omalius nommé président de l'Académie pour 1872, 94, 
128, 158; oo royale de l'élection de MM. Gevaert, Bosselet 
et er à ne membres titulaires, 158; arrêté royal ouvrant 
le concours hanen 298, 555; jury de ce concours , St f ; approbation 
royale de l'élection de MM. De Laveleye et Nypels comme membres 
5 


1 


Astronomie. — Présentation d'un mémoire intitulé : Tableau de lastro- 
nomie dans l'hémisphère austral et dans l'Inde, par M. Ed, Mailly, 171; 


- rapports de MM. Ern. Quetelet , Liagre et Montigny sur ce travail, 501, 


503; du calcul rapide des phases lunaires, à l'usage des personnes qui 
s'occupent d'études historiques, par M. J.-C. Houzeau, 197 ; note addi- 
tionnelle sur la mesure des distances de Vénus au soleil, de centre en 

centre, pendant les passages de la planète, par le même, 495; sur 
l'éclipse de lune du 22 mai 1872, par M. Ern. Quetelet, 497. 


B. 
Bibliographie. — Voir Histoire de l'art. 


Billets cachetés. — Dépôt d'un billet cacheté par M. Cocheteux, 299; 
Boset, 558; par M. PRESS 490; ouverture d'un billet 


cacheté de M. Dewalque, 


608 TABLE DES MATIÈRES. 


Botanique. — Présentation d'un mémoire mere: Prodrome d'u une mono- 
graphie générale des Roses, par M. Cré 
Bustes se académiciens décédés. = Ravoï, set M. Nen Eename, du buste 
le Saint-Genois, 128; demande de M. le Ministre de l’intérieur au 
ae buste du commandeur de Nieuport, 159. 


c. 


Caisse centrale des artistes belges. — M. Alvin annonce qu'il vient de 
recevoir une somme de 1,000 francs au profit de la caisse, 84; don de 
100 francs fait par M. Siret, rek état général des recettes et des dé- 
penses de l’année 1871, ibid. allait élu membre du comité-direc- 
teur, 161 ; proposition de M. Cu de faire au profit de, la caisse, lors 
du ged une exposition d'œuvres d'artistes de la classe des beaux- 
arts, à 
himie. -- geen tation d’une note intitulée : De l'action du perchlorure 
de phosphore sur la nitronaphtaline, par MM. L.-L. de Koninck et Paul 


impression, 122; rapports de MM. Melsens et Donny sur le travail de 
MM. Lucien de Koninck et P. Marquart, intitulé : Rectification à la notice 
sur la Bryonicine, 5, 6; note sur les dérivés par addition de Facide 
ilaconique et de ses isomères , par M. Swarts ‚st; rapports de MM. de 
Koninck , Donny et Melsens sur ce travail ‚8, 11, 13; M. Donny annonce 
qu’une notice de M. Tommasi, intitulée : Action de l'iodure plombique 
sur quelques acétates métalliques, a déjà paru dans une revue scienti- 
» 104; rapport de MM. Donny, Melsens et Dewalque sur un mê- 

moire de M. P. Havrez concernant l'absorption des sels métalliques par 
la laine mordancée, 173. 

Classe des beaux-arts. — Lecture, par M. Ed. Fétis, de son rapport sur 
les travaux de la classe depuis sa création en 1845, 85, 162. ; 

Commission administrative. — Dépêche ministérielle relative à la comp- 
tabilité académique, 428 

Commission de la Mogreshie zie — Présentation, à la classe des 
beaux-arts, d'un exemplaire de la première partie du tome IV de la 

hie, 


p 
Commission pour. la publication des œuvres des grands écrivains du 
_ pays. — Présentation à la classe des lettres, par M. le baron Kervyn de 
Lettenhove, du tome III des Poésies de Froissart et du tome XIV des 
A . Chroniques du même auteur, 55. 
ER r fifioation: var local destiné aux expositions tr trien- 


7 


D. K 
TABLE DES MATIÈRES. 609 


290; rapport présenté par M. Éd. Félis et dépôt des plans de l'édifice, 
331. 


Commission ro: ef d'histoire. — - Envois Den pour la Bibliothèque 
de Se , 128, 512; homm classe des lettres, par 
Wau na fo [Ide la Table mb des chartes, ete., 128. 
Concours akibe (Grand). — Requête du sieur Dieltiens deman- 
dant que la pension de voyage accordée aux lauréats soit majorée, 482; 
commission nommée pour r l'examen de cette requête, ibid. 

Concours de composition musicale (Grand). — Demande d'instructions 
de voyage pour M. De Mol, lauréat «du concours de 1871, par M. le 
Ministre de l'intérieur, 481; nomination de la section permanente du 
jury de ce concours, 432 

Concours de la classe des beaux-arts. — Résultat du concours de 1872, 


Concours de la classe des lettres. — Mémoires reçus pour le concours de 
1872,54, 129, 252; rapports de MM. Roulez, Wagener et Nève sur les 
mémoires concernant Septime Sévère, 451, 448, 449; rapports de 
MM. Kervyn de Eens. De Smet e Tigi sur les mémoires con- 
cernant | s, 452,457, 1, #9; ; rapports 

„de MM. Rs Thonissen et De arriere sur he res Concernant 
les LEP du capital et du travail, 472, 474, pi programme de 
co rs pour 1875 et 1874, 524, 526. . 

es de la classe des sciences. — Programmme pour 1875 , 13; ques- 
tions pour 1874, 15, 103 ; décision au sujet du mémoire de M. Malaise 
couronné en 1869, 300 ; mémoire reçu en réponse à la question de la 
température de l'espace , 495. 

Concours de Stassart pour une question d'histoire nationale. — Pro- 
gramme de la deuxième période sexennale de ce concours, 527. 

Concours Guinard. — Arrêté royal ouvrant ce concours, 298, 555; jury 
de ce concours, 298, 555, 511. 

Concours quinquennal des sciences morales et politiques. — Résultat de 
ce concours, 227. 


D. 

Discours. — Discours prononcé par M. Dewalque aux funérailles de 
M. Spring, 95; discours prononcé par M. Thonissen aux funérailles de 
Mgr. N.-J. Laforet, 229. 

Dons. — Ouvrages, par M. Spring , 2; par M. Heny, 2, 559; par M. Ad. 
Quetelet, 5, 80; par M. le Ministre de l'intérieur, 55, 81, 159, 227, 298, 
553, 429, 490, 511, 584; par MM. Cb. Faider, Kervyn de Lettenhove, 
Aug. Scheler et Laforet, 55; par M. Lenormant, 53,429; par M. le baron 


610 TABLE DES MATIÈRES. 


de Koehne, 81 ; par MM. Éd. Morren et Melsens , 92; par M. Wauters, 

- - 128; par M. Basevi, 159 ; par M. Siret, 160; par MM. Loomans, Gilbert, 
Malaise et Owen , 170; par M. Van Lokeren, 228 ; par M. Maury, 299; 

par M. Nypels, 555; par administration communale de Bruges, ibid. ; 

ar M. le Ministre de Ja justice, 429; par MM. Steur, Chalon et Vreede, 


Wolowski et Eichboff, 515; par M. Schnaase, 584; par M. Ravaisson, 


E. 1 

Élections et nominations. — Approbation royale de l'élection de M. Éd. | 
Morren comme membre titulaire, 2, 91 ; remerciments de M. Ed. Morren: 
pour son élection de membre, de M. F. Plateau pour son élection de 


correspondant et de M. Parlatore pour son élection d’associé, 2; nomi- _ 
nation du jury chargé de juger la cinquième -e du concours 
quinquennal des sciences naturelles, ibid. ; M. Putzeys nommé membre 
de ce jury, 91; M. Gluge élu directeur de la classe des scienees pour 
1873, 5; M. Thonissen élu directeur de la classe des lettres poúr 1875, 
; MM. Gevaert, Ch. Bosselet et Limnander élus membres titulaires 
de la classe des beaux-arts, 82; approbation royale de ces élections, 
; MM. Ch. Gounod et Basevi élus associés de la classe des beaux- 
arts, 85; remercîments de en ze vaert, Bosselet, Gounod et Basevi 
pour leur élection, 158; M vin élu directeur de la classe des 
beaux-arts pour 1875, 83; E es nommé président de l’Aca- 
démie pour 1872, 91 , 128, 158; remerciments de M. E. Fries pour son 
élection d'associé de la classe des sciences, 92; élection d'un comité 
de trois membres de la classe des lettres, pour le choix des candida- 
tures aux zak vacantes dans cette classe, 150; M. Gallait élu membre 
du recteur de la Caisse centrale des artistes belges, 161; 
remercions de M. Limnander pour son pre 262; nomination du 
ury du concours Guinard, 298, 555, ; MM. Stas et Alvin réélus 
ae de la Commission enne 560, 482 ; MM. E. De Lave- 
leye et G. ‘Nypels élus membres titulaires de la classe des lettres , 
450; approbation royale de ces élections, 512; MM. le chevalier d’Antas, 
Alberdingk Thym et Ern. Curtius élus associés de la classe des lettres; 
MM, P. Willems et Edm. Poullet élus correspondants de la même classe, - 
wei nominaiion de la eren À nas du jury du arand con- 
_ d'une requête du sieur demandant que la pension de voyage 
nor hrs des grands concours dits ts prix de Rome, soit 


X 


TABLE DES MATIÈRES. EE 


majorée, ibid. ; remerciments de MM. De Laveleye, Nypels, d’Antas, 
: Alberdingk Thym, Curtius, Willems et Poullet pour leur élection , 512. 
Épigraphie. — Présentation d’une notice intitulée : ne pe trouvées 
cen Pi par M. Schuermans, 515 


G. 


Géologie et minéralogie. — Présentation, par MM. Lucien de Koninck et 
P. Davreux, d’une troisième note sur les men ea 92 ; rapports 
de MM. Dewalque et Donny sur cette note, 510, 312 ; impression, 524; 

décision au sujet du mémoire de M. Malaise de le terrain silu- 
rien du centre de la Belgique, 500. — Voir Mathématiques pures et 
appliquées. 


\ 
H. 


Histoire. — Présentation, par M. De Smet, d'un mémoire sur Jean de 
Hainaut, sire de Beaumont, 54; lecture des rapports de MM. le baron 


EK Kervyn de Lettenhove, Chalon et Wauters sur ce travail, 252; Jeanne 
— la Folle et Charles-Quint a an par M. Gachard, 56; présen- 
tation , par M. Varenberg ne notice intitulée : Episodes d es rela- 


tions extérieures de la deg au moyen àge; rapports diplomatiques 
avec pa sous Philippe le Hardi (1584-1404), 129; rapports de 
E MM. De Smet, Kervyn de Lettenhove et de Borchgrave sur ce travail, 
e 241 , 242; impression, 245; voyage de Paul ler en Belgique, en 1782; 
3 notice par M, Gachard, 151; une lettre de Symier au duc d'Anjou, par 
M. le baron Kervyn de Lettenhove, 142; présentation, par M. Fr. De 
Potter, d'une rectification à sa notice intitulée : Hoe en waar overleed 
Philip ps Artevelde? 228; lecture des rapports de MM. De Smet, 
Snellaert et Conscience sur ce travail, 554; présentation, par M. Varen- 
bergh, pen notice intitulée : Un voyage au XIIIe siècle, 228, 450; 
lecture des rapports de MM. Steur et de Borchgrave sur ce travail, 554; 
rin d’une notice sur la généalogie des d’Artevelde, par M. Fr. 
De Potter, 430 ; présentation , par M. Vuylsteke, sissen notice intitulée : 
en op de twee opstellen van den heer Frans De Potter, 
Geslachtboom der Artevelden- en Hoe en waar ren Philip Van 
test ibid.; rapports de MM. Roulez, Wagener et Nève sur les 
ncours concernant Septime Sévère , 451, 448, 449; 
or de MM. Kervyn de Lettenhove, De Smet et Wauters sur les 
mémo: concou ernant le règne de Marie-Thérèse aux 
RE PR — Voir Astronomie 


612 TABLE DES MATIÈRES. 


Histoire de l'art. — Quelques mots touchant. l'application du droit de 
conquête aux monuments de l’art, par M. L. Alvin, 265. 

Histoire littéraire. — Présentation d’une note intitulée : De Rederij- 
kerskamer « Maria ter eere » te Gent, par M. De Potter, 228; rapports 
de MM. Snellaert et Conscience sur cette note, 519, 524; impression, 552. 


M. 


Mathématiques pures et appliquées. — Rapports de MM. Liagre et Gilbert 
sur le mémoire de M. Catalan, intitulé : Nes sur Keet ee 
duits indéfinis, 4,5; présentation, par M. Salt n 
de ses Études sur certains systèmes de courbes géométriques, 92; rap- 
ports de MM. Gilbert et Catalan sur ce travail, 374; note sur les équa- 
tions différentielles réciproques, par M. Orloff, 115; rapports de MM. Gil- 
bert et Catalan sur cette note, 105, 106; théorème de géométrie, par 

107 ; sur l'emploi des imaginaires dans la recherche des dif- 
férentielles d'ordre quelconque, par M. Gilbert, 108 ; arr d'une 
notice intitulée : Sur le calcul de la densité moyenne de la terre, d’après 
les observations d’Airy, par M. Folie, 171; rapports de MM. Liagre el 

ilbert sur cette nòte, 569, 571 ; impression, 589; présentation d’un mé- 
moire concernant l'existence de la dérivée dans les fonctions continues, 
par M. sagas 171 ; rapports de MM. Catalan et Steichen sur ce mé- 
moire, ; nomination de commissaires pour l'examen d’une note 
de M. Pape concernant la notation musicale simplifiée et le diapason, 
171; rapports de MM. Liagre et De Tilly sur cette note, 505, 307; pré- 
sentation d’une note intitulée : Remarques sur les solutions singulières 
de l'équation : Ay?+By+ C—0, par M. P. Mansion, 300; présenta- 
tion d’un mémoire sur la propriété de la série harmonique, par M. Bo- 
tesu, 495; sur une objection proposée par M. Catalan, par M. Ph. Gilbert, 
498; réponse de M. Catalan, 502. _ 

Météorologie et physique du globe. — maitres de MM. Ad. et 
Ern. Quetelet et D. Leclercq sur l'aurore boréale du 4 février 1872, 
151, 177, 299, 512; sur une nouvelle boussole magnétique ou plutôt 
.électro-magnétique, son importance dans les observations magnétiques 
et surtout dans celles faites sur mer, par M. Gloesener, 321; communi- 
cations de MM. Henry et Ad. Quetelet sur l'aurore boréale du 10 au 11 
avril 1872, 559, 375; M. Vertriest communique des renseignements 

sur les orages amen à Somergem en 1872, 490. 

Musique. — Voir athématiques pures et write 

Mythologie Been, — Présentation , par M. Lenormant, d’un mémoire 

intitulé : La légende de Sémiramis, 54; rapports de MM. Roulez, Tho- 

7 eu, 255, 259, 


f 


OU PRE NDE Se NE Lee en 


TABLE DES MATIÈRES. 615 


N. 


Nécrolo ogie, -— Annonce de la mort de M. Defacqz, 52; de M. Spring, 90; 


M. Thonissen, 229; annonce de la mort de M. A.-B Granville, 298; 


M. Polain, 552; de M. Serrure, ibid;; remerciments de M. Polain fils 


pour les sentiments de condoléance exprimés par l’Académie lors du 

décès de son père, 428; annonce de Ja mort de M. Michel Ghaye, 492. 

o. 

Ouvrages présentés. — En janvier, 84;en février, 162; en mars, 291; en 
avril, 551 ; en mai, 485; en juin , 585. 


P. 


dans le terrain houiller du Hainaut, 
rapports de MM. Dewalque et d'Omalius sur ce on 6,8; sur l’exis- 
sd oa Gypočtė dan nos émis, d'après des ossements découverts 
Dar de Liége, par M. P.-J. Van 
Beneden, 16; sur la découverte d’un Homard fossile dans l'argile de 
Rupelmonde, par le même, 516; une nouvelle exploration des 
cavernes d'Engis, par M. Éd. Dupont, 5 
Phénomènes périodiques. — Documents ee par MM. Ad. Quetelet, 
_ Cavalier et Bernardin, 2, 299, 559; par MM. D. Leclercq, Pérard et 
Christ, 2; par MM. Acar, Lanszweert et De Boë, 171; par M. de Selys 
Longchamps, 299, 559 ; par M. Malaise, 299, 490, par M. P. Vertriest, 
559, 


Paléontologie. — Notice sur la position RP des lits coquilliers 
pa 21 


5 

Physiologie. — Présentation d'une note sur les moyens de rendre la 
vieillesse plus saine, par M. Éd. Robin; 171 ; dépôt de cette note aux 
archives, 312. — Voir Physique. 

Physique. — Présentation, par M. Van der Mensbruggbhe, d’une note pré- 
liminaire sur un fait remarquable qu'on observe au contact de certains 
liquides de tensions superficielles très-différentes, 92; rapports de 

MM. J. Plateau et Duprez sur cette note, 172; impression , 225 ; ; présen- 
ation d’un mémoire sur un nouveau noter binoculaire destiné aux 
observations sidérales, par M. A. Brachet, 500; rapport verbal de 


i 


61% TABLE DES MATIÈRES. 


M. Duprez sur ce mémoire, 575; présentation d’une note sur la tempé- 
rature de l’espace, par M. Melsens, 559; présentation d’un mémoire 
sur la mesure des sensations de lumière et de fatigue, par M. Delbœuf, 
ibid.; sur la mesure des sensations physiques, et sur la loi qui lie 
l'intensité de ces sensations à l'intensité de la cause excitante, par 
M. J. Plateau, 576 ; note sur un paratonnerre foudroyé à aan par 
MM. Gloesener et Maas, 502, 

Publications académiques. — Présentation de l'Annuaire pour 1872, 5, 
80; dépôt de différents rapports. pour le Livre “wapen du jubilé, , 
226, 260, 557, 482; demandes d'échange , 299, 558, 429, 490 


R. 


Rapports. — Rapports de MM. Liagre et Gilbert sur le mémoire de 
M. Catalan, intitulé : Recherches sur quelques T indéfinis, 4, 5 ; 
de MM. Melsens et Donny sur le travail de MM. Lucien de Koninck et 
P. Marquart, intitulé: Rectification à la notice sur = bryonicine, 5,6; 
de MM. Dewalque et d'Omalius sur la notice de MM. Briart et Cornet 
Concernant la position stratigraphique des lits pre dans le terrain 
houiller du Hainaut, 6, 8; de MM. de Koninck, Donny et Melsens 
la note de M. Swirls concernant les pre par addition de fe 
itaconique et de ses isomères, 8, tH, M. Donny annonce qu'une : 
notice de M. Tommasi, intitulée : Action i Piore plombique sur quel- | 
ques acétates métalliques, a déjà paru dans une revue scientifique, 
104; rapports de MM. Melsens ct Donny sur une note de MM. Lucien de 
Koninck et P. Marquart Concernant l’action du perchlorure de phos- 
phore sur la nitronaphtaline , ibid. ; rapports de MM. Gilbert et Catalan 
sur une note de M. Orloff concernant les équations différentielles réci- 
proques, 105, 106; de MM. J. Plateau et Duprez sur une note de 

M. Van der Mensbrugghe concernant un mi remarquable qu’on observe 


y 


Havrez concernant l'absorption des sels métalliques par la 

laine EEN 175; lecture des rapports de MM. le baron Kervyn de 

: Lettenhove, Chalon et Wauters sur le mémoire de M. De Smet concer- 
nant Jean de Hainaut , sire de Beaumont, 232 ; rapports de MM Roulez , 

: issen el Nève sur le mémoire de M. Fr. Lenormant, intitulé : La 
„légende de Sémiramis, 255, 259, 240; de MM. De Smet, Kervyn de 
Lettenhove et de Borchgrave sur la notice de M. Varenbergh concer- 
nant un épisode des relations extérieures de la Flandre au moyen âge, 
241 ,242; lecture des rapports de MM. de Selys Longchamps et m 


z- 


* 


TABLE DES MATIÈRES. 615 


sur le mémoire de M. P.-J. Van Beneden ecrire les chauves-souris 
de Belgique et leurs FEIEN 500; de MM. d'Omalius, de Koninek et 
Dewalque sur le mémoire de M. Malaise PR (i terrain PR ; 
du centre de la enn ibid. ; rapports de n. Quetelet, 

et Montigny sur le mémoire de M. Mailly, Sa Talent de pu 
nomie dans l'hémisphère austral et dans l'Inde, 501, 503; de MM. Liagre 
et De Tilly sur la notice de M. Meerens concernant le diapason et la 
notation musicale in 05, 507; de MM. Dewalque et Donny sur 


une note de M cien de Koninek et P. Davreux concernant les 
minéraux belges, an sn ; rapport verha 5 M. ga sur une note 
de M. Éd la vieillesse plus saine, 


512; lecture des rapports de MM. De Smet, mc et Conscience sur 
la note rectificative de M. De Potter à son eu concernant le lieu de 
décès de Philippe Van Artevelde, 554; lecture des rapperts de MM. Steur 
et de Borchgrave sur une note de M. Varenbergb, intitulée : Un voyage 
au XIIIe siècle, ibid., rapports de MM. Catalan et Steichen- sur le 
mémoire de M. Gilbert concernant l'existence de la dérivée dans les 
ss gs Es eh 3; Ps NM: ingre et Sas sur la note 
deM. F rre, 569 , 
371; de MM. P.-J. Van Beneden, de Selys p E S et an sur 
le mémoire de M. F. Plateau concernant les Myriapodes de Belgique, 
572, 575; de MM. Gilbert et Catalan sur la nouvelle rédaction du 
mémoire de M. Saltel concernant les courbes géométriques, 374; rap- 
port verbal de M. Duprez sur une note de M. Brachet concernant un 
réfracteur binoculaire, 575; rapports de MM. Roulez, Wagener et Nève 
sur les mémoires de concours concernant Septime Sévère, 451 , 448, 
449; de MM. le baron Kervyn, De Smet et Wauters sur les mémoires 
de concours concernant le règne de Marie-Thérèse aux Pays-Bas, 452, - 
457, 459; de MM. Faider , Thonissen et De Laveleye sur les mémoires 
de concours concernant les rapports du capital et du travail, 472, 474, 
417; de MM, Roulez, Wagener et de Witte sur la notice de M. Schuer- 
mans concernant la découverte d'objets étrusques en Belgique, 515, 
515, 518; de MM. Snellaert et Conscience sur la note de M. De Potter, 
intitulée : De Rederijkerskamer « Maria ter eere » te Gent, 519, 524. 


S 


se i 


Sciences morales et politiques — Rapports de MM. Faider, Thonissen et 
De Laveleye sur les mémoires de € concours concernant les rapports du 
Capital et du travail, 472, 474, 477. — Voir Concours Guinard. ` 


616 TABLE DES MATIÈRES. 
\ 


: : i 2 
Technologie. — Voir Chimie. 
Z. . 


Zoologie. — Présentation d'ùn mémoire sur les chauves-souris de Bel- 
gique et leurs parasites, par M. P.-J. Van Beneden, 171; notice sur 
ce sujet, par le même, 207; lecture des rapports de MM. de Selys Long- 
champs et Gluge sur le mémoire, 500;'note sur la structure des Gré- 
garines, par M. Éd. Van Beneden, 210 ; présentation d’une note intitulée : 
Matériaux pour la faune belge : M yriapodes, par M. F. Plateau, 299; 
rapports de MM. P.-J. Van Beneden, de Selys en et Candèze 
sur ce travail, 572, 575; impression, 409. 


ERRATA 


Page 241, ligne 4, Bier de : Flandre du moyen âge, lisez : Flandre au 
moyen 

Ha 361, ligne 3, a remontant, au lieu de : nous, lisez : 

— 497, ligne 5, en remontant, au lieu de : menten en: gas 

— 518, ligne 41, au lieu de : poteries, lisez : : poter